Call of Terror 3

Dans la région lyonnaise, un énième concert de black metal néonazi

C’est devenu une habitude. Pour la troisième année consécutive (lire ici et là), un concert de black metal néonazi est organisé ce samedi 9 février dans la région lyonnaise.

Toujours la même musique. En février, les néonazis locaux organisent leur festival de musique, en l’occurrence du National Socialist Black Metal (NSBM).

Ce « Call of terror fest III », aura lieu ce samedi 9 février. Comme chaque année, on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France.

Où vont-ils se donner rendez-vous ? Sur la page Facebook de l’événement, les organisateurs restent toujours aussi flous et parlent d’un concert dans la « région lyonnaise ». Comme d’habitude, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.

À qui le tour de se faire « gruger » par les organisateurs néonazis ?

Les forces de l’ordre disent ne connaître, elles aussi, qu’au dernier moment le lieu précis de ce type de rassemblement. Ce qui s’était déjà produit pour les tournois de free-fight ou les précédents concerts organisés par la mouvance Blood and Honour, qui est toujours à la manœuvre.

Pour la première édition de « Call of terror », les organisateurs avaient jeté leur dévolu sur la salle des fêtes de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, à 80 km de Lyon, à limite de l’Isère et de la Savoie.
Le maire de la commune reconnaissait dans les colonnes du Dauphiné s’être fait « gruger » puisque la soirée avait été réservée « pour une réunion de motards ».

La deuxième édition s’était déroulée à Bregnier-Cordon, dans l’Ain, à 8 km du lieu du premier concert.

« On aurait tort de les considérer comme de simples admirateurs d’Hitler »

À la suite à la première édition de « Call of terror », nous avions publié le récit d’un participant, un amateur non pas de « NSBM » mais de metal.

Comme d’autres témoins, il décrivait les participants à la première édition de « Call of terror » comme un public de « métalleux » lambda mais qui passait leur temps à faire des saluts nazis. De son expérience de 20 ans de concerts, il tirait cette conclusion :

« Le mouvement NSBM en plein essor est à la mode [dans le milieu black metal, ndlr], radicalement décomplexé et sans retenu. Et ça va pas en s’arrangeant. Avec l’apologie du nazisme, de la violence et de l’intolérance la plus primaire pour certains et beaucoup d’effet de groupe. »

Un autre fan de black metal et auteur d’une lettre d’info confidentielle « Observatoire NSBM » alerte sur le sujet, également sous couvert d’anonymat :

« On aurait tort de les considérer comme de simples admirateurs d’Hitler. Ce sont des néonazis à tendance Folkish. Leur musique est une façon de faire de la métapolitique, de la politique par la pratique culturelle. Et dans le black metal, ils prennent de plus en plus de place. »

La tendance « Folkish » mêle musique metal et mouvement völkisch, courant intellectuel issu de l’Allemagne de la fin du XIXème siècle qui mêlait spiritualité païenne, mythologie germanique et antisémitisme. Les thèmes développés dans leurs textes ne sont pas directement politiques mais portent sur l’histoire, la nature ou les mythes.

Références au nazisme et proximité avec le Bastion social

Au vu de la programmation, le « Call of terror fest III » va se dérouler de la même manière que les deux premières éditions.

Cinq groupes vont se succéder. Parmi ces groupes, on retrouve deux habitués de ce festival néonazi : les Finlandais de Goatmoon, présents déjà en 2017, tout comme les Français de Baise ma hache.

Voici quelques éléments sur trois de ces groupes qui se produiront samedi :

  • Le groupe allemand « Stalhfront » a participé à Night of honour chez Serge Ayoub, le « parrain des skins français », à Berzy-le-Sec. Il était également présent à Asgardrei en décembre dernier à Kiev, un rassemblement NSBM international produit par les paramilitaires du Secteur Droit et du Régiment Azov, du mouvement ultra-nationaliste à la fois organisation paramilitaire et parti politique.

 

  • Question logo, « Vermine » n’est pas mal non plus, avec une croix celtique dans le nom. « Vermine » aime poser armé sur les réseaux sociaux. Il sera sur scène avec un dénommé Famine. Son groupe, Peste noire, a été associée à une démo intitulée « Aryan Supremacy ». Proche du GUD/Bastion social, il a participé à l’inauguration de l’antenne du Bastion social à Clermont-Ferrand avec « Vermine », justement. Il faisait également partie de la rencontre qui avait lieu le lendemain de la première édition du « Call of terror » dans le local du GUD à Lyon, en 2017.

Quel dispositif d’ordre public ?

Cette proximité entre le Bastion social et les néonazis du black metal fait craindre la venue de membres de l’extrême droite radicale lors de l’Acte XIII des « gilets jaunes » à Lyon qui aura lieu, comme chaque semaine, le samedi après-midi, à quelques heures du concert. Et comme chaque week-end, les militants lyonnais du Bastion social appellent à manifester.

Dans une lettre envoyée par mail ce vendredi matin à plusieurs centaines de maires de la région de Lyon et au préfet de région, l’association Agir pour l’égalité « alerte » sur la tenue de ce concert :

« Nous encourageons les maires à prendre, autant que possible, les précautions nécessaires afin d’éviter la tenue de cet évènement sur leur commune, en vérifiant les réservations prévues pour ce week-end dans les salles communales. Nous encourageons également vivement Monsieur le préfet de Région à alerter les maires des environs à être tout particulièrement vigilants sur les rassemblements organisés sur leurs villages durant ce week-end ».

Contactée par Rue89Lyon, la préfecture de Région assure, par la voix de son porte-parole, « suivre cela de près » mais sans savoir où le concert se déroulera :

« Ils jouent sur les limites des départements. Si cela se déroule sur la voie publique, nous prendrons toutes les mesures qui s’imposent. Et si on constate des éléments d’ordre xénophobe ou antisémite, le préfet fera également preuve d’une grande fermeté ».

Dans un communiqué délivré ce vendredi à 17h30, la préfecture annonce « un dispositif de sécurité adapté » au vu de « groupuscules radicaux qui pourraient participer à la manifestation lyonnaise » : davantage de forces mobiles et de contrôles d’identité ainsi qu’un arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique et l’utilisation de feux d’artifice et pétards. « Des mesures d’enlèvement et de déplacement du mobilier urbain seront prises », indique également le communiqué.

Rassemblements 🎶 RAC : QUI ? Mais QUI derrière ? – Reportage TV allemande 2018

🎶 Le reportage documentaire sur la nébuleuse des rassemblements néonazis C18, Blood and Honour, Kampf des Niebelung, Arische Bruderschaft, Schild & Schwert (SS) & Co. – , … diffusé en 2018 par la télévision allemande propose évidement un chapitre sur le réseautage inter-nazi-onal de la NSBM 🎶 du promoteur et meurtrier néonazi Hendrik Möbus.

 

10:38 Tomasz Szkatulski Pride France @ RAC de Ostritz, en Allemagne à la frontière polonaise.

22:15 Hendrik Möbus, meurtre, cavale aux USA, …
@ RAC 🎶 de Ostritz, en Allemagne à la frontière Polonaise

ticket d’acces à Hot shower 2016 rassemblement nsbm annuel de Milan coproduit par DTB et Hammerskin qui affichait en 2016 le 1er concert de Graveland en 23 ans de carrière, Sacrificia Mortuorum amputé de sa croix celtique et un visuel turbonazi

@ Hot Shower 🎶, en co-production avec Hammerskins à Milan dans le Nord de l’Italie à proximité de la France et La suisse : Graveland🎶, Sacrificia Mortuorum🎶 amputé de sa croix celtique, … une accumulation turbonazi affichée.

 

Aleksey Levkin accepte la demande Hendrik Möbus.
Möbus est reconnu coupable de meurtre, Levkin a été diagnostiqué “irresponsable” du meurtre raciste pour lequel il été détenu en psychiatrie.

24:35
Asgardsrei🎶 de AZOV à Kiev en Ukraine, le plu gros rassemblement NSBM🎶
nommé d’un tire de Absurd🎶 l’orchestre nsbm autours de Hendrik Möbus.
Olena Semenyaka et Aleksey Levkin de M8l8t.H🎶, Wotanjugend et Militant Zone🎶.

25:41
Olena Semenyaka et Hendrik Möbus🎶 en Allemagne @ DerIIIweg

 


https://www.vice.com/de/article/vbkpvm/ard-dokumentation-rechtsrockland-neonazis-konzerte-rechtsextrem-metal-liedermacher-kampfsport

Traduction d’article VICE :

Le documentaire ARD “Rechtsrockland” montre à quel point les concerts🎶 sont importants pour la scène néonazie

Tenues à la mode, auteur-compositeur-interprète, black metal et arts martiaux : les extrémistes de droite réussissent comme il n’y en a pas depuis les années 90.

Ostritz, une petite ville frontalière à l’est de la Saxe. C’est le 20 Avril 2018, les prairies brillent fortement le vert, les oiseaux qui chantent, le soleil brille, c’est l’idylle terrestre parfaite. Mais les petites huiles mâles font déjà écho à travers le paysage : « Antifa, fils de putes. »

Le nouveau documentaire ARD sur le völkisch rac de droite ne prend pas le temps d’indiquer clairement que la scène néonazie occupe maintenant régulièrement des endroits apparemment pacifiques comme Ostritz. Cette année, environ 1 000 visiteurs ont célébré l’anniversaire d’Adolf Hitler lors de la fête du “bouclier et de l’épée”. Le RAC de droite, les auteurs-compositeurs-interprètes, les arts martiaux – sous les yeux de la police et de la presse indulgentes, des extrémistes de droite ont frappé à l’épaule et mis en réseau.

Bien qu’il y ait eu des protestations contre le festival, selon le documentaire, la police ne les perçoit pas comme un facteur perturbateur. La devise est donc : si le droit va seul, alors il n’y a pas de stress.

De même, l’année dernière à Themar, en Thuringe, où le “Rock contre l’Étranger” a participé au concert dûment enregistré en tant qu'” assemblée politique “. Les images de visiteurs qui sont à nouveau montrés dans le documentaire, qui ont applaudi le groupe avec des salutations Hitler et des gestuelles « Heil », sont devenues le symbole médiatique de ce « rassemblement ».

Le Rac n’ Völk right wing se concentre autours des organisateurs de concerts tels que Thorsten Heise (Ostritz) ou Tommy Frenck (themar) et montre leurs connexions avec le réseau international néonazi, le très important réseau néonazi.

  • Du service de sécurité rocker de la Turonen,
  • à la scène black metal de la NS autour de Hendrik Môbus,
  • aux événements d’arts martiaux “Battle of the Nibelungs”, les rassemblements de la droite sont éclairées, de sorte que vous avez une idée approximative de la façon dont tout se passe précisément.

En conclusion oppressive après 45 minutes, la scène néonazie n’est plus florissante depuis le début des années 90 et la génération de ce temps a longtemps transmis leurs connaissances à leurs voisins. Les concerts sont des sources lucratives de revenus et la possibilité de se rencontrer et de continuer à se mettre en réseau. Dans tout cela, les autorités continuent de regarder beaucoup. Sortie ouverte.

Qui sont les agresseurs de Tahrir et Houda suite à la manifestation du Bastion Social à Aix en Provence, le 26 mai 2018 ?

https://mars-infos.org/qui-sont-les-agresseurs-de-tahrir-3181

 

Les faits

Durant la soirée du 26 mai après la manifestation du bastion social à Aix-en-Provence appelant à l’application de la préférence nationale (racisme institutionnalisé), un couple à été agressé dans leur voiture, sur fond de racisme, par une dizaine de personnes du Bastion Social.

« Après la rupture du jeûne du ramadan, samedi dernier, vers une heure du matin, Houda et Tahir cherchaient à se garer dans les ruelles du centre ville pour aller manger une glace. Originaire du Gard, la jeune fille vient pour la première fois à Aix où vit Tahir, conducteur de car chez Kéolis.

Arrivés au niveau d’un groupe d’une quinzaine de jeunes attroupés en partie sur la chaussée, le rétroviseur de leur véhicule est rabattu. Tahir réplique par une injure à ce qu’il prend pour une provocation. Puis quelques mètres plus loin, le couple, bloqué à une intersection, voit une horde fondre sur lui. Des témoins rapportent avoir vu des jeunes accourant capuche sur la tête, entendu le bruit de la vitre qui explose, le cri d’une femme et cinq ou six hommes se jetant sur Houda et Tahir qui recevra de nombreux coups pour tenter de protéger sa fiancée, dont un porté avec une barre de fer. Et puis ces mots qui donnent à l’affaire sa dimension haineuse : “Retourne faire le ramadan sale arabe ! ». (La Provence)

Suite à cela, quatres personnes du Bastion Social ont été arrêtées par la police, dont deux personnes du Bastion Social Marseille : Colomban SOLEIL et Clément DUBOY, ainsi que deux personnes du Bastion Social Lyon : Mayeul MICHON DU MARAIS et Gautier ANDRES.

À l’arrivée, seul Clément DUBOY, également poursuivi pour rébellion et formellement identifié par un témoin, est reconnu coupable. Il écope d’un an de prison dont huit mois avec sursis et trois ans d’interdiction de séjour sur la commune d’Aix. Les autres sont relaxés au bénéfice du doute.

Qui sont ces quatres personnes ?

Tous les liens Facebook sont en toutes lettres dans les notes de bas de page, afin de simplifier la copie et modification d’URL si vous utilisez Tor.

Colomban SOLEIL – Profil Facebook [1] : Colomban Sleil

Ici avec sa copine Marie VEDOVINI avec laquelle il vit dans un petit immeuble au 59 rue Marx Dormoy 13004 Marseille.

Colomban est étudiant ingénieur à centrale marseille (38 Rue Frédéric Joliot Curie, 13013 Marseille). Il fait parti du groupe de jeunes ayant quitté l’Action Française pour former le Bastion Social Marseille et ouvrir leur local « Le Navarin » avec l’aide et l’inspiration du mouvement CASAPOUND italien (il est beau son t-shirt).

Il participe régulièrement aux actions du Bastion Social ainsi qu’aux permanences dans leur local, nous sommes loin du portrait qu’il fait de lui lors de l’audience au tribunal « Tout boutonné dans sa chemisette, Colomban Soleil, l’étudiant ingénieur à Centrale Marseille, “calme, travailleur et pas vaillant”… Il y a eu méprise j’étais venu pour m’interposer ».

Clément DUBOY – Profil Facebook [2] : Clément Dby

Ici avec sa femme Julie PAROUTY, sergente dans l’armée de terre.

Ils font partie tout les deux du Bastion Social Marseille. Clément Duboy (ouvrier) en est même le chef, c’est à dire que c’est lui qui gère la section Marseille ainsi que le local « Le Navarin » situé au 45 rue Fort Notre Dame à Marseille.

Clément Duboy est aussi Président de l’association de l’Action Française Marseille, le cercle Honoré d’Estienne d’Orves. Il est systématiquement présent dans les actions marseillaises.

De gauche à droite : Steven BISSUEL, président du Bastion Social Lyon et national, Clément DUBOY, chef de la section Marseille du Bastion Social, et Jérémy PALMIERIE, chef de la section PACA (Aix-Marseille) du Bastion.

Mayeul MICHON DU MARAIS (rien que ça)

Mayeul Michon du Marais nous vient tout droit de Lyon, il vient tout juste d’avoir sa majorité, son bac et l’émancipation. Né en Alsace, le 21/01/1999, il y passe toute son enfance puis son bac en science et technologies du management et de la gestion. il décroche même la « mention assez bien ».

Suite à cela il prend son envol vers Lyon pour y faire des études à l’IDRAC business school. Suivi de près par son frère jumeau Aubert. Le Facebook de Mayeul où il fait le dur avec ses potes du Bastion Social Lyon [3]

Gautier ANDRES- Profil Facebook [4] : Gautier ElcapoDeicapi

De gauche à droite : Baudouin GAREL et Gautier ANDRES.

Gautier ANDRES viens de Beaune, tout comme les frères Stanislas (Stan KAMA) et Baudouin GAREL (Babouche Crl) avec qui il est ami de longue date (Peut être qu’ils se sont connus dans le tabac que maman GAREL tient à Beaune). Les trois amis ont suivis le même parcours, Royalisme puis le Bastion Social, à Lyon pour Gautier et à Aix en Provence pour les frères GAREL.

Les lyonnais débarque en Provence

Les deux lyonnais ne sont pas venus seul pour cette manifestation du 26 mai, ils étaient accompagnés de Steven BISSUEL, le Grand Gourou du Bastion Social .

Stanislas GAREL (à gauche), Steven BISSUEL (au centre).

Le 14 avril 2018. « Onze personnes ont été déférées ce vendredi à Lyon suite à la rixe de mercredi soir entre des militants d’extrême droite et des antifascistes en marge du concert “No racism, no sexism, no fascim” organisé au bar RockNEat, quai Arloing. Parmi elles, le président du Bastion social, Steven Bissuel, ainsi que hui autres Identitaires. Sept d’entre eux ont été mis en examen pour “violences aggravées” et six placés sous contrôle judiciaire. Steven Bissuel et quatre autres déférés ont également l’interdiction de paraître dans le 5e arrondissement de Lyon entre 22 heures et 6 heures du matin. » (Lyoncapitale.fr)
Plus d’infos sur La Horde.

D’autres personnes présentes lors de la manifestation

De gauche à droite : Jérémy PALMIERIE, Anastasia PALMIERIE, née AMERI, Christophe GOSSE, Marcello URSI.

Marcello URSI

Marcello URSI en couple avec Morgan OSCO vivent au Bat 1- 4 Imp Jean de Savagnac 13010 Marseille. Marcello adore les visuels du troisième Reich et de la division Charlemagne (une divisions d’infanterie de la Waffen-SS constituée majoritairement de Français volontaires.), tellement qu’il se les ai fait tatouer sur le corps.

Marcello vient d’Italie où il faisait partie de la Casapound comme son frère Marco ainsi que d’autres membres de sa famille (qui sont encore en Italie). Comme les autres personnes du bastion social ils se fait un plaisir d’aller s’entrainer au sport de combat avec Loic DELBOY.

Loic DELBOY (accroupi les bras tatoués sur la photo).

Loic DELBOY (1), Marcello URSI (2), et Jérémy PALMIERI (3).

Il a ouvert sa salle de sport le « Warm’up studio » au nom de sa maman où viennent s’entrainer régulièrement les membres du Bastion Social.

Ses antécédents :
Début 2016, comme un coup de pied dans la fourmilière. Après plusieurs semaines d’investigations, les gendarmes de la Section de recherches de Marseille ont procédé, fin mars, à un coup de filet dans les milieux néonazis en interpellant 11 “crânes rasés” dans cinq régions de France, dont la cité phocéenne. Au coeur de l’enquête, une équipe de nostalgiques du IIIè Reich férus de bodybuilding, de sports extrêmes et de “ratonnades”. Bilan des perquisitions ? Un arsenal inquiétant : 11 armes d’épaule, deux revolvers gomme-cogne, 28 armes blanches, des gilets pare-balles, des casques lourds et plusieurs objets ou drapeaux nazis… Trois des hommes appréhendés ont depuis été mis en examen pour “association de malfaiteurs, acquisition, détention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat”. Après leur garde à vue, tous ont été placés sous contrôle judiciaire. Celui que les enquêteurs considèrent comme “le leader” est pourtant loin d’être un inconnu. Marseillais de 35 ans au physique de colosse, Loïc Delboy est présenté comme le responsable national de “Blood and Honour”. Une organisation réputée pour ses accointances avec les milieux d’extrême droite européens les plus virulents et tournée vers l’organisation de concerts RAC (Rock Against Communism, appellation du rock néonazi).

La Team du Bastion Social Marseille

Ci dessus une photo de la team du Bastion Social Marseille devant le « GALLIA » un des bar fétiche de la bande depuis plusieurs années, à deux pas de chez Anastasia et Jérémy Palmierie (Ils s’y sont même mariés).

1 : Jérémy PALMIERIE
2 : Anastasia PALMIERIE Née AMERI
3 : Clément DUBOY
4 : Christophe GOSSE
5 : Morgane OSCO
6 : Marie VEDOVINI
7 : Colomban SOLEIL
8 : Prune ARNAUD
9 : Antoine DEGUILLEN
10 : Julie PAROUTY
11 : Marcello URSI
12 : Matteo URSI Casapound

Les 4 autres personnes sur la photo sont du Casapound italien et on reconnait bien les même personnes qui font le salut hitlerien avec Marcello URSI et son frère sur la photo ci-dessous.

Dernière petite info à propos de Madame PALMIERIE, qui est constamment présente dans chaque activité/action du Bastion Social Marseille. Avant elle intervenait lors des réunions de l’Action Française. Elle travaille en temps qu’agent commercial pour l’agence immobilière ORPI la Valentine à Marseille.

N’hesitez pas à lui écrire !!!

apalmieri.allianceimmo@orpi.com

Notes :

Les liens entre les militants du Gud – Bastion Social sont multiples et avérés. Derrière le vernis « social » des collectes de nourriture et les maraudes discriminatoires, se cachent de véritables néo-nazis. Penchons-nous tout d’abord sur le « Blood And Honour » qui était la devise des Jeunesses Hitlériennes mais qui est aussi actuellement un réseau de néo-nazis qui a été interdit dans de nombreux pays; En France, ce réseau organise divers concerts et tournoi de free fight.

Bastion social et néo-nazis

Bastion social et néo-nazis

Les liens entre les militants du Gud – Bastion Social sont multiples et avérés.

Derrière le vernis « social » des collectes de nourriture et les maraudes discriminatoires, se cachent de véritables néo-nazis.

Penchons-nous tout d’abord sur le « Blood And Honour » qui était la devise des Jeunesses Hitlériennes mais qui est aussi actuellement un réseau de néo-nazis qui a été interdit dans de nombreux pays; En France, ce réseau organise divers concerts et tournoi de free fight.

blood

Si on regarde de plus près sur les membres de réseau français, on trouve très facilement des liens avec le Gud – Bastion Social :

vbnbvnbvnb

ououifgsdfdsfsd

D’autres liens sont facilement trouvables avec l’ancien responsable du local néo-nazi de Gerland fermé grâce à la mobilisation populaire en 2011.

En effet, Renaud Mannheim, leader du groupe « musical » néo-nazi « Match Retour » semble très proche des responsables du Gud – Bastion Social. Et un retour de ce pseudo-groupe de musique ne semble pas anodin au moment où le mouvement tente de se structurer au niveau national.

site 2site 5site 3site 4

 

D’autres liens seront affichés et notamment les tournées de Steven Bissuel en Italie (CasaPound), en Grèce (Aube Dorée), au Canada…

Entre autonomie et embrigadement militant : les skinheads néo-nazis des années 1980-1990

Entre autonomie et embrigadement militant : les skinheads néo-nazis des années 1980-1990

Le meurtre de Brahim Bouaraam, un ressortissant marocain mort noyé dans la Seine, après y avoir été jeté pour des motifs racistes et homophobes par des militants d’extrême droite, le 1er mai 1995 à Paris, a sans doute été, par sa résonance politique et médiatique, le point culminant d’une longue série de faits divers, souvent meurtriers, qui ont jalonnés les années 1980-90 et qui ont été attribués à la catégorie, au demeurant floue dans sa définition, des « skinheads », recouvrant un large spectre d’opinions politiques allant de l’extrême droite néo-nazie à l’antifascisme radical représenté entre autres par les « Redskins ». La culture skinhead a été décrite avec raison par Michel Wieviorka, reprenant le sociologue britannique Mike Brake, comme « une sous-culture ouvrière, profondément marquée par une éthique puritaine du travail » et par l’opposition au mouvement hippie[1]. Cette partie du mouvement skinhead qui s’est arrimée politiquement à l’extrême droite française des années 1980-1990 peut toutefois être cernée avec davantage de précision. Pour cela, il importe de dégager les étapes de l’importation en France des phénomènes skinheads anglo-saxons, et ce qu’ils recouvrent alors en termes de radicalité et de violence. Une fois effectuée cette caractérisation des skinheads, il s’agit de dégager les aspects de militance politique pris par ce qui était un phénomène socio-culturel, venu s’enchâsser dans les formations des extrêmes droites.

Caractérisation du phénomène skinhead

Avant que d’être une affiliation idéologique, le fait skinhead doit être vu comme un phénomène subculturel transnational, à l’origine urbain, où la question de la violence participe de la norme comportementale.Le skinhead se revendique d’une culture de la violence mais aussi de la transgression. Il se distingue de la norme par ses codes vestimentaires (crâne rasé ou cheveux coupés ras, port du bomber et des chaussures montantes à lacets connues sous le nom générique de Doc Martens). Ceci étant, ces codes ne sont pas déterminés par l’idéologie mais sont étroitement liés aux origines sociales de la sous-culture qu’ils représentent, née dans la Grande-Bretagne ouvrière des années 1960 et unissant, à l’origine, de jeunes prolétaires blancs appartenant au phénomène des Mods à de jeunes Afro-antillais de même milieu, passionnés de musique ska et reggae[2]. C’est à la fin des années 1970 qu’avec la crise économique qui frappe l’Angleterre industrielle d’une part, et l’émergence d’un parti politique, le National front, fugacement sorti de la marginalité, que s’entérine la séparation définitive, au sein du mouvement skinhead, sur une base ethnique et politique, mais également musicale : la scène skinhead d’extrême droite se structure autour de l’archétype du Militant blanc [3], mais surtout du Rebelle blanc, adolescent ou jeune homme (ou, minoritairement, femme) qui revendique sa couleur de peau et son origine ethnique contre l’émergence des minorités visibles, endosse un racisme et un antisémitisme extrêmes dont l’action violente est une composante essentielle, et abandonne définitivement les musiques « non-européennes » pour deux styles propres : la Oi, un dérivé du punk rock[4] et le RAC ( « Rock against Communism »), qui est un dérivé politisé du précédent dans lequel les paroles glorifient non pas seulement la lutte anticommuniste mais surtout le « nettoyage ethnique » des villes britanniques, et la violence physique en général[5]. Pour autant, l’extrême droite n’a jamais eu une emprise totale sur le mouvement communément appelé skinhead, ni en France, ni ailleurs : le mouvement S.H.A.R.P. (Skinheads Against Racial Prejudice) notamment, rassemble des skinheads de même extraction ouvrière mais proches de l’extrême gauche ou des milieux libertaires. Ils sont souvent actifs dans les villes mêmes où sont leurs rivaux qu’ils surnomment, pour s’en démarquer, boneheads (crânes d’os). Ils sont restés musicalement ouverts aux styles des origines puis au punk. La division idéologique du mouvement skinhead donne lieu, dès les années 1980, à l’émergence de « bandes » rivales qui se disputent la maîtrise des territoires urbains par la violence[6].

De même que l’arrivée en France du phénomène skinhead d’extrême droite était une importation d’un phénomène britannique, et même anglais, la radicalisation idéologique de la scène française dans les années 1990 fut le résultat du transfert en Europe d’idées, de méthodes d’action et d’effets de mode venus des États-Unis. La première apparition publique importante des skinheads américains, lors d’un meeting du 7 octobre 1989 fédérant à peu près toutes les tendances de l’extrême droite autour d’une commémoration de la Confédération sudiste[7], avait montré la convergence, au moins partielle, des skinheads « White Power », des nostalgiques de la ségrégation raciale et de la nébuleuse connue sous le nom d’Identity Churches, sortes de dénominations religieuses sectaires professant l’idée de la suprématie de la race blanche voulue par la volonté divine et les Écritures, relues à la lumière de l’anglo-israélisme (pour lequel les Anglo-saxons sont les descendants des tribus perdues d’Israël) et de l’idée d’un christianisme débarrassé de toutes ses racines juives. Loin de n’être qu’une sous-culture marginale de la jeunesse, cette nébuleuse s’était organisée sous un modèle, la « résistance sans chef », qui prônait la lutte armée contre l’État fédéral, jugé illégitime et appelé ZOG, ou Zionist Occupation Government (gouvernement d’occupation sioniste).

Dès 1983-1984, de petites cellules étaient passées à l’action terroriste contre des agents fédéraux et des adversaires politiques. Elles étaient connues sous le nom de The Order, disposaient de leur manuel de passage à l’action pour déclencher une guerre raciale (le livre de William Luther Pierce, alias Andrew Macdonald, The Turner Diaries, publié en 1978) et d’une forme de mantra, les 14 Mots, formulés par le suprémaciste David Lane pour lequel « We must secure the existence of our people and a future for white children » (« Nous devons préserver l’existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs »). Cet ensemble de concepts, mis en action, font qu’au milieu de la décennie 1990, les autorités fédérales et les associations du type watchdog, luttant contre le racisme (Anti-Defamation League ; Southern Poverty Law Center) estiment que les 3 500 skinheads recensés ont commis 22 meurtres depuis 1990. C’est précisément ce qui séduit des skinheads français.

En juin 1993, parait le premier numéro du bimensuel Terreur d’élite, « voix indépendante et radicale des nationaux-socialistes francophones ». En couverture de ce fanzine d’une qualité d’impression inhabituelle, cette phrase : « Juifs : lire cette publication vous transformera en abat-jour, en savonnettes ou en engrais. » Le ton de l’antisémitisme délirant est donné. Il est habituel chez les Hammer Skins, réseau skinhead américain dont l’emblème est le marteau de Thor et dont la branche française, éditrice du bulletin, se nomme Charlemagne Hammer Skins. Très hostile au Front national (le FN serait « le dernier bastion de la juiverie française »), proche du parti nazi transnational NSDAP/AO[8], elle est animée par Hervé Guttuso, un jeune Marseillais dont la précédente publication s’intitulait Neuvième Croisade. Ancien membre de Troisième Voie, puis de la section Prinz Eugen (du nom d’une division SS) du Parti Nationaliste Français et Européen (PNFE), Guttuso s’est formé au contact de l’American Front et des Chicago White Vikings lors d’un séjour outre-Atlantique. Il y a rencontré les animateurs de la revue Résistance, fanzine devenu un magazine en quadrichromie doublé d’une maison de disques, Resistance Records, dont l’audience est devenue mondiale (le numéro 1 du journal, en 1994, est tiré à 12 000 exemplaires). Idéologiquement, les Hammerskins américains défendent l’idée selon laquelle la résistance armée au pouvoir fédéral est légitime puisque, loin d’être l’émanation du peuple, le gouvernement serait aux mains des juifs qui assureraient leur mainmise sur le pouvoir politique, économique et médiatique, dans l’objectif d’éliminer la race blanche en promouvant le métissage généralisé. Dès lors, toute forme de résistance armée est juste et nécessaire, y compris le terrorisme[9], par des modes d’action souvent inspirés des Turner Diaries, traduits en français tardivement (1999) par Henri de Fersan, avec des illustrations de Chard, caricaturiste à Rivarol[10]. D’où ce surnom de ZOG (Zionist Occupation Government), qu’elle donne au gouvernement des États-Unis.

Cette théorie conspirationniste, qui se réfère souvent aux Protocoles des sages de Sion, débouche sur la conviction que le seul espoir de survie pour la race blanche réside dans la création de communautés aryennes vivant en autarcie dans des régions reculées (aux États-Unis, dans les montagnes Rocheuses et les Appalaches). À partir d’elles s’organisera la riposte violente au pouvoir en place, qu’un livre décrit en détail : les Turner diaries (1978), de William Pierce, leader du groupe américain National Alliance, sorte de bible des suprémacistes blancs. L’intention terroriste apparaît clairement dans Terreur d’élite : « Les cibles principales du révolutionnaire aryen doivent être en première priorité des cibles économiques, énergétiques, puis en dernier lieu des cibles humaines. Le paroxysme de la jouissance étant bien sûr de cumuler les trois facteurs à grande échelle » (n° 5, printemps 1995). La nouveauté dans le rapport à la violence est ici qu’elle est revendiquée dans sa dimension terroriste, comme dans la couverture du magazine skinhead nazi anglais The order (n° 10) qui montre un militant en train de manipuler des détonateurs. En France, le magazine de Guttuso suit le même chemin et celui qui lui succède, 14 Mots, indique clairement « nous devons tuer »[11].

Un nouveau bulletin confidentiel, Das Schwartze Korps (n° 2, 1995), franchit un pas supplémentaire en écrivant : « Nous, Blancs purs, ne reconnaissons aucun droit aux non-Blancs de quelque sorte qu’ils soient. Si, peut-être un seul, celui de crier dans la chambre à gaz quand on jettera le Zyklon B! ». Cette référence explicite au génocide nazi montre que les skinheads, tout en reprenant quelquefois les textes des historiens négationnistes sur la Shoah, ont plutôt tendance à en assumer et même à en valoriser l’existence. La montée en puissance de la tendance terroriste du mouvement skinhead néo-nazi sera toutefois arrêtée nette dès 1993 par la très forte volonté politique du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et de son conseiller pour la lutte contre le racisme, Patrick Gaubert, suivi par ses successeurs : début 1998 Guttuso est arrêté à Londres, où il séjournait depuis 1996 chez les frères Sargent, animateurs de Combat 18, mouvement considéré par la police britannique comme responsable de meurtres racistes et ayant des intentions terroristes. En définitive, un juge d’instruction toulonnais fera écrouer neuf personnes mises en examen pour « incitation à la haine raciale et menaces de mort », notamment contre Anne Sinclair, Jean-François Kahn, Simone Veil et Patrick Gaubert[12]. Les Charlemagne Hammer Skins survivront à cette répression et perdurent jusqu’à ce jour[13], mais avec un fonctionnement plus discret, comme leur concurrent direct les Blood and Honour Hexagone[14] avec leur revue Signal 28, tous deux ayant pour activité visible essentielle l’organisation de concerts ou de tournois de MMA (mixed martial arts). La propension à la violence demeure : le 30 mars 2016, principalement en région marseillaise, onze skinheads néo-nazis ont été mis en examen après la découverte à leur domicile d’un stock d’armes.

Cette appétence pour la violence relève des actions des skinheads mais également de leur vision du monde, voire de leur caractérisation psycho-sociale.Dans son ouvrage sur les motivations de l’adhésion au Front national (FN)[15], Birgitta Orfali reprend la distinction faite par Michael Billig, dans son ouvrage sur les militants du National front britannique[16], entre le militant autoritaire et « l’homme de violence ». Ce dernier, mû par le ressentiment, « est ainsi dénommé car c’est la notion de lutte, de combat qui retient toute son attention. L’opposition violente à tout adversaire (individu ou groupe) le caractérise. L’antagonisme, le conflit sont les lieux par excellence qui définissent ce type ». Elle ajoute que ces hommes « vivent à l’heure de la psychologie des foules grâce au FN »[17]. Stéphane François a bien montré que ce type d’individu correspondait profondément au profil des militants des mouvements qui, aujourd’hui encore, appartiennent à la frange la plus radicale de l’extrême droite, celle qui refuse l’aggiornamento du FN et se manifeste par une activité particulièrement élevée dans la région des Hauts-de France, parfois sur le mode de ce que le même auteur appelle le « skinhead rural » [18].

Au-delà de la typologie sociologique et psychologique, le concept d’homme de violence s’est traduit, dans les décennies 1980 et 1990, par toute une série d’actions dont se sont saisies, non seulement les organisations antiracistes (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme ; Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples ; SOS-Racisme ; Ligue des Droits de l’Homme), mais aussi la presse locale et nationale, qui a ainsi donné une visibilité importante au phénomène skinhead néo-nazi. À bon escient d’ailleurs : en effet, la glorification continue de la violence physique, telle qu’elle figurait dans les publications skinhead de l’époque, accompagnée par l’affirmation de la supériorité ethnique blanche et un antisémitisme obsessionnel, avait de grandes chances d’aboutir à un passage à l’acte. L’accroissement des agressions imputables aux skinheads était déjà sérieux dans les années 1987-90 : en 1988, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) leur imputait 20 actions violentes sur 64 actes racistes répertoriés ; l’année suivante 16 sur 53. Il s’ensuivit une répression policière avec 70 arrestations en 1987.

https://prmeng.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles_v2/prm_16_9_856w/2023/04/29/node_409763/39519864/public/2023/04/29/B9734151494Z.1_20230429192709_000%2BGAJMM9D3P.2-0.jpg?itok=dx5dl7FC1682790192
Le 29 mai 2023 vient d’être posée une plaque en la mémoire de Imad Bouhoud mais aussi de celle de James Dindoyal :Deux membres de la sphère néonazie avaient été condamnés. D’autres plaques avaient été placées par le passé pour Imad. Puis cassées

Il n’est pas possible de dresser ici une chronologie exhaustive des homicides commis par des skinheads néo-nazis sur la période. Pour ne citer que ceux au plus fort retentissement, on rappellera le meurtre, à Lille, d’un clochard par un proche du mouvement Troisième Voie (TV), en 1988[19]. En 1990 au Havre, une dizaine de militants locaux et parisiens du groupe Blood and Honour tue un jeune Mauricien, obligé par eux d’avaler de la soude caustique avant d’être jeté à l’eau. Les faits ne sont élucidés qu’en 1998 et les deux principaux mis en cause, Régis Kerhuel[20] et Joël Giraud, sont également des membres des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR). Puis, en 1995, David Beaune, 25 ans, est accusé du meurtre d’Imad Bouhoud, mort noyé, dans un bassin du port du Havre. Il est jugé par la cour d’assises de Rouen. Pour lui, le FN se trompe en voulant forcer les immigrés à quitter la France : il souhaitait construire pour eux des «camps de concentration et des chambres à gaz en Normandie ». « Maintenez-vous toujours cela aujourd’hui ? » lui demande le président lors de l’audience. Il maintient[21].

L’affaire est intéressante à un autre titre, celui de la persistance des comportements violents de l’auteur des faits, même après sa sortie du milieu skin : Beaune est de nouveau condamné en 2013 à un mois ferme pour menaces avec arme[22], sans circonstance aggravante de racisme. Ce qui n’est pas le cas pour Marc Grubica, ancien responsable du fanzine nordiste Tempête et Tonnerre, appréhendé en 2010 pour des dégradations commises contre la façade de la mosquée Salman-Al-Farissi, à Tourcoing et qui, à 43 ans, a déjà sept condamnations à son casier – dont une pour meurtre lors de sa période skinhead[23]. Enfin, le 7 janvier 1998, à Mortefontaine-en-Thelle (Oise, autre département de prédilection de la scène skinhead), Antoine Bonnefis, 18 ans, tue son beau-frère et un de ses amis africains. Il écope de 14 ans de prison sans que le mobile raciste soit retenu et les parties civiles sont déboutées.

Ce panorama serait incomplet sans citer deux événements. Le premier est la profanation d’un cadavre dans le cimetière juif de Carpentras (Vaucluse), en mars 1990. Imputé à l’influence culturelle du FN, cet acte, qui devint un événement de mobilisation fondamental dans la stratégie de mobilisation politique et associative contre le Front national, fut élucidé seulement en 1996, alors que l’un des auteurs, Jean-Claude Gos, skinhead de Denain (Nord) et membre du PNFE, était déjà décédé. Le second est exceptionnel parce qu’il est entièrement provoqué par la commande d’un média télévisuel peu scrupuleux (et disparu) qui, comme bien d’autres à l’époque, traite le phénomène skinhead sous l’angle du sensationnalisme : le 22 avril 1990 pour les besoins d’un reportage, une équipe de journalistes incite des membres des JNR, dont Joël Giraud, à agresser un Africain, Karim Diallo, sous les caméras des journalistes. Les mis en cause seront condamnés à 8 mois de prison avec sursis en janvier 1994 pour cette agression.

Certains de ces actes violents ont notablement influencé l’image de l’ensemble de la mouvance. Ce qui est devenu « l’affaire Bouarram » a connu un retentissement exceptionnel parce que les faits se sont déroulés en marge du cortège de Jeanne d’Arc organisé chaque premier mai par le Front national, dont le service de sécurité a d’ailleurs collaboré avec la police dans l’identification des agresseurs. Ils sont également emblématiques de trois dimensions du phénomène de la violence skinhead en France autour desquelles peut s’organiser la réflexion sur cette mouvance dans une période qui constitue son apogée.

La première est la dialectique de l’autonomie et du militantisme politique au sein du FN ou de groupuscules activistes plus radicaux : violents, ouvertement racistes, antisémites et même néo-nazis, réputés incontrôlables et hostiles à toute forme d’organisation sociale autre que celui de la « bande », les skinheads veulent-ils, peuvent-ils s’agglomérer durablement à une organisation hiérarchisée, voire à un parti impliqué dans le jeu électoral ? Seconde question : quelle est l’ampleur du phénomène, à la fois en termes de nombre de personnes concernées, d’influence politique sur le reste de l’extrême droite et de niveau de violence, symbolique ou physique ? Enfin, la catégorie « skinheads » a-t-elle un contenu clair ? N’est-ce pas en partie une construction, notamment médiatique, qui inclut à la fois des individus se revendiquant tels et d’autres qui y ont été rattachés pour des raisons liées à leur « look » (tout « crâne rasé » n’est pas un skinhead) ou à leurs idées – des skinheads ont milité aux Faisceaux nationalistes européens (FNE) ou au PNFE, mais ceux-ci n’étaient pas uniquement ni même prioritairement des mouvements skinheads ?

Deux éléments de réponse peuvent être avancés. Le premier est que les skinheads ont vite été repérés par les fondateurs du PNFE et dans une moindre mesure des FNE, comme le seul canal leur permettant d’étoffer de maigres effectifs et de dépasser la fonction de mouvements nationaux-socialistes orthodoxes, voire de cultes néo-nazis. Le second est que l’époque où ils apparaissent est plus largement celle où les medias découvrent le phénomène des « bandes urbaines » (skins mais aussi « zoulous » ou punks d’extrême gauche) et lui donnent une couverture qui n’est que bénéfice pour les groupes d’extrême droite. La police elle-même prend conscience du phénomène que les Renseignements généraux globalisent sous l’appellation « Violences urbaines ». Ils créent en 1991 une section spécialisée intitulée « Villes et banlieues ». Volens, nolens le phénomène skinhead s’est en tous cas polarisé à l’extrême droite, posant par là-même la question de sa possible structuration par les mouvements organisés de cet espace politique.

La mouvance skinhead et les organisations françaises d’extrême droite

Le mouvement skinhead politisé à l’extrême droite apparaît d’abord vers 1983-1984 et se signale lors de la fête de Jeanne d’Arc 1985 par la présence d’un groupe qui s’appelle « Les Amis de Barbie ». Il s’étend vraiment à partir de 1987, lorsque l’organisation Troisième Voie (TV), alors dirigée par Jean-Gilles Malliarakis[24], se rapproche des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) menées par Serge Ayoub. Avec le PNFE, ces deux groupes sont ceux qui ont voulu et réussi à recruter en milieu skinhead avec le plus de constance et de succès. Cependant, ils ont des précurseurs, figures individuelles qui ont généralement connu les skinheads politisés à l’extrême droite lors de séjours à l’étranger, en particulier en Grande-Bretagne, qui en deviendront des figures et qui prouvent que la culture skinhead est un article d’importation comme beaucoup de modes qui façonnent les sous-cultures de la jeunesse européenne. Les antifascistes radicaux publiant la revue REFLEXes, puis le site internet éponyme[25], et qui ont suivi avec une précision certaine la trajectoire des skinheads de la droite radicale, datent de 1983-84 l’apparition à Marseille de skinheads ayant séjourné en Grande-Bretagne et à la même période, celle à Tours d’un fanzine intitulé Bras tendu, édité par Olivier Devalez alias « Tod », une des figures historiques de la scène, mis au contact du British Movement lors d’un séjour à Londres. La même source affirme que Serge Ayoub (né en 1964), aurait adopté le « look » skinhead au retour d’un voyage outre-Manche. Enfin, une autre personnalité importante de la scène skinhead des premières années est un Britannique installé en France, Bruce Thompson, qui suivra Ayoub aux JNR et restera actif jusqu’en 1995 au moins[26].

La question est de savoir comment, et pourquoi, le développement des skinheads d’extrême droite en France, à cette époque précise, croise la route d’organisations politiques du même milieu et aboutit à ce que celles-ci cherchent à attirer des individus connus pour leur propension à la violence et dont le credo consiste à rejeter tout type de hiérarchie autre que le charisme naturel du chef de bande, généralement reconnu pour ses « faits d’armes », sans parler du fait que les skinheads, dont Thompson semble être le vétéran, étant trentenaire dans les années pionnières, ne souhaitent pas se donner de leader n’appartenant pas à leur génération.

C’est là qu’intervient la dialectique de l’autonomie et de la récupération. En 1983-1984, l’arrivée de la gauche au pouvoir trouve un Front national qui attire toujours des militants très radicaux, mais l’entreprise de marginalisation de ceux-ci, commencée par Jean-Pierre Stirbois, aboutit à la création de groupuscules qui se disputent le maigre espace existant à la droite d’un FN déjà jugé embourgeoisé. En 1989, Bruce Thompson déclare ainsi au fanzine Le rebelle blanc : « Le Pen est trop vieux, trop mou, trop riche »[27]. Les quelques mouvements qui existent à l’époque en dehors du FN ont un rapport de suspicion vis-à-vis de la violence politique. L’Œuvre française, de Pierre Sidos, est un groupe dont le chef a connu l’épuration puis la répression de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), il tient au respect de la légalité et dirige en outre son organisation, étroitement nationaliste française, d’une manière hyper-centralisée, tout en normant étroitement les comportements des militants (costume tenant de l’uniforme, défilés en rangs, chant du mouvement…) : les jeunes aux cheveux ras qui y militent ressemblent aux skinheads, mais n’en sont que très exceptionnellement. Le Parti Nationaliste Français (PNF), scission du FN opérée fin 1982 par les animateurs du journal Militant, militent pour un nationalisme européen racialiste qui recoupe davantage le slogan du White Power, mais outre qu’il est aussi légaliste, ses animateurs d’alors sont en majorité d’anciens du Parti Populaire Français ou du Francisme [28] ayant servi dans les rangs de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme ou de la Division Charlemagne et nés dans les années 1920 : le fossé générationnel est trop important. Serge Ayoub fondera en 1990 un éphémère Comité de base jeunesse, hébergé à l’adresse du local du PNF avec lequel il partageait la « défense de l’identité française face au cosmopolitisme », l’affirmation selon laquelle « la nation est avant tout une communauté de destin et de sang », inaccessible aux non-européens, l’« opposition au système », la démocratie étant décrite comme un moyen d’asseoir la domination des « grands financiers et des grands trusts », la « lutte pour la justice sociale » et la répudiation de la lutte des classes ; la « conscience européenne contre le mondialisme ». Ce rapprochement restera toutefois sans lendemain.

L’instrumentalisation la plus réussie du phénomène skinhead par des mouvements politiques d’extrême droite est le fait de deux groupes : Troisième Voie (1985-1992, réactivé en 2010-2013) auquel il faut ajouter les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR, 1987-2013)[29] et le PNFE[30], fondé en 1987 par un ancien militant de l’OAS et du FN, Claude Cornilleau, qui avait en 1983 réussi à se faire élire conseiller municipal de Chelles (Seine-et-Marne) sur une liste menée par un élu du Rassemblement Pour la République (RPR).

Troisième voie a été fondée en 1985 par Jean-Gilles Malliarakis sur des bases idéologiques nationalistes-révolutionnaires ou solidaristes ; il n’était pas un mouvement skinhead. Son slogan était : « Ni trusts, ni soviets » et outre un anti-sionisme affiché, il tenait à une Europe réunifiée et indépendante des blocs américain et soviétique. Le rapprochement opéré en 1986-1987 entre TV et Serge Ayoub, volontiers interviewé par les media et présenté comme la figure emblématique du milieu skin français, est une initiative de ce dernier, originaire de la classe moyenne parisienne à fort capital culturel, et déjà une figure de la scène skinhead depuis 1982 environ. Il est à la fois chef d’une bande (le Klan), qui se targue volontiers d’avoir le recrutement prolétarien, l’attitude violente et les objectifs anticapitalistes des Sections d’Assaut (SA) ; acteur du milieu hooligan politisé qui, à partir de 1984, s’installe dans la tribune Boulogne du Parc des Princes et qui s’engage dans des affrontements violents contre des personnes de couleur, des supporters des clubs adverses ou d’autres groupes de hooligans apolitiques ou antifascistes[31] ; et entrepreneur ouvrant en 1986 une boutique de vêtements brassant une clientèle de skinheads, hooligans et amateurs de marques anglaises que se sont appropriés comme dress-code une partie des jeunes d’extrême droite.

Le noyautage des supporters parisiens a débuté en septembre 1989 avec la création du groupe Pitbull Kop par Serge Ayoub. Leur prise en main par les JNR est allée de pair avec l’établissement de liens internationaux avec d’autres supporters d’extrême droite, comme ceux du « 0 Side » d’Anderlecht (Belgique) ou les Brigadas Blanquazules de Barcelone. Vers l984-1985, divers sous-groupes se sont constitués, tous influencés par les thèmes racistes et comprenant des skinheads, mais possédant chacun leur mode d’habillement et leur forme préférée d’affrontement : les « casual  », hooligans qui n’arborent plus l’allure skinhead et sont donc moins repérables de prime abord, se sont développés sous le nom de « Commando pirates », tandis que les Fire Birds, une cinquantaine d’individus formant la fraction la plus violente au Parc des Princes, ont choisi une stratégie d’affrontement contre la police et les supporters adverses.

Les JNR, dont Ayoub reste la figure tutélaire avec une longévité exceptionnelle ne se terminent qu’avec la dissolution de 2013 et la fermeture administrative de son quartier général parisien, Le Local. C’est une sorte de garde prétorienne composée d’éléments généralement issus des classes populaires, impliquée comme on l’a vu dans des agressions racistes sordides, dans lesquelles, à l’exception de la « ratonnade » télévisée évoquée plus haut, Serge Ayoub, bien que son nom ait souvent été évoqué après les faits, n’a jamais été condamné*

Serge Ayoub connaît bien les arcanes du monde judiciaire et les histoires de bagarres qui terminent mal. Ce fils de magistrate, qui a fait ses études secondaires au très bourgeois collège Saint-Sulpice dans le VIe arrondissement, est repéré assez tôt par les services de renseignement. 

Dans une fiche de juin 1993 que StreetPress s’est procurée, les RG déroulent son pedigree de skinhead violent.
- « Agression et propos racistes tenus à l’encontre d’élèves du Lycée Voltaire » (1983) ; 
- interpellation pour « port d’arme blanche » et « vol avec violence » (avril 1984) ; 
- « coups et blessures volontaires » (juillet 1984).
Son casier fait aujourd’hui (2018) mention de six condamnations légères.

https://www.streetpress.com/sujet/1536574128-serge-ayoub-parrain-meurtriers-meric

L’histoire des JNR comporte deux périodes : l’une court jusqu’à l’autodissolution du milieu des années 1990 et est celle de la violence débridée ; l’autre, de la reformation en 2010 jusqu’à 2013, est celle de la violence canalisée, et même de la tentative pour engager une nouvelle mouture de Troisième Voie dans davantage de visibilité publique, avec la présentation de candidats aux élections (2012), l’ouverture de locaux associatifs à Paris et à Lambersart (Nord) sous le nom à consonance régionaliste flamande de Vlaams Huis et la publication d’un journal intitulé Salut public.

Le mouvement est aussi le seul de la scène à avoir réussi à construire des ponts avec le milieu des « bikers » et l’un des rares à prendre la grande majorité de ses références idéologiques dans l’histoire de France, que ce soit chez les révolutionnaires les plus radicaux (Babeuf), les blanquistes et le syndicalisme-révolutionnaire, adoptant d’ailleurs comme emblème le faisceau des licteurs[32]le rattachant bien davantage à la Révolution française qu’au fascisme. La carrière des JNR et de Troisième Voie se terminera cependant dans la violence avec l’implication de plusieurs de leurs membres dans la mort du militant antifasciste Clément Méric, le 5 juin 2013. Une des questions essentielles qui se pose, au moment de dresser le bilan de l’activité violente des JNR, est celle de la facilité avec laquelle, des années 1980 à nos jours, les multiples groupes qu’a dirigés Serge Ayoub ou dont il a été proche, ont pu continuer à opérer en étant impliqués dans des faits très graves : en mars 2017 encore, il comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Amiens en compagnie d’une quinzaine de membres du groupe picard White Wolves Klan (WWK), poursuivis pour des faits de violences, vols, séquestration et tentative de meurtre. Serge Ayoub a été relaxé.

Le PNFE n’a jamais disposé d’un porte-parole ayant les capacités communicationnelles de Serge Ayoub. Il a toutefois joué un rôle essentiel dans la socialisation politique des skinheads. Adepte d’un néo-nazisme orthodoxe qui s’exprime dans les colonnes de son journal, Tribune nationaliste, le PNFE décide, semble-t-il en 1988, de se lancer dans l’action violente et ce, de manière préméditée et concertée. Le 31 juillet 1988, le journal Globe est plastiqué. En novembre 1988 quatre policiers membres du parti participent au Château de Corvier (Loir-et-Cher) au congrès du PNFE. Ils y assistent à une démonstration sur la fabrication et l’utilisation d’engins explosifs et y apprennent que de tels engins ont déjà été utilisés lors de deux attentats encore inexpliqués, ceux du foyer d’immigrants du Cannet (9 mai 1988) et contre Globe (31 juillet 1988)[33]. Certains adhérents non-skinheads se rendent coupables, le 19 décembre 1989, d’un attentat contre le foyer Sonacotra de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui fait un mort et onze blessés. Cette affaire déclenche une vague de répression policière qui se traduit, début 1989 par une vague d’arrestations de 24 cadres (dont le président) et militants dont quatre policiers appartenant à la Fédération Professionnelle Indépendante de la Police (FPIP), un fait qui donne au PNFE la réputation d’être au moins aussi infiltré par des indicateurs qu’il dit avoir réussi à infiltrer la police. Le 5 juin 1990, son journal est interdit. Cependant le PNFE connaît une seconde vie à partir de son cinquième congrès, tenu le 3 avril 1993 en présence de John Tyndall, le président du British National Party (BNP) comme de néo-nazis allemands, et qui consacre sa fusion avec les FNE. Ce sursaut est dû, en bonne partie, au choix stratégique de Cornilleau ainsi résumé par Alain Léauthier dans le quotidien Libération du 2 août 1996 : « Adepte du marketing et de la communication, il [Cornilleau] a su donner à ses troupes le style et le ton qui manquaient aux concurrents : tenues de parade copiées sur celle des SA (sections d’assaut nazies), chants hitlériens, congrès événement, comme en 1989 au château de Corvier. Surtout, quand le phénomène s’est développé, Cornilleau a fait la cour aux skins rétifs aux longues séances d’endoctrinement mais amateurs de musique oï (rock des skinheads, ndlr), de bière et de bastons avec les “bronzés”, c’est-à-dire avec toute personne d’apparence non-européenne. Résultat : à son apogée, vers 1990, le PNFE compte plusieurs centaines de sympathisants dans toute la France. Il adopte une structure extrêmement décentralisée. Les sections locales sont très autonomes, ont leur fanzine[34]. Le PNFE s’implante dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Est ».

Le mouvement attire à lui, précisément en raison de cette décentralisation, les groupes musicaux de skinheads d’extrême droite les plus en vue, généralement formés sur une base strictement locale. Le plus connu est Légion 88, dans l’Essonne, qui fera du nom du mouvement le titre d’une de ses chansons[35].

L’organisation satellise aussi de nombreux fanzines et leurs animateurs ainsi que plusieurs structures à but commercial dont la plus importante est, de 1987 à 1994, le label Rebelles européens, basé à Brest. Les CDs sont aussi vendue et des concerts, organisés, par une structure militante non-lucrative et amie, l’AME ou Association Musicale Européenne, basée dans les Bouches du Rhône). Vis-à-vis des militants ou des recrues potentielles, la musique est utilisée comme moyen d’endoctrinement : la plupart des fanzines publient des interviews de groupes de musique « oi ! », qui laissent peu de doutes quant à la motivation politique des chansons. Le groupe Bifrost, dénommé d’après un terme de la mythologie nordique désignant le pont qui relie le monde des hommes à celui des dieux, déclare par exemple que ses textes « véhiculent le sentiment de révolte face au capitalisme sauvage, hybride et apatride ». Ses références doctrinales sont Georges Sorel et Proudhon, Drieu La Rochelle et Doriot, ou l’écrivain néo-nazi français René Binet. Le groupe Baygon blanc se réfère à Rudolf Hess et Hitler[36]. Action dissidente, basé dans les Yvelines, a pour slogan : « Mort à ZOG [Zionist occupation government] et à tous les parasites de notre pays. » Dans les années 1984-1985 le groupe-culte Evilskins chantait : « le Führer est de retour, on va rallumer les fours, dérouler les barbelés et préparer le Zyklon B », ce texte sans ambiguïté constituant jusqu’à aujourd’hui un « tube » de la scène skinhead. Une partie de cette violence antisémite a pu se transformer en actes sous la forme de profanations de cimetières juifs, particulièrement en Alsace et Lorraine, tandis que celles de carrés musulmans des cimetières ont été nombreuses dans le Nord-Pas-de-Calais.

Une nouvelle catégorie de profanateurs a même vu le jour en 1997, lorsqu’a été violé un caveau du cimetière de Six-Fours (Var). Les auteurs, jugés en 2004, diffusaient la revue W.O.T.A.N. (Will of the aryan nation – volonté de la nation aryenne), « bulletin mensuel de rééducation » des CHS (Charlemagne Hammer Skin – nom choisi en référence à la division SS française), édité à Londres. Un des mis en cause avait été condamné, en 1997, pour avoir exhumé un corps dans le cimetière central de Toulon lors d’une sorte de rituel gothico-satanique. Courant de longue date aux Etats-Unis, le lien entre satanisme et néo-nazisme se retrouve en 2001 dans le procès de David Oberdorf, meurtrier en 1996 d’un prêtre haut-rhinois et dont l’un des mis en cause du Var avait été l’inspirateur[37]. À Rouen, la police arrêtera en mars 1995 les animateurs d’un fanzine nazi-sataniste, Deo Occidi, précurseurs du sous-genre musical connu sous le nom de National-Socialist Black Metal (NSBM), qui avaient formé une association nommée AMSG (Ad Majorem Satanae Gloriam), valorisant l’action terroriste. Sa charte stipulait en effet : « Tout terrorisme se pratique de manière individuelle sans engager la totalité du mouvement Black Metal (…). Chacun doit s’armer de manière individuelle en vue de combattre tout opposant. Tous les moyens devront être utilisés pour se procurer un armement légal et illégal »[38].

La réussite du PNFE dans la manière d’agglomérer les skinheads a évidemment eu un coût en termes d’image et hypothéqué finalement la pérennité du mouvement. Son journal est interdit en 1990, ses réunions militantes sont interrompues par la police[39]. Une réorganisation de l’appareil, en 1990-1991, voit le PNFE diversifier ses activités vers le soutien aux prisonniers politiques néo-nazis en France et à l’étranger via le COBRA (Comité Objectif Boycott de la Répression antinationaliste) créé par Olivier Devalez dans les années 1980 et animé par Rolf Guillou, un skinhead du Havre. À cette époque, le nombre de « prisonniers de guerre » que Devalez demande aux lecteurs de soutenir dans son fanzine L’Empire invisible[40] est de 37, en majorité américains. Les Français ne sont que 4, deux militants du PNFE inculpés dans l’affaire des attentats azuréens du Cannet et de Cannes, l’ancien militant frontiste Edouard Serrière, et Michel Lajoye, figure emblématique de l’activisme racialiste qui a rejoint le parti pendant son incarcération[41]. Le PNFE se lance également dans le soutien au négationnisme du génocide des juifs par l’intermédiaire de l’ANEC (Association normande pour l’Éveil du Citoyen) basée à Caen et fondée par Vincent Reynouard, qui adhère au parti et devient, jusqu’à ce jour, une icône de la seconde génération des auteurs négationnistes. Néanmoins dès 1995, l’activité militante semble fléchir dans les départements où le journal Le Flambeau « compte pourtant un nombre d’abonnés non négligeables, tels que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime, certains départements bretons ou d’Ile- de- France »[42].

Le PNFE se désintègre lentement, malgré une tentative de revitalisation qui passe par l’importation en France d’un certain nombre de thématiques américaines comme la guerre ethnique : dans son avant-dernier numéro, son journal dresse un tableau apocalyptique des violences commises dans les « quartiers sensibles » par des personnes non-blanches et conclut : « seule une répression im-pi-to-ya-ble viendra à bout de la violence. Mais d’ici-là, vu l’état d’abrutissement dans lequel le régime a plongé la masse des veaux, beaucoup de sang aura coulé. Et la reconquête sera longue et douloureuse »[43]. Toutefois dans la surenchère idéologique et la promotion du passage à l’acte dans ce qu’il faut bien appeler la guerre raciale, le PNFE est déjà débordé.

Les organisations radicales ayant quelque difficulté à gérer les bandes skinheads, il va de soi que les relations de celles-ci avec le FN ne sauraient être monolithiques. Si les cortèges annuels de la fête de Jeanne d’Arc et d’autres manifestations frontistes rendaient visible la présence en queue de cortège (ou en marge de celui-ci) d’individus au « look skinhead », il faut garder à l’esprit que le concept de « partei-skin » (skin de parti), élaboré par l’historien et politiste Patrick Moreau pour désigner le skinhead inféodé à un parti organisé dans lequel il milite[44], n’a jamais été pertinent en France. D’une part, l’individualisme, le caractère provocateur et incontrôlable des skins les rendent inaptes à s’insérer durablement dans une structure politique hiérarchisée comme celle du FN. D’autre part, contrairement à une idée reçue, si la stratégie dite de dédiabolisation ne s’est imposée vraiment qu’à partir de 2011, lorsque Marine Le Pen a supplanté son père, elle n’était pas totalement inexistante auparavant : ainsi, outre que la double appartenance était interdite dans les statuts, le parti cherchait à exercer un contrôle étroit sur l’emploi de la force et de la violence, tâche dévolue au Département Protection Sécurité (DPS), placé sous le seul contrôle du président Le Pen. Les projecteurs s’étant braqués sur celui-ci, tout au long de la décennie 1990, au point qu’en 1999 il faisait l’objet d’une enquête parlementaire préludant à une éventuelle dissolution[45], le FN se devait de contenir les skinheads, de sorte que les relations entre le parti et eux étaient depuis longtemps très conflictuelles. Ainsi, lors du défilé FN du premier mai 1993, 32 skins furent interpellés sur dénonciation d’un responsable du DPS et c’est dans la « zone grise » alors constituée autour du Front national de la jeunesse (FNJ) et des nationalistes-révolutionnaires radicaux (notamment ceux d’Unité radicale[46]) que la jonction pouvait s’opérer, davantage d’ailleurs sur le mode du jeune « rebelle blanc » proclamant son appartenance ethnique face à la société multiculturelle que du skinhead proprement dit, en prélude en somme au futur phénomène identitaire des années 2000 à nos jours que Stéphane François analyse dans le chapitre 7 du présent volume.

Idéologiquement, la mouvance skinhead trouvait le discours de Le Pen beaucoup trop modéré. Elle ne comprenait pas la tactique de normalisation par le jeu électoral exposée par Hubert Massol, élu municipal du FN (depuis 1989) et président de l’Association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain (ADMP), dans un fanzine skinhead finement intitulé Gestapo[47]: « Pour que les nationaux reviennent au pouvoir, ils doivent être de plus en plus présents dans le jeu démocratique qui leur permet d’exister, afin de le faire basculer en leur faveur et ensuite faire pression pour instaurer la Révolution nationale. » Subtilité que l’éditeur (Fabien Ménard, des Sables d’Olonne en Vendée, ancien militant du FNJ) de ladite publication récuse ainsi : « Comme notre présence les dérange, exprès nous serons toujours là et encore plus provocants. Notre but n’est pas de nuire au FN, mais rien ne doit nous empêcher de nous exprimer ». Cette affirmation donne la clé de l’attitude des skinheads lors des manifestations du FN : une sorte de complicité idéologique mâtinée d’une réelle aversion à fusionner de manière organisationnelle, ainsi qu’un refus de la « mise au pas » par le DPS, dans la rue. C’est Gestapo encore, orné en couverture d’un portrait d’Hitler, qui l’avoue au final : « Beaucoup critiquent le FN, mais il serait bon de s’apercevoir qu’en fait ce parti est le déclic pour notre peuple. Par la modération de son programme, il permet d’être écouté et de convaincre, apportant ainsi parmi notre grande famille des nationalistes d’innombrables sympathisants. » D’autres ont eu un avis plus tranché : dans son n°10, le fanzine Le Rebelle blanc affirme qu’il s’agit non seulement « d’un parti de corrompus » mais aussi qu’il est « infiltré par les sionistes »[48].

Conclusion

Les skinheads français ont constitué dans les décennies 1980 et 1990 un mouvement que des observateurs étrangers, ceux de l’Anti-Defamation League (ADL), estimaient entre 1000 et 1500 personnes en 1985-1986[49] et que le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme pour 1995 évaluait encore à un millier. Ils ont formé une sous-culture de la jeunesse séduite par un mode de vie au slogan apolitique (« bière, baise et baston », ou, dans la version du fanzine One Voice : « Oï, Sex and Beer »[50]) mais que certains groupes d’extrême droite ont tenté de radicaliser politiquement, à une époque où le Front national dépassait pour le première fois la barre des 10% des voix (1984) mais où les skins séduits par les idées nationalistes, voire racistes, le considéraient déjà comme une formation « bourgeoise ». Ne voulant pas s’intégrer durablement dans un parti politique d’extrême droite, les skins nationaux-socialistes, que d’ailleurs le Front national ne souhaitait utiliser que pour des tâches électorales (collages) ou de service d’ordre, ont constitué un vivier facile pour des groupuscules glorifiant la violence raciste voire le terrorisme (PNFE) qui s’est exprimé par un niveau exceptionnellement élevé d’actes violents visant les personnes de couleur et les personnes d’origine maghrébine. La réaction des autorités politiques, l’existence d’une législation antiraciste votée dès 1972 et renforcée en 1990, ainsi que la différence entre les lois française et américaine sur la détention des armes, ont sans doute permis que le passage au terrorisme soit évité.

L’internationalisation des liens entre skinheads, en particulier en direction de l’Europe de l’Est, notamment la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie après 1990, a donné une dimension transnationale à la violence de ces milieux. Les groupes musicaux voyagent, se produisent sur tout le continent. Les deux principaux réseaux, Hammerskins et Blood and Honour, sont par essence transnationaux et les concerts qu’ils organisent, y compris en France, drainent un public souvent venu des pays voisins (par exemple en Alsace-Lorraine, d’Allemagne et de Belgique ; en Franche-Comté, d’Allemagne et de Suisse). Cette dimension transnationale de la violence, tout comme le caractère d’importation des idées, des méthodes et même de la musique et de la mode, font du phénomène skinhead un mouvement en porte-à-faux avec le nationalisme français. Il s’agit en définitive d’un phénomène d’affirmation raciale dans l’optique d’une imminente confrontation du type « guerre urbaine »[51], entre Européens blancs et « allogènes », soit cette part de l’idéologie d’extrême droite qu’un FN intégré dans le système parlementaire ne peut plus assumer et qui continue, en 2017, à être l’horizon partagé d’une partie importante de l’extrême droite, avec toutefois un nombre de violences graves et d’homicides moins élevé que dans les années 1980.


Notes

[2] Cf. George Marshall  Spirit of ’69: A Skinhead Bible, Dunoon, S.T. Publishing, 1991.

[1] Michel Wieviorka, La France raciste, Paris, Seuil, 1992, ch. 10.

[3] Titre d’un fanzine publié au milieu des années 1990 dans les Bouches- du-Rhône par Mickael P., alors proche du Parti Nationaliste Français et Européen.

[4] Le terme « oi !» est une déformation, utilisée en argot anglais, de « hey you ».

[5] Cf. Timothy Scott Brown, «Subcultures, Pop Music and Politics: Skinheads and “Nazi Rock” in England and Germany », Journal of Social History, 2004, Volume 38, Number 1, p.157-173.

[6] Sur ce sujet, voir le documentaire de Marc-Aurèle Vecchione : Antifa, chasseur de skins (Résistance films, 2008) et pour une version diamétralement opposée celui produit par les proches de Serge Ayoub : Sur les pavés, (Autonomiste media, 2009).

[7] Voir Leonard Zeskind : Blood and Politics, the history of the White Nationalist Movement, Farrar, Strauss and Giroux, 2009, ch. 22.

[8] Fondé en 1972 par l’Américain Garry Rex Lauck, le « NSDAP Aufbau- und Auslandsorganisation » continue à vendre sur le net des ouvrages en français : https://third-reich-books.com/product-tag/francais/

[9] Des suprémacistes américains sont les auteurs de l’attentat contre un bâtiment fédéral d’Oklahoma City qui fit, le 19 avril 1995, 168 morts et 680 blessés.

[10] La diffusion de l’ouvrage a été interdite en France par arrêté du 21 octobre 1999 :  https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000197597

[11] 14 Mots n°1, n.d mais postérieur à juillet 1995, n.p.

[12] Cf. Libération, 18 février 1998.

[13] Voir leur site : http://www.hammerskins.net/fhs/

[14] Voir : https://28hexagone.wordpress.com/

[15] L’adhésion au Front national. De la minorité active au mouvement social, Paris, Editions Kimé, 1990.

[16] Michael Billig, Fascists: A social psychological view of the National Front, London: Academic Press, 1978.

[17] Op. cit, p. 202.

[18] Voir : http://www.slate.fr/story/85579/extreme-droite-radicale

[19] Le mouvement Troisième Voie, fondé en novembre 1985, se réclamait du nationalisme-révolutionnaire : voir la contribution de Nicolas Lebourg dans ce volume. Sa direction était composée d’anciens cadres du Parti des forces nouvelles (PFN) et du Mouvement Nationaliste-Révolutionnaire (MNR) menés par Jean-Gilles Malliarakis. Il attira toutefois, notamment à Lille, des éléments de la mouvance skinhead. C’est l’existence de ce vivier spécifique qui conduisit Serge Ayoub à créer en 1987 les JNR comme une structure destinée à regrouper les sympathisants skinheads de TV, qui disparaitra en 1991. Après cette date, les JNR sont définitivement une organisation autonome se réclamant tantôt du « solidarisme », tantôt du nationalisme-révolutionnaire », mais dont les militants sont bien issus du milieu skinhead et l’assument. Cf. Petrova Youra, « Les skinheads : solidarité de classe ou combat national », Agora débats/jeunesses, vol. 9, n°1, 1997, pp. 76-93.

[20] Kerhuel était le bassiste d’un groupe nommé Evil Skins, jusqu’en 1987. Il a affirmé lors de son procès avoir adhéré aux JNR. À l’audience Giraud a déclaré : «Aux JNR, on pouvait se permettre d’avoir une connotation raciste.» Cf. Libération, 18 octobre 2000.

[21] Libération, 12 décembre 1997.

[22] Ouest-France édition locale de Carhaix, 29 septembre 2013.

[23] La Voix du Nord, 26 mars 2010.

[24] TV a édité un bulletin mensuel, Troisième voie information [dir. publ. Philippe Cabassud], n°1, décembre 1986.

[25] Voir : http://reflexes.samizdat.net/. Si l’information factuelle contenue dans tous les numéros (désormais numérisés) à partir de juin 1986 est donnée dans un contexte militant avoué, du point de vue de la mouvance libertaire, et qu’elle doit être prise par  les chercheurs avec les précautions d’usage, puisqu’elle n’est pas toujours confirmable par des archives accessibles, elle n’en donne pas moins une trame historique fiable du mouvement.

[26] Cf. Libération, 4 mai 1995.

[27] Le Rebelle blanc, 1989, n.p.

[28] Le Francisme, fondé en 1933 par le héros de la guerre de 1914-1918, Marcel Bucard (1895-1946), a été le parti d’extrême droite le plus proche du Fascisme italien jusqu’à son tournant ultra-collaborationniste de 1943. Pierre Sidos, de l’Œuvre française, Pierre Bousquet, de Militant, en ont été membres. De même que l’adolescent Jean Mabire, selon l’ancien Franciste Antoine Graziani. Cf. Les visiteurs de l’aube, Chemise bleue, Volume, III, p. 458, Paris, Dualpha, 2009.

[29] Dissous tous deux par décret du 10 juillet 2013.

[30] Jamais dissout, le PNFE s’est mis en sommeil au printemps 1999. Le dernier numéro de son journal Le Flambeau (mai 1999), porte en couverture la photo de Bruno Mégret.

[31] Sur le hooliganisme : Nicolas Hourcade , « L’engagement politique des supporters “ ultras” français. Retour sur des idées reçues », Politix, vol. 13, n° 50, 2000, p. 107-125. Le hooliganisme constitue un objet d’étude séparé, dans la mesure où il a ses ressorts de mobilisation propres et n’a été utilisé par l’extrême droite que comme un vivier de recrutement.

[32] Symbole porté par l’escorte des magistrats de la Rome antique, ce faisceau a été repris sous une forme proche par l’Assemblée Constituante de 1790, comme allégorie du pouvoir dévolu au peuple. Le Fascisme italien l’a parfois repris sur ses monnaies.

[33] Voir L’Humanité du 2 avril 1990.

[34] À savoir : Walkyrie (pour les militantes); Niebelungen (groupe Thor à Metz); Le Marteau (Saint-Lô, groupe Thulé), Charlemagne (section Léon Degrelle, Nord-Pas-de-Calais); Le chêne (section Jacques Doriot, Seine-et-Marne); Le Glaive (section Roger Degueldre, région parisienne); L’if de Ross (Lyon); Liberté (groupe Odal, Marseille); Sang et Honneur (groupe René Binet, région parisienne); Ultime ralliement (Seine-et-Marne); Wikings (groupe Odin, Normandie). Le nom des sections souligne le poids de la mémoire de l’engagement sur le front de l’Est (Binet, Degrelle et Doriot y furent volontaires) et du néo-paganisme nordiciste, justement activé dans l’extrême droite française à cette période (cf. Nicolas Lebourg et Jonathan Preda, « Le Front de l’Est et l’extrême droite radicale française : propagande collaborationniste, lieu de mémoire et fabrique idéologique », Olivier Dard dir., Références et thèmes des droites radicales, Bern, Peter Lang, 2015, p. 101-138 ). Degueldre était quant à lui membre de l’Organisation de l’Armée Secrète, fusillé en 1962.

[35] Voir : http://wimpeez.tripod.com/id9.html

[36] Interview à Pitbull Zine, n° 4, 1993.

[37] Cf. Libération, 7 avril 2001.

[38] Voir : http://reflexes.samizdat.net/zik-zina-quand-la-musique-fait-boum/

[39] Cf. Le Flambeau n°15, août 1995, p. 22, qui rapporte le déroulement d’un solstice d’été à Paris, le 24 juin précédent.

[40] L’Empire invisible, n°11, janvier-février 1990, p.11. Devalez se présentait alors comme « organisateur national » du 33/5 ce qui, dans la numérologie du Ku-Klux-Klan américain, renvoie à la cinquième époque du mouvement, dont le théoricien était Robert Miles (1925-1992), partisan d’un Klan agissant dans le secret absolu, mystique dans le sens des Identity Churches.

[41] Michel Lajoye (1967) a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 18 ans pour avoir posé en 1987 une bombe dans un café du Petit-Quevilly, fréquenté par des Maghrébins. Il a été libéré en 2007 et a toujours prétendu avoir été manipulé par son complice, un démineur des services de police qui aurait été chargé de pousser l’ultra droite à commettre des attentats. Voir son livre : 20 ans, condamné à la prison à vie, Paris, Dualpha, 2002.

[42] Idem, p. 14.

[43] Le Flambeau, n°32, 1999, p. 12.

[44] Cf. son livre Les Héritiers du Troisième Reich, Paris, Seuil, 1994.

[45] Le DPS : service d’ordre du FN ou garde prétorienne ? Rapport n°1622 enregistré le 26 mai 1999, deux volumes, Les documents d’information de l’Assemblée nationale.

[46]Fabrice Robert, leader à partir de 1996 du groupe de rock nationaliste Fraction, cadre d’Unité radicale et élu municipal FN en 1995, avant de prendre la tête du Bloc identitaire en 2003, a rendu compte de ce qu’il appelle sa période « rebelle blanc » dans un texte intitulé « Retour sur un parcours politique personnel ». Cf : http://fr.metapedia.org/wiki/Fabrice_Robert_:_%22Retour_sur_un_parcours_politique_personnel%22.

[47] N°4, 1994.

[48] Non daté, sans doute publié en 1989-1990, ce fanzine est un des premiers à évoquer la nécessité d’importer en France « la lutte légitime des Palestiniens contre les occupants israélites ».

[49] ADL : The Skinhead International : A worldwide survey of Neo-Nazi Skinheads, 1994, p. 30.

[50] One voice (Segré, Maine- et-Loire), n°4,  n.d.

[51] Voir le fanzine Objectif survie, publié par Olivier Devalez, n°4, septembre 1985.

Alerte antifa en Rhône-Alpes : concert identitaire ce week-end (dossier)

Le collectif antifasciste AFA74 a publié un dossier d’informations sur ce concert qui est organisé par Autour du Lac, et qui a lieu le même jour que la manifestation du GUD à Lyon. En voici de larges extraits, qui présentent les organisateurs et les groupes de musique programmés, et un lien pour télécharger le dossier intégral.

Les organisateurs

Autour Du Lac (ADL) est regroupement affinitaire de militants nationalistes basés en Haute-Savoie. Si leur ligne est souple et souhaite brasser l’ensemble des tendances d’extrême droite, le noyau dur qui anime le cercle est avant tout porté vers l’idéologie néonazie et nationaliste-révolutionnaire. L’antisémitisme et le racisme, y compris avec la revendication de supériorité blanche, y sont des positions assumées. Le cercle est en lien avec d’autres groupuscules de cette tendance, notamment avec le GUD Lyon, Génération Identitaire, Alexandre Gabriac (candidat Civitas aux législatives 2017 dans la deuxième circonscription de l’Isère), ainsi que leurs homologues savoyards Edelweiss Pays de Savoie. Sans surprise, le groupe se singularise par sa violence.

ADL organise des rencontres sportives (football et boxe) mais également des conférences politiques : en mars 2016 à Allonzier-la-Caille, avec des représentants du GUD, de la Casapound et de La Maison des Elfes (maison communautaire et identiaire en Bourgogne) ; en septembre 2016 autour du thème de la « réinformation » dans la salle Yvette Martinet à Annecy ; le 9 octobre 2016, avec la projection d’un documentaire sur la Légion des Volontaires Français (LVF) [1]… En mars 2017, ADL offre un interview au groupe de graffeurs nationalistes La Cagoule [2] qui réalise ainsi des “œuvres” glorifiant les pires organisations d’extrême droite.

Tomasz “Gamin” Szkatulski, reconnaissable à son tatouage “White Power” dans le cou, à gauche avec son ami Yoann Mutte, et à droite tenant la table de Pride France.

ADL tourne autour de personnes issues de la scène néonazie, des stades de football et des sports de combat. Tomasz “Gamin” Skatulski, organisateur du tournoi de MMA et du concert néonazi le 10 juin à Saint-Hélène-sur-Isère, propriétaire de la marque suprémaciste blanche Pride France est un des « membres » du cercle ADL. Ce personnage a déjà été incarcéré à de multiples reprises pour des faits d’armes peu glorieux : agression d’un SDF handicapé en 2008 ou exhibition d’insignes nazis en 2010… Nicolas Paz est un de ces autres proches du cercle ADL qui s’est fait connaître par l’incendie de deux mosquées à Annecy, le 5 mars 2004, avec Anthony Savino et Michel Guégan. Ils ont tous été à l’époque condamnés à cinq ans de prison, avec des années de sursis pour certains (un an pour Nicolas Paz par exemple). Paz revendique également dans un journal en 2014 que « le Front nous demande de temps en temps d’assurer le service d’ordre ».

Les groupes

In Memoriam est un groupe de rock identitaire historique dans la scène néonazie française et européenne. Pour l’histoire ancienne du groupe, on renverra le lecteur au site REFLEXes qui en a retracé le parcours. Le groupe s’est refondé en 2012 à la suite d’une invitation à jouer dans le festival fasciste italien Tana Della Tigri organisé par la Casapound, devant 1 600 personnes, dont 300 français. Ce mouvement italien qui se veut être « le fascisme du nouveau millénaire » est d’ailleurs une source d’inspiration et le catalyseur de la scène fasciste française.

En 2013 et 2014, le groupe se produit à Milan puis à Prague. Ce n’est qu’en juin 2014 que le groupe revient en France, au Back Up, à Paris, devant 1000 personnes. En juillet 2015, c’est à Fréjus qu’ In Memoriam est invité par le maire FN David Rachline dans un festival de musique punk, en présence du groupe La Sourie Déglinguée. Le 10 juin 2017, In Memoriam était invité pour un concert dans la région de Bordeaux par l’association d’extrême droite Le Menhir : face aux risques de « troubles à l’ordre public », le maire de Saint-Quentin-en-Baron avait décidé de faire interdire le concert.

Les trois autres groupes de musiques invités, ZetaZeroAlpha, DDT (Dodicesima Disposizione Transitoria) et Drittarcore, sont tous d’origine italienne, évoluant dans le sillage de la mouvance néofasciste Casapound. Le chanteur de Zetazeroalpha, Gianlunca Iannone, n’est autre que le fondateur de la Casapound.

Casapound

La Casapound est un mouvement d’extrême droite italien fondé par Gianlunca Iannone en décembre 2003, lors de l’occupation d’un bâtiment en plein cœur de Rome. Cette occupation avait pour but de protester contre la crise du logement ; une vingtaine de familles y sont logées. Avec un soutien comme Gabriele Andinolfi, figure intellectuel du fascisme italien durant les « années de plomb », Casapound a d’importants relais idéologiques et politiques lui permettant même de présenter des candidats à certaines élections (mais obtenant de maigres résultats). Le mouvement compte plus de 4 000 membres, 40 sections et occupe 10 bâtiments dans le pays. A cela s’ajoute des initiatives diverses et variées comme des rassemblements, des manifestations, des concerts. La force du mouvement est justement d’être sur tous les fronts sociaux et culturels : aide aux étudiants, aide sociale pour les personnes sans emploi, divers clubs sportifs, radio…

Le régime fasciste de Benito Mussolini est clairement assumé puisque le nom du mouvement signifie littéralement « la Maison de Pound » en référence à l’intellectuel et artiste fasciste Ezra Pound. « Nous sommes fascistes et assumons tout l’héritage de la période fasciste, y compris les erreurs. (…) Contrairement au communisme, le fascisme n’a pas échoué, il a été vaincu sur le champ de bataille » déclare Adriano Scianca, l’un des idéologues du mouvement. Récemment, le 1er juillet 2017, 20 militants de Casapound ont violemment agressé une délégation de personnes participant à un rassemblement en faveur de l’accueil des refugiéEs et des migrantEs.

 AFA 74

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L324xH480/ftp-concert-futur.png-e520d.jpg?1655483546


2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extreme-droite”

Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec les  Russes de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.

[Savoie] Edelweiss, ces néonazis qui font dans le “social”

https://www.lepoint.fr/societe/edelweiss-ces-neonazis-qui-font-dans-le-social-16-06-2017-2135864_23.php
https://static.lpnt.fr/images/2017/06/16/9016635lpw-9017973-article-jpg_4361254_660x287.jpg
Une photo de militants d’Edelweiss, disponible sur la page Facebook d’un membre de l’organisation.

Edelweiss-Pays de Savoie, groupement identitaire basé à Chambéry, utilise la cause sociale pour recruter de nouveaux membres. Enquête.

Ce n’est un mystère pour personne. En France et en Europe, les groupuscules d’extrême droite prolifèrent. Si on connaît leur existence, on en sait peu sur leur mode de fonctionnement. Comment recrutent-ils leurs membres ? Quelles sont les actions menées ? Quel processus de filtrage à l’entrée ? Quels liens entre les différentes organisations ? Le Point.fr a enquêté sur un groupuscule identitaire local : Edelweiss-Pays de Savoie.

Le mouvement naît de l’interdiction du mouvement d’Alexandre Gabriac en 2013, après la mort de Clément Méric. Après un bref passage par le Front national en 2011, Gabriac avait fondé Les Jeunesses nationalistes, avec le soutien du mouvement radical l’Œuvre française, lui aussi dissous au même moment. Partout en France, des militants se mobilisent pour prendre le relais. En Savoie, une poignée de nostalgiques des Jeunesses nationalistes fonde une nouvelle organisation, Edelweiss-Pays de Savoie, suivie deux ans plus tard par la création d’une section en Alsace. Son slogan ? « Social, national, radical ».

Ses fondateurs l’appellent « association », mais, d’après la préfecture de Savoie, aucune association loi 1901 n’est enregistrée sous ce nom. Les statuts d’Edelweiss-Pays de Savoie ne sont pas déposés. Mais ses objectifs, eux, sont bien expliqués sur la page Facebook, seul moyen d’accès à Edelweiss. « Notre combat n’est pas religieux, mais racial », écrivent les fondateurs sur la page. Leur but : défendre leur « culture » et leurs « valeurs qui ont fait la grandeur » de leur « civilisation ». Comprendre que cette civilisation est menacée de « destruction » par « un ennemi » : « l’islamisation et le métissage ». Le groupuscule prône la suprématie de la race blanche européenne et fait l’apologie de l’idéologie néonazie.

La fleur préférée d’Adolf Hitler

Mais Edelweiss préfère communiquer d’abord sur son aspect social. À la manière du Mouvement d’action sociale (MAS), dissous en juin 2016, les militants ont choisi de miser sur la détresse de certaines catégories de la population pour mieux diffuser leurs idées identitaires. Edelweiss propose son aide à des personnes en difficulté (d’origine française) pour réaliser à leur place différents travaux (isoler leurs maisons, rebâtir des charpentes, restaurer leurs logements). Des campagnes de tractage sont organisées sur Chambéry et ses alentours pour proposer une « entraide locale » : « En échange d’une adhésion symbolique à notre association, nous mettons à votre disposition une force de travail bénévole, sérieuse et engagée. » De l’aide, oui, mais, en échange, il faut adhérer et partager les idées de l’« association ». Une façade de Robin des bois des temps modernes, qui cache une réalité bien moins reluisante.

La première fois qu’Edelweiss a fait parler d’elle, c’était en septembre 2014. L’université de Chambéry a été prise pour cible, et ses murs ont été tagués de croix celtiques, de slogans « Social, national, radical », « Anti-antifa », « Chiens du système » et d’edelweiss. En effet, le symbole du groupe n’a pas été choisi par hasard. De nombreux écrits propagandistes datant de la Seconde Guerre mondiale soutiennent que l’edelweiss était la fleur préférée d’Adolf Hitler. En 1935, une unité de la Wehrmacht utilise d’ailleurs la fleur pour décorer ses uniformes…

Laurent Ripart, coordinateur du site de l’université à l’époque, se souvient. « C’est principalement les locaux de l’Unef qui avaient été visés, car il y avait déjà eu des incidents avec des groupes radicalisés par le passé. Je me rappelle que ces personnes étaient toutes très jeunes », nous raconte-t-il par téléphone. À Edelweiss, la plupart des membres ont entre 20 et 30 ans.

Qui sont les fondateurs d’Edelweiss ? De l’extérieur, il est difficile de savoir qui se cache derrière l’organisation. La page Facebook est très opaque, les membres communiquent avec des pseudos, les visages sont floutés. En fait, Edelweiss compte trois fondateurs. Parmi eux, Ladislas S. et Mathias J. Question propagande, les profils des membres les plus actifs du groupe, quant à eux, sont inquiétants. Négationnisme, hommage à Adolf Hitler et au IIIe Reich, plaisanteries racistes, xénophobes, islamophobes et antisémites…, on trouve de tout, mais surtout des personnes ultra-radicalisées. Quelques exemples :

 

Glorification du IIIe Reich par l'un des membres d'Edelweiss.
Glorification du IIIe Reich par l’un des membres d’Edelweiss.

 

 

Des plaisanteries racistes, antisémites et xénophobes  récurrentes sur les murs des membres d'Edelweiss.
Des plaisanteries racistes, antisémites et xénophobes  récurrentes sur les murs des membres d’Edelweiss.

 

 

D'autres plaisanteries négationnistes, chose courante pour les membres de l'organisation.
D’autres plaisanteries négationnistes, chose courante pour les membres de l’organisation.

 

 

Des plaisanteries racistes, antisémites et xénophobes  récurrentes sur les murs des membres d'Edelweiss.
Des plaisanteries racistes, antisémites et xénophobes  récurrentes sur les murs des membres d’Edelweiss.

 

 

Des commentaires antisémites, disséminés sur les profils Facebook des membres d'Edelweiss.
Des commentaires antisémites, disséminés sur les profils Facebook des membres d’Edelweiss.

 

 

De nombreuses références au IIIe Reich, présentes sur beaucoup de profils.
De nombreuses références au IIIe Reich, présentes sur beaucoup de profils.

 

Le groupuscule appartient à la nébuleuse identitaire et entretient des liens avec d’autres mouvements locaux et nationaux, le GUD, Autour du lac (encore un groupe d’ultras savoyards, basé à Annecy), Génération identitaire… Sur les réseaux sociaux, les militants se suivent et se « likent ». Ils participent surtout à des actions communes, comme des manifestations, réunions, événements sportifs. Récemment, c’est à Lyon que le groupe épaulé par le GUD a investi un immeuble propriété de la ville de Lyon. Rebaptisé « Bastion social », le lieu devait accueillir des sans-abri « français uniquement, ou des Européens de langue et de culture françaises », expliquait alors Steven Bissuel, responsable du GUD Lyon. L’immeuble a finalement été évacué par la police mardi 13 juin.

Edelweiss met aussi en avant la nécessité de pratiquer une activité physique régulière, d’entretenir son corps, dans un esprit de tradition et de camaraderies, rappelant la thématique du culte du corps présente dans l’idéologie nazie. Régulièrement, des activités sportives sont organisées : randonnées, entraînements de boxe, compétitions de MMA (illégales en France). Utile en cas de rencontre avec les « antifas », et indispensable pour « combattre et se défendre ». En effet, le combat idéologique d’Edelweiss a vocation à devenir un combat au sens propre.

Propagande et recrutement

Le mouvement insiste aussi sur la nécessité de « se cultiver ». Pour cette raison sont mis à disposition dans la bibliothèque de l’organisation et dans « toutes les bonnes librairies » (comprendre les librairies plébiscitées par l’extrême droite) des ouvrages d’auteurs controversés comme l’ancien journaliste Jean Mabire, qui a beaucoup écrit sur les SS, « ces hoplites du Führer » qui ont vécu « une prodigieuse épopée guerrière », ou encore Dominique Venner. Voici comment ce dernier apparaît sur le site Fdesouche :

 

 

Tout à leur effort d’éducation, les fondateurs encouragent leurs membres à ne s’informer que par des médias alternatifs (Méridien zéro, TV liberté) et à participer à l’effort militant en « investissant 100 euros par an pour (leurs) convictions ». Effort militant qui inclut aussi des actions de terrain, comme des manifestations anti-migrants, des campagnes de tractage et de collage pour recruter des adeptes. Des conférences sont régulièrement organisées, souvent en partenariat avec Autour du lac. Quelques exemples de thèmes ? « Réinformation contre les médias subventionnés : une bataille à gagner », ou « L’expérience communautaire ». Edelweiss-Alsace publie de la propagande nationaliste relayant de fausses informations, notamment concernant les migrants, ou des propos islamophobes.

 

Action anti-migrants organisée par Edelweiss - Pays de Savoie.
Action anti-migrants organisée par Edelweiss – Pays de Savoie.

 

 

Promotion de l'idéologie de "l'invasion" par Edelweiss Alsace.
Promotion de l’idéologie de “l’invasion” par Edelweiss Alsace.

 

Sur la page Facebook, des anonymes, mais pas que. Des clients fidèles de l’extrême droite apparaissent, comme Vincent Vauclin, créateur de la Dissidence française, un groupuscule fasciste, ou Alexandre Gabriac (qui suit le compte Twitter d’Edelweiss-Alsace). Mais aussi des personnalités politiques plus officielles, membres du Front national. Ainsi David Berton, originaire de la région, ancien adjoint à la direction nationale du FNJ. Il a dirigé la campagne de Sophie Robert (FN), battue lors des législatives dans la Loire, et est responsable communication de Marie Dauchy, candidate FN, elle aussi éliminée, en Savoie. Berton « like » la plupart des posts de la page identitaire. Julien Copineau, secrétaire adjoint à la 4e circonscription FN de l’Essonne, aime également la page. Autant de coups de canif au régime dédiabolisant que s’est prescrit le parti.

Lire aussi Législatives – Front national : des candidats pas si présentables…

 

Alexandre Gabriac suit la page Facebook d'Edelweiss Alsace.
Alexandre Gabriac suit la page Facebook d’Edelweiss Alsace.

 

 

David Berton, directeur de campagne de Sophie Robert (FN) et responsable communication de Marie Dauchy (FN), est un habitué de la page Facebook.
David Berton, directeur de campagne de Sophie Robert (FN) et responsable communication de Marie Dauchy (FN), est un habitué de la page Facebook. 

 

 

David Berton, directeur de campagne de Sophie Robert (FN) et responsable communication de Marie Dauchy (FN), est un habitué de la page Facebook.
David Berton, directeur de campagne de Sophie Robert (FN) et responsable communication de Marie Dauchy (FN), est un habitué de la page Facebook. 

 

 

Julien Copineau, membre du FN, aime la page Facebook identitaire Edelweiss.
Julien Copineau, membre du FN, aime la page Facebook identitaire Edelweiss. 

 

N’est pas membre qui veut. Les fondateurs se montrent très méfiants sur le processus de recrutement. Mathias J. se charge de la communication et rencontre les personnes souhaitant adhérer à ce « club » très fermé. Pour adhérer à l’organisation ou participer à un de ses événements, il faut d’abord prendre contact sur la page Facebook. Ce que nous avons fait, « Une journée militante », sans plus de précision, étant justement prévue samedi 10 juin. Le lieu est tenu secret jusqu’au dernier moment, et l’entrée conditionnée par un entretien préalable avec les fondateurs d’Edelweiss. La prise de contact donne lieu à une discussion en privé, très cordiale. « Je préfère vous rencontrer avant, si cela ne vous ennuie pas, étant donné que vous viendrez par rapport à notre prise de contact », écrit Mathias J.. Une rencontre est ensuite arrangée. Sur Chambéry, Aix-les-Bains ou ses alentours, dans un endroit public. Un numéro de téléphone est demandé au postulant.

Des événements néonazis organisés impunément

 

 

Capture d'écran de la page Facebook de PPDM, où des hommes posent, une croix gammée tatouée dans le dos.
Capture d’écran de la page Facebook de PPDM, où des hommes posent, une croix gammée tatouée dans le dos. 

 

D’après les informations du Point.fr, l’événement, baptisé « Pride France » s’est bien tenu à Sainte-Hélène-sur-Isère (petite commune proche d’Albertville), organisé principalement par Pride France, une marque de vêtements « fabriqués par et pour les Blancs », créée par Tomasz Szkatulski, un identitaire originaire de Lille condamné à plusieurs reprises pour des faits de violence. Au programme de cette « journée militante » : des combats de MMA (illégaux), une conférence portant sur « le nationalisme, le militantisme russe et sa répression » donnée par White Rex et PPDM. Encore deux bons clients de l’extrême droite radicale, russes tous les deux. White Rex est un groupe de MMA nationaliste, qui vend, lui aussi, des vêtements célébrant la violence et la virilité dans le sport. Et PPDM est une organisation qui promeut le bodybuilding et l’haltérophilie, et dont la proximité avec la scène néonazie est connue.

La journée de réjouissances s’est terminée par un concert de deux groupes espagnols et un groupe italien sur le thème « Rock against communism ».

« La salle polyvalente a été louée sous prétexte d’un anniversaire en famille, nous explique Daniel Tavel, maire de Saint-Hélène-sur-Isère. Tout s’est bien déroulé, il n’y a eu aucun problème administratif. » Ce n’est que le jour de l’événement, aux alentours de 13 heures, que le maire est alerté par la gendarmerie et le sous-préfet : l’événement serait en fait une réunion néonazie, impliquant des combats illégaux. Daniel Tavel se rend sur place, constate qu’un ring a été mis en place. « Les règles avaient été brisées, j’ai pris un arrêté d’expulsion immédiate, que j’ai remis à l’organisateur. Il s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucun dégât et à ce que la salle soit rendue dans les temps. C’est ce qui s’est passé. Le lendemain matin, quand je suis passé à 7 heures, ils étaient partis et la salle était propre. »

Le mode opératoire est toujours le même. Une salle des fêtes est louée sous un quelconque prétexte par un membre d’un groupuscule et sert de lieu de réunion pour ces rassemblements néonazis. Le 28 janvier dernier, il s’est produit la même chose à Saint-Genix-sur-Guiers et, là encore, le maire est tombé des nues, expliquant s’être « fait piéger ». Ces rassemblements sont réguliers et peuvent, la plupart du temps, se dérouler en toute impunité.

 

Affiche de l'événement Pride France, organisé le samedi 10 juin dernier en Haute-Savoie.
Affiche de l’événement Pride France, organisé le samedi 10 juin dernier en Haute-Savoie.

 

 

Capture d'écran de la page Facebook de White Rex, qui fait la promotion d'un tee-shirt faisant référence au nazisme.
Capture d’écran de la page Facebook de White Rex, qui fait la promotion d’un tee-shirt faisant référence au nazisme.


2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extreme-droite”

Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec les  Russes de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.

RAC n’ MMA Pride France – 10 juin 2017

https://renverse.co/infos-locales/Geneve-Pas-de-neo-nazis-a-Geneve-ni-ailleurs-1126

Pas de néo-nazis à Genève ni ailleurs !

« Pride France » est un label et une marque de MMA (mixed martial arts) de néo-nazis français. Ils ont prévu d’organiser un événement et des concerts le 10 juin 2017 dans la région genevoise.

1er juin 2017

Ce « rendez-vous » risque d’attirer tous les néo-nazis de la région voire même certains d’autres pays. Les invités de cet événement sont des néo-nazis russes et des groupes de musique néo-fascistes italiens et espagnols.

https://renverse.co/IMG/jpg/nazis_russes-resp677.jpg?1496260274

Pride France ?

Le principal organisateur de cet événement et membre fondateur de Pride France s’appelle Tomasz Szkatulski alias « gamin ». Skinhead néo-nazi français originaire de Lille, connu pour de multiples aggressions,notament pour avoir tabassé avec ses propres béquilles un SDF handicapé d’origine nord-africaine en 2008. Lui-même et d’autres néo-nazis lillois (membres de Troisième Voie, organisation interdite par le gouvernement français de l’époque suite à la mort de Clément Méric) sont également connus pour avoir attaqué un bar associatif et un bar gay à Lille. Un des aggresseurs du bar gay est actuellement mis en examen pour le meutre d’Hervé Rybarczyk, guitariste du groupe de rock lillois Ashtones, mort noyé dans la Deûle en 2011.

Reconnaisable à ses tatouages, « Whiter Power » (pouvoir aux blancs) sur le cou, un garçon des jeunesses hitlériennes avec la rhune « Sieg » (insigne des SS) sur l’épaule droite et « Losc Army » (firm d’hooligans lillois d’extrême-droite) sur les doigts, Tomasz Szkatulski ne cache pas ses convictions.

Tomasz Szkatulski était proche de Blood & Honour Hexagone, section française de l’organisation néo-nazie internationale du même nom, qui est d’ailleurs est interdite en Allemagne ainsi qu’ en Angleterre pour des actes de terrorisme.

« Fabriqué par des blancs, pour des blancs »

Pride France organise et participe à des tournois de MMA néo-nazis en France et en europe de l’est. Ils vendent également du matériel sportif avec des insignes nazies. Le matériel est certifié « fabriqué par des blancs, pour des blancs » et se vend lors d’événements et/ou sur internet. Lors de sa période lilloise, Tomasz Szkatulski, vendait son matériel au magasin d’extrême droite « Tribann ». Avant d’être une marque, Pride France était essentiellement une boutique en ligne vendant divers produits faisant l’apologie du 3e reich, de la supposée « supériorité » blanche et de la haine raciste.

La Suisse le « petit paradis des néo-nazis » ?

Initialement annoncé dans la région genevoise, les néo-nazis ont changé le lieu de l’événement pour la Haute-Savoie il y a quelques jours. Ce changement de programme n’est peut être qu’une ruse, la Suisse étant une terre d’acceuil pour l’extrême-droite européenne comme l’ont démontré les événements de Unterwasser (SG) le 15 octobre 2016. Initalement prévu au sud de l’Allemagne ce concert géant avait réuni 5’000 néo-nazis venus de toute l’europe sans que la police ou les autorités ne réagissent.

A nous de réagir !

Nous appellons donc à être vigilantEs et mobiliséEs pour le 10 juin et cela des deux côtés de la frontière.

Nous appelons particulièrement les administrateurs/trices de salles de conférences, de sport, communales ou de mairies à être attentif/ves à d’éventuelles réservations pour cette date. Les néo-fascistes ont pour habitude de louer des salles sous de faux prétextes.

Réseau d’Agitation – Réseau Antifasciste Genève