Neo-Nazis in the US no longer see backing Ukraine as a worthy cause

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Christopher Pohlhaus leads a rally with neo-Nazi groups Blood Tribe and Goyim Defense League in Orlando, Florida, on 2 September 2023. Photograph: Stephanie Keith/Getty Images

Comme les républicains traditionnels qui bloquent l’aide militaire, les extrémistes de droite américains désavouent une guerre qu’ils admiraient autrefois

Ben Makuch Thu 11 janvier 2024 14.00 CET

Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, autrefois une destination pour les extrémistes américains, beaucoup au sein du mouvement clandestin d’extrême-droite aux États-Unis, le désavouer et conseillent aux partisans de rester à l’écart. Les extrémistes considèrent maintenant l’année électorale à venir comme adaptée à l’activisme sur le front intérieur.

Au début de la guerre, le Département de la sécurité intérieure (DHS) a publié un bulletin de renseignement que les extrémistes américains d’extrême droite se dirigeaient vers le conflit et pourraient l’utiliser pour affiner les compétences terroristes pour ramener les États.

Après un appel ouvert à des volontaires internationaux, l’armée ukrainienne a attiré près de 20 000 combattants du monde entier. En quelques semaines, il y avait déjà ce que l’on appelait le « Boogaloo Bois » américain.

Dans un message audio de novembre 2023 sur Telegram, l’ex-Marine Christopher Pohlhaus – le leader du réseau néonazi de la tribu des Blood, connu pour ses protestations racistes et homophobes à travers les États-Unis – a récemment déclaré aux partisans qu’il ne permettait pas à ses « jonchages » de se joindre au conflit.

« Je continuerai à soutenir la lutte des gens là-bas », a déclaré Pohlhaus avant d’expliquer comment un désaccord avec son allié personnel et chef de milice russe qui se battait pour l’Ukraine, Denis Nikitin (que Pohlhaus a inadiement prêté allégeance au cours de l’été), a amené le groupe à couper les liens.

« Je ne vais pas permettre à nos gars, aux efforts et au sang de mes gars d’aller vers [la guerre) », a-t-il déclaré.

Selon lui, bien que plusieurs de ses membres aient été « super ravis et se préparant à aller en Ukraine », ils feraient pivoter tout leur argent et leurs ressources pour se concentrer sur l’activisme national, en particulier leurs rassemblements haineux, ne voyant aucun avantage aux combats dans la guerre. Dans le même message, Pohlhaus, qui a confirmé l’enregistrement au Guardian par un SMS, a reconnu qu’il était l’un des derniers dirigeants néonazis de la part du public aux États-Unis à soutenir la guerre en Ukraine.

Pour sa part, le DHS n’a pas répondu à plusieurs courriels du Guardian pour savoir s’il continuait de traquer les extrémistes de droite qui se rendaient en Ukraine.

La question de savoir si Pohlhaus était sérieux au sujet de la guerre est une autre question. Certains membres du mouvement néonazi aux États-Unis au sens large ont utilisé la guerre en Ukraine comme une sorte de plan de jeu de rôle à action en direct pour renforcer leur crédibilité militante, même si les récits de leurs exploits ne sont pas vrais. Kent McLellan, un Floridien qui a travaillé avec Pohlhaus et connu sous le pseudonyme « Boneface », a été distribué pour avoir menti sur ses bonafides de guerre en Ukraine au cours de l’été.

Pour sa part, le Kremlin a été un recruteur implacable de néonazis à sa cause; le cofondateur du mercenaire Wagner Group, Dmitry Utkin, a non seulement nommé son organisation d’après le compositeur préféré du Troisième Reich, mais avait le logo pour le Waffen-SS tatoué sur les deux côtés du cou.

La guerre est également à un point de crise pour l’Ukraine, car le parti républicain majoritaire bloque l’aide à Kiev au Congrès par rapport aux demandes visant à renforcer d’abord la frontière sud avec le Mexique et à apporter des changements draconiens au système d’asile des États-Unis.

Au sein du réseau plus large de militantisme néonazi, l’Ukraine a pratiquement évaporé le conflit à Gaza et les problèmes intérieurs surpassaient ce qui était autrefois un événement mondial bien suivi. Ne voyant aucune valeur à envoyer des hommes pour acquérir une expérience de combat en première ligne, avec un risque trop élevé de mort ou d’arrestation à leur retour, les extrémistes américains de droite considèrent l’Ukraine comme un conflit avec peu de risques.

En septembre, une importante publication d’extrême-droite, liée à la division Atomwaffen du groupe de terreur néonazi américain, dissoute, a déclaré avec audace que la guerre non seulement « n’a plus d’importance pour nous », mais elle « aimerait se recentrer » sur les questions américaines.

« Il est franc, à propos d’une demi-monde de guerre alors que nous avons des questions plus urgentes chez nous, c’est franchement, pas dans notre intérêt. »

C’est un sentiment qui rappelle les déclarations des candidats républicains à la présidence Donald Trump, Ron DeSantis et Vivek Ramaswamy – qui ont tous caractérisé la guerre comme un problème lointain.

Mais il y a seulement cinq ans, l’Ukraine était considérée comme un terrain d’entraînement fertile pour les extrémistes d’extrême droite.

Rinaldo Nazzaro, l’ancien entrepreneur du Pentagone basé en Russie devenu fondateur de l’organisation néonazie internationale The Base, a déclaré à son groupe lors d’une réunion secrète qu’il considérait la guerre comme une occasion d’un éventuel oléoduc de formation. Et un ancien membre de la Base, Ryan Burchfield (un abandon du Corps des Marines), a fait le voyage en Ukraine en 2019 en cherchant à rejoindre une milice ultranationaliste. Peu de temps après son arrivée, les services de renseignement ukrainiens ont déporté Burchfield et un autre Américain pour des activités terroristes.

Dans les textes du Guardian, Nazzaro a expliqué son point de vue sur le conflit.

« Je pense que nos gars peuvent trouver une formation adéquate ailleurs sans risquer leur vie en Ukraine », a-t-il déclaré, ajoutant que la guerre n’était pas dirigée par des forces qui avaient « nos intérêts à l’esprit ».

Joshua Fisher-Birch, un analyste de l’extrême droite pour le projet de contre-extrémisme, a gardé un œil sur les extrémistes de droite et leur fascination pour l’Ukraine.

« Le chemin de fer de l’extrême droite en ligne américain concernant les voyages en Ukraine pour lutter contre l’invasion russe a diminué au cours de l’année écoulée », a-t-il déclaré, soulignant que dans certains cas, parler de l’aventure à la guerre était « n’est jamais grave » ou une « tentative flagrante de lever des fonds par le biais du financement participatif, ou a été abandonnée en raison de la réalité brutale du conflit ou de ne plus voir d’objectif pour le mouvement américain ».

La menace des forces de l’ordre a également été un moyen de dissuasion majeur pour les extrémistes de droite qui tentent de se joindre à l’effort de guerre ukrainien.

« Il est également très probable que les efforts des gouvernements américain et ukrainien ont rendu les déplacements de ces personnes plus difficiles », a-t-il déclaré.

Pour les néonazis européens, en revanche, le conflit est à leur portée. L’impérialisme russe incontrôlé est toujours considéré comme une menace de proximité par les mouvements nationalistes sur tout le continent. Ils considèrent les Américains et les anglophones dans leur mouvement comme ignorants de la réalité de la machine de propagande du Kremlin.

« Nous faisons de notre mieux pour comprendre le fait que, dans l’Anglosphere, il y a un autre type de chambre d’écho où la propagande du Kremlin domine principalement et que l’on n’a probablement jamais entendu la vérité », a déclaré un important compte rendu néonazi européen sur Telegram en mars de l’année dernière, en s’en apercrant déjà la diapositive du conflit entre anglophones.

« Cela dit, il reste une limite à la quantité d’ignorance que nous pouvons tolérer », poursuit le billet. « Notez que beaucoup de nos gars ont été en première ligne eux-mêmes, et tout le monde ici connaît au moins quelqu’un qui l’a fait. »

Les nationalistes européens de droite ont servi en première ligne de la Scandinavie, de la Pologne, du Belarus et de la Russie, entre autres. Mais pour de nombreux extrémistes américains, la perspective réelle de rejoindre le conflit comporte des difficultés pratiques et logistiques ainsi qu’un grand degré de risque pour la vie et l’intégrité physique.

« Nous confondons la fascination pour le conflit ou pour certaines unités de l’extrême droite en ligne avec leur présence réelle en Ukraine combattant », a déclaré Kacper Rekawek, maître de recherche et chef de programme au Centre international pour la lutte contre le terrorisme et expert des combattants étrangers en Ukraine.

Rekawek a dit que l’un des principaux inhibiteurs pour les Américains qui rejoignent la guerre, par rapport aux Européens, est la distance et le langage.

« C’est loin », a-t-il dit, « c’est dans un langage très inconnu et il fait froid là-bas… C’est solitaire là-bas. »

Rassemblement “identitaire” à Paris [MàJ] Armes et Cagoules retrouvées sur le passage de 20 fichés S sur 36 GUDards alors qu’ils se rendaient au défilé “identitaire”

Le Parisien : Maisons-Alfort : des armes et des cagoules retrouvées sur le passage de 20 fichés S du GUD Les militants de l’ultra-droite ont été contrôlés ce samedi après-midi alors qu’ils se rendaient probablement à une marche identitaire à Paris. Ils ont été laissés en liberté.

Maisons-Alfort, ce samedi après-midi. Des tags ont été constatés sur le passage des militants du GUD Paris.
Maisons-Alfort, ce samedi après-midi. Des tags ont été constatés sur le passage des militants du GUD Paris.

Gros déploiement de policiers ce samedi après-midi à Maisons-Alfort dans le Val-de-Marne pour contrôler des jeunes de l’ultra-droite. Ces militants du GUD, dont une vingtaine de fichés S, se rendaient très probablement à la manifestation organisée par l’association identitaire Paris Fierté en hommage à Sainte Geneviève, « patronne » de la capitale, sur la montagne du même nom, en plein cœur de la ville.

Le préfet de police de Paris avait pris un arrêté d’interdiction de cette marche, ainsi que d’une contre-manifestation prévue par une organisation « antifa », invoquant des risques de troubles à l’ordre public. Un arrêté invalidé par le tribunal administratif ce samedi, ce dernier considérant que l’arrêté en question « porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation ».

Des dégradations sur le trajet

Selon nos informations, rue Médéric à Maisons-Alfort, un sac à dos rempli de cagoules, de bombes lacrymogènes et de cutters a été retrouvé sur le passage des militants. Les policiers ont relevé l’identité des 36 personnes. Il n’y a pas eu de placements en garde à vue, nous a confirmé ce samedi soir le parquet de Créteil. « Comme les armes étaient dans un seul sac à dos qui n’appartenait évidemment à personne, c’était difficile de faire tenir l’infraction d’attroupement armé », glisse une source policière.

Les policiers devaient procéder à des prélèvement scientifiques pour déterminer si les tags constatés sur place pouvaient être imputés aux personnes contrôlées. « Des vérifications sont en cours pour d’éventuelles dégradations », ajoute le parquet.

Le Parisien

 


Défilé néo-fasciste torché, reconnaissez sa signature bruitiste
de sa tonalité braillarde façon tribune de stade et légion de ses slogans primaires néo-skin et néo-hool. “justice pour Thomas”, “Justice Pour Lola”, “on est chez nous” martelés au tam-tam approximatif avec la sono-mobile qui crache du Rac Identitaire Français entre les interventions  du jeune garçon chef de meute qui pousse très fort dans le micro sans fil dans la lueur des gyrophares et dans les rues désertées; autours de la parade identitaire on voit des personnes faire demi-tour, accélérer le pas, frôler les murs, sous les drones policiers, sous les fenêtres de parisien-ne-s consterné-e-s et devant les vitrines de commerçants inquiets.

La vitrine folklorique “hommage à la Sainte Patronne de Paris” affichée en carte-postale est brisée : Factuellement, sous bannière “Sainte Geneviève” et d’une église à une autre église, le défilé identitaire néofasciste torché dit “apolitique” et encadré de crews cagoulards dans la fumée de torche ultra propose ses saillies racistes braillardes et politiques en  ciblant particulièrement le Préfet de Paris Laurent Nunez, le Premier Ministre Gérald Darmanin, … en parlant trop fort dans le micro pour lancer ses braillards avec peine sur ce tam-tam approximatif, entre les chansonnettes RAC identitaires françaises diffusées à fort volume dans la sono-mobile.

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14:25 – On aperçoit Aurélien Verhassel leader Génération Identitaire dissous et déjà condamné, le barman associatif en chef de la Citadelle de Lille, vu dans le reportage “Decade of Hate” et chez Cyril Hanouna sur le plateau de TPMP;
et la voix féminine qui parle au micro de ” cette élite politique hors sol ” me fait penser à un édito de CNews et Valeurs Actuelles, pas du tout à un hommage à Geneviève ni à l’image de Paris.

 


La contre-manifestation prévue par l’Action antifasciste Paris-Banlieue a également été autorisée par la justice administrative, a indiqué le tribunal à l’AFP.

« Parisien, défends-toi, tu es ici chez toi », ont scandé samedi soir les militants identitaires, le visage souvent masqué, au son d’un tambour lors de leur marche, discrètement encadrée par les forces de l’ordre, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos », ont répliqué place de la Sorbonne les « antifas », qui se sont réunis eux aussi sous présence policière.

20 Minutes

 


Dans le brouillard et la fumée des torches de stade, encadré de cagoulards, avec un cordon de service d’ordre pour maintenir les journalistes, caméras, photos et micros à l’écart.

 


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Groupuscules d’ultra-droite : analyse d’une émergence identitaire décomplexée par Jean-Yves Camus

” on est chez nous on est chez nous ” raciste
Vs
” on est chez nous … ” antiraciste

J’ai lu récemment que la locution ” on est chez nous ! ” était un slogan historique de l’extrême-droite; il y a un film de fiction politique intitulé “Chez Nous” (2017) ; Présent à l’avant-première.
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Mais en pratique manifeste vocale ?
Beaucoup écrit par des “penseurs” et des “intello” identitaires sur le papier, aperçu sur des bannières territoriales, mais sur le terrain de la pratique manifeste vocale – soniquement – c’est pourtant un slogan vocal antiraciste ! Repris vocalisé collectivement par le mouvement intersquat notamment, ou vocalisé aussi par le mouvement de travailleurs embauchés illégalement dit “sans papiers” dont la version non tronquée est

“on est chez nous, on ne veut pas partir, droit au travail, droit aux logements, non aux expulsions”

que j’entends et partage depuis 1995 au moins.
bien que des historiens de l’Extrême-droite exhument des archives écrites papiers, tracs, journaux, de sombres “intellectuels” avec “chez nous” comme slogan écrit, son expression vocale collective en mobilisation, en manifestation sociale est une pratique antiraciste effective.

“chez nous” braillé façon hooligan de stade c’est récent et c’est encore un détournement de l’extrême-droite qui tente de récupérer des luttes à son compte, en tronquant des slogans pour en détourner l’usage et en revendiquer la paternité. Il est tout à fait connu que ces officines néofascistes de la stratégie métapolitique en guerre culturelle s’inspirent attrape-tout ouvertement,
des manifestations progressistes pour mettre en scène leur défilés victimaires=identitaires néo-fascistes,
des performances de Femen et de Green Peace pour médiatiser Génération Identitaire et leurs actions illégales,
des “black blocs” pour organiser des “white-blocs” de néo-ratonade,
c’est la sono-mobile RAC qui ne diffuse pas “Porcherie” ni “Antisocial”
… etc.

Bonus : Griot “On est chez nous” bien rythmé tous ensemble en chant choral pas braillard de jour et non-cagoulé devant l’Ass. Nationale (2015)


 



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Vu le courrier électronique du 3 janvier 2024 transmis aux services de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), par lequel Monsieur Martin ESCARD déclare au nom de l’association, « PARIS FIERTÉ », une « marche aux flambeaux en hommage à Geneviève, patronne de Paris » le samedi 13 janvier 2024 avec un rassemblement prévu à 18h00 au Pont de la Tournelle suivi d’un départ en cortège Quai de la Tournelle en direction de l’église Saint-
Étienne-du-Mont, en passant par le pont de la Tournelle, le quai de la Tournelle, la rue de Pontoise, le boulevard Saint-Germain, la rue des Bernardins, la rue des Écoles, avant une dispersion à 20h30 devant l’église Saint-Etienne-du-Mont rue de la Montagne Sainte-Geneviève ; […]

Vu l’urgence,
ARRETE :

Article 1er – La manifestation susvisée, déclarée le 3 janvier 2024 par Monsieur Martin ESCARD, au nom de l’association « PARIS FIERTE », pour le samedi 13 janvier 2024 à Paris est interdite.

Article 2 – La préfète, directrice de cabinet, le directeur de l’ordre public et de la circulation et la directrice de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera notifié à Monsieur Martin ESCARD ou à toute personne représentant l’association « PARIS FIERTÉ » et consultable sur le
site de la préfecture de police www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

Arrêté n°2024-00035 3

https://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/sites/default/files/Documents/Arrete_2024-00035_interdiction_totale_PARIS_Fierte_13_1_24_sans_signature.pdf

 


Comme chaque début d’année, le collectif Paris Fierté, fondé en 2005 par des membres de l’organisation dissoute Génération Identitaire ; organise dans le Quartier Latin une marche aux flambeaux en l’honneur de Sainte Geneviève dite la sainte patronne de Paris et des gendarmes.


https://www.parisvox.info/wp-content/uploads/2017/01/15941210_10155364070736030_467166905845281148_n-300x169.jpg

Janvier 2017 : Pour clôturer la marche de l’association Paris-Fierté, In Memoriam joue à guichet fermé sur une péniche à Paris, sous le Pont des Arts6.

L’extrême droite et la scène viking | ARTE Regards

Ambiance médiévale et batailles épiques : le plus grand festival viking au monde se déroule à Wolin, en Pologne. Hélas, ce rassemblement costumé n’attire pas que les amateurs du genre : voilà des années que l’extrême droite s’infiltre parmi les participants et les visiteurs. Pour Dennis, jouer au Viking n’est pas qu’un loisir, c’est un mode de vie. Le serrurier et sa femme Jenny, directrice d’une grande surface, passent leurs week-ends dans un village viking situé dans la campagne d’Alfeld, au sud de Hanovre, qu’avec d’autres adeptes ils ont bâti de leurs mains et où ils vivent sans eau courante, électricité ni télé. Pour ces néo-vikings, le festival de Wolin est sans doute l’événement de l’année. Il faut dire qu’on y croise des milliers de fans du monde entier. Toutefois, nos aspirants vikings doivent désormais résister à un autre type d’assaut. Au festival, l’étalage de croix gammées et autres symboles d’extrême droite est de plus en plus fréquent. Il faut dire que cette mouvance a toujours eu un faible pour cette culture. Ainsi, l’écomusée viking d’Oerlinghausen, dans les environs de Bielefeld, qui fut fondé par le régime nazi dans le but de démontrer la supériorité de la “race nordique”. Karl Banghard, son directeur, observe depuis des années maintenant le noyautage du milieu viking par l’extrême droite, en particulier au festival de Wolin. Reportage (Allemagne, 2022, 32mn)

En France :

Le rassemblement NSBM international en 2016 “Ragnard Rock Fest” programmant Graveland, Nokturnal Mortum, Naer Mataron, Kroda, … etc. avait pour vitrine un festival viking, avec village viking et troupes de combat vikings,  dont 40 ukrainiens de la mouvance AZOV autours d’une scénographie rune odal.

Dossier de presse Ragnard Rock 2016

 

Cinq groupes néonazis sont au programme du festival clandestin « Rock antiwokisme » censé se tenir samedi 18 novembre [2023] en Rhône-Alpes. L’organisateur a été un chef de file du groupuscule dissous Blood and Honour. La tête d’affiche, Bunker 84, est connue pour ses morceaux à la gloire du Troisième Reich.

Choc frontal, qui a enregistré, sous le nom de « Béhourd final », l’hymne de la Fédération française de béhourd, un sport de combat médiéval en armure prisé des adeptes de l’extrême droite

Mediapart

 

Damien, le responsable local de SOS Calvaires et organisateur de ces événements, ne nie pas la présence de ces personnes qu’il préfère définir comme ” conservatrices” mais veut préciser qu’il est le seul membre officiel de l’antenne du 45 de SOS Calvaires. ” Nous accueillons tout le monde“, explique Damien invoquant la charité chrétienne. Il assure s’opposer fermement aux idées nazies et néonazies et juger la croix gammée de son participant “scandaleuse”, mais ” d’un passé révolu“.

Le ” passionné de patrimoine” se défend de toute visée politique de cette association et de l’événement. ” Mon but c’est de préserver le patrimoine religieux. Or il se trouve que ceux qui sont le plus sensibles à ce projet sont plus conservateurs.” S’il constate que des membres de Reconquête!, le parti d’Eric Zemmour, l’ont approché pour venir à l’événement, il assure leur avoir rappelé que ce n’était pas un meeting politique. Ils n’auront pas le droit de distribuer des tracts, selon lui.

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L’association mère, SOS Calvaires, se défend elle aussi d’être une association politique et assure n’être liée à “aucun mouvement catholique”. Créée en 1987 pour restaurer des calvaires dans la région angevine, une nouvelle direction prend le relais en 2020 et donne une ampleur nationale au mouvement. Des dizaines d’antennes se créent en France.

France 3

France Bleu

 

Un jeune militaire et un policier retraité sont suspectés d’avoir conduit un vaste trafic d’armes à destination de divers militants d’extrême droite. Le père du premier n’est autre que l’ancien leader du projet de dark ambient Les Joyaux de la Princesse

Un jeune militaire et un policier retraité sont suspectés d’avoir conduit un trafic d’armes à destination de divers membres de l’extrême droite. 89 armes ont été saisies et une dizaine d’acheteurs ont été identifiés. Parmi eux, un adolescent proche du groupuscule Division Martel et une figure de La Manif pour tous.

Aux environs de 6 h 20, le 14 novembre 2023, les effectifs du GAO empruntent un chemin de terre, franchissent le portail métallique donnant accès à un corps de ferme dans l’Orne. Le Groupe d’appui opérationnel de la DGSI oblique vers le bâtiment de droite que des militaires ont transformé en dortoir. La porte est ouverte. Les policiers pénètrent à l’intérieur et interpellent dans son sommeil Émilien Konofal. Dans le sac à dos contenant ses effets personnels : une arme de poing chargée à blanc, un poignard de combat et un drapeau représentant un « soleil noir », l’emblème gravé dans le quartier général des SS au château de Wewelsburg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

Au même moment, deux cents kilomètres plus loin, dans un cabanon au fond de son jardin à Thouars (Deux-Sèvres), les policiers découvrent quatre pistolets, deux revolvers, un fusil de chasse, une carabine 22 Long Rifle, sept grenades et six cents cartouches de divers calibres. Le caporal Konofal n’achèvera jamais la formation qu’il était en train de dispenser à ses frères d’armes du 2e régiment de dragons.

Illustration 1
© Photo illustration Sébastien Calvet / Mediapart

Dix minutes plus tôt, une autre équipe du GAO s’était approchée d’une villa à Solliès-Pont dans le Var. La colonne d’assaut s’est positionnée devant la porte d’entrée tandis que le reste des effectifs s’est déployé devant chaque volet fermé pour s’assurer que l’objectif ne puisse s’échapper.

Après avoir utilisé un ouvre-porte hydraulique, les policiers encagoulés pénètrent dans la villa. Au sortir de la cuisine, un homme leur fait face, l’arme au poing.

« Police ! Police ! », crient les membres du GAO.

Après un moment d’incertitude, l’individu aux cheveux poivre et sel finit par lever les mains tout en prenant garde de bien pointer le canon de son arme vers le haut. Ensuite, il se baisse puis dépose son arme à terre. Un premier policier le maintient en joue tandis qu’un second éloigne du pied l’arme de poing et qu’un troisième lui passe les menottes. Jean-Paul Caviggia se laisse faire, il connaît la musique. Huit mois plus tôt, il était encore policier.

Chez lui, ce sont trois carabines, un mortier, huit pistolets, dix revolvers et la bagatelle de vingt-huit fusils dont deux kalachnikovs qui attendent qu’on s’en serve. Au total, 89 armes de poing ou d’épaule ont été saisies cette nuit-là dans une série de perquisitions qui devait aboutir à la mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « trafic d’armes » de quatre hommes âgés de 17 à 58 ans, écroués dans la foulée.

L’ampleur du trafic d’armes révélé aujourd’hui et les fonctions occupées par ces deux meneurs présumés, le jeune militaire Émilien Konofal et le policier retraité Jean-Paul Caviggia, font de ce dossier peut-être l’un des plus importants, pour ne pas dire le plus inquiétant, de tout le contentieux du terrorisme d’extrême droite.

À la poursuite de « John Doe »

L’enquête a débuté, presque par hasard, avec l’interpellation en juin 2023 de Hisham Lebbar, 20 ans, originaire de Chambéry (Savoie), pour avoir menacé de tuer son frère avec un couteau. En garde à vue, Hisham, né d’un père marocain et d’une mère japonaise, se revendique du national-socialisme… Parmi ses lectures : Mein Kampf. Parmi ses selfies : lui en train de faire un salut nazi.

Et puis un colis de forme longue posé à côté d’un tas de bois à l’extérieur du domicile familial. Sur l’étiquette, l’expéditeur, un certain « John Doe [Monsieur Tout-le-monde en anglais – ndlr] » résidant « rue du désespoir ». À l’intérieur du colis : une carabine Luigi Franchi de calibre 12. Un fusil de calibre 8×57 est également découvert (ainsi qu’un gilet tactique et des produits servant à la fabrication d’explosifs).

Lors de sa première audition, le jeune homme confirme s’être procuré les deux armes longues auprès de John Doe, contacté sur la messagerie Telegram, « une personne virtuelle » qui se présente « comme un vendeur honnête ». Les premières investigations auprès des entreprises Chronopost et Mondial Relay permettent de déterminer que l’individu qui se cache derrière le pseudo de John Doe (mais aussi d’« Anne Honnyme » ou de « Jean-Michel Aulas »…) envoie des colis (trente-cinq en cinq mois par le biais du seul Mondial Relay) et perçoit, en échange, des fonds de la part d’une douzaine de personnes, la plupart âgées de 20 à 22 ans, dont neuf sont catalogués par la DGSI comme « proches de l’ultradroite ».

Une arme dans le sac à main

Parmi eux bien sûr, Hisham Lebbar dont le Parquet national antiterroriste retient qu’il discute projet d’attentat avec un autre néonazi se faisant appeler « Heinrich » (probablement en référence à Himmler, le chef des SS) tout en cherchant des adresses de la communauté juive, du Parti socialiste ou encore d’un club LGBT+ à Chambéry. Contacté, son avocat, Me Romain Ruiz, conteste tout projet d’attentat de son client : « Cet homme n’a jamais eu de véritable projet terroriste. Quelles que soient ses idées, il n’a pas à subir les errances d’un parquet antiterroriste, qui a manifestement cassé sa boussole. »

On compte aussi dans la clientèle de John Doe un mineur de 17 ans, proche du groupuscule de la Division Martel. Un adolescent qui, selon la DGSI, aurait participé en avril dernier, avec une vingtaine de néonazis parisiens, à l’agression d’élèves du lycée Victor-Hugo. Plus incongru, la diplomate et figure de La Manif pour tous Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation pour l’école (qui soutient les écoles privées hors contrat), a passé en mai 2023 une commande pour un montant de 500 euros au trafiquant d’armes.

Contactée, Anne Coffinier reconnaît avoir acheté à Émilien, le fils d’une amie, « une petite arme de collection du début du XXe siècle, hors d’état de fonctionner, destinée à être mise dans un sac à main de femme, couverte partiellement de chatterton et dont un petit clou dépassait ». Arme qu’elle a finalement renvoyée et dont elle s’est fait rembourser l’achat. « Ma perspective à moi, certes mal informée et maladroite, était purement défensive », précise-t-elle (lire l’intégralité de sa réponse en annexes).

“Et genre, une grenade, je vends ça aux natios 200 euros. [Aux barbus] c’est 400 et elle va leur péter à la gueule !”
Un trafiquant d’armes d’extrême droite

À partir des écoutes judiciaires et de la lecture des échanges sur Telegram, les policiers apprennent que John Doe vend une Sten MK II (un pistolet-mitrailleur britannique) à 650 euros pièce, les deux grenades défensives 350 euros ou encore le pistolet de Manufrance Policeman 700 euros « avec boîte, notice et deux chargeurs compris ». Ça, du moins, ce sont les tarifs en vigueur pour les gens d’extrême droite.

Dans le cadre de l’enquête judiciaire, une infiltration est mise en place par le service interministériel d’assistance technique (SIAT). Le 31 octobre, le trafiquant d’armes propose différents produits au policier cyber-infiltré sur Telegram. « Par contre tu vends pas aux barbus ? », le relancera ce dernier. « Je dois pour combler les fins de mois, prétend le trafiquant. Mais on va dire que j’opère des modifications sur les cartouches et les armes avant de leur vendre… Des modifications “intéressantes” et je leur vends beaucoup plus cher. […] Et genre, une grenade def [défensive – ndlr], je vends ça aux natios 200 euros. À eux, c’est 400 et elle va leur péter à la gueule ! »

 

Les enquêteurs de la DGSI découvrent que l’homme qui se cache derrière le pseudo de John Doe s’appelle en réalité Émilien Konofal et est militaire. « Un soldat complet » avec « d’excellentes capacités intellectuelles », selon sa hiérarchie. Depuis qu’il s’est engagé en 2020, il a effectué des missions au Sénégal, en Martinique, a patrouillé dans les rues de Paris dans le cadre de l’opération Sentinelle. Cependant, lors de sa première notation en 2021, deux supérieurs le mettent en garde quant aux personnes qu’il fréquente afin qu’il ne s’écarte pas de la voie qui lui permettra d’effectuer une belle carrière. On n’en saura pas plus sur les raisons de cette alerte.

L’enquêteur de la DGSI qui l’interrogera lors de sa garde à vue lui demandera :

« Êtes-vous raciste ?

— Non, je ne pense pas », répondra Émilien Konofal.

Le militaire de 21 ans, encarté chez Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, arbore sur son épaule gauche une rune d’Odal tatouée (le sigle de la 7e division de la Waffen-SS, tristement célèbre pour ses crimes de guerre), commande sur Internet une bague avec un aigle et un svastika mais réfute toute adhésion à l’idéologie néonazie.

En même temps, il dira connaître « les codes » de l’extrême droite la plus radicale grâce à son géniteur, aujourd’hui pédiatre renommé, autrefois unique membre du groupe de musique industrielle nommé Les Joyaux de la princesse. « Il a traîné dans toute l’Europe dans les milieux de l’ultradroite donc oui, il y a des passifs, expliquera Émilien à propos de son père. Typiquement, il a été invité plusieurs fois à fêter le Nouvel An chez les Degrelle [Léon Degrelle était ce collaborateur belge ayant combattu sur le front de l’Est, devenu après la guerre un ardent défenseur du nazisme ainsi que des thèses négationnistes – ndlr]. »

Les références nazies des Joyaux de la Princesse

Le groupe du père d’Émilien Konofal, Les Joyaux de la Princesse, a cosigné en 1989 un disque avec Death in June, groupe de dark folk célèbre pour jouer avec les codes de l’esthétique nazie. En 1994, il a participé à une compilation intitulée Zyklon B (avec d’autres groupes comme Final Solution), dont les copies étaient emballées dans un bidon de... Zyklon B, l’insecticide utilisé dans les chambres à gaz des camps d’extermination. En 2004, il a publié l’album In Memoriam en hommage à Philippe Henriot, figure de la collaboration, secrétaire d’État à l’information et à la propagande du régime de Vichy en 1944.

Contacté par mail, le père d’Émilien n’a pas répondu à nos questions. Selon nos informations, le père et le fils avaient coupé les ponts depuis des années.

Le « vivier » des groupuscules néonazis

Pour le reste, le caporal Konofal racontera avoir commencé son commerce en 2021, à son retour de mission du Sénégal. Sa compagne étant enceinte de leur premier enfant et les prix augmentant, leurs deux salaires (elle officie dans le même régiment que lui) ne suffisaient plus, selon lui, à couvrir leurs frais. « Je ne me voyais pas me priver, manger moins de viande ou autre, à cause de l’État. Je ne trouve pas normal de ne pas pouvoir vivre dignement avec seulement mon salaire », se justifiera-t-il.

Alors le caporal Konofal commence par acheter sur Internet des petites armes, légales, qu’il retape afin de les revendre plus cher. À force de discuter avec ses grossistes, on lui propose des armes supposées ne pas se trouver dans le commerce. Et la petite entreprise d’Émilien se développe. Il crée sur Telegram une chaîne baptisée « La Cave » sur laquelle il expose de manière détournée ce qu’il a en rayon.

Générées par un logiciel d’intelligence artificielle, des illustrations représentent des bouteilles de vin sur les étiquettes desquelles sont écrits par exemple « Luigi » (qui fait référence au modèle), « année 2005 » (pour le modèle de l’arme) et « 12° » pour le calibre… Il fréquente la chaîne « La Brocante survivaliste » et les plus fermées « DAF » (pour Division aryenne française) et surtout la « Cellule anti-gauchiste NSF » (pour national-socialisme français).

« C’était un vivier, à l’époque, déclarera-t-il en garde à vue. Pour vendre des armes. »

Sur cette dernière chaîne, huit jeunes, dont Konofal, s’échauffaient à propos des antifascistes, des étrangers et de n’importe quel mouvement libertaire et se promettaient de s’en prendre à ces différentes communautés. « Moi, je vois des gens qui sont perdus et je me dis que je vais pouvoir faire du chiffre sur eux », prétendra le militaire à propos de ses camarades des chaînes néonazies sur Telegram.

Il va jusqu’à leur proposer, moyennant 150 euros par personne, un stage de tir et de combat dans les environs de Carcassonne (Aude) où il passe ses vacances d’été. Un projet qui ne se finalisera pas, selon lui, parce qu’il aurait réalisé la dangerosité de ce genre d’activité.

Le rapport à la morale du trafiquant d’armes est à géométrie variable. « Si quelqu’un fait une dinguerie et tue des gens dans la rue avec une arme, c’est sa responsabilité, pas la mienne. Vous me faites remarquer que vendre des grenades à une personne susceptible de faire n’importe quoi avec devrait me poser un cas de conscience. En fait, non », résumera-t-il lors de sa première audition. Contacté, son avocat, Me Stéphane Babonneau, n’a pas souhaité faire de commentaire.

L’appât du gain est tel que le caporal Konofal n’hésite pas à proposer un contrat à un adolescent de 17 ans, « Obélix88 » (88 en référence au h, la huitième lettre de l’alphabet, pour « Heil Hitler »). 10 000 euros pour tuer un homme ; l’assassinat aurait été commandité par « des mecs de Marseille ». Le jeune homme va être lui aussi mis en examen.

Celui-ci, qui sert de rabatteur pour le trafic d’armes de Konofal, est issu d’une famille musulmane d’origine algérienne liée au grand banditisme (voir l’encadré), ce qui ne l’empêche pas d’affirmer croire aux dieux nordiques, de professer que le nationalisme est « quelque chose de beau » et être convaincu que Marine Le Pen serait en mesure de redresser la situation économique de la France. Entendue comme témoin, sa mère décrira un fils qui ne veut plus qu’on l’appelle par son prénom arabe, un enfant « matrixé » par des « racistes » et des « fachos ». Contacté, l’avocat de l’adolescent, Me Thierry Chamon, n’a pas souhaité faire de commentaire.

En garde à vue, l’adolescent racontera avoir fait la rencontre d’Émilien Konofal dans un bar à Paris. Le militaire lui aurait fait part de son souhait d’une guerre civile en France, qu’il suffirait de s’en prendre à une mosquée, que « les banlieues allaient chauffer comme en 2005 quand un “négro” et un “bougnoul” [sic] sont morts, les cités étaient en flammes ». Des propos qu’Émilien Konofal contestera avoir tenus.

Quartier nazi d’Eisenach : qui sont les « Knockout 51 » ? | CTRL_F

Ils s’entraînaient aux arts martiaux et voulaient apparemment tuer des membres de la scène de gauche. Certains membres du groupe nazi « Knockout 51 » n’étaient même pas majeurs. Pendant des années, au moins 14 membres auraient travaillé à Eisenach pour créer un « quartier nazi ». « Knockout 51 » a terrorisé la petite ville de Thuringe non seulement avec des graffitis et des autocollants menaçants, mais aussi avec de nombreux crimes violents. Ce sont surtout les jeunes présents sur place qui ont ressenti la terreur. Le ministère public fédéral a désormais inculpé les quatre principaux accusés: ils ont fondé ou appartenu à une organisation criminelle et terroriste. Julian Feldmann, Sebastian Heidelberger et Timo Robben ont tenté de parler aux personnes concernées et bien sûr aux membres présumés de la jeunesse nazie.

Une délégation comtoise rend hommage à des dignitaires nazis

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En marge des commémorations du Huit-Mai 1945, une soixantaine d’activistes ultranationalistes se sont retrouvés en Alsace samedi dernier. Dans leurs rangs, une délégation comtoise était présente. Mais de ce côté là du spectre, les honneurs rendus l’ont été pour les combattants Waffen-SS.

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« Flambeaux, bières et chansons. »

Le recueillement était unanime lors des commémorations du Huit mai 1945, jusqu’au « Rassemblement National » de Franche-Comté dont la figure Jacques Ricciardetti a célébré l’instant. Seule une petite poignée d’irréductibles s’est inscrite en défaut de cette date, programmant un hommage parallèle le samedi 14 mai dernier à Sainte-Croix-aux-Mines. Ainsi que le révèlent nos confrères de « Rue 89 Strasbourg » repris par « Médiapart », une soixantaine de militants d’extrême-droite se sont en effet réclamés de la mémoire de dignitaires nazis. Une soirée flambeaux, bières et chansons, étendards SS et soleils noirs n’étant pas oubliés, visant à saluer douze français volontaires de la division Charlemagne capturés puis fusillés peu avant l’armistice. Lesquels sont qualifiés de « martyrs » et de « héros », selon la revendication diffusée sur le fil Telegram identitaire « Ouest Casual. »

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À l’initiative, on retrouve la « Lothringen Division » et le groupe de rock néonazi « Match retour. » Ainsi que des invités triés sur le volet, visibles sur des photographies annexes soigneusement floutées. Toutefois apposé sur la chaussure Rangers d’un protagoniste, figure clairement un autocollant marqué des lettres « VDL BSK. » Il s’agit de l’étendard du groupuscule « Vandal Besak », formation paramilitaire et semi-clandestine de la capitale comtoise. Leurs membres s’étaient notamment illustrés lors de violences durant l’opposition au pass sanitaire les 17 juillet et 14 août 2021, avec l’attaque d’un meeting du NPA le 9 mars 2022, ou par un parasitage du cortège du 1er mai dernier. Théo Giacone, ancien cadre Lepéniste, avait d’ailleurs été exclu du parti après avoir affiché ces couleurs singulières. Comment ce symbole confidentiel et local peut-il avoir été aperçu en terres alsaciennes ?

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Flambeau en main sur fond d’un soleil noir, une personne drapée de runes participe à la cérémonie. Sur sa chaussure gauche, un autocollant des « Vandal Besak » – capture d’écran « Ouest Casual. »

Nos néonazis comtois ont du talent.

À notre interrogation, Sébastien Favier dit Sanglier a sans doute quelques réponses. Directement mis en cause dans une série de tabassages en 2019 et 2020, l’ancien légionnaire avait accédé à la notoriété suite au saccage de l’arc de Triomphe le 1er décembre 2018. Si il a été relaxé de ces charges, portrait d’Hitler, drapeaux du IIIe Reich, ainsi que nombreuses armes blanches et à feu avaient été découvertes à son domicile bisontin. Considéré comme le meneur historique des « Vandal Besak », celui-ci a publié un cliché très précis de l’événement dès le 15 mai sur son compte « Instagram » Soit vingt-quatre heures avant les toutes premières annonces officielles. Il faut dire que l’intéressé assume ses idéologies et tendresses les plus obscures, s’affichant, par exemple, entre deux visuels antisémites, en train de faire un salut fasciste revêtu de la tenue militaire et d’un fusil.

D’après nos informations, à ce stade aucune suite n’aurait été entreprise à propos de l’assemblée litigieuse et surtout de sa nature pour le moins discutable. Y compris sur le plan pénal, pourtant pleinement envisageable. Selon les dispositions de l’article 24 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 et sa jurisprudence, il est ainsi prévu que : « seront punis [de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende] ceux qui, par l’un des moyens énoncés en l’article 23 [de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881], auront fait l’apologie des crimes visés au premier alinéa, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de réduction en esclavage ou d’exploitation d’une personne réduite en esclavage ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi, y compris si ces crimes n’ont pas donné lieu à la condamnation de leurs auteurs. »

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Sébastien Favier dit Sanglier exécutant un salut fasciste, publication du 6 mars 2022 – capture d’écran « Instagram »

Hammerskins

Infiltrés dans la Fraternité Hammerskins – WDR Doku

Le documentaire révèle le danger que représentent les “Hammerskins” – un réseau d’extrême droite qui opère en secret et est souvent fatalement sous-estimé. Ils croient en la “suprématie blanche”, s’entraînent pour un coup d’État prétendument imminent le “Jour X” et ont des liens avec des terroristes d’extrême droite. Les “Hammerskins” sont l’un des groupes d’extrême droite les plus influents et les plus anciens d’Allemagne. Qu’il s’agisse d’événements lucratifs de rock de droite ou d’arts martiaux d’extrême droite – les principaux “Hammerkins” ont un doigt dans le gâteau dans de nombreux endroits. Malgré cela, on sait peu de choses sur elle. Les recherches de MDR et du magazine WDR MONITOR montrent : Les “Hammerskins” sont une sorte de société secrète, ils aiment rester sous le radar et tirer les ficelles en arrière-plan. Ils se considèrent comme une organisation d’élite, sont en réseau dans le monde entier et organisés comme un club de rockeurs [terme allemand pour les gangs de motards criminalisés dits “1%”] : fermés à l’extérieur, les hiérarchies à l’intérieur. Il n’y a pratiquement pas d’abandons – une fois que vous y êtes, restez avec nous ou gardez le silence après. Les aperçus de l’intérieur de la société secrète néo-nazie que le documentaire fournit sont d’autant plus extraordinaires. Des images secrètement tournées d’événements importants, des extraits de forums internes, des photos de réunions secrètes, des concerts complotistes et même des entraînements au tir montrent à quel point les “Hammerskins” sont actifs et violents.

La recherche montre également qu’il y a toujours eu des meurtres et des actes de violence d’extrême droite dans lesquels les auteurs appartiennent au spectre Hammerskin. Même des attaques terroristes ont impliqué des membres des Hammerskins. Les autorités de sécurité l’ont également remarqué. Néanmoins, ils semblent souvent rester les bras croisés et ne rien faire. Vous retenez-vous consciemment ? Ce qui est frappant, c’est que plusieurs Hammerskins ont été exposés comme informateurs dans le passé. Il n’y a jamais eu de conséquences, comme une interdiction. La société secrète est plus occupée que jamais.

00:00 - 04:16 Les Hammer
04:17 - 05:56 La hiérarchie chez les Hammerskins
07:01 - 08:16 Le réseau Hammerskins
11:47 - 12:33 Livres de règles Hammerskins
15:58 - 18:09 rôle du business de la musique pour la scène d'extrême droite
19:45 - 22:55 Arts martiaux et violence
22:56 - 25:02 "Bataille des Nibelungs"
26:54 - 29:54 Hammerskins et terreur de droite
37:21 - 39:07 Rôle du Bureau de la protection de la Constitution
40:58 - 42:46 Hammerskins aux manifestations COVID-19

Le 30 mars dernier, une vaste opération policière dans huit régions différentes a conduit à l’interpellation de onze néonazis du réseau Blood & Honour (BH) : au cours des perquisitions, onze armes d’épaule, deux revolvers gomme-cogne, 28 armes blanches, des gilets pare-balles, des casques lourds et divers bibelots nazis ont été découverts. Pour mieux comprendre de quoi il retourne, voici une petite présentation de l’histoire, des animateurs et des activités de ce réseau néonazi français.

https://lahorde.samizdat.net/blood-honour-hexagone-du-bruit-des-coups-des-armes

lundi 11 avril 2016

Blood & Honour Hexagone logo

[Mise à jour du 12 avril]

 

Alors que l’état d’urgence est prolongé jusqu’au 26 mai, que des milliers de perquisitions, des centaines de gardes-à-vue ont été menées sur de simples présomptions, les trois principaux membres de Blood & Honour, en dépit du stock d’armes découvert chez eux, sont ressortis libres (sous contrôle judiciaire) après leur mise en examen pour “association de malfaiteurs, acquisition, detention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat” (ouf !) : pour le parquet de Marseille, « le trouble à l’ordre public est loin d’être évident  ». Quelque chose nous dit qu’il en aurait été autrement si les trois interpellés s’étaient appelés Ahmed, Ibrahim et Abdel, et si on avait trouvé chez eux des exemplaires du Coran à la place de Mein Kampf … Mais il se trouve que nos pieds nickelés s’appellent Loïc Delboy, David Dumas et Pierre Scarano, trois militants néonazis “bien de chez nous” du Réseau Blood & Honour Hexagone [ Nous avions hier cité par erreur les noms de Romain Balchon et Jérémy Recagno, deux autres membres de BH Hexagone, qui n’ont pas été mis en examen dans cette affaire. ]

Bloudounounours made in France

À visage découvert, Ian Stuart Donaldson.

Rappelons que tout au long des années 2000, divers groupes en France vont se réclamer de Blood & Honour, un réseau anglais qui depuis trente ans fait la promotion de groupes de musique néonazis. Le site antifasciste REFLEXes a rappelé que l’une de ces sections locales, la section BH Midgard, a entretenu des liens étroits avec le groupe de RAC Fraction dans lequel se produisaient les fondateurs des Identitaires, Fabrice Robert et Philippe Vardon, ce dernier étant aujourd’hui cadre au Front national : ce proche de Marion Maréchal Le Pen a même été nommé récemment responsable FN de la première circonscription des Alpes-Maritimes…

Jean-Yves Wébert (de Toul, encore)
Yoann Lodbrok (Bourgoin)
Jonathan Bottin (Genève)
Alexis Peissonneaux (Lyon)
Romain Blachon (Lyon)
Loïc Delboy (Marseille, chef de B&H Hexagone)
Xavier Bourgeois (Collombey-Muray, Suisse)
Nicolas Gayraud (tatoueur faf aussi, chez Misanthrop’Ink, à Monthey, Suisse)
Loïc Staïanov (Toulouse). [Merci à Louise Michel pour la photo]

Or Blood & Honour Hexagone est justement issu de la fusion de différentes sections BH en France, dont la section BH Midgard. Bien implantée dans le Sud de la France, Blood & Honour Hexagone organise ainsi un ou deux concerts par an, avec une technique bien rôdée, également utilisée par les néonazis allemands pour organiser des concerts néonazis dans l’est de la France : louer une salle municipale d’un petit bled sous un faux prétexte, le plus souvent une fête d’anniversaire.

Le livret de l’album de Frontine.

C’est Loïc Delboy qui, après la fermeture de la section BH Milgard, monte en 2010 Blood & Honour Hexagone. Delboy faisait alors partie du groupe Frontline (attention : ne pas confondre avec la marque de vermifuge pour chat), avec Michael Moustier (responsable des Jeunesses identitaires sur Aix, animateur du fanzine skinhead No one like us , il rejoindra ensuite le groupe Haï et Fier), Alexandre Garcia (qui fut le premier trésorier des Identitaires) et Michael Dumas (qui a depuis monté un business de vêtements en ligne, Fleur de Bagne), frère de David Dumas, qu’on retrouve lui dans le groupe Bordels Boys.

Des hommes, des vrais, des tatoués

En dehors de quelques randonnées et autres sorties nature, la division 28 [1] française organise à partir de 2011 un concert par an ainsi qu’une fête pour le solstice d’été à la mi-juin.

À gauche : l’affiche du premier concert de BH Hexagone. À droite, l’un des solstices fêtés par BH : guitare sèche, tendres accolades, veillées autour du feu… Eh les gars, vous êtes des skins ou des hippies ?

Mais ces dernières années, le réseau a diversifié son activité en organisant des compétitions de free fight ou MMA  [2] : une première édition a lieu le 7 juin 2014, à Pollionnay, une petite ville à proximité de Lyon, rassemblant environ 150 personnes, puis une seconde l’été dernier, cette fois à Talencieux, près d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche.

Les deux éditions des compétitions de MMA organisées par BH Hexagone. À droite, le groupe Légitime Violence, qui y a joué en juin 2015.

Pour organiser ces évènements, BH Hexagone s’appuie sur Pride France, une boutique en ligne de vêtements de marques d’extrême droite. Derrière cette boutique, on trouve Tomasz Szkatulski, alias Gamin, un skin néonazi de la région lilloise, actif depuis la première moitié des années 2000. Il avait déjà à l’époque tenté de monter une structure Blood & Honour avec l’aide d’un chapitre hollandais dans le nord de la France. Il avait ensuite donné dans le soutien aux prisonniers politiques néonazis, mais l’initiative c’était mal terminée, avec une histoire d’argent détourné. Depuis quelques années, il a donc lancé sa boutique de vêtements en ligne et il parcourt l’Europe pour participer en tant que combattant à des tournois de MMA organisés par des structures d’extrême droite.

Tomasz “Gamin” en tant que combattant de MMA et avec l’équipe de B&H.

Ces compétitions de MMA sont également soutenues par White Rex, une marque de vêtements sportifs d’extrême droite, basée en Russie et qui tente de monter en Europe de l’Ouest (en particulier en Italie) une série d’évènements pour promouvoir la marque auprès des milieux nationalistes et des skins néonazis. Dans leur partenariat avec Blood & Honour Hexagone, ils se chargeaient d’apporter tout ce qui concernait l’infrastructure technique pour la tenue des combats, ainsi que des récompenses pour les gagnants.

Enfin, parmi les autres activités organisées par le BH Hexagone dans la région lyonnaise, on trouve des conventions de tatouages, comme le Oi ! Tattoo Fest. Ces évènements sont organisés avec l’aide logistique de Lyon Dissident, ancien groupe de skins nazis lyonnais qui fut actif durant quelques années au début des années 2010, autour de leur local Bunker Korp et du groupe RAC Match Retour. Jérémy Recagno, qui a été entendu dans l’affaire, est lui aussi tatoueur (il tenait un salon sur Marseille), et s’est retrouvé l’an passé derrière les barreaux pour détention d’armes.

Lors du dernier concert de BH Hexagone, la police s’est invité pour préparer son coup de filet : le 5 mars dernier, à l’appel de Blood & Honour Hexagone, 400 crânes rasés se sont en effet rassemblés à Torchefelon, près de La Tour-du-Pin (Isère), pour écouter les douces mélodies de Bunker 84 qui s’était reformé pour l’occasion, mode du vintage oblige. Les flics en ont profité pour effectuer des contrôles massifs, saisissant au passage cocaïne, amphèts et diverses armes blanches, et pour noter méticuleusement les plaques d’immatriculation des véhicules de nos joyeux drilles. Résultat, moins d’un mois plus tard, perquisition chez les principaux animateurs du réseau, dans huit région différentes, avec le résultat que l’on sait.

Delboy avec ses amis de l’AF.

Il serait prématuré de parler de fin, même temporaire, de BH Hexagone, puisque ce dernier, via les sections étrangères, a confirmé qu’elle maintenait les évènements annoncés pour les mois à venir. Et si BH Hexagone venait à disparaître, d’autres mouvements sont prêts à occuper le champ laissé libre en France, comme les Hammerskins ou le Front des Patriotes, qui semble vouloir se développer hors de ses frontières historiques. Par ailleurs, comme on peut le voir sur une des vidéos postées sur le Facebook de l’Action française où l’on aperçoit Loïc Delboy, ces skins néonazis peuvent toujours servir de force d’appoint pour les différents groupuscules d’extrême droite.
La Horde

Notes

[1Les néonazis ont l’habitude d’utiliser un code chiffré, chaque lettre étant désignée par sa place dans l’alphabet : ainsi, les initiales d’Adolf Hitler sont codées 18, Heil Hitler 88 et donc Blood & Honour 28.

[2Le MMA, Mixed Martial Art ou Free Fight n’est en rien lié à l’extrême droite, faut-il le rappeler. Si sa pratique est légale en France, l’organisation de compétitions officielles est bloquée par le Ministère des sports pour des raisons fallacieuses. Si ce sport connaît des difficultés pour se développer aujourd’hui, c’est surtout du aux pressions des fédérations de karaté et de judo qui voient d’un mauvaise œil une pratique qui rencontre du succès se développer en dehors de leur contrôle. En d’autres temps, le full-contact ou la boxe thaïlandaise ont également connu les mêmes problèmes de la part de ces mêmes instances.

Quand les fascistes d’Europe se donnent rendez-vous à Rungis

Samedi 14 novembre, le Gud avait filé un rencard aux partis nationalistes européens, pour refaire le monde et faire la fête près de Paris. Un rassemblement évidemment interdit aux journalistes. Reportage.

J’avais commencé par ressortir de vieux vêtements. Ceux qu’on fout sous son lit. Une paire d’Adidas sale et usée, avec ses trois bandes, blanches. C’est important, ça, le “white”, qu’on m’avait dit. D’ailleurs, on ne le dit pas dans certains milieux d’extrême droite, on le scande, on le fait suivre d’un “!”. C’est un slogan. En haut, un polo cintré, avec sa couronne de laurier, noire, flanquée au niveau du coeur. Ça, c’est à défaut d’avoir mon talisman fasciste à moi, la petite croix celtique. L’oublier, c’est presque commettre une faute de goût dans les codes de ce milieu-là, me fera remarquer un skinhead. Un type pas tout jeune mais plutôt sympa, bière à la main, bière logée un peu partout au niveau de son bassin. Et m’apostrophant en tapotant la sienne, de croix, comme d’autres caressent leur patte de lapin. Reste la veste. Foncée, de préférence. Pour ne pas dénoter. Pour rester dans l’esprit “brun” de la droite extrême. J’en chope une avec deux poches latérales cousues dans la diagonale, façon porte-flingues. Col rabattu et tartan rouge. Je me regarde, j’ai le look. C’est parti.

Ça déconne sec dans la voiture. Il y a Sophie*, il y a Jean et puis moi, journaliste infiltré. On part tous de la région Centre, pas loin de chez “notre pucelle nationale”. Un bon petit convoi de patriotes en ce samedi 14 novembre. On roule vers Rungis, dans le Val-de-Marne, “un département de bougnes !” (bougnoules) hurle Edouard, bras tendu. Tout le monde éclate de rire en frappant des mains.

C’est là que se tient le congrès européen du Gud. Le deuxième du nom. Gud pour Groupe Union Défense, syndicat d’extrême droite nationaliste révolutionnaire, célèbre pour ses actions violentes et un temps interdit. Au programme, une ribambelle de groupes de l’ultra droite européenne. En Guest Star ? Aube Dorée, la sulfureuse bande néonazie grecque. A part ça, des groupes d’Italie, d’Espagne, de Chypre, de Belgique, de Russie, d’Afrique du Sud, et avec, son cortège de militants.

Jean, 21 ans, les phalanges déjà abîmées

Forcément, tout le monde est impatient. Surtout Jean. Il a envie d’en découdre. Ce genre de rassemblements, c’est aussi l’occasion de se faire “des petites sorties avec les camarades”. Traduction : des ratonnades. Jean, c’est le plus excité de la bande. Il est tout jeune, 21 ans, une licence de droit en poche, mais les phalanges déjà abîmées, quelques bagues au doigt et des marques de la tête aux pieds. Bien sapé. Tellement que les nanas sont impressionnées, qu’il raconte. Le mois dernier, il a failli se faire la nana “d’un enculé de nègre”. “Elle kiffait mon style, un peu viril”. C’est vrai qu’il a une bonne tête, avec ses cheveux courts. Surtout sur les côtés. Un peu de longueur sur le dessus, pas trop sinon c’est “socialo”. Après tout, rigole Jean :

On peut être nazi, mais un nazi stylé.”

Et c’est parti pour une séance de saluts hitlériens sur fond de musique punk glorifiant le Maréchal Pétain.

Entre blancs

On arrive vers 12 heures. Déjà une centaine de personnes présentes. Des jeunes, des vieux, des femmes et des gamins. Beaucoup de tatoués, surtout des crânes rasés, tous ou presque habillés de sombre. J’aime pas les clichés mais là, il y a une belle photo à faire. Ça fume des clopes, ça boit des bières et mange des saucisses “100% porc”.

Ça discute attentats de la veille mais pas trop.

C’est la guerre là, il faut prendre les armes. On a la chance d’être entre blancs donc parlons-en …”, propose un ancien qui n’a pas le temps de conclure.

Tout le monde se retourne. Stupéfaction. Voilà qu’arrive Logan Dijan, leader du Gud. Un grand gaillard, costaud et sans cheveux, un tatouage qui ressemble fort au blason de la division SS Charlemagne sur le bras gauche. Il donne quelques consignes, un peu tendu. Dit qu’il ne veut pas en voir certains traîner ici. On comprend qu’il y a de la bisbille en interne. Tu m’étonnes, début octobre, il a cogné l’ancien leader du Gud à son domicile. Une castagne qui l’a envoyé éphémèrement derrière les barreaux, mais qui lui interdit surtout de prendre part aux affaires franciliennes. Logan Dijan n’a pas le droit d’être là. Et il ne restera pas.

Tour d’Europe

15 heures, le congrès va commencer. On passe un portique, une petite fouille :

Pas de poing américain, pas de couteau ?”

Et on file 20 euros à un gars un peu stressé. Tout ça paraît bien officiel. Il y a même des agents de sécurité-incendie, des vrais, en pull rouge et pantalon bleu, tout sourire et décontractés. Le petit monde se dirige vers la salle de conférence, plafond haut et noir. Il y a 350 chaises et c’est plein. On en rajoute même tout au fond.

Elam ouvre la première partie consacrée à l’actualité européenne. Elam, c’est un parti chypriote grec se vantant d’être “l’Aube Dorée” de Chypre. Il faut “reconquérir les territoires”, lance-t-il, et “retrouver la liberté avec les mains et le sang”. Dans leur cas, expulser les turcs de l’île. Les gens hochent la tête, ça plaît, applaudissements nourris dans une ambiance quasi militaire.

Au tour de Casapound de s’exprimer, parti fasciste italien, et de son leader, Gianluca Iannone, un géant à la longue barbe poivre et sel façon cascade de ruisseaux. Lui aussi dira de l’immigration que c’est un “venin”. Idem pour Aube Dorée juste après, qui rendra même hommage à ses militants emprisonnés. Rien, pour les victimes de l’attentat qui a frappé Paris la veille. Rien, à part qu’ils l’avaient “prévu”, tous.

Surtout Hervé Van Laethem, qui intervient en deuxième partie, un homme aux petites lunettes rondes qui discourt pas trop mal, plus une allure de prof ou de politicien que de boxeur. C’est le fondateur de Nation, un mouvement identitaire belge prônant la rémigration. Il fait l’éloge de l’armée syrienne…bon, celle de Bachar Al-Assad, “avant-garde de l’Europe et premier rempart contre le Djihadisme”. Et jure que “l’Europe vaincra”.

Oui, mais comment ? Au tour du Gud d’apporter un fragment de réponse dans son “plaidoyer pour une jeunesse rebelle”. “Les peuples blancs de la planète doivent s’unir (…) car nous ne sommes pas tous égaux”, avance le jeune porte-parole, biceps gonflés comme des voiles en pleine mer. Autre solution, occuper le terrain du “social”.

Des thèmes chers au Mouvement d’action sociale (MAS), qui intervient en dernière partie, et dont le leader est Arnaud de Robert, un grand type aux cheveux noirs coquettement plaqués vers l’arrière. C’est le genre de groupuscule nationaliste à préférer distribuer des repas et collecter des vêtements que se “bastonner dans un pub… même si ça fait toujours du bien”. Enfin, “parfois” seulement. Un peu comme Hogar Social, organisation espagnole connue pour les livres et les conférences qu’elle donne aux “vrais nationaux démunis”. Mais aussi réputée pour occuper les centres de réfugiés, se battre avec les antifas ou “enseigner la boxe”. Et elle a un joli slogan en guise de conclusion : “il faut remplacer les larmes par les armes”.

Fans de la Wehrmacht et de Jean-Marie Le Pen

En parlant d’arme, Jean veut me montrer quelque chose. Ça tombe bien, c’est la fin. Il file vers sa voiture, ouvre sa boîte à gants et brandit façon trophée une matraque télescopique “toute neuve”.

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Je comprends alors que ce n’est pas en tendant l’oreille aux discours policés des conférenciers qu’on se cultive, mais en captant les murmures extérieurs. Près du stand de livres, là où ça vend du Robert Brasillach sans trompettes. A l’écart, là où des skins écoutent un chant de la Wehrmacht sous un ciel vidé d’étoiles. Dehors, où on adule Jean-Marie Le Pen au terme d’une journée sans soleil. Là près des toilettes, où sa fille “Marine est une pute” et le FNJ “une bande de bourgeois sans consistance”. Dans la salle des concerts, où une jeune femme fluette arbore un t-shirt “88” (pour “Heil Hitler”). Là enfin où des bras se lèvent comme des grues, formant un essaim de saluts nazis bourdonnant au rythme des basses. En fait, lorsqu’il est devenu temps, pour moi, de lever le camp avant de devoir lever le bras.

Pierre René

(Les prénoms ont été modifiés)

Le Nouvel Observateur

 


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Yves Alphé et les FTP, dits “les inséparables” au congrès du GUD en 2015.

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Famine s’affiche à la foire du GUD sous les couleurs M8L8TH

Novembre 2015 : C’est la seconde édition du congrès européen du Gud, Famine de KPN Peste Noire et Misanthropic Division s’y affiche ostensiblement devant l’objectif pour la photo-souvenir.

La 3e édition sera organisée par le Bastion Social du GUD.

Famine s’affiche à la foire de Rungis du GUD sous les couleurs M8L8TH à l’occasion du meeting Reconquista avec le bataillon AZOV et du concert RAC traditionnel dont FTP RAC de Angers, sous bannières d’Aube dorée et venues d’Italie, d’Espagne, de Chypre, de Belgique, de Russie, d’Afrique du Sud.

Propagande AZOV :

Azov s’affiche sur un mur, des portes et une planche dans la foire du GUD :

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  • un drapeau signé,
  • une affiche trombinoscope de ses membres
  • et une affiche Reconquista ! projet identitaire unioniste des nationalistes slaves contre la Russie de Poutine et l’Europe des américains.

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  • la table de propagande avec brochure “manifeste corps civil bataillon azov” et un prospectus.

 


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En France depuis 2015, la prospective AZOV et par le biais de la promotion NSBM s’incarne autours de”Bjorn Sigvald” Hammerskin suisse.

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  • “Bjorn Sigvald” hammerskin de Suisse

  • Baise ma Hache de Annemasse en Savoie

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  • Famine de KPN Peste Noire

 

Naer mataron et Der Sturmer de Grèce, Goatmoon de Finlande, Stahlfront d’Allemagne sont aussi des soutiens NSBM de AZOV