[Figure NSBM] Hammerskins – Hendrick Moebus – Informateur 1993-2017

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Des informateurs ont fait campagne pour  Möbus “assassins de Satan”  aux États-Unis

L’évasion d’Hendrik Möbus a duré moins d’un an :
en août 2000, le néonazi connu sous le nom de « meurtrier de Satan »
est arrêté en Virginie-Occidentale
après plusieurs semaines d’observation.
Il s’est enfui aux États-Unis à la fin de 1999
après que le tribunal de district d’Erfurt a révoqué sa probation
après sa libération anticipée de prison en août 1998.

À ce moment-là, Möbus avait purgé une peine de quatre ans de prison
pour complot de meurtre, faux emprisonnement et coercition.
Il était l’un des trois auteurs qui ont étranglé Sandro Beyer, 15 ans,
dans une cabane forestière de la ville de Thuringe de Sondershausen en 1993 et ​​ont enterré le corps dans une fosse.

Kai Budler

De retour en liberté, il se moque de sa victime assassinée en la qualifiant de « people pest » et fait le salut hitlérien lors d’un concert de son groupe « Absurd ». Ce n’est pas un hasard si Möbus s’est enfui en Virginie-Occidentale, car là-bas, il pouvait compter sur le soutien de William Pierce, le fondateur de la “National Alliance” (NA) . Sous son vrai nom, il s’est rendu à Washington et avait loué une chambre à Seattle au chef de “l’Ordre blanc de Thulé”, Nathan Pett. Lorsque les enquêteurs ciblés ont vérifié sa cachette, Möbus avait de nouveau disparu. Puis, en mai 2000, une lettre timbrée à Moscou et signée par Möbus est apparue. Ça disait: “J’annonce par la présente que je ne me soumettrai pas volontairement à des poursuites pénales et à l’exécution en République fédérale d’Allemagne ». La lettre était cependant un faux-fuyant, car Möbus était toujours aux États-Unis, où il avait repris un distributeur de musique pour le National Socialist Black Metal (NSBM) appelé Cymofane. La distribution s’est faite par l’intermédiaire d’une boîte postale à Marlington, en Virginie-Occidentale, attribuée à William Pierce. Pierce, décrit par le militant des droits civiques Leonard Zeskind comme « l’ idéologue en chef de la scène extrémiste de droite aux États-Unis », exploitait une activité de vente par correspondance dynamique et la maison de disques « Resistance Records », l’un des plus grands labels mondiaux de musique de droite. musique extreme.

Sa ferme, à environ 300 mètres de la rue principale de Marlington, ressemble à une forteresse : barbelés, clôtures, caméras de surveillance et hommes armés à l’entrée. Möbus a travaillé dans cette ferme sous le nom de “Hans Schmidt” et a essayé d’ouvrir davantage la scène rock de droite pour le NSBM. Cela a pris fin en août 2000, car les menottes se sont refermées pour l’Allemand lors de son arrestation. Pierce expliqua après l’arrestation de Möbus, qui construisait de nouveaux canaux de vente à travers l’Europe pour le néonazi américain, que son protégé était un « vrai national-socialiste » qui travaillait pour lui depuis dix semaines. En garde à vue dans l’attente de son extradition, Möbus se décrit comme un « dissident » et que tous ses crimes depuis 1998 sont « de nature politique ».“. Il lance un appel : « Si la Résistance nationale en Allemagne n’utilise pas mon cas à ses propres fins, alors le système continuera à abuser de mon cas au détriment de tous les nationalistes allemands. (…) Qui sait, peut-être qu’un tribunal américain m’accordera l’asile et déclarera ainsi de manière impressionnante ce que nous savons depuis longtemps : la RFA n’est pas une démocratie, mais un crime ».

Parallèlement à la campagne de solidarité sous le slogan “Libérez Hendrik Möbus”, Möbus s’est présenté comme un ” prisonnier politique‘ une demande d’asile. Ce faisant, il a pu compter sur les bons contacts de son parrain Pierce en Allemagne pendant de nombreuses années. À maintes reprises, des représentants de NA ont participé à des événements organisés par le NPD et les « Jeunes démocrates nationaux » (JN) en Allemagne. À l’inverse, des fonctionnaires du NPD de l’époque, comme Alexander von Webenau, se sont rendus à la “Conférence sur le leadership” de NA en avril 1997. Un an plus tard, Pierce lui-même était l’un des invités d’honneur d’un événement du NPD à Passau. Il n’est donc pas surprenant qu’au moment du séjour de Möbus chez Pierce, un autre néonazi allemand, Henrik Ostendorf de Brême, séjourne à la ferme et y soit responsable du travail de bureau. Ostendorf a également été le traducteur d’un discours du fonctionnaire du NPD Jürgen Distler lors d’un rassemblement de solidarité pour Möbus à Arlington, qui a été suggéré par le NPD et organisé par NA.

Tino Brandt, le co-initiateur et chef du réseau néo-nazi “Thüringer Heimatschutz” (THS) devait témoigner pour Möbus, tout comme le fondateur des “Hammerskins” saxons, Mirko Hesse, qui possédait déjà le label NSBM  Darker que Black” dans sa compagnie “Hate Records”.
Au moment de leur voyage aux USA, les deux néo-nazis de Thuringe et de Saxe étaient déjà des informateurs au service des services secrets. Une note de l’Office d’État de Thuringe pour la protection de la Constitution indique :
« Les dossiers contiennent que Tino Brandt était aux États-Unis en 2001 à l’invitation du skinhead Mirko Hesse ».
Brandt aurait rapporté à la presse un voyage aux États-Unis financé par l’Office d’État de Thuringe.

À partir du milieu des années 1990, Hesse a travaillé sous le nom de “Strontium” pour l’Office fédéral de la protection de la Constitution  en tant qu’informateur et a été arrêté en 2002. En tant que l’une des figures centrales de la scène musicale néonazie, Hesse a produit environ 21 000 CD de rock de droite en quatre ans, dont certains qu’il a également distribués. Parmi eux, le CD “Ran an den Enemy” du groupe néo-nazi “Landser”, qui a ensuite été condamné comme organisation criminelle. Lors d’une perquisition, la police a trouvé un pistolet semi-automatique chargé chez Hesse. En 2002, il a été condamné à quatre ans de prison pour, entre autres, incitation à la haine, usage de symboles appartenant à des organisations anticonstitutionnelles et apologie de la violence. Même alors, le membre du Bundestag pour les Verts, Christian Ströbele, a demandé où était la limite.entre les activités développées par les extrémistes de droite eux-mêmes et les actions inspirées et financées par l’Office de protection de la Constitution ».

Entre 1994 et son exposition en 2001, Tino Brandt a également été employé par l’Office d’État pour la protection de la Constitution en Thuringe sous le pseudonyme “Otto“. Selon Brandt, la majorité des quelque 200 000 marks allemands qu’il a reçus pour cela ont financé la promotion néonazie. Cela comprenait également le réseau ” Thuringian Homeland Security ” (THS), dont le réseau terroriste ” National Socialist Underground ” (NSU) a émergé. Avec le soutien des services secrets, Brandt a apporté une contribution significative à la mise en réseau nationale du THS. En 1999, Brandt est devenu porte-parole de la presse d’État et en 2000 vice-président d’État du NPD de Thuringe. Peu de temps après, il a joué un rôle de premier plan dans la fondation de la branche d’État de Thuringe de l’organisation de jeunesse NPD “Young National Democrats” (JN).

Avec leurs déclarations aux autorités américaines, Brandt et Hesse devraient s’assurer que Möbus reçoive l’asile et puisse ainsi continuer à échapper à la justice allemande.
Cette fusion faisait également partie d’une demande de la membre du Bundestag du LINKE, Martina Renner. Elle critique :
« Le ministère fédéral de l’Intérieur fait apparemment délibérément obstruction à la clarification d’une éventuelle implication de l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV) dans la fuite d’un néonazi condamné pour meurtre vers les USA » .
Car dans la réponse à la demande de Renner, le ministère de l’Intérieur, se référant à la protection des sources, refuse de répondre aux questions sur le rôle du BfV et des informateurs dans l’évasion de Möbus.

Les informateurs de ce réseau germano-américain pourraient également s’interroger sur le rôle des services secrets dans la diffusion du livre “The Turner Diaries”. Écrit en 1978, le méli-mélo dépeint une «guerre raciale» en Amérique du Nord et propage une idéologie révolutionnaire «pure» et les devoirs des cadres dans une organisation clandestine appelée «l’Ordre». 1Pierce a écrit le livre sous le pseudonyme “Andrew Macdonald“. Le livre a également atteint l’Allemagne au milieu des années 1990, dont la traduction allemande a été mise à l’index par le Bureau fédéral d’inspection des médias nuisibles aux jeunes (BPjM) en 2006 et a été considérée comme un modèle pour le réseau terroriste “National Socialist Underground ” (NSU). Apparemment, le réseau néonazi germano-américain n’a pas seulement aidé les néonazis allemands à fuir, il a également ouvert la voie aux “Turner Diaries” pour entrer sur la scène militante néonazie allemande, qui a utilisé le livre comme source d’inspiration. pour des attentats et des meurtres néonazis. 2

Avec son refus de fournir des informations et la prétendue « protection des sources » dans la réponse à la demande de Renner, le ministère de l’Intérieur semble peu enclin à élucider le rôle de ce réseau de structures clandestines néo-nazies.
Un tel réseau devrait également aider Möbus, qui a été libéré de prison en Allemagne il y a dix ans. Il a déménagé à Berlin, y a développé ses activités de vente par correspondance et de label  nsbm et est actif en tant qu’organisateur de concerts dans toute l’Europe. 3
Depuis 2017, il est le chanteur du groupe NSBM “Absurd”, qui était auparavant dirigé par son frère Ronald Möbus.
“Absurd” a été annoncé pour la mi-décembre 2017 pour le spectacle NSBM “Asgardrei” dans la métropole ukrainienne de Kiev. Le festival est considéré comme un événement de propagande du régiment néo-fasciste “Azov” et a attiré plus de 1 000 visiteurs en 2016.

 

Entre autonomie et embrigadement militant : les skinheads néo-nazis des années 1980-1990

Entre autonomie et embrigadement militant : les skinheads néo-nazis des années 1980-1990

Le meurtre de Brahim Bouaraam, un ressortissant marocain mort noyé dans la Seine, après y avoir été jeté pour des motifs racistes et homophobes par des militants d’extrême droite, le 1er mai 1995 à Paris, a sans doute été, par sa résonance politique et médiatique, le point culminant d’une longue série de faits divers, souvent meurtriers, qui ont jalonnés les années 1980-90 et qui ont été attribués à la catégorie, au demeurant floue dans sa définition, des « skinheads », recouvrant un large spectre d’opinions politiques allant de l’extrême droite néo-nazie à l’antifascisme radical représenté entre autres par les « Redskins ». La culture skinhead a été décrite avec raison par Michel Wieviorka, reprenant le sociologue britannique Mike Brake, comme « une sous-culture ouvrière, profondément marquée par une éthique puritaine du travail » et par l’opposition au mouvement hippie[1]. Cette partie du mouvement skinhead qui s’est arrimée politiquement à l’extrême droite française des années 1980-1990 peut toutefois être cernée avec davantage de précision. Pour cela, il importe de dégager les étapes de l’importation en France des phénomènes skinheads anglo-saxons, et ce qu’ils recouvrent alors en termes de radicalité et de violence. Une fois effectuée cette caractérisation des skinheads, il s’agit de dégager les aspects de militance politique pris par ce qui était un phénomène socio-culturel, venu s’enchâsser dans les formations des extrêmes droites.

Caractérisation du phénomène skinhead

Avant que d’être une affiliation idéologique, le fait skinhead doit être vu comme un phénomène subculturel transnational, à l’origine urbain, où la question de la violence participe de la norme comportementale.Le skinhead se revendique d’une culture de la violence mais aussi de la transgression. Il se distingue de la norme par ses codes vestimentaires (crâne rasé ou cheveux coupés ras, port du bomber et des chaussures montantes à lacets connues sous le nom générique de Doc Martens). Ceci étant, ces codes ne sont pas déterminés par l’idéologie mais sont étroitement liés aux origines sociales de la sous-culture qu’ils représentent, née dans la Grande-Bretagne ouvrière des années 1960 et unissant, à l’origine, de jeunes prolétaires blancs appartenant au phénomène des Mods à de jeunes Afro-antillais de même milieu, passionnés de musique ska et reggae[2]. C’est à la fin des années 1970 qu’avec la crise économique qui frappe l’Angleterre industrielle d’une part, et l’émergence d’un parti politique, le National front, fugacement sorti de la marginalité, que s’entérine la séparation définitive, au sein du mouvement skinhead, sur une base ethnique et politique, mais également musicale : la scène skinhead d’extrême droite se structure autour de l’archétype du Militant blanc [3], mais surtout du Rebelle blanc, adolescent ou jeune homme (ou, minoritairement, femme) qui revendique sa couleur de peau et son origine ethnique contre l’émergence des minorités visibles, endosse un racisme et un antisémitisme extrêmes dont l’action violente est une composante essentielle, et abandonne définitivement les musiques « non-européennes » pour deux styles propres : la Oi, un dérivé du punk rock[4] et le RAC ( « Rock against Communism »), qui est un dérivé politisé du précédent dans lequel les paroles glorifient non pas seulement la lutte anticommuniste mais surtout le « nettoyage ethnique » des villes britanniques, et la violence physique en général[5]. Pour autant, l’extrême droite n’a jamais eu une emprise totale sur le mouvement communément appelé skinhead, ni en France, ni ailleurs : le mouvement S.H.A.R.P. (Skinheads Against Racial Prejudice) notamment, rassemble des skinheads de même extraction ouvrière mais proches de l’extrême gauche ou des milieux libertaires. Ils sont souvent actifs dans les villes mêmes où sont leurs rivaux qu’ils surnomment, pour s’en démarquer, boneheads (crânes d’os). Ils sont restés musicalement ouverts aux styles des origines puis au punk. La division idéologique du mouvement skinhead donne lieu, dès les années 1980, à l’émergence de « bandes » rivales qui se disputent la maîtrise des territoires urbains par la violence[6].

De même que l’arrivée en France du phénomène skinhead d’extrême droite était une importation d’un phénomène britannique, et même anglais, la radicalisation idéologique de la scène française dans les années 1990 fut le résultat du transfert en Europe d’idées, de méthodes d’action et d’effets de mode venus des États-Unis. La première apparition publique importante des skinheads américains, lors d’un meeting du 7 octobre 1989 fédérant à peu près toutes les tendances de l’extrême droite autour d’une commémoration de la Confédération sudiste[7], avait montré la convergence, au moins partielle, des skinheads « White Power », des nostalgiques de la ségrégation raciale et de la nébuleuse connue sous le nom d’Identity Churches, sortes de dénominations religieuses sectaires professant l’idée de la suprématie de la race blanche voulue par la volonté divine et les Écritures, relues à la lumière de l’anglo-israélisme (pour lequel les Anglo-saxons sont les descendants des tribus perdues d’Israël) et de l’idée d’un christianisme débarrassé de toutes ses racines juives. Loin de n’être qu’une sous-culture marginale de la jeunesse, cette nébuleuse s’était organisée sous un modèle, la « résistance sans chef », qui prônait la lutte armée contre l’État fédéral, jugé illégitime et appelé ZOG, ou Zionist Occupation Government (gouvernement d’occupation sioniste).

Dès 1983-1984, de petites cellules étaient passées à l’action terroriste contre des agents fédéraux et des adversaires politiques. Elles étaient connues sous le nom de The Order, disposaient de leur manuel de passage à l’action pour déclencher une guerre raciale (le livre de William Luther Pierce, alias Andrew Macdonald, The Turner Diaries, publié en 1978) et d’une forme de mantra, les 14 Mots, formulés par le suprémaciste David Lane pour lequel « We must secure the existence of our people and a future for white children » (« Nous devons préserver l’existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs »). Cet ensemble de concepts, mis en action, font qu’au milieu de la décennie 1990, les autorités fédérales et les associations du type watchdog, luttant contre le racisme (Anti-Defamation League ; Southern Poverty Law Center) estiment que les 3 500 skinheads recensés ont commis 22 meurtres depuis 1990. C’est précisément ce qui séduit des skinheads français.

En juin 1993, parait le premier numéro du bimensuel Terreur d’élite, « voix indépendante et radicale des nationaux-socialistes francophones ». En couverture de ce fanzine d’une qualité d’impression inhabituelle, cette phrase : « Juifs : lire cette publication vous transformera en abat-jour, en savonnettes ou en engrais. » Le ton de l’antisémitisme délirant est donné. Il est habituel chez les Hammer Skins, réseau skinhead américain dont l’emblème est le marteau de Thor et dont la branche française, éditrice du bulletin, se nomme Charlemagne Hammer Skins. Très hostile au Front national (le FN serait « le dernier bastion de la juiverie française »), proche du parti nazi transnational NSDAP/AO[8], elle est animée par Hervé Guttuso, un jeune Marseillais dont la précédente publication s’intitulait Neuvième Croisade. Ancien membre de Troisième Voie, puis de la section Prinz Eugen (du nom d’une division SS) du Parti Nationaliste Français et Européen (PNFE), Guttuso s’est formé au contact de l’American Front et des Chicago White Vikings lors d’un séjour outre-Atlantique. Il y a rencontré les animateurs de la revue Résistance, fanzine devenu un magazine en quadrichromie doublé d’une maison de disques, Resistance Records, dont l’audience est devenue mondiale (le numéro 1 du journal, en 1994, est tiré à 12 000 exemplaires). Idéologiquement, les Hammerskins américains défendent l’idée selon laquelle la résistance armée au pouvoir fédéral est légitime puisque, loin d’être l’émanation du peuple, le gouvernement serait aux mains des juifs qui assureraient leur mainmise sur le pouvoir politique, économique et médiatique, dans l’objectif d’éliminer la race blanche en promouvant le métissage généralisé. Dès lors, toute forme de résistance armée est juste et nécessaire, y compris le terrorisme[9], par des modes d’action souvent inspirés des Turner Diaries, traduits en français tardivement (1999) par Henri de Fersan, avec des illustrations de Chard, caricaturiste à Rivarol[10]. D’où ce surnom de ZOG (Zionist Occupation Government), qu’elle donne au gouvernement des États-Unis.

Cette théorie conspirationniste, qui se réfère souvent aux Protocoles des sages de Sion, débouche sur la conviction que le seul espoir de survie pour la race blanche réside dans la création de communautés aryennes vivant en autarcie dans des régions reculées (aux États-Unis, dans les montagnes Rocheuses et les Appalaches). À partir d’elles s’organisera la riposte violente au pouvoir en place, qu’un livre décrit en détail : les Turner diaries (1978), de William Pierce, leader du groupe américain National Alliance, sorte de bible des suprémacistes blancs. L’intention terroriste apparaît clairement dans Terreur d’élite : « Les cibles principales du révolutionnaire aryen doivent être en première priorité des cibles économiques, énergétiques, puis en dernier lieu des cibles humaines. Le paroxysme de la jouissance étant bien sûr de cumuler les trois facteurs à grande échelle » (n° 5, printemps 1995). La nouveauté dans le rapport à la violence est ici qu’elle est revendiquée dans sa dimension terroriste, comme dans la couverture du magazine skinhead nazi anglais The order (n° 10) qui montre un militant en train de manipuler des détonateurs. En France, le magazine de Guttuso suit le même chemin et celui qui lui succède, 14 Mots, indique clairement « nous devons tuer »[11].

Un nouveau bulletin confidentiel, Das Schwartze Korps (n° 2, 1995), franchit un pas supplémentaire en écrivant : « Nous, Blancs purs, ne reconnaissons aucun droit aux non-Blancs de quelque sorte qu’ils soient. Si, peut-être un seul, celui de crier dans la chambre à gaz quand on jettera le Zyklon B! ». Cette référence explicite au génocide nazi montre que les skinheads, tout en reprenant quelquefois les textes des historiens négationnistes sur la Shoah, ont plutôt tendance à en assumer et même à en valoriser l’existence. La montée en puissance de la tendance terroriste du mouvement skinhead néo-nazi sera toutefois arrêtée nette dès 1993 par la très forte volonté politique du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et de son conseiller pour la lutte contre le racisme, Patrick Gaubert, suivi par ses successeurs : début 1998 Guttuso est arrêté à Londres, où il séjournait depuis 1996 chez les frères Sargent, animateurs de Combat 18, mouvement considéré par la police britannique comme responsable de meurtres racistes et ayant des intentions terroristes. En définitive, un juge d’instruction toulonnais fera écrouer neuf personnes mises en examen pour « incitation à la haine raciale et menaces de mort », notamment contre Anne Sinclair, Jean-François Kahn, Simone Veil et Patrick Gaubert[12]. Les Charlemagne Hammer Skins survivront à cette répression et perdurent jusqu’à ce jour[13], mais avec un fonctionnement plus discret, comme leur concurrent direct les Blood and Honour Hexagone[14] avec leur revue Signal 28, tous deux ayant pour activité visible essentielle l’organisation de concerts ou de tournois de MMA (mixed martial arts). La propension à la violence demeure : le 30 mars 2016, principalement en région marseillaise, onze skinheads néo-nazis ont été mis en examen après la découverte à leur domicile d’un stock d’armes.

Cette appétence pour la violence relève des actions des skinheads mais également de leur vision du monde, voire de leur caractérisation psycho-sociale.Dans son ouvrage sur les motivations de l’adhésion au Front national (FN)[15], Birgitta Orfali reprend la distinction faite par Michael Billig, dans son ouvrage sur les militants du National front britannique[16], entre le militant autoritaire et « l’homme de violence ». Ce dernier, mû par le ressentiment, « est ainsi dénommé car c’est la notion de lutte, de combat qui retient toute son attention. L’opposition violente à tout adversaire (individu ou groupe) le caractérise. L’antagonisme, le conflit sont les lieux par excellence qui définissent ce type ». Elle ajoute que ces hommes « vivent à l’heure de la psychologie des foules grâce au FN »[17]. Stéphane François a bien montré que ce type d’individu correspondait profondément au profil des militants des mouvements qui, aujourd’hui encore, appartiennent à la frange la plus radicale de l’extrême droite, celle qui refuse l’aggiornamento du FN et se manifeste par une activité particulièrement élevée dans la région des Hauts-de France, parfois sur le mode de ce que le même auteur appelle le « skinhead rural » [18].

Au-delà de la typologie sociologique et psychologique, le concept d’homme de violence s’est traduit, dans les décennies 1980 et 1990, par toute une série d’actions dont se sont saisies, non seulement les organisations antiracistes (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme ; Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples ; SOS-Racisme ; Ligue des Droits de l’Homme), mais aussi la presse locale et nationale, qui a ainsi donné une visibilité importante au phénomène skinhead néo-nazi. À bon escient d’ailleurs : en effet, la glorification continue de la violence physique, telle qu’elle figurait dans les publications skinhead de l’époque, accompagnée par l’affirmation de la supériorité ethnique blanche et un antisémitisme obsessionnel, avait de grandes chances d’aboutir à un passage à l’acte. L’accroissement des agressions imputables aux skinheads était déjà sérieux dans les années 1987-90 : en 1988, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) leur imputait 20 actions violentes sur 64 actes racistes répertoriés ; l’année suivante 16 sur 53. Il s’ensuivit une répression policière avec 70 arrestations en 1987.

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Le 29 mai 2023 vient d’être posée une plaque en la mémoire de Imad Bouhoud mais aussi de celle de James Dindoyal :Deux membres de la sphère néonazie avaient été condamnés. D’autres plaques avaient été placées par le passé pour Imad. Puis cassées

Il n’est pas possible de dresser ici une chronologie exhaustive des homicides commis par des skinheads néo-nazis sur la période. Pour ne citer que ceux au plus fort retentissement, on rappellera le meurtre, à Lille, d’un clochard par un proche du mouvement Troisième Voie (TV), en 1988[19]. En 1990 au Havre, une dizaine de militants locaux et parisiens du groupe Blood and Honour tue un jeune Mauricien, obligé par eux d’avaler de la soude caustique avant d’être jeté à l’eau. Les faits ne sont élucidés qu’en 1998 et les deux principaux mis en cause, Régis Kerhuel[20] et Joël Giraud, sont également des membres des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR). Puis, en 1995, David Beaune, 25 ans, est accusé du meurtre d’Imad Bouhoud, mort noyé, dans un bassin du port du Havre. Il est jugé par la cour d’assises de Rouen. Pour lui, le FN se trompe en voulant forcer les immigrés à quitter la France : il souhaitait construire pour eux des «camps de concentration et des chambres à gaz en Normandie ». « Maintenez-vous toujours cela aujourd’hui ? » lui demande le président lors de l’audience. Il maintient[21].

L’affaire est intéressante à un autre titre, celui de la persistance des comportements violents de l’auteur des faits, même après sa sortie du milieu skin : Beaune est de nouveau condamné en 2013 à un mois ferme pour menaces avec arme[22], sans circonstance aggravante de racisme. Ce qui n’est pas le cas pour Marc Grubica, ancien responsable du fanzine nordiste Tempête et Tonnerre, appréhendé en 2010 pour des dégradations commises contre la façade de la mosquée Salman-Al-Farissi, à Tourcoing et qui, à 43 ans, a déjà sept condamnations à son casier – dont une pour meurtre lors de sa période skinhead[23]. Enfin, le 7 janvier 1998, à Mortefontaine-en-Thelle (Oise, autre département de prédilection de la scène skinhead), Antoine Bonnefis, 18 ans, tue son beau-frère et un de ses amis africains. Il écope de 14 ans de prison sans que le mobile raciste soit retenu et les parties civiles sont déboutées.

Ce panorama serait incomplet sans citer deux événements. Le premier est la profanation d’un cadavre dans le cimetière juif de Carpentras (Vaucluse), en mars 1990. Imputé à l’influence culturelle du FN, cet acte, qui devint un événement de mobilisation fondamental dans la stratégie de mobilisation politique et associative contre le Front national, fut élucidé seulement en 1996, alors que l’un des auteurs, Jean-Claude Gos, skinhead de Denain (Nord) et membre du PNFE, était déjà décédé. Le second est exceptionnel parce qu’il est entièrement provoqué par la commande d’un média télévisuel peu scrupuleux (et disparu) qui, comme bien d’autres à l’époque, traite le phénomène skinhead sous l’angle du sensationnalisme : le 22 avril 1990 pour les besoins d’un reportage, une équipe de journalistes incite des membres des JNR, dont Joël Giraud, à agresser un Africain, Karim Diallo, sous les caméras des journalistes. Les mis en cause seront condamnés à 8 mois de prison avec sursis en janvier 1994 pour cette agression.

Certains de ces actes violents ont notablement influencé l’image de l’ensemble de la mouvance. Ce qui est devenu « l’affaire Bouarram » a connu un retentissement exceptionnel parce que les faits se sont déroulés en marge du cortège de Jeanne d’Arc organisé chaque premier mai par le Front national, dont le service de sécurité a d’ailleurs collaboré avec la police dans l’identification des agresseurs. Ils sont également emblématiques de trois dimensions du phénomène de la violence skinhead en France autour desquelles peut s’organiser la réflexion sur cette mouvance dans une période qui constitue son apogée.

La première est la dialectique de l’autonomie et du militantisme politique au sein du FN ou de groupuscules activistes plus radicaux : violents, ouvertement racistes, antisémites et même néo-nazis, réputés incontrôlables et hostiles à toute forme d’organisation sociale autre que celui de la « bande », les skinheads veulent-ils, peuvent-ils s’agglomérer durablement à une organisation hiérarchisée, voire à un parti impliqué dans le jeu électoral ? Seconde question : quelle est l’ampleur du phénomène, à la fois en termes de nombre de personnes concernées, d’influence politique sur le reste de l’extrême droite et de niveau de violence, symbolique ou physique ? Enfin, la catégorie « skinheads » a-t-elle un contenu clair ? N’est-ce pas en partie une construction, notamment médiatique, qui inclut à la fois des individus se revendiquant tels et d’autres qui y ont été rattachés pour des raisons liées à leur « look » (tout « crâne rasé » n’est pas un skinhead) ou à leurs idées – des skinheads ont milité aux Faisceaux nationalistes européens (FNE) ou au PNFE, mais ceux-ci n’étaient pas uniquement ni même prioritairement des mouvements skinheads ?

Deux éléments de réponse peuvent être avancés. Le premier est que les skinheads ont vite été repérés par les fondateurs du PNFE et dans une moindre mesure des FNE, comme le seul canal leur permettant d’étoffer de maigres effectifs et de dépasser la fonction de mouvements nationaux-socialistes orthodoxes, voire de cultes néo-nazis. Le second est que l’époque où ils apparaissent est plus largement celle où les medias découvrent le phénomène des « bandes urbaines » (skins mais aussi « zoulous » ou punks d’extrême gauche) et lui donnent une couverture qui n’est que bénéfice pour les groupes d’extrême droite. La police elle-même prend conscience du phénomène que les Renseignements généraux globalisent sous l’appellation « Violences urbaines ». Ils créent en 1991 une section spécialisée intitulée « Villes et banlieues ». Volens, nolens le phénomène skinhead s’est en tous cas polarisé à l’extrême droite, posant par là-même la question de sa possible structuration par les mouvements organisés de cet espace politique.

La mouvance skinhead et les organisations françaises d’extrême droite

Le mouvement skinhead politisé à l’extrême droite apparaît d’abord vers 1983-1984 et se signale lors de la fête de Jeanne d’Arc 1985 par la présence d’un groupe qui s’appelle « Les Amis de Barbie ». Il s’étend vraiment à partir de 1987, lorsque l’organisation Troisième Voie (TV), alors dirigée par Jean-Gilles Malliarakis[24], se rapproche des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) menées par Serge Ayoub. Avec le PNFE, ces deux groupes sont ceux qui ont voulu et réussi à recruter en milieu skinhead avec le plus de constance et de succès. Cependant, ils ont des précurseurs, figures individuelles qui ont généralement connu les skinheads politisés à l’extrême droite lors de séjours à l’étranger, en particulier en Grande-Bretagne, qui en deviendront des figures et qui prouvent que la culture skinhead est un article d’importation comme beaucoup de modes qui façonnent les sous-cultures de la jeunesse européenne. Les antifascistes radicaux publiant la revue REFLEXes, puis le site internet éponyme[25], et qui ont suivi avec une précision certaine la trajectoire des skinheads de la droite radicale, datent de 1983-84 l’apparition à Marseille de skinheads ayant séjourné en Grande-Bretagne et à la même période, celle à Tours d’un fanzine intitulé Bras tendu, édité par Olivier Devalez alias « Tod », une des figures historiques de la scène, mis au contact du British Movement lors d’un séjour à Londres. La même source affirme que Serge Ayoub (né en 1964), aurait adopté le « look » skinhead au retour d’un voyage outre-Manche. Enfin, une autre personnalité importante de la scène skinhead des premières années est un Britannique installé en France, Bruce Thompson, qui suivra Ayoub aux JNR et restera actif jusqu’en 1995 au moins[26].

La question est de savoir comment, et pourquoi, le développement des skinheads d’extrême droite en France, à cette époque précise, croise la route d’organisations politiques du même milieu et aboutit à ce que celles-ci cherchent à attirer des individus connus pour leur propension à la violence et dont le credo consiste à rejeter tout type de hiérarchie autre que le charisme naturel du chef de bande, généralement reconnu pour ses « faits d’armes », sans parler du fait que les skinheads, dont Thompson semble être le vétéran, étant trentenaire dans les années pionnières, ne souhaitent pas se donner de leader n’appartenant pas à leur génération.

C’est là qu’intervient la dialectique de l’autonomie et de la récupération. En 1983-1984, l’arrivée de la gauche au pouvoir trouve un Front national qui attire toujours des militants très radicaux, mais l’entreprise de marginalisation de ceux-ci, commencée par Jean-Pierre Stirbois, aboutit à la création de groupuscules qui se disputent le maigre espace existant à la droite d’un FN déjà jugé embourgeoisé. En 1989, Bruce Thompson déclare ainsi au fanzine Le rebelle blanc : « Le Pen est trop vieux, trop mou, trop riche »[27]. Les quelques mouvements qui existent à l’époque en dehors du FN ont un rapport de suspicion vis-à-vis de la violence politique. L’Œuvre française, de Pierre Sidos, est un groupe dont le chef a connu l’épuration puis la répression de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), il tient au respect de la légalité et dirige en outre son organisation, étroitement nationaliste française, d’une manière hyper-centralisée, tout en normant étroitement les comportements des militants (costume tenant de l’uniforme, défilés en rangs, chant du mouvement…) : les jeunes aux cheveux ras qui y militent ressemblent aux skinheads, mais n’en sont que très exceptionnellement. Le Parti Nationaliste Français (PNF), scission du FN opérée fin 1982 par les animateurs du journal Militant, militent pour un nationalisme européen racialiste qui recoupe davantage le slogan du White Power, mais outre qu’il est aussi légaliste, ses animateurs d’alors sont en majorité d’anciens du Parti Populaire Français ou du Francisme [28] ayant servi dans les rangs de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme ou de la Division Charlemagne et nés dans les années 1920 : le fossé générationnel est trop important. Serge Ayoub fondera en 1990 un éphémère Comité de base jeunesse, hébergé à l’adresse du local du PNF avec lequel il partageait la « défense de l’identité française face au cosmopolitisme », l’affirmation selon laquelle « la nation est avant tout une communauté de destin et de sang », inaccessible aux non-européens, l’« opposition au système », la démocratie étant décrite comme un moyen d’asseoir la domination des « grands financiers et des grands trusts », la « lutte pour la justice sociale » et la répudiation de la lutte des classes ; la « conscience européenne contre le mondialisme ». Ce rapprochement restera toutefois sans lendemain.

L’instrumentalisation la plus réussie du phénomène skinhead par des mouvements politiques d’extrême droite est le fait de deux groupes : Troisième Voie (1985-1992, réactivé en 2010-2013) auquel il faut ajouter les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR, 1987-2013)[29] et le PNFE[30], fondé en 1987 par un ancien militant de l’OAS et du FN, Claude Cornilleau, qui avait en 1983 réussi à se faire élire conseiller municipal de Chelles (Seine-et-Marne) sur une liste menée par un élu du Rassemblement Pour la République (RPR).

Troisième voie a été fondée en 1985 par Jean-Gilles Malliarakis sur des bases idéologiques nationalistes-révolutionnaires ou solidaristes ; il n’était pas un mouvement skinhead. Son slogan était : « Ni trusts, ni soviets » et outre un anti-sionisme affiché, il tenait à une Europe réunifiée et indépendante des blocs américain et soviétique. Le rapprochement opéré en 1986-1987 entre TV et Serge Ayoub, volontiers interviewé par les media et présenté comme la figure emblématique du milieu skin français, est une initiative de ce dernier, originaire de la classe moyenne parisienne à fort capital culturel, et déjà une figure de la scène skinhead depuis 1982 environ. Il est à la fois chef d’une bande (le Klan), qui se targue volontiers d’avoir le recrutement prolétarien, l’attitude violente et les objectifs anticapitalistes des Sections d’Assaut (SA) ; acteur du milieu hooligan politisé qui, à partir de 1984, s’installe dans la tribune Boulogne du Parc des Princes et qui s’engage dans des affrontements violents contre des personnes de couleur, des supporters des clubs adverses ou d’autres groupes de hooligans apolitiques ou antifascistes[31] ; et entrepreneur ouvrant en 1986 une boutique de vêtements brassant une clientèle de skinheads, hooligans et amateurs de marques anglaises que se sont appropriés comme dress-code une partie des jeunes d’extrême droite.

Le noyautage des supporters parisiens a débuté en septembre 1989 avec la création du groupe Pitbull Kop par Serge Ayoub. Leur prise en main par les JNR est allée de pair avec l’établissement de liens internationaux avec d’autres supporters d’extrême droite, comme ceux du « 0 Side » d’Anderlecht (Belgique) ou les Brigadas Blanquazules de Barcelone. Vers l984-1985, divers sous-groupes se sont constitués, tous influencés par les thèmes racistes et comprenant des skinheads, mais possédant chacun leur mode d’habillement et leur forme préférée d’affrontement : les « casual  », hooligans qui n’arborent plus l’allure skinhead et sont donc moins repérables de prime abord, se sont développés sous le nom de « Commando pirates », tandis que les Fire Birds, une cinquantaine d’individus formant la fraction la plus violente au Parc des Princes, ont choisi une stratégie d’affrontement contre la police et les supporters adverses.

Les JNR, dont Ayoub reste la figure tutélaire avec une longévité exceptionnelle ne se terminent qu’avec la dissolution de 2013 et la fermeture administrative de son quartier général parisien, Le Local. C’est une sorte de garde prétorienne composée d’éléments généralement issus des classes populaires, impliquée comme on l’a vu dans des agressions racistes sordides, dans lesquelles, à l’exception de la « ratonnade » télévisée évoquée plus haut, Serge Ayoub, bien que son nom ait souvent été évoqué après les faits, n’a jamais été condamné*

Serge Ayoub connaît bien les arcanes du monde judiciaire et les histoires de bagarres qui terminent mal. Ce fils de magistrate, qui a fait ses études secondaires au très bourgeois collège Saint-Sulpice dans le VIe arrondissement, est repéré assez tôt par les services de renseignement. 

Dans une fiche de juin 1993 que StreetPress s’est procurée, les RG déroulent son pedigree de skinhead violent.
- « Agression et propos racistes tenus à l’encontre d’élèves du Lycée Voltaire » (1983) ; 
- interpellation pour « port d’arme blanche » et « vol avec violence » (avril 1984) ; 
- « coups et blessures volontaires » (juillet 1984).
Son casier fait aujourd’hui (2018) mention de six condamnations légères.

https://www.streetpress.com/sujet/1536574128-serge-ayoub-parrain-meurtriers-meric

L’histoire des JNR comporte deux périodes : l’une court jusqu’à l’autodissolution du milieu des années 1990 et est celle de la violence débridée ; l’autre, de la reformation en 2010 jusqu’à 2013, est celle de la violence canalisée, et même de la tentative pour engager une nouvelle mouture de Troisième Voie dans davantage de visibilité publique, avec la présentation de candidats aux élections (2012), l’ouverture de locaux associatifs à Paris et à Lambersart (Nord) sous le nom à consonance régionaliste flamande de Vlaams Huis et la publication d’un journal intitulé Salut public.

Le mouvement est aussi le seul de la scène à avoir réussi à construire des ponts avec le milieu des « bikers » et l’un des rares à prendre la grande majorité de ses références idéologiques dans l’histoire de France, que ce soit chez les révolutionnaires les plus radicaux (Babeuf), les blanquistes et le syndicalisme-révolutionnaire, adoptant d’ailleurs comme emblème le faisceau des licteurs[32]le rattachant bien davantage à la Révolution française qu’au fascisme. La carrière des JNR et de Troisième Voie se terminera cependant dans la violence avec l’implication de plusieurs de leurs membres dans la mort du militant antifasciste Clément Méric, le 5 juin 2013. Une des questions essentielles qui se pose, au moment de dresser le bilan de l’activité violente des JNR, est celle de la facilité avec laquelle, des années 1980 à nos jours, les multiples groupes qu’a dirigés Serge Ayoub ou dont il a été proche, ont pu continuer à opérer en étant impliqués dans des faits très graves : en mars 2017 encore, il comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Amiens en compagnie d’une quinzaine de membres du groupe picard White Wolves Klan (WWK), poursuivis pour des faits de violences, vols, séquestration et tentative de meurtre. Serge Ayoub a été relaxé.

Le PNFE n’a jamais disposé d’un porte-parole ayant les capacités communicationnelles de Serge Ayoub. Il a toutefois joué un rôle essentiel dans la socialisation politique des skinheads. Adepte d’un néo-nazisme orthodoxe qui s’exprime dans les colonnes de son journal, Tribune nationaliste, le PNFE décide, semble-t-il en 1988, de se lancer dans l’action violente et ce, de manière préméditée et concertée. Le 31 juillet 1988, le journal Globe est plastiqué. En novembre 1988 quatre policiers membres du parti participent au Château de Corvier (Loir-et-Cher) au congrès du PNFE. Ils y assistent à une démonstration sur la fabrication et l’utilisation d’engins explosifs et y apprennent que de tels engins ont déjà été utilisés lors de deux attentats encore inexpliqués, ceux du foyer d’immigrants du Cannet (9 mai 1988) et contre Globe (31 juillet 1988)[33]. Certains adhérents non-skinheads se rendent coupables, le 19 décembre 1989, d’un attentat contre le foyer Sonacotra de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui fait un mort et onze blessés. Cette affaire déclenche une vague de répression policière qui se traduit, début 1989 par une vague d’arrestations de 24 cadres (dont le président) et militants dont quatre policiers appartenant à la Fédération Professionnelle Indépendante de la Police (FPIP), un fait qui donne au PNFE la réputation d’être au moins aussi infiltré par des indicateurs qu’il dit avoir réussi à infiltrer la police. Le 5 juin 1990, son journal est interdit. Cependant le PNFE connaît une seconde vie à partir de son cinquième congrès, tenu le 3 avril 1993 en présence de John Tyndall, le président du British National Party (BNP) comme de néo-nazis allemands, et qui consacre sa fusion avec les FNE. Ce sursaut est dû, en bonne partie, au choix stratégique de Cornilleau ainsi résumé par Alain Léauthier dans le quotidien Libération du 2 août 1996 : « Adepte du marketing et de la communication, il [Cornilleau] a su donner à ses troupes le style et le ton qui manquaient aux concurrents : tenues de parade copiées sur celle des SA (sections d’assaut nazies), chants hitlériens, congrès événement, comme en 1989 au château de Corvier. Surtout, quand le phénomène s’est développé, Cornilleau a fait la cour aux skins rétifs aux longues séances d’endoctrinement mais amateurs de musique oï (rock des skinheads, ndlr), de bière et de bastons avec les “bronzés”, c’est-à-dire avec toute personne d’apparence non-européenne. Résultat : à son apogée, vers 1990, le PNFE compte plusieurs centaines de sympathisants dans toute la France. Il adopte une structure extrêmement décentralisée. Les sections locales sont très autonomes, ont leur fanzine[34]. Le PNFE s’implante dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Est ».

Le mouvement attire à lui, précisément en raison de cette décentralisation, les groupes musicaux de skinheads d’extrême droite les plus en vue, généralement formés sur une base strictement locale. Le plus connu est Légion 88, dans l’Essonne, qui fera du nom du mouvement le titre d’une de ses chansons[35].

L’organisation satellise aussi de nombreux fanzines et leurs animateurs ainsi que plusieurs structures à but commercial dont la plus importante est, de 1987 à 1994, le label Rebelles européens, basé à Brest. Les CDs sont aussi vendue et des concerts, organisés, par une structure militante non-lucrative et amie, l’AME ou Association Musicale Européenne, basée dans les Bouches du Rhône). Vis-à-vis des militants ou des recrues potentielles, la musique est utilisée comme moyen d’endoctrinement : la plupart des fanzines publient des interviews de groupes de musique « oi ! », qui laissent peu de doutes quant à la motivation politique des chansons. Le groupe Bifrost, dénommé d’après un terme de la mythologie nordique désignant le pont qui relie le monde des hommes à celui des dieux, déclare par exemple que ses textes « véhiculent le sentiment de révolte face au capitalisme sauvage, hybride et apatride ». Ses références doctrinales sont Georges Sorel et Proudhon, Drieu La Rochelle et Doriot, ou l’écrivain néo-nazi français René Binet. Le groupe Baygon blanc se réfère à Rudolf Hess et Hitler[36]. Action dissidente, basé dans les Yvelines, a pour slogan : « Mort à ZOG [Zionist occupation government] et à tous les parasites de notre pays. » Dans les années 1984-1985 le groupe-culte Evilskins chantait : « le Führer est de retour, on va rallumer les fours, dérouler les barbelés et préparer le Zyklon B », ce texte sans ambiguïté constituant jusqu’à aujourd’hui un « tube » de la scène skinhead. Une partie de cette violence antisémite a pu se transformer en actes sous la forme de profanations de cimetières juifs, particulièrement en Alsace et Lorraine, tandis que celles de carrés musulmans des cimetières ont été nombreuses dans le Nord-Pas-de-Calais.

Une nouvelle catégorie de profanateurs a même vu le jour en 1997, lorsqu’a été violé un caveau du cimetière de Six-Fours (Var). Les auteurs, jugés en 2004, diffusaient la revue W.O.T.A.N. (Will of the aryan nation – volonté de la nation aryenne), « bulletin mensuel de rééducation » des CHS (Charlemagne Hammer Skin – nom choisi en référence à la division SS française), édité à Londres. Un des mis en cause avait été condamné, en 1997, pour avoir exhumé un corps dans le cimetière central de Toulon lors d’une sorte de rituel gothico-satanique. Courant de longue date aux Etats-Unis, le lien entre satanisme et néo-nazisme se retrouve en 2001 dans le procès de David Oberdorf, meurtrier en 1996 d’un prêtre haut-rhinois et dont l’un des mis en cause du Var avait été l’inspirateur[37]. À Rouen, la police arrêtera en mars 1995 les animateurs d’un fanzine nazi-sataniste, Deo Occidi, précurseurs du sous-genre musical connu sous le nom de National-Socialist Black Metal (NSBM), qui avaient formé une association nommée AMSG (Ad Majorem Satanae Gloriam), valorisant l’action terroriste. Sa charte stipulait en effet : « Tout terrorisme se pratique de manière individuelle sans engager la totalité du mouvement Black Metal (…). Chacun doit s’armer de manière individuelle en vue de combattre tout opposant. Tous les moyens devront être utilisés pour se procurer un armement légal et illégal »[38].

La réussite du PNFE dans la manière d’agglomérer les skinheads a évidemment eu un coût en termes d’image et hypothéqué finalement la pérennité du mouvement. Son journal est interdit en 1990, ses réunions militantes sont interrompues par la police[39]. Une réorganisation de l’appareil, en 1990-1991, voit le PNFE diversifier ses activités vers le soutien aux prisonniers politiques néo-nazis en France et à l’étranger via le COBRA (Comité Objectif Boycott de la Répression antinationaliste) créé par Olivier Devalez dans les années 1980 et animé par Rolf Guillou, un skinhead du Havre. À cette époque, le nombre de « prisonniers de guerre » que Devalez demande aux lecteurs de soutenir dans son fanzine L’Empire invisible[40] est de 37, en majorité américains. Les Français ne sont que 4, deux militants du PNFE inculpés dans l’affaire des attentats azuréens du Cannet et de Cannes, l’ancien militant frontiste Edouard Serrière, et Michel Lajoye, figure emblématique de l’activisme racialiste qui a rejoint le parti pendant son incarcération[41]. Le PNFE se lance également dans le soutien au négationnisme du génocide des juifs par l’intermédiaire de l’ANEC (Association normande pour l’Éveil du Citoyen) basée à Caen et fondée par Vincent Reynouard, qui adhère au parti et devient, jusqu’à ce jour, une icône de la seconde génération des auteurs négationnistes. Néanmoins dès 1995, l’activité militante semble fléchir dans les départements où le journal Le Flambeau « compte pourtant un nombre d’abonnés non négligeables, tels que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime, certains départements bretons ou d’Ile- de- France »[42].

Le PNFE se désintègre lentement, malgré une tentative de revitalisation qui passe par l’importation en France d’un certain nombre de thématiques américaines comme la guerre ethnique : dans son avant-dernier numéro, son journal dresse un tableau apocalyptique des violences commises dans les « quartiers sensibles » par des personnes non-blanches et conclut : « seule une répression im-pi-to-ya-ble viendra à bout de la violence. Mais d’ici-là, vu l’état d’abrutissement dans lequel le régime a plongé la masse des veaux, beaucoup de sang aura coulé. Et la reconquête sera longue et douloureuse »[43]. Toutefois dans la surenchère idéologique et la promotion du passage à l’acte dans ce qu’il faut bien appeler la guerre raciale, le PNFE est déjà débordé.

Les organisations radicales ayant quelque difficulté à gérer les bandes skinheads, il va de soi que les relations de celles-ci avec le FN ne sauraient être monolithiques. Si les cortèges annuels de la fête de Jeanne d’Arc et d’autres manifestations frontistes rendaient visible la présence en queue de cortège (ou en marge de celui-ci) d’individus au « look skinhead », il faut garder à l’esprit que le concept de « partei-skin » (skin de parti), élaboré par l’historien et politiste Patrick Moreau pour désigner le skinhead inféodé à un parti organisé dans lequel il milite[44], n’a jamais été pertinent en France. D’une part, l’individualisme, le caractère provocateur et incontrôlable des skins les rendent inaptes à s’insérer durablement dans une structure politique hiérarchisée comme celle du FN. D’autre part, contrairement à une idée reçue, si la stratégie dite de dédiabolisation ne s’est imposée vraiment qu’à partir de 2011, lorsque Marine Le Pen a supplanté son père, elle n’était pas totalement inexistante auparavant : ainsi, outre que la double appartenance était interdite dans les statuts, le parti cherchait à exercer un contrôle étroit sur l’emploi de la force et de la violence, tâche dévolue au Département Protection Sécurité (DPS), placé sous le seul contrôle du président Le Pen. Les projecteurs s’étant braqués sur celui-ci, tout au long de la décennie 1990, au point qu’en 1999 il faisait l’objet d’une enquête parlementaire préludant à une éventuelle dissolution[45], le FN se devait de contenir les skinheads, de sorte que les relations entre le parti et eux étaient depuis longtemps très conflictuelles. Ainsi, lors du défilé FN du premier mai 1993, 32 skins furent interpellés sur dénonciation d’un responsable du DPS et c’est dans la « zone grise » alors constituée autour du Front national de la jeunesse (FNJ) et des nationalistes-révolutionnaires radicaux (notamment ceux d’Unité radicale[46]) que la jonction pouvait s’opérer, davantage d’ailleurs sur le mode du jeune « rebelle blanc » proclamant son appartenance ethnique face à la société multiculturelle que du skinhead proprement dit, en prélude en somme au futur phénomène identitaire des années 2000 à nos jours que Stéphane François analyse dans le chapitre 7 du présent volume.

Idéologiquement, la mouvance skinhead trouvait le discours de Le Pen beaucoup trop modéré. Elle ne comprenait pas la tactique de normalisation par le jeu électoral exposée par Hubert Massol, élu municipal du FN (depuis 1989) et président de l’Association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain (ADMP), dans un fanzine skinhead finement intitulé Gestapo[47]: « Pour que les nationaux reviennent au pouvoir, ils doivent être de plus en plus présents dans le jeu démocratique qui leur permet d’exister, afin de le faire basculer en leur faveur et ensuite faire pression pour instaurer la Révolution nationale. » Subtilité que l’éditeur (Fabien Ménard, des Sables d’Olonne en Vendée, ancien militant du FNJ) de ladite publication récuse ainsi : « Comme notre présence les dérange, exprès nous serons toujours là et encore plus provocants. Notre but n’est pas de nuire au FN, mais rien ne doit nous empêcher de nous exprimer ». Cette affirmation donne la clé de l’attitude des skinheads lors des manifestations du FN : une sorte de complicité idéologique mâtinée d’une réelle aversion à fusionner de manière organisationnelle, ainsi qu’un refus de la « mise au pas » par le DPS, dans la rue. C’est Gestapo encore, orné en couverture d’un portrait d’Hitler, qui l’avoue au final : « Beaucoup critiquent le FN, mais il serait bon de s’apercevoir qu’en fait ce parti est le déclic pour notre peuple. Par la modération de son programme, il permet d’être écouté et de convaincre, apportant ainsi parmi notre grande famille des nationalistes d’innombrables sympathisants. » D’autres ont eu un avis plus tranché : dans son n°10, le fanzine Le Rebelle blanc affirme qu’il s’agit non seulement « d’un parti de corrompus » mais aussi qu’il est « infiltré par les sionistes »[48].

Conclusion

Les skinheads français ont constitué dans les décennies 1980 et 1990 un mouvement que des observateurs étrangers, ceux de l’Anti-Defamation League (ADL), estimaient entre 1000 et 1500 personnes en 1985-1986[49] et que le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme pour 1995 évaluait encore à un millier. Ils ont formé une sous-culture de la jeunesse séduite par un mode de vie au slogan apolitique (« bière, baise et baston », ou, dans la version du fanzine One Voice : « Oï, Sex and Beer »[50]) mais que certains groupes d’extrême droite ont tenté de radicaliser politiquement, à une époque où le Front national dépassait pour le première fois la barre des 10% des voix (1984) mais où les skins séduits par les idées nationalistes, voire racistes, le considéraient déjà comme une formation « bourgeoise ». Ne voulant pas s’intégrer durablement dans un parti politique d’extrême droite, les skins nationaux-socialistes, que d’ailleurs le Front national ne souhaitait utiliser que pour des tâches électorales (collages) ou de service d’ordre, ont constitué un vivier facile pour des groupuscules glorifiant la violence raciste voire le terrorisme (PNFE) qui s’est exprimé par un niveau exceptionnellement élevé d’actes violents visant les personnes de couleur et les personnes d’origine maghrébine. La réaction des autorités politiques, l’existence d’une législation antiraciste votée dès 1972 et renforcée en 1990, ainsi que la différence entre les lois française et américaine sur la détention des armes, ont sans doute permis que le passage au terrorisme soit évité.

L’internationalisation des liens entre skinheads, en particulier en direction de l’Europe de l’Est, notamment la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie après 1990, a donné une dimension transnationale à la violence de ces milieux. Les groupes musicaux voyagent, se produisent sur tout le continent. Les deux principaux réseaux, Hammerskins et Blood and Honour, sont par essence transnationaux et les concerts qu’ils organisent, y compris en France, drainent un public souvent venu des pays voisins (par exemple en Alsace-Lorraine, d’Allemagne et de Belgique ; en Franche-Comté, d’Allemagne et de Suisse). Cette dimension transnationale de la violence, tout comme le caractère d’importation des idées, des méthodes et même de la musique et de la mode, font du phénomène skinhead un mouvement en porte-à-faux avec le nationalisme français. Il s’agit en définitive d’un phénomène d’affirmation raciale dans l’optique d’une imminente confrontation du type « guerre urbaine »[51], entre Européens blancs et « allogènes », soit cette part de l’idéologie d’extrême droite qu’un FN intégré dans le système parlementaire ne peut plus assumer et qui continue, en 2017, à être l’horizon partagé d’une partie importante de l’extrême droite, avec toutefois un nombre de violences graves et d’homicides moins élevé que dans les années 1980.


Notes

[2] Cf. George Marshall  Spirit of ’69: A Skinhead Bible, Dunoon, S.T. Publishing, 1991.

[1] Michel Wieviorka, La France raciste, Paris, Seuil, 1992, ch. 10.

[3] Titre d’un fanzine publié au milieu des années 1990 dans les Bouches- du-Rhône par Mickael P., alors proche du Parti Nationaliste Français et Européen.

[4] Le terme « oi !» est une déformation, utilisée en argot anglais, de « hey you ».

[5] Cf. Timothy Scott Brown, «Subcultures, Pop Music and Politics: Skinheads and “Nazi Rock” in England and Germany », Journal of Social History, 2004, Volume 38, Number 1, p.157-173.

[6] Sur ce sujet, voir le documentaire de Marc-Aurèle Vecchione : Antifa, chasseur de skins (Résistance films, 2008) et pour une version diamétralement opposée celui produit par les proches de Serge Ayoub : Sur les pavés, (Autonomiste media, 2009).

[7] Voir Leonard Zeskind : Blood and Politics, the history of the White Nationalist Movement, Farrar, Strauss and Giroux, 2009, ch. 22.

[8] Fondé en 1972 par l’Américain Garry Rex Lauck, le « NSDAP Aufbau- und Auslandsorganisation » continue à vendre sur le net des ouvrages en français : https://third-reich-books.com/product-tag/francais/

[9] Des suprémacistes américains sont les auteurs de l’attentat contre un bâtiment fédéral d’Oklahoma City qui fit, le 19 avril 1995, 168 morts et 680 blessés.

[10] La diffusion de l’ouvrage a été interdite en France par arrêté du 21 octobre 1999 :  https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000197597

[11] 14 Mots n°1, n.d mais postérieur à juillet 1995, n.p.

[12] Cf. Libération, 18 février 1998.

[13] Voir leur site : http://www.hammerskins.net/fhs/

[14] Voir : https://28hexagone.wordpress.com/

[15] L’adhésion au Front national. De la minorité active au mouvement social, Paris, Editions Kimé, 1990.

[16] Michael Billig, Fascists: A social psychological view of the National Front, London: Academic Press, 1978.

[17] Op. cit, p. 202.

[18] Voir : http://www.slate.fr/story/85579/extreme-droite-radicale

[19] Le mouvement Troisième Voie, fondé en novembre 1985, se réclamait du nationalisme-révolutionnaire : voir la contribution de Nicolas Lebourg dans ce volume. Sa direction était composée d’anciens cadres du Parti des forces nouvelles (PFN) et du Mouvement Nationaliste-Révolutionnaire (MNR) menés par Jean-Gilles Malliarakis. Il attira toutefois, notamment à Lille, des éléments de la mouvance skinhead. C’est l’existence de ce vivier spécifique qui conduisit Serge Ayoub à créer en 1987 les JNR comme une structure destinée à regrouper les sympathisants skinheads de TV, qui disparaitra en 1991. Après cette date, les JNR sont définitivement une organisation autonome se réclamant tantôt du « solidarisme », tantôt du nationalisme-révolutionnaire », mais dont les militants sont bien issus du milieu skinhead et l’assument. Cf. Petrova Youra, « Les skinheads : solidarité de classe ou combat national », Agora débats/jeunesses, vol. 9, n°1, 1997, pp. 76-93.

[20] Kerhuel était le bassiste d’un groupe nommé Evil Skins, jusqu’en 1987. Il a affirmé lors de son procès avoir adhéré aux JNR. À l’audience Giraud a déclaré : «Aux JNR, on pouvait se permettre d’avoir une connotation raciste.» Cf. Libération, 18 octobre 2000.

[21] Libération, 12 décembre 1997.

[22] Ouest-France édition locale de Carhaix, 29 septembre 2013.

[23] La Voix du Nord, 26 mars 2010.

[24] TV a édité un bulletin mensuel, Troisième voie information [dir. publ. Philippe Cabassud], n°1, décembre 1986.

[25] Voir : http://reflexes.samizdat.net/. Si l’information factuelle contenue dans tous les numéros (désormais numérisés) à partir de juin 1986 est donnée dans un contexte militant avoué, du point de vue de la mouvance libertaire, et qu’elle doit être prise par  les chercheurs avec les précautions d’usage, puisqu’elle n’est pas toujours confirmable par des archives accessibles, elle n’en donne pas moins une trame historique fiable du mouvement.

[26] Cf. Libération, 4 mai 1995.

[27] Le Rebelle blanc, 1989, n.p.

[28] Le Francisme, fondé en 1933 par le héros de la guerre de 1914-1918, Marcel Bucard (1895-1946), a été le parti d’extrême droite le plus proche du Fascisme italien jusqu’à son tournant ultra-collaborationniste de 1943. Pierre Sidos, de l’Œuvre française, Pierre Bousquet, de Militant, en ont été membres. De même que l’adolescent Jean Mabire, selon l’ancien Franciste Antoine Graziani. Cf. Les visiteurs de l’aube, Chemise bleue, Volume, III, p. 458, Paris, Dualpha, 2009.

[29] Dissous tous deux par décret du 10 juillet 2013.

[30] Jamais dissout, le PNFE s’est mis en sommeil au printemps 1999. Le dernier numéro de son journal Le Flambeau (mai 1999), porte en couverture la photo de Bruno Mégret.

[31] Sur le hooliganisme : Nicolas Hourcade , « L’engagement politique des supporters “ ultras” français. Retour sur des idées reçues », Politix, vol. 13, n° 50, 2000, p. 107-125. Le hooliganisme constitue un objet d’étude séparé, dans la mesure où il a ses ressorts de mobilisation propres et n’a été utilisé par l’extrême droite que comme un vivier de recrutement.

[32] Symbole porté par l’escorte des magistrats de la Rome antique, ce faisceau a été repris sous une forme proche par l’Assemblée Constituante de 1790, comme allégorie du pouvoir dévolu au peuple. Le Fascisme italien l’a parfois repris sur ses monnaies.

[33] Voir L’Humanité du 2 avril 1990.

[34] À savoir : Walkyrie (pour les militantes); Niebelungen (groupe Thor à Metz); Le Marteau (Saint-Lô, groupe Thulé), Charlemagne (section Léon Degrelle, Nord-Pas-de-Calais); Le chêne (section Jacques Doriot, Seine-et-Marne); Le Glaive (section Roger Degueldre, région parisienne); L’if de Ross (Lyon); Liberté (groupe Odal, Marseille); Sang et Honneur (groupe René Binet, région parisienne); Ultime ralliement (Seine-et-Marne); Wikings (groupe Odin, Normandie). Le nom des sections souligne le poids de la mémoire de l’engagement sur le front de l’Est (Binet, Degrelle et Doriot y furent volontaires) et du néo-paganisme nordiciste, justement activé dans l’extrême droite française à cette période (cf. Nicolas Lebourg et Jonathan Preda, « Le Front de l’Est et l’extrême droite radicale française : propagande collaborationniste, lieu de mémoire et fabrique idéologique », Olivier Dard dir., Références et thèmes des droites radicales, Bern, Peter Lang, 2015, p. 101-138 ). Degueldre était quant à lui membre de l’Organisation de l’Armée Secrète, fusillé en 1962.

[35] Voir : http://wimpeez.tripod.com/id9.html

[36] Interview à Pitbull Zine, n° 4, 1993.

[37] Cf. Libération, 7 avril 2001.

[38] Voir : http://reflexes.samizdat.net/zik-zina-quand-la-musique-fait-boum/

[39] Cf. Le Flambeau n°15, août 1995, p. 22, qui rapporte le déroulement d’un solstice d’été à Paris, le 24 juin précédent.

[40] L’Empire invisible, n°11, janvier-février 1990, p.11. Devalez se présentait alors comme « organisateur national » du 33/5 ce qui, dans la numérologie du Ku-Klux-Klan américain, renvoie à la cinquième époque du mouvement, dont le théoricien était Robert Miles (1925-1992), partisan d’un Klan agissant dans le secret absolu, mystique dans le sens des Identity Churches.

[41] Michel Lajoye (1967) a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 18 ans pour avoir posé en 1987 une bombe dans un café du Petit-Quevilly, fréquenté par des Maghrébins. Il a été libéré en 2007 et a toujours prétendu avoir été manipulé par son complice, un démineur des services de police qui aurait été chargé de pousser l’ultra droite à commettre des attentats. Voir son livre : 20 ans, condamné à la prison à vie, Paris, Dualpha, 2002.

[42] Idem, p. 14.

[43] Le Flambeau, n°32, 1999, p. 12.

[44] Cf. son livre Les Héritiers du Troisième Reich, Paris, Seuil, 1994.

[45] Le DPS : service d’ordre du FN ou garde prétorienne ? Rapport n°1622 enregistré le 26 mai 1999, deux volumes, Les documents d’information de l’Assemblée nationale.

[46]Fabrice Robert, leader à partir de 1996 du groupe de rock nationaliste Fraction, cadre d’Unité radicale et élu municipal FN en 1995, avant de prendre la tête du Bloc identitaire en 2003, a rendu compte de ce qu’il appelle sa période « rebelle blanc » dans un texte intitulé « Retour sur un parcours politique personnel ». Cf : http://fr.metapedia.org/wiki/Fabrice_Robert_:_%22Retour_sur_un_parcours_politique_personnel%22.

[47] N°4, 1994.

[48] Non daté, sans doute publié en 1989-1990, ce fanzine est un des premiers à évoquer la nécessité d’importer en France « la lutte légitime des Palestiniens contre les occupants israélites ».

[49] ADL : The Skinhead International : A worldwide survey of Neo-Nazi Skinheads, 1994, p. 30.

[50] One voice (Segré, Maine- et-Loire), n°4,  n.d.

[51] Voir le fanzine Objectif survie, publié par Olivier Devalez, n°4, septembre 1985.

[FIGURE NSBM] Hendrick Möbus : L’ARRESTATION AUX USA D’UN NÉO-NAZI ALLEMAND RÉVÈLE L’INTERNATIONALISATION CROISSANTE DE LA SCÈNE MUSICALE “WHITE POWER”

6 décembre 2000
https://www.splcenter.org/fighting-hate/intelligence-report/2000/arrest-german-neo-nazi-reveals-growing-internationalization-white-power-music-scene

https://www.splcenter.org/sites/default/files/styles/splc_small_portrait_rectangle/public/d6_legacy_files/ir100_cover_0.jpg?itok=8MKsZcRfL’arrestation américaine d’Hendrik Möbus, un musicien néo-nazi allemand, révèle l’internationalisation croissante de la scène musicale du « pouvoir blanc » et l’expansion de l’empire de l’un de ses hôtes américains.

“Libérez Hendrik Möbus !” campagne “Free Hendrik !”

Ces trois mots sont apparus comme un titre de bannière en octobre dernier sur des sites Web d’extrême droite aux États-Unis et à l’étranger. Cliquez sur la bannière et vous en apprendrez un peu plus : “Hendrik Möbus du groupe de black metal Absurd est en prison sans aucun moyen de parler au monde extérieur. Il a purgé sa peine pour meurtre, mais maintenant son droit à la liberté d’expression fait lui un criminel international.”

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La bannière originale, accompagnée d’une invitation aux sympathisants à la reproduire sur leurs propres sites Web, apparaît sur la page d’accueil de Resistance Records , un label de musique white power contrôlé par William Pierce , le leader du premier groupe néo-nazi américain – le National Alliance .

La campagne de propagande de Pierce au nom de Möbus, 24 ans, ainsi que sa collecte de fonds pour payer la facture des frais juridiques de Möbus, est pratiquement sans précédent dans l’histoire de l’Alliance.

Bien que de nombreux membres et alliés de l’Alliance nationale aient eu de sérieux ennuis avec la justice, aucun d’entre eux n’a bénéficié de ce genre de traitement héroïque de la part de Pierce.

Alors, qui est Hendrik Möbus ? Et pourquoi Pierce est-il si intéressé ?

Hendrik Albert Viktor Möbus a été arrêté le 26 août dernier devant un restaurant à environ 20 miles de Hillsboro, W. Va., siège de l’Alliance, sur un mandat d’arrêt international émis en Allemagne. Möbus, un citoyen allemand, était recherché pour avoir violé les conditions de sa libération conditionnelle dans un meurtre de 1993 en se moquant publiquement et en humiliant sa victime et en faisant un salut “sieg heil”, deux actions illégales en vertu des lois allemandes strictes. Il est également accusé d’organiser des groupes radicaux.

Pierce a présenté son plaidoyer pour Möbus comme une défense de la liberté d’expression, soulignant que les commentaires offensants de Möbus auraient été parfaitement légaux en vertu des lois américaines.

Mais le véritable intérêt de Pierce pour Möbus – qui est resté l’invité de Pierce pendant 10 semaines jusqu’à son arrestation – semble être quelque chose de tout à fait différent.

  • Möbus, un acteur clé de la scène musicale « national socialiste black metal » (NSBM) en Europe, aidait Pierce à établir un empire mondial de la musique « hatecore » – un genre raciste qui génère des millions de dollars de bénéfices. Plus important encore, peut-être, la musique attire effectivement de nouvelles recrues dans le mouvement néonazi.

Musique, argent et Möbus
Que Pierce sache ou non qu’il hébergeait un fugitif international – et malgré ses démentis et ceux de son avocat, il semble clair que Pierce le savait – la saga médiatique d’Hendrik Möbus est célèbre.

Cela reflète la nature internationale de la scène musicale du white power, l’intérêt de l’Alliance nationale à devenir un leader mondial dans la vente de sa musique et – si l’on en croit les rapports d’un passage à tabac sauvage que Möbus aurait subi en Virginie – la violence de plus en plus et la nature criminelle de l’activité lucrative de la musique white power.

Déjà, dans plusieurs pays européens où cette musique est illégale, de graves violences ont été signalées en association avec le contrôle de ce commerce très lucratif. Une situation similaire peut maintenant se développer ici.

En Europe, Interpol a déclaré dans un rapport publié l’année dernière que la fabrication, la distribution et la vente de musique néonazie sont devenues une entreprise criminelle de 3,4 millions de dollars par an.

De plus en plus, les CD racistes sont piratés par des entrepreneurs criminels, ce qui signifie qu’aucune taxe, redevance de groupe ou majoration de maison de disques n’est jamais déduite – une situation qui a porté les marges bénéficiaires au plus haut des cieux. Les CD coûtant aux contrebandiers clandestins environ 2 dollars chacun à produire, Interpol a déclaré que les marges bénéficiaires étaient meilleures que pour la vente de haschich.

L’affaire Möbus met également en lumière le monde étrange où convergent le néo-nazisme, le néo-paganisme raciste et des courants de satanisme – un monde peuplé d’extrémistes européens et américains, dont beaucoup sont des musiciens. De diverses manières, ce brassage idéologique est la force motrice de la scène NSBM aujourd’hui.

“Les enfants de Satan”

Le soir du 29 avril 1993, Hendrik Möbus, 17 ans, et deux autres adolescents – tous membres du groupe de black metal Absurd – ont emmené un garçon de 14 ans avec qui ils s’étaient disputés plus tôt dans le forêt près de Sondershausen, dans l’ex-Allemagne de l’Est.

Auparavant, selon un livre de deux journalistes allemands, Satanskinder (« Les enfants de Satan »), Möbus avait envoyé un message, en partie dans un anglais guindé, à sa victime, Sandro Beyer : « Que l’enfer vienne chez toi. Tu vas mourir. Sathan [sic] attend ! Reste loin de nous, espèce de caprice [sic] et de poseur !”

Utilisant une amie commune comme appât, Möbus et les autres ont attiré Beyer dans une cabane appartenant au père de Möbus. Une fois à l’intérieur, l’un des confédérés de Möbus a utilisé un cordon électrique pour commencer à étrangler Beyer. Lorsque Beyer a essayé de crier à l’aide, Möbus a commencé à le poignarder, raconte Satansinder .

Ce n’est qu’à ce moment-là, dit le livre, que les assaillants ont décidé qu’ils ne pouvaient pas laisser partir Beyer, malgré ses supplications et ses promesses de ne le dire à personne – après tout, ont-ils raisonné, Beyer signalerait presque sûrement la blessure au couteau de Möbus à l’estomac.

Beyer était attaché à une chaise et Möbus aurait alors tenu ses jambes pendant que les deux autres adolescents finiraient d’étrangler le garçon.

L’affaire a provoqué un tollé dans la presse allemande, qui a publié des récits sinistres du meurtre et des autres exploits des membres d’Absurd, y compris prétendument des cérémonies sataniques de “baptême” dans une carrière abandonnée. Le black metal, une forme de « musique extrême » particulièrement violente et souvent fasciste, a été exploré en détail.

Les similitudes avec une affaire en Norvège, où la légende du black metal Varg Vikernes a également été emprisonnée pour meurtre et pour avoir aidé à déclencher une série d’incendies criminels anti-chrétiens qui ont brûlé une quarantaine d’églises dans les années 1990, ont été présentées au public.

Pour leur part, les tueurs n’ont donné que peu d’explications sur le meurtre jusqu’à longtemps après le procès, au-delà des mots de l’un d’eux : « Il devait partir ».

Le meurtre en tant qu ‘«acte bénéfique»

Möbus a été condamné à huit ans dans un établissement pour mineurs, où il a réussi à produire une musique de plus en plus dure et politique, devenant une sorte d’icône sur les scènes néonazie et NSBM allemandes. Dans une interview de 1997 dans le livre Lords of Chaos: The Bloody Rise of the Satanic Metal Underground , Möbus a expliqué ce que les auteurs du livre ont décrit comme son «mysticisme racialiste ésotérique».

“Le national-socialisme est la synthèse la plus parfaite de la volonté de puissance luciférienne et des principes et du symbolisme néo-païens”, a déclaré Möbus à l’intervieweur de Lords of Chaos.

“Si ‘Aryen’ représente le noble, le pouvoir créateur illuminé du Blanc, alors ‘Juif’ signifie exactement le contraire.”

Et puis il a parlé de sa victime – “le f—– de gauche” Sandro Beyer.

“Le 29 avril 1993, nous avons voulu éclaircir le ‘problème Sandro’ – et nous l’avons fait, bien que de manière plutôt horrible. … Je peux dire que nous avons inconsciemment imité un rite sacrificiel archaïque : d’abord Sandro a été frappé avec un couteau, puis étranglé, et après cela enterré dans la terre.

Möbus avait-il des regrets ? “[E]très peu de temps après qu’un humain meurt, il n’est donc pas nécessaire de faire tout un plat de celui-ci.”

Möbus a fait des remarques similaires ailleurs. “Nous avons toujours eu l’idée de briser le ‘tabou’ de ‘Tu ne tueras pas'”, a-t-il déclaré au e-zine Mourning the Ancient. “Sandro B. était un mec complètement irritant qui est devenu chiant au bout d’un moment. Il a [sic] répandu des rumeurs et des conneries sur nous-mêmes, quelque chose que nous ne pouvions plus supporter. …

“Je dis que c’était simplement un acte bénéfique pour l’humanité.”

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En Norvège, un autre scandale
Un article explorant la scène internationale NSBM dans le numéro du printemps 2000 de Resistance, le magazine de musique white power publié par Pierce, décrit la politisation croissante de Möbus pendant son incarcération.

“En prison”, raconte Resistance avec une approbation évidente, “Hendrik a traité du paganisme germanique, des visions folkloriques du monde et du national-socialisme [NS]. Lentement mais sûrement, sa vision du monde a évolué vers une croyance nordique et une éthique germanique. Hendrik a promu ses croyances. à diverses occasions… et a été contacté [en prison] par de nombreux NS-Skinheads.”

Alors qu’il était encore en prison, Möbus a été largement comparé à Varg Vikernes, qui a été emprisonné en Norvège. Un mois avant le meurtre de Beyer, Vikernes (dont le prénom autoproclamé signifie “loup” en norvégien), avait participé à des incendies criminels contre des églises chrétiennes historiques et avait été condamné à trois mois de prison.

Peu de temps après sa sortie, Vikernes, qui se produit en tant que groupe de black metal Burzum, s’est disputé avec un certain Øystein Aarseth, qui était largement connu comme le parrain de la scène black metal en Norvège.

Bien qu’il ne soit pas clair ce qui a motivé l’agression – une bataille pour le pouvoir, une femme ou un contrat d’enregistrement – le résultat est bien connu.

Le 10 août 1993, Vikernes a assassiné son ancien mentor. Après l’arrestation de Vikernes, la police a trouvé un énorme arsenal d’explosifs dans sa maison – des explosifs que Vikernes dira plus tard qu’il avait prévu d’utiliser pour faire sauter Blitz House, un célèbre lieu de rassemblement pour les anarchistes et les gauchistes à Oslo.

“L’Europe est maudite par la culture juive capitaliste pourrie, arnaqueuse, une culture basée sur le $ (peste et tourments), le métissage et la suprématie mondiale juive”, a écrit Vikernes pour expliquer sa politique. « Brûler des églises est notre devoir.

The Killers Connect

  • Möbus et Vikernes partagent quelque chose de plus que leur haine des Juifs et du capitalisme – un dévouement au néo-paganisme (l’Odinisme, en particulier) sous une forme qui considère le christianisme comme une foi répugnante basée sur le judaïsme.

Pour Möbus, le christianisme est la « mort noire spirituelle », une religion qui « loue les faibles ». Sa réponse à ce fléau ? “Vous ne pouvez pas vous débarrasser d’un virus après qu’un certain nombre de personnes sont contaminées”, a déclaré Möbus, “[mais] vous pouvez vous débarrasser des personnes contaminées”.

  • Möbus et Vikernes ont pu jouer et enregistrer de la musique en prison. (Les règles carcérales sont généralement beaucoup plus libérales en Europe qu’aux États-Unis.)

Ceci, couplé à la notoriété acquise par leurs crimes et leurs déclarations néo-nazies, a fait de chacun d’eux des icônes sur la scène NSBM en Europe – même si, dans le cas de Vikernes, la liberté est encore loin. Finalement, alors qu’ils étaient encore en prison, les deux hommes en vinrent à communiquer entre eux.

Dans son interview de 1997 ou 1998 avec Mourning the Ancient, Möbus a déclaré qu’il était “en contact avec Varg depuis quelques années maintenant” après être entré en contact pour la première fois avec la musique de Burzum en 1991. “[I] t est incroyable de voir que nous partagent presque tous les mêmes idées et idéaux », s’est enthousiasmé Möbus à propos de Vikernes, qu’il a décrit comme un « homme supérieur » et une « personnalité suprême ».

“S’il existe un moyen de le faire sortir de prison, je n’hésiterais pas à participer à un tel projet”, a-t-il déclaré.

« LE FÜHRER DE HEIL NORDLAND, HEIL VARG VIKERNES !

“La vague à apparaître”

En prison, Vikernes a dirigé une maison de disques et est devenu le chef autoproclamé du Front païen norvégien et “d’une fraternité païenne internationale qu’il appelle Cymophane”, selon un nouveau livre, Encyclopedia of White Power : Un livre source sur la droite raciste radicale.

Dans une interview avec un e-zine il y a quelques années, Vikernes a expliqué que Cymophane – une anglicisation du grec pour “la vague qui apparaît” – est aussi le nom de son label.

Aujourd’hui, Cymophane est une entreprise qui vend la musique de Burzum de Vikernes – peut-être le groupe NSBM le plus populaire au monde – ainsi que les écrits de James Mason, un ancien membre du parti nazi américain qui adule le meurtrier condamné Charles Manson comme un une sorte de deuxième Hitler. (Jusqu’à récemment, Mason était également à la tête de la branche “Vinland”, ou US, du Heathen Front.)

Et c’est une entreprise qui s’est avérée être un élément clé du voyage de Möbus aux États-Unis.

Möbus a été libéré sur parole en août 1998, après avoir purgé cinq ans et quatre mois de sa peine, et est immédiatement entré en politique active d’extrême droite.

Il est devenu chef de la branche allemande du Front païen. Il a repris un label de black metal, Darker Than Black Records (DTB), et a contribué à une compilation d’une autre firme, HATE Records – un label qui appartient à la branche saxonne de Hammerskin Nation, un groupe skinhead international extrêmement violent.

Et, comme Vikernes, il a parlé de vouloir faire distribuer sa musique aux États-Unis.

Mais les ennuis se préparaient à l’horizon.

En juillet 1999, Möbus a été condamné à huit mois de prison pour avoir fait le salut nazi à bras raides. Peu de temps après, sa libération conditionnelle a été révoquée, bien qu’il n’ait pas été capturé. Trois mois plus tard, la police a fait une descente dans près de deux douzaines d’endroits en Allemagne, dont DTB, et a accusé un certain nombre de labels de musique de diffuser de la propagande nazie. DTB fermé après le raid.

Et peu de temps après, Möbus – qui était toujours en liberté – s’est vu infliger une autre peine de 18 mois pour les remarques qu’il avait faites en se moquant et en humiliant Beyer dans l’ interview de Lords of Chaos .

Venir en Amérique

Après le raid du DTB, Möbus “a fait des plans pour continuer ses opérations aux États-Unis”, selon le magazine antifasciste britannique Searchlight.

Alors qu’il était encore en Allemagne, rapporte le magazine, Möbus a conclu un accord pour distribuer les produits DTB via Bestial Offers, un distributeur au Texas. Et il aurait conclu un accord avec une autre société texane, Ancestral Research Records.

En décembre 1999, Möbus s’est envolé pour Seattle et est entré aux États-Unis. Il semble qu’il soit entré légalement, bien qu’il ait finalement dépassé la durée de son visa (en fait une dispense de visa de 90 jours qui lui a permis une entrée temporaire dans le pays).

Victor Gerhard, un avocat de l’Alliance nationale, a déclaré au Los Angeles Times que le billet d’avion de Möbus était payé par un suprémaciste blanc américain – vraisemblablement pas Pierce – qui “a recherché son expertise dans la conclusion de contrats de disques et l’a payé pour qu’il s’en remette”. .” Les deux hommes se sont disputés, a déclaré Gerhard, et Möbus s’est dirigé vers l’est, restant avec des dévots du pouvoir blanc sur son chemin.

L’homme qui a payé le billet d’avion de Möbus était apparemment Nathan Pett, un acteur clé du suprémaciste blanc White Order of Thule (WOT). WOT, avec des succursales à Elk, Washington, où vit Pett, et Richmond, Virginie, publie le journal Crossing the Abyss.

De son côté, Pett édite personnellement un autre journal, Fenris Wolf , « La voix révolutionnaire de la Ligue de libération païenne ». Selon Searchlight, Pett a affilié Fenris Wolf au Pagan Front, qui est une organisation internationale.

Après son arrivée à Seattle, Möbus est allé à Elk, Washington, pour vivre avec Pett, qui s’appelle également Nate Zorn. Mais les deux se sont apparemment disputés et Möbus s’est rendu à Richmond, en Virginie, où se trouve un autre chapitre de WOT.

Des marteaux et des menottes
À ce stade, l’histoire devient plus trouble.

Selon certaines publications dans des groupes de discussion sur Internet, Möbus a été attaqué à Richmond, dans la plupart des récits par Pett et un ami. Möbus aurait été menotté et méthodiquement battu avec un marteau sur tout le corps.

(L’ironie de cette attaque signalée est que la victime du meurtre de Möbus, Sandro Beyer, a également été attachée par ses bourreaux à une chaise avant d’être étranglée.)

Au moment où Möbus a finalement été libéré, il avait été très gravement blessé, selon ces récits.

Un message d’octobre sur un groupe de discussion “anarchiste national” posa publiquement plusieurs questions hostiles à Pett, dont celle-ci : “En juin 2000, vous êtes-vous rendu à Richmond VA et avec un complice, du ruban adhésif et un brassard H. Möbus et l’avez-vous battu à mort avec un marteau?”

La réponse de Pett était quelque peu ambiguë : “[M]ême si nous faisions une telle chose, si [sic] vous pensez que je vais discuter librement avec des gens qui ne sont absolument pas pertinents pour moi (de parfaits inconnus en fait) d’une telle activité illégale et incriminante, SUR INTERNET… Que [sic] vous êtes sérieusement trompé.”

Pett a également été attaqué sur d’autres sites Internet. Bien que les raisons sous-jacentes de ces attaques ne soient pas claires, il semble que Pett ait pu irriter d’autres suprémacistes blancs en s’emmêlant avec Möbus. Alex Curtis, le rédacteur suprémaciste blanc du magazine électronique largement lu The Nationalist Observer, a accusé Pett d’avoir aidé la police dans une affaire contre un autre militant raciste.

Dans une publication qui a suscité une réponse furieuse de Pett, Curtis a déclaré que Pett et son groupe “ne sont pas dignes de confiance et doivent être évités en tant que rats et préjudices à l’honneur aryen”. Une série d’autres suprémacistes blancs de premier plan ont mis Pett au pilori de la même manière.

Pett n’a pas pu être joint pour commenter.

Le fugitif arrive

Après sa visite malheureuse à Richmond, Möbus se rendit au siège de l’Alliance nationale de Pierce en Virginie-Occidentale, y arriva début juin et y resta près de trois mois. Plus tard, Pierce et son avocat, Victor Gerhard, insisteront sur le fait qu’ils n’avaient aucune idée que Möbus était un fugitif lorsqu’il se présenta à la porte de l’Alliance.

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“Tout ce que je savais, c’est qu’il ne voulait pas y retourner”, a déclaré Pierce au Los Angeles Times . Mais cela ne semble pas être la vérité.

Quatre mois avant que Möbus n’apparaisse en Virginie-Occidentale, le propre magazine de musique blanche de Pierce, Resistance , a décrit en détail le sort de Möbus aux lecteurs, expliquant que Möbus faisait face à “5 ans et plus” s’il était pris.

“Il est maintenant en fuite, recherché par les autorités allemandes avec un mandat d’arrêt international”, a déclaré Resistance dans son numéro du printemps 2000. L’en-tête répertorie Pierce comme éditeur.

Pierce a également accusé avec colère les maréchaux américains qui ont arrêté Möbus d’avoir cassé le bras du jeune homme lorsqu’ils l’ont accueilli. Mais il se pourrait bien que les blessures auxquelles Pierce se réfère remontent en fait à l’attaque rapportée de Richmond, qui aurait eu lieu peu de temps avant Möbus. arrivé en Virginie-Occidentale.

Quoi qu’il en soit, Pierce s’intéressa vivement à Möbus. Il est maintenant évident que cet intérêt découlait du rôle central de Möbus dans le monde de la haine – un monde dans lequel Pierce a fait de son mieux pour obtenir un morceau majeur au cours des deux dernières années.

Depuis l’année dernière, William Pierce contrôle le plus grand label de musique raciste américain, Resistance Records, ainsi que son magazine. (Dans une série de transactions complexes qui ont été détaillées dans le numéro d’automne 1999 du Intelligence Report, Pierce a payé environ 250 000 $ pour Resistance.)

Il a également acheté un grand label raciste suédois, Nordland. Dès l’automne dernier, Pierce a exprimé son intérêt à se développer dans NSBM, et l’article du printemps dernier dans Resistance – “Is Black Metal a White Noise?” – semblait réitérer ce désir.

De plus, Pierce a longtemps été un chef de file dans l’établissement de relations internationales entre néofascistes en Europe et aux États-Unis, voyageant fréquemment à travers l’océan.

Ainsi, bien que l’on ne sache toujours pas si Pierce et Möbus étaient en contact avant juin, il n’est pas surprenant que l’Américain vieillissant et le jeune Allemand aient trouvé beaucoup à discuter.

Et Cymophane fait trois

“Il y a trois mois, j’ai reçu la visite d’un jeune musicien allemand qui s’est fait un nom avec la musique de résistance en Europe”, a expliqué Pierce dans une émission de radio en septembre.

“Je l’ai invité à rester en tant qu’invité et à m’aider à établir de nouveaux débouchés en Europe pour mes disques. Et c’est ce qu’il a fait pendant 10 semaines. Il est resté en tant qu’invité et nous avons parlé du rôle de la musique dans notre effort global.”

Pierce ne l’a pas dit, mais le couple a également conclu un accord.

Le 30 juin, quelques semaines après l’arrivée de Möbus, William Pierce a enregistré Cymophane, LLC, se présentant comme organisateur et directeur, auprès du secrétaire d’État de Virginie-Occidentale. L’adresse du bureau principal indiquée était la même que celle du siège de l’Alliance nationale de Pierce. Pendant ce temps, le domaine Internet de Cymophane.com est désormais enregistré auprès de DTB – le label de musique que Möbus contrôlait avant de venir aux États-Unis.

Le résultat est donc le suivant : Möbus semble clairement avoir remis à Pierce au moins une partie de Cymophane – ce qui signifie que, selon toute vraisemblance, Pierce contrôle désormais les droits américains sur la musique de Vikernes et de Möbus.

Au final, cette acquisition pourrait s’avérer très importante. Cela apporte apparemment à Pierce certains des groupes de white power les plus populaires au monde.

Cela pourrait augmenter les bénéfices de son opération musicale en plein essor – des bénéfices qui pourraient atteindre jusqu’à 1 million de dollars par an dans un avenir proche, un montant qui contribuerait à enrichir l’Alliance de 1 500 membres.

Et cela élargit considérablement l’influence de Pierce, alors que de plus en plus de jeunes se mettent à l’écoute des sons de la haine.

En tout état de cause, il semble peu probable que Möbus soit en mesure d’aider davantage Pierce. Bien que les autorités aient initialement prévu de l’extrader vers l’Allemagne pour faire face à des accusations criminelles pour violation de sa libération conditionnelle, elles ont décidé d’essayer d’expulser Möbus à la place après qu’il ait demandé l’asile politique.

En conséquence, les responsables s’attendent à ce que Möbus soit renvoyé en Allemagne assez rapidement – malgré le Pierce “Libérez Hendrik Möbus!” des bannières qui continuent de s’afficher dans le monde entier.

Quoi qu’il en soit, Pierce semble certainement avoir pris goût à son visiteur inhabituel. Il a promis de financer le combat de Möbus pour rester aux États-Unis et a demandé de l’argent aux membres de l’Alliance et à d’autres pour le soutenir – un appel qui a déjà rapporté plus de 9 000 dollars.

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Dénonçant les autorités pour avoir soi-disant brutalisé Möbus, Pierce a offert sa propre vision plutôt unique du meurtrier d’enfants allemand condamné: “un intellectuel calme, maigre et non violent”.


 

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La photo montre l’extrémiste de droite Hendrik Mubus lors d’un procès à Erfurt en 2003 Photo :Martin-Schutt/image-alliance / dpa/dpaweb

 


A look into the life of one Dr. William Pierce.
Dr. Pierce was an ex-physics professor and was also a writer. One of his books was entitled “The Turner Diaries” to which may of heard.William Pierce, who died on July 23, 2002, gained renown in far-right circles throughout the world as the author of The Turner Diaries. A fictionalized account of an apocalyptic Aryan revolution in the United States, the book was the inspiration behind one of the worst terrorist acts committed in the United States – the 1995 bombing of the federal building in Oklahoma City that killed 168 people. As founder of the National Alliance, the largest and most active neo-Nazi organization in the United States, Pierce used several media – weekly radio addresses, the Internet and most recently white power music ventures and racist video games – to promote his vision of a whites-only homeland and a government free of “non-Aryan influence.” Since Pierce’s death, his followers have vowed to carry on his work.

 


Les Carnets de Turner (The Turner Diaries) est un roman américain écrit par William Luther Pierce sous le pseudonyme d’« Andrew Macdonald » et publié en 1978. Marqué par le suprémacisme blanc, ouvertement raciste et antisémite, il justifie aussi les massacres d’innocents (comme moyen de contrôle de la population).

Ce roman d’anticipation décrit un coup d’État mené aux États-Unis par des suprémacistes blancs. Les protagonistes du livre, décrits sous un jour positif, s’en prennent au gouvernement des États-Unis, mais aussi aux Noirs et aux Juifs, ces derniers étant décrits comme contrôlant l’État américain.

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Les ventes du livre ont contribué à financer les activités de la National Alliance de William Pierce. L’ouvrage est considéré par l’écrivain Aidan Doyle1 comme ayant inspiré des attentats d’extrême droite comme celui d’Oklahoma City en 19952.

L’ouvrage est interdit en France3., en Allemagne et au Canada.


 

[FIGURE NSBM] US Marshal capture Hendrick Moebus chez W. Pierce

https://www.washingtonpost.com/archive/politics/2000/08/29/fugitive-neo-nazi-from-germany-is-captured-in-wva/ad02f94b-1d1a-4f46-b06e-3a0d158a1015/

Après avoir secrètement suivi un fugitif néonazi allemand lors de son voyage de l’État de Washington à la Virginie-Occidentale, le US Marshals Service a arrêté le meurtrier condamné près de la propriété de 200 acres du séparatiste blanc William Pierce, auteur de “The Turner Diaries”, ont annoncé hier les autorités. .

Hendrik Albert Viktor Moebus a été condamné en Allemagne en 1994 avec deux complices de meurtre et d’enlèvement. Il a été appréhendé samedi près de Lewisburg, W.Va., à environ 20 miles de la propriété de Pierce, où il vivait depuis plusieurs semaines, ont indiqué des responsables.

Moebus, 24 ans, a été reconnu coupable alors qu’il était mineur d’avoir attiré un autre adolescent, décrit comme “non aryen”, dans un appartement et de l’avoir étranglé. Libéré sur parole en 1998 après avoir purgé les deux tiers de sa peine, Moebus a violé les conditions de sa libération en faisant des commentaires extrémistes sur la victime du meurtre et en faisant un salut nazi lors de rassemblements de droite en Allemagne.

Il a déclaré publiquement son intention d’éviter d’être arrêté et s’est demandé si le meurtre qu’il avait commis était un crime, ont déclaré des responsables. En décembre dernier, Moebus est entré aux États-Unis alors qu’un mandat d’arrêt contre lui était en instance en Allemagne. Le ministère fédéral allemand de la Justice a rapidement demandé l’aide du US Marshals Service pour le localiser et l’arrêter.

Les maréchaux ont déterminé que Moebus était entré aux États-Unis via Seattle sans utiliser de pseudonyme et s’était rendu à Spokane, Washington. À un moment donné, il a commencé à utiliser un pseudonyme et a reçu l’aide de diverses personnes, ont déclaré des responsables fédéraux.

“Il a laissé une trace”, a déclaré Chris Dudley, l’inspecteur principal qui a dirigé l’enquête pour le Marshals Service.

Moebus a voyagé de Spokane à Richmond, dans certaines parties de l’Ohio et finalement en Virginie-Occidentale, où il a vécu dans l’un des bâtiments du complexe de 200 acres de Pierce. Pierce, fondateur de l’Alliance nationale, a écrit “The Turner Diaries”, un roman qui a retenu l’attention nationale après qu’il a été révélé que le bombardier d’Oklahoma City, Timothy McVeigh, lisait et promouvait avidement le message suprémaciste blanc du livre.

 

Il existe des similitudes entre l’attentat à la bombe de 1995 contre le bâtiment fédéral de Murrah et une scène de “The Turner Diaries” décrivant la préparation d’une bombe pour détruire le siège du FBI. Le roman comprend le renversement violent du gouvernement américain et le meurtre systématique de Juifs et de non-blancs pour établir un monde « aryen ».

Samedi dernier, sous les yeux d’un groupe de maréchaux adjoints, Moebus a quitté la propriété Pierce en tant que passager dans une voiture. Il est sorti du véhicule à environ 20 miles et a été arrêté immédiatement près de Lewisburg. Moebus n’a pas résisté à son arrestation et aucune arme n’a été trouvée dans le véhicule, a déclaré Dudley.

Un mandat d’arrêt a été délivré au tribunal fédéral de Spokane début juillet après que les maréchaux ont localisé un homme qu’ils croyaient être Moebus vivant à Loon Lake, Wash.

“Nous avons eu la confirmation de quelques sources qu’il était là-haut”, a déclaré Dudley. Les maréchaux l’ont gardé sous surveillance et l’ont suivi jusqu’à la propriété de Pierce, où ils ont attendu environ deux semaines avant de procéder à l’arrestation pour s’assurer qu’ils avaient le bon homme, a noté Dudley.

“La patience a payé”, a déclaré Dudley, ajoutant qu’il était ravi que le Marshals Service ait résolu une affaire que le gouvernement allemand considérait comme “importante”.

“Les maréchaux américains ont fait un excellent travail”, a déclaré hier un porte-parole de l’ambassade d’Allemagne. “Nous avons une coopération très étroite avec les autorités américaines concernant la lutte contre l’extrémisme de droite.”