Rassemblement néonazi international autours de combattants sportifs : EFC en Hongrie

 

«European Fight Night» – Internationales Treffen kampfwilliger Neonazis

traduction auto :

Une verdure luxuriante et des champs de colza jaune vif bordent les interminables routes de campagne menant à la petite ville de Csókakö en Hongrie avec 1 000 âmes, à 80 km de Budapest. Vous pouvez voir les champs à des kilomètres à la ronde et le soleil détache les petites montagnes à l’horizon. Ici et là, vous croisez des chevaux, des moutons et parfois des gens. Face à la gare, au milieu d’une petite place, une croix blanche de deux mètres de haut domine. Les participants devraient se rassembler ici. Quelques minutes plus tôt, un vieux couple arrachait tranquillement les mauvaises herbes de la terre sèche entourant la croix. Il est 12 h 49 lorsque le train en provenance de Budapest arrive dans la gare presque déserte et que la première horde de néo-nazis prêts au combat brise l’image de l’idylle printanière. Seulement deux heures plus tard, un autre train arrive de la capitale, qui emmènera le groupe suivant jusqu’au point d’éclusage de Csókakö. Quelques voitures y arrivaient avec du retard et servaient de navettes pour emmener les arrivants vers un terrain de sport. Jusqu’à 400 néo-nazis venus de toute l’Europe se sont rassemblés le 6 mai 2023 dans la banlieue de Budapest pour la première « European Fight Night », ou EFN en abrégé.

Dès fin 2022, les premières annonces circulaient sur les réseaux sociaux selon lesquelles l’EFN serait l’événement de la scène des arts martiaux d’extrême droite en 2023.

Le format allemand « Kampf der Nibelungen » (KdN) » , qui existe depuis 10 ans et est connu pour sa portée et son professionnalisme, a eu une influence particulière à cet égard. Depuis 2019, les autorités allemandes leur ont interdit d’organiser leurs propres événements sous ce label. Avec le label « Pride France », d’origine française, et l’organisation néonazie hongroise « Légió Hungária », l’EFN a réuni trois acteurs très connectés qui ont su, malgré toutes les adversités, organiser un événement déjà reconnu. Il se fait vu comme un succès complet dans le plateau. Dans la lutte pour la loi Une semaine avant l’événement, ce que l’équipe organisatrice et les invités allemands craignaient déjà s’est produit. Il est progressivement devenu connu que les autorités avaient imposé un certain nombre d’interdictions de sortie et d’obligations de se présenter à la police. Depuis 2022, les autorités allemandes recourent de plus en plus à cette mesure pour empêcher les groupes de rock allemands de droite de se produire à l’étranger. Les musiciens d’extrême droite nuiraient à la « réputation de la République fédérale d’Allemagne » à l’étranger, selon les documents officiels. Les interdictions de sortie contre les néo-nazis autour du KdN étaient également justifiées. Seules quelques plaintes ont été déposées contre ces mesures concernant des concerts à l’étranger. Les choses étaient différentes lors de la préparation de l’EFN. Des appels semblables à des moulins à prières ont été lancés sur les réseaux sociaux pour qu’ils intentent une action en justice contre les interdictions. En fin de compte, ce sont probablement plus de 20 personnes en Allemagne qui ont intenté une action contre les interdictions et ont obtenu justice dans le cadre d’une procédure d’urgence devant les tribunaux administratifs quelques jours avant l’événement. Selon un article du Tagesschau, 15 poursuites ont été déposées au seul tribunal administratif de Gelsenkirchen. Le tribunal était notamment responsable des néonazis de Dortmund autour d’Alexander Deptolla, qui, selon ses propres déclarations, a été informé une semaine avant l’EFN que son numéro de passeport était immédiatement bloqué pour tous les pays européens. Ce n’est pas surprenant, car Deptolla est répertorié comme « menace » par les autorités allemandes et fait l’objet d’une surveillance particulière. Les avocats néo-nazis Martin Kohlmann de Chemnitz et Björn Clemens de Düsseldorf étaient responsables du litige. Clemens a expliqué sur son blog que le succès était également dû au fait que le pays hôte, la Hongrie, n’avait aucune inquiétude concernant l’événement.

Plan B

Une partie de l’équipe organisatrice allemande, notamment la figure de proue du KdN, Alexander Deptolla, s’est rendue jeudi à Budapest. D’autres l’ont suivi lorsqu’il est devenu clair que les mesures des autorités de sécurité n’avaient aucun effet. Dans une vidéo tournée sur le Danube devant l’hôtel Marriot de Budapest, Deptolla a annoncé vendredi après-midi que certains voyageurs avaient encore des difficultés à traverser la frontière. Il affirme également avec assurance : « l’événement de demain aura lieu à 100 % ». Vendredi soir, les dernières personnes sont arrivées dans la métropole hongroise, notamment les combattants eux-mêmes.

Pour une première rencontre, combattants et équipes se sont entassés dans le petit club-house de la « Légió Hungária » à Budapest, où devait avoir lieu la pesée. À ce stade, le comité d’organisation de l’EFN savait déjà qu’il ne serait pas en mesure d’accueillir l’événement à Budapest comme prévu. En raison d’une menace soulevée par les autorités hongroises, l’exploitant du lieu proposé a résilié le contrat de location vendredi. Toutefois, cette information n’a été communiquée aux néo-nazis arrivés que samedi matin. Les heures se sont écoulées le jour de l’événement avant que le plan B ne soit annoncé. Au lieu de 13 heures, l’événement débutera à 16 heures. De plus, le lieu n’a pas été annoncé mais devait être atteint via des points d’éclusage. La destination du voyage était la gare de Csókakö (département de Fejér). Les néo-nazis avaient loué un terrain de football et un club-house à la périphérie de la communauté. L’EFN s’est spontanément transformée en un événement en plein air. En fin d’après-midi, des cris de joie et d’acclamations ont retenti dans tout le village, tandis que la police sécurisait les voies d’accès et procédait à des contrôles individuels des personnes.

Conditions hongroises

Après l’événement, le maire Fűrész György a décrit la situation de son point de vue dans une publication sur Facebook. Jusqu’à samedi matin, il n’avait pas conscience de l’ampleur de ce rassemblement néo-nazi. Une personne l’a approché vendredi pour réserver la place dans les plus brefs délais pour un événement d’arts martiaux. Le jour de l’événement, il était présent et a tenté d’influencer l’organisateur et de mettre un terme à ce qui se passait. Ni lui ni les policiers anti-émeutes présents avec certains véhicules n’ont pu détecter sur place des « activités politiques illégales ». «Je voudrais informer le public que ni moi ni le village que je représente n’avons consciemment accepté l’événement appelé European Fight Night, considéré comme néo-nazi. Ni moi ni notre communauté ne sympathisons avec les idées antisémites et néo-nazies », a expliqué György dans le message en question. Il a personnellement demandé aux néo-nazis de mettre fin à l’événement, mais ils ont expliqué qu’ils n’étaient pas des néo-nazis, mais une « organisation conservatrice et combative ».

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Cependant, une recherche rapide sur Internet suffit à réfuter clairement cette hypothèse. Depuis sa création en 2018, la « Légió Hungária » a attiré l’attention pour ses attaques contre le mouvement LGBTQI+ et la communauté juive de Budapest, est co-organisatrice de la « Day of Honour » annuelle glorifiant les nazis et a des chevauchements structurels et personnels avec la Les « Hammerskins hongrois » et la branche hongroise du groupe terroriste de droite « Combat 18 », ainsi que la scène hooligane d’extrême droite.

La distanciation du maire Fűrész György est peu crédible. Aussi parce que c’est lui qui a inauguré il y a plus de 10 ans un monument à Miklós Horthy à seulement 1,5 km du terrain de sport de Csókakö. Horthy, chef d’État de facto de longue date du Royaume de Hongrie, était co-responsable de la déportation d’environ 600 000 Juifs hongrois vers les camps d’extermination allemands. Il était un allié d’Adolf Hitler et un antisémite déclaré dès les années 1920. Ériger un monument à un collaborateur, avant même que Viktor Orbán ne qualifie Horthy d’« homme d’État exceptionnel » en 2017 et ne glorifie son implication dans l’Holocauste, est un positionnement sans équivoque. Par ailleurs, Fűrész György ne cache pas ses liens avec l’extrême droite hongroise. Chaque année, il assiste à un tournoi de football à Csókakö, également co-organisé par le groupe néo-nazi local « Vértesalja Gyermekei ». Les photos montrent leur équipe portant des maillots avec le symbole d’identification des fascistes hongrois (« Arrow Crossers ») et « 88 » sur la poitrine. C’est également « Vértesalja Gyermekei » qui a pris l’initiative du monument Horthy à Csókakö avec le groupe néo-fasciste « 64 Équipes ». Le fait que le maire Fűrész György assiste et promeuve encore régulièrement les concerts des célèbres groupes de rock hongrois de droite « Hungarica », « Romer » et « Kárpátia » rend absurde son éloignement actuel de l’EFN.

Tomasz Szkatulski, Incze Béla und Alexander Deptolla (v.l.n.r.) während der EFN

Le réseau éprouvé

Au sein de l’organisation, des processus éprouvés ont été utilisés pour la Journée de l’EFN.
La structure locale de la « Légió Hungária » s’est occupée de la mise en place et de la logistique,
tandis que le réseau KdN, en collaboration avec Tomasz Szkatulski, le responsable de « Pride France », a réalisé le contenu. Szkatulski, connu à plusieurs reprises pour ses attaques racistes et anti-queer en France, avait géré l’adresse e-mail via laquelle les ventes anticipées de billets étaient traitées des mois auparavant. Un billet coûtait 25 euros, et il y avait aussi une billetterie le jour de l’EFN. Cela a au moins été annoncé à l’avance par Deptolla afin de permettre une participation spontanée et à bas seuil.

Alexander Deptolla était le principal interlocuteur des combattants allemands sur place, tandis qu’Henrik Ostendorf de Brême assumait la modération de l’EFN. Deptolla, le leader allemand Hammerskin, Malte Redeker et Ostendorf font partie de l’organisation centrale du KdN depuis sa création en 2013.
Ostendorf – un hooligan néo-nazi, éditeur de littérature glorifiant le nazisme et directeur du journal d’extrême droite « Sport Frei-Versand » – était déjà familier avec cette tâche lors de précédents événements du KdN en Allemagne.
Gergely Csirke, chef des « Hammerskins hongrois » et membre de la direction de la « Légió Hungária », était responsable de la traduction dans la langue nationale. Ce n’est pas lui qui est apparu dans les nombreuses vidéos promotionnelles précédentes, mais Incze Béla, connu comme le porte-parole de la « Légió Hungária ».

Un autre éminent Hammerskin espagnol, Eduardo Chapela, a agi en tant qu’arbitre, comme il l’avait fait les années précédentes lors des événements KdN.
Wolfgang Benkesser était également présent dans la structure organisationnelle de l’EFN, portant un maillot de l’équipe KdN. Le néo-nazi, qui vit actuellement à Düsseldorf, est membre depuis le début des années 2000 des « Westwall Hammerskins » autour de Malte Redeker, basés dans le sud-ouest de l’Allemagne. Il pratique les arts martiaux depuis des décennies et fait partie de la scène hooligane d’extrême droite du SV Waldhof Mannheim. Il était chronométreur pour l’EFN en Hongrie

D’autres néo-nazis du cercle restreint de Deptolla ont été retrouvés dans le cercle restreint de l’organisation de l’événement. Steven Feldmann s’occupait du déroulement des combats et André Penczek s’occupait du stand de vente du KdN. Les néo-nazis Martinwegerich et Pascal Ostholte, profondément enracinés dans la scène de Dortmund, étaient également présents.

Le stand KdN occupait la majeure partie de la surface de vente en bordure du terrain de sport.
Il y avait également une exposition de produits de « Pride France » et du label hongrois « Homeland and Family », ainsi qu’un stand de la marque néo-nazie de Cottbus « Black Legion ». Ce dernier était pris en charge par une poignée de néo-nazis connus du Brandebourg, parmi lesquels Rocco Wieczorek et Daniel Grätz. Tous deux appartiennent à la scène hooliganique d’extrême droite du sud du Brandebourg, connue pour ses liens avec le crime organisé. Grätz est également l’exploitant du restaurant « Deutsches Haus » à Burg dans le Spreewald. La dernière réunion de la maison d’édition néofasciste « Jungeuropa » y a eu lieu en juillet 2022.

Jusqu’à dix néo-nazis étaient responsables de la documentation photographique et audiovisuelle de l’événement. Les représentants de la « Légió Hungária » ont filmé l’entrée des combattants et les combats sous tous les angles possibles. Était également présent Benjamin Moses du projet médiatique de droite « Balaclava Graphics » de Bautzen, qui a maintenant pris 6 000 photos pour le réseau allemand avait fait le tri, comme il l’a annoncé sur les réseaux sociaux. Il y a quelques semaines, il a accompagné Patrick Schröder de « FSN-TV » avec sa caméra à un entraînement d’arts martiaux avec Tomasz Szkatulski en Bulgarie.

Dans des images de drone divulguées, Schröder peut être vu en tant qu’invité à l’EFN à Budapest. Son intérêt pour les arts martiaux est encore tout frais et pourtant il occupe déjà une position notable. Lui et sa société « Nemesis Production GmbH » se trouvent actuellement dans la marque de la boutique en ligne de la marque néo-nazie russe « White Rex ». La marque a été pionnière sur la scène internationale des arts martiaux de droite et a été récemment dirigée par Hammerskins de Suisse. Cependant, la société « Fighttex AG » responsable de cette situation a annoncé sa liquidation en mars 2023.

L’Autrichien Günther Altmann était également présent en tant qu’invité. Il est un compagnon de longue date de Thorsten Heise, notamment chef de la « Arischen Bruderschaft / Fraternité aryenne » et réseauteur international. A l’EFN, Altmann s’est présenté avec la chemise de cette confrérie. Altmann a déjà été emprisonné à plusieurs reprises. Il a été condamné pour la dernière fois à deux ans et neuf mois de prison en Autriche en 2018. Il a été prouvé qu’il avait réactivé le nazisme parce que, entre autres choses, il avait fait le commerce de productions rock criminelles de droite et d’objets de dévotion nazis, et avait également montré en public ses tatouages ​​glorifiant les nazis. Des néo-nazis suédois, comme Jimmy Dahlqvist, se sont également retrouvés dans la zone du public.

La « communauté de combat »

Bien avant l’événement, on savait que le main event de l’EFN serait disputé par Tomasz Szkatulski.

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Le réseauteur, originaire de Pologne, a vécu longtemps en France et vit maintenant en Bulgarie, a acquis l’année dernière une renommée mondiale sur la scène des arts martiaux grâce à sa participation au format d’arts martiaux underground suédois «King Of The Streets».

Lors de l’événement ouvert de droite, personne n’est gêné par ses tatouages ​​néo-nazis, comme les nombreuses croix gammées sur son corps.


« Denislav A. », l’opposant de Szkatulski au sein de l’EFN, porte également des tatouages ​​pertinents, notamment la double sigrune, le symbole d’identification des SS, et leur devise « Mon honneur signifie loyauté ». Il s’est présenté au sein de l’EFN pour le groupe de hooligans néo-nazis bulgares « Parti privé – Levski Sofia ».

Du réseau néo-nazi allemand, Julian Menzel de la région de Bautzen en Saxe orientale a disputé un match de boxe. Il participe depuis des années à des événements d’arts martiaux dans la scène et est impliqué sur le plan organisationnel dans le groupe germano-autrichien « Wardon 21 ». Son compagnon à Budapest appartient également au groupe sportif néo-nazi, dont près d’une dizaine de membres sont les plus proches soutiens du KdN depuis 2017. Avec « Wardon 21 », Menzel a également organisé le 20 avril 2019 la « Führermarsch / Marche du Führer » dans les montagnes de grès de l’Elbe en Saxe. Une marche en l’honneur d’Adolf Hitler, qui aurait eu 130 ans ce jour-là.

Des représentants de l’équipe brandebourgeoise « Preußen Gloria » sont également montés sur le ring. Une association regroupant un certain nombre d’artistes martiaux, dont certains sont actifs depuis de nombreuses années, qui recrutent principalement dans le cercle de la confrérie néo-nazie « Northsidecrew » du sud du Brandebourg. Deux personnes ont concouru pour l’équipe de Hongrie, dont Martin Ruckert, soutenu dans le coin du ring par Lucien Schönbach. Ce n’était pas Ruckert, mais le combattant jusqu’alors inconnu de l’équipe de Brandebourg qui s’est battu contre un Finlandais. Il représentait le groupe néo-nazi « Veren Laki », qui existe depuis 2020 et qui est encore assez jeune en termes d’âge moyen et est étroitement lié aux « Hammerskins Finland » d’Helsinki.

Sören Radtke, originaire du Schleswig-Holstein, a voyagé sans équipe, mais a emmené avec lui sa compagne et ses deux jeunes enfants à Budapest. Avant et après son combat contre l’un des deux néo-nazis italiens venus, il s’occupait soit de divertir les enfants, soit d’entretenir ses amitiés et connaissances en marge de l’événement. Récemment, Radtke est apparu de plus en plus comme modèle pour la marque de sport néo-nazie « Resistend Sportswear ». À son domicile dans le quartier de Steinburg, il continue à être actif au sein du « Nordic Sports Club » malgré la pression du public. Radtke, qui a combattu lors d’un événement KdN à Ostritz en 2018, était responsable, entre autres, de la « formation à l’affirmation de soi » pour les enfants du club d’arts martiaux. Le club sportif a affirmé en 2018 qu’impliquer Radtke dans le sport pourrait entraîner une déradicalisation, conformément au travail de jeunesse accepté des années 1990 en Allemagne.

On ne sait pas encore si Dennis Dollberg de Brême, qui s’est rendu à Budapest, est également monté sur le ring ou a été actif en tant qu’entraîneur. Il est considéré comme une figure clé de la scène hooligane néonazie de Brême et a été actif dans le groupe « Nordsturm Brema ». Avec deux autres personnes d’Allemagne, il s’est présenté dans la zone d’audience en Hongrie vêtu d’une chemise de l’« AG Body & Spirit » du parti « Der III. Loin”. Lors de l’événement KdN finalement interdit en octobre 2019, il était entraîneur de Christian Steiner de Brême, qui est désormais également actif dans « AG Body & Mind ». En juin de la même année, Dollberg entraîne André Bostelmann pour le tournoi d’extrême droite « Tiwaz » en Saxe. Dollberg faisait partie du « Nordic Fightclub » lors des deux événements. Juste à côté de Dollberg, Jan Lukas Grech, originaire du district de Westerwald en Rhénanie-Palatinat, faisait également partie du public. Il est également actif au sein de « AG Body & Mind » et était sur le ring lors du tournoi « Tiwaz » en 2019. La même année, il dut répondre devant le tribunal de coups et blessures graves de caractère commun.

On ne sait pas non plus si Martin Langner de Schmölln en Thuringe orientale, présent en Hongrie, s’est battu lui-même. Des images circulant sur les réseaux sociaux laissent penser qu’il était principalement impliqué dans la préparation du combat. Le fait qu’Alexander Deptolla n’ait pas participé comme prévu à la tournée des rallyes du « Heimat Dortmund » le 1er mai 2023, mais qu’il ait plutôt assisté à un événement organisé par « Der III. Weg» à Plauen, en Saxe. Langner est membre depuis plusieurs années du micro-parti néo-nazi « Der III ». Weg», est un client régulier du ring événementiel KdN et est directeur de la société d’extrême droite «Barbaria Sportgemeinschaft e.V.» où il réside. Après que l’emplacement d’origine de la salle de sport ait été victime d’un incendie au printemps 2021, Langner a acheté en mai 2022 un complexe industriel de plus de 7 500 m² à Schmölln. C’est là que s’y déroule désormais la formation pour « Der III ». façon »à la place. En décembre 2022, une tentative a également été faite pour y organiser un concert de rock de droite. Tout comme Langner, Marcel Zech semble également avoir participé à la préparation des combattants de l’EFN. Zech est une figure éminente de la confrérie néonazie « Amitié Barnimer », active depuis de nombreuses années dans le nord du Brandebourg. En collaboration avec la confrérie néonazie « Turonen », active dans le crime organisé, l’« Amitié de Barnimer » a participé à l’organisation du grand événement rock d’extrême droite « Rock contre les infiltrations étrangères II » à Themar en juillet 2017, ainsi qu’à dans « Rock contre les infiltrations étrangères III » à Apolda . Dans ce dernier cas, où de graves attaques de néo-nazis ont eu lieu à une heure tardive contre les forces de police, Zech était le principal interlocuteur des autorités aux côtés de Steffen Richter, aujourd’hui emprisonné.

En plus des huit délégués de la « Communauté de Combat » allemande, la carte de combat de l’EFN était principalement dominée par douze néo-nazis hongrois. Un certain nombre de personnes du cercle de la Légió Hungária ont fourni des combattants. Une photo de groupe avec trois à quatre combattants circule sur les réseaux sociaux. Les gens ont posé avec les symboles de la « Légió Hungária » et des groupes de hooligans « Militant Jugend » et « Kispest Troubemakers », ainsi que les banderoles correspondantes. « Militant Jugend » est le « groupe de jeunes » de hooligans du club de football Honvéd de Budapest-Kispest, qui existe depuis 2020. Le chef du groupe est Zoltan Suhajda, qui coordonnait les combattants de l’EFN. Il participe à diverses épreuves d’arts martiaux néo-nazis depuis le milieu des années 2010, de la France à l’Italie en passant par l’Allemagne et bien sûr en Hongrie même. La « Jeunesse Militante » a attiré l’attention dès l’année de sa création avec son orientation clairement néo-nazie. Lors d’un combat contre un autre groupe de hooligans, les membres autour de Zoltan Suhajda portaient uniformément des chemises rouges sur lesquelles était imprimée une croix gammée. Une telle chemise a également été présentée à l’EFN à Csókakö. On le voit sur la photo de groupe décrite d’un participant, même si on a évidemment tenté de la masquer pour la publier sur les réseaux sociaux.

Bild 1: Gruppenfoto während der EFN u.a. mit Zoltan Suhajda (1.v.r.) und einer Person links von Suhajda mit Hakenkreuz-Shirt der Militant Jugend Kispest; Bild 2: Die Militant Jugend um Zoltan Suhajda (1.v.l.) im Rahmen eines Hooligan-Kampfes 2020

Suhajda s’est présentée à l’événement d’arts martiaux d’extrême droite « Pro Patria-Fest » en avril 2019 à Athènes avec un T-shirt avec une croix gammée imprimée dessus. Là, il était entraîneur du Hongrois Jakab Adám. Adam était également présent à l’EFN à Csókakö, où il portait autour du cou une des cartes indiquant un rôle organisationnel dans ou en dehors du ring. Il est monté dans l’octogone lors d’un événement « White Rex » en Italie en 2015. En outre, le groupe hongrois d’extrême droite « Betyársereg » (« Armée des bandits ») a également fourni au moins un combattant. « Betyársereg » a fait la une des journaux en 2011 après que de nombreux membres du groupe ont joué un rôle clé dans de violentes attaques contre les Sinti*zze et les Roman*nja dans le village hongrois de Gyöngyöspata. Un combattant de la « Panzer Tattoo Team » était en compétition depuis la Slovaquie voisine. Il a été entraîné et accompagné par Michal Petris, qui, comme Tomasz Szkatulski, est déjà monté plusieurs fois dans la cage dans « King Of The Streets ». L’implication des néo-nazis grecs autour du « Pro Patria Fightclub » n’était pas non plus une surprise. Le groupe d’arts martiaux néo-nazi milite pour la défense de la scène depuis le début des années 2010 et organise depuis 2014 ses propres tournois, soutenus par le réseau international. Lors du dernier « Festival Pro Patria » à Athènes en avril 2019, un certain nombre de néo-nazis sont venus de toute l’Europe, dont un groupe de 20 personnes issues du cercle restreint du KdN. Les représentants du « Pro Patria Fightclub » participent depuis des années aux événements KdN en Allemagne.

Themis Kanaris, l’un des néo-nazis grecs les plus actifs dans le milieu des arts martiaux, a participé à l’EFN en tant que combattant aux côtés d’un autre néonazi de son pays d’origine. Son adversaire là-bas était Michaël Biolley. Il est devenu membre à part entière des « Swiss Hammerskins » en 2012. En 2017, il s’installe en République tchèque, où il travaille dans le club de boxe « SK Boxing z. S. České Budějovice» a été formé. Il utilise les compétences qu’il y a acquises non seulement pour des tournois commerciaux de boxe amateur, mais surtout pour des « combats sur le terrain » qu’il organise avec d’autres hooligans du « Dynamo České Budějovice ». Il a également disputé un match de boxe lors du tournoi d’extrême droite « Virtus et Honor II » en mars 2023. On ne sait pas vraiment s’il appartient encore aujourd’hui à la confrérie néo-nazie « Hammerskin Nation ». En tout cas, il entretient toujours quelques amitiés avec des Hammerskins actifs.

Cela vaut également pour le hammer français Jérémy Flament, avec qui Biolley et Themis Kanaris ont passé beaucoup de temps un jour après l’EFN.

https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-briey/2016/03/15/rondement-mene

Flament a combattu en Allemagne en 2014, lorsque le KdN s’appelait encore « Ring der Nibelungen ».
C’est également lui qui a acquis en 2015 le club-house des « Lorraine Hammerskins », dans le nord-est de la France, où se déroulent également des entraînements d’arts martiaux.

https://lahorde.samizdat.net/lorraine-mobilisons-nous-contre-la-taverne-de-thor
https://lahorde.samizdat.net/lorraine-les-hammerskins-re-ouvrent-la-taverne-de-thor

Dans le cadre de la réunion tenue au lendemain des combats en Hongrie, une photo a été prise, montrant entre autres Biolley et son partenaire Flament et Kanaris en train de manger.

De nombreux indices laissent penser que le Suisse Simon Andenmatten a également participé à ce repas. La personne sur la photo présente une ressemblance frappante avec les nattes andines et a été décrite comme Suisse sur les réseaux sociaux.
À notre connaissance, exactement un néonazi suisse a combattu au sein de l’EFN. Andenmatten lui-même, comme Biolley, est originaire de Suisse romande et, selon Antifa Bern, a participé à des entraînements avec le groupe de hooligans de droite « Radikal Sion ». Un groupe qui comprend également Joël Moret, devenu à son tour membre à part entière des « Swiss Hammerskins » en 2015 et était alors l’un des cercles les plus proches de Biolley.
De plus, Andenmatten n’a combattu qu’en septembre 2022 au tournoi d’extrême droite « Les Fils de Clovis » à Paris. En 2021, on a appris qu’il appartenait à l’organisation de jeunesse de l’UDC du canton du Valais, les «Jeunes UDC Valais Romand». Il a également été co-fondateur de l’organisation néonazie « Militants Suisses ».

Marco Stöckli, de Suisse, était apparemment également présent à l’EFN en Hongrie. “Un événement vraiment de premier ordre”, a commenté le Suisse sur une photo de l’EFN sur les réseaux sociaux. Il est connu comme combattant K1 du « Fight-Basement Zurich », pour lequel il a participé à la « Journée des combats » à l’automne 2016. A cette époque, il était organisé par les membres et candidats de la section suisse « Blood & Honor/Combat 18 ». La devise de « Combat 18 » est inscrite sous forme de tatouage sur la poitrine de Stöckli : « Whatever It Takes ».
Une « communauté paneuropéenne des arts martiaux », comme la décrit le KdN dans son évaluation de l’événement.
Outre les personnes mentionnées venant de Hongrie, d’Italie, de République tchèque, de Bulgarie, de Suisse, d’Allemagne, de Grèce, de Finlande et de France, d’autres combattants des Pays-Bas, de Roumanie et de Slovaquie auraient concouru. Selon un rapport d’évaluation des organisateurs, il y aura au total 18 combats

Die Verkaufsstände der Kampfgemeinschaft auf der «European Fight Night»

La « European Fight Night » s’est heurtée à de nombreux obstacles, notamment de la part des autorités allemandes. Il peut être surprenant que les interdictions de sortie et les exigences de déclaration n’aient pas tenu devant les tribunaux. Le réseau d’arts martiaux d’extrême droite en Allemagne semble fournir de nombreux arguments :
défense de la scène,
réseautage international de groupes violents,
glorification des nazis à travers l’exposition publique de tatouages ​​et,
enfin et surtout, incitation aux combats de rue.
et la préparation du soi-disant « Jour X ».

Ceci est prouvé, entre autres, par des séquences vidéo secrètes d’un événement KdN à Ostritz en novembre 2018, où Malte Redeker explique sur scène :

« Je ne peux que recommander à tous ceux d’entre vous qui ne s’intéressent pas encore aux arts martiaux ou à l’autodéfense, trouvez un club de boxe local, retrouvez des amis, entraînez-vous au sous-sol. En été, vous pourrez vous entraîner sur la plage, au bord du lac de la carrière. C’est important pour la psychologie, pour la valeur ajoutée dans la rue, pour la confiance en soi, pour la condition physique et pour l’heure tant vantée, le jour X, il faut pouvoir se défendre. »(sic !)

L’EFN a clairement démontré que la « Bataille des Nibelungen » ne fonctionnerait pas sans le réseau allemand. 10 ans après la création du format, les organisateurs connaissent désormais les ficelles du métier et connaissent les aptitudes et compétences des participants. Il y a donc peu de mouvements au sein de la structure. Et le succès de tels événements nécessite des alliés fiables, comme la « Nation Hammerskin ». Cela était également visible en Hongrie, car c’était après tout une confrérie mondiale dont les membres occupaient des postes importants au sein de l’organisation de l’EFN. La participation d’organisations partenaires telles que « Pride France » et « Légió Hungária » était également absolument nécessaire au succès de la « European Fight Night ». C’était le seul moyen d’élaborer un plan B en si peu de temps, ce qui impliquait certainement des difficultés logistiques. Les néo-nazis autour du KdN notamment sont en contact étroit avec les Hongrois depuis plusieurs années. Des représentants de la « Légió Hungária » ont récemment participé à une marche de « La Droite » le 1er mai 2022 à Dortmund, tandis qu’Alexander Deptolla, entre autres, a visité le camp sportif de l’organisation hongroise à l’été 2022.

Même si l’EFN n’a pas été le plus grand événement de ce type, avec jusqu’à 400 personnes présentes, il n’a pas non plus été un échec. La référence ici ne peut pas être le simple nombre de participants. Malgré les obstacles et la pression du public pour rassembler autant de néo-nazis de toute l’Europe – dont beaucoup parlent déjà d’un événement réussi – les organisateurs n’ont pas tort de considérer cet événement comme un succès.
À cela s’ajoute le caractère général de l’événement : la dynamique d’un événement d’arts martiaux est fondamentalement différente de celle des concerts de rock de droite. Au lieu de consommer et de s’adonner à un culte autour de certains groupes, les tournois sont interactifs. Les arts martiaux vous encouragent à vous enthousiasmer et à vous identifier aux combattants. D’autant que l’intégrité physique est en jeu à tout moment, ce qui risque d’impressionner les spectateurs.

Une bonne moitié des néo-nazis présents en Hongrie étaient impliqués dans la préparation, la conduite ou la supervision des combats ; il n’y avait pratiquement aucune démarcation réelle avec le public. Cela soude la communauté militante combattante d’une manière particulière. De plus, les événements d’arts martiaux sont soumis à une certaine esthétique que l’on ne retrouve pas lors des concerts de rock de droite. Au lieu de têtes chauves ivres et braillantes, les participants de la « European Fight Night » ont passé leur après-midi dehors, au soleil, avec des personnes partageant les mêmes idées.
Les équipes médiatiques prépareront les images de manière attrayante afin d’attirer davantage de jeunes à leur combat via les réseaux sociaux. Le fait qu’à l’EFN en Hongrie il y ait beaucoup plus de néo-nazis de moins de 30 ans par rapport aux concerts de rock de droite constitue une autre différence sérieuse, tout comme la présence de nombreux (petits) enfants. Surmonter les représailles en Allemagne et en Hongrie renforce la communauté, l’esprit de corps et aiguise l’image de l’ennemi : « nous contre les autres ». Après l’interdiction d’héberger le KdN en Allemagne, la mise en œuvre réussie de l’EFN en Hongrie ouvre la voie aux structures allemandes. Après une longue impasse autour du format KdN, ils se sont aventurés sur de nouveaux territoires et ont mené une bataille contre l’État de droit dont ils pourraient dans un premier temps sortir plus forts. Le régime d’Orbán et les structures fascistes en Hongrie qui se sont répandues dans l’arrière-pays offrent aux néo-nazis de toute l’Europe un refuge sûr pour étendre et consolider davantage leur réseau militant.

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2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extrême-droite”

Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec les  Russes de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.

Du sang et des saluts fascistes Les fights clubs néonazis

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Ils sont fans d’Hitler et de bastons. Dans des parkings de Suède ou des salles des fêtes de la région lyonnaise, ils organisent des fights sans gants et sans règles ou presque. Enquête sur ces réseaux européens de combats clandestins.

Un homme s’avance en short au centre d’une arène improvisée, son torse, nu, est bardé de tatouages nazis et suprémacistes. Sur le béton brut d’une zone industrielle quelconque, dans une cage faite de barrières de chantier, devant un public de hooligans quasiment tous cagoulés ou dissimulant leur visage, il est venu combattre à poings nus dans ce fight club underground. Une espèce de tournoi de bagarre de rue qui connaît un énorme succès sur Internet. Tomasz Szkatulski, c’est son nom, est une figure de l’extrême droite française radicale, lui-même organisateur de combats plus ou moins clandestins et réservés aux blancs, où nostalgiques des années 30 viennent se mesurer entre deux concerts de rock anti-communiste nazifiant. Ce soir-là, il combattait pour « représenter » les supporters lillois violents et nationalistes de la LOSC Army. Bienvenue au « King of the streets » (KOTS) – « roi de la rue », un pur tournoi de bagarre dont les combattants ressortent en sang, quand ils tiennent encore debout. Des combats clandestins organisés par des hooligans suédois depuis 2013, mais qui ont surtout pris de l’ampleur à partir de 2018. Sur le ring improvisé, des adversaires venus de toute l’Europe. Beaucoup sont issus du hooliganisme notamment allemand, scandinave ou est-européen, plus marginalement russe, les autres sont référencés en tant que simples « combattants de rue ». Le KOTS est une sorte d’UFC en moins normée, en plus violent, en plus sauvage. Et parmi les participants on retrouve des combattants français et francophones liés à l’extrême droite la plus radicale. Le concept plaît tant à cette mouvance évoluant à la croisée du supportérisme violent et des crânes rasés que certains songeraient à dupliquer le modèle en France…

Pas de règles

Ici, pas de gants ni de règles ou presque. Pour assurer le spectacle, les organisateurs veillent seulement à l’homogénéité de poids entre opposants (à cinq kilos près) et à l’harmonisation des types de combattants : MMA contre MMA par exemple. Et encore : « Si deux personnes veulent régler une embrouille en se battant, nous ne nous soucions pas du poids ou de l’expérience », précise le site officiel du King of the streets. Rares sont les opposants qui ne finissent pas en lambeaux : « J’ai eu le nez cassé, deux phalanges cassées à la main droite, ainsi que le majeur fissuré », témoigne Marco, combattant berlinois de 19 ans récemment passé au KOTS, interrogé par Clément Le Foll pour le journal suisse Le Temps.

Autour de l’arène, le public est peu nombreux et le plus souvent composé de proches des combattants. Mais le « spectacle » attire un public énorme sur internet avec près de 100.000 personnes abonnées à la page Facebook et plus de 300.000 sur la chaîne YouTube. Certaines vidéos de combat dépassent le million de vues. Les créateurs de ces pugilats en ont même fait un business puisqu’il faut payer pour visionner les fights : comptez 20 euros pour pouvoir regarder neuf combats. Pour renforcer encore un peu plus l’imagerie hardcore du KOTS, seuls les gagnants remportent un prix en monnaie sonnante et trébuchante – alors que dans les combats classiques, les deux participants sont rémunérés. Ainsi que du matériel de la marque des organisateurs, Askari, dédiée aux sports de combat.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Hype Crew, la « firm » (ou groupe de hooligans) suédoise à l’origine du King of the streets, n’est pas d’extrême droite. Les organisateurs soulignent d’ailleurs que le KOTS est apolitique. On y retrouve en effet tout autant des combattants issus de groupes de hooligans marqués à la droite radicale (un membre de la Losc Army lilloise, donc, un Allemand du Borussia Dortmund ou encore un hooligan du Spartak Moscou) qu’à la gauche radicale (un Espagnol du Rayo Vallecano, des « Antifas hooligans » suédois du KGB d’Hammarby et un Allemand du FC Cologne dont la firm se réclame également de l’antiracisme). Mais il n’empêche que ces combats véhiculent une vision du monde masculiniste et violente, dont il n’est pas surprenant qu’elle séduise les militants d’extrême droite les plus radicaux. D’autant que le groupe ne fait rien pour les tenir à l’écart, comme le prouve le CV des deux Français qui ont combattu sur le béton de ce fight club clandestin.

Le premier à participer est Tomasz Szkatulski, dit « Gamin ». Une figure connue chez les nostalgiques français du IIIe Reich. Ancien membre du groupe de boneheads de Serge « Batskin » Ayoub, Troisième Voie, il a un temps frayé avec les gros bras aux crânes rasés du Blood and Honour. Deux groupuscules dissous par les autorités en 2013 et 2019. C’est un hooligan, aussi, membre de la LOSC Army, qu’il a tatouée sur les phalanges et très copain avec un autre pilier de cette firm : Yohan Mutte, emprisonné un temps pour son rôle présumé dans l’affaire des noyés de la Deûle et lui aussi passé par Troisième Voie. Un gaillard aperçu de temps en temps à La Citadelle, local d’extrême droite lillois lié à Génération identitaire.

 

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Avant de rencontrer Tomasz « Gamin ». / Crédits : DR
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Après avoir rencontré Tomasz « Gamin ». / Crédits : DR

Szkatulski, déjà condamné pour une agression au couteau ou le tabassage d’un SDF d’origine étrangère, ne passe pas inaperçu puisqu’il est couvert de tatouages nazis ou suprémacistes, dont un « White Power » qui lui barre le cou ou une grosse croix gammée à l’intérieur du biceps droit. Il est propriétaire d’une marque de vêtements de sport, en vente sur le site 2YT4U dont le nom est l’acronyme déguisé de « Too white for you », littéralement « trop blanc pour toi ». Sur cette boutique en ligne on peut s’offrir des tee-shirts « HTLR » pour « Hitler » ou barré de la Totenkopf SS, des pulls « Hate antifa » et autres hoodies avec le slogan : « Defend your tradition », accompagné d’une kalachnikov recouverte de symboles suprémacistes. Il se dit qu’il jouirait d’une sorte de licence pour la distribution de marques suprémacistes et/ou néonazies comme White Rex, Svastone ou Black Legion.

Un nouveau fight club néonazi en préparation

Gamin est aussi un organisateur d’événements mêlant concerts de RAC (pour « Rock against communism ») et combats clandestins. Comme le « Tournoi Force et Honneur » en 2017 qui a rassemblé dans la région genevoise la crème de l’extrême droite radicale européenne. Il met ainsi « en réseau la scène militante européenne d’arts martiaux néonazis », selon le site antifasciste suisse Runter von der Matte.

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Tomasz Szkatulski est propriétaire d’une marque de vêtements de sport dont l’acronyme veut dire : « Trop blanc pour toi ». Sur cette boutique en ligne on peut notamment acheter des tee-shirts « HTLR », pour « Hitler » / Crédits : DR
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« Gamin » distribue des vêtmeents avec des slogans et de l’imagerie suprémaciste et néonazis. / Crédits : DR

Un autre de ces fights clubs réservés aux blancs organisés par Tomasz Szkatulski est d’ailleurs dans les cartons. Prévu initialement le 6 juin 2020, cet événement en partenariat avec les marques et réseaux les plus radicaux a été décalé au 5 juin prochain pour cause de crise sanitaire, toujours selon les antifas helvètes. Il devrait se dérouler « entre Bâle et Zurich », a précisé sur Telegram Gamin, qui vit dans la région d’Annecy, entre deux « blagues » au racisme crasse et autres glorifications d’Hitler.

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Fiers comme Artaban. / Crédits : DR

Le second Français à avoir participé au KOTS, Valentin Vauthiers, dit « French Viking », affiche moins haut ses couleurs. Il a simplement une sorte de rune, symbole prisé des paganistes nazis, tatoué sur le pectoral gauche. Mais il semble bien lié à Szkatulski, qui lui dédicace sur Facebook un « 88 Valentin » : un code courant dans les milieux nazis signifiant « HH » pour « Heil Hitler ». Tandis que Vauthiers mentionne à l’occasion le compte Instagram de Gamin (désormais supprimé) dans ses publications… Les deux hommes ont participé à la même soirée KOTS en fin d’année dernière. Vauthiers et Gamin sont aussi liés à un certain Yanek Czura, francophone avec lequel « French Viking » vient d’ailleurs de faire le voyage pour sa deuxième participation au KOTS, il y a quelques jours à peine, où il a combattu sous son vrai nom et accompagné du même entraîneur.

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Valentin Vauthiers, dit « French Viking », est le second Français à avoir participé au KOTS. S’il affiche moins haut ses couleur, Szkatulski lui a fait une spéciale dédicace nazie sur Facebook : « 88 Valentin ». / Crédits : DR
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Pour sa deuxième participation au KOTS, il y a quelques jours à peine, Valentin Vauthiers a combattu sous son vrai nom et a mis des gros coups de pieds. Pour l’occasion, il était accompagné du combattant Yanek Czura (au fond, à droite). / Crédits : DR

Yanek Vincent Czura, colosse suisse de 120kg, fait lui aussi partie des rares francophones à avoir déjà mis les pieds au KOTS. Possédant une salle de fitness à Gland, dans le canton de Vaud, l’homme n’est pas tout à fait un paisible entrepreneur occupé par ses seuls bilans comptables de sa PME. Il affectionne aussi les bagarres en forêt contre d’autres hooligans. Des affrontements violents organisés par le Swastiklan Wallis (pour « Svastika », la croix gammée), groupe auquel Yanek appartient et composé essentiellement de néonazis helvètes. Une enquête du Nouvelliste, reprenant notamment des informations du site antifasciste suisse Renversé, avait montré que des Français, dont le chef des Zouaves Paris Marc de Cacqueray-Valménier, participent à des fights avec ces hools d’extrême droite.

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Les joyeux drilles du Swastiklan Wallis, groupe de néonazis helvètes qui accueillent parfois des Français, comme Marc de Cacqueray-Valménier. / Crédits : DR

S’il était identifié comme « streetfighter » sur certains visuels, c’est bien pour défendre les couleurs du Swatisklan Wallis que Yanek le bodybuilder suisse s’est rendu en Suède pour affronter un Polonais au KOTS. Lors de l’événement, des photos publiées sur les réseaux sociaux confirment d’ailleurs qu’il entretient une certaine proximité avec les Français Tomasz Szkatulski et Valentin Vauthiers.

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« C’est l’heure de la bagarre » / « J’ai perdu la bagarre ». / Crédits : DR

Des participations européennes

D’autres « événements sportifs » organisés par des membres de l’extrême droite européenne drainent des combattants proches de la mouvance néonazie. En Allemagne, c’est le cas du Kampf der Nibelungen, du nom que portent les nains dans la mythologie germanique. Comme le KOTS, la première édition de ce tournoi d’arts martiaux s’est déroulée en 2013, mais la ressemblance s’arrête là : aucune trace, par exemple, de groupes de gauche radicale participant à l’événement. L’édition 2018, qui a eu lieu à Ostritz en Saxe sur un terrain mis à disposition par un ancien membre du parti d’extrême droite allemand NPD, a réuni plus de 800 participants venus de toute l’Europe, dont de France. En grande majorité des crânes rasés bardés de tatouages de runes nordiques et autres symboles chers à la mouvance néonazie. « En tout temps, ce sont les combattants qui ont défendu leur clan, leur tribu, leur patrie », vante l’organisation.

Ce dernier rassemblement était notamment sponsorisé par la marque de vêtements White Rex, créé en 2008 par le néonazi russe Denis Nikitin, cheville ouvrière de nombreux tournois de MMA organisés par des hooligans d’extrême droite en Europe et dont Gamin aurait donc repris le flambeau. Dans une interview donnée au Guardian en 2018, Nikitin avait admis avoir régulièrement mené des agressions violentes contre des minorités ou des immigrés avec ses camarades hooligans.

En Grèce se tient aussi ce genre de show. Le ProPatria Fest se décrit comme un tournoi de MMA « paneuropéen ». Il réunit les combattants d’extrême droite depuis 2014. Le Français Tomasz Szkatulski y avait pris part en 2016. On trouve des événements similaires en Italie avec le Tana delle Tigri à Rome organisé par les néo-fascistes de Casapound ou dans les Balkans et en Europe de l’Est.

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Le ProPatria Fest (en haut) qui se tient en Grèce réunit les combattants d’extrême droite depuis 2014. Le Français Tomasz Szkatulski y avait pris part en 2016. / Crédits : DR
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Le Kampf der Nibelungen (KDN) est un tournoi qui rassemble les néonazis et suprémacistes blancs de toute l’Europe, dont la France. / Crédits : DR

Octogone dans l’Hexagone

En France, ce genre de compétition est particulièrement difficile à organiser compte tenu de la législation particulière sur les combats de MMA même si la discipline est largement pratiquée au niveau amateur. Mais surtout, les associations antiracistes et les autorités font pression sur les élus qui accepteraient d’accueillir ce genre d’événement sur le territoire de leur commune, obligeant les organisateurs à se réfugier à l’étranger ou à camoufler la vraie nature de leurs petites sauteries pour tenter de brouiller les pistes, comme l’a raconté Rue89 Lyon.

Si le contexte sanitaire actuel n’est pas propice à l’organisation de tournois de MMA entre blancs ou de concerts de groupes néonazis (les deux vont souvent de pair), de tels événements font régulièrement la Une de la presse locale et parfois nationale. C’était notamment le cas lors des éditions 2014 et 2015 du « Day of Glory », organisées par l’inévitable Tomasz Szkatulski, alors affilié à l’organisation de skinheads néonazis « Blood and Honour ». Les deux événements avaient respectivement eu lieu à Pollionnay, une petite commune à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Lyon, puis à Talencieux, paisible village ardéchois d’un millier d’âmes. Les deux fois, l’événement a réuni entre 150 et 200 crânes rasés. Les salles municipales des deux communes ont été réservées par des jeunes du coin sous le prétexte de fêter un anniversaire ou de passer une soirée privée. Mis devant le fait accompli le jour même, les élus et les forces de l’ordre locales ont été obligés de laisser l’événement se dérouler. Dans les deux cas, des arrêtés municipaux ont été pris par les maires des communes pour marquer leur désapprobation à défaut de pouvoir les faire annuler.

En 2017, c’est le village de Saint-Hélène-sur-Isère en Savoie qui était le théâtre d’un tournoi de MMA organisé par l’extrême droite radicale. Là encore, le maire de la ville avait découvert seulement quelques heures avant le début des « festivités » la vraie nature de l’événement.

Les nostalgiques du Troisième Reich ne se contentent pas d’organiser ponctuellement des combats clandestins. Ils montent des salles de boxe ou d’entraînement au combat. Ainsi les identitaires à Lyon ont ouvert L’Agogé – où le tournoi accueille des combattants nationalistes-révolutionnaires ou néonazis –, à Paris La Baffe lutécienne et à Nice le 15.43. Des salles qui ont survécues à la dissolution récente de Génération Identitaire. Les nationaux-catholiques angevins de l’Alvarium, proches des héritiers du GUD autant que de GI, tentent de réunir des fonds pour ouvrir leur salle depuis plusieurs mois maintenant.

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De gauche à droite : l’Agogé, la Baffe lutécienne et le 15.43. / Crédits : DR

D’autres se sont repliés vers le hooliganisme pur. Ainsi certains membres des Zouaves Paris participent à de nombreux fights avec leurs copains des MesOs Reims. Mais ils ont aussi repris récemment le flambeau du KOP of Boulogne en combattant sous l’étiquette « Jeunesse Boulogne (PSG U23) ».

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Certains membres des Zouaves participent à des fights avec d’autres hools, comme les Mesos. Ils ont aussi repris récemment le flambeau du KOP of Boulogne en combattant sous l’étiquette « Jeunesse Boulogne ». / Crédits : DR

D’autres enfin semblent, selon nos informations, tentés de reproduire le modèle du KOTS à leur échelle. À l’image de jeunes nationalistes de la région de Rennes qui sont à l’initiative – encore en gestation – du « Roazhon Fighting Contest », présenté comme une « organisation de combats non-officiels et pour le plaisir de la pratique de la boxe anglaise, du Muay Thaï et du MMA ». Pas ou peu d’infos supplémentaires, les organisateurs ayant opposé une fin de non-recevoir à nos questions.

Nous avons toutefois réussi à identifier au moins un jeune homme qui se cache derrière ce compte. Fréquentant le stade du Roazhon Park, il est militant de la remuante section locale du groupuscule royaliste Action française et s’entraîne déjà régulièrement aux sports de combat en groupe dans des parkings souterrains ou sur des terrains publics. Sa bande, très active, a participé il y a quelques semaines au service d’ordre plus ou moins officiel d’une manif anti-PMA de Marchons enfants à Rennes. Fin février, certains sont montés à Paris pour participer à la manif organisée par Génération identitaire pour protester contre la dissolution du groupe et qui a été émaillée d’incidents violents. L’un d’eux a même diffusé une photo de son petit groupe accompagnée de commentaires racistes. Un cliché qui a été repris sur le compte Telegram « Ouest Casual », grosse chaîne des hooligans proches des héritiers du GUD et du Bastion social (Zouaves Paris en tête). En légende du cliché : « 20/02/2021 Nationalists in Paris ».

 

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La bande des natios rennais à Paris pour la manif de Génération identitaire. La notion de « trois doigts » fait référence au « salut de Kühnen » – une variante à trois doigts du salut nazi. Et le « 3Rei » fait référence au Troisième Reich. / Crédits : DR

Contacté, Tomasz Szkatulski a refusé de répondre à nos questions.


https://youtu.be/8mhA6MYoZH4?si=Pe5-6g86fb19G-n8

https://youtu.be/pjwbXfuUcrY?si=3vvDOUwZaNskmung

KOTS 117

KOTS 99

KOTS 83


KOTS 10 décembre 2022

https://youtu.be/-cmUZfx9yws?si=3oXno6LJrdb4qbGX


2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extreme-droite”

Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec les  Russes de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.

Alerte antifa en Haute-Savoie : tournoi de MMA et concert néonazis le 10 juin

https://lahorde.samizdat.net/alerte-antifa-en-haute-savoie-tournoi-de-mma-et-concert-neonazis-le-10-juin

Pour la troisième fois, des néonazis vont organiser, en France le week-end prochain un tournoi clandestin de combat libre et un concert de Rock Against Communism (RAC), probablement en Haute-Savoie, en collaboration avec deux structures  russes d’extrême droite. Ce sont des dizaines de crânes rasés admirateurs d’Hitler qui vont ainsi se retrouver, ivres de sang et de violence, pour faire la fête dans un petit village qui n’aura rien demandé… 

PF2017

Si la pratique du Free fight (combat libre) ou du Mixed Martial Arts (MMA) est autorisé en France, les compétitions restent interdites en raison d’une législation qui proscrit les coups portés au sol dans les sports de combat. Tout tournoi de MMA organisé en France est donc par définition clandestin : cette interdiction permet aux néonazis, alors que la majorité des pratiquants et amateurs de MMA n’ont rien à voir avec l’extrême droite, d’utiliser leur savoir-faire en matière d’événements clandestins pour tenter de faire passer un rassemblement de combattants européens néonazis pour une compétition internationale de la discipline sur le territoire français…

On prend (presque) les mêmes et on recommence

C’est en réalité la troisième fois que risque de se produire ce type d’événement. Le 7 juin 2014, à Pollionnay, une petite ville à proximité de Lyon, comme nous l’avions raconté ici, Loïc Delboy, principal animateur du groupe néonazi Blood & Honour Hexagone (B&H), organise la première édition de cette compétition de MMA rassemblant environ 150 personnes. En juin 2015, sous le nom “Day of Glory”, il remet ça cette fois à Talencieux, près d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche (alors que l’événement était annoncé publiquement à Lyon), en s’associant à Tomasz “Gamin” Szkatulski, un naziskin de la région lilloise qui s’occupe d’une marque de vêtement en ligne, Pride France, dont le slogan est ” fabriqués par et pour les Blancs “.

MMA BH
Les deux éditions des compétitions de MMA organisées par BH Hexagone. À droite, le groupe Légitime Violence, qui y a joué en juin 2015.

Il est lui-même combattant de MMA, et a participé à plusieurs compétitions à l’étranger organisées par différentes organisations d’extrême droite. C’est aussi un individu dangereux, impliqué dans différentes agressions racistes et homophobes, et proche de Yoann Mutte, impliqué dans l’affaire dite “des disparus de la Deûle“.

Tomasz Szkatulski
Tomasz “Gamin” Szkatulski, reconnaissable à son tatouage “White Power” dans le cou, à gauche avec son ami Yoann Mutte, et à droite tenant la table de Pride France.

En mars 2016, la police fait une descente chez les militants de B&H et tombe sur un véritable arsenal (des dizaines d’armes à feu et armes blanches) et des babioles nazies, et les mises en examen tombent pour « association de malfaiteurs, acquisition, détention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat ». Bien que, alors qu’on est en pleine état d’urgence, tous ressortent libres (sous contrôle judiciaire), le parquet jugeant qu’il n’y avait pas de risque de trouble à l’ordre public (!), il va de soi que l’organisation d’un événement aussi lourd à gérer qu’un tournoi sportif n’est pas à l’ordre du jour cette année-là.

BH Hexagone Gamin de Lilles Pride France
Tomasz “Gamin” en tant que combattant de MMA et avec l’équipe de B&H.

En revanche, tout va bien pour “Gamin”, qui a entre temps déménagé en Haute-Savoie, et qui reprend seul l’organisation du tournoi pour son édition 2017, qui est annoncé “dans la région de Genève”. Enfin, seul, pas tout à fait, puisque l’événement est co-organisé avec “HardCore Wave” qui diffuse sur internet de la musique et des t-shirts.

HCWave
Le 20 avril 2017, HardCore Wave poste un mystérieux « 128 » : or Adolf Hitler, né le 20 avril 1889, aurait eu 128 ans cette année. La main signifie sans doute « Sieg Heil »…

HardCore Wave a déjà organisé deux concerts en Rhône-Alpes : le premier le 19 novembre 2016 avec les groupes français DC (ex-Décadence culturelle) et Bordel Boys (groupe breton prétendument apolitique) et les italiens SPQR et Mai Morti, puis le second le 13 mai, vers Bourgoin-Jallieu, avec cette fois une affiche 100% italienne : Hate for Breakfast, Bayonet Assault mais surtout Bronson, groupe directement lié à Casapound. HardCore Wave a également soutenu le “Call of Terror”, un festival de National-Socialist Black Metal (NSBM) qui s’est tenu à Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie) le 28 janvier dernier, avec entre autres Peste Noire, dont nous avons déjà parlé ici.

Concerts

Les Russes à la rescousse

Surtout, il peut toujours compter sur son partenaire russe, White Rex, déjà impliqué dans l’édition 2015. Fondé le 14 août 2008, soit le 14.08.08 [1] par le russe Denis Nikitin, White Rex a organisé son premier tournoi de MMA professionnel à Moscou en 2013 sous le nom ” Birth of a Nation “, et vend en ligne des vêtements pour la pratique du free fight, mais aussi des t-shirts mettant en avant le folklore russe (guerriers slaves, ours), les “grands ancêtres” européens (Vikings, soldats romains, croisés…) et la virilité dans le sport.

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En haut à droite : le logo de White Rex, qui reprend le soleil noir cher aux SS (cf. château de Wewelsburg). Quelques exemples de t-shirts White Rex : “Angry europeans against Tolerance”, le “88” pour ’Hein Hitler”, le symbole de la Phalange espagnole… Que du lourd !

La marque s’est rapidement implanté en Europe de l’Est et en Italie, via les groupes de musique et les tournois de MMA organisés et sponsorisés par la marque, dont le logo représente un guerrier devant un soleil noir, un symbole païen qu’on retrouve surtout dans le mysticisme nazi (il orne ainsi le sol du château de Wewelsburg, le quartier général de la SS).

Un esprit malsain dans un corps sain ?

White Rex, afin de tordre le cou à l’image d’alcoolique qui colle aux Russes, refuse que ses événements soient sponsorisés par des marques d’alcool ou de tabac, et l’événement du 10 juin en France est lui-aussi annoncé sans drogue et sans alcool.

bas affiche

Pour convertir les crânes rasés (généralement plutôt amateurs de bières et de cocaïne) les bienfaits du mode de vie “Straight Edge (SxE)” [2], les organisateurs du tournoi ont invité pour une “conférence” la troupe russe “PPDM Straight Edge Father Frost More” qui utilise l’image SxE tout en faisant clairement référence à des mouvements minoritaires comme les Hardliners ou le Hate Edge, des dérives violentes et sectaires du mouvement SxE, où la violence est véhiculée comme une valeur positive pour imposer ses idées, généralement réactionnaires, par la force.

PPDM
La fine équipe des PPDM. En bas à gauche, avec leurs copains de Blood & Honour.

Les PPDM organisent régulièrement en Russie des exhibitions visant à la promotion du body-building et de l’haltérophilie (un sport assez populaire en Russie). Bon, à voir les monstres, on se doute qu’ils ne se nourrissent pas que de Chocapic, mais c’est l’intention qui compte… Quoiqu’il en soit, l’objectif est surtout de faire la promo de la violence physique et d’une virilité exacerbée, et la proximité des PPDM avec la scène néonazie n’est pas un mystère.

En avant la musique !

HardCore Wave a donc remplacé Blood & Honour pour la partie musicale de la journée, et c’est donc logiquement qu’on retrouve sur l’affiche (un peu bas de gamme quand même, relativement aux années précédentes et aux événement HCWE) deux groupes de RAC italiens : Green Arrows et une nouvelle formation composé d’anciens du groupe Ultima Frontiera (qui a arrêté en 2013). Le premier avait déjà joué à un concert organisé par Blood & Honour Hexagone, et quant au second, on ne peut pas encore en dire grand-chose, si ce n’est qu’Ultima Frontiera était ouvertement fasciste. Les Espagnols de Jolly Rogers viennent compléter l’affiche : là encore, aucun doute sur les convictions du groupe, qui a participé à la compilation “European Brotherhood”, ornée d’une belle croix celtique !

groupes_10-06-2017
De gauche à droite : le concert B&H avec Green Arrows ; l’affiche du dernier concert d’Ultima Frontiera et un des membres du groupe Jolly Rogers.

Une journée qui s’annonce bien chargée donc, et qui risque d’attirer, dans un des petits villages de Haute-Savoie, une faune venue non seulement de toute la France, mais également d’Allemagne, d’Italie, de Suisse ou d’Autriche… Si la municipalité concernée aura probablement été dupée comme les années passées, le mode opératoire de Pride France est désormais suffisamment bien connu (une réservation pour une “fête privée”, un mariage ou un anniversaire) pour qu’un minimum de méfiance s’impose de la part des autorités locales. Les antifascistes sont d’ors et déjà à pied d’œuvre pour mettre des bâtons dans les roues des organisateurs ; mais il est nécessaire qu’il y ait une prise de conscience plus large du danger que représente la tenue d’un tel événement, car les naziskins ont déjà prouvé, à Lille en 2011 et à Paris en 2013, qu’ils étaient capables du pire. Faudra-t-il un nouveau mort pour qu’enfin les parades néonazies, en Haute-Savoie ou ailleurs, ne soient plus tolérées ?
La Horde

Notes

[1Dans le langage codé des néonazis, les chiffres correspondent à des lettres : “88” = “HH” = “Heil Hitler” ; quant au “14” il fait référence aux 14 mots du suprémaciste blanc David Lane : ” We must secure the existence of our people and a future for white children » (« Nous devons préserver l’existence de notre peuple et l’avenir des enfants blancs »).

[2Contre-culture issue de la scène punk-hardcore américaine, à l’origine plutôt non violente, refusant l’usage des drogues, en réaction au nihilisme punk type “no future”. [les néofascistes sont HARDLINE, pas “straight edge”]


2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extreme-droite”

Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec les  Russes de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.

Le 30 mars dernier, une vaste opération policière dans huit régions différentes a conduit à l’interpellation de onze néonazis du réseau Blood & Honour (BH) : au cours des perquisitions, onze armes d’épaule, deux revolvers gomme-cogne, 28 armes blanches, des gilets pare-balles, des casques lourds et divers bibelots nazis ont été découverts. Pour mieux comprendre de quoi il retourne, voici une petite présentation de l’histoire, des animateurs et des activités de ce réseau néonazi français.

https://lahorde.samizdat.net/blood-honour-hexagone-du-bruit-des-coups-des-armes

lundi 11 avril 2016

Blood & Honour Hexagone logo

[Mise à jour du 12 avril]

 

Alors que l’état d’urgence est prolongé jusqu’au 26 mai, que des milliers de perquisitions, des centaines de gardes-à-vue ont été menées sur de simples présomptions, les trois principaux membres de Blood & Honour, en dépit du stock d’armes découvert chez eux, sont ressortis libres (sous contrôle judiciaire) après leur mise en examen pour “association de malfaiteurs, acquisition, detention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat” (ouf !) : pour le parquet de Marseille, « le trouble à l’ordre public est loin d’être évident  ». Quelque chose nous dit qu’il en aurait été autrement si les trois interpellés s’étaient appelés Ahmed, Ibrahim et Abdel, et si on avait trouvé chez eux des exemplaires du Coran à la place de Mein Kampf … Mais il se trouve que nos pieds nickelés s’appellent Loïc Delboy, David Dumas et Pierre Scarano, trois militants néonazis “bien de chez nous” du Réseau Blood & Honour Hexagone [ Nous avions hier cité par erreur les noms de Romain Balchon et Jérémy Recagno, deux autres membres de BH Hexagone, qui n’ont pas été mis en examen dans cette affaire. ]

Bloudounounours made in France

À visage découvert, Ian Stuart Donaldson.

Rappelons que tout au long des années 2000, divers groupes en France vont se réclamer de Blood & Honour, un réseau anglais qui depuis trente ans fait la promotion de groupes de musique néonazis. Le site antifasciste REFLEXes a rappelé que l’une de ces sections locales, la section BH Midgard, a entretenu des liens étroits avec le groupe de RAC Fraction dans lequel se produisaient les fondateurs des Identitaires, Fabrice Robert et Philippe Vardon, ce dernier étant aujourd’hui cadre au Front national : ce proche de Marion Maréchal Le Pen a même été nommé récemment responsable FN de la première circonscription des Alpes-Maritimes…

Jean-Yves Wébert (de Toul, encore)
Yoann Lodbrok (Bourgoin)
Jonathan Bottin (Genève)
Alexis Peissonneaux (Lyon)
Romain Blachon (Lyon)
Loïc Delboy (Marseille, chef de B&H Hexagone)
Xavier Bourgeois (Collombey-Muray, Suisse)
Nicolas Gayraud (tatoueur faf aussi, chez Misanthrop’Ink, à Monthey, Suisse)
Loïc Staïanov (Toulouse). [Merci à Louise Michel pour la photo]

Or Blood & Honour Hexagone est justement issu de la fusion de différentes sections BH en France, dont la section BH Midgard. Bien implantée dans le Sud de la France, Blood & Honour Hexagone organise ainsi un ou deux concerts par an, avec une technique bien rôdée, également utilisée par les néonazis allemands pour organiser des concerts néonazis dans l’est de la France : louer une salle municipale d’un petit bled sous un faux prétexte, le plus souvent une fête d’anniversaire.

Le livret de l’album de Frontine.

C’est Loïc Delboy qui, après la fermeture de la section BH Milgard, monte en 2010 Blood & Honour Hexagone. Delboy faisait alors partie du groupe Frontline (attention : ne pas confondre avec la marque de vermifuge pour chat), avec Michael Moustier (responsable des Jeunesses identitaires sur Aix, animateur du fanzine skinhead No one like us , il rejoindra ensuite le groupe Haï et Fier), Alexandre Garcia (qui fut le premier trésorier des Identitaires) et Michael Dumas (qui a depuis monté un business de vêtements en ligne, Fleur de Bagne), frère de David Dumas, qu’on retrouve lui dans le groupe Bordels Boys.

Des hommes, des vrais, des tatoués

En dehors de quelques randonnées et autres sorties nature, la division 28 [1] française organise à partir de 2011 un concert par an ainsi qu’une fête pour le solstice d’été à la mi-juin.

À gauche : l’affiche du premier concert de BH Hexagone. À droite, l’un des solstices fêtés par BH : guitare sèche, tendres accolades, veillées autour du feu… Eh les gars, vous êtes des skins ou des hippies ?

Mais ces dernières années, le réseau a diversifié son activité en organisant des compétitions de free fight ou MMA  [2] : une première édition a lieu le 7 juin 2014, à Pollionnay, une petite ville à proximité de Lyon, rassemblant environ 150 personnes, puis une seconde l’été dernier, cette fois à Talencieux, près d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche.

Les deux éditions des compétitions de MMA organisées par BH Hexagone. À droite, le groupe Légitime Violence, qui y a joué en juin 2015.

Pour organiser ces évènements, BH Hexagone s’appuie sur Pride France, une boutique en ligne de vêtements de marques d’extrême droite. Derrière cette boutique, on trouve Tomasz Szkatulski, alias Gamin, un skin néonazi de la région lilloise, actif depuis la première moitié des années 2000. Il avait déjà à l’époque tenté de monter une structure Blood & Honour avec l’aide d’un chapitre hollandais dans le nord de la France. Il avait ensuite donné dans le soutien aux prisonniers politiques néonazis, mais l’initiative c’était mal terminée, avec une histoire d’argent détourné. Depuis quelques années, il a donc lancé sa boutique de vêtements en ligne et il parcourt l’Europe pour participer en tant que combattant à des tournois de MMA organisés par des structures d’extrême droite.

Tomasz “Gamin” en tant que combattant de MMA et avec l’équipe de B&H.

Ces compétitions de MMA sont également soutenues par White Rex, une marque de vêtements sportifs d’extrême droite, basée en Russie et qui tente de monter en Europe de l’Ouest (en particulier en Italie) une série d’évènements pour promouvoir la marque auprès des milieux nationalistes et des skins néonazis. Dans leur partenariat avec Blood & Honour Hexagone, ils se chargeaient d’apporter tout ce qui concernait l’infrastructure technique pour la tenue des combats, ainsi que des récompenses pour les gagnants.

Enfin, parmi les autres activités organisées par le BH Hexagone dans la région lyonnaise, on trouve des conventions de tatouages, comme le Oi ! Tattoo Fest. Ces évènements sont organisés avec l’aide logistique de Lyon Dissident, ancien groupe de skins nazis lyonnais qui fut actif durant quelques années au début des années 2010, autour de leur local Bunker Korp et du groupe RAC Match Retour. Jérémy Recagno, qui a été entendu dans l’affaire, est lui aussi tatoueur (il tenait un salon sur Marseille), et s’est retrouvé l’an passé derrière les barreaux pour détention d’armes.

Lors du dernier concert de BH Hexagone, la police s’est invité pour préparer son coup de filet : le 5 mars dernier, à l’appel de Blood & Honour Hexagone, 400 crânes rasés se sont en effet rassemblés à Torchefelon, près de La Tour-du-Pin (Isère), pour écouter les douces mélodies de Bunker 84 qui s’était reformé pour l’occasion, mode du vintage oblige. Les flics en ont profité pour effectuer des contrôles massifs, saisissant au passage cocaïne, amphèts et diverses armes blanches, et pour noter méticuleusement les plaques d’immatriculation des véhicules de nos joyeux drilles. Résultat, moins d’un mois plus tard, perquisition chez les principaux animateurs du réseau, dans huit région différentes, avec le résultat que l’on sait.

Delboy avec ses amis de l’AF.

Il serait prématuré de parler de fin, même temporaire, de BH Hexagone, puisque ce dernier, via les sections étrangères, a confirmé qu’elle maintenait les évènements annoncés pour les mois à venir. Et si BH Hexagone venait à disparaître, d’autres mouvements sont prêts à occuper le champ laissé libre en France, comme les Hammerskins ou le Front des Patriotes, qui semble vouloir se développer hors de ses frontières historiques. Par ailleurs, comme on peut le voir sur une des vidéos postées sur le Facebook de l’Action française où l’on aperçoit Loïc Delboy, ces skins néonazis peuvent toujours servir de force d’appoint pour les différents groupuscules d’extrême droite.
La Horde

Notes

[1Les néonazis ont l’habitude d’utiliser un code chiffré, chaque lettre étant désignée par sa place dans l’alphabet : ainsi, les initiales d’Adolf Hitler sont codées 18, Heil Hitler 88 et donc Blood & Honour 28.

[2Le MMA, Mixed Martial Art ou Free Fight n’est en rien lié à l’extrême droite, faut-il le rappeler. Si sa pratique est légale en France, l’organisation de compétitions officielles est bloquée par le Ministère des sports pour des raisons fallacieuses. Si ce sport connaît des difficultés pour se développer aujourd’hui, c’est surtout du aux pressions des fédérations de karaté et de judo qui voient d’un mauvaise œil une pratique qui rencontre du succès se développer en dehors de leur contrôle. En d’autres temps, le full-contact ou la boxe thaïlandaise ont également connu les mêmes problèmes de la part de ces mêmes instances.