FTP en concert pour la Marche pour la vie du 22 janvier 2023 à Paris.

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Dans un article de juin 2022, La_Horde disséquait les connexions et l’idéologie de FTP. Le chanteur Tanguy Eude est un skinhead néonazi fan de rock anticommuniste et admirateur du SS belge Léon Degrelle.

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Le groupe se trouve également dans le giron national-catholique, se produisant récemment à des événements des groupuscules Academia Christiana dans la Sarthe, Auctorum à Versailles ou à la Marche pour la vie du 22 janvier 2023 à Paris.

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Rock identitaireFrancs-Tireurs Patriotes (FTP) : le retour des morts-vivants

Le groupe national-catholique Auctorum annonce un concert des Francs-Tireurs Patriotes demain samedi 18 juin à Versailles : ces ultimes rejetons du rock identitaire (qu’on espérait enterré) visiblement bougent encore…


Le groupe Francs-Tireurs Patriotes (FTP) apparaît en 2009, alors que les principaux groupes de rock identitaire (In Memoriam, qui s’est depuis reformé, Vae Victis ou Ile-de-France) mettaient fin à leurs carrières respectives (restées fort heureusement confidentielles), fermant ainsi la page de l’un des plus cinglants échecs culturels de l’extrême droite.

Le groupe en 2014 : FTP, un groupe de skins fafs assez conventionnelle dans le look.

Le nom du groupe peut surprendre, puisqu’il reprend (à un détail près quand même !) celui des Francs-tireurs partisans, résistants communistes, étrangers qui plus est, qui pratiquaient la lutte armée contre l’occupant nazi. Philippe, l’un des membres fondateurs du groupe, justifie ce travestissement comme « un doigt d’honneur fièrement brandi à destination des gauchistes. » De notre côté, on trouve que ça trahit surtout un manque cruel d’imagination !
Le principal animateur du groupe, qui écrit l’essentiel des paroles, est le chanteur Tanguy Eude, un skinhead néonazi plutôt porté sur la oi !

Tanguy en 2009 avec son t-shirt du groupe de RAC Lemovice aux couleurs de Blood & Honour. Les connaisseurs apprécieront la Totenkopf SS.

Il ne cache pas son admiration pour Léon Degrelle, fondateur du mouvement belge Rex, à l’origine proche des milieux catholiques qui devient pro-nazi durant la Seconde Guerre mondiale (Degrelle lui-même a rejoint les rangs de la SS) :

Mais pour monter un vrai groupe de rock (Tanguy se contente de chanter et Philippe joue de la guitare), ces deux Parisiens sont à la recherche d’un bassiste et d’un batteur. Pour tenir la basse, ils sont rejoint dans un premier temps rejoints par l’ancien leader d’Europa Nostra, un groupe créé en 2002 par des militants du FNJ tendance national-catholique sur Bourges, où il se font remarqué en se retrouvant impliqués dans une agression en mai 2003.

Et derrière la batterie vient prendre Colin, alias Fasc (une subtile abréviation de « fasciste », faut-il le préciser). Ce dernier avait débuté dans la musique d’extrême droite en faisant du rap (les FTP disent pourtant tout écouter sauf ce genre de musique) mais ouvertement néonazi : le titre de son album, « J’ai pas le Shoah », annonce déjà la couleur, tandis que les paroles de ses chansons sont sans ambiguïté : « Car ton honneur s’appelle fidélité / Bras tendu haut dans le ciel » (extrait de « Ton devoir c’est militer »), « Auschwitz serait-il devenu / Un véritable objet de culte / Exagéré pour qu’on accepte notre chute » (extrait de « Liberté d’expression »), etc.

Le logo de Fasc est directement inspiré de celui du Rexisme, le mouvement de Léon Degrelle (en médaillon). Remercions quand même Colin de ne pas avoir trop persévéré dans le rap, c’était gênant.

Pour l’anecdote, on peut signaler au passage un feat d’un autre rappeur d’extrême droite, Yves Alphé alias Goldofaf, sur le titre de Fasc « Atlantide », consacré au prétendu foyer de la société originelle des Aryens. Rien d’étonnant en soi, puisque le frère de Goldofaf, Viannet Alphé, est lui-même un bon copain des FTP.

Yves Alphé, alias Goldofaf, en train de faire la promo de FTP : normal, il a posé sa voix sur un morceau de Fasc, et son frère un ami du groupe…

Le négationnisme de Fasc se retrouve d’ailleurs dans une chanson des FTP,« Leçon d’histoire », qui commence par ces mots sarcastiques : « Françoise votre maîtresse vous a inculqué tant d’erreurs, Qu’elle cède sa place à Cohen ! » et qui évoque l’affaire Dreyfus et la Shoah sur le même ton… Philippe s’en explique dans une interview faite pour Rivarol en juin 2013 : « Cette chanson, « Leçon d’histoire », est emblématique de notre disque. (…) il est clair que le sujet de l’éducation “nationale” est connexe à beaucoup d’autres qui ont tous pour clé de voûte la domination du lobby qui n’existe pas… »

Le 1er mai 2015, Marion Maréchal Le Pen fait la promo d’un album des FTP, à la pochette pourtant sans aucune ambiguïté.

Les FTP sont le dernier groupe a être produit par Patriote production avec deux albums, l’un en 2010, l’autre en 2013. Ce label fait aussi de la vente par correspondance qui diffuse pour l’essentiel des groupes de rock identitaire français, mais aussi du matériel de propagande : des t-shirts en soutien au mouvement grec Aube dorée ou reprenant le logo de la division SS Charlemagne, des autocollants islamophobes, l’insigne du Parti franciste, etc.

Certains membres du groupe joignent aussi les actes à la parole, puisque Tanguy et Philippe se revendiquent sympathisants du Renouveau français (RF).

Le tout premier concert de FTP lors de l’université d’été du Renouveau français en 2009.

LE RF était un groupuscule directement issu de la Garde Franque (GF), un sous-marin de l’Œuvre française au sein du Front National de la Jeunesse (FNJ), la structure jeune du parti de Jean-Marie Le Pen, rassemblant des militants sur une ligne nationale-catholique réactionnaire. La volonté de Marine Le Pen de mettre sous contrôle le mouvement de jeunesse du FN, ainsi que des faits divers sordides poussent la GF s’auto-dissoudre en novembre 2005 pour mieux réapparaître un mois plus tard sous le nom Renouveau Français. Le Renouveau français va utiliser comme structure légale l’Association St Michel Archange, basée à Paris, qui publie la revue L’Héritage, dont la couverture du premier numéro annonce la couleur : elle reprend une affiche de la Légion française des Combattants, créée en août 1940 par le régime de Vichy ! À notez que dans le numéro suivant, on trouve un entretien de Patriote production, le label des FTP.

La couverture du premier numéro reprend une affiche de la Légion française des Combattants, créée en août 1940 par le régime de Vichy, dont l’historien Jean-Marie Guillon précise que « ses militants ont été les artisans les plus convaincus de la Révolution nationale ».

Mais l’une des particularité du RF est de revendiquer son racialisme, comme il s’en explique dans l’une de ses plaquettes de présentation : à propos de la défense de l’identité nationale, le RF précise que cette dernière est aussi « physique », en regrettant que « ce dernier point est l’un des plus délicats à aborder du fait du terrorisme intellectuel né de la révolution de 1945 » et que ce « critère ethnique » permet pour cette raison de distinguer « les véritables nationalistes » (comme le RF) des « nationaux-républicains » (comme Marine Le Pen).

Le RF prétend offrir une préparation intellectuelle aux cadres pour le mouvement nationaliste de demain, en particulier avec la mise en place d’universités d’été, mais c’est surtout par son activisme et parfois sa violence qu’il va séduire les jeunes nationalistes en mal d’action. Ainsi, dès 2006, le RF participe aux attaques menées par l’extrême droite contre des étudiants grévistes en 2006 à la Sorbonne lors du mouvement anti-CPE [1].
C’est surtout quelques années plus tard, lors du mouvement homophobe contre le mariage pour tous, que le RF va se faire remarquer dans les cortèges, pile au moment où les FTP connaissent leur période “faste” si l’on peu dire.
En 2015, on retrouve Tanguy des FTP au congrès du GUD, qui avait invité les néonazis grecs d’Aube dorée et belges de Nation, et les néofascistes italiens de Casapound.

Yves Alphé et les FTP, dits “les inséparables” au congrès du GUD en 2015.

Deux ans plus tard, il rencontre d’ailleurs Steven Bissuel, le patron du GUD de l’époque : les FTP annonce qu’une partie des recettes de leur concert du 23 septembre 2016 sera redistribué au [Bastion social que Bissuel vient de lancer.

Tanguy et Bissuel se tripotent les avant-bras en 2017.

Six mois plus tard, le groupe semble confirmer son engagement du côté nationalistes-révolutionnaire en étant à l’affiche d’un concert qui s’est déroulé le 7 octobre 2017 avec In Memoriam et ZetaZeroAlfa, dont nous vous avions parlé ici.

En 2018, rappelons-nous que les FTP affichent publiquement leur soutien aux responsables de la mort de notre camarade Clément Méric, les néonazis Esteban Morillo et Samuel Dufour, qui passent alors en procès.

Mais les FTP reviennent vite dans le giron national-catholique. La même année, pour la sortie de son troisième album, le groupe est invité par Thierry Bouzard, le référent anti-IVG de Civitas, dans son émission musicale sur TV LIbertés.

Thierry Bouzard fait la promo des FTP.

Deux ans plus tard, c’est justement à la “Marche pour la Vie” à Paris le 20 janvier 2019, une manif contre le droit des femmes à disposer de leur corps organisée chaque année à cette période, que les Francs-Tireurs Patriotes sont invités sur l’estrade installé au Trocadéro le temps de quelques chansons.

Malgré ce dernier mini-concert improvisé, le groupe semble à bout de souffle. Deux ans plus tard, en 2019, dans une interview pour le quotidien national-catholique Présent, le groupe annonce la sortie d’un nouvel album qui ne verra jamais le jour. Le groupe fait ensuite un concert lors de l’université d’été d’Academia Christiana, mais depuis deux ans, à notre connaissance, plus rien (en même temps le Covid est passé par là).
Ainsi, avec cette invitation d’Auctorum, le groupe fait son come-back : espérons que ce soit le dernier… Au moins pour nos oreilles !

La Horde

Concert folkish à Clermont-Ferrand : un relent de néonazisme ?

Concert folkish à Clermont-Ferrand : un relent de néonazisme ?

Ardraos est affiché sur youtube enregistrant les blastbeats qui pulsent les chansons du groupe black metal régionaliste Aorlhac –  Aurillac en patois – qui propose sa vision völkisch, dans posture teintée de régionalisme identitaire mythologique et médiéval anti-judéo-chrétien comparable à la démarche de Burzum.

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Aorlhac est surtout connu comme LE groupe du batteur de Peste Noire : Ardraos, Florian Denis, qui est aussi LA figure RAC en tant que membre de Lemovice et Wolfsangel. Tous vus sur scène dans les pires rassemblements Rac’NSbm de ces 10 dernières années au moins,  Peste en Limousin, Call of Terror, Asgarsdrei, Hot Shower, chez Batskin, avec Lemovice et Wolfsangel, autours des gangs skinhead Blood and Honour et Hammerskins, … etc. même à l’étranger, en effet.

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Kiev 2016 – Kommando Peste Noire Feat. M8l8th et Lemovice avec Aleksey Levkin de AZOV, Ludovic “Famine” Faure”, Nico Lemovice, Bjorn Vermine, … @ Asgardsrei, le plus gros rassemblement Rac’NSbm/

Le document partagé en 2012 alertait déjà : Néonazis en Limousin, avec tout un chapitre sur Lemovice.

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Wolfsangel RAC : Snorr Le Porc, Sebastien Legentil = Martel en Tête, Florian Denis sous bannière FDP

Florian Denis enregistre des chansons avec Aorlhac, qui sont diffusées sous la forme de disques, mais parfois aussi performées sur scène lorsque le groupe s’affiche dan le rassemblements mélant spiritualité völkisch et métapolitique black metal : Aorlhac monte sur scène une fois avec Florian Denis en tant que batteur une fois en 2018 et en exclusivité dans le rassemblement völkisch “secret” autours du rituel d’une rune enflammée sur un bûcher produit par “les acteurs de l’ombre” sous le titre “feux de beltane”
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Asgardsrei – Inside a Neo Nazi Music Festival | Decade of Hate – VICE Video

Des centaines d’extrémistes d’extrême droite convergeront vers la capitale ukrainienne ce week-end pour un festival de musique « militant black metal » qui, selon les experts, est devenu un centre de mise en réseau sur la scène néonazie internationale.

Asgardsrei, qui aura lieu samedi et dimanche au Bingo Club de Kiev, se présente en ligne comme un festival de black metal qui a « atteint le plus grand (et certainement le plus radical) » de la région.

« 2 jours, 14 orchestres, 1 500 places, 0 tolérance », peut-on lire sur son site web.

Les chercheurs affirment que le festival est une vitrine pour le genre musical explicitement néo-nazi connu sous le nom de « black metal socialiste national », ou NSBM. La formation comprend des paroles violentes antisémites, faisant référence à l’Holocauste et aux croix croix croix, et avec des insultes anti-juives. L’un des groupes, Stutthof, porte le nom d’un camp de concentration nazi, tandis qu’un autre, le groupe français seigneur Voland, a une chanson intitulée « Quand les Svastikas étoilait le Ciel ».

Un autre acte, le groupe grec Wodulf, a une chanson avec les paroles: « Les normes d’Aryyan pourraient se déployer en triomphe / Fidélité immortel à la croix gammée ». Des images du festival de l’année dernière montrent des membres du public qui donnent un grand salut nazi lors des représentations.

“Les organisateurs ont été très habiles en connectant presque la scène néonazie européenne complète.”

Les experts de l’extrême droite disent que le festival, qui en est maintenant à Kiev, est devenu un important centre de réseautage pour le mouvement transnational de suprématie blanche. Le festival a été organisé par des individus liés au puissant mouvement d’extrême droite Azov de l’Ukraine, le groupe ultranationaliste qui a joué un rôle majeur dans la révolution et la guerre contre les séparatistes soutenus par la Russie à l’est. Il comprend également une « nuit de combat / fight night » aux arts martiaux par un club de combat affilié à Azov le vendredi soir.

Le festival a précédemment attiré des extrémistes de groupes, y compris l’organisation néo-nazie Atomwaffen Division basée aux États-Unis, le parti allemand The Thirdth Path Party, et le néofasciste italien CasaPound.

« Il s’est imposé comme le grand festival de la scène socialiste du black metal », a déclaré Thorsten Hindrichs, un musicologue de l’université Johannes Gutenberg de Mayence, qui se spécialise dans les sous-cultures de musique d’extrême-droite.

Il a déclaré à VICE News que le festival constituait un point de contact important pour des groupes d’extrême droite disparates dans leur projet « de construire une communauté paneuropéenne d’extrémistes de droite ».

« Les organisateurs ont été très intelligents en connectant presque la scène néonazie européenne complète », ont ajouté Hindrichs.

Mollie Saltskog, analyste du renseignement au sein de la société de conseil stratégique The Soufan Group, a déclaré que les organisateurs de festivals s’étaient vantés l’année dernière qu’ils avaient « près d’un millier d’étrangers » lors de l’événement. Parmi eux figuraient des membres de la division Atomwaffen, y compris le chef de la cellule d’État de Washington du groupe, Kaleb James Cole, qui a passé 18 jours en Ukraine dans le cadre d’un voyage de 25 jours en Europe.

« Il est probable que de nombreuses personnalités du mouvement transnational de suprématie blanche, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Ukraine, participeront au concert et aux activités qui l’ont entouré ce week-end à Kiev », a déclaré Saltskog à VICE News.

« Le moment est venu pour les membres du mouvement transnational de se rencontrer, de se mettre en réseau, de forger des connexions internationales et d’échanger des tactiques et des expériences pour ramener chez eux leur propre « combat ». Saltskog continua.

Avant le festival de l’année dernière, a-t-elle déclaré, Azov avait accueilli une conférence internationale d’idéologues d’extrême droite, où ils ont discuté de sujets tels que « le paganisme nordique en tant que métaphysique ».

Lire : Un hooligan de football néo-nazi tente de construire un empire MMA à travers l’Europe

Hindrichs a déclaré que Kiev était devenu un « espace sûr » où des événements comme Asgardsrei pouvaient se produire sans perturbation de la part des autorités ou des manifestants. Il a déclaré que l’importance croissante du festival sur la scène internationale d’extrême droite signifiait qu’il méritait une attention accrue de la part des services de sécurité occidentaux pour surveiller les contacts que leurs extrémistes faisaient potentiellement à Kiev.

« Il y a des choses horribles qui se passent là-bas », a-t-il déclaré. « Ce serait une bonne idée d’essayer d’empêcher les gens d’assister à la réunion.

Un pôle mondial

Selon Haaretz, Asgardsrei a été fondée par le néonazi russe Alexey Levkin, un dissident d’extrême droite qui est venu en Ukraine en 2014 pour soutenir Azov, qui a depuis activement noué des liens avec des groupes partageant les mêmes idées ailleurs.

Levkin se décrit lui-même comme un idéologue « qui donne des conférences sur la culture, l’histoire et la pensée politique contemporaine » à la milice nationale – l’aile de rue paramilitaire du mouvement tentaculaire d’Azov, qui a également un régiment incorporé dans l’armée nationale ukrainienne, ainsi que son propre parti politique, le Corps national.

En plus de faire face à son propre groupe, M8L8TH, qui se produira à Asgardsrei, Levkin est également un membre clé de Wotanjugend – un groupe néo-nazi basé en Ukraine qui a promu une traduction en russe du manifeste du tueurs raciste de masse de Christchurch. Saltskog a déclaré que Wotanjugend était « initialement établi en Russie, mais utilise l’Ukraine comme base pour faire fonctionner et propager son idéologie néonazie et son message de haine, sous ce qui semble être le patronage d’Azov ».

Levkin a déclaré à VICE News que « seuls deux ou trois groupes sur la formation pouvaient vraiment être considérés comme des actes de la NSBM », y compris son propre acte, M8L8TH.

Levkin a nié le festival être devenu un centre de mise en réseau pour l’extrême-droite et a expliqué qu’il s’agissait « avant tout de briser… tabous ».

« Nous respectons tous les artistes qui osent vraiment défier le récit dominant de la société occidentale contemporaine », a-t-il déclaré.

Et quand on lui a demandé s’il se considérait comme un national socialiste, il a répondu : « Oui, bien sûr. »

Les chercheurs ont déclaré que l’événement a mis en lumière la façon dont l’Ukraine, à travers l’influence d’Azov et des mouvements d’extrême droite affiliés, est apparue comme une plaque tournante mondiale pour les extrémistes de depuis le déclenchement de la guerre. Ces dernières années, des événements comme Asgardsrei ont attiré des radicaux étrangers en Ukraine pour travailler en réseau avec des extrémistes affiliés à Azov, où ils ont documenté leur présence lors d’événements sous-culturels d’extrême droite tels que des concerts et des tournois de MMA sur les médias sociaux.

LIRE : Les extrémistes d’extrême droite ont utilisé la guerre en Ukraine comme un terrain d’entraînement

Pendant ce temps, Azov a poursuivi un programme de sensibilisation pour cultiver les liens avec les groupes d’extrême droite à l’échelle internationale. Olena Semenyaka, secrétaire internationale du parti politique d’Azov, qui a des liens étroits avec Levkin, a voyagé pour rencontrer des contacts en Allemagne, en Suède, en Italie, en Croatie et au Portugal au cours de l’année écoulée.

La semaine dernière, un groupe ukrainien d’extrême droite s’est même rendu en première ligne des manifestations de Hong Kong, qui ont suscité des inquiétudes quant à la tentative de tirer des leçons des manifestations pro-démocratiques à utiliser dans les violentes manifestations de rue à la maison.

LIRE : Qu’est-ce que les fascistes ukrainiens font aux manifestations de Hong Kong ?

Image de couverture: Les combattants du bataillon de volontaires d’Azov allument des fusées éclairantes lors de la marche marquant le 72e anniversaire de l’armée ukrainienne d’insurrection à Kiev, en Ukraine, mardi oct. 14, 2014. (AP Photo/Sergei Chuzavkov)

 

NSBM outing II : Ou comment moi-aussi j’ai arrêté d’être nazillon

https://www.monvoisin.xyz/nazi-outing-2-ou-comment-jai-moi-aussi-arrete-detre-nazillon-autre-histoire-dune-deconversion-musicale-et-politique/

Il y a une quinzaine, j’ai mis en ligne le témoignage édifiant de Thomas. depuis, j’ai reçu de nombreux courriers du milieu Black Metal, dont plusieurs témoignages qui n’ont pas velléité d’être diffusés. Hormis un, qui vaut son pesant de cacahuète : un garçon  souhaitant garder l’anonymat, m’a envoyé son histoire, qui est une véritable plongée en eaux troubles. Je n’ai pratiquement retouché que des coquilles, le texte est brut, magnifique. Je n’ai pas pour volonté de devenir un expert de ce milieu, et j’avoue que je reste toujours capable de confondre du sludge metal et du metalcore (aïe, patapé, patapé !). Mais j’ai compris deux choses : que metalis a new jazz, et que la richesse du milieu est épatante ; et que de même que le maloya, le blues, ou le sirtaki, le metal est une courroie politique non négligeable. C’est dans un growling raté qui ressemble à un miaou de chat malade que je ferme cette introduction. N’étant pas expert, je laisse la responsabilité des propos à mon témoignant, et je ferai des addendums ou correctifs au besoin. N’hésitez pas à commenter, courtoisement, ci-dessous.


Ayant lu récemment sur le blog de Richard Monvoisin le témoignage de Thomas, un ancien adepte de NSBM (National-Socialist Black metal, le Black metal nazi) tombé durant l’adolescence dans l’extrême-droite puis dans la pensée néo-nazie, je me suis motivé moi aussi pour partager mon vécu, car en parcourant ledit témoignage, j’ai retrouvé énormément d’éléments en commun avec mon propre parcours, de la droite libérale-conservatrice au confusionnisme rouge-brun, et de ce confusionnisme à la fétichisation d’artistes comme le trop fameux Famine de KPN (Kommando Peste Noire, connu aussi sous le simple Peste noire).

J’ai simplement pensé qu’il serait intéressant de faire profiter les gens du vécu d’une personne comme moi, qui ne se considère pas comme étant « tombée » dans l’extrême-droite, mais qui considère plutôt en être sortie après y avoir été élevée.

Allons‑y déjà pour un brin de contexte. Ça va être long.

1. La famille 

Je suis né dans un milieu de classe moyenne, voire de petite bourgeoisie aisée, marqué politiquement sur deux pôles.

La famille de mon père est de bourgeoisie traditionaliste, marquée par la droite libérale, gaulliste, républicaine, quelques éléments de catholicisme diffus. Si je devais définir mon père et son camp politique, je pense pouvoir le qualifier de bonapartiste, pas dans le sens où il veut un Bonaparte au pouvoir, mais dans la gestion de l’État et la vision de comment doit s’exercer le pouvoir.

La famille de ma mère est ouvrière, mon grand père étant un ouvrier ayant réussi dans les 30 glorieuses à monter sa petite entreprise de maçon, ayant commencé à travailler sur les chantiers à 14 ans. Ancien communiste, mon grand père maternel était aussi fortement réactionnaire (attachement à la petite propriété, hostilité aux étrangers, et très attaché aux valeurs du travail et du mérite) et continuait à voter socialiste par habitude, et par souvenir salvateur de son enfance sous Vichy, tout en reconnaissant que Le Pen par exemple avait raison sur pas mal de choses. Ma mère a largement repris ses convictions.

J’ai donc eu une famille scindée en deux pôles sur les parcours individuels mais finalement très conforme à une vision droitisée et petite bourgeoise de la société. Une vision du monde ordinaire et typique d’une famille de classe moyenne aisée de province, entre discours de droite libérale classique et discours assez « rouge-brun », rouge-brun désignant une mouvance politique mêlant des valeurs hybrides entre l’extrême-droite nationaliste (le brun) et l’extrême-gauche communiste (le rouge). Ces discours viennent notamment de mon grand-père et de son passé communiste, puis de petit patron, et finalement de personne âgée assez aigrie sur « l’époque actuelle » et ses « dérives ».

J’ai également été pétri de valeurs républicaines et patriotes. J’ai grandi avec l’idée dite et répétée que « La France est le phare du monde », que j’étais le prolongement d’une histoire, d’un peuple et d’une nation glorieux, qui avaient inspiré et fait plier le monde entier ; qu’on se devait en tant que français d’être digne de ce modèle et que l’abandon de cette conviction était le signe de la décadence du pays.

J’ai également grandi avec énormément de racisme et antisémitisme autour de moi sous couvert d’humour. Mon enfance et adolescence ont été marquées par l’omniprésence de blagues sur l’avarice des Juifs, sur la fourberie des « Arabes », etc. Tout ça avec les justifications habituelles : « c’est de l’humour, et puis on a un arrière grand père juif dans la famille ». J’ai très tôt appris à accepter cet humour et les façons de penser qui vont avec comme normes, et effectivement autour de moi, cet « humour » était, de fait, la norme. Je vivais et je vis toujours à la campagne, dans un village assez isolé, dans un département connu pour voter beaucoup à droite et extrême-droite. Mon contexte d’éducation était donc très orienté. Par souci d’honnêteté, je dois aussi dire que j’ai grandi avec l’idée que le patriotisme et le nationalisme sont deux valeurs différentes, et donc que l’extrême-droite et son nationalisme étaient à rejeter. Mon père croyait ferme à cette différence comme beaucoup de gens de droite classique. L’expérience m’a appris que cette distinction était peu fondée en pratique.

2. Éducation et « premiers contacts »

Plus tard, en fin collège et tout le lycée, j’ai été en internat catholique privé, dans un lycée agricole, en pleine campagne. Pas particulièrement friqué (les fils/filles du monde paysan qui constituent la base du profil des élèves ne roulent pas sur l’or non plus) mais à l’atmosphère imprégnée de cette mentalité petite bourgeoise que j’ai décrite un peu plus haut en parlant de ma famille : attachement au travail, à la petite propriété, à la patrie et la tradition. C’est là que j’ai été réellement mis au contact de l’extrême-droite la plus radicale, sous la forme de discours d’adolescent·es comme moi. Bien sûr leurs discours n’étaient pas structurés ou même vus comme idéologiques ou politiques, dans un premier temps. Mais habitué au racisme ordinaire pratiqué dans ma famille, qui se targuait tout de même de « ne pas être raciste, contrairement aux paysans du coin », j’ai été mis en contact avec un racisme clair, agressif, assumé et affiché, qui se manifeste quand suffisamment de racistes ordinaires se retrouvent suffisamment en force pour se manifester au grand jour sans conséquences.

J’ai donc été au contact de manifestations très exacerbées de xénophobie durant ces années : des références continuelles aux « arabes » comme étant les Gris/ Bougnoules/ Boukaks/ Bachés etc, et qu’il fallait les « démonter à coups de masse ». Quand on se baladait en ville et qu’on croisait une femme avec un voile on était sûr d’entendre un concert de « tiens regarde ça encore une bâchée. Ça, c’est tout juste bon à ensiler, à passer dans le bol et à donner aux vaches ». Quelques références aux « youpins », affublés du qualificatif de « sangsues », des attaques continuelles sur les Gens du voyage dont il faudrait « cramer les caravanes »… etc. vous avez compris le ton.

Des surnoms humiliants étaient assignés à celleux qui ressemblaient de près ou de loin ou adoptaient des codes culturels perçus comme « étrangers (la « racaille blanche ») ou qui pouvaient de loin être assimilés à des étrangers. Je me souviens d’un mec de mon internat, qui petit, brun et très bronzé, a gagné le surnom de « petit gris » (gris étant un surnom péjoratif pour dire arabe ou maghrébin) qu’il a gardé trois ans. Il n’était bien sûr absolument pas maghrébin et pouvait se montrer aussi raciste, voire plus, que les autres.

Dans les dortoirs de l’internat, l’écoute d’artistes violemment nationalistes voire néo-nazis était courante, volume à fond, sans que ça fasse réagir les pions, de même dans quelques chambres que les affiches de promotion pour le Front National qui n’occasionnaient pas plus de réaction. J’ai quotidiennement entendu et vu chanter du punk-rock skinhead (Légion 88 et son inénarrable refrain qui me reste encore en tête puisqu’il était gueulé dans les piaules : « Sale arabe, on va te gazer. Vive la France ! Mort aux immigrés… ») ou du Black metal nationaliste (KPN, Baise ma hache, Autarcie,etc.). On aura compris j’étais donc un adolescent ayant baigné dans une mentalité parfaitement facho-compatible, qui a opéré par étapes du racisme petit bourgeois et sage de ma famille à l’univers adolescent et provocateur de fils de paysan·nes ouvertement nationalistes et racistes, baignant dans de la culture skin néo-nazie. Je l’ai vu, j’y ai aussi participé.

Légion 88
Légion 88.

Je suis aussi le produit d’une époque faite d’insécurité sociale et économique, et donc naturellement inquiet vis-à-vis de ces problèmes. J’ai été au contact de fils/filles d’agriculteurs·ices ayant de gros problème d’argent, et j’ai connu des voisin·es et connaissances victimes du suicide après un dépôt de bilan. J’ai vu l’alcoolisme d’agriculteurs retraités buvant la liquidation de leur ferme au bar du coin faute de reprise, dans un monde rural déserté, qui ne sert largement plus que de dortoir aux gens travaillant en ville, ou ont été concentrés services et emplois. Un aspect du monde rural par ailleurs très mis en valeur par le groupe Peste Noire entres autres, et qui ne pouvait que me parler.

Famine, chanteur du groupe KPN

Famine, chanteur du groupe KPN

J’ai aussi vu la crise de 2008 comme tout un chacun et ressenti la profonde insécurité

et le pessimisme sur l’avenir qui se dessinaient pour la jeunesse dont je faisais partie, une jeunesse rurale aux perspectives d’avenir déjà incertains comme dit plus haut. Ces facteurs ont fait que, de par mon contexte d’éducation et les insécurités que je ressentais, j’ai vite essayé de faire une synthèse des discours politiques que j’entendais autour de moi. Ça donnait à peu près ça : d’un coté je rejetais le discours politique de droite classique de mon père et de mes proches immédiats autant par quête d’identité juvénile que pour des raisons plus logiques. Mon père était issu d’une famille aisée et n’avait pas connu le travail manuel ou les grosses difficultés matérielles. Son discours était celui d’un homme bien installé des Trente glorieuses et il me semblait assez peu à la page sur les difficultés de notre temps. Je préférais le discours politiquement plus radical et socialement engagé de mon grand-père qui lui avait connu les chantiers et avait monté son entreprise à partir de rien (mais c’était toujours les mêmes valeurs petites bourgeoises : mérite, travail, petite propriété). De l’autre je rejetais le discours ambiant que j’entendais au lycée, fait de nationalisme et de patriotisme virulent. J’avais été trop imprégné de droite libérale aux valeurs « universalistes » pour céder facilement à un discours aussi simpliste, même si je pouvais baisser la tête et accompagner le groupe. Plus trivialement, scolairement, j’ai toujours été mis à l’écart et j’ai même connu du harcèlement violent, ce qui m’a mené à ne pas avoir de volonté de reproduire un discours raciste par volonté d’intégration à un cercle, même si j’étais sous influence.

En gros je n’aimais pas le discours extrême du lycée mais je reconnaissais que celui de ma famille, plus « sage » et moins affiché, était d’une part hypocrite (leur racisme était moins affiché que certains avant tout par souci d’image et de démarcation sociale, même un ado un peu con-con comme moi pouvait le voir), mais c’était également le discours de personnes moins paupérisées que les agriculteurs·ices, qui avaient le « luxe » de ne pas être plus radicales car elles ne ressentaient pas l’urgence.

Il y a aussi la question des liens sociaux. Dans un univers composé de pas mal de personnes de droite nationalistes, tes relations et affections se font avec des gens de cet univers et il devient difficile de les critiquer, surtout quand tu compares ton histoire perso à la leur. Un de mes amis de l’époque était par exemple un raciste virulent. C’était un fils d’agriculteurs, petits propriétaires, plutôt précaires en termes de situation financière. Il a commencé à bosser à 16 ans en apprentissage, il a été père à 20 et dans sa famille on en a chié, et pas qu’un peu : il a perdu un frère à l’âge de 13 ans lors d’un accident du travail et s’il a dû partir bosser, c’est parce que sa famille avait peu de revenu et devait s’occuper d’un autre frère lourdement handicapé et incapable de travailler. Qui étais-je, moi qui avais plus de chance que lui a bien des égards, pour lui reprocher de voter FN et de jouer les piliers de bars contre tous les « étrangers » qu’il croisait en soirée ? En soi sur le terrain pur des idées ça ne change rien mais cette notion sentimentale rentre en ligne de compte, d’autant plus quand tu es jeune et peu formé au raisonnement politique pur.

3. Premiers engagements

Me voila donc à 17 ans avec tout ce contexte derrière moi, à essayer de trouver ma voie entre un discours de droite libérale que je juge inadapté, dépassé, et pas à la hauteur des enjeux du temps, et un discours très violemment nationaliste et raciste que je jugeais simplement bête et méchant bien que je concédais qu’il prenait sa source dans des problématiques et souffrances réels que je constatais autour de moi. Le tout sur un fort sentiment de décadence sociale et de catastrophe imminente à venir qui menaçait mon pays, mon peuple, tout ce qu’on m’avait appris à aimer et défendre jusqu’à la garde, au nom de mon sang, de l’histoire et de la tradition.

J’étais mûr pour trouver un militant politique qui saurait répondre à mon sentiment d’urgence et de radicalité avec un discours social et révolutionnaire, tout en y alliant les valeurs de droite libérale-conservatrice que j’avais intériorisées. La devise d’Égalité et Réconciliation de Soral : « Gauche du travail, Droite des valeurs » était taillée pour moi, de même que l’univers nationaliste dégénéré de KPN qui m’a beaucoup marqué par la suite et sur lequel je reviendrai car l’univers musical de Famine a été fondamental pour moi (jusqu’à la fin du lycée on peut dire que la culture nationaliste faisait partie d’un substrat culturel avec lequel j’avais des contacts mais pas une relation émotionnelle forte. C’est un peu plus tard que j’ai réellement mobilisé ce « substrat » et qu’il a commencé à faire réellement partie de mon identité).

Le glissement s’est fait par étapes : un cousin a commencé par me faire découvrir Dieudonné vers 16–17 ans. J’ai été très vite conquis par cet humour noir qui correspondait à la fois à mon sentiment de malaise sur mon époque, mes dépressions et aussi à mon acceptation des discours racistes ambiants sous couvert d’humour. Les quelques propos sociaux de Dieudonné sur la société française, le tiers-mondisme… avaient cette apparence de radicalité et de volonté de changement que je recherchais. Plus que tout, j’appréciais une des maximes de l’humoriste et qui je crois à une profonde importance : « Faut rigoler, c’est tout ce qui nous reste ».

De Dieudonné, je suis vite passé aux personnalités qui lui étaient liées. D’abord Soral bien sûr, mais aussi Marion Sigaud (l’« historienne »), l’ex-député belge Laurent Louis mais j’ai aussi été amené par le soutien de Dieudonné et Soral à regarder quelques conférences de Robert Faurisson, et si je n’ai jamais totalement cédé sur ses pseudo-théories négationnistes, j’ai été pris de doutes. D’ailleurs, et puisqu’on aborde le complotisme, j’ai très vite via Dieudonné adhéré aux théories du complot classiques. Je croyais fermement que le 11 septembre était un faux attentat orchestré par les USA et Israël et que l’Humain n’avait pas été sur la Lune. J’ai aussi via Soral été sensibilisé aux pseudo-théories du complot juif : la création de l’état d’Israël et ses « racines profondes », la révolution française et ses manipulations par les Francs-maçons (les Juifs). Il m’est arrivé de dire et penser comme l’affirmait Soral que « Quand un peuple se fait virer partout où il arrive au bout de quelques décennies, c’est que c’est ce peuple le problème il faut arrêter la victimisation ». Bien sûr, via ces mêmes cercles je pouvais reproduire les arguments anti-féministes, du genre à reprendre certaines phrases de Soral « Il faut des sous-hommes pour qu’il y ait des sur-femmes ». J’allais toujours plus loin dans les couches de l’oignon.

On constatera l’ironie crasse de la situation : je voulais trouver ma voie entre mes deux contextes d’éducation évoqués plus tôt. Ma famille de droite libérale et un brin rouge-brun et les discours nationalistes assumés entendus à mon lycée et dans mon cercle amical. Et j’ai cherché un discours qui sans tomber (d’apparence) dans la rhétorique raciste crasse et simpliste, répondrait à mon sentiment d’urgence et l’engagement nécessaire vis-à-vis de l’époque actuelle : et le discours que j’ai trouvé, entre rejet et synthèse de ces valeurs, n’a fait que m’y faire retomber à pieds joints par des moyens détournés. Le tout était même plus dangereux puisque en rejetant le racisme crasse, j’étais sans m’en rendre compte en train de RATIONALISER le racisme et de le renforcer. Ce pseudo intellectualisme me donnait un sentiment de maîtrise et de modération qui me donnait la sensation d’avoir mieux compris les choses que mon camarade de lycée qui hurlait « gnnn les bougnoules » tout en me distinguant de la droite « molle » de ma famille.

Je n’arrive pas encore à savoir si la manipulation était grossière ou génialement orchestrée. À l’époque on m’aurait dit que j’étais d’extrême-droite, antisémite, misogyne et raciste, j’aurais tout bonnement nié en bloc.

4. La crise, la radicalisation

Il faut aussi savoir que durant mes années de collège-lycée puis au-delà, j’ai pour diverses raisons traversé divers épisodes de dépression nerveuse qui m’ont forcé à interrompre mes études et à exercer durant un assez long moment divers métiers peu valorisants et difficiles. J’ai été ouvrier agricole, dormant dans une tente par temps de gel à la fin mars, j’ai été embauché dans une usine de tri de déchets, j’ai bossé dans une usine de fabrication de palettes, ouvrier d’atelier de peinture dans une usine de fabrication de porte et fenêtres, ouvrier en chantier de démolition ou encore employé à la mise de viande sous vide à l’abattoir. À terme le recul de ces expériences m’a permis de développer une réflexion de classe, mais sur le moment je ne l’entendais pas de cette oreille : J’étais passé de ma jeunesse privilégiée dans un village isolé où je ne manquais ni d’air, ni d’espace, ni de calme et de nature à la réalité d’un quotidien en grande ville, un univers artificiel, bétonné et bruyant qui ne m’inspirait qu’angoisse et dégoût, le tout sur fond de précarité économique. Pour le fils issu de la classe moyenne que j’étais, vivre dans cette situation, avec la conviction d’être coincé, indigne, sans avenir et condamné à la disparition a généré un vif sentiment d’abandon et de décadence sociale et morale que j’avais également honte de ressentir car je le voyais comme la marque de mon éducation bourgeoise qui m’avait rendu fragile (« féminisé » aurais-je dit à une période) et incapable de survivre dans le « monde réel ». D’où de profondes angoisses qui ne trouvaient un apaisement que dans la consommation de musiques et expédients extrêmes. J’ai cité KPN, Autarcie, Baise ma hache… mais on peut aussi citer Black Magick SS (le groupe joue esthétiquement sur l’imagerie nazie mais j’ai des doutes sur l’idéologie je le mets finalement car il gravite dans cet univers),

Affiche de Black magick SS

Affiche de Black Magick SS.

Sühnopfer, Maléfice, Vermine, Régiment, Constantinople, Drudkh, Akitsa, etc. J’ai aussi été marqué à cette période par l’univers décadentiste fin de siècle des romans de Joris-Karl Huymans, les poèmes d’Antonin Artaud, de Georges Trakl, Émile Verhaeren, Charles Leconte de Lisle, Roger Gilbert Lecomte, j’étais marqué par l’univers ésotérique de René Rémond, et même de Julius Evola et Savitri Devi, ou par le livre « Le déclin de l’Occident » d’Oswald Spengler, les romans d’Ernst Jünger, de Yukio Mishima (grand romancier et essayiste nationaliste japonais d’après-guerre), de Pierre Drieu la Rochelle et le pessimisme radical teinté d’humour de Louis-Ferdinand Céline… je lisais « Le matin des magiciens », de Louis Pauwels et Jacques Bergier, je me régalais de lectures lovecraftiennes, j’ai même parcouru le trop connu « Le camp des saints » de Jean Raspail et certains textes de Dominique Venner.

couverture de « samourai d’Occident », de DominiqueVenner

Couverture de « Samourai d’Occident », de DominiqueVenner.

Non pas que tous les artistes et écrivains que je lisais avaient tous des affinités avec l’extrême-droite, mais j’errais constamment dans les frontières de cet univers mental, n’hésitant pas à sauter à pieds joints dedans à l’occasion.

Cette façon de voyager en eaux troubles, je l’ai aussi reproduite en m’intéressant à des thèmes a priori plus consensuels comme l’écologie. Dans un contexte de crise environnementale sur fond de sentiment d’effondrement avec la conviction d’une catastrophe imminente à venir, j’en suis venu à m’intéresser à tout ce qui touche à l’anthropocène. Mais en parallèle de la collection Anthropocène des éditions Seuil, des livres des éditions Monde sauvage et de lectures de romans « Nature writing » assez innocents je suis vite passé à l’écologie profonde, la « théorie » de l’effondrement, le survivalisme, sur fond de néo-paganisme aux relents new age douteux. Savitri Devi, que j’ai déjà citée, entre dans ces catégories de lectures, mais aussi le manifeste du terroriste anarcho-primitiviste et réactionnaire Theodor Kaczyncki (La société industrielle et son avenir), des manuels de survie divers, dont le livre du très connu de Piero San Giorgo, qu’on trouve partout, et diverses chaines YouTube parlant d’autarcie, lesquelles ont explosé en popularité ces derniers temps pour des raisons très identifiables ; mais aussi des ouvrages d’histoire des religions comme ceux de l’historien au passé trouble Mircea Eliade. Sans compter les albums de metal et black metal, où la nature fantasmée en religion cosmique et le chamanisme font partie intégrante de l’identité du genre.
Quelques exemples :

Cette vision de la nature n’est certes pas apolitique loin s’en faut mais elle traverse le monde du (black) metal dans son entièreté des groupes les plus consensuels aux plus inquiétants, des sur-populaires Eluveitie aux néo-nazis de Graveland.

Il serait fastidieux de démonter le discours écologique d’extrême-droite et d’autres ont relevé mieux que moi ses contradictions, mais dans l’ensemble je reste fasciné par ce croisement entre nature et religion, où l’écologie se fait théologie, où la nature devient une entité à part entière, vivante foisonnante et hostile. Une forêt de film d’épouvante où l’Humain n’est plus rien mais où il va néanmoins se perdre avec délice car cette forêt a le merveilleux qui manque à notre monde moderne, morose et désenchanté.

Cette vision cosmique, organique, du monde, où se mêlent grands anciens, rites douteux, assemblées occultes, mythes fantasmés, ésotérisme, voire « théorie » du complot et exopolitique, pétrie d’une narration à la Howard Philip Lovecraft (qui par ailleurs était admiratif du nazisme, c’est qui toujours bon à savoir), et qui se retrouve dans le livre Le matin des magiciens, garde comme toute narration complotiste quelque chose d’indiciblement fascinant car elle semble nous traiter en élu (« l’élite » qui a compris, qui a été chercher l’explication du grand mystère) tout en gardant ce voile pudique de mystère qui permet à la narration de garder son potentiel mystique et par ce biais la fascination que cette narration exerce, et cela même quand on est au courant du procédé. Regardez les romans de Lovecraft : on sait que ce n’est que mythe, mais on voudrait y croire. Je me plongeais beaucoup dans cet univers culturel, qui répondait à mes angoisses tout en me permettant un genre d’évasion dans les limbes de l’imaginaire. L’extrême-droite, qui s’imagine un monde d’ennemis soudés par un complot intangible contre « la civilisation » (l’islamo gauchisme, le judéo-bolchevisme maçonnique, etc.) a bien compris cela et c’est pourquoi elle se fait le véhicule de beaucoup de « théories » du complot… quand elle ne les lance pas elle-même.

Voici donc où j’en étais rendu après quelques années. J’étais passé de jeune lycéen à étudiant, puis travailleur précaire. On était vers 2014–2015 et un peu au-delà. J’avais connu Dieudonné et commencé ma « vraie » descente en 2011. C’était à cette époque l’âge d’or de Dieudonné et du mouvement de contestation qu’il avait lancé suite à ses interdictions de spectacle par Manuel Valls. À cette époque j’étais donc ce jeune qui écoutait sans participer (je le précise ici : je n’ai jamais été actif sur les comptes d’Égalité & Réconciliation (ER) ou les pages de Dieudonné ou ailleurs, et je n’ai jamais lancé de harcèlement ou autre. Mon rôle s’est borné à écouter, intérioriser, et parfois à reproduire un argumentaire mais rien de plus. Si je vous dis ça, c’est parce qu’il faut comprendre que le harceleur qui rage derrière son clavier est l’arbre pourri qui cache la forêt des gens qui ne disent rien mais qui dans l’ombre sont peu à peu convaincus par les discours et donc laissent faire les plus violents d’entre eux, la violence du bras armé étant perçue par ces bons attentistes comme « regrettable, mais nécessaire »).

Cependant j’étais de plus en plus gêné par pas mal de choses dans le cercle d’Alain Soral et compagnie et bien que le processus se soit fait sur un temps long, j’ai commencé à voir ma confiance s’effriter. Cette confiance s’est ébranlée suite aux diverses affaires qu’il serait fastidieux de résumer mais en gros j’ai réalisé que Dieudonné était un prédateur financier de la pire espèce qui prenait les gens pour des cons, que Soral ne supportait pas la contradiction et était un pervers narcissique frustré en puissance, que Laurent Louis était un pur opportuniste et manipulateur compulsif et globalement que tous les pseudos intellectuels d’ER avaient ces tendances. Je commençais en parallèle de ma perte de confiance à m’intéresser aux discours de gauche, sur les luttes sociales, le constructivisme, etc. et à comprendre les failles de raisonnement… Suite à mes études et j’ai commencé à réfléchir, dans le contexte de l’après-attentat de Charlie hebdo, au fait que les Islamistes avaient une idéologie dans le fond très similaire aux nationalistes révolutionnaires « occidentaux » (ça m’a frappé quand j’ai remarqué que quelques nationalistes crasses pouvaient montrer des marques de respect aux islamistes, comme Zemmour qui a dit des terroristes islamistes « Je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient, ce dont nous ne sommes plus capables… »), lesquels eux aussi montaient en puissance et en activisme, en même temps que leurs discours devenaient de plus plus présents dans l’espace médiatique ou sur YouTube. Tout cela commençait à bouillonner sérieusement dans ma cervelle et j’ai commencé à me demander « Mais à quoi j’ai pris part au juste ? ». Précisons d’ailleurs que mon premier réflexe suite à cette perte de confiance, parallèle à ce que j’ai dit plus haut, a été dans un premier temps la recherche de substituts plus radicaux, et non une « sortie » nette du milieu. Le fait d’avoir des doutes n’a dans un premier temps fait que renforcer mes angoisses et radicaliser mes manières de les extérioriser.

Le coup de grâce est sans doute venu lors de la période charnière de 2015–2016. À cette époque, c’est non seulement le traumatisme de Charlie Hebdo et l’effervescence sociale, la panique même, qui en découle, mais c’est aussi la période la grande mue de l’extrême-droite en France. Après s’être perpétré dans l’ombre du duo Soral-Dieudonné, qui s’étaient faits un nom mais restaient dans l’ensemble assez « souterrains », et suite à la déliquescence de leur mouvement, une extrême-droite plus affirmée, confortée par le duo et s’étant nourrie de leurs discours avant de les évincer, a commencé à sérieusement s’activer. C’était la période de naissance et expansion du Raptor dissident, de Valek et de globalement tous les ersatz de Soral plus rincés les uns que les autres qui après s’être suffisamment nourris de sa rhétorique, ont décidé de prendre eux-mêmes une caméra et un micro pour aller sur YouTube.

C’est aussi la période de la grande bagarre entre Soral et Conversano qui a défrayé la chronique à l’époque.

Le « débat » Soral-Conversano

Le « débat » Soral-Conversano

Et là où Soral était un nazifiant qui usait d’éléments de langages, de clins d’œil plus ou moins cryptiques à la pensée fasciste et nazie, Conversano s’assumait clairement comme tel (et il faut savoir qu’à une période antérieure, vers 2011, j’avais regardé certaines vidéos de lui, comme celle sur l’art contemporain, que j’approuvais).

Bref, c’est la période du grand coming out de l’ultra droite sur YouTube, qui avec ses multiples réseaux et lieux de rencontres et grandes personnalités comme De Lesquen, Hassen Occident, Conversano, Pagan TV, etc. ont créé sur YouTube un véritable écosystème. Des personnalités qui se déchirent sans arrêt et sont dans un concours permanent pour savoir qui incarne la vraie droite et dont les disputes constituent autant un milieu anxiogène et épuisant qu’une radicalisation, car quand telle ou telle personnalité se discrédite ou que le milieu en lui-même est victime d’un drama ou d’un pourrissement, la conséquence en est une radicalisation générale du discours ambiant dans un cycle sans fin. On constatera une constante dans le milieu d’extrême-droite : le monde et l’étranger étant un ennemi, et l’important étant l’ordre et la hiérarchie pour faire face au chaos, ils ont tendance à projeter sur le monde leur propre pratique de gestion de leur univers politique. Tout chez eux est concours d’influence, coups de Trafalgar et trahisons qui nourrissent allègrement clashes et batailles d’ego dont sont friands la fanbase, laquelle s’auto-convainc d’ailleurs par l’attitude de leurs propres gourous que le monde entier fonctionne comme un gigantesque aquarium à piranhas ou seules les lois « manger ou être mangé » et « les nôtres avant les autres », comptent.

La « chute » de Soral et la perte d’influence d’Égalité & Réconciliation obéit à ce mécanisme : ça n’a pas affaibli la base militante de l’extrême-droite, ça l’a renforcée, tout en radicalisant d’autant plus les militants, bien plus vénères et frontaux aujourd’hui qu’ils l’étaient sous Soral, la fenêtre d’Overton et leur acceptation dans l’espace de discussion s’étant considérablement étendue ‒ la fenêtre d’Overton, ou fenêtre de discours, est une allégorie de l’ensemble des idées et des opinions considérées comme acceptables dans l’opinion publique d’une société, si tant est qu’ « opinion publique » ait un sens clair. Ce processus n’a d’ailleurs pas de réelle fin car si Soral s’est fait doubler par sa droite par tous les youtubeurs dissidents, ces derniers comme le Raptor sont aussi en passe de se faire doubler sur leur droite ces derniers temps, devenant de plus en plus ringards et dépassés, la base militante la plus active devenant toujours plus violente et organisée, se tournant vers les groupes d’extrême-droite comme Génération identitaire ou des vidéastes nationalistes incitant à la violence armée comme Code rno (ou Code Reinho) et tout l’univers des chaînes survivalistes. Bref, ces périodes où l’extrême-droite et ses réseaux se reconfigurent suite à un drama quelconque constituent pour la fanbase des périodes de choix. Les militants les plus radicaux avalent la redpill (référence au film The Matrix : « Choisis la pilule rouge : tu restes au Pays des Merveilles et on descend avec le lapin blanc au fond du gouffre ») et s’enfoncent plus loin dans les couches de l’alt rigth Les désillusionnés peuvent choisir de sortir du cercle en profitant de cette période de doute pour faire une auto-critique radicale. Ce que j’ai fait.

5. La sortie

À cette période donc, je suis à la fois dégoûté de Soral, de Dieudonné, et de tout leur milieu. Je contemple les exactions du Raptor et de sa communauté sur les réseaux. Les harcèlements de masse, les raids. Je vois leur idées et discours se généraliser. Tout cela me dégoûte car je le répète, je n’ai jamais aimé et jamais participé à des raids. Je réalise que si les têtes changent, l’idéologie souterraine ne change pas, donc que les problèmes resteront inchangés et que tout cela participe à un même cycle de radicalisation dont l’issue m’effraie. Car là où je pouvais encore m’aveugler sur Soral et Dieudonné ‒ je n’avais pas outils d’analyse et que je ne prenais pas le temps d’analyser leur discours, celui de la « nouvelle droite » était totalement assumé et sans fard. Et c’est en comparant ce discours très brut et premier degré que j’ai réalisé que j’avais écouté pendant des années le même discours, mais plus subtilement instillé. En parallèle je suivais des études d’histoire et j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire du fascisme, du nazisme, de ce qui l’avait fait naître, et sur quels éléments de langage l’extrême-droite de l’époque s’appuyait. J’ai vu les similitudes. Puis j’ai commencé à réfléchir sur mon parcours, comment les discours ambiants dans ma famille, au lycée, m’avaient amenés à penser ceci ou cela… Ça a été un vrai choc. À partir de là, j’ai commencé à me reconfigurer à gauche, notamment grâce à des lectures diverses en histoire, en sociologie et grâce à des chaînes YouTube engagées à gauche ou parlant tout simplement de sciences sociales, ce qui m’a permis de trouver petit à petit des réponses. Quelques chaînes de zététique m’ont aussi aidé à comprendre la rhétorique complotiste.

Bien sûr, tout cela ne s’est pas fait en un mois et en « remontant » les couches, je suis passé par des gens très discutables comme Greg Tabibian. Heureusement pour moi, je venais de l’univers vers lequel il oriente son public et j’ai vite compris qu’il jouait ce même rôle de passerelle entre la gauche rouge brun et l’extrême-droite, d’autant que plus ça allait, moins il camouflait sa ligne. J’ai donc assez vite laissé tomber et continué à remonter. Quelques rencontres et discussions avec des militants de gauche radicale parmi mes relations m’ont aussi permis d’affiner ma pensée. Bref. Pour conclure, je vais balancer une idée qui m’a permis de fondamentalement remettre en cause le discours d’extrême-droite en réalisant qu’il était totalement anxiogène. Ma compréhension et remise en cause de l’essentialisme (les gens ont une nature innée et inchangeable de naissance), là où la gauche est constructiviste (tout est construction sociale et influences).

La droite carbure à l’essentialisme, ce qui a diverses conséquences très nocives. La première est un mépris pour la pensée et l’intellectualisme. Puisque tout est basé sur la nature innée, réfléchir c’est ne pas être en accord avec la nature, la biologie, l’instantanéité. La réflexion est une « castration » et tout doit être basé sur l’acceptation des instincts.

La deuxième conséquence est plus marquante encore car elle conditionne à la violence par sa promotion d’une vision tragique du monde. Si tout est inné, alors il ne sert en définitive à rien de discuter avec un adversaire car ce dernier est au fond programmé pour être votre adversaire. Le convaincre ne sert à rien et c’est aller contre sa nature profonde.

Dans l’esprit d’une personne d’extrême-droite, chercher à convaincre est déjà chercher à subvertir la nature innée d’une personne, discuter est comme tout aspect de la vie une lutte pour l’existence, le dialogue n’est pas un échange mais un combat, avec à terme pour le/a vaincu·e une soumission et un formatage, et est donc suspect par nature. La discussion est dans l’esprit de l’extrême-droite l’arme de la morale d’esclave pour asservir le « maître » à son insu sans avoir à passer par l’épreuve de la sélection naturelle qu’est l’affrontement pur et simple. Elle est de facto suspecte d’être du totalitarisme déguisé. En ces conditions il ne reste que l’épreuve de force, la violence, l’élimination pure et simple de la contestation, pour décider qui l’ordre naturel a jugé bon de mettre au sommet. Le perdant n’a qu’a s’en prendre à lui-même et toute pensée constructiviste n’est vue que comme un truchement de l’ordre naturel, de la « morale d’esclave ». Et si tu es perdant, c’est parce que ta volonté n’était pas suffisante et toute autre explication, notamment sociologique, est une fuite devant son infériorité. Dans cette optique, il ne reste plus que l’ultra violence, le blasphème et le suicide comme seules issues au sentiment de défaite. La pensée d’extrême-droite conditionne à la violence contre les autres et contre soi.

En remettant en cause cette idée fondatrice, tout simplement parce qu’elle abouti à une vision du monde où l’angoisse de ne pas être à la hauteur, où la compétition pour la survie physique et intellectuelle est une lutte permanente et vraiment épuisante, on ôte ce qui fait la force d’attraction de la droite mais aussi son potentiel anxiogène. L’essentialisme est aussi une vision tragique du monde car elle porte fondamentalement en germe l’idée qu’il faut retourner en arrière, à un mythe des origines, pour retrouver du sens à l’existence, quelque-chose de « vrai ». L’histoire étant faite de multiples couches de constructions sociales, pour la droite, le monde et l’histoire ne peuvent aller que dans le sens d’une perversion lente et contre-nature jusqu’à l’apocalypse qui restaurera l’ordre originel en brûlant toutes les couches de construction contre-nature qui se sont accumulées au fil des décennies, des siècles, voire des millénaires. Les divers degrés de la droite se faisant un devoir de discuter où au juste se situe ce point d’origine « à partir duquel ça a foiré » et vers lequel il faut revenir. C’est en cela qu’on peut parler d’une vision suicidaire et tragique de la société.

Dans cet univers crépusculaire, le dandysme, le culte de la mort et de l’effondrement est la seule alternative que donne la droite face au défi d’un monde à réinventer. S’asseoir et réfléchir « à ce qu’un vieux romain ferait à notre place et agir en conséquence » comme dirait Julien Rochedy. Préférer le néant que ne rien vouloir. Attendre l’effondrement sourire carnassier aux lèvres en stockant du riz et des munitions dans son garage, en regardant des tutos de Piero San Giorgo et en consultant le site www.guerredefrance.fr.

F comme Fist
F comme France
F comme Famine
Un coq loufoque qui t’fuck et poc
J’vais trouer toute ta famille
A coup d’pine, d’barre à mine, d’carabine
Et sous amphétamine
En même temps qu’j’volerai vos villes
####### vos filles
J’ferai bobo
À tous les bobos
À tous les #######
Les ptits Zoros d’ghetto…
Ton Samsung dernier cri
On va te l’fout” dans l’cul
Tu pousseras un dernier cri
Et tu reviendras plus…[…]
Retour à l’âge de pierre
Y’a des catastrophes qui s’préparent
On n’aura plus de bière
Ni de venaison dans les Spar
Mais dans ç’capharnaüm
Un bel horizon s’offre à nous :
On va bouffer des hommes
Et fout’ leurs grosses putes à genoux
Un – me fais pas la morale
Deux – quand j’bronzerai dans mon val
Tu – prendras une double anale
Par – le Maroc le Sénégal
Trois – salue le Zaïrois
Quatre – qui coupera ton goitre
Cinq – fallait pas l’appeler « zinc »
Six – et chier sur la police

Kommando Peste Noire, extrait de « Niquez vos villes »

Site internet violemment nationaliste prônant la « reconquête » de la France par les armes et diffusant moult documents souvent tirés des manuels d’entraînement de l’armée et des forces de l’ordre afin de donner des conseils et instructions en ce sens. Code Rno y est référencé. Le site renvoie aussi à divers sites d’extrême droite comme « Démocratie participative ».

L’extrême-droite vous vend une vision très noire de la vie où tout est question de nature, d’inné et de volonté individuelle, répond à vos angoisses sur l’existence et la perte de sens dans un monde à la narration toujours plus floue en vous vendant finalement plus d’angoisse, vous coupant des autres et de vous-même jusqu’à ce que votre seul sentiment d’appartenance soit celui lié à votre petite chaire politique et à des idéaux de race et de nation, lesquelles entités sont entourées d’ennemis bouc émissaires invisibles qu’il convient d’identifier et éliminer pour remédier à vos maux. Personnellement, comprendre cela m’a permis de réaliser pourquoi le discours d’extrême-droite était autant fasciné par la dépression, la décadence, la perversion et où tout cela menait. Et à quel point il faisait en sorte de générer cette vision très noire des choses. Ça fait partie du processus de radicalisation et les personnes isolées, solitaires, fragilisées et aux tendances dépressives y sont d’autant plus sensibles, comme je l’étais. Par ailleurs dans mes goûts artistiques je reste fortement influencé et même sur certains points admiratif de certains artistes d’extrême-droite qui savent très bien mobiliser cette vision apocalyptique et décadentiste de la la vie (Comme Peste noire qui reste parmi mes références musicales).

De par mon expérience, la vision biologisante de l’extrême-droite d’une société malade, dévoyée et gangrenée qu’il faut purger de sa « maladie » tire aussi sa source pour une bonne part dans une projection de l’état d’esprit du militant à la société dans son ensemble. Je me sentais périr, ma dépression me rongeait, et la gangrène qui me foutait en l’air le cerveau et le corps, et dont je voulais me purger, la vision paranoïaque d’être cerné de toutes part par des ennemis invisibles : mes dépressions, la maladie, la peur, l’angoisse, la souffrance et la mort, je l’ai projetée autour de moi en cherchant frénétiquement « l’ennemi » invisible qui me privait d’air et me vidait de mon sang. L’extrême-droite a une vision paranoïaque, biologisante et dépressive du monde parce qu’une bonne part de ses idéologues et militants les plus marquants sont eux-mêmes profondément atteints de ces maux, ce qui crée d’ailleurs un genre de solidarité entre eux et leur permet via leur création artistique d’attirer de nouveaux adeptes. Je me sens toujours un lien émotionnel avec Famine de KPN par exemple parce que sa personnalité et ses paroles décrivent la dépression, l’angoisse, le déclassement et la crasse d’une façon qui fait énormément écho à ma propre histoire et mes propres ressentis.

Comment aurais-je pu ne pas me sentir concerné, et même solidaire, de Famine quand dans ses chansons il balance des choses comme :

Jours couleur merde, saveur crépuscule

De mon crâne

Ils ont fait une cellule

Où crimes, idées noires

Où idées noires, crimes

Comme des crapauds sautent

Sautent

Hop sautent

Pullulent sautent !

De coups, de crottes

Est taguée ma mémoire

Mon présent dévoré

Par la dépression, le cafard.

Vers et verrues les obsessions

M’ont verrouillé et laissent croire

Que le futur est rance

Que tout n’est qu’erreur et errance.

Enseveli vivant parmi les vivants

(Kommando Peste Noire, extrait de « Noire Peste », album « Split »)

Comment n’aurais-je pas pu me sentir compris quand il balance dans « J’avais rêvé du nord » :

Jaune aux bleus tout calciné,

Planté dans le mauvais décor,

Quêtant ma juste destinée,

J’avais d’un coup rêvé du Nord.

[…]

J’eus voulu crevasser Phoebus,

Y redarder toutes ses flèches,

Pour qu’il s’écrase comme un airbus

Entre Marseille et Marrakech !

Et tu m’es apparu miroir, frangin de haine,

[…]

Toi Métal Noir ! Forgé dans la nuit des garages

Comme un obus artisanal

Fait moitié-rêve moitié-rage,

Toi Métal Noir ! Sortant des tripes de la terre

Comme une énorme sonde anale

Exploser des villes entières !

(Kommando Peste Noire, extrait de « J’avais rêvé du Nord », album « L’ordure à l’état pur »)

Ou encore quand il chante dans la « condi hu » :

Syphilis, tétanos, hépatites, fusariose,

Fièvre jaune, chancre mou, infarctus, brucelloses,

Pneumonies, gonorrhées, aplasies, choléra,

Genre humain, malaria, di-arhhées, mokola,

SRAS, SIDA, CAC, sclérose en plaques,

Gale, herpès, pu, t’es d’la barbaque,

Ulcères, typhus, pub, chikungunya,

Rouille, mégalopole, chtouille, tu ploies rouya

Guerres, excavata, rectocolite hémorragique

Gangrène gazeuse, poux, République,

Peur, peste, nucléaire, sodoku,

L’Homme, se terre, hurle, sue du cul,

Borrelia recurrentis, molluscum contagiosum,

MST, MTV, Loft Story, en gros zoom,

Ma scoliose, supérieure, à 35, degrés d’angle,

Me fait voir, dans le ciel, un gros trou, qui m’étrangle.

(Kommando Peste Noire, extrait de « La condi hu », Album « L’ordure à l’état pur »)

Comment n’aurais-je pas pu me sentir des affinités avec la musique et la personnalité de Famine, ses albums d’une musique coincée entre crasse et sublime, entre passé révolu et modernité insoutenable, où les hurlements de bête malade côtoient les vers de Verlaine, de François Villon et de Christine de Pisan, où les riffs endiablés d’un metal très brut côtoient des samples à l’esprit très « trap », où le nationalisme et la religion, cadavres pourris et profanés, s’engagent dans une dernière danse sur chaise électrique, où la masculinité la plus malade se suicide en grande pompe avec tout ce qu’il y a autour, où la campagne hallucinée et la ville tentaculaire se mêlent en un bal cradingue où mon ego était ravi d’aller se noyer. La musique de Famine, son univers, ses paroles, me parlaient, et continuent d’ailleurs à me parler. La musique de KPN faisait plus qu’écho à mon vécu : elle parlait à ma chair. J’aurais beau faire tous les efforts à le nier ou changer cet état de fait, « J’avais rêvé du nord » trouvera toujours une résonance en moi.

Des groupes comme KPN et les gens comme Famine (et moi) ne sont en définitive que le produit logique d’une société hégémonique « occidentale » blanche, masculine et hétéro-normée qui, au sommet de sa domination et au bord du précipice, produit en dernière défense une redoutable caricature d’elle-même.

Élevez des enfants dès le plus jeune âge à être des bêtes de concours, à coups de tableaux, de classements, de prix et de mérite, apprenez-leur à lutter les uns contre les autres, dites-leur qu’ils peuvent et doivent s’accomplir seuls et que au final, si la solidarité c’est bien beau et très moral, au moindre pépin, on est juste tout seul face à ses problèmes et que ce qui distingue le winner de la loque c’est la volonté… Sélectionnez les plus aptes aux études supérieures comme étant les plus aptes à la compétition permanente, rendez normal le fait d’éliminer l’autre et de le voir avant tout comme un concurrent, assommez-les de normes à respecter, de quotas à remplir, brimez-les avec l’angoisse de ne pas être la hauteur de ce qu’on attend d’ell·eux, dites-leur que la vie est une lutte permanente pour la survie du plus apte, que leur bien-être passe par l’élimination des concurrents lors d’une grande course vers le sommet de la pyramide… Bref faites-en dès l’enfance des tueurs symboliques, avec tout l’appui du système scolaire et du monde du travail, lequel n’est qu’une projection de ce que nous apprend l’école.

Élevez des petits Blancs comme des flocons précieux avec la conviction qu’ils sont au sommet du monde civilisé et de ses valeurs, produits chouchoutés d’une culture pluriséculaire et d’une histoire glorieuse dont ils doivent être gardiens et héritiers, mettez-leur dans la tête que la vie est une compétition pour la survie et que seule la victoire importe, matraquez-les de promesses d’accomplissement et de développement personnel avec une vision méritocratique de la réalité où celui qui fait des efforts et attend son heure de gloire sera récompensé, traitez les comme des élus en devenir, promis à la gloire et à qui on doit admiration et vénération, puis faites-leur subir la désillusion que leur mode de vie est intenable matériellement parlant, que la civilisation qui leur a donné naissance n’a rien de belle ou glorieuse, qu’ils ne doivent pas leur situation au « mérite » mais aux hasards de l’histoire, que personne ne les admire, que ce qu’on leur a vendu est une mythologie toxique, qu’on leur a menti, qu’ils ne sont personne dans un ordre capitaliste qui n’attend plus d’eux qu’obéissance et performance, et qu’ils ont le choix entre lutter vainement ou se laisser disparaître eux et leur civilisation, dans un océan d’indifférence… Dîtes-leur après une éducation de privilégié·e que tout est hasard et mythe informe, lequel est en train de disparaître, dans l’indifférence générale…

Élevez des hommes avec l’idée dite et répétée que la virilité est ce qui distingue le « vrai homme » de la « flaque », dites-leur que pleurer est un acte de faiblesse, dites-leur à longueur de cours d’histoire, de films, de série et de musiques et de pub que ce sont les vrais hommes qui font l’histoire et que le modèle à suivre est le seul valable, dites-leur que la virilité leur donne accès à la réussite, à l’admiration d’un troupeau de femmes qui ne demanderont qu’à porter leurs enfants. Faites-leur subir la désillusion que le monde ne fonctionne pas comme ça et dites-leur que quoi qu’ils fassent le statut d’élu sera réservé à un petit nombre et que la plupart d’entre eux seront condamnés à rester devant les portes du palais à crever la dalle dans la solitude et le froid… Dites-leur que s’ils ont échoué c’est parce que la vraie morale d’antan a été dévoyée par un bouc émissaire quelconque, que l’âge d’or est mort depuis longtemps et que la seule issue digne pour sauver sa virilité dans l’échec, c’est l’accélérationnisme, l’action suicidaire, le crime de masse et le suicide…

Faites tout cela, et à la fin, et en toute logique, vous obtiendrez « Domine », de Peste Noire.

Wow, éteignez-moi ces putains d’lumières là
C’est quoi ces têtes de glands sérieux ?
Et tout c’sang dégueu ?
J’y retournerais bien dans le bide à ma mère
Mais comme tous je demeure
Dans l’angoisse, la poisse, la de-mer
En spéléo dans le royaume du sale
J’ai de suite perçu c’monde
Comme un rectum abyssal
Où fister tes fils, tes créatures, Ô Domine
Juste pour l’plaisir sale pourriture
De les dominer
Était de toutes les nourritures
La plus exquise et raffinée
Ici-bas rien, ni bien, ni mal
Juste les lois fatales du règne animal
Et l’arbitraire et le hasard et le désert
Où les anges mangent la fange sous le ronron des bulldozers
Quoi ? T’as cru qu’j’étais un chien ou quoi ? Une fourmi ?
Un truc qui passe là, bosse là, meurt là
Sans foutre la merde dans c’foutu fourbi ?
J’partirai pas sans faire mal
Sans contempler quelques commis de ce système devenir bleus
Tout froids et pâles
Appelle ça Pan, Wotan, Satan, Baal…
J’m’en bats les couilles tant qu’à coup d’crosse j’fais des cratères dans des collimateurs

Pour me venger de cette tristesse que depuis gosse le Créateur
M’a mis gratos comme une seringue de tétanos dans les artères
J’ai jamais pris mon pied autrement qu’en tirant sur les ambulances
J’bande mou si y a pas du pu, d’l’abus et d’étranges souffrances
M’sors pas tes trucs de feuj genre j’voulais ken ma mère pendant mon enfance
J’voulais déjà percer leur panse, niquer leurs chances, dès la naissance
A qui la faute si les nuages de la mélancolie
Tombent comme des piafs malades
Et bouffent par la racine les pissenlits
Dès que la haine surgit, telle une aubaine
Miraculeuse et saine, comme le Messie ?
Ne rien kiffer à part l’ivresse de salir
Baiser l’autorité pour seul et unique plaisir
Telle est la vocation, le passe-temps, le loisir
De la race des crevures avant de moisir
Si Dieu existe dans le ciel de nos têtes
C’est pour prêter son cul afin que l’on lui pète
Et qu’on atteigne par lui ou plutôt par son train-arrière
La joie ultime sans difficulté ni prières
Dieu, tu es une putain au sens propre
C’est par toi leur moyen, que tes fils
Jouissent
Dieu, tu es le pont et la barrière
La barrière qu’on enfonce, la barrière nécessaire
Oui Dieu, tu es le meilleur auxiliaire de ton putain d’adversaire
Dieu, t’es le soleil du Mal, le flamboyant miroir
De son écrasante gloire

6. Conclusion

À l’aune de tout cela, il me revient un extrait de la conclusion dans « Les damnés de la terre », de Franz Fanon.

« L’Europe a pris la direction du monde avec ardeur, cynisme et violence. Et voyez combien l’ombre de ses monuments s’étend et se multiplie. Chaque mouvement de l’Europe a fait craquer les limites de l’espace et celles de la pensée. l’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. […] Allons, camarades, le jeu européen est définitivement terminé, il faut trouver autre chose. Nous pouvons tout faire aujourd’hui à condition de ne pas singer l’Europe, à condition de ne pas être obsédés par le désir de rattraper l’Europe. L’Europe a acquis une telle vitesse, folle et désordonnée, qu’elle échappe aujourd’hui à tout conducteur, à toute raison et qu’elle va dans un vertige effroyable vers des abîmes dont il vaut mieux le plus rapidement s’éloigner. »

Peut-être est-ce dans ces quelques mots qu’on trouve la réponse de pourquoi ce qu’il convient d’appeler des jeunes Blancs isolés préfèrent aller vers l’extrême-droite que vers la gauche. Le modèle socio-économique d’un monde tournant autour de l’Occident et des « valeurs » occidentales étant remis en cause sur tous les fronts, il faut en tant qu’Occidentaux (si tant est que ce terme est un sens*) admettre l’idée que toutes nos valeurs sont à reprendre, que nous sommes le dernier prolongement d’une histoire et de valeurs désormais intenables, bref, qu’en tant que Blancs « occidentaux, », nous sommes au cœur de ce qui s’effondre, là où les minorités oppressées ont l’espoir rassurant de se situer à la périphérie de ce qui s’élève. Le choix doit se faire entre d’un coté le culte vain de valeurs nécrosées sur un modèle à la dérive, et le pari d’un avenir meilleur où nous ne savons pas quelle sera notre place et notre modèle, d’autant plus quand l’éducation qui a été la nôtre nous a enseignée que notre place était partout de base et que le seul modèle de virilité blanche qu’on valorise consiste en survalorisation de l’égo sur fond d’affirmation agressive de son identité.

Pour un développement de cette problématique sous un autre angle, je vous renvoie à l’excellente vidéo de Contrapoints sur « Les hommes », notamment sa conclusion.

À l’heure actuelle, je ne parviens pas à savoir exactement par quel procédé je me suis sorti de cet univers mental qui pourtant constitue encore une large part de mon identité. Je pourrais vous dire que j’ai rencontré les bonnes personnes, lu les bons livres, eu les bonnes pistes de réflexion… La réponse est sans doute plus terre à terre : je me suis fatigué. J’en ai eu assez de me taper les mêmes cycles, à être éternellement insatisfait et a tourner en rond avec mes dépressions sans espoir de sortie et j’ai eu le bon sens de réaliser qu’il fallait que je modifie mes habitudes de vie pour retrouver un mental plus sain, et que fétichiser sans arrêt ce qu’il y avait de plus sombre en l’être humain par besoin de « catharsis »/libération émotionnelle n’était pas le meilleur moyen de se stabiliser mentalement.

Mon malheur et ma chance c’est sans doute que dans mon parcours j’ai assez peu bénéficié de soutiens, dans le sens où je n’ai pas fait partie d’un groupe d’extrême-droite ou même d’un cercle clairement politisé. Je suis le type même de ces nouveaux extrémistes fantômes, d’autant plus difficiles à détecter qu’ils se forment en solitaire sur les réseaux. Mais ce faisant, je n’ai pas eu à subir de menaces ou de pressions pour quitter le navire.

Aujourd’hui donc, je me détoxifie du mieux que j’ai pu des idéologies d’extrême-droite mais je reste globalement très influencé par mon expérience de ces cercles. Mon goût pour l’humour très noir, mes tendances artistiques décadentistes et extrêmes en sont autant de témoignages. Je continue à faire mon chemin dans l’extrême-gauche, en faisant un peu de veille, en informant de mon vécu et surtout, en ne cachant pas ce vécu car c’est finalement d’informer des militants de ce passé qui m’a permis d’avoir des critiques. Leur vigilance vis-à-vis de moi ‒ je comprends qu’on ne me fasse pas vraiment confiance et je ne le demande pas ‒ me sert de guide et de garde fou.

J’espère que ce très long pavé ne vous aura pas trop mobilisé et qu’il aura aidés certains à reconnaître comment l’extrême-droite procède pour recruter ses adeptes. Si vous êtes un·e militant ·e d’extrême-droite et que vous êtes arrivé jusqu’ici j’ai ce message : il n’est jamais trop tard pour s’en sortir, mais plus on tarde, plus le processus sera difficile. Il va falloir en premier lieu nous rendre compte que nous avons évolué dans un milieu qui ne donne que des réponses floues à nos souffrances et questionnements afin de devenir le seul intermédiaire entre ces souffrances qu’il prétend calmer par diverses redpills, tout en les amplifiant par la construction d’une vision du monde anxiogène qui augmente toujours plus notre besoin de redpills. Sortez vous de cette logique avant de vous isoler totalement et de vous détruire.

Sur ce,

« J’ai refermé sur moi la porte étroite et lourde

J’avais sur mon cœur marqué d’un fer rigide

La trace éphémère de nos derniers soupirs,

J’ai regardé le ciel.

Les divinités sourdes

Ont fermé leur épouvantable et lent cortège

Pour s’asseoir et pour dire

« Cessez un instant de pleurer !

Battez-vous

La guerre c’est ce métal qui coule et redore

Sur les fonts baptismaux d’une auréole nouvelle

Les trop fidèles espoirs

De vos muscles de pierres —

Nous tresserons pour vous des guirlandes de fleurs

Mais vous irez mourir au-delà des colonnes

Dans des retraits profonds

Et des vallées rougies.

Où dorment des serpents

Dont les anneaux meurtris au sépulcre des

Vôtres —

Vous marquerez l’infini

D’un doigt toujours malsain

Dressé vers l’infortune ».

Mais je me suis tourné vers eux

Pour leur cracher au visage

Sans craindre leur bave.

Adieu, les dieux. »

Roger Gilbert-Lecomte (Extrait de « La vie, l’amour, la mort le vide et le vent »)

*Note de Richard : dans mes enseignements, je fais une critique de ce terme, car Occident est une conceptualisation duale, archaïque et fausse du monde. Car d’une part les limites de l’Occident n’ont rien de clair. D’autre part, il est difficile de trouver quelque chose de proprement occidental. Enfin, parce que la contraposée, l’Orient, est souvent le fruit d’une lecture très coloniale. En général, on emploie Occident pour dire « capitalisto-judéochrétien »… Alors autant l’assumer.

Post scriptum

Je ne pouvais fermer ce texte un peu déprimant sans donner quelques pistes de réflexion et essayer de de relever un peu le Black metal aux yeux de certaines personnes. Malgré mon vécu avec cette musique, je n’oublie pas que quand j’étais au fond, c’est encore la part de moi qui hurle, se tord et hait qui est venue à mon secours quand je pensais n’avoir rien d’autre. C’est dans cette part que j’ai puisé la force de survivre. Le Black metal mérite certainement mieux que certains artistes qui lui servent de porte-étendard, mais il reste et restera ma musique de cœur parce que c’est elle qui a su le mieux exprimer ce que je ressentais dans les pires moments. Aussi je tiens à rappeler l’existence de groupes et artistes engagés dans cette mouvance. Au premier chef :

  • le groupe Biesy qui traite des sujets LGBT+ , notamment dans leur excellentissime album au titre bien nommé Transssatanism sorti en 2020.Le groupe BM pro-LGBT Biesy
  • Le groupe Worhs, groupe francais aux thématiques également lié à l’engagement pour la cause LGBT+. Une entrevue intéressante du groupe se trouve ici.
  • Neckbeard deathcamp, groupe très ouvertement antifasciste.
  • L’album « Spiritual rebel propaganda », composé par un des très nombreux émules du groupe Bathuska, dont l’esthétique de la pochette et les titres de tracks sont évocateurs.
  • Le groupe Sankara et leur très bon Total abolition of all hierarchy.
  • Le groupe plus connu Sordide et leur album Hier déjà mort.
  • Les féministes radicales du groupe Feminazgul et leur album au titre délicieusement ironique tiré du Seigneur des anneaux (de J. R.R. Tolkien) The age of men is over.
  • Les non moins radicales Matriarkathum et leur album Curse you all men !.
  • Le groupe Sarparast et leur album The red concil.
  • Le groupe Iron column et leur album Power from below, qui ressuscite pour nous les anarchistes de la guerre d’Espagne.

… et ils sont encore nombreux.

Dans l’ensemble, et bien que décider de la direction politique d’une forme d’art soit indiscutablement prétentieux, le dévoiement du Black metal par l’extrême-droite est un non-sens si on regarde l’histoire du genre, ses racines et son esthétique :

Le black metal puise son origine d’une part dans le punk et la profonde désillusion qui a suivi la fin du « flower power » hippie lors de la transition des années 70 aux années 80, qui ont vu le modèle capitaliste américain néolibéral balayer les derniers débris du bloc de l’Est, et avec, de ce qu’il restait des espoirs dans une alternative socialiste à l’exploitation capitaliste planétaire désormais libre de s’étendre sans frein.

D’autre part le black metal est issu de la culture rock et a toujours été queer au sens très littéral du terme (queer = bizarre) : Le black metal a toujours été un genre extrême dans tous les sens qu’on peut donner à ce mot et il s’est toujours fait un devoir de brouiller toutes les limites, que ce soit morales, entre les notions de « bien » et de « mal », mais aussi esthétiquement en brouillant les limites entre les genres. En soi il n’y a rien de plus queer que des hommes à cheveux (souvent) longs décidant de se vêtir de cuir moulant pour se tordre sur scène pour étaler leurs dépressions tout en se peignant le visage en adoptant des voix si désincarnées qu’elles n’en ont plus rien de « masculin » ou de « féminin ». Et par ailleurs, malgré la misogynie générale du milieu, le virilisme exacerbé et agressif ne trompe pas grand monde : d’une part cet entre-soi masculin a toujours été un peu « suspect » d’homosexualité (d’où d’ailleurs ces tendances au virilisme exacerbé je pense), et ensuite et par-dessus tout il est bien question dans le black metal de communier avec des personnes qui hurlent, pleurent et étalent toute leur faiblesse, leur chagrin et leur frustration à la face du monde dans une orgie dont la violence cache mal le besoin trop refoulé d’exprimer ses sentiments. Si pleurer est mal vu pour un homme, enrober ce chagrin d’une violence plus ou moins théâtrale reste encore le meilleur moyen de rendre socialement, virilement, acceptable le temps d’un morceau le fait de se plaindre, hurler et gémir. Le black metal est profondément né des travers de l’éducation ultra genrée et masculine qui empêche les hommes d’exprimer leurs émotions de manière saine. Et en ce sens, il s’agit peut être du genre musical le plus potentiellement révolutionnaire qui soit.

D’où l’importance d’une réappropriation du genre par l’extrême-gauche, ce qui ces derniers temps me semble être un peu plus qu’un espoir au vu des productions engagées et les initiatives de groupes qui émergent ici et là.

Ce ne sont bien sûr pas les seuls à lancer des initiatives. Le punk français et francophone est plus que dynamique et fournit de très belles perles, et ce depuis toujours.

Et j’en oublie : Le fameux groupe The oppressed outre atlantique, les groupes comme Hors contrôle, Radical kitten, Ekkaia, Gasmask terror et tout le mouvement du punk discharge… Mentionnons aussi les indispensables russes de Moscow death brigade, La Vida Cuesta Libertades, DSA commando, etc.

Pour aller plus loin, quelques chaînes/vidéos sur divers thèmes liées à la pensée progressiste d’extrême-gauche et à la critique de la pensée de droite

  • La chaîne de Contrapoints.
  • La chaîne d’Innuendo Studios et leur exellente vidéo (sous-titrée en français) « How radicalize a normie ? »
  • L’épisode 9 « Éducations viriles » du podcast « Les couilles sur la table » de Victoire Tuaillon

Pour les anglophones :

L’idéologie des différents groupes de metal cités comme illustration de ma plongée dans l’imaginaire d’extrême droite païen et néo-nazi.

  • Black magick SS : à ce que je sache, ce n’est pas un groupe NSBM . Il joue sur une esthétique nazie ésotérique mêlée de psychédélisme très 70’s et globalement toute la culture occulte nazie découlant du livre fondateur Le matin des magiciens, de Pauwels et Bergier.
  • Maléfice : Idem, mais bien que la musique en elle-même soit assez purgée au premier abord d’un manifeste politique, les interwiews des membres qui définissent entre autres leur musique comme de « L’Ahnenerbe black metal », ne laissent guère place au doute (l’Ahnenerbe Forschungs und Lehrgemeinschaft, c’est-à-dire « Société pour la recherche et l’enseignement sur l’héritage ancestral », était un institut de recherches pluridisciplinaire nazi, créé par le Reichsführer-SS Heinrich Himmler). [le batteur est membre de Graveland NDLR]
  • Kommando Peste Noire : nationaliste, identitaire, anarchisant de droite.
  • Suhnopfer : le membre central du groupe est passé par le groupe Peste noire et apparaît notamment dans le documentaire « la chaise dyable » [c’est une figure RAC au centre de Wolfsangel et Lemovice, et ce avant d’intégrer KPN NDLR]
  • Vermine : NSBM déclaré
  • Régiment : pétainiste
  • Constantinople : royaliste, anti républicain virulent
  • Drudkh : très lié au groupe NSBM Hate forest
  • Akitsa : nationaliste.

Suggestion de lecture : Tueries. Forcenés et suicidaires à l’ère du capitalisme absolu, de Franco « Bifo » Berardi, Lux Editeur, 2016.

La bande Flammes de France de cinq français égale un cercle NSBM plus quatre projets de groupes NSBM plus un label de promotion NSBM

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Cercle NSBM de français

Vermine NSBM affiche beaucoup sa bande copains néonazis Flammes de France circ – pour circle référence à “black metal circle“, tourné en dérision en “black metal circus”.

  • Inner Circle : Musiciens black metal autours de Euronymous de Mayhem et de sa boutique Helvete, responsables de destruction d’églises incendiées, meurtres, … affaires médiatiques connue sous le titre “Lords Of Chaos”, déclinées sous forme d’un livre, et d’un film.
  • Temple of Fullmoon polonais : autours de Graveland
  • Pagan Front promotion NSBM völkisch en musique comme stratégie métapolitique fasciste à posture apolitique de façade
  • Misanthropic Division autours de AZOV.
  • et d’autres …

La bande Flammes de France de cinq français égale
un cercle NSBM
plus quatre projets de groupes NSBM
plus un label de promotion NSBM

Le terme “groupes” est imprécis, et pas la définition traditionnelle ;
il est plutôt question de multiples propositions métapolitiques fascistes à posture apolitique de façade de cinq individus anonymes  – dont un homme-orchestre “Elitism” one-man=nsbm-band+nsbm-label – en auto-production domestique,
propositions ouvertement turbonazi enregistrés en home-studio afin d’être commercialisés sous la forme de disques collectors, marchandises-à-porter NSBM wear, et produits-dérivés diffusés par des labels de promotion NSBM comme celui de Hendrik Möbus.

Vermine s’est affiché pour le rassemblement nsbm clandestin français Call of Terror 3 en 2019

et second “concert” pour le rassemblement nsbm autours de Hendrik Möbus coproducteur de Hot Shower 2020 à Milan.

Malsaint, Vouïvre, Elitism, Aktion Totenkopf ne jouent jamais en concert, zéro. On les en remercie.


Membres du cercle NSBM Flammes de France :

  • Kommander” “Pavel : Malsaint et Vermine
  • https://www.metal-archives.com/images/2/6/2/8/262896_artist.jpg?3651“Bjorn” :
    Figure RAC membre de Wolfsangel
    et figure NSBM membre de KPN Peste Noire.
  • Principal “Haine” dans Vermine

Son Label NSBM d’auto-production Flammes de France :


La marchandise Flammes de France est produite par un allemand  :
Hendrik Möbus, meurtier célèbre et promoteur NSBM depuis 25 ans, sous sa marque Darker Than Black.

La production des enregistrements et des supports audio physiques est aussi régulièrement réalisée en co-production avec des labels promoteurs NSBM comme le label allemand Darker Than Black, la maison-de-disque de Hendrik Möbus, meurtrier également derrière l’organisation des rassemblements NSBM en Europe.

https://i.discogs.com/bHXN5ntxgZ1_AILa4owJaMNW4kNxS9A8gRMZ68AiLPg/rs:fit/g:sm/q:90/h:562/w:600/czM6Ly9kaXNjb2dz/LWRhdGFiYXNlLWlt/YWdlcy9SLTk3NTY0/ODQtMTQ4NTg3ODE1/Ny02MTYzLmpwZWc.jpeg
2017 – accumulation turbonazi : La promotion de la première proposition collective Flammes de France est estampillée Hendrik Möbus / Darker Than Black, meurtrier et promoteur NSBM allemand.
La seconde proposition collective Flammes de France est labellisée d’un écusson de blason nazi siglé “Sang et Sol” slogan politique nazi affichant deux runes sowilo d’inspiration SS. Accumulation turbonazi.

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T-shirt Flammes de France
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Tatouage Flammes de France
Sün s’est rendu en Ukraine, il y monte sur scène  interpréter sa chanson sur scène en feat. avec Famine , Florian Denis de Lemovice et Wolfsangel, et les autres membres KPN Peste Noire pour interpréter sa chansonnette à Asgardsrei le plus gros rassemblement NSBM, produit par Aleksey Levkin de M8l8th, “vétéran” AZOV.

Sün. Malsaint. Vouïvre. Vermine. FdF.

Sous le nom de Malsaint Sün enregistre des chansons NSBM pour ses disques et orne ses marchandises et produits dérivés de croix celtiques, depuis 2009.

Secondary, 2 of 4

En 2017 la collaboration de malsaint avec Der Stürmer est co-produite sous deux étiquettes de labels NSBM
– par Hendrik Möbus le meurtrier allemand et promoteur du label NSBM Darker than black implanté en Allemagne.
– et Honour and Hate, avec le logo Pagan Front

“Sün” est connu comme le compagnon de Famine de Peste Noire et de Ardraos figure Rac’NSbm de Lemovice et de Wolfsangel
Avec Sün Famine de Peste Noire et  Ardraos de Lemovice et de Wolfsangel il jouïent ensemble sous le nom de Vouïvre.

https://i.ebayimg.com/images/g/lB0AAOSwDIVk7P38/s-l1600.png

Les Vouïvres ont même enregistré des chansons et en proposent des pressages  sur disque produit par LMH de Famine.

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L’acte Final du disque affiche même Xaphan !

XAPHAN : Anthony Mignoni, figure NSBM connue l'affaire médiatique "les satans de toulons" en 1996
- Funeral, réputé premier groupe NSBM français
- la profanation du cimetière de Toulon,
+ l'enquête policière qui s'en est suivie avec mise en lumière des fanzines white-power et d'un réseau Charlemagne Hammerskins.
+ ses liens avec les responsables des profanations d'églises en Bretagne 
+ et le meurtrier du père Uhl, curé assassiné de 33 coups de couteaux.
+ Seigneur Voland, conceptualisé en prison
+ Kristallnacht NSBM hitlérienne.
et chansonnette avec les gars de Vouïvre donc.

Sün s’est rendu en Ukraine avec KPN Peste Noire pour interpréter sa chanson sur scène en feat. avec Famine , Florian Denis de Lemovice et Wolfsangel, et les autres membres KPN Peste Noire à Asgardsrei le plus gros rassemblement NSBM, produit par Aleksey Levkin de M8l8th, “vétéran” AZOV.

Les marchandises-à-porter : Produits-dérivés Vouïvre et Vermine affichés dans la cave du bar metal aftersow

Sün est également membre de Vermine

https://www.rue89lyon.fr/wp-content/uploads/2019/02/Concert-black-metal-neonazi-Lyon-NSBM-fev2019.jpg En 2019 Vermine et Sün font leur premier concert dans le rassemblement NSBM Call of Terror autours du meurtrier allemand Hendrik Möbus

https://i.discogs.com/bHXN5ntxgZ1_AILa4owJaMNW4kNxS9A8gRMZ68AiLPg/rs:fit/g:sm/q:90/h:562/w:600/czM6Ly9kaXNjb2dz/LWRhdGFiYXNlLWlt/YWdlcy9SLTk3NTY0/ODQtMTQ4NTg3ODE1/Ny02MTYzLmpwZWc.jpeg

Hendrik Möbus produit aussi la marchandise de la marque de la bande Flammes De France sous son étiquette de maison-de-disques NSBM Darker Than Black implantée en Allemagne.


Vermine donne son second concert à Milan, dans le rassemblement NSBM co-produit par Hammerskins et Hendrik Möbus.


https://pbs.twimg.com/media/FprxO7xWAAM6ANc?format=jpg&name=medium
Ben Sün là, de Vouivre, il a fait des vacances en Italie la semaine dernière. Avec un ami à lui. Ils ont pris plein de photos. Mussolini, Hitler… ⬇️

Blood and Honour Nusantara : Analyse relationnelle d’une scène musicale extrême, le Darah & Maruah movement (Malaisie, Singapour)

https://shs.hal.science/halshs-02360137/

2019 : Cette communication s’intéresse à la scène musicale malaisienne Darah & Maruah [blood and honour], scène néo-nazie de RAC et de black metal apparue dans les années 2000. La formalisation des liens entre musiciens et groupes sous forme de graphes bipartis permet de mettre en évidence les acteurs les plus centraux, acteurs généralement investis de manière multiple dans cette scène. La question de la personne dans le black metal constitue un obstacle à l’objectivation scientifique et à l’analyse fine des trajectoires individuelles

extraits :

Les scènes RAC existent toujours aujourd’hui, elles sont cependant vieillissantes et n’ont guère su se renouveler musicalement – ce constat est également valable pour les scènes punks d’extrême-gauche. Dans les pays européens, une poignée de concerts clandestins sont organisés chaque année par les réseaux BH et Hammerskins mais l’audience ne dépasse qu’exceptionnellement la centaine de personnes. Les seules exceptions concernent des groupes ayant su fidéliser leur public au fil des décennies (Lemovice ou In Memoriam en France) et la scène italienne où le réseau des Casapound (centres sociaux d’extrême-droite) permet l’existence d’une scène musicale fasciste active. L’apparition d’un genre musical plus agressif, le black metal, a sans doute contribué à marginaliser le RAC.

La « deuxième vague » (là encore, il s’agit d’une construction a posteriori) apparaît en Norvège au début des années 1990 et attire rapidement l’attention médiatique en raison des violences qui l’accompagnent (meurtres, incendies d’églises – voir Moynihan et Soderlind, 1998). Elle provoque aussi un renouveau de l’esthétique metal, le black metal étant depuis l’un des genres les plus actifs
de la scène metal (Beauguitte et Pécout, 2019a). L’un des artistes les plus influents de cette deuxième vague, Varg Vikernes, seul membre du groupe Burzum, se met à écrire en prison des textes politiques mêlant paganisme, racisme et antisémitisme, ce qui va favoriser le développement du NSBMBurzum n’étant cependant pas un groupe NSBM. [Burzum = Varg Vikernes en est précisément la figure définitive]

Produisant des albums sombres, violents, aux textes généralement non compréhensibles à l’écoute, le NSBM séduit musicalement bien au-delà des seuls militants d’extrême-droite – ce qui n’était guère le cas du RAC. Le black metal en général revendiquant un côté misanthrope, nihiliste et choquant, il n’était pas surprenant de voir apparaître des svastikas sur les pochettes de disques ou des textes à la gloire d’Hitler. Comme l’écrit Olson à propos de la scène du milieu des années 1990, « swastikas and racism were largely provocations; one example of misanthropy among many. » (Olson, 2012). Taylor à propos de la scène norvégienne écrit quant à elle « Black metal’s appropriations of Nazism, along with satanism and Norse paganism, are also related to the scene’s propensity for misanthropy – its celebrations of violence and war, and discourses about survival of the fittest or purging the weak. » (2010). Si des groupes de NSBM existent un peu partout dans le monde, il s’agit d’un phénomène très marginal et peu de groupes se revendiquent ouvertement NS (Maspero et Ribaric, 2014).

En ce qui concerne les caractéristiques de ce sous-genre très marginal, on peut noter :

  • le nombre élevé de one-man-band,
  • le caractère très confidentiel des productions discographiques (les tirages à 14 ou 88 copies3 sont fréquents),
  • le très faible nombre de groupes donnant des concerts et la rareté de ces concerts (une poignée par an dans les pays européens).

Qu’il s’agisse du RAC ou du NSBM, il est souvent délicat de parler de scène
musicale au sens strict. En effet, le caractère confidentiel et clandestin des productions empêche le plus souvent que ces artistes puissent rencontrer leur public en dehors des forums en ligne. Il existe pourtant quelques exceptions en Europe (Italie, Ukraine) et, plus surprenant a priori, en Asie du Sud-Est, les scènes RAC et NSBM en Malaisie et à Singapour étant regroupées dans le Darah & Maruah Movement et formant, comme nous allons le voir par la suite, une scène musicale active et plurielle.

Le mouvement Darah & Maruah vise explicitement à unir groupes RAC et groupes metal de ce qu’ils considèrent comme l’aire culturelle malaise (Nusantara),soit la Malaisie, Brunei, Singapour et l’Indonésie.

Sur l’ensemble de la période, 47 groupes et 136 musiciens (le masculin s’impose, 135 sont des hommes) composent le corpus étudié.

31 de ces groupes sont membres du D&M, 24 étant en Malaisie et 7 à Singapour.

Le statut de ces 47 groupes est le suivant :
19 sont actifs aujourd’hui, 7 ont changé de nom, 2 sont en pause, 8 se sont séparés et l’information est inconnue pour 11 d’entre eux. Les dates de début des groupes sont manquantes pour 15, les dates de fin pour 7. En ce qui concerne l’appartenance des musiciens aux groupes, la date d’entrée dans le groupe manque dans 30% des cas (66 sur 230), la date de fin dans 20 % des cas (48).

En ce qui concerne les groupes membres du D&M, si 75 musiciens jouent dans un groupe et un seul, ils sont 16 à jouer dans au moins deux groupes et le plus prolifique, Andika, a été/est membre de 13 groupes différents – il anime également le micro-label Heritage Nusantara.

En ce qui concerne la composition des groupes, elle varie de 1 (2 one-man bands de metal et 3 groupes pour lesquels la composition est partiellement connue) à 15, l’instabilité des groupes comme de leur composition étant fréquente.

Ce type de catnet, impliquant une poignée de musiciens multipliant les projets avec ou sans message politique, supposant des compétences multiples (organisation de concert, animation de label, graphisme), est similaire à toutes les scènes musicales underground, quelle que soit la coloration politique (ou son absence) et le style (cf Gosling, 2004, sur les scènes anarcho-punk nord-américaine et anglaise).

Par rapport à d’autres cercles de black metal néo-nazi (le Sourthern Elite Club argentin ou le BlazeBirth Hall russe, voir Beauguitte et Pecout, 2019b), le D&M se distingue par sa grande diversité musicale, son nombre plus élevé d’acteurs et sa capacité à organiser des concerts, lesquels sont parfois annulés en raison de la pression conjuguée des autorités et des militants antifascistes locaux (Ferrarese, 2019).
Une originalité supplémentaire repose dans l’intégration réelle de la plupart de ces activistes dans la scène metal du pays. Jouant dans des groupes ouvertement néo-nazis et dans des groupes sans message politique, ils apparaissent tantôt dans des festivals généralistes, tantôt dans des festivals semi-clandestins et ultra-nationalistes.

Multiplier les projets, les pseudonymes, est aussi une stratégie permettant à la scène de se maintenir dans un contexte souvent hostile. Le fait que la Malaisie soit une dictature dirigée par un parti unique de droite nationaliste n’est pas nécessairement un atout, le metal ayant été régulièrement réprimé voire interdit dans le pays.

Choisir un nom de scène, et ce qu’elle que soit la pratique artistique, est banal.
Multiplier les pseudonymes est rare dans certaines pratiques (cf le cas Romain Gary – Émile Ajard) mais très fréquent dans d’autres, notamment dans les cultures underground ; Joe d’Amato (cinéma bis) signait ses films de façon multiple (David Hills, Dirk Frey, Peter Newton, etc.). Si le cas du black metal est un peu spécifique (cf infra), considérer que la personne civile et l’artiste ne forment qu’un seul et même individu ne semble guère poser de problème (la mort de Jean-Philippe Smet n’a pas provoqué un délire journaliste et
politique national en France, celle de Johnny Halliday si).

Selon le théoricien Philip Auslander, dans la musique populaire, on peut distinguer trois couches (« layers »):

  • « the real person (the performer as human being),
  • the performance persona (the performer’s self-presentation),
  • and the character (a figure portrayed in the song text) » (cité dans Waksman, 2009, p. 73).

Certains artistes du D&M poussent la logique plus loin et Andika prend un nom différent pour (presque) chaque projet dans lequel il s’investit (cf encadré). Ce cas limite se vérifie pour d’autres artistes de cette scène : le guitariste Black (pseudonyme pour les groupes Exothermix, Hikayat, Muntah et Slaydeath) utilise également Daeng Hitam (Jugra) et Black Kecik (Firasah) ; le batteur Apit
a utilisé les peudonymes Hafiz (Steel Crescent, Hikayat), Panglima Demang Bersiong (Singhasari) ou Blackgoats (Santau) – liste non exhaustive – et l’on pourrait multiplier les exemples. Cela renvoie parfois à un choix du groupe : les musiciens de Wraith portent tous des numéros ; dans Vetis, le pseudonyme doit commencer par SS. Tous ces pseudonymes ont été conservés mais ils ont été agrégés pour les représentations et les mesures ; un musicien peut avoir 5 ou 10 pseudonymes mais comprendre son rôle dans une scène musicale nécessite de pouvoir l’identifier comme un musicien et un seul.

Encadré 1: Neuf pseudonymes par personne ? L’exemple d’Andika
Andika est l’un des leaders du Darah & Maruah movement, propriétaire du label Heritage Nusantara, et impliqué dans de nombreux projets. Sa page metal-archives (consultée le 17 janvier 2019) recense 9 groupes actifs et 9 groupes passés. S’il utilise le plus souvent comme nom de membre Andika, il utilise également les pseudonymes suivants (nom de groupe entre parenthèses) : Daemonia Darkbearer (Banshee, Dexekrators, ce deuxième groupe étant issu de la séparation du premier), Daging Virus A (Meatcleaver), Asri (Raptor), N°5 (Wraith), Udin (Firasah), Daemonia Darkbearer of Bestial Warkommand and Blasphemik Howl of Pontianak (Hellscream), Daeng Andika (Jugra) et SS Warkommand (Vetis).

Si un musicien peut choisir des noms de scène différents, a priori la situation est différente pour un groupe, ensemble supposé à peu près stable de musiciens, identifiable par son nom voire son logo. Or, et cela était parfois explicite et parfois implicite dans les résultats relatifs au D&M, ce caractère clairement défini de l’objet est trompeur.
Si l’on prend l’exemple du groupe Momokz créé en 2009, devenu Momok en 2010 et Antaboga en 2011, est-il pertinent de considérer que les deux premiers ne font qu’un alors que le troisième serait fondamentalement différent ? Examiner la composition des trois groupes permet de justifier ce choix : 3 musiciens créent le groupe originel en 2009, 2 restent jusque 2011, date à laquelle la composition et le nom du groupe changent complètement. Avoir une attitude nominaliste en ce qui concerne les groupes n’est pas absurde : le nom d’un groupe est ce qui lui donne son identité, que ce soit sur scène ou sur disque. Malgré l’instabilité parfois très forte des formations, le fait de garder le nom originel a un sens pour le public du groupe.

Enfin, deux cas particuliers doivent être mentionnés : Wraith et As Sahar qui font
tous deux partie du D&M lors de la première partie de leur carrière. En 2014, la
composition du groupe Wraith change complètement, ses nouveaux membres choisissent de continuer sous le même nom mais en effaçant toute référence au nazisme. As Sahar choisit lui aussi d’effacer toute référence au D&M suite au départ de deux musiciens autour de 2012 ; l’un de musiciens les plus actifs du D&M, le batteur Apit, joue depuis 2017 dans ce groupe, ce qui explique la présence dans les données d’un As Sahar 1 et As Sahar 2.

Dès les origines du black metal, l’usage du pseudonyme plus ou moins évocateur s’impose. Comme l’écrit Patterson, en choisissant des noms de scène, le groupe anglais Venom

« inadvertently kick-started a tradition that would become almost mandatory within black metal »,

le leader Cronos expliquant dans une interview au magazine américain Sounds

« There are more than stage names. They are states of mind. It’s sort of a possession » (Patterson, 2013, p. 9).

Le groupe Bathory innove de son côté en refusant toute photographie promotionnelle, masquer voire effacer l’identité sociale des musiciens est une volonté explicite (id, p. 28).

La deuxième vague de black metal issue de Norvège ajoute un élément qui s’impose rapidement, le maquillage en noir et blanc nommé corpse paint. Si l’influence du groupe Kiss est affirmée par la plupart des acteurs de la « deuxième vague du black metal », l’ambition est différente, il s’agit tout à la fois d’effacer son identité sociale et de créer un univers inquiétant et malsain. Comme l’affirme alors Faust du groupe Emperor, « When we, under a gig or during a photo session, are using corpsepaint [sic], we are usually in a
state of mind that makes us feel like we are getting nearer darkness (and maybe even one with darkness)… At such events, I look at myself as one of the creatures of the night…child of darkness » (Plillipov, 2011).


2016 : Un groupe de Malaisie s’affiche “NS D-beat”

NS D-Beat 🤔 c’est du RAC de faf, pas besoin d’écouter. La D-beat est une scène antiraciste internationale depuis 45 ans.

https://cdn-asia.uniteasia.org/uploads/2016/06/barthata.jpgLe visuel promotionnel de mauvais goût avec mise en scène victimaire=identitaire de la censure.

translated as the following:

“World’s First National Socialist D-Beat

D-Beat is known as an exclusive music for the left-wingers, however, things have changed with the new release by BARTHAFAH. This is the first D-Beat band with national socialist ideals containing 8 songs that discuss Nationalism, Patriotism and NS. The record will be released by Heritage Nusantara Produktion, limited to 30 copies.”

Here’s the uncensored version of the band’s album cover with the swastika clearly visible:

barthafah

According to this link: http://www.metal-archives.com/bands/Barthafah/3540351297 Bartafah are said to be part of a right wing movement called Darah & Maruah PST TM.

 


Voir le film :https://laspirale.org/public/est-tenebres04.jpgA l’Est de l’Enfer – 2014

RAC à Bordeaux le 16 mars 2019 : Lemovice + Match Retour

LEMOVICE + MATCH RETOUR @ BORDEAUX

https://pavebrulant.noblogs.org/files/2019/03/Photo4-1.png
À gauche, Match retour programmé lors d’un concert organisé en 2016 par le groupe néo-nazi Blood and Honour ; à droite, pour le concert de samedi à Bordeaux – la totenkopf, symbole des SS, a disparu au profit d’une paire de rangers


https://pavebrulant.noblogs.org/post/2019/03/14/mobilisation-contre-le-concert-nazi-organise-le-16-mars-prochain/

https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/groupe-nationaliste-limoges-affiche-concert-ce-samedi-16-mars-bordeaux-1639168.html