Un concert “néonazi” a-t-il vraiment eu lieu en Isère malgré l’interdiction préfectorale ?

Alors que la préfecture de l’Isère avait annoncé qu’un concert “néonazi” s’était tenu samedi soir à Saint-Quentin-Fallavier malgré un arrêté d’interdiction, celle-ci est finalement revenue sur ses déclarations, évoquant finalement un “rassemblement”. Voici ce que l’on sait.

L’annonce de l’événement circulait dans un cercle très fermé. Le concert “Rock antiwokisme” devait réunir cinq groupes pour une soirée clandestine, samedi 18 novembre, dans un lieu tenu secret en région Rhône-Alpes. Un événement organisé par des militants affiliés à la mouvance néonazie, selon une enquête de Mediapart et Rue89 Lyon.

Deux arrêtés ont été pris par les préfets du Rhône et de l’Isère pour interdire la tenue de ce concert. Or, un rassemblement s’est bien déroulé dans un restaurant de Saint-Quentin-Fallavier, dans le Nord-Isère, organisé par les mêmes figures de l’extrême droite radicale.

Mais aucun concert n’a eu lieu à cette occasion, a-t-on appris de sources concordantes, contrairement à ce qu’indiquait dans un premier temps la préfecture de l’Isère avant de se rétracter au cours de la journée de lundi.

Quel était l’événement prévu à l’origine ?

Entre 100 et 200 participants étaient attendus à l’occasion de ce concert lors duquel cinq groupes devaient se produire, selon les deux médias d’investigation. L’affiche d’annonce diffusée dans un cercle très restreint “reprend explicitement des symboles belliqueux et ostensiblement provocateurs envers les différences”, justifiait la préfecture de l’Isère dans son arrêté d’interdiction.

On peut y voir un personnage vêtu de noir au visage masqué avec, à côté, le slogan antiraciste “Black lives matter” (“Les vies des noirs comptent”) rayé et remplacé par “White lives matter” (“Les vies des blancs comptent”), une formule reprise par les suprémacistes blancs.

La tête d’affiche, le groupe Bunker 84, est par ailleurs “connue pour ses morceaux à la gloire du Troisième Reich”, relève la préfecture. La formation qui appartient à la scène rock anti-communiste (RAC) française est à l’origine de titres tels que Mein Kampf – du nom du livre rédigé par Adolf Hitler, Victime des démocraties ou encore Nacht and Nebel, encensant les crimes nazis.

“Ils ne font plus jamais ces titres en live, se défend auprès de France 3 Alpes l’organisateur, Renaud M. Cela date des années 1990. Ce n’est plus d’actualité, ces titres dégueulasses.” “C’était une soirée entre nationalistes mais en rien nazie”, se justifie-t-il encore. “On est censurés, c’est frustrant. Je n’aime pas le modèle sociétal que voudrait nous faire subir le wokisme, c’est tout.”

Renaud M., qui se dit “pro-Zemmour” mais “peu intéressé par la politique”, affirme ne “pas (être) antisémite pour un sou”. “Je suis un skinhead, un patriote”, estime Renaud M. qui dit avoir rejoint cette mouvance pour “combattre la racaille”.

Il reconnaît toutefois être l’ancien chef de file de la branche lyonnaise du groupuscule Blood and Honour (Sang et honneur), un réseau de promotion de musique RAC et néonazie dont la section française a été dissoute par décret ministériel en juillet 2019.

Les organisateurs dans leur ensemble sont par ailleurs “clairement affiliés”, selon la préfecture, au mouvement nationaliste révolutionnaire Troisième Voie, lui aussi dissous par décret du Conseil des ministres en 2013 à la suite du décès du militant antifasciste Clément Méric dans une rixe avec des skinheads.

Pourquoi les organisateurs ont-ils annoncé annuler le concert ?

La préfecture de l’Isère, informée de la date et du lieu de l’événement, a pris un arrêté le samedi 18 novembre interdisant la tenue du concert, estimant qu’il constituait “par son objet même, un trouble majeur à l’ordre public”.

Elle juge, dans ce document, que l’événement “est susceptible de donner lieu à des propos incitant à la haine raciale et à la violence (…), en particulier (envers) les personnes de religion juive, ainsi qu’à l’apologie des crimes commis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale”.

A la suite de la parution de l’enquête de Mediapart et Rue89 Lyon, les organisateurs leur avaient annoncé renoncer à l’événement initialement prévu dans un domaine privé de la Loire, le propriétaire ayant “purement annulé (sa) réservation.”

Renaud M. reconnaît aujourd’hui qu’il avait prévu un plan B en réservant, plusieurs mois à l’avance, la salle d’un restaurant à Saint-Quentin-Fallavier. C’est dans ce cadre qu’environ “150 personnes”, selon l’organisateur, se sont réunies samedi soir.

Que s’est-il vraiment passé ?

Si la préfecture de l’Isère affirmait dans un premier temps qu’un concert s’y était tenu, elle est revenue sur ses déclarations, parlant finalement d’un “rassemblement”. “Ce dernier se tenant dans un lieu privé, aucun élément ne permet de confirmer qu’un concert se soit tenu”, fait savoir le préfet de l’Isère Louis Laugier dans un communiqué émis dans la soirée de ce lundi 20 novembre.

“Aucun élément ne permet de confirmer qu’un concert se soit tenu.”
Louis Laugier, préfet de l’Isère

Une version confirmée par la procureure de la République de Vienne, Audrey Quey, qui n’a été saisie d’aucune enquête sur ces faits. “Il s’agissait d’un rassemblement dans un lieu privé et personne n’a porté à ma connaissance d’infraction telle qu’une provocation à la haine raciale”, nous indique-t-elle.

“Des informations qui me sont remontées, complète Mme Quey, je n’ai pas l’impression que ce qu’il s’est fait était un concert néonazi.” Un dispositif de surveillance a bien été mis en place par la gendarmerie le soir du rassemblement mais dans un cadre administratif et non sur instruction du parquet.

“On n’a pas du tout joué de musique”, soutient Renaud M. qui, ayant eu connaissance de l’arrêté préfectoral, avait pris conseil auprès de son avocat avant de maintenir ce rassemblement. “Pour être honnête, j’ai juste chanté une chanson sur le Beaujolais nouveau.” L’organisateur a été entendu par la gendarmerie dimanche, après le rassemblement, mais affirme qu’aucune charge n’est retenue à son encontre.

Le chanteur du groupe chambérien Boots and Creepers, Frankreich, nous indique que la formation savoyarde – qui devait initialement se produire lors du concert – a annulé son passage sur scène à la suite de l’arrêté d’interdiction. Il reconnaît malgré tout avoir participé au rassemblement qu’il qualifie de “soirée années 80” avec de la musique diffusée “via une playlist”. “Aucun concert n’a été constaté lors des passages fréquents de la gendarmerie”, précise-t-il par écrit.

Le gérant du restaurant loué pour le week-end, Arthur Munsch, affirme pour sa part n’avoir jamais été informé de la teneur de l’événement, se disant “choqué” et s’estimant “floué”. L’organisateur reconnaît ne pas l’en avoir avisé.

“Je n’ai absolument pas cautionné, ni participé, ni aidé à organiser cet événement. On m’a trompé dans le type de personnes qui seraient présentes, leur nombre, l’utilisation de mon bâtiment et le contexte global de la prestation”, assure-t-il, ajoutant qu’aucun collaborateur de son restaurant n’était présent ce soir-là.

Il dit avoir été alerté en pleine nuit par des appels provenant d’un “numéro masqué”, son interlocuteur évoquant la présence de “personnes dangereuses” au sein de l’établissement, sans donner davantage de précisions. “Dans une démarche d’enquête, je comprends qu’on ne prévienne pas le gérant d’un établissement. Mais j’aurais aimé organiser une réaction appropriée”, regrette-t-il.

Quelques heures avant l’événement, Arthur Munsch remarquait toutefois qu’une “petite scène improvisée (…) avec quelques instruments” avait été installée dans la salle de son restaurant. Interrogé, l’organisateur est resté évasif sur ce point. Lorsque le gérant est arrivé sur place, à 3h30 dans la nuit de samedi à dimanche, tous les participants avaient quitté les lieux.

Y aura-t-il une enquête judiciaire ?

Le parquet de Vienne n’ayant eu connaissance d’aucune infraction, il n’a pas ouvert d’enquête. La préfecture de l’Isère peut, en revanche, saisir la procureure de la République au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale.

Le texte prévoit que toute autorité constituée qui “acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.”

“Aucune poursuite n’est envisagée eu égard au caractère privé du lieu et à l’absence d’infraction constatée”, conclut la préfecture dans son communiqué lundi soir. Car l’arrêté d’interdiction portait exclusivement sur un “concert” et non un rassemblement.

France 3 Rhones-Alpes

Call of Terror I – 28 janvier 2017

https://rebellyon.info/IMG/png/allofterror.pngDans la région lyonnaise, un concert de black metal néonazi

Ce week-end, la région lyonnaise va accueillir un concert de black metal néonazi.

Ce samedi 28 janvier, à proximité de Lyon, on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France pour un concert de la scène National Socialist Black Metal (NSBM).

Sur la page Facebook de l’événement intitulé « Call of terror », les organisateurs restent évasifs et parlent de la « région lyonnaise ». Comme souvent en la matière, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.

Et les forces de l’ordre disent ne connaître, elles aussi, qu’au dernier moment le lieu précis du rassemblement. C’est ce qui c’était produit pour les tournois de free-fight ou les autres concerts organisés par la mouvance Blood and Honour, qui est encore à la manœuvre pour cette date du 28 janvier.

Blood and Honour : des organisateurs néonazis accueillis par le GUD

A Lyon, nous connaissons bien Blood and Honour, qui tire son nom de la devise des Jeunesses hitlériennes.

Ils organisent essentiellement des concerts de groupes de RAC (Rock Against Communisme). Et aujourd’hui ils s’ouvrent donc à un autre type de musique : le National Socialist Black Metal (NSBM).

Mais très marqué et très suivi par la police, Blood and Honour a, une fois de plus, pris un autre nom, pour cet événement, qui est officiellement organisé par « Call of Terror  ».

Les membres lyonnais de Blood and Honour avaient créé un local à Gerland, le « Bunker Korps Lyon » fermé en mai 2011 sur décision de la Ville de Lyon. Sa philosophie pourrait se résumer à « bière, foot et baston », sans rechigner aux bras tendus.

Il y a deux ans, ils ont tenté d’ouvrir un nouveau lieu à Sainte-Foy-lès-Lyon en association avec le GUD.

C’est d’ailleurs dans le local du GUD dans le centre de Lyon que deux des quatre groupes ont prévu, ce dimanche, de « rencontrer » leurs fans.

Ouvert fin septembre, « le Pavillon noir » est un lieu dont l’adresse est, elle-aussi, tenue secrète.


Des références explicites au nazisme

Quatre groupes vont se succéder pour ce concert : les Français de Baise Ma Hâche et Peste noire (qu’on pourra retrouver chez le GUD le lendemain), les Finlandais de Goatmoon et les Polonais de Dark Fury.

On en sait plus sur ces groupes via un post du site Rebellyon qui reprend un blog d’un black metalleux antifasciste.

Concernant les deux groupes hexagonaux, un post de La Horde apporte des éléments pour Peste Noire. On apprend notamment que sa création en 2001 a été associée à une démo intitulée « Aryan Supremacy ».

Son nom ferait référence à la peste bubonique qui décima la population européenne entre 1347 et 1352, et qui donna lieu à de nombreux pogroms anti-juifs. Sur des photos, on voit le leader du groupe, « Famine » faire un salut nazi avec les ultra-nationalistes ukrainiens de Secteur Droit et du régiment Asov, accompagnés des Suisses de la Misanthropic Division.

Baise Ma Hache fait explicitement référence au nazisme ainsi qu’à l’extrême droite française.
Dans un dossier diffusé en juin 2015, à l’occasion d’un concert à Saint-Etienne, des antifascistes stéphanois avait diffusé un dossier sur ce groupe. Le concert avait été annulé par les organisateurs.

Outre un logo qui utilise les symboles des jeunesses hitlériennes (la hache et l’os), Baise Ma Hache reprend intégralement un poème de Robert Brasillach dans une de ses chansons, et c’est sans compter l’hommage fait à Dominique Venner, une autre figure de l’extrême droite radicale.


Demande d’interdiction et appel à la vigilance

Dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi, l’association « Agir pour l’égalité », demande l’interdiction de ce type de rassemblement néonazi :

« Après le Ragnard Rock Fest – organisé dans l’Ain l’année dernière avec l’autorisation de la Préfecture alors même que plusieurs groupes appelant ouvertement à la haine raciale étaient programmés – la région Rhône-Alpes serait-elle devenue la nouvelle terre d’accueil des néonazis ? »

L’association a également envoyé un mail à toutes les mairies de la Métropole de Lyon, du Rhône et du Nord Isère pour leur demander d’être vigilantes :

« Agir pour l’égalité appelle les maires des communes à la plus grande vigilance face à la possibilité d’un rassemblement politique néonazi sur leur commune. Nous les invitons à vérifier l’authenticité des réservations faites dans les salles communales et à prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs administrés de potentiels dégradations, insultes et actes de violences physiques ».

Généralement, les salles municipales sont en effet réservées pour un simple anniversaire. Ce fut encore le cas pour le dernier concert connu Blood and Honour, il y a un an dans la petite commune iséroise de Torchefelon.

> Mise à jour du 4 février : Le concert s’est finalement déroulé dans la salle des fêtes de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, à 80 km de Lyon, à limite de l’Isère et de la Savoie. Selon divers témoignages, plus de 400 personnes y ont assisté. Le maire de la commune reconnaissait dans les colonnes du Dauphiné s’être fait « grugé » puisque la soirée a été réservée « pour une réunion de motards ».

Un tournoi de free-fight néonazi dans la région lyonnaise

Un tournoi de free-fight néonazi dans la région lyonnaise

[MàJ] De quoi renforcer la mauvaise réputation de place forte de l’extrême droite radicale pour Lyon. La deuxième agglomération de France n’est pas seulement un fief de plusieurs groupuscules identitaires ou nationalistes, pour la seconde fois, un tournoi de free-fight néonazi devait se dérouler ce samedi dans les environs de la ville.

Le tournoi s’est finalement tenu dans le nord de l’Ardèche, dans la petite commune de Talencieux, près d’Annonay.

Capture-ecran-combat-MMA
Un des combats de free-fight de l’édition 2014 qui a lieu dans la région lyonnaise. Capture d’écran de la Vidéo de White Rex

Ce samedi, à proximité de Lyon, on attendait près de 200 personnes en provenance des quatre coins de la France mais aussi de Grèce, d’Allemagne, d’Italie et des pays de l’Est de l’Europe. Elles ont assisté ou participé à un tournoi de free-fight (ou MMA), suivi de deux concerts.Jusqu’à samedi milieu d’après-midi, nous n’avions pas connaissance du lieu, tenu secret jusqu’au dernier moment. Sur les réseaux sociaux, les organisateurs parlent seulement de Lyon. Nous savions seulement que le tournoi devait se tenir dans la campagne environnante, toujours pour une question de discrétion.Cela a déjà été l’option choisie le 7 juin 2014, lors de la première édition, par les organisateurs qui avaient jeté leur dévolu sur Pollionnay, une petite commune à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Lyon.Il y a un an, les forces de l’ordre disaient n’avoir été au courant de l’emplacement exact que quelques heures avant le début des réjouissances, qui avaient rassemblé 150 personnes.Ce samedi de juin 2014, la salle municipale de Pollionnay avait été louée, soit-disant pour un « anniversaire », comme le rapportait le commandant de gendarmerie cité par le Progrès.

Le quotidien de Lyon avait été alerté par ses lecteurs qui s’étaient « émus » de ce rassemblement de plusieurs dizaines de personnes « crânes rasés et tatouées ». En entrant dans « sa » salle, le maire avait découvert le ring au milieu d’un charmant public.

Toujours les mêmes organisateurs néonazis

Comme en juin 2014, l’événement est co-organisé par Blood and Honour et Pride France, deux structures que l’on peut rattacher à la mouvance néonazie.

A Lyon, nous connaissons déjà Blood and Honour. Ce réseau, qui tire son nom de la devise des Jeunesses hitlériennes, organise essentiellement des concerts de groupes de RAC (Rock Against Communisme).

Ses membres lyonnais avaient créé un local à Gerland, le « Bunker Korps Lyon » fermé en mai 2011 sur décision de la Ville de Lyon. Sa philosophie pourrait se résumer à « bière, foot et baston », sans rechigner aux bras tendus. Dernièrement, ils ont tenté d’ouvrir un nouveau lieu à Sainte-Foy-lès-Lyon en association avec le GUD.

Mais très marqué et donc davantage repérable par les autorités de police, Blood and Honour a pris le nom, pour cet événement, d’« Hexagone », tout en gardant le même symbole.

Capture d'écran du tournoi de free-fight 2014
Capture d’écran du tournoi de free-fight 2014

C’est l’autre organisateur, Pride France, qui assure essentiellement la communication en France. Elle se fait surtout via les réseaux sociaux et mails.
A la fois « team » de combattants de free-fight et marque de vêtements « faits par les blancs, pour les blancs », Pride France est rattaché à un site Internet « White Clothing 88 » aujourd’hui fermé. Le chiffre « 88 » renvoyant, dans cette symbolique, aux « H » de Heil Hitler.

Le propriétaire de la marque est un néonazi connu de Lille, surnommé « Gamin », qui s’est fait tatouer une croix gammée, le visage de Rudolf Hess et « white power » dans le cou.

Si cette année l’affiche intitulé « Day of glory vol. 2 » a été expurgée d’un grand nombre de symboles nazis, celle de 2014 était beaucoup plus explicite. On y voit un combattant qui a tatoué la croix de fer allemande et l’emblème SS de la troisième Panzerdivision Totenkopf.

Capture d'écran de l'affiche du tournoi 2014
Capture d’écran de l’affiche du tournoi 2014

Ultranationalistes russes et musique RAC

Outre les deux organisations françaises, le tournoi se fait, toujours, sous le haut patronage de White Rex, un réseau européen très actif basé en Russie. Ces suprémacistes blancs mêlent également organisation de tournois de free-fight et vente de vêtements. Ce sont eux qui organisent la venue de combattants étrangers à Lyon.Dans leur post titré « White Rex 34 in Lyon (France) ! », ces ultranationalistes russes rappellent leur doctrine que nous pouvons traduire de la sorte :« Sous les attaques de la propagande étrangère, nous, les Européens, avons perdu l’esprit (…) de combattant ! L’un des buts de White Rex est de revivre cet esprit. »C’est encore White Rex qui a mis en ligne la vidéo/compte-rendu de l’édition 2014 (voir ci-dessous) où l’un des membres du staff présente l’événement (en anglais) comme ayant pour finalité « l’unité blanche européenne ».

Cette année encore les combattants et les spectateurs sont venus de toute l’Europe. Côté concert, on note une internationalisation avec la présence de deux « pointures » du milieu RAC : le groupe québécois Legitime Violence et les Italiens de Gesta Bellica qui ont notamment à leur actif une chanson faisant l’éloge d’Erich Priebke, responsable nazi du massacre des Fosses ardéatine en 1944 à proximité de Rome.

Demande d’interdiction

La Licra, via son délégué régional Patrick Kahn, a alerté les autorités. Ce dernier a le sentiment qu’on a tiré aucune expérience de l’année dernière, pour anticiper l’événement et l’interdire :

« L’annonce circule depuis deux mois sur les réseaux sociaux. On a l’impression que ces néonazis européens ont pris confortablement leurs quartiers dans la région. »

La préfecture du Rhône affirme ne pas connaître le lieu. « Tous les services de sécurité sont très attentifs », expose un porte-parole, en précisant que le préfet se « réserve la possibilité d’intervenir en cas de besoin ».

Contactés par Rue89Lyon, les organisateurs n’ont pas donné suite.

200 personnes dans un petit village près d’Annonay

Finalement, les organisateurs ont choisi le village de Talencieux, près d’Annonay, à 75 km au sud de Lyon. Ils ont loué la salle municipale de cette commune de 1 000 habitants.

Les participants, un peu moins de 200 personnes, sont arrivées dans le village dans le courant de l’après-midi de samedi .

Le village a connu un important déploiement de gendarmes mais ils ne sont pas intervenus pour empêcher la tenue du tournoi de free-fight.

Le maire de la commune a pris un arrêté pour « marquer sa désapprobation », selon France Bleu Drôme Ardèche.

Robert Seux a expliqué au Dauphiné Libéré comment il avait été dupé, de la même manière que le maire de Pollionnay l’année dernière :

« Deux jeunes du coin sont venus réserver pour une « soirée privée ». On n’imaginait pas que ça pouvait être une soirée comme celle-ci… ».

Photo publiée dimanche 7 juin sur la page Facebook de l'organisateur "Pride France" et titrée "Day of glory vol II". Capture d'écran
Photo publiée le lendemain du tournoi, le 7 juin, sur la page Facebook de l’organisateur (Pride France) et légendée « Day of glory vol II ». Capture d’écran

Article mis à jour le dimanche 7 juin à 20h30 après la tenue du tournoi dans la commune de Talencieux.


Les tournois de free-fight interdits en France
Le MMA ou Mixed Martial Arts ou arts martiaux mixtes ou free-fight désignent un sport de combat où l’on peut avoir recours à plusieurs techniques provenant de différents arts martiaux (par exemple, boxe thaï, jiu-jitsu brésilien, lutte). Sur le ring, les deux combattants peuvent donc utiliser coups de genou et de coude, mais aussi des techniques de soumission (comme l’étranglement).

Le free-fight, considéré comme extrêmement violent, vient d’être toutefois partiellement autorisé en France : on peut s’entraîner mais les tournois ou compétitions restent interdits.

 

Extrême droite radicale : une implantation ratée à Sainte-Foy-lès-Lyon

Extrême droite radicale : une implantation ratée à Sainte-Foy-lès-Lyon

Ce samedi, un nouveau local de militants d’extrême droite radicale devait être inauguré avec concerts de groupes néonazis et flots de bière. Mais la mairie de Sainte-Foy-lès-Lyon, avertie par la police, a pris deux arrêtés municipaux pour interdire l’accès au hangar loué par ces nationalistes. Une fois de plus, l’agglomération lyonnaise ne dément pas sa noire réputation de laboratoire de l’extrême droite radicale. Il y a une semaine, les jeunes identitaires tenaient en effet un meeting à Villeurbanne. En novembre dernier, les nationalistes de l’ex-Oeuvre Française menés par Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac ouvraient quant à eux un local dans le Vieux Lyon. En ce début d’année 2015, ce sont des nationalistes d’une autre tendance qui ont tenté d’inaugurer leur local.

La petite zone commerciale, route de la Libération à Sainte-Foy-lès-Lyon où se situe ce nouveau local nationaliste. Capture d'écran Google Maps
La petite zone commerciale, route de la Libération à Sainte-Foy-lès-Lyon où se situe ce nouveau local nationaliste. Capture d’écran Google Maps

Ouverture du « bar » sur Facebook et Twitter

L’ouverture du hangar de la route de la Libération, dans une petite zone commerciale de la commune cossue de Sainte-Foy-lès-Lyon, devait se faire en toute discrétion. Sur Facebook, le nom du lieu « Lyon Non Conforme » n’est rattaché directement à aucun groupuscule. Il n’évoque le nationalisme qu’aux initiés des pratiques de l’extrême droite. On pense notamment à « Genève Non Conforme ». Avant la date du 28 février, la page Facebook ouverte mi-janvier annonçait seulement l’inauguration ce samedi à 18h, avec « concert et fête jusqu’au bout de la nuit ». L’activité renseignée sur la page est « bar » et le visuel, un lion borgne qui rugit au milieu de la barre d’un navire, n’évoque pas spécialement l’extrême droite. Ce sont d’autres comptes Twitter ou Facebook de la mouvance nationaliste qui en disent davantage sur l’activité de ce « bar ».

Flyer de l'inauguration du local Lyon Non Conforme.
Flyer de l’inauguration du local Lyon Non Conforme de Sainte-Foy-lès-Lyon.

« Le Cercle du coeur rebelle » annonce sur sa page créée début février qu’il tiendra sa première conférence dans le local de « Lyon Non Conforme », sur le thème de la « liberté d’expression » et avec pour invité Georges Feltin-Tracol, un écrivain d’extrême droite proche du GRECE. Quant au flyer de la soirée, il est notamment diffusé par le GUD Lyon. Sont annoncés les groupes Match Retour et Frakass. Ces deux groupes de « RAC » (Rock Against Communisme) tournent avec le réseau néonazi « Blood and Honour ».

Intervention concertée de la police et de la mairie

Informée de la nature du local par la police, la mairie (UMP) de Sainte-Foy-lès-Lyon a programmé la visite de la commission de sécurité le jour même du concert, juste avant l’ouverture des portes au public. Cette visite est obligatoire puisque le local, accueillant notamment des concerts, est considéré comme un établissement recevant du public (ERP). Vers 16h30, des représentants de mairie, des pompiers et des policiers se sont rendus sur les lieux et ont estimé que le local « n’était pas aux normes », selon la police. Dans la foulée, la mairie de Sainte-Foy a pris deux arrêtés municipaux : l’un interdisant l’accès au local et l’autre interdisant la tenue d’un rassemblement (sous toutes ses formes, concert compris). Les organisateurs ont alors envoyé des messages sur les réseaux sociaux pour annoncer « l’annulation par les autorités ». Une cinquantaine de personnes étaient déjà sur les lieux, sous la surveillance de CRS.

Dans un communiqué publié sur leur compte Facebook, les organisateurs de « Lyon Non Conforme » considèrent que la législation en vigueur a bien été respectée et « s’interroge sur cette action concertée des pouvoirs publics de longue date, étant donné que les camions de police étaient cachés dans le secteur dès la fin de matinée ». Ils annoncent également vouloir porter plainte par le biais d’un avocat.

Le GUD à la manœuvre, mais pas que

Touché au portefeuille, « Lyon Non Conforme » a très vite lancé un appel à souscription. Ouvrir un local n’est pas neutre financièrement et montre une volonté d’organisation. C’est pourquoi ce nouveau lieu de l’extrême droite lyonnaise a été soutenu par plusieurs groupuscules. En tête, on trouve le GUD Lyon. Mais dans l’agglomération, ce groupe est en difficulté. Plusieurs de ses militants ont été condamnés à de la prison ferme à la suite d’une ratonnade à la Guillotière et du lynchage d’un couple à Villeurbanne. L’un de ses responsables, Steven Bissuel, est poursuivi pour un tweet antisémite publié le jour des 70 ans de la commémoration de la libération d’Auschwitz. L’organisation recréée en 2011 à Lyon ne compterait aujourd’hui plus qu’une quinzaine de membres actifs, selon la police. Le GUD a dû faire appel aux copains :

Avec la présence du groupe de RAC lyonnais Match Retour, on note surtout une volonté de la part de la mouvance néonazie de recréer un local comme celui qui avait existé à Gerland (Lyon 7e). Le chanteur du groupe, Renaud Mannheim, était en effet l’un des responsables du « Bunker Korps Lyon ». Il a été membre du mouvement de Serge Ayoub Troisième Voie, dissous en juillet 2013 après la mort de Clément Méric. Jusqu’en en mai 2011, pendant près d’un an et demi, le « BKL » (pour les intimes) était le lieu de convergence de ces militants d’extrême droite adeptes de « bière, foot et baston ». Il avait été fermé sur décision administrative de la Ville de Lyon pour non respect des normes de sécurité.