REVUE DE PRESSE : 666≠88 Rassemblements Rac'NSbm clandestins. Figures NSBM völkisch. Stratégie métapolitique fasciste à posture apolitique de façade. Musée des horreurs White Power
Pour le « solstice d’été », le retour d’un concert néonazi près de Lyon :
Deux groupes de rock néonazi donneront un concert près de Lyon, dans l’Ain, le samedi 24 juin. Cet évènement signe une résurgence de la scène RAC (Rock Against Communism) et NSBM (National Socialist Black Metal), particulièrement active autour de Lyon jusqu’en 2020 . . .
Football, tir à la corde, repas, concert de deux groupes de rock en vue à l’extrême droite, rituel païen autour d’un bûcher et camping à la belle étoile. Le milieu du rock néonazi a prévu de fêter à sa manière le solstice d’été près de Lyon. Organisé par le tout récent groupuscule Division Gallia, l’évènement doit avoir lieu samedi 24 juin au soir, dans l’Ain.
Parmi les deux groupes qui s’y produiront, on retrouve Match Retour, un groupe de Oi!/RAC (Rock against communism) néonazi lyonnais, mené par Renaud Mannheim, une figure de l’extrême droite radicale lyonnaise. Sur le logo du groupe, on retrouve la Totenkopf, une tête de mort utilisée comme insigne par des divisions SS ainsi que le slogan « Lion le Melhor », cri de ralliement de l’extrême droite radicale lyonnaise.
La deuxième tête d’affiche, Ewigersturm, est suisse et écume la scène RAC et néonazie européenne. Elle se présente comme une « chanteuse nationaliste ». Dans ses textes, elle fait de régulières références à l’Allemagne nazie et ses alliés. Ce solstice d’été ne sera pas leur première date ensemble. Les deux groupes s’étaient déjà retrouvés sur un concert commun le 18 mars à Lyon, à l’occasion de la Saint-Patrick. Les deux événements ont par ailleurs été annoncés sur des affiches au graphisme très proche.
Un concert qui signe le retour de la scène du rock néonazi près de Lyon
On n’avait plus vu de concerts clandestins néonazis près de Lyon depuis 2020. Quatre éditions d’un festival de NSBM (National Socialist Black Metal) appelé « Call of terror » s’étaient tenues entre 2017 et 2020 dans la région lyonnaise. Nous avions même recueilli le témoignage de l’un des participants en 2017. Mais les « Call of terror » étaient loin d’être les premiers événements du genre, récurrents depuis la fin des années 2000 près de Lyon. Le dernier en date s’est tenu le 8 février 2020, et avait aussi pris place dans l’Ain, à l’espace culturel de Châtillon-la-Palud.
Depuis, l’organisation de ce genre de concerts a été largement freinée par la pandémie de covid mais aussi par la dissolution du principal mouvement organisateur de ces évènements, Blood and Honour. Ce mouvement organisait principalement des concerts et des tournois de free-fight, et tirait sa devise « Blut und Ehre » des Jeunesses hitlériennes.
Leur dissolution a été prononcée le 24 juillet 2019, pour diffusion « d’une idéologie néo-nazie, raciste et antisémite, exaltant la « race blanche », appelant à la haine, à la discrimination et à la violence » et pour son organisation sous forme de « groupe de combat », d’après le décret. Depuis, ce réseau a dû se faire plus discret, même s’il n’a pas cessé d’exister. On en assiste aujourd’hui à la résurgence, un peu partout en France, comme à Strasbourg le 25 février 2023, et maintenant près de Lyon.
Selon des mails que Rue89Lyon s’est procuré, envoyés par le groupe organisateur, le concert du « Solstice d’été » devrait se tenir près de Meximieux, dans l’Ain. Le lieu exact est gardé secret jusqu’à 14h, une heure avant le début de l’évènement. Et tout est fait pour protéger les participants et les organisateurs. Sur place, les téléphones ne seront pas autorisés, et même mis sous scellés jusqu’à la fin de la soirée, afin d’éviter que des images ne filtrent de la soirée.
Un concert néonazi qui verse dans l’occultisme
Pour les derniers concerts de NSBM en date près de Lyon, le mode opératoire des organisateurs était simple : louer des salles des fêtes sous un faux prétexte, en dupant les mairies de petites communes. Ce concert du 24 juin ne devrait pas suivre le même fonctionnement. Car cette célébration du « solstice d’été » s’accompagne d’un bûcher, et nécessite donc un lieu en plein air, possiblement un terrain privé.
« Une fois la nuit tombée, nous nous rassemblerons autour du bûcher pour une cérémonie et mettre feu à ce dernier, en hommage au soleil invaincu », écrivent les organisateurs Division Gallia, sur leur boucle Telegram.
Plus qu’un traditionnel feu de la Saint-Jean, ce feu de joie s’inspire aussi de rituels païens. Cette proximité entre néonazisme et paganisme n’est pas nouvelle. Nombre de sigles de l’imagerie nazie puisent leurs racines dans l’occultisme, comme le soleil noir ou la rune d’Odal.
Quant aux organisateurs, la Division Gallia, nous n’avons que peu d’informations. Le groupuscule a été créé récemment, entre février et mars 2023, avec pour logo un casque gaulois sur une croix celtique. Le groupe était présent au Forum de l’implantation locale, organisé par le groupuscule d’extrême droite Lyon Populaire, le 11 mars 2023. Un grand raout qui réunissait tous les courants de l’extrême droite régionale.
Sur une photo postée sur son groupe Telegram, la Division Gallia affiche aussi sa présence le 6 mai à Paris. Ses membres assuraient le service d’ordre de la manifestation organisée chaque année par le Comité du 9 mai, en hommage à un militant d’extrême droite, Sébastien Deyzieux, décédé en 1994 après une course-poursuite avec la police. L’évènement avait réuni lors d’un week-end plusieurs groupes d’extrême droite radicale venus de toute la France.
Division Gallia promet d’organiser d’autres évènements à l’avenir, comme des randonnées ou des bivouacs, mais aussi des concerts. « Le milieu n’est pas mort, la scène non plus », assurent-ils, convoitant la place, laissée vacante, de Blood and Honour dans la région lyonnaise.
À Lyon, cohabitent différents groupuscules d’extrême droite, certains plus radicaux ou violents que d’autres. La ville constitue ou a constitué les sièges nationaux de différentes organisations comme le GUD devenu Bastion Social ou plus récemment Génération identitaire, deux mouvements aujourd’hui dissous.
Leur présence et leurs activités dans Lyon ou sa région ne sont pas passées inaperçues. Alors qu’une manifestation sauvage de l’extrême droite s’est déroulée en Presqu’île dans la soirée du vendredi 21 octobre, le congrès des Nationalistes d’Yvan Benedetti doit se dérouler à Lyon du 11 au 13 novembre. Nous avons regroupé sur cette page notre couverture du sujet. Elle ne vise pas l’exhaustivité ni un recul historique complet mais une documentation depuis 2011, année de la création de Rue89Lyon, d’un sujet qui fait souvent la (mauvaise) réputation de Lyon.
Actions violentes, présence dans le Vieux Lyon, dissolutions et reformations des groupuscules, liens avec le stade de foot et des groupes de supporters de l’Olympique lyonnais, ouvertures et fermetures de leurs locaux, liens avec le Front national… Voici donc un éclairage sur l’histoire récente de l’extrême droite à Lyon.
Lyon, terre d’accueil de différents groupuscules d’extrême droite
sommaireCes dernières années, Lyon a notamment été la plaque tournante nationale de trois organisations d’extrême droite : le Bastion Social et les Jeunesses nationalistes (tendance nationaliste), et Génération identitaire, d’obédience régionaliste et identitaire.
Le Bastion Social est l’émanation de la vieille organisation étudiante d’extrême droite, le GUD (Groupe Union Défense). Le mouvement a été présent un temps à l’université Lyon 3. Il était notamment venu au soutien de Bruno Gollnisch, membre du Front National alors et professeur à l’université, à son retour en 2011 après une suspension de 5 ans. Il a possédé un local à Lyon sous le nom du Pavillon Noir. Un premier implanté à Saint-Just (Lyon 5e), rouvert plus tard sur les bords de Saône, quai Pierre Scize, jusqu’à sa dissolution en 2019.
Le mouvement Génération identitaire a lui aussi été présent pendant longtemps à Lyon. Plusieurs militants identitaires lyonnais ont fait partie des cadres de l’organisation, comme Damien Rieu. Le siège national de l’organisation Génération identitaire était basé à La Traboule, dans le Vieux Lyon. À l’adresse même du bar associatif et militant de l’organisation.
À côté de ces deux organisations aujourd’hui dissoutes, on trouve également dans la période récente d’autres groupuscules d’extrême droite. Comme les royalistes de l’Action Française, présents notamment lors de manifestation de La Manif pour tous ou anti-IVG.
Les Jeunesses nationalistes, fondées en 2011 ont été un temps actives au plan national mais principalement à Lyon. À leur tête se trouvait Alexandre Gabriac, ancien conseiller régional Front National (FN) de Rhône-Alpes, exclu du parti après la diffusion d’une photo le montrant effectuant un salut nazi. L’organisation, dissoute en 2013, était en quelque sorte la branche jeunesse d’une vieille organisation d’extrême droite, l’Oeuvre Française.
À partir de 2012, cette dernière a été dirigée par Yvan Benedetti, ancien conseiller municipal FN de Vénissieux. En 2011, il est exclu du parti après s’être déclaré « antisioniste et anti-juif ». En 2014, Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti mèneront une liste aux élections municipales de Vénissieux et seront élus. Des irrégularités dans la constitution de leur liste entraîneront l’annulation des élections. Par la suite, Yvan Benedetti fera vivre l’Oeuvre française en réveillant un autre vieux parti d’extrême droite, le Parti Nationaliste Français (PNF) devenu Les Nationalistes qui compte quelques membres à Lyon.
Des membres du réseau Blood and Honour, tendance néonazie, sont également présents dans la région de Lyon. Officiellement dissous, il reste cependant actif en organisant des évènements. Certains de ses membres se mêlent parfois à des actions d’autres groupes d’extrême droite, notamment en marge de matchs de l’Olympique Lyonnais.
Lyon a également été considéré comme une section « modèle » pour le mouvement Égalité et Réconciliation d’Alain Soral.
La ville est également une place forte des catholiques traditionalistes, notamment proches de la Fraternité Saint Pie X.
Le GUD et le Bastion social, de l’université Lyon 3 à la dissolution
sommaireHistoriquement, le GUD (Groupe Union Défense) a été fondé à Paris et recrute dans les universités. À Lyon, il est officiellement présent depuis 2011. Il s’est présenté, sous un autre nom, aux élections étudiantes à l’université Lyon 3.
L’organisation est entrée en sommeil en 2017. C’est à partir de ce moment que plusieurs de ses branches locales sont apparues sous l’appellation Bastion Social. Le mouvement a été dirigé depuis Lyon par Steven Bissuel et Logan Djian anciens « gudards ».
Le Bastion Social, mouvement nationaliste, s’est inspiré notamment de l’organisation fasciste italienne Casapound. Comme cette dernière, il a ambitionné d’ouvrir en 2017 un squat pour loger des sans-abri qu’ils voulaient français et européens en contrepied d’un État français qui selon eux ne se préoccuperait que des « clandestins extra-européens ». Ils ont occupé brièvement un immeuble de la Ville de Lyon sur la presqu’île à proximité de la place des Jacobins.
L’organisation a entretenu des liens avec certains membres proches ou membres par ailleurs d’organisations néonazies. Certains d’entre eux ont participé à des actions violentes avec des supporters de l’Olympique lyonnais (voir par ailleurs).
sommaireBranche jeunesse du Bloc identitaire, le mouvement s’est autonomisé à partir de 2012 à la suite de l’occupation de la mosquée en construction de Poitiers. Une action préparée depuis Lyon par des militants identitaires issus du groupe lyonnais Rebeyne.
Au sein de l’organisation on reconnaît dès sa création la place influente des militants lyonnais. Une mainmise qui se poursuivra jusqu’à la dissolution du groupe en 2021. Le groupe, qui met davantage en avant une fibre régionaliste et anti-immigration, s’est fait une spécialité d’opérations médiatiques.
Suite à une « opération anti-migrants » au col de l’Échelle dans les Hautes-Alpes, l’organisation est dissoute en mars 2021. Après les dissolutions ou les mises en sommeil d’autres organisations d’extrême droite, Génération identitaire est devenu entre temps le centre de gravité de la « fachosphère » à Lyon.
Génération identitaire a toujours voulu montrer une image respectable. Plusieurs de ses membres ont pourtant été condamnés pour des agressions et actions violentes à Lyon et sa région. Les frontières n’étant pas imperméables, certains de ses membres naviguent d’ailleurs au sein d’autres organisations plus radicales et violentes.
Son siège social et bar associatif, La Traboule, a cristallisé depuis son ouverture en 2011 des tensions. Notamment dans le quartier du Vieux Lyon où il est implanté, montée du Change. Par la suite, en 2017, une salle de boxe, l’Agogé, a été ouverte dans un local adjacent. Depuis la dissolution de Génération identitaire en 2021, les lieux ne sont pas pour autant fermés, grâce à des associations satellites locataires des lieux. L’organisation les maintient ouverts mais sous un nouveau nom, « Les remparts de Lyon ». C’est à l’occasion des dix ans de la Traboule qu’une manifestation sauvage rassemblant une centaine de personnes s’est déroulée le 21 octobre 2022 dans les rues de la Presqu’île, à la suite de la mort de la jeune Lola.
À Lyon et dans sa région : des néonazis avec concerts de Black Metal et combats de free fight
sommaireLyon a aussi eu ses groupes d’extrême droite tendance néonazie. Ils convergeaient notamment au « Bunker Kops », leur local situé dans le quartier de Gerland (Lyon 7e). Fermé en 2011, sur décision administrative de la Ville de Lyon, il a été actif durant un an et demi environ.
Dans la région de Lyon, des évènements organisés ou liés à des mouvements néonazis n’ont pas cessé pour autant. Le territoire est un de ceux où le réseau Blood and Honour est le plus actif. Ce mouvement, dissous lui aussi en 2013, est à l’origine notamment de nombreux concerts ou tournois de free fight qui ont lieu notamment dans le Nord Isère ou dans l’Ain. Là aussi en trompant bien souvent les communes au moment de louer une salle pour leurs évènements.
En outre, ces mouvements néonazis entretiennent des liens parfois étroits avec des membres de la branche nationaliste. Certains membres du réseau Blood and Honour sont passés au Pavillon Noir, le local Bastion Social à Lyon. Des membres de ces mouvements se sont également retrouvés ensemble lors de manifestations.
Le Vieux Lyon, fief revendiqué d’organisations d’extrême droite ne veut pas devenir « facho land »
Plusieurs organisations ont ainsi eu des locaux dans le quartier. C’est le cas de Génération identitaire, avec le bar associatif La Traboule depuis 2011 et la salle de de boxe l’Agogé depuis 2017, toujours ouverts sous un autre nom à ce jour. Le Parti Nationaliste Français, mené par Yvan Benedetti, ancien du FN et de l’Oeuvre Française, a également possédé un local dans le Vieux Lyon.
Le GUD, devenu Bastion Social, a un temps occupé un local, le Pavillon Noir, dans le quartier de Saint-Just. Certains de ses membres, dont le leader du Bastion Social, Steven Bissuel, ont possédé des commerces dans le Vieux Lyon. L’organisation a par la suite occupé un nouveau Pavillon Noir, quai Pierre Scize sur les bords de Saône.
Certaines associations du quartier ont publiquement affiché leur opposition à leur présence. À l’image de la Maison des Passages ou encore de Philippe Carry, horloger à Saint-Paul. Elles ont ainsi connu des dégradations et attaques contre leurs locaux.
Les actions violentes de l’extrême droite dans les rues de Lyon
sommaireLa présence des groupuscules d’extrême droite à Lyon ne s’arrête pas à leurs différents locaux. Leurs militants mènent aussi des actions dans les rues de Lyon, parfois violentes.
Le Vieux Lyon en a été souvent le théâtre contre des associations du quartier ou des gens de passage. Lors d’affrontements contre des groupes de supporters anglais ou d’agressions « politiques » contre des personnes réputées d’extrême gauche. Ou bien encore lors d’agressions à caractère homophobe ou raciste. Des agressions qui peuvent se faire à coups de couteau comme en 2014. Ce genre d’attaques a pu se produire dans d’autres quartiers de Lyon, comme la Croix-Rousse, mais aussi à Villeurbanne.
Des locaux d’organisations politiques ont également connu des dégradations. C’est le cas notamment des locaux du Parti communiste, de la CGT ou de la Confédération Nationale du Travail (CNT).
Certains lieux réputés antifascistes ont aussi été la cible de militants d’extrême droite. Comme la librairie La Plume Noir située dans les pentes de la Croix-Rousse, plusieurs fois attaquée. Certains de ses membres ont également été agressés. Certains bars ou évènements, comme des concerts, ont également été la cible « d’expéditions punitives » de membres de l’extrême droite radicale à Lyon. Ou même Radio Canut.
Au printemps 2021, des membres de l’extrême droite ont attaqué la manifestation pour la fierté lesbienne à Lyon. En 2017, la préfecture du Rhône avait d’ailleurs interdit à la marche des fiertés de passer par le Vieux Lyon. Des membres de groupes d’extrême droite se sont montrés présents au sein de manifestations menées par la Manif pour tous, opposée au mariage homosexuel et à l’ouverture de la PMA et de la GPA. Ils se cachent aussi derrière des manifestations « contre l’insécurité ».
À l’été 2021, des cadres de Génération identitaires ont été identifiés à la manœuvre des affrontements autour de la rue Mercière à Lyon. Ils avaient eu lieu durant la soirée du match de football de l’Euro 2020, France-Suisse.
De nombreuses condamnations de membres de l’extrême droite lyonnaise
sommairePlusieurs membres de l’extrême droite lyonnaise ont été condamnés ces dernières années. Ces condamnations découlant de différents type d’actes :
agressions violentes,
injures raciales, propos ou actes incitant à la haine raciale,
reconstitution ou maintien d’organisations dissoutes.
C’est le cas notamment de Steven Bissuel, condamné pour l’agression de militants d’extrême gauche en 2011 et pour incitation à la haine raciale en 2018, suite à des propos tenus en 2015 à l’occasion des 70 ans de la libération du camp d’Auschwitz.
Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac ont, eux, été condamnés pour maintien de ligue dissoute.
Par ailleurs, des membres du GUD et du Bastion Social ont été condamnés pour des agressions racistes ou contre un professeur à proximité de Lyon 3. Un autre a été condamné pour le tabassage d’un policier au Groupama Stadium lors d’un match de l’Olympique lyonnais contre le CSKA Moscou.
Plusieurs cadres identitaires ont également été sanctionnés, notamment pour une agression au couteau en 2014. Damien Rieu et d’autres militants de Génération identitaire ont été condamnés puis relaxés, à la suite à l’opération « anti-migrants » au col de l’Échelle. En juin 2022, Adrien R., dit Adrien Lasalle, un actuel cadre identitaire lyonnais, a été condamné à 18 mois de prison pour avoir poignardé deux personnes.
Les liens entre Front national et l’extrême droite radicale à Lyon
sommaireOfficiellement, le parti de Marine Le Pen maintient une ligne jaune avec les franges plus radicales de l’extrême droite. Toutefois, dans les faits, les liens sont parfois étroits.
À Lyon, ils le sont notamment avec les identitaires. Alors patron du Front national (devenu Rassemblement national) dans le Rhône, l’ancien conseiller municipal de Lyon, Christophe Boudot, ne se cachait pas pour afficher sa proximité avec Génération identitaire. Ils manifestaient ensemble à la création de l’Institut français de civilisation musulmane en 2016 pour s’y opposer. En 2015, les identitaires avaient également occupé le toit d’un bâtiment destiné à accueillir un village d’insertion pour des Roms à Saint-Genis-les-Ollières. Christophe Boudot s’était pressé sur les lieux, alors candidat du Front National aux élections régionales.
Le FN sous-traitait alors en quelque sorte la « gestion de la rue » aux identitaires. Notamment lors de manifestations ou rassemblements hostiles au parti frontiste ou à l’extrême droite en général. Même après le début de « dédiabolisation » du parti voulue par Marine Le Pen, certains de ses proches et cadres du parti étaient présents aux côtés des identitaires de Lyon, à La Traboule notamment.
Plus récemment encore, Marion Maréchal a fondé l’ISSEP, une école privée de « sciences politiques » à Lyon. Elle a pour but de former les cadres de l’extrême droite de demain notamment dans une logique de convergence des droites qu’elle appelle de ses vœux. La nièce de Marine Le Pen se rend par ailleurs régulièrement à des rencontres de cercles de réflexion proche des identitaires.
L’extrême droite et le stade de l’Olympique lyonnais
sommaireCertaines travées du stade de football de l’Olympique lyonnais (OL) sont un lieu de rencontre ou de recrutement pour certains mouvements d’extrême droite. Des organisations comme la Mezza Lyon occupent notamment le virage sud, celui des groupes « indépendants ». La Mezza Lyon s’est notamment fait remarquer pour avoir brandi des banderoles hostiles aux immigrés. Sur le canal Telegram d’extrême droite Ouest Casual on peut notamment voir le drapeau de l’organisation déployé dans le mausolée où est enterré Benito Mussolini.
En 2018, de violents affrontements ont opposé des hooligans à la police en marge du match de l’Olympique lyonnais contre le CSKA Moscou. Un policier a été violemment tabassé au sol notamment. Un des auteurs des faits, repéré par la suite dans les tribunes du stade, a été condamné à 18 mois de prison ferme. Il était proche du Bastion Social et du réseau Blood and Honour.
D’autres affrontements ont eu lieu en marge ou lors de différents matchs de l’OL. Notamment lors de rencontres contre des clubs possédant des supporters ultras réputés antifascistes. Ainsi, de violents affrontements ont éclaté dans les tribunes du Groupama Stadium lors du match contre le club du Besiktas Istanbul en 2017. Certains de ses supporters avaient spécialement visé le virage sud où se trouvent des groupes de supporters liés à l’extrême droite lyonnaise. On a relevé également des affrontements avec des supporters du club de l’AS Rome.
sommaireL’histoire récente des groupuscules d’extrême droite à Lyon est aussi celle de leur recompositions. Des évolutions et des changements de noms provoqués notamment par des mesures de dissolution. Ces recompositions entraînent parfois l’apparition de nouveaux groupuscules et/ou de nouveaux noms.
Suite à la mort du militant antifasciste Clément Méric à Paris en 2013, plusieurs organisations d’extrême droite ont été dissoutes. Parmi elles, l’Oeuvre française d’Yvan Benedetti et les Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac particulièrement actives à Lyon.
Les deux hommes ont par la suite réactivé une ancienne revue, Jeune Nation. Puis, Yvan Benedetti a repris un vieux parti, le Parti nationaliste français (PNF), pour poursuivre l’action de l’Oeuvre française. À leur procès pour maintien de ligue dissoute, ce dernier a avoué que « la dissolution les [avait] tués ».
Mais les dissolutions n’ont pas toujours le même effet. À défaut de mettre fin aux mouvements et à leurs activités, elles entraînent, un temps, une certaine désorganisation avant de nouvelles recompositions. Ce fut notamment le cas avec le Bastion Social dissous en 2019. Malgré la dissolution du mouvement et de ses associations satellites, le dernier local en date du mouvement a continué à être utilisé par des membres du groupuscule. Notamment pour préparer et mener des actions en marge des manifestations des Gilets jaunes.
Le cas du Bastion Social est toutefois révélateur d’une des techniques souvent utilisées par des mouvements d’extrême droite pour avancer masqués. Le local du mouvement à Lyon, comme ceux ouverts dans d’autres villes de la région comme Chambéry, a été loué via une association satellite. Ne faisant aucune référence au mouvement Bastion Social, elle prétendait dans ses statuts promouvoir et défendre les traditions lyonnaises. Mais en aucun cas être une organisation politique.
Dernier cas en date, celui de Génération identitaire. L’organisation a été dissoute en mars 2021. Or, elle aussi loue ses locaux via des associations satellites. Dans son cas, le décret de dissolution ne concerne pas ces deux associations, lui permettant de maintenir ses locaux ouverts. Y compris le bar La Traboule, siège social de feu Génération identitaire. En septembre 2021, l’organisation a repris ses activités sous l’appellation « Les remparts de Lyon », nom d’un de ses comptes Twitter notamment, créé quelques années auparavant et peu utilisé jusqu’ici.
La fermeture administrative des locaux, une arme juridique pour contrer l’extrême droite
sommaireCertaines associations, partis politiques, syndicats ou groupes antifascistes demandent constamment la fermeture des locaux de l’extrême droite.
Fermer ces locaux n’est pas toujours chose facile. En cas de troubles à l’ordre public générés par le local, le préfet peut décider d’une fermeture administrative. Il faut toutefois établir un lien entre le local et des troubles qui n’ont pas forcément lieu à proximité.
Pour ces locaux classés Établissements recevant du public (ERP), l’aval d’une commission de sécurité municipale préalable est obligatoire pour ouvrir. La municipalité s’assure notamment du respect des différentes normes de sécurité. Parfois, les organisations sont mises en défaut à ce moment-là. Offrant ainsi aux municipalités la possibilité de fermer, au moins temporairement, jusqu’à une potentielle mise en conformité. La complexité ou le coût des travaux à réaliser peuvent parfois entraîner la fermeture définitive des locaux.
Toutefois, en cas de mise en conformité, la municipalité n’a d’autre choix que de valider l’ouverture des locaux. Ce fut le cas de la Ville de Lyon en septembre 2020 qui a autorisé la réouverture de La Traboule et de l’Agogé, les locaux de Génération identitaire, après d’importants travaux.
Après le départ au ministère de l’Intérieur de Gérard Collomb, qui opposait souvent extrême droite et extrême gauche, ses successeurs se sont montrés davantage actifs sur le sujet. Le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, a notamment appelé Emmanuel Macron et son gouvernement à fermer ces locaux. Une interpellation qui fait suite à la manifestation organisée le 21 octobre 2022 en réaction à la mort de la jeune Lola. Aussi date anniversaire de la fondation du bar La Traboule.
Rassemblement Rac‘Nsbm clandestin Lemovice Crew / Front des Patriotes autours de Peste Noire en Limousin :
Peste Noire a tenu un concert à la salle polyvalente de Saint-Martin-Terressus. Près de 500 personnes […] le maire de Saint-Martin-Terressus, Jean-Pierre Estrade se dit “dupé”. “Le 9 mai, la salle a été réservée pour un anniversaire” .
Le site d’information antiraciste La Horde publie un article sur les figures NSBM et la promotion NSBM.
2017
2 jeunes spectateurs (sur 600) , plutôt mal-informés ou curieux de Rac’NSbm partagent leurs compte-rendus en témoignant du rassemblement Call of Terror auquel ils se sont rendus en janvier 2017, provoquant un déluge de merde en commentaire, insultes, menaces, …
En Savoie, le maire de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers est tombé des nues quand il a su que sa salle communale avait servi de salle de concert à des groupes affiliés à l’extrême droite radicale de sensibilité néo nazie. Lui pensait autoriser un simple rassemblement de motards.
Le maire (socialiste) de la petite commune de l’Avant-pays Savoyard constate qu’il « s’est fait gruger. J’en suis désolé. J’avais donné mon accord pour une réunion de motards. Je me suis d’autant moins inquiété qu’il n’y a pas eu de bruit et que personne n’est venu se plaindre. Je suis passé le lendemain matin où j’ai constaté que tout était en ordre. On s’est fait piéger. »
pourtant le site d’information antiraciste local avait lancé une DOUBLE ALERTE
– Rassemblement NSBM clandestin le samedi soir
+ Rassemblement métapolitique organisé par le GUD Lyon, dans leur local Pavillon Noir.
On prend les mêmes et on recommence. Ce samedi 3 février, « en Rhône-Alpes », on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France pour un concert de la scène National Socialist Black Metal (NSBM).
Sur la page Facebook de l’événement « Call of terror fest II », les organisateurs restent toujours aussi évasifs et parlent de Rhône-Alpes. Comme habituellement, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.
En 2018, le Call of Terror II avait été organisé àBrégnier–Cordon, dans le Bugey
2019
C’est devenu une habitude. Pour la troisième année consécutive un concert de black metal néonazi est organisé ce samedi 9 février dans la région lyonnaise. Rue89Lyon 2019
En décembre, la mairie de la petite bourgade de Longes, dans la vallée du Gier (département du Rhône), reçoit une demande pour louer la salle des fêtes.
Elle émane du président de l’« Association de musique du monde des 2 Savoie » qui veut organiser un concert le 9 février 2019. Située à Trèves, à 40 kilomètres de Lyon, l’« Espace des trois communes » (car regroupant les communes de Les Haies, Longes et Trèves) affiche une capacité de 400 places. Le secrétaire de mairie en charge de la gestion de cette salle intercommunale vérifie les statuts de l’association, avant de donner sa réponse. L’association en question, domiciliée à Marseille, a été créée en septembre dernier et a pour objet « l’organisation de petits événements locaux autour de la musique du monde ».
Le samedi 10 novembre 2018, des Tchèques, des Espagnols, des Anglais… sont venus pour la première édition de « Hatred and War » dans la commune de Porcieu Amblagnieu, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Lyon. Selon la gendarmerie, une centaine de personnes ont assisté aux sets de groupes comme « Sacrifia Mortuorum » (où l’on retrouve toujours la croix celtique dans le logo du nom) ou « Frangar » (qui a également joué chez Serge Ayoub).
Une semaine avant ce concert, une autre soirée de NSBM était programmée. Mais la gendarmerie (qui avait trouvé le lieu quelques jours plus tôt) aidée de la mairie de Saint-Quentin-Fallavier, a fait annuler le concert. Il devait se tenir dans un entrepôt surnommé l’« UG Hall », utilisé par le patron de HassWeg (« chemin de haine », en allemand), un label qui produit notamment du NSBM et dont le siège social se situe dans une commune voisine.
Derrière l’organisation de ces deux concerts, mais aussi du « Call of terror III », on trouve un certain Matthias Dorleans.
Avec Renaud Mannheim, ces deux habitants du Nord-Isère sont les deux piliers du réseau Blood and Honour dans la région de Lyon qui compterait une trentaine de personnes en Isère, selon la gendarmerie.
Renaud Mannheim est d’abord et toujours le chanteur du groupe de RAC lyonnais Match Retour qui a notamment pour emblème le « totenkopf » (tête de mort), une des divisions de la Wafen-SS.
« Ils avaient l’air sympa, avec un look un peu rocker et des boucles d’oreilles, pas le style skinheads, raconte la personne chargée de la location à la mairie.
Je sais pas pourquoi, mais je leur ai demandé si c’était pas pour une rave-party, par hasard, parce que j’avais un doute, et ils se sont marrés !
Ils m’ont assuré que c’était juste une soirée privée avec de la musique. Ils ont visité la salle et ont payé. Ils m’ont dit qu’il y aurait seulement une centaine d’invités. »
Depuis la fin des années 2000, ces soirées se sont multipliées dans les salles municipales des petites communes de l’est et du sud de Lyon, entre Isère, Ain et Savoie. Avec une préférence pour la grande plaine du Nord-Isère. Châtillon-la-Palud vient s’ajouter à cette liste.
Vous vous souvenez du concert néonazi organisé début février près de Lyon ("Call of terror IV")? Quelques images ont été diffusées par la mouvance faf radicale. Notamment celle-ci, du groupe grec Der Stürmer, où le batteur porte un cache nez mêlant drapeau #nazi et croix celtique pic.twitter.com/7inxvNCcPy
Une autre photo du groupe français Leibstandarte (du nom de la 1ère division SS, garde personnelle d'Hitler) a également été publiée. On y voyait le groupe arborer un drapeau nazi (de la Kriegsmarine précisément) mais elle a vite été supprimée et remplacée par celle-ci, plus soft pic.twitter.com/kmkHTNJJub
Dans l’Ain, le concert de black metal néonazi a bien eu lieu
[Droit de suite] Il y a quelques jours nous évoquions la tenue prochaine d’un nouveau concert de black metal néonazi, malgré la dissolution du mouvement Blood and Honour à l’origine de ces concerts. Ce samedi 8 février, la quatrième édition du « Call of terror » a eu lieu dans la salle des fêtes de la petite commune de Châtillon-la-Palud, à cinquante kilomètres au nord-est de Lyon, dans le département de l’Ain.
Comme d’habitude, le lieu n’a été connu qu’au dernier moment. Sur la page de la billetterie en ligne dédiée à l’événement, les organisateurs n’indiquaient qu’une aire géographique « Rhône-Alpe entre Genève et Lyon ». Le lieu précis a été communiqué par messages aux participants, seulement quelques heures avant l’ouverture des portes.
Pour cette quatrième édition du « Call of terror », l’« Espace culturel de rencontre » de Châtillon-la-Palud a été réservé pour un « anniversaire ». Au Progrès, la personne de la mairie en charge de la location raconte :
« Ils avaient l’air sympa, avec un look un peu rocker et des boucles d’oreilles, pas le style skinheads, raconte la personne chargée de la location à la mairie. Je sais pas pourquoi, mais je leur ai demandé si c’était pas pour une rave-party, par hasard, parce que j’avais un doute, et ils se sont marrés ! Ils m’ont assuré que c’était juste une soirée privée avec de la musique. Ils ont visité la salle et ont payé. Ils m’ont dit qu’il y aurait seulement une centaine d’invités. »
Depuis la fin des années 2000, ces soirées se sont multipliées dans les salles municipales des petites communes de l’est et du sud de Lyon, entre Isère, Ain et Savoie. Avec une préférence pour la grande plaine du Nord-Isère. Châtillon-la-Palud vient s’ajouter à cette liste.
(Voir la carte ci-dessous; cliquez sur les points pour plus de détails)
Pas d’incident à l’extérieur de la salle, néonazisme à l’intérieur
Selon la gendarmerie, présente sur place, il n’y a pas eu d’incident à l’extérieur de la salle des fêtes de Châtillon-la-Palud. A l’intérieur, la capacité de 299 personnes aurait été largement atteinte.
Cinq groupes se sont succédés, tous faisant référence plus ou moins directement au nazisme. Parmi eux, le groupe français nommé Leibstandarte en hommage à la 1ère Panzerdivision SS « Leibstandarte SS Adolf Hitler », garde personnelle d’Hitler.
En règle générale, de l’intérieur de ces concerts nous savons peu de choses.
Après la première édition de « Call of terror », en février 2017 dans la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, nous avions recueilli le témoignage d’un des participants, un amateur non pas de « NSBM » mais de metal.
Comme d’autres témoins, il décrivait un public de « métalleux » lambda mais qui passait leur temps à faire des saluts nazis.
Toujours la même mouvance néonazie
Cela fait quatre ans, que ces concerts « Call of terror » sont organisés dans la grande région de Lyon par le réseau Blood and Honour.
En juillet dernier, le gouvernement Philippe a dissous le « groupement de fait dénommé Blood and Honour Hexagone »
Dans le décret du 24 juillet pris en conseil des ministres, il est relevé que « le mouvement « Blood and Honour Hexagone » diffuse « une idéologie néonazie, raciste et antisémite, exaltant la « race blanche », appelant à la haine, à la discrimination et à la violence ».
Cette diffusion passe notamment par « l’organisation de concerts de musique néonazie ».
Quelques mois plus tard, cette mesure d’interdiction a eu un effet limité. C’est toujours la même mouvance néonazie qui est à l’œuvre. La différence entre avant et après la dissolution est que, aujourd’hui, les organisateurs se montrent encore plus discrets.
Pour ce concert de février 2020, ce n’est pas le premier cercle du réseau français Blood of Honour qui a fait les démarches pour réserver la salle. Selon nos informations, l’organisateur de la « fête d’anniversaire » vient de Frangy, en Haute-Savoie. Quant à celui qui a contracté l’assurance, il s’agit d’un Isérois domicilié aux Avenières. Les deux sont proches de cette mouvance néonazie.
C’est devenu une habitude. Pour la troisième année consécutive (lire ici et là), un concert de black metal néonazi est organisé ce samedi 9 février dans la région lyonnaise.
Toujours la même musique. En février, les néonazis locaux organisent leur festival de musique, en l’occurrence du National Socialist Black Metal (NSBM).
Ce « Call of terror fest III », aura lieu ce samedi 9 février. Comme chaque année, on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France.
Où vont-ils se donner rendez-vous ? Sur la page Facebook de l’événement, les organisateurs restent toujours aussi flous et parlent d’un concert dans la « région lyonnaise ». Comme d’habitude, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.
À qui le tour de se faire « gruger » par les organisateurs néonazis ?
Les forces de l’ordre disent ne connaître, elles aussi, qu’au dernier moment le lieu précis de ce type de rassemblement. Ce qui s’était déjà produit pour les tournois de free-fight ou les précédents concerts organisés par la mouvance Blood and Honour, qui est toujours à la manœuvre.
Pour la première édition de « Call of terror », les organisateurs avaient jeté leur dévolu sur la salle des fêtes de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, à 80 km de Lyon, à limite de l’Isère et de la Savoie. Le maire de la commune reconnaissait dans les colonnes du Dauphiné s’être fait « gruger » puisque la soirée avait été réservée « pour une réunion de motards ».
La deuxième édition s’était déroulée à Bregnier-Cordon, dans l’Ain, à 8 km du lieu du premier concert.
« On aurait tort de les considérer comme de simples admirateurs d’Hitler »
À la suite à la première édition de « Call of terror », nous avions publié le récit d’un participant, un amateur non pas de « NSBM » mais de metal.
Comme d’autres témoins, il décrivait les participants à la première édition de « Call of terror » comme un public de « métalleux » lambda mais qui passait leur temps à faire des saluts nazis. De son expérience de 20 ans de concerts, il tirait cette conclusion :
« Le mouvement NSBM en plein essor est à la mode [dans le milieu black metal, ndlr], radicalement décomplexé et sans retenu. Et ça va pas en s’arrangeant. Avec l’apologie du nazisme, de la violence et de l’intolérance la plus primaire pour certains et beaucoup d’effet de groupe. »
Un autre fan de black metal et auteur d’une lettre d’info confidentielle « Observatoire NSBM » alerte sur le sujet, également sous couvert d’anonymat :
« On aurait tort de les considérer comme de simples admirateurs d’Hitler. Ce sont des néonazis à tendance Folkish. Leur musique est une façon de faire de la métapolitique, de la politique par la pratique culturelle. Et dans le black metal, ils prennent de plus en plus de place. »
La tendance « Folkish » mêle musique metal et mouvement völkisch, courant intellectuel issu de l’Allemagne de la fin du XIXème siècle qui mêlait spiritualité païenne, mythologie germanique et antisémitisme. Les thèmes développés dans leurs textes ne sont pas directement politiques mais portent sur l’histoire, la nature ou les mythes.
Références au nazisme et proximité avec le Bastion social
Au vu de la programmation, le « Call of terror fest III » va se dérouler de la même manière que les deux premières éditions.
Cinq groupes vont se succéder. Parmi ces groupes, on retrouve deux habitués de ce festival néonazi : les Finlandais de Goatmoon, présents déjà en 2017, tout comme les Français de Baise ma hache.
Voici quelques éléments sur trois de ces groupes qui se produiront samedi :
Le groupe allemand « Stalhfront » a participé à Night of honour chez Serge Ayoub, le « parrain des skins français », à Berzy-le-Sec. Il était également présent à Asgardrei en décembre dernier à Kiev, un rassemblement NSBM international produit par les paramilitaires du Secteur Droit et du Régiment Azov, du mouvement ultra-nationaliste à la fois organisation paramilitaire et parti politique.
« Baise Ma Hache » fait explicitement référence au nazisme ainsi qu’à l’extrême droite française.
A l’occasion d’un concert à Saint-Etienne en 2015, des antifascistes stéphanois avait diffusé un dossier sur ce groupe. Le concert avait été annulé par les organisateurs. Outre un logo qui utilise les symboles des jeunesses hitlériennes (la hache et l’os), « Baise Ma Hache » reprend intégralement un poème de Robert Brasillach dans une de ses chansons, et rend hommage à Dominique Venner, une autre figure de l’extrême droite radicale. Le lendemain du concert de 2017, une rencontre avait eu lieu dans le local du groupuscule d’extrême droite GUD (devenu Bastion social) à Lyon. Baise Ma Hache a récemment intégré Rose Hreidmarr, une figure du black metal français.
Question logo, « Vermine » n’est pas mal non plus, avec une croix celtique dans le nom. « Vermine » aime poser armé sur les réseaux sociaux. Il sera sur scène avec un dénommé Famine. Son groupe, Peste noire, a été associée à une démo intitulée « Aryan Supremacy ». Proche du GUD/Bastion social, il a participé à l’inauguration de l’antenne du Bastion social à Clermont-Ferrand avec « Vermine », justement. Il faisait également partie de la rencontre qui avait lieu le lendemain de la première édition du « Call of terror » dans le local du GUD à Lyon, en 2017.
Quel dispositif d’ordre public ?
Cette proximité entre le Bastion social et les néonazis du black metal fait craindre la venue de membres de l’extrême droite radicale lors de l’Acte XIII des « gilets jaunes » à Lyon qui aura lieu, comme chaque semaine, le samedi après-midi, à quelques heures du concert. Et comme chaque week-end, les militants lyonnais du Bastion social appellent à manifester.
Dans une lettre envoyée par mail ce vendredi matin à plusieurs centaines de maires de la région de Lyon et au préfet de région, l’association Agir pour l’égalité « alerte » sur la tenue de ce concert :
« Nous encourageons les maires à prendre, autant que possible, les précautions nécessaires afin d’éviter la tenue de cet évènement sur leur commune, en vérifiant les réservations prévues pour ce week-end dans les salles communales. Nous encourageons également vivement Monsieur le préfet de Région à alerter les maires des environs à être tout particulièrement vigilants sur les rassemblements organisés sur leurs villages durant ce week-end ».
Contactée par Rue89Lyon, la préfecture de Région assure, par la voix de son porte-parole, « suivre cela de près » mais sans savoir où le concert se déroulera :
« Ils jouent sur les limites des départements. Si cela se déroule sur la voie publique, nous prendrons toutes les mesures qui s’imposent. Et si on constate des éléments d’ordre xénophobe ou antisémite, le préfet fera également preuve d’une grande fermeté ».
Dans un communiqué délivré ce vendredi à 17h30, la préfecture annonce « un dispositif de sécurité adapté » au vu de « groupuscules radicaux qui pourraient participer à la manifestation lyonnaise » : davantage de forces mobiles et de contrôles d’identité ainsi qu’un arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique et l’utilisation de feux d’artifice et pétards. « Des mesures d’enlèvement et de déplacement du mobilier urbain seront prises », indique également le communiqué.
Ce week-end, la région lyonnaise va accueillir un concert de black metal néonazi.
Ce samedi 28 janvier, à proximité de Lyon, on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France pour un concert de la scène National Socialist Black Metal (NSBM).
Sur la page Facebook de l’événement intitulé « Call of terror », les organisateurs restent évasifs et parlent de la « région lyonnaise ». Comme souvent en la matière, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.
Et les forces de l’ordre disent ne connaître, elles aussi, qu’au dernier moment le lieu précis du rassemblement. C’est ce qui c’était produit pour les tournois de free-fight ou les autres concerts organisés par la mouvance Blood and Honour, qui est encore à la manœuvre pour cette date du 28 janvier.
Blood and Honour : des organisateurs néonazis accueillis par le GUD
A Lyon, nous connaissons bien Blood and Honour, qui tire son nom de la devise des Jeunesses hitlériennes.
Ils organisent essentiellement des concerts de groupes de RAC (Rock Against Communisme). Et aujourd’hui ils s’ouvrent donc à un autre type de musique : le National Socialist Black Metal (NSBM).
Mais très marqué et très suivi par la police, Blood and Honour a, une fois de plus, pris un autre nom, pour cet événement, qui est officiellement organisé par « Call of Terror ».
Les membres lyonnais de Blood and Honour avaient créé un local à Gerland, le « Bunker Korps Lyon » fermé en mai 2011 sur décision de la Ville de Lyon. Sa philosophie pourrait se résumer à « bière, foot et baston », sans rechigner aux bras tendus.
C’est d’ailleurs dans le local du GUD dans le centre de Lyon que deux des quatre groupes ont prévu, ce dimanche, de « rencontrer » leurs fans.
Ouvert fin septembre, « le Pavillon noir » est un lieu dont l’adresse est, elle-aussi, tenue secrète.
Des références explicites au nazisme
Quatre groupes vont se succéder pour ce concert : les Français de Baise Ma Hâche et Peste noire (qu’on pourra retrouver chez le GUD le lendemain), les Finlandais de Goatmoon et les Polonais de Dark Fury.
Concernant les deux groupes hexagonaux, un post de La Horde apporte des éléments pour Peste Noire. On apprend notamment que sa création en 2001 a été associée à une démo intitulée « Aryan Supremacy ».
Son nom ferait référence à la peste bubonique qui décima la population européenne entre 1347 et 1352, et qui donna lieu à de nombreux pogroms anti-juifs. Sur des photos, on voit le leader du groupe, « Famine » faire un salut nazi avec les ultra-nationalistes ukrainiens de Secteur Droit et du régiment Asov, accompagnés des Suisses de la Misanthropic Division.
Baise Ma Hache fait explicitement référence au nazisme ainsi qu’à l’extrême droite française.
Dans un dossier diffusé en juin 2015, à l’occasion d’un concert à Saint-Etienne, des antifascistes stéphanois avait diffusé un dossier sur ce groupe. Le concert avait été annulé par les organisateurs.
Outre un logo qui utilise les symboles des jeunesses hitlériennes (la hache et l’os), Baise Ma Hache reprend intégralement un poème de Robert Brasillach dans une de ses chansons, et c’est sans compter l’hommage fait à Dominique Venner, une autre figure de l’extrême droite radicale.
Demande d’interdiction et appel à la vigilance
Dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi, l’association « Agir pour l’égalité », demande l’interdiction de ce type de rassemblement néonazi :
« Après le Ragnard Rock Fest – organisé dans l’Ain l’année dernière avec l’autorisation de la Préfecture alors même que plusieurs groupes appelant ouvertement à la haine raciale étaient programmés – la région Rhône-Alpes serait-elle devenue la nouvelle terre d’accueil des néonazis ? »
L’association a également envoyé un mail à toutes les mairies de la Métropole de Lyon, du Rhône et du Nord Isère pour leur demander d’être vigilantes :
« Agir pour l’égalité appelle les maires des communes à la plus grande vigilance face à la possibilité d’un rassemblement politique néonazi sur leur commune. Nous les invitons à vérifier l’authenticité des réservations faites dans les salles communales et à prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs administrés de potentiels dégradations, insultes et actes de violences physiques ».
Généralement, les salles municipales sont en effet réservées pour un simple anniversaire. Ce fut encore le cas pour le dernier concert connu Blood and Honour, il y a un an dans la petite commune iséroise de Torchefelon.
> Mise à jour du 4 février : Le concert s’est finalement déroulé dans la salle des fêtes de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, à 80 km de Lyon, à limite de l’Isère et de la Savoie. Selon divers témoignages, plus de 400 personnes y ont assisté. Le maire de la commune reconnaissait dans les colonnes du Dauphiné s’être fait « grugé » puisque la soirée a été réservée « pour une réunion de motards ».
SOS Racisme voulait le faire interdire, mais le préfet de l’Ain a validé son maintien. Le Ragnard Rock Fest aura bien lieu malgré la présence de plusieurs groupes néonazis.
Au début du mois de juillet, l’association anti-raciste écrivait au préfet de l’Ain pour demander l’interdiction de la deuxième édition d’un festival de black metal, le Ragnard Rock Fest, qui mêle concerts et animations vikings à Simandre-sur-Suran, du 21 au 24 juillet.
Ce qui pose problème est la présence de plusieurs formations de la scène National Socialist Black Metal (NSBM) parmi la vingtaine de groupes.
SOS Racisme détaille le pédigrée de trois groupes :
« Le groupe Graveland a participé au festival italien nommé « Hot Shower » le 2 avril 2016 à Milan. En référence aux méthodes utilisées par le régime nazi durant la Shoah ».
Dans un interview à Decibel Magazine de 2010, le leader de Graveland précise sa pensée politique. Il affirme notamment que « Nous avons tous besoin de la ségrégation raciale pour préserver notre propre culture et de la spiritualité ». Ou justifie encore l’antisémitisme : « qui vient de l’évaluation de la situation et des activités du lobby juif international politique contemporaine. »
« Noktural Mortum est un groupe ukrainien qui s’est récemment produit au soutien de l’organisation ultranationaliste ukrainienne AZOV en 2014 et en 2015. Dénoncée par l’ONU et Amnesty International comme étant coupable de violation des Droits de l’Homme. La symbolique de ce groupe épouse celle du régime nazi. C’est une des raisons pour lesquelles les prestations de ce groupe sont interdites dans divers pays européens ». Dans son répertoire, le vieux groupe a cette chanson « The call of the Aryan Spirit » (« L’appel de l’esprit aryen »). Avec des paroles comme : « Cracher à la gueule des Juifs, les découper en morceaux » (« Spit in jewish faces, cut them into pieces »), comme le relevait le huffingtonpost.
« Naer Mataron est un groupe grec qui a pour bassiste le député du parti d’extrême droite Aube Dorée, Giorgos Germenis.
Les antifascistes de Fafwatch Franche-Comté ont également publié un post très détaillé sur ces groupes qui seront présents au Ragnard Fest.
Où l’on apprend notamment que :
Les Ukrainiens de Noktural Mortum ont joué en 2014 à un concert organisé pour Pravyï sektor (Secteur Droit – un parti ultranationaliste) et pour le bataillon Azov constitué de miliciens d’extrême droite. Deux autres groupes ukrainiens présents au festival affichent également leur soutien à Secteur Droit.
Les Polonais de Graveland, l’un des groupes cultes de la scène NSBM, a été interdit de scène en Allemagne.
La boutique grenobloise « Terre Celtique » tenait un stand en 2015 et sera présente en 2016. Son propriétaire est Christian Mollier, un activiste de l’extrême droite iséroise.
« Aucun groupe néonazi »
Dans un communiqué, les organisateurs ont répondu aux accusations des organisations anti-racistes :
« Lors de la première édition en 2015, (avalisée par les autorités locales) Nokturnal Mortum par exemple était déjà présent. Sans créer le moindre problème, ni faire du festival une tribune néo-nazie. 3/4 des membres d’origine (il y a 22 ans) ne sont plus présents et pour cause, les membres actuels étaient des enfants… Pour Graveland, le groupe est actuellement très loin de ces erreurs de jeunesse… Quant à Malpeste, le groupe n’a jamais eu de propos antisémites, racistes. C’est un groupe local. Qui se voit affubler d’une réputation bien nauséeuse. (…) Un humain ne peut-il avoir le droit de se tromper de chemin pour ensuite suivre un chemin de rédemption ? »
Interrogés par France 3 (à 14’25’’ du JT ci-dessous), l’un des organisateurs, Franco Giannelli, se montre catégorique :
« Il y a des groupes qui se revendiquent NSBM. Vous pouvez aller sur Internet et vous aurez les images des concerts. Il y a des svastika partout, des drapeaux nazis, ça « sieg » dans tous les coins. Aucun de ces groupes-là ne sera jamais présent au Ragnard Fest. »
Pourquoi le préfet n’interdit pas le festival
L’argumentaire des organisateurs a visiblement convaincu les autorités. Dans un mail envoyé à SOS Racisme le 13 juillet, le directeur de cabinet du préfet de l’Ain explique pourquoi le festival ne sera pas interdit.
Il commence tout d’abord par détailler les raisons pour lesquelles il aurait pu interdire ce festival :
« L’autorité de police (CE, ord des 9, 10 et 11 janvier 2014, affaire de Dieudonné M’Bala M’Bala) est même fondée à interdire le spectacle afin de prévenir la commission des infractions pénales que sont des propos à caractère antisémite, qui incitent à la haine raciale, qui font l’apologie des discriminations, persécutions et exterminations perpétrées au cours de la 2nde guerre mondiale et sont de nature à mettre en cause la cohésion nationale). »
Au final, le préfet ne retient que la problématique de l’ordre public :
« Ce festival s’est déroulé l’an passé dans de bonnes conditions. »
Le préfet annonce toutefois qu’il a été demandé aux forces de sécurité (gendarmerie et renseignements) de « procéder aux relevés d’infractions de tous actes à caractère raciste et antisémite qui seraient constatés ».
Le préfet n’interdit pas le festival car, explique son directeur de cabinet, il a reçu des engagements. Dans son mail, le représentant du préfet affirme que le comité d’organisation s’est engagé à :
« accroître sa vigilance auprès des festivaliers, bénévoles, artisans et commerçants afin qu’aucun produit vendu ne puisse véhiculer une idéologie politique »
« expulser toute personne, y compris artiste, qui aurait un comportement inapproprié pendant le festival. Et à signaler son identité à la gendarmerie le cas échéant »,
« ce que toutes les chansons des groupes qui se produiront aient été communiquées et vérifiées par le comité d’organisation. Ce dernier étant composé de membres comprenant toutes les langues parlées sur le site du festival. Et à ce qu’aucune ne véhicule d’idée de haine raciale et à tendance politique. De même s’agissant des visuels et des décors ».
Loïc Rigaud, du bureau de l’association « Agir pour l’égalité – SOS Racisme », qui avait écrit au préfet, conteste cette manière de procéder :
« On connaît ces groupes de black metal et leurs propos sont sans ambiguïté. Il faut agir sur ces groupes en les interdisant pour ne pas laisser libre court à la haine des étrangers et à l’antisémitisme. »
Pour leur première édition, les organisateurs regroupés au sein de l’association « La compagnie d’Edoras » avaient annoncé entre 10 000 et 12 000 festivaliers.
C’est devenu un classique du Nord Isère : une soirée d’anniversaire qui est en réalité une soirée néonazie.
Une fois de plus, après Succieu en 2014 et la commune de Flachères en 2013, c’est une nouvelle petite commune des environs de La Tour-du-Pin, Torchefelon, qui a accueilli des concerts néonazis samedi 5 mars.
Le Dauphiné Libéré raconte que la salle des fêtes avait été réservée par un particulier pour soi-disant fêter un anniversaire, samedi soir.
Environ 400 personnes étaient présentes pour assister au concert de groupes comme Bunker 84, Katégorie C ou encore Katastrof.
La soirée s’est déroulée sans incident, écrit le quotidien régional qui précise, dans son édition de lundi, qu’une trentaine de gendarmes attendaient néanmoins les participants à la sortie de la salle des fêtes, jusqu’à 4 h 30 dimanche matin. Des contrôles ont été réalisés et des armes trouvés (couteaux et battes de baseball).
Contacté par le Dauphiné Libéré sous-préfet de La Tour-du-Pin, Thomas Michaud, explique pourquoi cette soirée n’a pas été interdite :
« Il n’est pas possible a priori de refuser de louer une salle, sauf en cas de risque de troubles à l’ordre public. »
En 2014, le maire de Succieu qui avait connu pareille “soirée anniversaire” tentait d’alerter dans les colonnes du Dauphiné Libéré les autres maires du Nord Isère :
« Ces gens-là avancent masqués et vous mettent au pied du mur ».
La commune a depuis interdit la location de la salle municipale à toute personne extérieure à Succieu et à la commune “jumelle” de Châteauvilain.
Blood and Honour bien implanté à Lyon
A Lyon, nous connaissons Blood and Honour. Ce réseau, qui tire son nom de la devise des Jeunesses hitlériennes, organise essentiellement des concerts de groupes de RAC (Rock Against Communisme).
En juin dernier, Blood and Honour s’était associé à une autre structure de la mouvance néonazie pour co-organiser un tournoi de free-fight dans la région lyonnaise qui s’était finalement déroulé en Ardèche.
Pour louer la salle, le prétexte était le même : un anniversaire.
[MàJ] De quoi renforcer la mauvaise réputation de place forte de l’extrême droite radicale pour Lyon. La deuxième agglomération de France n’est pas seulement un fief de plusieurs groupuscules identitaires ou nationalistes, pour la seconde fois, un tournoi de free-fight néonazi devait se dérouler ce samedi dans les environs de la ville.
Le tournoi s’est finalement tenu dans le nord de l’Ardèche, dans la petite commune de Talencieux, près d’Annonay.
Un des combats de free-fight de l’édition 2014 qui a lieu dans la région lyonnaise. Capture d’écran de la Vidéo de White Rex
Ce samedi, à proximité de Lyon, on attendait près de 200 personnes en provenance des quatre coins de la France mais aussi de Grèce, d’Allemagne, d’Italie et des pays de l’Est de l’Europe. Elles ont assisté ou participé à un tournoi de free-fight (ou MMA), suivi de deux concerts.Jusqu’à samedi milieu d’après-midi, nous n’avions pas connaissance du lieu, tenu secret jusqu’au dernier moment. Sur les réseaux sociaux, les organisateurs parlent seulement de Lyon. Nous savions seulement que le tournoi devait se tenir dans la campagne environnante, toujours pour une question de discrétion.Cela a déjà été l’option choisie le 7 juin 2014, lors de la première édition, par les organisateurs qui avaient jeté leur dévolu sur Pollionnay, une petite commune à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Lyon.Il y a un an, les forces de l’ordre disaient n’avoir été au courant de l’emplacement exact que quelques heures avant le début des réjouissances, qui avaient rassemblé 150 personnes.Ce samedi de juin 2014, la salle municipale de Pollionnay avait été louée, soit-disant pour un « anniversaire », comme le rapportait le commandant de gendarmerie cité par le Progrès.
Le quotidien de Lyon avait été alerté par ses lecteurs qui s’étaient « émus » de ce rassemblement de plusieurs dizaines de personnes « crânes rasés et tatouées ». En entrant dans « sa » salle, le maire avait découvert le ring au milieu d’un charmant public.
Toujours les mêmes organisateurs néonazis
Comme en juin 2014, l’événement est co-organisé par Blood and Honour et Pride France, deux structures que l’on peut rattacher à la mouvance néonazie.
A Lyon, nous connaissons déjà Blood and Honour. Ce réseau, qui tire son nom de la devise des Jeunesses hitlériennes, organise essentiellement des concerts de groupes de RAC (Rock Against Communisme).
Mais très marqué et donc davantage repérable par les autorités de police, Blood and Honour a pris le nom, pour cet événement, d’« Hexagone », tout en gardant le même symbole.
Capture d’écran du tournoi de free-fight 2014
C’est l’autre organisateur, Pride France, qui assure essentiellement la communication en France. Elle se fait surtout via les réseaux sociaux et mails.
A la fois « team » de combattants de free-fight et marque de vêtements « faits par les blancs, pour les blancs », Pride France est rattaché à un site Internet « White Clothing 88 » aujourd’hui fermé. Le chiffre « 88 » renvoyant, dans cette symbolique, aux « H » de Heil Hitler.
Si cette année l’affiche intitulé « Day of glory vol. 2 » a été expurgée d’un grand nombre de symboles nazis, celle de 2014 était beaucoup plus explicite. On y voit un combattant qui a tatoué la croix de fer allemande et l’emblème SS de la troisième Panzerdivision Totenkopf.
Capture d’écran de l’affiche du tournoi 2014
Ultranationalistes russes et musique RAC
Outre les deux organisations françaises, le tournoi se fait, toujours, sous le haut patronage de White Rex, un réseau européen très actif basé en Russie. Ces suprémacistes blancs mêlent également organisation de tournois de free-fight et vente de vêtements. Ce sont eux qui organisent la venue de combattants étrangers à Lyon.Dans leur post titré « White Rex 34 in Lyon (France) ! », ces ultranationalistes russes rappellent leur doctrine que nous pouvons traduire de la sorte :« Sous les attaques de la propagande étrangère, nous, les Européens, avons perdu l’esprit (…) de combattant ! L’un des buts de White Rex est de revivre cet esprit. »C’est encore White Rex qui a mis en ligne la vidéo/compte-rendu de l’édition 2014 (voir ci-dessous) où l’un des membres du staff présente l’événement (en anglais) comme ayant pour finalité « l’unité blanche européenne ».
Cette année encore les combattants et les spectateurs sont venus de toute l’Europe. Côté concert, on note une internationalisation avec la présence de deux « pointures » du milieu RAC : le groupe québécois Legitime Violence et les Italiens de Gesta Bellica qui ont notamment à leur actif une chanson faisant l’éloge d’Erich Priebke, responsable nazi du massacre des Fosses ardéatine en 1944 à proximité de Rome.
Demande d’interdiction
La Licra, via son délégué régional Patrick Kahn, a alerté les autorités. Ce dernier a le sentiment qu’on a tiré aucune expérience de l’année dernière, pour anticiper l’événement et l’interdire :
« L’annonce circule depuis deux mois sur les réseaux sociaux. On a l’impression que ces néonazis européens ont pris confortablement leurs quartiers dans la région. »
La préfecture du Rhône affirme ne pas connaître le lieu. « Tous les services de sécurité sont très attentifs », expose un porte-parole, en précisant que le préfet se « réserve la possibilité d’intervenir en cas de besoin ».
Contactés par Rue89Lyon, les organisateurs n’ont pas donné suite.
200 personnes dans un petit village près d’Annonay
Finalement, les organisateurs ont choisi le village de Talencieux, près d’Annonay, à 75 km au sud de Lyon. Ils ont loué la salle municipale de cette commune de 1 000 habitants.
Les participants, un peu moins de 200 personnes, sont arrivées dans le village dans le courant de l’après-midi de samedi .
Le village a connu un important déploiement de gendarmes mais ils ne sont pas intervenus pour empêcher la tenue du tournoi de free-fight.
Le maire de la commune a pris un arrêté pour « marquer sa désapprobation », selon France Bleu Drôme Ardèche.
Robert Seux a expliqué au Dauphiné Libéré comment il avait été dupé, de la même manière que le maire de Pollionnay l’année dernière :
« Deux jeunes du coin sont venus réserver pour une « soirée privée ». On n’imaginait pas que ça pouvait être une soirée comme celle-ci… ».
Photo publiée le lendemain du tournoi, le 7 juin, sur la page Facebook de l’organisateur (Pride France) et légendée « Day of glory vol II ». Capture d’écran
Article mis à jour le dimanche 7 juin à 20h30 après la tenue du tournoi dans la commune de Talencieux.
Les tournois de free-fight interdits en France Le MMA ou Mixed Martial Arts ou arts martiaux mixtes ou free-fight désignent un sport de combat où l’on peut avoir recours à plusieurs techniques provenant de différents arts martiaux (par exemple, boxe thaï, jiu-jitsu brésilien, lutte). Sur le ring, les deux combattants peuvent donc utiliser coups de genou et de coude, mais aussi des techniques de soumission (comme l’étranglement).
Le free-fight, considéré comme extrêmement violent, vient d’être toutefois partiellement autorisé en France : on peut s’entraîner mais les tournois ou compétitions restent interdits.
L’espace interculturel de Saint-Etienne La Clé d’Voute a décidé d’annuler un concert de black metal néonazi initialement prévu le 6 juin. L’événement, organisé par l’association Helveg Prod, a été fortement contesté par des antifascistes stéphanois.
Ces militants ont d’abord diffusé sur les réseaux sociaux un PDF où ils ont pointés toutes les références néonazies des différents groupes programmés et leurs connections avec les milieux de l’extrême droite nationaliste.
Cristalys, Baise ma Hache et Bahrrecht sont les trois groupes de black metal qui devaient se produire.
Dans un premier temps, la gérante de la salle a refusé d’annuler le concert avant de changer d’avis suite aux nombreux appels anonymes et à l’intervention du conseil Général. Nous avons cherché à la contacter mais elle reste injoignable. Interrogé par le Progrès, un des responsables de la salle se défend de toute collusion avec l’extrême droite radicale :
« On ne fait que louer la salle à des associations, ce n’est pas nous qui gérons la programmation ».
Helveg Prod a annoncé l’annulation du concert le 1er juin sur sa page Facebook, tout en se disant « navré » d’être assimilé à un mouvement néonazi. Guillaume, vice président de l’association Helveg Prod, explique :
« L’art peut déranger certaines personnes. Les artistes ne peuvent pas toujours être compris de tout le monde. Je comprends que certaines personnes n’aient pas pris le temps de se renseigner et fait l’amalgame avec le fascisme. Mais c’est l’univers de l’art, il faut prendre les paroles au second degré. »
Baise Ma Hache fait pourtant explicitement référence au nazisme ainsi qu’à l’extrême droite française.
Le groupe Cristalys, quant à lui, « se limite » à une apologie du royalisme européen. Le tout agrémenté de croix celtiques.
Baise Ma Hache donnera finalement son premier concert non-interdit chez Batskin, dans un rassembemement NSBM en Picardie au bout du jeu de piste “Paris Area”, en février 2016