Aller et retour en Ukraine

https://renverse.co/analyses/article/aller-et-retour-en-ukraine-2805

Des personnes issues de la Suisse et de France qui sont de retour de la guerre civile en Ukraine participent en Suisse à des combats de hooligans. Des compagnons de lutte et des structures informelles dans le sillage de « Autour du lac » et les Hammerskins de Romandie forment le groupe hooligan « Swastiklan » (Svastika = croix gammée).

Dès 2014, des néonazis ont quitté la Suisse pour le front ukrainien afin de défendre « l’Europe blanche ». Ils sont intervenus de manière active dans la guerre de Sécession qui depuis 2014 oppose des milices pro-russes et pro-ukrainiennes. Des unités et des milices pro-russes et russes ont déclaré l’indépendance des provinces orientales Donnezk et Luhansk au printemps 2014 et ont occupé la Crimée. Ce fut une réaction aux manifestations d’Euromaidan dans la ville ukrainienne de Kiev. L’heure de vérité politique de l’Ukraine s’est traduite en une guerre qui dure jusqu’à aujourd’hui entre les milices pro-russes et pro-ukrainiennes. Au milieu de ce conflit armé se trouvent des néonazis suisses et européen. e. s. Ces légionnaires et mercenaires défendent leur vision d’une « Europe blanche » l’arme à la main.

Azov — le bataillon nazi

Le bataillon Azov fut créé le 5 mai 2014 durant la crise ukrainienne en tant que milice volontaire. En juin 2014, elle a mené ses premiers combats lors de la reconquête de la ville de Mariupol des mains des séparatistes pro-russes [1]. Le bataillon se composait dès le début de forces nationalistes qui suscitaient une grande attraction auprès des néonazis d’Ukraine et de toute l’Europe. D’à peine 850 combattants, Azov est devenu une force armée de plus de 2500 personnes — dont une bonne partie des soldats sont de l’étranger [2]. Azov se caractérise par des références claires au national-socialisme. Un wolfsangel (crochet de loup) figure dans le logo d’Azov et idéologiquement le bataillon forme l’avant-garde du mouvement paneuropéen [3].

Björn en haut à droite avec le salut d’Hitler avec d’autres combattants de l’ASOV

Le développement d’Azov est un produit des bouleversements sociaux en Ukraine. L’idéologie ultra nationaliste est fortement ancrée dans la société ukrainienne et sert d’outil de mobilisation pour la guerre. Ce nationalisme est le vivier d’Azov et d’autres groupes nationalistes, qui, grâce à leurs victoires, gagnent en reconnaissance sociale. Pour cette raison, l’Ukraine est devenue un lieu symbolique pour les néonazis de toute l’Europe. Le mouvement ukrainien se sent investi dans une mission qui est basée sur un projet paneuropéen qui lui est proche idéologiquement [4].

Soutien depuis la Suisse

Les mouvements militants de la droite ukrainienne exploitent dès le début du conflit leurs contacts internationaux, afin d’y trouver du soutien pour leur cause. C’est dans ce but qu’ils ont fondé des organisations de soutien, qui contribuent à leur combat avec des ressources financières, politiques et militaires. Une des organisations les plus importantes, la « Misanthropic division » a des sections dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest ainsi qu’en Amérique du Nord. Elle joue en rôle majeur dans le recrutement de combattants à l’étranger [5].

Bras dessus-dessous, Björn à droite avec 3 autres individus affichant le port de maillots aux "couleurs" "Misanthropic division", autour du "blason Azov"
Une bannière "Pride France" se distingue affichée sur le mur (en haut à droite), signature de Gamin, combattant MMA & Thomaz KOTS, hooligan Losc Army de Lille, tatoué skinhead néonazi, entrepreneur "sportswear", collaborateur de Blood and Honour Hexagone co-production de combats clandestins avec des concerts RAC.

 

En Suisse romande, une section locale de « Micanthropic Division » (MDS) [6] a déjà été créée au printemps 2014. « Björn Sigvald » est le dirigeant présumé de ce groupement, un néonazi fan de sport de combat depuis sa jeunesse, qui est connu à ce jour seulement sous ce pseudonyme. Björn Vita sert d’exemple du développement des membres de « Misanthropic Division ». À partir de son obsession pour les combats et ses contacts informels en Ukraine, se sont développés des réseaux personnels qui ont finalement débouché sur une participation active sur place.

Björn, le networker

« Björn Sigvald » est actif dans les mouvements d’extrême droite depuis environ dix ans et entretient de nombreux contacts internationaux à différents niveaux de la scène. Il a noué les premiers contacts importants par le biais des Hammerskins suisses. En 2011 il a été admis dans le « Hang-Around-Status » des Hammerskins Romandie [7]. À cette époque et les années qui suivent, il a assisté avec Joël « Pouppi » Moret et d’autres Hammerskins à des concerts et des manifestations de ce mouvement aux frontières de la Suisse et a fait de nouvelles connaissances [8]. Il a notamment rencontré Tomasz Skatulsky, organisateur de combats du milieu d’extrême droite et propriétaire de la marque Pride France [9].

Pouppi (g), Björn (2dg) et autres à Milan

Björn 2014 combattant à la Pride France

En octobre 2014, « Misathropic Division Suisse » a envoyé 800 francs  (suisses) à Azov, comme l’ont rapporté plusieurs médias [10]. Les contacts avec l’Ukraine se sont intensifiés. Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent que « Björn » a entrepris des voyages en Ukraine depuis le printemps 2015, voire avant. À cette époque, il a aussi organisé une conférence sur la situation en Ukraine dans la région de Lausanne [11].

Björn et Skatulsky en randonnée

Après les premiers voyages, il a évoqué dans des chats l’idée d’acheter une maison dans les Carpates (Ouest de l’Ukraine). Il pourrait avoir vécu temporairement en Ukraine. Olena Semenyaka, ambassadrice d’Azov en Europe de l’Ouest, en parle dans les médias sociaux [12].
Selon des recherches du Blick, il a participé à des combats avec Azov. Parallèlement il a intensifié son activisme politique en Ukraine [13]. « Björn » a ainsi participé à une conférence paneuropéenne en 2017 et entretient différents contacts avec des défenseurs de l’idée paneuropéenne, en particulier avec Olena Semenyaka [14].

Björn prend Semenyaka – en robe noire “wednesday addams” et cheveux attachés, – en accolade sous la bannière croix celtique paneuropa bleu et jaune.

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Le point de départ affiché officiellement de l’expansion informationnelle du mouvement Azov dans le domaine de l’Europe occidentale doit être considéré comme la conférence Paneuropa, qui a eu lieu le 28 avril 2017 à Kiev sous les auspices du mouvement paneuropéen Reconquista fondé en 2015 sur le dos de volontaires étrangers de masse. soutien à la guerre de libération nationale dans l’est de l’Ukraine. Cette conférence, consacrée à l’idée de l’alternative à l’intégration européenne et à la coopération géopolitique, a réuni des représentants des forces politiques allégeantes françaises, italiennes, allemandes, suédoises, croates, polonaises, lituaniennes, lettones et russes soutenant un cap persistant vers la création d’un État souverain.

https://www.foiaresearch.net/sites/default/files/styles/body_large/public/2019-01/Alexei%20Levkin.jpg?itok=p9DQzPdX

Azov has long been trying to make connections with the French far-right. Steven Bissuel, leader of the GUD in the French city of Lyon, and far-right intellectual figure Pascal Lasalle, were invited to the 1st Paneuropa Conference in Kyiv alongside other European far-right figures in April 2017. The event aimed at promoting and building pan-European coordination in between national far-right movements like CasaPound (Italy), the GUD (France), Nordisk Ungdom (Sweden) and, of course, Ukraine’s National Corps.Steven Bissuel alongside National Corps’ international secretary Olena Semenyaka, hairstyle, in "wedeneday addams dress"  at the 1st “Paneuropa” Conference in Kyiv, April 2017Only a few weeks after that event, however, the GUD announced its dissolution. Its members, led by Bissuel, occupied an abandoned building in Lyon, creating Bastion Social. Inspired by the Italian movement “CasaPound”, the new organization quickly gained momentum and was operating six “far-right social centres” throughout France by July 2018.
Marc “Hassin” at a demonstration organized by Bastion Social in Aix-en-Provence, France

Marc “Hassin” at the inauguration of Bastion Social in Clermont-Ferrand, France, 14 juillet 2018


https://image.over-blog.com/ZaRwM1mv2tRcGM2m-VPPGae1NyQ=/filters:no_upscale()/image%2F0935939%2F20211211%2Fob_62c531_olena-semenyaka-002-marc-de-cacqueray.jpegAvec Marc (Mes Os Reims, Zouaves Paris, GUDS Paris, Ouest Casual, ...etc.) La coiffure cheveux lâchés, raie au milieu change mais la robe "wedenesday addams" que porte Olena en décembre 2019 semble identique à la robe déjà portée sous la bannière paneuropa a croix celtique en avril 2017

 

« Björn » soutient et s’entraîne aussi avec la milice ukrainienne C14 Sich Karpatska, qui est dirigée par Taras Dejak selon le modèle de Casa Pound [15]. Entre autres, C14 est crainte à cause des attaques contre les Sinti et les Roms [16]. Avec Dejak et une délégation de C14, Björn a visité en février 2019 le mémorial aux héros « Jour de gloire » à Budapest [17].

« Björn » a développé un large réseau de contacts en Ukraine. Il représente la Suisse dans le mouvement paneuropéen et recrute pour Azov en Suisse romande [18].

Le réseau

Les contacts intensifs entre la scène en Suisse romande, les régions frontalières françaises et l’Ukraine se sont probablement réalisés par le biais de deux domaines d’intérêts — la musique et les sports de combat.

2.d.g. Levkin, Ludovic Faure, Björn en Kiew

Au niveau musical, les groupes français « National Socialist Black Metal » (NSBM), « Kommando Pest Noire » (K.P.N.) et « Baise ma Hache » (BmH) jouent un rôle central. Ces groupes sont étroitement affiliés avec le groupe ukrainien NSBN « M8L8TH ». Le chanteur du groupe, Alexei Levkin, est une personnalité dirigeante d’Azov qui se déclare ouvertement membre de la jeunesse néonazie « Wotan Jugend » [19]. K.P.N a joué plusieurs fois aux festivals Asgardsrei coorganisés par Levkin à Kiev, où le groupe compte un grand nombre d’adeptes [20]. Le chanteur de K.P.N., Ludovic Faure, est aussi un ami de « Björn ». Ce dernier a joué en 2016 et 2017 en tant que guitariste lors du spectacle live et s’est fait tatouer le nom du groupe sur son ventre. Il apparaît aussi dans la vidéo du groupe « le dernier Putsch » enregistrée à Kiev et pose avec Levkin et Faure « Militant Zone-Store » [21], un magasin NSBM et de vêtements au centre de Kiev.

Björn, Levkin et Faure

Affiche festival Asgardsrei 2016

Le sport de combat est, avec la musique, un point de référence central du réseau. Tomasz Skatulsky et Joël « Pouppi » Moret, tous deux de vieux compagnons de « Björn », ont combattu plusieurs fois au « Reconquista club » en Ukraine [22]. « Björn » lui-même a participé aux « Days of Glory » organisées par Skatulsky en 2014 à Lyon. Les sports de combat en général sont très appréciés dans l’entourage d’Azov et servent de préparation pour la guerre. Azov entretient une sous-culture autour des sports de combat avec le soutien de Denis « Niktin », Kapustin et « White Rex » [23].

Avec l’adrénaline du terrain au front

Le combattant Azov « Björn » a été aperçu plusieurs fois dans sa région d’origine, ce qui indique qu’il se trouve de nouveau en Suisse. Avec Joël Moret et d’autres néonazis, il donne des cours de Mixed Martial Arts (MMA). Mais il ne se contente pas de donner des cours. Avec ses comparses de l’entourage d’« Autour du Lac », ils ont formé le groupe de hooligans « Swastiklan Valais » et organisent des « matchs de terrain », par exemple le 5 septembre contre le groupe de houligan bernois « Frontline » [24].

La composition de « Swastiklan » est un reflet du réseau transfrontalier de l’extrême droite. Ainsi deux néonazis ont soutenu le groupe : le légionnaire maxime Pomerat, qui fut présent en 2017 à Annecy aux « Force & Honneur » [25] et Marc de Cacqueray de Valménier, hooligan du groupe « mesOs » de Reims [26].

Maxime Pomerat à l’avant

Ce dernier a combattu dans les rangs de « Swastiklan ». Il dirige le groupe d’extrême droite « Zouaves Paris » et est considéré comme un poids lourd de la scène militante néonazie en France. On présume que ce dernier a aussi combattu en Ukraine [27]. Marc de Cacqeuray participe actuellement aux opérations militaires au Haut-Karabakh du côté arménien et, selon ses propres déclarations, il souhaite y installer un bataillon de volontaires [28]. Avec Joël Moret, les Suisses suivants font partie de la scène néonazie :

debout d.g.a.d : Gael Gonthier, Alexandre Golay, Yanek Vincent Czura, Maxime Pomerat, Marc de Cacqueray, Kilian Juillard, Lionel Stritt. agenouillé d.g.a.d : Jean-Marie Eggel, Noah Stucky, Joël Moret

Gaël Gonthier, Alexandre Golay, Yanek Vincent Czura, Kilian Juillard, Lionel Stritt, Jean-Marie Eggel et Noah Stucky. À souligner que Noah Stucky, issu des houligans du FC Sion de la « Street Society Oberwallis », s’est notamment rendu en mai 2019 à Thüringen au « Eichsfledtag » avec Nordulf Heise qui se cache en Suisse [29].

Noah Stucky em milieu – source : Pixelarchiv

Les néonazis expérimentés se montrent ambitieux. Ainsi, Skatulsky et Yanek Czura se sont battus samedi dernier, 31.10.2020, à Göteborg en Suède dans le « Kings of the Street (KOTS) Underground Fightclub » contre d’autres hooligans européens [30]. Yanek était accompagné de Gaëtan le Bris et de Joël Moret qui les ont amenés en Suède en voiture.

Annonce de Kings of the Streets

Source :
1 https://en.wikipedia.org/wiki/Azov_Battalion
2 https://www.spiegel.de/panorama/justiz/ukraine-deutsche-soeldner-heuern-bei-rechtsextremem-freiwilligenbataillon-an-a-1177400.html
3 https://www.opendemocracy.net/en/odr/look-far-right-and-look-right-again-avaz-batalion-neo-pagan-neo-nazi/
4 https://www.foiaresearch.net/event/paneuropa-conference
5 https://www.foiaresearch.net/organization/misanthropic-division
6 https://headtopics.com/ch/diese-schweizer-zogen-in-den-ukraine-krieg-blick-15157498
7 https://www.foiaresearch.net/person/bjorn-sigvald
8 photo Björn & Pouppi in Mailand
9 https://www.antifa.ch/kampfsportevent-aus-der-szene-fuer-die-szene-ein-braunes-remmidemmi/
10 https://www.bazonline.ch/ausland/europa/schweizer-neonazis-liefern-geld-in-die-ostukraine/story/13160853
11 https://renverse.co/infos-locales/article/bjorn-sigvald-le-neo-nazi-genevois-parti-combattre-en-ukraine-2739#nb10
12 https://www.blick.ch/news/schweiz/wie-gefaehrlich-ist-b-s-dieser-schweizer-neonazi-kaempfte-im-ukraine-krieg-id16056007.html
13 https://www.foiaresearch.net/event/paneuropa-conference
14 https://www.foiaresearch.net/person/olena-semenyaka
15 https://www.blick.ch/news/schweiz/wie-gefaehrlich-ist-b-s-dieser-schweizer-neonazi-kaempfte-im-ukraine-krieg-id16056007.html
16 https://www.bellingcat.com/news/uk-and-europe/2019/08/09/yes-its-still-ok-to-call-ukraines-c14-neo-nazi/
17 https://i2.wp.com/presse-service.at/wp-content/uploads/2019/02/budapest-tag-der-ehre-provokationen-bei-antifaschistischer-gegenkundgebung-2019-02-09-25-1024×683.jpg?ssl=1
18 https://www.foiaresearch.net/event/paneuropa-conference
19 https://www.foiaresearch.net/person/alexei-levkin
20 voir affiche Asgardsrei Festival 2016
21 https://en.wikipedia.org/wiki/Peste_Noire#Members
22 voir photo avec Björn, Levkin et Faure
23 https://radicalarchives.org/2020/05/09/nazi-ram-in-europe/
24 https://medium.com/@zaborona.media/fight-for-the-white-race-56b4fa64bef0
25 voir post Instagram Gruppa Of
26 voir photo Besucher „Force & Honneur“
27 https://www.bellingcat.com/news/2020/05/01/at-ukraines-asgardsrei-a-french-connection
28 Eluek, Moritz. Kampfsport in der extremen Rechten in Griechenland und Frankreich. In : Claus, Robert. Ihr Kampf. Wie Europas extreme Rechte für den Umsturz trainiert, ORT 2020 S. 172. voir aussi https://www.streetpress.com/sujet/1578306554-hooligans-neonazis-squattent-tribunes-stades-foot-extreme-droite-antisemites
29 https://twitter.com/RobertClaus13/status/1322126143806492672
30 https://twitter.com/HubertLeonore/status/1130413947276988416/photo/1 https://pixelarchiv.org/event/2019.05.18.leinefelde/1/085.jpg
31 https://kotsfights.com/

Björn Sigvald : le néo-nazi genevois parti combattre en Ukraine

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Plusieurs néo-nazis suisses ont rejoint l’Ukraine afin de combattre aux côtés des forces loyalistes. Parmi eux figure un genevois : Björn Sigvald.

Les premières traces connues du militantisme néo-nazi de Björn Sigvald sont chez les Hammerskins de Romandie [1].

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Björn Sigvald (à droite), vraisemblablement en 2013, avec le Hammerskin valaisan Joël Moret (à gauche) (source : Indymedia Deutschschweiz).

En 2014, il fonde la Misanthropic Division Schweiz, branche suisse du réseau néo-nazi ukrainien Misanthropic Division, proche du mouvement Azov. Le groupe est composé de membres en provenance de Genève, du Valais, du canton de Vaud et de Saint-Gall dont trois soldats : un sergent-major chef, un sergent-chef et un sergent [2]. C’est Björn Sigvald qui assurait la liaison avec l’Ukraine [3]. Les activités du groupe consistaient à relayer et faire la promotion en Suisse des activités de la Misanthropic Division ukrainienne, ainsi qu’à récolter des fonds pour ses soldats au sein du régiment Azov par la vente de t-shirts. Environ 800 francs auraient été collectés [4].

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De la nourriture et des vêtements militaires envoyés par la Misanthropic Division Schweiz aux soldats en Ukraine (source : Le Temps).

Les membres de Misanthropic Division Schweiz se sont également rendus personnellement à Kiev avec le groupe de black metal néo-nazi français Peste Noire afin de livrer une cargaison de vêtements militaires [5].

https://renverse.co/IMG/jpg/bjo_rn_sigvald_7-resp700.jpg?1598543579Björn Sigvald (deuxième en partant de la droite) avec LudovicVan Alst” alias Famine, le chanteur de Peste Noire (au milieu) et Audrey Silvain [Sylvain], ancienne membre de Peste Noire (deuxième en partant de la gauche).

Quelques mois après son voyage à Kiev, Björn Sigvald rejoint la milice néo-nazie ukrainienne Karpatska Sich [6].

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Björn Sigvald (en haut à droite, faisant le salut nazi) avec Karpatska Sich en 2017.

Devenu entre-temps le représentant suisse du mouvement Reconquista [7] : une initiative partie d’Ukraine visant à créer un projet néo-nazi pan-européen uni [8], Björn Sigvald organise le 26 septembre 2015 à Lausanne, une conférence sur l’Ukraine dans laquelle fut invité à parler le néo-nazi français Pascal Lassalle, lui-même à l’origine de la branche française de Reconquista [9].

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Image promotionnelle de la conférence en question.

Le 28 août 2017 à Kiev, Björn Sigvald prend part à la première conférence Paneuropa, qui réunit des néo-nazis pro-ukrainiens du monde entier [10]. Sur Facebook, la secrétaire internationale du parti néo-nazi ukrainien, et aile politique du mouvement Azov, Corps National et coordinatrice de Reconquista. Olena Semenyaka postera une photo d’elle avec Björn Sigvald à la conférence Paneuropa avec la description suivante : « Si une personne peut déménager de la Suisse vers l’Ukraine, tout est possible. Merci pour tout, Björn ! Nous attendons une équipe suisse à la prochaine conférence Paneuropa. » [11].

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La photo en question.

L’emplacement actuel de Björn Sigvald n’est pas connu, la dernière trace de lui sur Internet remontant à 2019, date durant laquelle il a participé à un camp d’été de Karpatska Sich dans l’Ouest de l’Ukraine [12].

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Björn Sigvald (à droite) lors d’un camp d’été de de Karpatska Sich en 2019 avec le terroriste néo-nazi Igor Olegovich Garkavenko (à gauche), ayant passé 9 ans en prison pour avoir bombardé les bureaux de plusieurs organisations politiques et culturelles ukrainiennes ainsi que le centre culturel israélien de la ville de Kharkov.

Si Björn Sigvald est de retour en Suisse, il constitue l’un des néo-nazis les plus dangereux du pays.

Le groupe “Baise Ma Hache” arboré sur le sac à dos est présent sur la compilation “Flammes de France”

https://www.facebook.com/raafangers/posts/pfbid02eP6UxhQXbQ5w4NJjD4awjgTZkELt2YwJaVFGuyg5kC2kZu2jk3FopHW1RsqohxwYl
https://scontent-cdg4-2.xx.fbcdn.net/v/t1.6435-9/101093541_1161287950873132_1461174683285061632_n.png?_nc_cat=100&cb=99be929b-3346023f&ccb=1-7&_nc_sid=730e14&_nc_ohc=NYzFXi7wvQ4AX_3CKDD&_nc_ht=scontent-cdg4-2.xx&oh=00_AfCI-FdveFPk40saV8QGIGPvr24O8HaYDt7zMn8mW2UPUQ&oe=64ACAE6E
Après la maraude sous le signe du NSBM (National Socialiste Black Metal) évoquée ici hier, un autre néo-nazi traîne ce jour avec l’alvarium et aide à ramasser les ordures.
Le groupe “Baise Ma Hache” arboré sur le sac à dos est présent sur la compilation “Flammes de France” dont on a parlé hier.
Il semble donc que l’alvarium se lâche en terme de gestion de son image et que l’imagerie (et donc l’idéologie) néo-nazie ne soit pas si gênante que ça finalement ?

Zouave affiche GUD à Asgardrei de AZOV

[Dossier de Presse] Call of Terror 2017 – 2020

2016

https://i.discogs.com/9b9_k-8XCfqBdoCBZ0lkAR8aCBxCYdKhPweHyLsBxms/rs:fit/g:sm/q:90/h:600/w:598/czM6Ly9kaXNjb2dz/LWRhdGFiYXNlLWlt/YWdlcy9SLTI5NDQx/MTEtMTQzNjI2NTk1/OS02NjAzLmpwZWc.jpeg
” … Je suis un fist dans le cul de Marianne Ma première piste c’était « Supremacy Aryan … » Peste Noire 2011

 


https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH300/vikernes-proaee8-26fa2.jpg?1697470728

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH376/moebusjpg-e4e42f-d9401.jpg?1697470728
https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH270/gravelandjpgb51a-ca1d6.jpg?1697470728

 


2017

https://cdn-s-www.ledauphine.com/images/ACD00FF2-76EA-4394-8D6E-C1F56DB21277/NW_raw/title-1486340839.jpg

2 jeunes spectateurs (sur 600) , plutôt mal-informés ou curieux de Rac’NSbm partagent leurs compte-rendus en témoignant du rassemblement Call of Terror auquel ils se sont rendus en janvier 2017, provoquant un déluge de merde en commentaire, insultes, menaces, …

Témoignage anonymisé

Second Témoignage

France 3

En Savoie, le maire de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers est tombé des nues quand il a su que sa salle communale avait servi de salle de concert à des groupes affiliés à l’extrême droite radicale de sensibilité néo nazie. Lui pensait autoriser un simple rassemblement de motards.

le Dauphiné

Le maire (socialiste) de la petite commune de l’Avant-pays Savoyard constate qu’il « s’est fait gruger. J’en suis désolé. J’avais donné mon accord pour une réunion de motards. Je me suis d’autant moins inquiété qu’il n’y a pas eu de bruit et que personne n’est venu se plaindre. Je suis passé le lendemain matin où j’ai constaté que tout était en ordre. On s’est fait piéger. »

 

pourtant le site d’information antiraciste local avait lancé une DOUBLE ALERTE
– Rassemblement NSBM clandestin le samedi soir
+ Rassemblement métapolitique organisé par le GUD Lyon, dans leur local Pavillon Noir.

relayée par Rue89Lyon

Dans la région lyonnaise, un concert de black metal néonazi

Dés 2015 le comité antiraciste stéphanois alertais au sujet de Baise ma Hache et du rapprochement avec AZOV et la Misanthropic Division.

https://antipestenoire.noblogs.org/files/2016/12/Screenshot-06122016-124613.png

https://rebellyon.info/IMG/jpg/gud_kpn_bmh.jpg

Famine et Peste Noire sur scène @ Call of Terror 2017 (l’équipe de sécurité du Call of Terror 2017, avec les Hammerskins suisses Gaël Renevey et Michaël Biolley et le néonazi français Tomasz Szkatulski, adepte des sports de combat à la tête de la boutique en ligne Pride France) © Documents Exif
HCWave

Le 20 avril 2017, HardCore Wave poste un mystérieux « 128 » : or Adolf Hitler, né le 20 avril 1889, aurait eu 128 ans cette année. La main signifie sans doute « Sieg Heil »…
HardCore Wave a déjà organisé deux concerts en Rhône-Alpes : le premier le 19 novembre 2016 avec les groupes français DC (ex-Décadence culturelle) et Bordel Boys (groupe breton prétendument apolitique) et les italiens SPQR et Mai Morti, puis le second le 13 mai, vers Bourgoin-Jallieu, avec cette fois une affiche 100% italienne : Hate for Breakfast, Bayonet Assault mais surtout Bronson, groupe directement lié à Casapound. HardCore Wave a également soutenu le “Call of Terror”, un festival de National-Socialist Black Metal (NSBM) qui s’est tenu à Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie) le 28 janvier dernier, avec entre autres Peste Noire, dont nous avons déjà parlé ici.

 

 


2018

On prend les mêmes et on recommence. Ce samedi 3 février, « en Rhône-Alpes », on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France pour un concert de la scène National Socialist Black Metal (NSBM).

Sur la page Facebook de l’événement « Call of terror fest II », les organisateurs restent toujours aussi évasifs et parlent de Rhône-Alpes. Comme habituellement, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.

Un nouveau concert de métal néonazi dans la région de Lyon

En 2018, le Call of Terror II avait été organisé à BrégnierCordon, dans le Bugey

 


2019

C’est devenu une habitude. Pour la troisième année consécutive un concert de black metal néonazi est organisé ce samedi 9 février dans la région lyonnaise.
Rue89Lyon 2019

https://www.rue89lyon.fr/wp-content/uploads/2019/02/Concert-black-metal-neonazi-Lyon-NSBM-fev2019.jpg

En décembre, la mairie de la petite bourgade de Longes, dans la vallée du Gier (département du Rhône), reçoit une demande pour louer la salle des fêtes.
Elle émane du président de l’« Association de musique du monde des 2 Savoie » qui veut organiser un concert le 9 février 2019. Située à Trèves, à 40 kilomètres de Lyon, l’« Espace des trois communes » (car regroupant les communes de Les Haies, Longes et Trèves) affiche une capacité de 400 places. Le secrétaire de mairie en charge de la gestion de cette salle intercommunale vérifie les statuts de l’association, avant de donner sa réponse. L’association en question, domiciliée à Marseille, a été créée en septembre dernier et a pour objet « l’organisation de petits événements locaux autour de la musique du monde ».

Le samedi 10 novembre 2018, des Tchèques, des Espagnols, des Anglais… sont venus pour la première édition de « Hatred and War » dans la commune de Porcieu Amblagnieu, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Lyon. 
Selon la gendarmerie, une centaine de personnes ont assisté aux sets de groupes comme « Sacrifia Mortuorum » (où l’on retrouve toujours la croix celtique dans le logo du nom) ou « Frangar » (qui a également joué chez Serge Ayoub).

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Une semaine avant ce concert, une autre soirée de NSBM était programmée. Mais la gendarmerie (qui avait trouvé le lieu quelques jours plus tôt) aidée de la mairie de Saint-Quentin-Fallavier, a fait annuler le concert. Il devait se tenir dans un entrepôt surnommé l’« UG Hall », utilisé par le patron de HassWeg (« chemin de haine », en allemand), un label qui produit notamment du NSBM et dont le siège social se situe dans une commune voisine.

Derrière l’organisation de ces deux concerts, mais aussi du « Call of terror III », on trouve un certain Matthias Dorleans.

Avec Renaud Mannheim, ces deux habitants du Nord-Isère sont les deux piliers du réseau Blood and Honour dans la région de Lyon qui compterait une trentaine de personnes en Isère, selon la gendarmerie.
Renaud Mannheim est d’abord et toujours le chanteur du groupe de RAC lyonnais Match Retour qui a notamment pour emblème le « totenkopf » (tête de mort), une des divisions de la Wafen-SS.

Rue89Lyon

 


2020

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Pour cette quatrième édition du « Call of terror », l’« Espace culturel de rencontre » de Châtillon-la-Palud a été réservé pour un « anniversaire ». Au Progrès, la personne de la mairie en charge de la location raconte :

« Ils avaient l’air sympa, avec un look un peu rocker et des boucles d’oreilles, pas le style skinheads, raconte la personne chargée de la location à la mairie.
Je sais pas pourquoi, mais je leur ai demandé si c’était pas pour une rave-party, par hasard, parce que j’avais un doute, et ils se sont marrés !
Ils m’ont assuré que c’était juste une soirée privée avec de la musique. Ils ont visité la salle et ont payé. Ils m’ont dit qu’il y aurait seulement une centaine d’invités. »

Depuis la fin des années 2000, ces soirées se sont multipliées dans les salles municipales des petites communes de l’est et du sud de Lyon, entre Isère, Ain et Savoie. Avec une préférence pour la grande plaine du Nord-Isère. Châtillon-la-Palud vient s’ajouter à cette liste.

Rue89Lyon 2020

 


édition 2024

Strasbourg : “Ils changent de nom, mais c’est toujours les mêmes”, l’ancien Bastion social inaugure un nouveau local

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/strasbourg-ils-changent-nom-c-est-toujours-memes-ancien-bastion-social-inaugure-nouveau-local-1772513.html

Rebaptisé Vent d’Est, l’ancien Bastion social inaugure ce vendredi 10 janvier un nouveau local à Strasbourg. Si l’adresse n’est connue que des participants, les associations anti-fascistes organisent un rassemblement sur la place Kléber pour s’opposer au groupuscule identitaire dissous il y a un an.

Plus d’un an après la dissolution du Bastion social, le groupuscule identitaire, rebaptisé Vent d’Est, s’apprête à ouvrir un nouveau local ce vendredi 10 janvier à 19h45, selon une affiche relayée sur les réseaux sociaux. Pour s’opposer à cette nouvelle installation, plusieurs associations organisent un “contre-rassemblement” sur la place Kléber de Strasbourg à 18h.

“Pour eux, c’est les blancs Français avant les autres”

Même avec un nouveau local et un nouveau nom, le groupe aux influences néo-fascistes reste inchangé pour Alexandra, membre de l’association D’ailleurs nous sommes d’ici 67. “Ils changent de nom mais c’est toujours les mêmes. On ne sait pas où se trouve l’adresse du nouveau local mais finalement, ce n’est pas ça qui compte, c’est le fait même d’ouvrir un local qui est gênant“, déclare Alexandra.

On doit leur montrer qu’ils n’ont pas leur place dans nos quartiers ni dans nos facs.

Alexandra, membre de l’association D’ailleurs nous sommes d’ici 67

 

Mais cette recrudescence raciste et fasciste est déjà bien visible en Alsace, entre les profanations de cimetières et les tags haineux. “L’actualité a été impressionnante en l’espace d’un an mais on ne s’y attendait pas, c’est très surprenant d’entendre parler d’un nouveau local. On a appelé au rassemblement il y a deux heures seulement. Nous avons eu l’information hier mais on attendait de voir les premières réactions“, indique la bénévole.

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En 2018, plus de 400 personnes demandaient la fermeture de l’Arcadia, l’ancien local du Bastion social à Strasbourg. • © France3Alsace

“Ils se reforment sous un autre nom”

Et ce n’est pas la première fois que le groupuscule d’extrême-droite fait parler de lui. Déjà en décembre 2018, le Bastion social avait dû fermer son local, l’Acardia, situé dans le quartier de l’Esplanade sous la pression du gouvernement, de la ville mais aussi des manifestants anti-fascistes. Quelques mois après l’ouverture de l’Arcadia, une motion demandant la dissolution du mouvement identitaire et sa fermeture avait été adoptée lors du conseil municipal de la ville.

En février 2019, le président Emmanuel Macron avait demandé la dissolution du Bastion social à la suite du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), au lendemain de la profanation du cimetière juif de Quatzenheim. Et dans un dernier baroud d’honneur, le Bastion social avait tenté de reformer son local en investissant deux maisons alsaciennes situées à Entzheim (Bas-Rhin).

Banniere GUD affichée dans le public pendant BMH à Asgardrei

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Asgardsrei 2019

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[AZOV] Asgardsrei 2019, GUD Connection en Ukraine

En décembre 2019, la capitale ukrainienne, Kiev, a accueilli pour la cinquième année consécutive le festival de musique néonazie Asgardsrei . C’est là que des dizaines d’extrémistes et de sympathisants d’extrême droite se sont rendus pour assister à un concert de groupes de black metal national-socialiste (NSBM) et assister à un combat d’arts martiaux mixtes (MMA) la veille du concert. Comme Bellingcat l’a déjà signalé , Asgardsrei est devenu un rassemblement important pour l’extrême droite transnationale et un lieu où des extrémistes d’extrême droite connus, y compris ceux des États-Unis, ont pu s’installer chez eux.

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L’un de ces individus, cependant, n’a pas eu à voyager aussi loin pour se rendre à Asgardsrei. Marc de Cacqueray-Valmenier, également connu sous le nom de Marc “Hassin”, est un extrémiste d’extrême droite bien connu en France. Pendant son séjour à Kiev, « Hassin » a rencontré et réseauté avec des membres de l’extrême droite ukrainienne. La présence d’une figure d’extrême droite française de premier plan, comme nous le soulignons dans cette enquête, suggère que les liens entre les scènes d’extrême droite ukrainienne et française méritent plus d’attention.

Le Groupe Union Défense (GUD)

Le 15 décembre 2019, la chaîne française d’extrême droite Telegram « Ouest Casual » a partagé une photo montrant un drapeau du « Groupe Union Défense » (GUD) qui se tenait dans la foule du festival. GUD était un groupe de jeunes d’extrême droite, créé en 1968 et dissous en 2017, connu pour ses tactiques violentes et ses fréquents affrontements avec des étudiants universitaires de gauche.

 

« Le drapeau du GUD [Groupe Union Défense] visible » à Asgardsrei 2019 à Kiev, Ukraine

Bien que l’extrême droite se soit développée en France et ait été liée par la suite à des événements récents tels que de multiples profanations de cimetières juifs (en février 2019 et décembre 2019 , par exemple), l’attaque d’une mosquée à Bayonne qui a fait deux blessés en octobre dernier, et des affrontements fréquents contre des groupes antifascistes au sein du mouvement des gilets jaunes , sa scène militante a jusqu’à présent essentiellement évité d’afficher publiquement son admiration pour le Troisième Reich par crainte de conséquences politiques et juridiques.

À ce titre, la présence potentielle d’un militant d’extrême droite français à un événement ouvertement néo-nazi en Ukraine devrait faire sourciller – signale-t-elle un changement vers une nouvelle stratégie ? À la lumière du contenu récemment partagé sur la chaîne Telegram de Ouest Casual, comme une célébration de l’anniversaire de l’accession au pouvoir d’Hitler, cela semble plausible.

Le fait que le drapeau agité à Asgardsrei soit de GUD est remarquable. Malgré la dissolution officielle de l’organisation, ses anciens membres sont depuis restés fidèles aux soi-disant « traditions » de violence politique ouverte du groupe. De ce point de vue, l’Ukraine pourrait facilement être perçue par ces personnes comme un terrain d’entraînement idéal, un terrain qui pourrait transformer de jeunes hommes ayant une certaine expérience du combat de rue en individus endurcis et prêts au combat. Un militant français avec un drapeau GUD avait-il traversé le continent juste pour un festival de musique ?

Des indices de la source

En plus de la photo partagée sur Telegram, le drapeau GUD pouvait également être vu sur plusieurs vidéos prises sur place et partagées sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo YouTube, une personne peut être vue au centre de la foule portant le drapeau sur ses épaules tout en faisant des saluts nazis alors que le groupe commence à jouer.

Le 15 décembre 2019, la page Facebook de Ouest Casual, liée à la chaîne Telegram du même nom, a publié cette photo prise sur Maidan Nezalezhnosti (place de l’Indépendance) dans le centre de Kiev.

Un message de la page Facebook d’extrême droite française Ouest Casual de Kiev le 15 décembre 2019

Alors que l’autocollant en haut du poteau faisait référence à un groupe de musique d’extrême droite français Peste Noire (un groupe qui a déjà joué à Asgardsrei et qui a une relation avec les organisateurs d’Asgardsrei) et celui du milieu portait simplement le logo de Ouest Casual, celui du bas suggérait que le militant français qui s’était rendu à Kiev était probablement lié au groupe Zouaves Paris. Il s’agit d’un groupe d’extrême droite français qui compte parmi ses dirigeants plusieurs anciens membres du GUD.

Par ailleurs, le 27 décembre, Ouest Casual a également publié une photo laissant entendre que des militants des Zouaves Paris s’étaient entraînés avec des membres du mouvement Azov et de jeunes hooligans du football Dynamo Kyiv (Les Capitals).

Un post Facebook de Ouest Casual laissant entendre que des militants des Zouaves Paris (ZVP) s’étaient entraînés avec des membres d’Azov et de jeunes hooligans du football du Dynamo Kyiv (The Capitals)

Rassemblés, ces indices suggèrent fortement que si un militant d’extrême droite français s’était bien rendu à Kiev, ils étaient aussi très probablement liés aux Zouaves Paris.

Un match des Zouaves Paris

Le même jour, Marc de Cacqueray-Valmenier, dit Marc « Hassin » (un « marcassin » est un bébé sanglier en français), souvent présenté comme l’un des meneurs des Zouaves Paris et ancien membre du GUD, mis à jour sa photo de profil Facebook. La photo indiquait qu’elle avait été prise le 21 octobre 2019, lors d’un “championnat de kick-boxing en Ukraine”.

La figure d’extrême droite française Marc “Hassin” lors d’un championnat de kick-boxing 2019 en Ukraine

Alors que ce championnat a effectivement eu lieu à Kiev (au Sportcomplex KPI / Спорткомплекс КПИ), plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont indiqué qu’il s’était déroulé du 20 au 22 décembre, plutôt qu’en octobre, comme indiqué.

Un diplôme du championnat de kick-boxing auquel Marc a participé. Il se lit “20–22 грудня” (20–22 décembre)

Qu’il s’agisse d’une faute de frappe ou d’une décision délibérée, Marc « Hassin » était sans aucun doute présent à cet événement. Il apparaît sur la photo suivante du compte Instagram de l’un des participants.

Marc peut être vu au centre de l’image dans la rangée arrière

De plus, certains des comptes Instagram des participants présentaient ces deux photos, publiées respectivement le 16 décembre et le 18 décembre, en tant que stories Instagram (c’est-à-dire des photos et/ou vidéo qui disparaissent du site après 24 heures).

La première photo est la même que celle postée sur Facebook par Ouest Casual le 27 décembre ; cependant, dans ce cas, les visages de la photo ne sont pas flous. Marc “Hassin” peut être vu sur les deux photos, ce qui confirme qu’il était à Kiev au plus tard le 16 décembre :

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est à noter que les deux clichés ont été pris dans le gymnase du complexe Atek (comme l’évoque Ouest Casual), une base d’entraînement d’Azov .

A Kiev, Marc “Hassin” a également accordé une interview à la secrétaire internationale du Corps national, Olena Semenyaka, à la Maison des cosaques d’Azov. Des photos partagées sur Facebook le montrent portant un t-shirt GUD à cette occasion.

Voici les messages Facebook de la secrétaire internationale du Corps national Olena Semenyaka rencontrant Marc « Hassin » :

 

 

 

 

Marc « Hassin » était-il l’homme qui tenait le drapeau du GUD à Asgardsrei ?

Nous avons établi que Marc « Hassin » était à Kiev à l’époque du festival Asgardsrei et qu’il a rencontré à plusieurs reprises des membres et des représentants du mouvement Azov.

Deux éléments de preuve supplémentaires soutiennent fortement l’idée que Marc “Hassin” et l’homme au drapeau sont bien la même personne.

Tout d’abord, Marc “Hassin” peut être vu tenant le même drapeau sur une photo lors du championnat de kickboxing susmentionné. Les deux sont des drapeaux de la branche du GUD à Paris, comme l’indique l’emblème sur le bras du rat. Il est extrêmement peu probable qu’il s’agisse d’une coïncidence : le GUD a toujours été un très petit groupe militant et n’a jamais eu de magasin officiel où l’on pourrait acheter un drapeau ou un marchandisage affilié.

Voici les photos de Marc “Hassin” tenant un drapeau GUD lors d’un événement de kickboxing à Kiev, en Ukraine :

 

 

 

 

Deuxièmement, l’apparence physique de l’homme filmé à Asgardsrei avec le drapeau correspond à Marc “Hassin”.

Une comparaison d’une photo de Marc “Hassin” avec la figure tenant un drapeau GUD à Asgardsrei

En somme:

 

  • Marc « Hassin » a été photographié à Kiev le 16 décembre (au plus tard).
  • Il avait apporté avec lui un drapeau GUD Paris
  • Marc “Hassin” et l’homme filmé à Asgardsrei semblent être la même personne.

 

Cela ne laisse aucun doute sur le fait que Marc “Hassin” était bien le militant d’extrême droite français tenant le drapeau du GUD au festival de musique d’Asgardsrei. Ceci est significatif car Marc, étant l’un des leaders des Zouaves Paris, joue un rôle clé au sein de la scène militante d’extrême droite française.

Rencontrer des néo-nazis ukrainiens ?

En plus des publications sur les réseaux sociaux mentionnées ci-dessus, le championnat de kick-boxing à Kiev a également été annoncé sur la chaîne Telegram “AVTONOM.NS”. Il est lié à un groupe néonazi ukrainien qui partage du matériel antisémite flagrant ainsi que des images de ses membres en train de s’entraîner aux armes. Le 21 décembre 2019, ils ont publié une photo d’un événement de kickboxing mentionnant la victoire de “coéquipiers” de Kiev ainsi que de France.

Un post du groupe néo-nazi ukrainien Avtonom.ns du 21 décembre 2019 faisant référence aux « coéquipiers de France »

Juste après la publication de ce message, Marc “Hassin” a rejoint le chat Telegram du groupe en utilisant son surnom habituel.

Marc “Hassin” rejoint la chaîne Telegram d’Avtonom.ns le 21 décembre 2019

Encore une fois, une comparaison visuelle suggère fortement que Marc “Hassin” faisait partie du groupe qui a posé derrière le drapeau AVTONOM.NS.

Une comparaison d’une photo de Marc “Hassin” avec la figure derrière le drapeau AVTONOM.NS

Qui sont les Zouaves Paris et Marc « Hassin » ?

Depuis leur entrée en scène en avril 2018, les Zouaves Paris sont actifs dans l’extrême droite française et ont été impliqués dans plusieurs actes de violence. Parmi celles-ci figuraient des attaques contre des supporters de football brandissant des drapeaux algériens à Paris lors de la Coupe du monde de football 2018.

Des membres des Zouaves Paris tenant un drapeau algérien volé lors de la Coupe du monde de football 2018

Sur Instagram, Marc “Hassin” s’est ouvertement vanté de son implication dans ces événements, plaisantant sur la façon dont 10 membres des Zouaves Paris pouvaient “écumer” l’ensemble des Champs-Elysées.

 

« Désolé, j’avais oublié qu’à dix mecs on pouvait écumer tout les Champs [Champs-Elysées]. Enseignez-moi, s’il vous plait”

De plus, les Zouaves Paris ont attaqué des militants du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) d’extrême gauche le 26 janvier 2019 lors d’une manifestation des gilets jaunes qui a fait plusieurs blessés. Une fois de plus, Marc “Hassin” semble avoir été impliqué.

Des photos qui semblent montrer Marc lors de l’attentat partagées par le site antifasciste “La Horde”

Par ailleurs, Marc « Hassin » participe à des combats organisés opposant des groupes de hooligans rivaux aux côtés des « Mes Os » rémois. À ces occasions, il porte un t-shirt portant une croix gammée sur la poitrine.

Marc “Hassin” portant une chemise avec une croix gammée

Sans surprise, les « Mes Os » rémois partagent la passion de Marc pour les insignes et gestes néo-nazis. L’un de leurs autocollants présente un “Totenkopf” SS :

 

 

Alors qu’ils rejoignent fréquemment les Zouaves Paris pour des photos de groupe faisant des saluts nazis :

Membres des Zouaves Paris et des Mes Os en avril 2018

L’extrême droite française se fait-elle des amis en Ukraine ?

Les liens entre le mouvement Azov et l’extrême droite française ne sont pas tout à fait nouveaux : des personnalités intellectuelles de la Nouvelle Droite française comme Dominique Venner ont servi d’inspiration à Azov ; de plus, des personnalités du mouvement Azov avaient précédemment développé des liens avec le GUD et sa progéniture dynamique mais éphémère, Bastion Social, qui a été interdit par le président français Emmanuel Macron en 2019 après une série d’actes de violence très médiatisés.

La croissance rapide de Bastion Social s’est accompagnée de l’implication de plusieurs membres dans une série d’ attaques racistes . Bien que des structures et des groupes similaires aient depuis réapparu dans des villes comme Lyon, Strasbourg ou Aix-en-Provence , cette décision a contraint la scène d’extrême droite française à se réorganiser et à revenir vers des stratégies plus secrètes.

Au milieu de cette période cruciale, le voyage de Marc à Kiev et ses rencontres avec des personnalités locales d’extrême droite pourraient signaler le renouveau des liens transnationaux entre l’Ukraine et la France ainsi qu’un virage vers des tactiques plus organisées et radicales.

Azov essaie depuis longtemps de nouer des liens avec l’extrême droite française. Steven Bissuel, leader du GUD de la ville française de Lyon, et la figure intellectuelle d’extrême droite Pascal Lasalle, ont été invités à la 1ère conférence Paneuropa à Kiev aux côtés d’autres personnalités européennes d’extrême droite en avril 2017. L’événement visait à promouvoir et à construire coordination paneuropéenne entre les mouvements nationaux d’extrême droite comme CasaPound (Italie), le GUD (France), Nordisk Ungdom (Suède) et, bien sûr, le Corps national ukrainien.

Steven Bissuel aux côtés de la secrétaire internationale du Corps national, Olena Semenyaka, lors de la 1ère conférence “Paneuropa” à Kiev, avril 2017

Quelques semaines seulement après cet événement, cependant, le GUD a annoncé sa dissolution. Ses membres, menés par Bissuel, occupent un immeuble désaffecté à Lyon, créant Bastion Social. Inspirée du mouvement italien « CasaPound », la nouvelle organisation a rapidement pris de l’ampleur et exploitait six « centres sociaux d’extrême droite » dans toute la France en juillet 2018.

 

 

Marc « Hassin » lors d’une manifestation organisée par Bastion Social à Aix-en-Provence, France

Marc “Hassin” à l’inauguration du Bastion Social à Clermont-Ferrand, France

Mais les points communs de ces groupes avec Azov vont au-delà d’un bagage intellectuel partagé. Alors que de larges segments de l’extrême droite française, menés par le Rassemblement national de Marine Le Pen (anciennement le Front national), ont soutenu l’annexion de la Crimée par la Russie et son récit de propagande ultérieur présentant la révolution de 2014 comme un coup d’État soutenu par l’Occident, des groupes de jeunes militants tels que le Bastion Social et les Zouaves Paris perçoivent plutôt le mouvement Azov et la révolution de 2014 comme une source d’inspiration.

Inspirés par les images des barricades de Maïdan et la propagande astucieuse d’Azov montrant des défilés paramilitaires bien organisés et de féroces volontaires aguerris sur le front oriental de l’Ukraine, les jeunes militants français semblaient s’imaginer comme des figures capables de reproduire le modèle révolutionnaire de l’Ukraine au début du gilet jaune. mouvement.

En décembre 2018, un groupe d’environ 70 à 80 militants d’extrême droite, comprenant des membres du Bastion social et des Zouaves Paris , s’est rassemblé sur les Champs-Elysées lors d’une manifestation des gilets jaunes, participant aux émeutes en cours. Six, dont Marc « Hassin », ont ensuite été arrêtés et jugés. Parmi les graffitis dont ils se reconnaissaient l’auteur ce jour-là, l’un d’eux lisait « Maïdan 2018 ».

Graffiti des Zouaves Paris lors d’une manifestation des gilets jaunes en décembre 2018

Alors que leurs rêves de transformer le mouvement Yellow Vest en un Maïdan français ne se sont pas réalisés, les jeunes militants d’extrême droite restent toujours des admirateurs du mouvement Azov et partagent fréquemment des messages de soutien sur leurs chaînes Telegram.

Voici quelques exemples de messages lisant “Soutenez Azov” accompagnés d’images du mouvement Azov partagées sur la chaîne Telegram de Ouest Casual :

 

 

Reste à savoir si Marc “Hassin” et son séjour à Kiev conduiront à des relations plus solides entre l’extrême droite française et l’extrême droite ukrainienne. Néanmoins, il est clair que l’apparition de la figure d’extrême droite française à Kiev s’inscrit dans une tendance plus large de coopération entre le mouvement Azov et les franges les plus éloignées de l’extrême droite française – une tendance qui pourrait bien encore voir plus de coopération, de collaboration et de voyages une fois que le la pandémie de coronavirus s’estompe et tout le monde, y compris les néonazis, est à nouveau libre de voyager à l’étranger.

[AZOV] Asgardsrei : le festival annuel de musique néonazie d’Ukraine

Lors d’un festival de métal néonazi à Milan, en Italie, en avril 2019, les téléphones portables et les appareils photo n’étaient pas autorisés à l’intérieur . Mais ce n’était pas le cas en décembre 2019 à Kiev, en Ukraine, lors de l’événement annuel Asgardsrei, qui est le festival de musique black metal néonazi qui a élu domicile dans la capitale ukrainienne depuis 2015.

https://www.instagram.com/p/B6G1f9LpCyd/?utm_source=ig_web_copy_link

Cela signifiait que les fans de groupes national socialist black metal  (NSBM) de toute l’Europe et d’ailleurs pouvaient obtenir des souvenirs photo et vidéo de leurs artistes préférés faisant l’éloge des nazis en action. Pourtant, en publiant et en faisant la promotion de ces souvenirs sur des profils de médias sociaux publics, en particulier Instagram, ils nous ont également donné une fenêtre sur la tradition de décembre de Kiev saluant Hitler, Sieg-Heil-age et promouvant les nazis qu’est le festival Asgardsrei.

https://www.dailymetal.com.ua/wp-content/uploads/2019/12/77193854_2505752266326792_5426621819069136896_o.png

Asgardsrei et les médias sociaux

Asgardsrei , comme cet auteur l’a décrit dans un article pour Haaretz avant l’événement, est un festival de black metal national-socialiste (NSBM) qui a lieu chaque décembre à Kiev, en Ukraine. Lancé à l’origine à Moscou par l’extrémiste d’extrême droite russe Alexey Levkin, Asgardsrei a déménagé avec Levkin en Ukraine en 2014 lorsqu’il a quitté la Russie pour combattre avec le bataillon Azov (Levkin reste impliqué dans le mouvement Azov). Le festival de cette année a eu lieu du 13 (vendredi) au 15 (dimanche) décembre 2019.

https://www.instagram.com/p/B4xec65Jxvq/

Cinq ans plus tard, Asgardsrei de Levkin est un incontournable du calendrier musical d’extrême droite et une rencontre internationale non seulement pour les fans de NSBM, mais aussi un lieu où les extrémistes internationaux d’extrême droite peuvent se rassembler et réseauter dans un environnement beaucoup plus ouvert à leur présence. que dans de nombreux autres pays.

Découvrir ce que faisaient les participants d’Asgardsrei n’est pas une tâche difficile. Au fur et à mesure que l’événement se prolongeait, de nombreux utilisateurs disposant de comptes Instagram publics ont partagé des histoires – des vidéos temporaires ou des photos qui disparaissent après 24 heures – ainsi que des photos et des vidéos de leurs expériences à Asgardsrei. Au cours du week-end et dans les jours qui ont suivi le festival, Bellingcat a suivi et vérifié régulièrement les hashtags #asgardsrei et #asgardsrei2019, regardant parfois aussi les hashtags contenant les noms des groupes (par exemple, #goatmoon). Nous avons également fait la même chose pour le lieu du concert (Kyiv’s Bingo Club, site de nombreux concerts d’extrême droite).

Ce processus nous a permis de télécharger et de capturer presque toutes les publications Instagram publiques de l’événement, en utilisant des applications simples disponibles sur les téléphones mobiles pour télécharger de courtes video stories, des photos et des vidéos Instagram avant qu’elles ne puissent être supprimées ou effacées. De plus, pour essayer de capturer autant de publications que possible qui n’étaient pas hashtagées ou étiquetées avec le lieu du concert, nous avons manuellement vérifié et examiné les profils des utilisateurs qui ont posté à partir de l’événement ou qui ont été tagués dans des publications par d’autres utilisateurs. Autres publications que Bellingcat a trouvées sur les chaînes publiques de Telegram.

“F*ck ces libéraux, vous avez mon feu vert”

L’Asgardsrei de cette année a présenté une “soirée de combat” d’arts martiaux mixtes (MMA) qui a eu lieu avant le coup d’envoi du concert. L’événement MMA a eu lieu à Mala Opera, un lieu appartenant à l’administration de la ville de Kiev.

Les photos et la vidéo de l’événement MMA montrent le logo de White Rex , une marque de promotion et de vêtements MMA d’extrême droite dirigée par le néonazi russe basé à Kiev Denis Nikitin (également connu sous le nom de Kapustin), visible au milieu du ring.

 

 

Une capture d’écran d’une histoire Instagram lors de la «fightnight» d’Asgardsrei montrant le logo White Rex au milieu du ring et la marque de la promotion de paris Parimatch

Les photos et les vidéos montrent également la marque de Parimatch sur le ring. Parimatch est le “partenaire officiel des jeux de gains et de paris” de l’UFC (Ultimate Fighting Championship) à travers l’Europe continentale, le Moyen-Orient et l’Afrique.

 

 

Une capture d’écran d’une histoire Instagram lors de la “fight night” d’Asgardsrei montrant la marque de la promotion de paris Parimatch

Rien n’indique que Parimatch ait sponsorisé l’événement de quelque manière que ce soit ou approuvé l’utilisation de son logo dans ce contexte. Cependant, l’apparition de leur image de marque lors d’un événement organisé par un groupe d’extrême droite est préoccupante en termes d’aide à la diffusion d’un événement affilié à l’extrême droite.

Il n’y avait apparemment aucun problème non plus à ce que l’événement soit organisé dans un lieu appartenant à l’administration de la ville de Kiev. Dans une publication Instagram qui a été rapidement supprimée, les organisateurs d’Asgardsrei ont affirmé qu ‘”un journaliste étranger essayait vraiment de faire pression sur le lieu” – vraisemblablement une référence à l’auteur de cet article qui a écrit dans Haaretz sur le fait que le lieu était appartenant à l’État – “mais quand le gars de l’administration a entendu son histoire, il s’est dit:” Fuck ces libéraux, vous avez mon feu vert. Il n’est pas clair si « l’administration » à laquelle il est fait référence est le lieu ou un individu de l’administration de la ville de Kiev elle-même.

 

 

Une publication Instagram désormais supprimée du 14 décembre des organisateurs d’Asgardsrei.

Il y avait, apparemment, censé être plus offert vendredi soir avant le concert. Selon une critique d’Asgardsrei 2019, publiée sur le site Internet du nationaliste blanc américain Greg Johnson , le néonazi allemand Hendrik Möbus était censé donner une conférence comme il l’avait fait auparavant lors d’une petite conférence avant Asgardsrei 2018. Möbus, un meurtrier condamné et fondateur du groupe néonazi allemand Absurd , aurait été arrêté en essayant de quitter l’Allemagne et n’a pas été autorisé à entrer en Ukraine.

De plus, une autre « revue » publiée le 30 décembre par le parti néonazi allemand Der Dritte Weg (« La troisième voie »), longtemps ami du mouvement Azov, affirmait que « quelques militants de notre parti et d’autres nationalistes qui voulaient voyage à Kiev ont été détenus à l’aéroport » en Allemagne, et a en outre affirmé que certains avaient reçu des interdictions de voyager de la part des autorités allemandes.

Symboles néo-nazis partout, “interdiction de la croix gammée” ou pas

Le concert lui-même a présenté des performances de plus d’une douzaine de groupes associés à la scène NSBM, de Goatmoon en Finlande et de Wodulf en Grèce à M8L8TH , un groupe d’origine russe basé à Kiev , dirigé par l’organisateur d’Asgardsrei, Alexey Levkin. Comme détaillé dans Haaretz , ces groupes présentent des paroles ouvertement pro-nazies et antisémites, de chansons comme “Way of the Holocaust Winds” de Goatmoon et “Sur les ruines et les cendres de Sion” de Seigneur Voland (“On the ruins and ashes of Zion ») à l’album « Aryan Voice of Hatred » de Selbstmord avec des paroles comme « La race sacrée – la guerre/En l’honneur de notre race blanche/La haine envers les ennemis, la fierté indigène/le sang aryen coule tout le temps ».

Le projet parallèle de Levkin “AKVLT” – ou, plus précisément, Adolfkvlt, a également joué. La bande démo du projet de 2013 présente une photo d’Hitler sur la couverture et était limitée à 88 exemplaires; 88 est le code néo-nazi pour “Heil Hitler”.

 

 

Les organisateurs d’Asgardsrei se référant à “Adolfkvlt” comme “A ******* T” sur un post Instagram faisant la promotion de leur performance

“AKVLT” s’est également produit à “Fuhrernacht” en mai 2019, une soirée privée de culte littéral d’Hitler.

 

 

L’autel avec une photo d’Adolf Hitler et un drapeau nazi lors de la “Fuhrernight” de Wotanjugend en mai 2019

Malgré les images utilisées par ces groupes et d’autres, les drapeaux à croix gammée sont interdits à Asgardsrei, a déclaré l’organisateur du concert Alexey Levkin à Haaretz . À cette fin, Bellingcat n’a vu aucun drapeau à croix gammée sur les photos disponibles d’Asgardsrei 2019. Si l’affirmation de Levkin est effectivement exacte, il s’agit clairement d’une nouvelle politique pour 2019, car en décembre 2018, cet auteur a trouvé et enregistré plusieurs photos Instagram désormais supprimées. montrant des drapeaux à croix gammée, dont un affiché par un membre senior du club de littérature d’Azov.

 

 

Une photo maintenant supprimée d’une histoire Instagram de décembre 2018 de Serhiy Zaikovsky, un haut responsable du club de littérature du mouvement Azov, Plomin. La photo provient d’Asgardsrei 2018. Le texte dit “Heil Hitler” en ukrainien délibérément mal orthographié (“Gitlar”)

 

 

Une publication Instagram maintenant supprimée de décembre 2018 montrant un drapeau à croix gammée à Asgardsrei 2018, avant qu’une apparente interdiction des drapeaux à croix gammée ne soit introduite pour Asgardsrei 2019

Malgré l’interdiction apparente, il y avait encore de nombreuses images néonazies et suprémacistes blanches exposées à Asgardsrei, des croix celtiques aux soleils noirs, et plus encore.

 

 

Drapeaux de croix celtique et un participant portant une chemise avec une croix celtique et le slogan “White Pride World Wide”

La croix celtique était même visible sur les badges de sécurité officiels portés par les personnes travaillant pour le festival.

 

 

“Ne plaisante pas” Un individu travaillant dans la sécurité à Asgardsrei avec un badge représentant une croix celtique, un symbole commun de la suprématie blanche

 

 

Un participant portant un t-shirt “Heil Hitler” avec la devise des SS au-dessus

Arseniy Bilodub de Sokyra Peruna, présenté dans notre enquête sur l’intégration de l’extrême droite ukrainienne, a fait une apparition à Asgardsrei, apparaissant sur scène pour contribuer au chant à un moment donné et faisant également la promotion d’un album live de son groupe à partir de sa performance lors d’un autre concert néonazi au même endroit en juin 2019 .

 

 

Arseniy Bilodub de Sokyra Peruna (à gauche), tête d’affiche du concert “Veterans Strong” présenté dans notre enquête sur les mouvements d’extrême droite et d’anciens combattants en Ukraine

De plus, alors que les drapeaux à croix gammée pourraient être interdits, les tatouages ​​​​à croix gammée ne le sont évidemment pas, comme le guitariste de Goatmoon l’a démontré pour la deuxième année consécutive.

 

 

Une photo de la performance de Goatmoon, montrant un guitariste (à l’extrême droite sur la photo) avec un tatouage à croix gammée

Les croix gammées sont aussi apparemment d’accord à « Militant Zone », la boutique et le label dirigé par Levkin et d’autres basés à la Cossack House du mouvement Azov. Un message sur la chaîne Telegram de Wotanjugend, un mouvement néonazi lâche de Levkin et d’autres en Ukraine, en août 2019 a révélé des pendentifs à croix gammée exposés à l’intérieur de ce qu’ils ont appelé «l’intérieur mis à jour» de leur boutique dans l’antre central d’Azov à Kiev. Le message a depuis été supprimé.

 

 

Une photo d’un message sur la chaîne Telegram de Wotanjugend faisant la promotion du “magasin militant” à l’intérieur de la maison cosaque d’Azov dans le centre de Kiev, où les pendentifs à croix gammée (dans le cercle blanc) sont clairement visibles

Cependant, il y a plus de symbolisme nazi dans cette boutique que de croix gammées. Dans un autre article de Telegram après Asgardsrei, Wotanjugend a publié plusieurs photos de certains articles post-Asgardsrei à vendre, principalement des marchandises faisant la promotion de groupes qui ont joué au festival. Cependant, sur les photos figurent également deux petits bustes de Rudolf Hess, adjoint du Führer d’Adolf Hitler jusqu’en 1941 et figure vénérée des néonazis.

 

 

Une photo publiée par Wotanjugend en décembre 2019 montrant des bustes de la figure nazie Rudolf Hess à l’intérieur de la boutique « Militant Zone » de la maison cosaque d’Azov

Un autre motif néo-nazi courant est le soleil noir, fréquemment utilisé non seulement par le mouvement Azov, mais aussi par le tireur de Christchurch, qui a présenté le symbole sur la couverture de son manifeste terroriste (celui qui a été traduit en ukrainien par, comme nous le verrons ci- dessous , par un participant d’Asgardsrei) C’est un symbole couramment utilisé par l’extrême droite et est adapté d’une mosaïque sur le sol de la salle des généraux SS. Ce n’était pas difficile à trouver à Asgardsrei.

 

 

Une capture d’écran d’une vidéo Instagram montrant des participants tenant un drapeau Wotanjugend avec un soleil noir pendant la performance de M8L8TH

 

 

Un drapeau solaire noir tenu par deux participants (l’un portant une chemise Wotanjugend et l’autre un sweat-shirt de la marque de mode d’extrême droite “Svastone” d’Arseniy Bilodub). Le texte publié en russe est une traduction de “Horst-Wessel-Lied”, l’hymne officiel du parti nazi qui contient des paroles telles que “des millions regardent la croix gammée pleine d’espoir”.

Saluts nazis, et puis plus de saluts nazis

Les participants au concert ont fait bien plus que simplement chanter sur leurs airs nazis préférés. Il existe de nombreuses photos et vidéos d’Asgardsrei de participants saluant les nazis pendant les représentations et en dehors du concert lui-même.

 

 

Hitler salue pendant la performance de Goatmoon, posté sur Instagram par l’utilisateur “unholy_witch”

Pendant la performance de Goatmoon, les participants ont scandé “Heil!” à la demande du chanteur.

Dans une vidéo publiée après la fin du premier jour d’Asgardsrei, un certain nombre de participants rient et saluent les nazis à quelqu’un qui les filme, tout en scandant “Sieg Heil”.

Les utilisateurs ont également publié des articles sur leurs voyages à Kiev pendant Asgardsrei. Bellingcat a trouvé plusieurs fans qui ont posté des photos de l’intérieur de la Cossack House du mouvement Azov, un « centre social » à plusieurs étages juste à côté de Maidan Nezalezhnosti (Place de l’Indépendance), au centre de Kiev.

 

 

Les participants d’Asgardsrei postent depuis l’intérieur de la maison cosaque d’Azov, dans le hall du bâtiment. Parmi les autres personnes qui ont posté des photos d’eux-mêmes devant ce même logo illuminé, citons Mark Jones de National Action, le groupe néonazi britannique interdit en tant qu’organisation terroriste au Royaume-Uni depuis 2016.

Un autre participant reconnaissant d’Asgardsrei était quelqu’un qui a publié plusieurs menaces de mort dirigées contre le personnel de Bellingcat (nous ne nommerons pas sa chaîne Telegram). Une enquête précédente de Bellingcat a montré comment l’administrateur de la chaîne avait traduit et vendu des traductions reliées en ukrainien du manifeste du tireur de Christchurch. Malgré la colère du Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern et les promesses des autorités ukrainiennes de poursuivre quiconque vendrait le manifeste, l’administrateur de la chaîne a depuis apparemment vendu des traductions ukrainiennes et a continué à vendre des traductions en russe du manifeste.

En novembre 2019, l’administrateur de la chaîne a publié des photos de leurs billets pour Asgardsrei et a exhorté les abonnés de la chaîne à y assister. Ils ont ajouté qu’ils allaient “Sieg Heil” sur leur chanson préférée M8L8TH, le groupe dirigé par l’organisateur d’Asgardsrei Alexey Levkin. Cette chanson, “Tears of Autumn”, fait l’éloge du lieutenant-général SS et organisateur du système des camps de concentration Theodor Eicke, décédé en Ukraine en 1943, et contient des paroles comme “Vous êtes dans nos cœurs, Führer et son Volk”. Selon la critique d’Asgardsrei 2019 publiée sur le nationaliste blanc américain et ami d’Azov Greg Johnson’s Counter-Currents, M8L8TH a en effet joué cette chanson pendant leur set.

Après Asgardsrei, l’administrateur de la chaîne a posté l’événement en ukrainien et en anglais. “Merci à tous ceux qui ont visité Asgardsrei 2019”, ont-ils écrit le lundi matin après Asgardsrei. “Des frères blancs de toute l’Europe (sic) ont passé un moment formidable, se sont fait de nouveaux amis et ont rencontré d’anciens, pour la première fois depuis de nombreuses années.”

« Sieg Heil ! » le message se termine, accompagné d’un merci au néo-nazi Wotanjugend pour l’organisation de l’événement.

Le spectacle continue

Le prochain événement du calendrier international de la musique d’extrême droite n’est pas en Ukraine ; il y aura des concerts en France (février 2020) et en Italie (avril 2020) avant le prochain grand spectacle à Kiev. En mai 2020, Bilodub de Sokyra Peruna s’associera à Levkin et à la «Militant Zone» de la société pour accueillir le festival «Fortress Europe» de deux jours.

 

 

Une publicité pour “Fortress Europe” à Kiev en mai 2020, mettant en vedette un certain nombre de groupes néonazis

Bien que la programmation soit encore incomplète, les groupes déjà prévus pour se produire à Kiev incluent le groupe italien Bronson , affilié au mouvement néo-fasciste CasaPound, le groupe allemand “national-socialiste hardcore” (ou hatecore ) Path of Resistance et le groupe slovaque antisémite Krátky Proces , dont l’ancien chanteur s’est présenté pour le parti d’extrême droite Marian Kotleba lors des élections de 2016 en Slovaquie. Bien sûr, les groupes de Bilodub et de Levkin, Sokyra Peruna et M8L8TH, joueront également, et certains des mêmes fans qui ont posté des photos d’Asgardsrei le feront probablement depuis Fortress Europe.

Levkin et d’autres ont déjà commencé à planifier l’Asgardsrei de l’année prochaine. Sur leur compte Facebook , ils ont demandé aux fans d’aider à sélectionner le meilleur week-end pour le prochain Asgardsrei en décembre 2020, et affirmant qu’une “tête d’affiche stellaire” pour Asgardsrei 2020 sera annoncée en janvier.