Solstice d’été RAC

Pour le « solstice d’été », le retour d’un concert néonazi près de Lyon

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Pour le « solstice d’été », le retour d’un concert néonazi près de Lyon :
Deux groupes de rock néonazi donneront un concert près de Lyon, dans l’Ain, le samedi 24 juin. Cet évènement signe une résurgence de la scène RAC (Rock Against Communism) et NSBM (National Socialist Black Metal), particulièrement active autour de Lyon jusqu’en 2020 . . .
Football, tir à la corde, repas, concert de deux groupes de rock en vue à l’extrême droite, rituel païen autour d’un bûcher et camping à la belle étoile. Le milieu du rock néonazi a prévu de fêter à sa manière le solstice d’été près de Lyon. Organisé par le tout récent groupuscule Division Gallia, l’évènement doit avoir lieu samedi 24 juin au soir, dans l’Ain.
Parmi les deux groupes qui s’y produiront, on retrouve Match Retour, un groupe de Oi!/RAC (Rock against communism) néonazi lyonnais, mené par Renaud Mannheim, une figure de l’extrême droite radicale lyonnaise. Sur le logo du groupe, on retrouve la Totenkopf, une tête de mort utilisée comme insigne par des divisions SS ainsi que le slogan « Lion le Melhor », cri de ralliement de l’extrême droite radicale lyonnaise.
La deuxième tête d’affiche, Ewigersturm, est suisse et écume la scène RAC et néonazie européenne. Elle se présente comme une « chanteuse nationaliste ». Dans ses textes, elle fait de régulières références à l’Allemagne nazie et ses alliés. Ce solstice d’été ne sera pas leur première date ensemble. Les deux groupes s’étaient déjà retrouvés sur un concert commun le 18 mars à Lyon, à l’occasion de la Saint-Patrick. Les deux événements ont par ailleurs été annoncés sur des affiches au graphisme très proche.

Un concert qui signe le retour de la scène du rock néonazi près de Lyon

On n’avait plus vu de concerts clandestins néonazis près de Lyon depuis 2020. Quatre éditions d’un festival de NSBM (National Socialist Black Metal) appelé « Call of terror » s’étaient tenues entre 2017 et 2020 dans la région lyonnaise. Nous avions même recueilli le témoignage de l’un des participants en 2017. Mais les « Call of terror » étaient loin d’être les premiers événements du genre, récurrents depuis la fin des années 2000 près de Lyon. Le dernier en date s’est tenu le 8 février 2020, et avait aussi pris place dans l’Ain, à l’espace culturel de Châtillon-la-Palud.
Depuis, l’organisation de ce genre de concerts a été largement freinée par la pandémie de covid mais aussi par la dissolution du principal mouvement organisateur de ces évènements, Blood and Honour. Ce mouvement organisait principalement des concerts et des tournois de free-fight, et tirait sa devise « Blut und Ehre » des Jeunesses hitlériennes.
Leur dissolution a été prononcée le 24 juillet 2019, pour diffusion « d’une idéologie néo-nazie, raciste et antisémite, exaltant la « race blanche », appelant à la haine, à la discrimination et à la violence » et pour son organisation sous forme de « groupe de combat », d’après le décret. Depuis, ce réseau a dû se faire plus discret, même s’il n’a pas cessé d’exister. On en assiste aujourd’hui à la résurgence, un peu partout en France, comme à Strasbourg le 25 février 2023, et maintenant près de Lyon.
Selon des mails que Rue89Lyon s’est procuré, envoyés par le groupe organisateur, le concert du « Solstice d’été » devrait se tenir près de Meximieux, dans l’Ain. Le lieu exact est gardé secret jusqu’à 14h, une heure avant le début de l’évènement. Et tout est fait pour protéger les participants et les organisateurs. Sur place, les téléphones ne seront pas autorisés, et même mis sous scellés jusqu’à la fin de la soirée, afin d’éviter que des images ne filtrent de la soirée.
Un concert néonazi qui verse dans l’occultisme
Pour les derniers concerts de NSBM en date près de Lyon, le mode opératoire des organisateurs était simple : louer des salles des fêtes sous un faux prétexte, en dupant les mairies de petites communes. Ce concert du 24 juin ne devrait pas suivre le même fonctionnement. Car cette célébration du « solstice d’été » s’accompagne d’un bûcher, et nécessite donc un lieu en plein air, possiblement un terrain privé.
« Une fois la nuit tombée, nous nous rassemblerons autour du bûcher pour une cérémonie et mettre feu à ce dernier, en hommage au soleil invaincu », écrivent les organisateurs Division Gallia, sur leur boucle Telegram.
Plus qu’un traditionnel feu de la Saint-Jean, ce feu de joie s’inspire aussi de rituels païens. Cette proximité entre néonazisme et paganisme n’est pas nouvelle. Nombre de sigles de l’imagerie nazie puisent leurs racines dans l’occultisme, comme le soleil noir ou la rune d’Odal.
Quant aux organisateurs, la Division Gallia, nous n’avons que peu d’informations. Le groupuscule a été créé récemment, entre février et mars 2023, avec pour logo un casque gaulois sur une croix celtique. Le groupe était présent au Forum de l’implantation locale, organisé par le groupuscule d’extrême droite Lyon Populaire, le 11 mars 2023. Un grand raout qui réunissait tous les courants de l’extrême droite régionale.
Sur une photo postée sur son groupe Telegram, la Division Gallia affiche aussi sa présence le 6 mai à Paris. Ses membres assuraient le service d’ordre de la manifestation organisée chaque année par le Comité du 9 mai, en hommage à un militant d’extrême droite, Sébastien Deyzieux, décédé en 1994 après une course-poursuite avec la police. L’évènement avait réuni lors d’un week-end plusieurs groupes d’extrême droite radicale venus de toute la France.
Division Gallia promet d’organiser d’autres évènements à l’avenir, comme des randonnées ou des bivouacs, mais aussi des concerts. « Le milieu n’est pas mort, la scène non plus », assurent-ils, convoitant la place, laissée vacante, de Blood and Honour dans la région lyonnaise.

 


Ewiger Sturm porte le chandail capuchonné KPN

 

Ewiger Sturm affichée Day of Honour 2023

Call of Terror IV le 8 février 2020

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Dans l’Ain, le concert de black metal néonazi a bien eu lieu

[Droit de suite] Il y a quelques jours nous évoquions la tenue prochaine d’un nouveau concert de black metal néonazi, malgré la dissolution du mouvement Blood and Honour à l’origine de ces concerts. Ce samedi 8 février, la quatrième édition du « Call of terror » a eu lieu dans la salle des fêtes de la petite commune de Châtillon-la-Palud, à cinquante kilomètres au nord-est de Lyon, dans le département de l’Ain.

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Comme d’habitude, le lieu n’a été connu qu’au dernier moment. Sur la page de la billetterie en ligne dédiée à l’événement, les organisateurs n’indiquaient qu’une aire géographique « Rhône-Alpe entre Genève et Lyon ». Le lieu précis a été communiqué par messages aux participants, seulement quelques heures avant l’ouverture des portes.

Comme nous l’expliquions, que ce soit pour organiser les tournois de free-fight ou les concerts de black metal, les néonazis utilisent toujours la même technique : louer une salle des fêtes d’une petite commune sous un faux prétexte
lire Call of Terror I (2017) ici,
Call of Terror II (2018) là
et Call of Terror III (2019) là.

Pour cette quatrième édition du « Call of terror », l’« Espace culturel de rencontre » de Châtillon-la-Palud a été réservé pour un « anniversaire ». Au Progrès, la personne de la mairie en charge de la location raconte :

« Ils avaient l’air sympa, avec un look un peu rocker et des boucles d’oreilles, pas le style skinheads, raconte la personne chargée de la location à la mairie. Je sais pas pourquoi, mais je leur ai demandé si c’était pas pour une rave-party, par hasard, parce que j’avais un doute, et ils se sont marrés ! Ils m’ont assuré que c’était juste une soirée privée avec de la musique. Ils ont visité la salle et ont payé. Ils m’ont dit qu’il y aurait seulement une centaine d’invités. »

Depuis la fin des années 2000, ces soirées se sont multipliées dans les salles municipales des petites communes de l’est et du sud de Lyon, entre Isère, Ain et Savoie. Avec une préférence pour la grande plaine du Nord-Isère. Châtillon-la-Palud vient s’ajouter à cette liste.
(Voir la carte ci-dessous; cliquez sur les points pour plus de détails)

Pas d’incident à l’extérieur de la salle, néonazisme à l’intérieur

Selon la gendarmerie, présente sur place, il n’y a pas eu d’incident à l’extérieur de la salle des fêtes de Châtillon-la-Palud. A l’intérieur, la capacité de 299 personnes aurait été largement atteinte.
Cinq groupes se sont succédés, tous faisant référence plus ou moins directement au nazisme. Parmi eux, le groupe français nommé Leibstandarte en hommage à la 1ère Panzerdivision SS « Leibstandarte SS Adolf Hitler », garde personnelle d’Hitler.

En règle générale, de l’intérieur de ces concerts nous savons peu de choses.
Après la première édition de « Call of terror », en février 2017 dans la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, nous avions recueilli le témoignage d’un des participants, un amateur non pas de « NSBM » mais de metal.
Comme d’autres témoins, il décrivait un public de « métalleux » lambda mais qui passait leur temps à faire des saluts nazis.

Toujours la même mouvance néonazie

Cela fait quatre ans, que ces concerts « Call of terror » sont organisés dans la grande région de Lyon par le réseau Blood and Honour.

En juillet dernier, le gouvernement Philippe a dissous le « groupement de fait dénommé Blood and Honour Hexagone »

Dans le décret du 24 juillet pris en conseil des ministres, il est relevé que « le mouvement « Blood and Honour Hexagone » diffuse « une idéologie néonazie, raciste et antisémite, exaltant la « race blanche », appelant à la haine, à la discrimination et à la violence ».

Cette diffusion passe notamment par « l’organisation de concerts de musique néonazie ».

Quelques mois plus tard, cette mesure d’interdiction a eu un effet limité. C’est toujours la même mouvance néonazie qui est à l’œuvre. La différence entre avant et après la dissolution est que, aujourd’hui, les organisateurs se montrent encore plus discrets.

Pour ce concert de février 2020, ce n’est pas le premier cercle du réseau français Blood of Honour qui a fait les démarches pour réserver la salle. Selon nos informations, l’organisateur de la « fête d’anniversaire » vient de Frangy, en Haute-Savoie. Quant à celui qui a contracté l’assurance, il s’agit d’un Isérois domicilié aux Avenières. Les deux sont proches de cette mouvance néonazie.