Nicolas Lebourg : socio-histoire de l’extrême droite radicale
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Entre autonomie et embrigadement militant : les skinheads néo-nazis des années 1980-1990
Entre autonomie et embrigadement militant : les skinheads néo-nazis des années 1980-1990
Le meurtre de Brahim Bouaraam, un ressortissant marocain mort noyé dans la Seine, après y avoir été jeté pour des motifs racistes et homophobes par des militants d’extrême droite, le 1er mai 1995 à Paris, a sans doute été, par sa résonance politique et médiatique, le point culminant d’une longue série de faits divers, souvent meurtriers, qui ont jalonnés les années 1980-90 et qui ont été attribués à la catégorie, au demeurant floue dans sa définition, des « skinheads », recouvrant un large spectre d’opinions politiques allant de l’extrême droite néo-nazie à l’antifascisme radical représenté entre autres par les « Redskins ». La culture skinhead a été décrite avec raison par Michel Wieviorka, reprenant le sociologue britannique Mike Brake, comme « une sous-culture ouvrière, profondément marquée par une éthique puritaine du travail » et par l’opposition au mouvement hippie[1]. Cette partie du mouvement skinhead qui s’est arrimée politiquement à l’extrême droite française des années 1980-1990 peut toutefois être cernée avec davantage de précision. Pour cela, il importe de dégager les étapes de l’importation en France des phénomènes skinheads anglo-saxons, et ce qu’ils recouvrent alors en termes de radicalité et de violence. Une fois effectuée cette caractérisation des skinheads, il s’agit de dégager les aspects de militance politique pris par ce qui était un phénomène socio-culturel, venu s’enchâsser dans les formations des extrêmes droites.
Caractérisation du phénomène skinhead
Avant que d’être une affiliation idéologique, le fait skinhead doit être vu comme un phénomène subculturel transnational, à l’origine urbain, où la question de la violence participe de la norme comportementale.Le skinhead se revendique d’une culture de la violence mais aussi de la transgression. Il se distingue de la norme par ses codes vestimentaires (crâne rasé ou cheveux coupés ras, port du bomber et des chaussures montantes à lacets connues sous le nom générique de Doc Martens). Ceci étant, ces codes ne sont pas déterminés par l’idéologie mais sont étroitement liés aux origines sociales de la sous-culture qu’ils représentent, née dans la Grande-Bretagne ouvrière des années 1960 et unissant, à l’origine, de jeunes prolétaires blancs appartenant au phénomène des Mods à de jeunes Afro-antillais de même milieu, passionnés de musique ska et reggae[2]. C’est à la fin des années 1970 qu’avec la crise économique qui frappe l’Angleterre industrielle d’une part, et l’émergence d’un parti politique, le National front, fugacement sorti de la marginalité, que s’entérine la séparation définitive, au sein du mouvement skinhead, sur une base ethnique et politique, mais également musicale : la scène skinhead d’extrême droite se structure autour de l’archétype du Militant blanc [3], mais surtout du Rebelle blanc, adolescent ou jeune homme (ou, minoritairement, femme) qui revendique sa couleur de peau et son origine ethnique contre l’émergence des minorités visibles, endosse un racisme et un antisémitisme extrêmes dont l’action violente est une composante essentielle, et abandonne définitivement les musiques « non-européennes » pour deux styles propres : la Oi, un dérivé du punk rock[4] et le RAC ( « Rock against Communism »), qui est un dérivé politisé du précédent dans lequel les paroles glorifient non pas seulement la lutte anticommuniste mais surtout le « nettoyage ethnique » des villes britanniques, et la violence physique en général[5]. Pour autant, l’extrême droite n’a jamais eu une emprise totale sur le mouvement communément appelé skinhead, ni en France, ni ailleurs : le mouvement S.H.A.R.P. (Skinheads Against Racial Prejudice) notamment, rassemble des skinheads de même extraction ouvrière mais proches de l’extrême gauche ou des milieux libertaires. Ils sont souvent actifs dans les villes mêmes où sont leurs rivaux qu’ils surnomment, pour s’en démarquer, boneheads (crânes d’os). Ils sont restés musicalement ouverts aux styles des origines puis au punk. La division idéologique du mouvement skinhead donne lieu, dès les années 1980, à l’émergence de « bandes » rivales qui se disputent la maîtrise des territoires urbains par la violence[6].
De même que l’arrivée en France du phénomène skinhead d’extrême droite était une importation d’un phénomène britannique, et même anglais, la radicalisation idéologique de la scène française dans les années 1990 fut le résultat du transfert en Europe d’idées, de méthodes d’action et d’effets de mode venus des États-Unis. La première apparition publique importante des skinheads américains, lors d’un meeting du 7 octobre 1989 fédérant à peu près toutes les tendances de l’extrême droite autour d’une commémoration de la Confédération sudiste[7], avait montré la convergence, au moins partielle, des skinheads « White Power », des nostalgiques de la ségrégation raciale et de la nébuleuse connue sous le nom d’Identity Churches, sortes de dénominations religieuses sectaires professant l’idée de la suprématie de la race blanche voulue par la volonté divine et les Écritures, relues à la lumière de l’anglo-israélisme (pour lequel les Anglo-saxons sont les descendants des tribus perdues d’Israël) et de l’idée d’un christianisme débarrassé de toutes ses racines juives. Loin de n’être qu’une sous-culture marginale de la jeunesse, cette nébuleuse s’était organisée sous un modèle, la « résistance sans chef », qui prônait la lutte armée contre l’État fédéral, jugé illégitime et appelé ZOG, ou Zionist Occupation Government (gouvernement d’occupation sioniste).
Dès 1983-1984, de petites cellules étaient passées à l’action terroriste contre des agents fédéraux et des adversaires politiques. Elles étaient connues sous le nom de The Order, disposaient de leur manuel de passage à l’action pour déclencher une guerre raciale (le livre de William Luther Pierce, alias Andrew Macdonald, The Turner Diaries, publié en 1978) et d’une forme de mantra, les 14 Mots, formulés par le suprémaciste David Lane pour lequel « We must secure the existence of our people and a future for white children » (« Nous devons préserver l’existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs »). Cet ensemble de concepts, mis en action, font qu’au milieu de la décennie 1990, les autorités fédérales et les associations du type watchdog, luttant contre le racisme (Anti-Defamation League ; Southern Poverty Law Center) estiment que les 3 500 skinheads recensés ont commis 22 meurtres depuis 1990. C’est précisément ce qui séduit des skinheads français.
En juin 1993, parait le premier numéro du bimensuel Terreur d’élite, « voix indépendante et radicale des nationaux-socialistes francophones ». En couverture de ce fanzine d’une qualité d’impression inhabituelle, cette phrase : « Juifs : lire cette publication vous transformera en abat-jour, en savonnettes ou en engrais. » Le ton de l’antisémitisme délirant est donné. Il est habituel chez les Hammer Skins, réseau skinhead américain dont l’emblème est le marteau de Thor et dont la branche française, éditrice du bulletin, se nomme Charlemagne Hammer Skins. Très hostile au Front national (le FN serait « le dernier bastion de la juiverie française »), proche du parti nazi transnational NSDAP/AO[8], elle est animée par Hervé Guttuso, un jeune Marseillais dont la précédente publication s’intitulait Neuvième Croisade. Ancien membre de Troisième Voie, puis de la section Prinz Eugen (du nom d’une division SS) du Parti Nationaliste Français et Européen (PNFE), Guttuso s’est formé au contact de l’American Front et des Chicago White Vikings lors d’un séjour outre-Atlantique. Il y a rencontré les animateurs de la revue Résistance, fanzine devenu un magazine en quadrichromie doublé d’une maison de disques, Resistance Records, dont l’audience est devenue mondiale (le numéro 1 du journal, en 1994, est tiré à 12 000 exemplaires). Idéologiquement, les Hammerskins américains défendent l’idée selon laquelle la résistance armée au pouvoir fédéral est légitime puisque, loin d’être l’émanation du peuple, le gouvernement serait aux mains des juifs qui assureraient leur mainmise sur le pouvoir politique, économique et médiatique, dans l’objectif d’éliminer la race blanche en promouvant le métissage généralisé. Dès lors, toute forme de résistance armée est juste et nécessaire, y compris le terrorisme[9], par des modes d’action souvent inspirés des Turner Diaries, traduits en français tardivement (1999) par Henri de Fersan, avec des illustrations de Chard, caricaturiste à Rivarol[10]. D’où ce surnom de ZOG (Zionist Occupation Government), qu’elle donne au gouvernement des États-Unis.
Cette théorie conspirationniste, qui se réfère souvent aux Protocoles des sages de Sion, débouche sur la conviction que le seul espoir de survie pour la race blanche réside dans la création de communautés aryennes vivant en autarcie dans des régions reculées (aux États-Unis, dans les montagnes Rocheuses et les Appalaches). À partir d’elles s’organisera la riposte violente au pouvoir en place, qu’un livre décrit en détail : les Turner diaries (1978), de William Pierce, leader du groupe américain National Alliance, sorte de bible des suprémacistes blancs. L’intention terroriste apparaît clairement dans Terreur d’élite : « Les cibles principales du révolutionnaire aryen doivent être en première priorité des cibles économiques, énergétiques, puis en dernier lieu des cibles humaines. Le paroxysme de la jouissance étant bien sûr de cumuler les trois facteurs à grande échelle » (n° 5, printemps 1995). La nouveauté dans le rapport à la violence est ici qu’elle est revendiquée dans sa dimension terroriste, comme dans la couverture du magazine skinhead nazi anglais The order (n° 10) qui montre un militant en train de manipuler des détonateurs. En France, le magazine de Guttuso suit le même chemin et celui qui lui succède, 14 Mots, indique clairement « nous devons tuer »[11].
Un nouveau bulletin confidentiel, Das Schwartze Korps (n° 2, 1995), franchit un pas supplémentaire en écrivant : « Nous, Blancs purs, ne reconnaissons aucun droit aux non-Blancs de quelque sorte qu’ils soient. Si, peut-être un seul, celui de crier dans la chambre à gaz quand on jettera le Zyklon B! ». Cette référence explicite au génocide nazi montre que les skinheads, tout en reprenant quelquefois les textes des historiens négationnistes sur la Shoah, ont plutôt tendance à en assumer et même à en valoriser l’existence. La montée en puissance de la tendance terroriste du mouvement skinhead néo-nazi sera toutefois arrêtée nette dès 1993 par la très forte volonté politique du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et de son conseiller pour la lutte contre le racisme, Patrick Gaubert, suivi par ses successeurs : début 1998 Guttuso est arrêté à Londres, où il séjournait depuis 1996 chez les frères Sargent, animateurs de Combat 18, mouvement considéré par la police britannique comme responsable de meurtres racistes et ayant des intentions terroristes. En définitive, un juge d’instruction toulonnais fera écrouer neuf personnes mises en examen pour « incitation à la haine raciale et menaces de mort », notamment contre Anne Sinclair, Jean-François Kahn, Simone Veil et Patrick Gaubert[12]. Les Charlemagne Hammer Skins survivront à cette répression et perdurent jusqu’à ce jour[13], mais avec un fonctionnement plus discret, comme leur concurrent direct les Blood and Honour Hexagone[14] avec leur revue Signal 28, tous deux ayant pour activité visible essentielle l’organisation de concerts ou de tournois de MMA (mixed martial arts). La propension à la violence demeure : le 30 mars 2016, principalement en région marseillaise, onze skinheads néo-nazis ont été mis en examen après la découverte à leur domicile d’un stock d’armes.
Cette appétence pour la violence relève des actions des skinheads mais également de leur vision du monde, voire de leur caractérisation psycho-sociale.Dans son ouvrage sur les motivations de l’adhésion au Front national (FN)[15], Birgitta Orfali reprend la distinction faite par Michael Billig, dans son ouvrage sur les militants du National front britannique[16], entre le militant autoritaire et « l’homme de violence ». Ce dernier, mû par le ressentiment, « est ainsi dénommé car c’est la notion de lutte, de combat qui retient toute son attention. L’opposition violente à tout adversaire (individu ou groupe) le caractérise. L’antagonisme, le conflit sont les lieux par excellence qui définissent ce type ». Elle ajoute que ces hommes « vivent à l’heure de la psychologie des foules grâce au FN »[17]. Stéphane François a bien montré que ce type d’individu correspondait profondément au profil des militants des mouvements qui, aujourd’hui encore, appartiennent à la frange la plus radicale de l’extrême droite, celle qui refuse l’aggiornamento du FN et se manifeste par une activité particulièrement élevée dans la région des Hauts-de France, parfois sur le mode de ce que le même auteur appelle le « skinhead rural » [18].
Au-delà de la typologie sociologique et psychologique, le concept d’homme de violence s’est traduit, dans les décennies 1980 et 1990, par toute une série d’actions dont se sont saisies, non seulement les organisations antiracistes (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme ; Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples ; SOS-Racisme ; Ligue des Droits de l’Homme), mais aussi la presse locale et nationale, qui a ainsi donné une visibilité importante au phénomène skinhead néo-nazi. À bon escient d’ailleurs : en effet, la glorification continue de la violence physique, telle qu’elle figurait dans les publications skinhead de l’époque, accompagnée par l’affirmation de la supériorité ethnique blanche et un antisémitisme obsessionnel, avait de grandes chances d’aboutir à un passage à l’acte. L’accroissement des agressions imputables aux skinheads était déjà sérieux dans les années 1987-90 : en 1988, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) leur imputait 20 actions violentes sur 64 actes racistes répertoriés ; l’année suivante 16 sur 53. Il s’ensuivit une répression policière avec 70 arrestations en 1987.
Il n’est pas possible de dresser ici une chronologie exhaustive des homicides commis par des skinheads néo-nazis sur la période. Pour ne citer que ceux au plus fort retentissement, on rappellera le meurtre, à Lille, d’un clochard par un proche du mouvement Troisième Voie (TV), en 1988[19]. En 1990 au Havre, une dizaine de militants locaux et parisiens du groupe Blood and Honour tue un jeune Mauricien, obligé par eux d’avaler de la soude caustique avant d’être jeté à l’eau. Les faits ne sont élucidés qu’en 1998 et les deux principaux mis en cause, Régis Kerhuel[20] et Joël Giraud, sont également des membres des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR). Puis, en 1995, David Beaune, 25 ans, est accusé du meurtre d’Imad Bouhoud, mort noyé, dans un bassin du port du Havre. Il est jugé par la cour d’assises de Rouen. Pour lui, le FN se trompe en voulant forcer les immigrés à quitter la France : il souhaitait construire pour eux des «camps de concentration et des chambres à gaz en Normandie ». « Maintenez-vous toujours cela aujourd’hui ? » lui demande le président lors de l’audience. Il maintient[21].
L’affaire est intéressante à un autre titre, celui de la persistance des comportements violents de l’auteur des faits, même après sa sortie du milieu skin : Beaune est de nouveau condamné en 2013 à un mois ferme pour menaces avec arme[22], sans circonstance aggravante de racisme. Ce qui n’est pas le cas pour Marc Grubica, ancien responsable du fanzine nordiste Tempête et Tonnerre, appréhendé en 2010 pour des dégradations commises contre la façade de la mosquée Salman-Al-Farissi, à Tourcoing et qui, à 43 ans, a déjà sept condamnations à son casier – dont une pour meurtre lors de sa période skinhead[23]. Enfin, le 7 janvier 1998, à Mortefontaine-en-Thelle (Oise, autre département de prédilection de la scène skinhead), Antoine Bonnefis, 18 ans, tue son beau-frère et un de ses amis africains. Il écope de 14 ans de prison sans que le mobile raciste soit retenu et les parties civiles sont déboutées.
Ce panorama serait incomplet sans citer deux événements. Le premier est la profanation d’un cadavre dans le cimetière juif de Carpentras (Vaucluse), en mars 1990. Imputé à l’influence culturelle du FN, cet acte, qui devint un événement de mobilisation fondamental dans la stratégie de mobilisation politique et associative contre le Front national, fut élucidé seulement en 1996, alors que l’un des auteurs, Jean-Claude Gos, skinhead de Denain (Nord) et membre du PNFE, était déjà décédé. Le second est exceptionnel parce qu’il est entièrement provoqué par la commande d’un média télévisuel peu scrupuleux (et disparu) qui, comme bien d’autres à l’époque, traite le phénomène skinhead sous l’angle du sensationnalisme : le 22 avril 1990 pour les besoins d’un reportage, une équipe de journalistes incite des membres des JNR, dont Joël Giraud, à agresser un Africain, Karim Diallo, sous les caméras des journalistes. Les mis en cause seront condamnés à 8 mois de prison avec sursis en janvier 1994 pour cette agression.
Certains de ces actes violents ont notablement influencé l’image de l’ensemble de la mouvance. Ce qui est devenu « l’affaire Bouarram » a connu un retentissement exceptionnel parce que les faits se sont déroulés en marge du cortège de Jeanne d’Arc organisé chaque premier mai par le Front national, dont le service de sécurité a d’ailleurs collaboré avec la police dans l’identification des agresseurs. Ils sont également emblématiques de trois dimensions du phénomène de la violence skinhead en France autour desquelles peut s’organiser la réflexion sur cette mouvance dans une période qui constitue son apogée.
La première est la dialectique de l’autonomie et du militantisme politique au sein du FN ou de groupuscules activistes plus radicaux : violents, ouvertement racistes, antisémites et même néo-nazis, réputés incontrôlables et hostiles à toute forme d’organisation sociale autre que celui de la « bande », les skinheads veulent-ils, peuvent-ils s’agglomérer durablement à une organisation hiérarchisée, voire à un parti impliqué dans le jeu électoral ? Seconde question : quelle est l’ampleur du phénomène, à la fois en termes de nombre de personnes concernées, d’influence politique sur le reste de l’extrême droite et de niveau de violence, symbolique ou physique ? Enfin, la catégorie « skinheads » a-t-elle un contenu clair ? N’est-ce pas en partie une construction, notamment médiatique, qui inclut à la fois des individus se revendiquant tels et d’autres qui y ont été rattachés pour des raisons liées à leur « look » (tout « crâne rasé » n’est pas un skinhead) ou à leurs idées – des skinheads ont milité aux Faisceaux nationalistes européens (FNE) ou au PNFE, mais ceux-ci n’étaient pas uniquement ni même prioritairement des mouvements skinheads ?
Deux éléments de réponse peuvent être avancés. Le premier est que les skinheads ont vite été repérés par les fondateurs du PNFE et dans une moindre mesure des FNE, comme le seul canal leur permettant d’étoffer de maigres effectifs et de dépasser la fonction de mouvements nationaux-socialistes orthodoxes, voire de cultes néo-nazis. Le second est que l’époque où ils apparaissent est plus largement celle où les medias découvrent le phénomène des « bandes urbaines » (skins mais aussi « zoulous » ou punks d’extrême gauche) et lui donnent une couverture qui n’est que bénéfice pour les groupes d’extrême droite. La police elle-même prend conscience du phénomène que les Renseignements généraux globalisent sous l’appellation « Violences urbaines ». Ils créent en 1991 une section spécialisée intitulée « Villes et banlieues ». Volens, nolens le phénomène skinhead s’est en tous cas polarisé à l’extrême droite, posant par là-même la question de sa possible structuration par les mouvements organisés de cet espace politique.
La mouvance skinhead et les organisations françaises d’extrême droite
Le mouvement skinhead politisé à l’extrême droite apparaît d’abord vers 1983-1984 et se signale lors de la fête de Jeanne d’Arc 1985 par la présence d’un groupe qui s’appelle « Les Amis de Barbie ». Il s’étend vraiment à partir de 1987, lorsque l’organisation Troisième Voie (TV), alors dirigée par Jean-Gilles Malliarakis[24], se rapproche des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) menées par Serge Ayoub. Avec le PNFE, ces deux groupes sont ceux qui ont voulu et réussi à recruter en milieu skinhead avec le plus de constance et de succès. Cependant, ils ont des précurseurs, figures individuelles qui ont généralement connu les skinheads politisés à l’extrême droite lors de séjours à l’étranger, en particulier en Grande-Bretagne, qui en deviendront des figures et qui prouvent que la culture skinhead est un article d’importation comme beaucoup de modes qui façonnent les sous-cultures de la jeunesse européenne. Les antifascistes radicaux publiant la revue REFLEXes, puis le site internet éponyme[25], et qui ont suivi avec une précision certaine la trajectoire des skinheads de la droite radicale, datent de 1983-84 l’apparition à Marseille de skinheads ayant séjourné en Grande-Bretagne et à la même période, celle à Tours d’un fanzine intitulé Bras tendu, édité par Olivier Devalez alias « Tod », une des figures historiques de la scène, mis au contact du British Movement lors d’un séjour à Londres. La même source affirme que Serge Ayoub (né en 1964), aurait adopté le « look » skinhead au retour d’un voyage outre-Manche. Enfin, une autre personnalité importante de la scène skinhead des premières années est un Britannique installé en France, Bruce Thompson, qui suivra Ayoub aux JNR et restera actif jusqu’en 1995 au moins[26].
La question est de savoir comment, et pourquoi, le développement des skinheads d’extrême droite en France, à cette époque précise, croise la route d’organisations politiques du même milieu et aboutit à ce que celles-ci cherchent à attirer des individus connus pour leur propension à la violence et dont le credo consiste à rejeter tout type de hiérarchie autre que le charisme naturel du chef de bande, généralement reconnu pour ses « faits d’armes », sans parler du fait que les skinheads, dont Thompson semble être le vétéran, étant trentenaire dans les années pionnières, ne souhaitent pas se donner de leader n’appartenant pas à leur génération.
C’est là qu’intervient la dialectique de l’autonomie et de la récupération. En 1983-1984, l’arrivée de la gauche au pouvoir trouve un Front national qui attire toujours des militants très radicaux, mais l’entreprise de marginalisation de ceux-ci, commencée par Jean-Pierre Stirbois, aboutit à la création de groupuscules qui se disputent le maigre espace existant à la droite d’un FN déjà jugé embourgeoisé. En 1989, Bruce Thompson déclare ainsi au fanzine Le rebelle blanc : « Le Pen est trop vieux, trop mou, trop riche »[27]. Les quelques mouvements qui existent à l’époque en dehors du FN ont un rapport de suspicion vis-à-vis de la violence politique. L’Œuvre française, de Pierre Sidos, est un groupe dont le chef a connu l’épuration puis la répression de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), il tient au respect de la légalité et dirige en outre son organisation, étroitement nationaliste française, d’une manière hyper-centralisée, tout en normant étroitement les comportements des militants (costume tenant de l’uniforme, défilés en rangs, chant du mouvement…) : les jeunes aux cheveux ras qui y militent ressemblent aux skinheads, mais n’en sont que très exceptionnellement. Le Parti Nationaliste Français (PNF), scission du FN opérée fin 1982 par les animateurs du journal Militant, militent pour un nationalisme européen racialiste qui recoupe davantage le slogan du White Power, mais outre qu’il est aussi légaliste, ses animateurs d’alors sont en majorité d’anciens du Parti Populaire Français ou du Francisme [28] ayant servi dans les rangs de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme ou de la Division Charlemagne et nés dans les années 1920 : le fossé générationnel est trop important. Serge Ayoub fondera en 1990 un éphémère Comité de base jeunesse, hébergé à l’adresse du local du PNF avec lequel il partageait la « défense de l’identité française face au cosmopolitisme », l’affirmation selon laquelle « la nation est avant tout une communauté de destin et de sang », inaccessible aux non-européens, l’« opposition au système », la démocratie étant décrite comme un moyen d’asseoir la domination des « grands financiers et des grands trusts », la « lutte pour la justice sociale » et la répudiation de la lutte des classes ; la « conscience européenne contre le mondialisme ». Ce rapprochement restera toutefois sans lendemain.
L’instrumentalisation la plus réussie du phénomène skinhead par des mouvements politiques d’extrême droite est le fait de deux groupes : Troisième Voie (1985-1992, réactivé en 2010-2013) auquel il faut ajouter les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR, 1987-2013)[29] et le PNFE[30], fondé en 1987 par un ancien militant de l’OAS et du FN, Claude Cornilleau, qui avait en 1983 réussi à se faire élire conseiller municipal de Chelles (Seine-et-Marne) sur une liste menée par un élu du Rassemblement Pour la République (RPR).
Troisième voie a été fondée en 1985 par Jean-Gilles Malliarakis sur des bases idéologiques nationalistes-révolutionnaires ou solidaristes ; il n’était pas un mouvement skinhead. Son slogan était : « Ni trusts, ni soviets » et outre un anti-sionisme affiché, il tenait à une Europe réunifiée et indépendante des blocs américain et soviétique. Le rapprochement opéré en 1986-1987 entre TV et Serge Ayoub, volontiers interviewé par les media et présenté comme la figure emblématique du milieu skin français, est une initiative de ce dernier, originaire de la classe moyenne parisienne à fort capital culturel, et déjà une figure de la scène skinhead depuis 1982 environ. Il est à la fois chef d’une bande (le Klan), qui se targue volontiers d’avoir le recrutement prolétarien, l’attitude violente et les objectifs anticapitalistes des Sections d’Assaut (SA) ; acteur du milieu hooligan politisé qui, à partir de 1984, s’installe dans la tribune Boulogne du Parc des Princes et qui s’engage dans des affrontements violents contre des personnes de couleur, des supporters des clubs adverses ou d’autres groupes de hooligans apolitiques ou antifascistes[31] ; et entrepreneur ouvrant en 1986 une boutique de vêtements brassant une clientèle de skinheads, hooligans et amateurs de marques anglaises que se sont appropriés comme dress-code une partie des jeunes d’extrême droite.
Le noyautage des supporters parisiens a débuté en septembre 1989 avec la création du groupe Pitbull Kop par Serge Ayoub. Leur prise en main par les JNR est allée de pair avec l’établissement de liens internationaux avec d’autres supporters d’extrême droite, comme ceux du « 0 Side » d’Anderlecht (Belgique) ou les Brigadas Blanquazules de Barcelone. Vers l984-1985, divers sous-groupes se sont constitués, tous influencés par les thèmes racistes et comprenant des skinheads, mais possédant chacun leur mode d’habillement et leur forme préférée d’affrontement : les « casual », hooligans qui n’arborent plus l’allure skinhead et sont donc moins repérables de prime abord, se sont développés sous le nom de « Commando pirates », tandis que les Fire Birds, une cinquantaine d’individus formant la fraction la plus violente au Parc des Princes, ont choisi une stratégie d’affrontement contre la police et les supporters adverses.
Les JNR, dont Ayoub reste la figure tutélaire avec une longévité exceptionnelle ne se terminent qu’avec la dissolution de 2013 et la fermeture administrative de son quartier général parisien, Le Local. C’est une sorte de garde prétorienne composée d’éléments généralement issus des classes populaires, impliquée comme on l’a vu dans des agressions racistes sordides, dans lesquelles, à l’exception de la « ratonnade » télévisée évoquée plus haut, Serge Ayoub, bien que son nom ait souvent été évoqué après les faits, n’a jamais été condamné*
Serge Ayoub connaît bien les arcanes du monde judiciaire et les histoires de bagarres qui terminent mal. Ce fils de magistrate, qui a fait ses études secondaires au très bourgeois collège Saint-Sulpice dans le VIe arrondissement, est repéré assez tôt par les services de renseignement. Dans une fiche de juin 1993 que StreetPress s’est procurée, les RG déroulent son pedigree de skinhead violent. - « Agression et propos racistes tenus à l’encontre d’élèves du Lycée Voltaire » (1983) ; - interpellation pour « port d’arme blanche » et « vol avec violence » (avril 1984) ; - « coups et blessures volontaires » (juillet 1984). Son casier fait aujourd’hui (2018) mention de six condamnations légères. https://www.streetpress.com/sujet/1536574128-serge-ayoub-parrain-meurtriers-meric
L’histoire des JNR comporte deux périodes : l’une court jusqu’à l’autodissolution du milieu des années 1990 et est celle de la violence débridée ; l’autre, de la reformation en 2010 jusqu’à 2013, est celle de la violence canalisée, et même de la tentative pour engager une nouvelle mouture de Troisième Voie dans davantage de visibilité publique, avec la présentation de candidats aux élections (2012), l’ouverture de locaux associatifs à Paris et à Lambersart (Nord) sous le nom à consonance régionaliste flamande de Vlaams Huis et la publication d’un journal intitulé Salut public.
Le mouvement est aussi le seul de la scène à avoir réussi à construire des ponts avec le milieu des « bikers » et l’un des rares à prendre la grande majorité de ses références idéologiques dans l’histoire de France, que ce soit chez les révolutionnaires les plus radicaux (Babeuf), les blanquistes et le syndicalisme-révolutionnaire, adoptant d’ailleurs comme emblème le faisceau des licteurs[32]le rattachant bien davantage à la Révolution française qu’au fascisme. La carrière des JNR et de Troisième Voie se terminera cependant dans la violence avec l’implication de plusieurs de leurs membres dans la mort du militant antifasciste Clément Méric, le 5 juin 2013. Une des questions essentielles qui se pose, au moment de dresser le bilan de l’activité violente des JNR, est celle de la facilité avec laquelle, des années 1980 à nos jours, les multiples groupes qu’a dirigés Serge Ayoub ou dont il a été proche, ont pu continuer à opérer en étant impliqués dans des faits très graves : en mars 2017 encore, il comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Amiens en compagnie d’une quinzaine de membres du groupe picard White Wolves Klan (WWK), poursuivis pour des faits de violences, vols, séquestration et tentative de meurtre. Serge Ayoub a été relaxé.
Le PNFE n’a jamais disposé d’un porte-parole ayant les capacités communicationnelles de Serge Ayoub. Il a toutefois joué un rôle essentiel dans la socialisation politique des skinheads. Adepte d’un néo-nazisme orthodoxe qui s’exprime dans les colonnes de son journal, Tribune nationaliste, le PNFE décide, semble-t-il en 1988, de se lancer dans l’action violente et ce, de manière préméditée et concertée. Le 31 juillet 1988, le journal Globe est plastiqué. En novembre 1988 quatre policiers membres du parti participent au Château de Corvier (Loir-et-Cher) au congrès du PNFE. Ils y assistent à une démonstration sur la fabrication et l’utilisation d’engins explosifs et y apprennent que de tels engins ont déjà été utilisés lors de deux attentats encore inexpliqués, ceux du foyer d’immigrants du Cannet (9 mai 1988) et contre Globe (31 juillet 1988)[33]. Certains adhérents non-skinheads se rendent coupables, le 19 décembre 1989, d’un attentat contre le foyer Sonacotra de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui fait un mort et onze blessés. Cette affaire déclenche une vague de répression policière qui se traduit, début 1989 par une vague d’arrestations de 24 cadres (dont le président) et militants dont quatre policiers appartenant à la Fédération Professionnelle Indépendante de la Police (FPIP), un fait qui donne au PNFE la réputation d’être au moins aussi infiltré par des indicateurs qu’il dit avoir réussi à infiltrer la police. Le 5 juin 1990, son journal est interdit. Cependant le PNFE connaît une seconde vie à partir de son cinquième congrès, tenu le 3 avril 1993 en présence de John Tyndall, le président du British National Party (BNP) comme de néo-nazis allemands, et qui consacre sa fusion avec les FNE. Ce sursaut est dû, en bonne partie, au choix stratégique de Cornilleau ainsi résumé par Alain Léauthier dans le quotidien Libération du 2 août 1996 : « Adepte du marketing et de la communication, il [Cornilleau] a su donner à ses troupes le style et le ton qui manquaient aux concurrents : tenues de parade copiées sur celle des SA (sections d’assaut nazies), chants hitlériens, congrès événement, comme en 1989 au château de Corvier. Surtout, quand le phénomène s’est développé, Cornilleau a fait la cour aux skins rétifs aux longues séances d’endoctrinement mais amateurs de musique oï (rock des skinheads, ndlr), de bière et de bastons avec les “bronzés”, c’est-à-dire avec toute personne d’apparence non-européenne. Résultat : à son apogée, vers 1990, le PNFE compte plusieurs centaines de sympathisants dans toute la France. Il adopte une structure extrêmement décentralisée. Les sections locales sont très autonomes, ont leur fanzine[34]. Le PNFE s’implante dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Est ».
Le mouvement attire à lui, précisément en raison de cette décentralisation, les groupes musicaux de skinheads d’extrême droite les plus en vue, généralement formés sur une base strictement locale. Le plus connu est Légion 88, dans l’Essonne, qui fera du nom du mouvement le titre d’une de ses chansons[35].
L’organisation satellise aussi de nombreux fanzines et leurs animateurs ainsi que plusieurs structures à but commercial dont la plus importante est, de 1987 à 1994, le label Rebelles européens, basé à Brest. Les CDs sont aussi vendue et des concerts, organisés, par une structure militante non-lucrative et amie, l’AME ou Association Musicale Européenne, basée dans les Bouches du Rhône). Vis-à-vis des militants ou des recrues potentielles, la musique est utilisée comme moyen d’endoctrinement : la plupart des fanzines publient des interviews de groupes de musique « oi ! », qui laissent peu de doutes quant à la motivation politique des chansons. Le groupe Bifrost, dénommé d’après un terme de la mythologie nordique désignant le pont qui relie le monde des hommes à celui des dieux, déclare par exemple que ses textes « véhiculent le sentiment de révolte face au capitalisme sauvage, hybride et apatride ». Ses références doctrinales sont Georges Sorel et Proudhon, Drieu La Rochelle et Doriot, ou l’écrivain néo-nazi français René Binet. Le groupe Baygon blanc se réfère à Rudolf Hess et Hitler[36]. Action dissidente, basé dans les Yvelines, a pour slogan : « Mort à ZOG [Zionist occupation government] et à tous les parasites de notre pays. » Dans les années 1984-1985 le groupe-culte Evilskins chantait : « le Führer est de retour, on va rallumer les fours, dérouler les barbelés et préparer le Zyklon B », ce texte sans ambiguïté constituant jusqu’à aujourd’hui un « tube » de la scène skinhead. Une partie de cette violence antisémite a pu se transformer en actes sous la forme de profanations de cimetières juifs, particulièrement en Alsace et Lorraine, tandis que celles de carrés musulmans des cimetières ont été nombreuses dans le Nord-Pas-de-Calais.
Une nouvelle catégorie de profanateurs a même vu le jour en 1997, lorsqu’a été violé un caveau du cimetière de Six-Fours (Var). Les auteurs, jugés en 2004, diffusaient la revue W.O.T.A.N. (Will of the aryan nation – volonté de la nation aryenne), « bulletin mensuel de rééducation » des CHS (Charlemagne Hammer Skin – nom choisi en référence à la division SS française), édité à Londres. Un des mis en cause avait été condamné, en 1997, pour avoir exhumé un corps dans le cimetière central de Toulon lors d’une sorte de rituel gothico-satanique. Courant de longue date aux Etats-Unis, le lien entre satanisme et néo-nazisme se retrouve en 2001 dans le procès de David Oberdorf, meurtrier en 1996 d’un prêtre haut-rhinois et dont l’un des mis en cause du Var avait été l’inspirateur[37]. À Rouen, la police arrêtera en mars 1995 les animateurs d’un fanzine nazi-sataniste, Deo Occidi, précurseurs du sous-genre musical connu sous le nom de National-Socialist Black Metal (NSBM), qui avaient formé une association nommée AMSG (Ad Majorem Satanae Gloriam), valorisant l’action terroriste. Sa charte stipulait en effet : « Tout terrorisme se pratique de manière individuelle sans engager la totalité du mouvement Black Metal (…). Chacun doit s’armer de manière individuelle en vue de combattre tout opposant. Tous les moyens devront être utilisés pour se procurer un armement légal et illégal »[38].
La réussite du PNFE dans la manière d’agglomérer les skinheads a évidemment eu un coût en termes d’image et hypothéqué finalement la pérennité du mouvement. Son journal est interdit en 1990, ses réunions militantes sont interrompues par la police[39]. Une réorganisation de l’appareil, en 1990-1991, voit le PNFE diversifier ses activités vers le soutien aux prisonniers politiques néo-nazis en France et à l’étranger via le COBRA (Comité Objectif Boycott de la Répression antinationaliste) créé par Olivier Devalez dans les années 1980 et animé par Rolf Guillou, un skinhead du Havre. À cette époque, le nombre de « prisonniers de guerre » que Devalez demande aux lecteurs de soutenir dans son fanzine L’Empire invisible[40] est de 37, en majorité américains. Les Français ne sont que 4, deux militants du PNFE inculpés dans l’affaire des attentats azuréens du Cannet et de Cannes, l’ancien militant frontiste Edouard Serrière, et Michel Lajoye, figure emblématique de l’activisme racialiste qui a rejoint le parti pendant son incarcération[41]. Le PNFE se lance également dans le soutien au négationnisme du génocide des juifs par l’intermédiaire de l’ANEC (Association normande pour l’Éveil du Citoyen) basée à Caen et fondée par Vincent Reynouard, qui adhère au parti et devient, jusqu’à ce jour, une icône de la seconde génération des auteurs négationnistes. Néanmoins dès 1995, l’activité militante semble fléchir dans les départements où le journal Le Flambeau « compte pourtant un nombre d’abonnés non négligeables, tels que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime, certains départements bretons ou d’Ile- de- France »[42].
Le PNFE se désintègre lentement, malgré une tentative de revitalisation qui passe par l’importation en France d’un certain nombre de thématiques américaines comme la guerre ethnique : dans son avant-dernier numéro, son journal dresse un tableau apocalyptique des violences commises dans les « quartiers sensibles » par des personnes non-blanches et conclut : « seule une répression im-pi-to-ya-ble viendra à bout de la violence. Mais d’ici-là, vu l’état d’abrutissement dans lequel le régime a plongé la masse des veaux, beaucoup de sang aura coulé. Et la reconquête sera longue et douloureuse »[43]. Toutefois dans la surenchère idéologique et la promotion du passage à l’acte dans ce qu’il faut bien appeler la guerre raciale, le PNFE est déjà débordé.
Les organisations radicales ayant quelque difficulté à gérer les bandes skinheads, il va de soi que les relations de celles-ci avec le FN ne sauraient être monolithiques. Si les cortèges annuels de la fête de Jeanne d’Arc et d’autres manifestations frontistes rendaient visible la présence en queue de cortège (ou en marge de celui-ci) d’individus au « look skinhead », il faut garder à l’esprit que le concept de « partei-skin » (skin de parti), élaboré par l’historien et politiste Patrick Moreau pour désigner le skinhead inféodé à un parti organisé dans lequel il milite[44], n’a jamais été pertinent en France. D’une part, l’individualisme, le caractère provocateur et incontrôlable des skins les rendent inaptes à s’insérer durablement dans une structure politique hiérarchisée comme celle du FN. D’autre part, contrairement à une idée reçue, si la stratégie dite de dédiabolisation ne s’est imposée vraiment qu’à partir de 2011, lorsque Marine Le Pen a supplanté son père, elle n’était pas totalement inexistante auparavant : ainsi, outre que la double appartenance était interdite dans les statuts, le parti cherchait à exercer un contrôle étroit sur l’emploi de la force et de la violence, tâche dévolue au Département Protection Sécurité (DPS), placé sous le seul contrôle du président Le Pen. Les projecteurs s’étant braqués sur celui-ci, tout au long de la décennie 1990, au point qu’en 1999 il faisait l’objet d’une enquête parlementaire préludant à une éventuelle dissolution[45], le FN se devait de contenir les skinheads, de sorte que les relations entre le parti et eux étaient depuis longtemps très conflictuelles. Ainsi, lors du défilé FN du premier mai 1993, 32 skins furent interpellés sur dénonciation d’un responsable du DPS et c’est dans la « zone grise » alors constituée autour du Front national de la jeunesse (FNJ) et des nationalistes-révolutionnaires radicaux (notamment ceux d’Unité radicale[46]) que la jonction pouvait s’opérer, davantage d’ailleurs sur le mode du jeune « rebelle blanc » proclamant son appartenance ethnique face à la société multiculturelle que du skinhead proprement dit, en prélude en somme au futur phénomène identitaire des années 2000 à nos jours que Stéphane François analyse dans le chapitre 7 du présent volume.
Idéologiquement, la mouvance skinhead trouvait le discours de Le Pen beaucoup trop modéré. Elle ne comprenait pas la tactique de normalisation par le jeu électoral exposée par Hubert Massol, élu municipal du FN (depuis 1989) et président de l’Association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain (ADMP), dans un fanzine skinhead finement intitulé Gestapo[47]: « Pour que les nationaux reviennent au pouvoir, ils doivent être de plus en plus présents dans le jeu démocratique qui leur permet d’exister, afin de le faire basculer en leur faveur et ensuite faire pression pour instaurer la Révolution nationale. » Subtilité que l’éditeur (Fabien Ménard, des Sables d’Olonne en Vendée, ancien militant du FNJ) de ladite publication récuse ainsi : « Comme notre présence les dérange, exprès nous serons toujours là et encore plus provocants. Notre but n’est pas de nuire au FN, mais rien ne doit nous empêcher de nous exprimer ». Cette affirmation donne la clé de l’attitude des skinheads lors des manifestations du FN : une sorte de complicité idéologique mâtinée d’une réelle aversion à fusionner de manière organisationnelle, ainsi qu’un refus de la « mise au pas » par le DPS, dans la rue. C’est Gestapo encore, orné en couverture d’un portrait d’Hitler, qui l’avoue au final : « Beaucoup critiquent le FN, mais il serait bon de s’apercevoir qu’en fait ce parti est le déclic pour notre peuple. Par la modération de son programme, il permet d’être écouté et de convaincre, apportant ainsi parmi notre grande famille des nationalistes d’innombrables sympathisants. » D’autres ont eu un avis plus tranché : dans son n°10, le fanzine Le Rebelle blanc affirme qu’il s’agit non seulement « d’un parti de corrompus » mais aussi qu’il est « infiltré par les sionistes »[48].
Conclusion
Les skinheads français ont constitué dans les décennies 1980 et 1990 un mouvement que des observateurs étrangers, ceux de l’Anti-Defamation League (ADL), estimaient entre 1000 et 1500 personnes en 1985-1986[49] et que le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme pour 1995 évaluait encore à un millier. Ils ont formé une sous-culture de la jeunesse séduite par un mode de vie au slogan apolitique (« bière, baise et baston », ou, dans la version du fanzine One Voice : « Oï, Sex and Beer »[50]) mais que certains groupes d’extrême droite ont tenté de radicaliser politiquement, à une époque où le Front national dépassait pour le première fois la barre des 10% des voix (1984) mais où les skins séduits par les idées nationalistes, voire racistes, le considéraient déjà comme une formation « bourgeoise ». Ne voulant pas s’intégrer durablement dans un parti politique d’extrême droite, les skins nationaux-socialistes, que d’ailleurs le Front national ne souhaitait utiliser que pour des tâches électorales (collages) ou de service d’ordre, ont constitué un vivier facile pour des groupuscules glorifiant la violence raciste voire le terrorisme (PNFE) qui s’est exprimé par un niveau exceptionnellement élevé d’actes violents visant les personnes de couleur et les personnes d’origine maghrébine. La réaction des autorités politiques, l’existence d’une législation antiraciste votée dès 1972 et renforcée en 1990, ainsi que la différence entre les lois française et américaine sur la détention des armes, ont sans doute permis que le passage au terrorisme soit évité.
L’internationalisation des liens entre skinheads, en particulier en direction de l’Europe de l’Est, notamment la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie après 1990, a donné une dimension transnationale à la violence de ces milieux. Les groupes musicaux voyagent, se produisent sur tout le continent. Les deux principaux réseaux, Hammerskins et Blood and Honour, sont par essence transnationaux et les concerts qu’ils organisent, y compris en France, drainent un public souvent venu des pays voisins (par exemple en Alsace-Lorraine, d’Allemagne et de Belgique ; en Franche-Comté, d’Allemagne et de Suisse). Cette dimension transnationale de la violence, tout comme le caractère d’importation des idées, des méthodes et même de la musique et de la mode, font du phénomène skinhead un mouvement en porte-à-faux avec le nationalisme français. Il s’agit en définitive d’un phénomène d’affirmation raciale dans l’optique d’une imminente confrontation du type « guerre urbaine »[51], entre Européens blancs et « allogènes », soit cette part de l’idéologie d’extrême droite qu’un FN intégré dans le système parlementaire ne peut plus assumer et qui continue, en 2017, à être l’horizon partagé d’une partie importante de l’extrême droite, avec toutefois un nombre de violences graves et d’homicides moins élevé que dans les années 1980.
Notes
[2] Cf. George Marshall Spirit of ’69: A Skinhead Bible, Dunoon, S.T. Publishing, 1991.
[1] Michel Wieviorka, La France raciste, Paris, Seuil, 1992, ch. 10.
[3] Titre d’un fanzine publié au milieu des années 1990 dans les Bouches- du-Rhône par Mickael P., alors proche du Parti Nationaliste Français et Européen.
[4] Le terme « oi !» est une déformation, utilisée en argot anglais, de « hey you ».
[5] Cf. Timothy Scott Brown, «Subcultures, Pop Music and Politics: Skinheads and “Nazi Rock” in England and Germany », Journal of Social History, 2004, Volume 38, Number 1, p.157-173.
[6] Sur ce sujet, voir le documentaire de Marc-Aurèle Vecchione : Antifa, chasseur de skins (Résistance films, 2008) et pour une version diamétralement opposée celui produit par les proches de Serge Ayoub : Sur les pavés, (Autonomiste media, 2009).
[7] Voir Leonard Zeskind : Blood and Politics, the history of the White Nationalist Movement, Farrar, Strauss and Giroux, 2009, ch. 22.
[8] Fondé en 1972 par l’Américain Garry Rex Lauck, le « NSDAP Aufbau- und Auslandsorganisation » continue à vendre sur le net des ouvrages en français : https://third-reich-books.com/product-tag/francais/
[9] Des suprémacistes américains sont les auteurs de l’attentat contre un bâtiment fédéral d’Oklahoma City qui fit, le 19 avril 1995, 168 morts et 680 blessés.
[10] La diffusion de l’ouvrage a été interdite en France par arrêté du 21 octobre 1999 : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000197597
[11] 14 Mots n°1, n.d mais postérieur à juillet 1995, n.p.
[12] Cf. Libération, 18 février 1998.
[13] Voir leur site : http://www.hammerskins.net/fhs/
[14] Voir : https://28hexagone.wordpress.com/
[15] L’adhésion au Front national. De la minorité active au mouvement social, Paris, Editions Kimé, 1990.
[16] Michael Billig, Fascists: A social psychological view of the National Front, London: Academic Press, 1978.
[17] Op. cit, p. 202.
[18] Voir : http://www.slate.fr/story/85579/extreme-droite-radicale
[19] Le mouvement Troisième Voie, fondé en novembre 1985, se réclamait du nationalisme-révolutionnaire : voir la contribution de Nicolas Lebourg dans ce volume. Sa direction était composée d’anciens cadres du Parti des forces nouvelles (PFN) et du Mouvement Nationaliste-Révolutionnaire (MNR) menés par Jean-Gilles Malliarakis. Il attira toutefois, notamment à Lille, des éléments de la mouvance skinhead. C’est l’existence de ce vivier spécifique qui conduisit Serge Ayoub à créer en 1987 les JNR comme une structure destinée à regrouper les sympathisants skinheads de TV, qui disparaitra en 1991. Après cette date, les JNR sont définitivement une organisation autonome se réclamant tantôt du « solidarisme », tantôt du nationalisme-révolutionnaire », mais dont les militants sont bien issus du milieu skinhead et l’assument. Cf. Petrova Youra, « Les skinheads : solidarité de classe ou combat national », Agora débats/jeunesses, vol. 9, n°1, 1997, pp. 76-93.
[20] Kerhuel était le bassiste d’un groupe nommé Evil Skins, jusqu’en 1987. Il a affirmé lors de son procès avoir adhéré aux JNR. À l’audience Giraud a déclaré : «Aux JNR, on pouvait se permettre d’avoir une connotation raciste.» Cf. Libération, 18 octobre 2000.
[21] Libération, 12 décembre 1997.
[22] Ouest-France édition locale de Carhaix, 29 septembre 2013.
[23] La Voix du Nord, 26 mars 2010.
[24] TV a édité un bulletin mensuel, Troisième voie information [dir. publ. Philippe Cabassud], n°1, décembre 1986.
[25] Voir : http://reflexes.samizdat.net/. Si l’information factuelle contenue dans tous les numéros (désormais numérisés) à partir de juin 1986 est donnée dans un contexte militant avoué, du point de vue de la mouvance libertaire, et qu’elle doit être prise par les chercheurs avec les précautions d’usage, puisqu’elle n’est pas toujours confirmable par des archives accessibles, elle n’en donne pas moins une trame historique fiable du mouvement.
[26] Cf. Libération, 4 mai 1995.
[27] Le Rebelle blanc, 1989, n.p.
[28] Le Francisme, fondé en 1933 par le héros de la guerre de 1914-1918, Marcel Bucard (1895-1946), a été le parti d’extrême droite le plus proche du Fascisme italien jusqu’à son tournant ultra-collaborationniste de 1943. Pierre Sidos, de l’Œuvre française, Pierre Bousquet, de Militant, en ont été membres. De même que l’adolescent Jean Mabire, selon l’ancien Franciste Antoine Graziani. Cf. Les visiteurs de l’aube, Chemise bleue, Volume, III, p. 458, Paris, Dualpha, 2009.
[29] Dissous tous deux par décret du 10 juillet 2013.
[30] Jamais dissout, le PNFE s’est mis en sommeil au printemps 1999. Le dernier numéro de son journal Le Flambeau (mai 1999), porte en couverture la photo de Bruno Mégret.
[31] Sur le hooliganisme : Nicolas Hourcade , « L’engagement politique des supporters “ ultras” français. Retour sur des idées reçues », Politix, vol. 13, n° 50, 2000, p. 107-125. Le hooliganisme constitue un objet d’étude séparé, dans la mesure où il a ses ressorts de mobilisation propres et n’a été utilisé par l’extrême droite que comme un vivier de recrutement.
[32] Symbole porté par l’escorte des magistrats de la Rome antique, ce faisceau a été repris sous une forme proche par l’Assemblée Constituante de 1790, comme allégorie du pouvoir dévolu au peuple. Le Fascisme italien l’a parfois repris sur ses monnaies.
[33] Voir L’Humanité du 2 avril 1990.
[34] À savoir : Walkyrie (pour les militantes); Niebelungen (groupe Thor à Metz); Le Marteau (Saint-Lô, groupe Thulé), Charlemagne (section Léon Degrelle, Nord-Pas-de-Calais); Le chêne (section Jacques Doriot, Seine-et-Marne); Le Glaive (section Roger Degueldre, région parisienne); L’if de Ross (Lyon); Liberté (groupe Odal, Marseille); Sang et Honneur (groupe René Binet, région parisienne); Ultime ralliement (Seine-et-Marne); Wikings (groupe Odin, Normandie). Le nom des sections souligne le poids de la mémoire de l’engagement sur le front de l’Est (Binet, Degrelle et Doriot y furent volontaires) et du néo-paganisme nordiciste, justement activé dans l’extrême droite française à cette période (cf. Nicolas Lebourg et Jonathan Preda, « Le Front de l’Est et l’extrême droite radicale française : propagande collaborationniste, lieu de mémoire et fabrique idéologique », Olivier Dard dir., Références et thèmes des droites radicales, Bern, Peter Lang, 2015, p. 101-138 ). Degueldre était quant à lui membre de l’Organisation de l’Armée Secrète, fusillé en 1962.
[35] Voir : http://wimpeez.tripod.com/id9.html
[36] Interview à Pitbull Zine, n° 4, 1993.
[37] Cf. Libération, 7 avril 2001.
[38] Voir : http://reflexes.samizdat.net/zik-zina-quand-la-musique-fait-boum/
[39] Cf. Le Flambeau n°15, août 1995, p. 22, qui rapporte le déroulement d’un solstice d’été à Paris, le 24 juin précédent.
[40] L’Empire invisible, n°11, janvier-février 1990, p.11. Devalez se présentait alors comme « organisateur national » du 33/5 ce qui, dans la numérologie du Ku-Klux-Klan américain, renvoie à la cinquième époque du mouvement, dont le théoricien était Robert Miles (1925-1992), partisan d’un Klan agissant dans le secret absolu, mystique dans le sens des Identity Churches.
[41] Michel Lajoye (1967) a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 18 ans pour avoir posé en 1987 une bombe dans un café du Petit-Quevilly, fréquenté par des Maghrébins. Il a été libéré en 2007 et a toujours prétendu avoir été manipulé par son complice, un démineur des services de police qui aurait été chargé de pousser l’ultra droite à commettre des attentats. Voir son livre : 20 ans, condamné à la prison à vie, Paris, Dualpha, 2002.
[42] Idem, p. 14.
[43] Le Flambeau, n°32, 1999, p. 12.
[44] Cf. son livre Les Héritiers du Troisième Reich, Paris, Seuil, 1994.
[45] Le DPS : service d’ordre du FN ou garde prétorienne ? Rapport n°1622 enregistré le 26 mai 1999, deux volumes, Les documents d’information de l’Assemblée nationale.
[46]Fabrice Robert, leader à partir de 1996 du groupe de rock nationaliste Fraction, cadre d’Unité radicale et élu municipal FN en 1995, avant de prendre la tête du Bloc identitaire en 2003, a rendu compte de ce qu’il appelle sa période « rebelle blanc » dans un texte intitulé « Retour sur un parcours politique personnel ». Cf : http://fr.metapedia.org/wiki/Fabrice_Robert_:_%22Retour_sur_un_parcours_politique_personnel%22.
[47] N°4, 1994.
[48] Non daté, sans doute publié en 1989-1990, ce fanzine est un des premiers à évoquer la nécessité d’importer en France « la lutte légitime des Palestiniens contre les occupants israélites ».
[49] ADL : The Skinhead International : A worldwide survey of Neo-Nazi Skinheads, 1994, p. 30.
[50] One voice (Segré, Maine- et-Loire), n°4, n.d.
[51] Voir le fanzine Objectif survie, publié par Olivier Devalez, n°4, septembre 1985.
Alerte antifa en Haute-Savoie : tournoi de MMA et concert néonazis le 10 juin
https://lahorde.samizdat.net/alerte-antifa-en-haute-savoie-tournoi-de-mma-et-concert-neonazis-le-10-juin
Pour la troisième fois, des néonazis vont organiser, en France le week-end prochain un tournoi clandestin de combat libre et un concert de Rock Against Communism (RAC), probablement en Haute-Savoie, en collaboration avec deux structures russes d’extrême droite. Ce sont des dizaines de crânes rasés admirateurs d’Hitler qui vont ainsi se retrouver, ivres de sang et de violence, pour faire la fête dans un petit village qui n’aura rien demandé…
Si la pratique du Free fight (combat libre) ou du Mixed Martial Arts (MMA) est autorisé en France, les compétitions restent interdites en raison d’une législation qui proscrit les coups portés au sol dans les sports de combat. Tout tournoi de MMA organisé en France est donc par définition clandestin : cette interdiction permet aux néonazis, alors que la majorité des pratiquants et amateurs de MMA n’ont rien à voir avec l’extrême droite, d’utiliser leur savoir-faire en matière d’événements clandestins pour tenter de faire passer un rassemblement de combattants européens néonazis pour une compétition internationale de la discipline sur le territoire français…
On prend (presque) les mêmes et on recommence
C’est en réalité la troisième fois que risque de se produire ce type d’événement. Le 7 juin 2014, à Pollionnay, une petite ville à proximité de Lyon, comme nous l’avions raconté ici, Loïc Delboy, principal animateur du groupe néonazi Blood & Honour Hexagone (B&H), organise la première édition de cette compétition de MMA rassemblant environ 150 personnes. En juin 2015, sous le nom “Day of Glory”, il remet ça cette fois à Talencieux, près d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche (alors que l’événement était annoncé publiquement à Lyon), en s’associant à Tomasz “Gamin” Szkatulski, un naziskin de la région lilloise qui s’occupe d’une marque de vêtement en ligne, Pride France, dont le slogan est ” fabriqués par et pour les Blancs “.
Il est lui-même combattant de MMA, et a participé à plusieurs compétitions à l’étranger organisées par différentes organisations d’extrême droite. C’est aussi un individu dangereux, impliqué dans différentes agressions racistes et homophobes, et proche de Yoann Mutte, impliqué dans l’affaire dite “des disparus de la Deûle“.
En mars 2016, la police fait une descente chez les militants de B&H et tombe sur un véritable arsenal (des dizaines d’armes à feu et armes blanches) et des babioles nazies, et les mises en examen tombent pour « association de malfaiteurs, acquisition, détention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat ». Bien que, alors qu’on est en pleine état d’urgence, tous ressortent libres (sous contrôle judiciaire), le parquet jugeant qu’il n’y avait pas de risque de trouble à l’ordre public (!), il va de soi que l’organisation d’un événement aussi lourd à gérer qu’un tournoi sportif n’est pas à l’ordre du jour cette année-là.
En revanche, tout va bien pour “Gamin”, qui a entre temps déménagé en Haute-Savoie, et qui reprend seul l’organisation du tournoi pour son édition 2017, qui est annoncé “dans la région de Genève”. Enfin, seul, pas tout à fait, puisque l’événement est co-organisé avec “HardCore Wave” qui diffuse sur internet de la musique et des t-shirts.
HardCore Wave a déjà organisé deux concerts en Rhône-Alpes : le premier le 19 novembre 2016 avec les groupes français DC (ex-Décadence culturelle) et Bordel Boys (groupe breton prétendument apolitique) et les italiens SPQR et Mai Morti, puis le second le 13 mai, vers Bourgoin-Jallieu, avec cette fois une affiche 100% italienne : Hate for Breakfast, Bayonet Assault mais surtout Bronson, groupe directement lié à Casapound. HardCore Wave a également soutenu le “Call of Terror”, un festival de National-Socialist Black Metal (NSBM) qui s’est tenu à Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie) le 28 janvier dernier, avec entre autres Peste Noire, dont nous avons déjà parlé ici.
Les Russes à la rescousse
Surtout, il peut toujours compter sur son partenaire russe, White Rex, déjà impliqué dans l’édition 2015. Fondé le 14 août 2008, soit le 14.08.08 [1] par le russe Denis Nikitin, White Rex a organisé son premier tournoi de MMA professionnel à Moscou en 2013 sous le nom ” Birth of a Nation “, et vend en ligne des vêtements pour la pratique du free fight, mais aussi des t-shirts mettant en avant le folklore russe (guerriers slaves, ours), les “grands ancêtres” européens (Vikings, soldats romains, croisés…) et la virilité dans le sport.
La marque s’est rapidement implanté en Europe de l’Est et en Italie, via les groupes de musique et les tournois de MMA organisés et sponsorisés par la marque, dont le logo représente un guerrier devant un soleil noir, un symbole païen qu’on retrouve surtout dans le mysticisme nazi (il orne ainsi le sol du château de Wewelsburg, le quartier général de la SS).
Un esprit malsain dans un corps sain ?
White Rex, afin de tordre le cou à l’image d’alcoolique qui colle aux Russes, refuse que ses événements soient sponsorisés par des marques d’alcool ou de tabac, et l’événement du 10 juin en France est lui-aussi annoncé sans drogue et sans alcool.
Pour convertir les crânes rasés (généralement plutôt amateurs de bières et de cocaïne) les bienfaits du mode de vie “Straight Edge (SxE)” [2], les organisateurs du tournoi ont invité pour une “conférence” la troupe russe “PPDM Straight Edge Father Frost More” qui utilise l’image SxE tout en faisant clairement référence à des mouvements minoritaires comme les Hardliners ou le Hate Edge, des dérives violentes et sectaires du mouvement SxE, où la violence est véhiculée comme une valeur positive pour imposer ses idées, généralement réactionnaires, par la force.
Les PPDM organisent régulièrement en Russie des exhibitions visant à la promotion du body-building et de l’haltérophilie (un sport assez populaire en Russie). Bon, à voir les monstres, on se doute qu’ils ne se nourrissent pas que de Chocapic, mais c’est l’intention qui compte… Quoiqu’il en soit, l’objectif est surtout de faire la promo de la violence physique et d’une virilité exacerbée, et la proximité des PPDM avec la scène néonazie n’est pas un mystère.
En avant la musique !
HardCore Wave a donc remplacé Blood & Honour pour la partie musicale de la journée, et c’est donc logiquement qu’on retrouve sur l’affiche (un peu bas de gamme quand même, relativement aux années précédentes et aux événement HCWE) deux groupes de RAC italiens : Green Arrows et une nouvelle formation composé d’anciens du groupe Ultima Frontiera (qui a arrêté en 2013). Le premier avait déjà joué à un concert organisé par Blood & Honour Hexagone, et quant au second, on ne peut pas encore en dire grand-chose, si ce n’est qu’Ultima Frontiera était ouvertement fasciste. Les Espagnols de Jolly Rogers viennent compléter l’affiche : là encore, aucun doute sur les convictions du groupe, qui a participé à la compilation “European Brotherhood”, ornée d’une belle croix celtique !
Une journée qui s’annonce bien chargée donc, et qui risque d’attirer, dans un des petits villages de Haute-Savoie, une faune venue non seulement de toute la France, mais également d’Allemagne, d’Italie, de Suisse ou d’Autriche… Si la municipalité concernée aura probablement été dupée comme les années passées, le mode opératoire de Pride France est désormais suffisamment bien connu (une réservation pour une “fête privée”, un mariage ou un anniversaire) pour qu’un minimum de méfiance s’impose de la part des autorités locales. Les antifascistes sont d’ors et déjà à pied d’œuvre pour mettre des bâtons dans les roues des organisateurs ; mais il est nécessaire qu’il y ait une prise de conscience plus large du danger que représente la tenue d’un tel événement, car les naziskins ont déjà prouvé, à Lille en 2011 et à Paris en 2013, qu’ils étaient capables du pire. Faudra-t-il un nouveau mort pour qu’enfin les parades néonazies, en Haute-Savoie ou ailleurs, ne soient plus tolérées ?
La Horde
Perquisitions en Gironde : l’ultra-droite en France, c’est quoi ?
https://www.tf1info.fr/politique/perquisitions-en-gironde-lultra-droite-en-france-cest-quoi-1502111.html
ZOOM – Des perquisitions administratives ont été menées en Gironde chez trois personnes liées à la “mouvance de l’ultra-droite”, a-t-on appris mercredi matin. Mais que désigne ce terme ? Metronews fait le point.
L’un avait chez lui une trentaine d’armes à feu. Un autre avait été condamné en 2014 à trois ans de prison dont 18 mois fermes pour avoir lancé un cocktail molotov sur la mosquée de Libourne. Les perquisitions administratives menées mardi en Gironde chez trois personnes, dont un père et son fils, ont été effectuées “dans les milieux de l’ultra-droite violente”, ont fait savoir les forces de l’ordre. Mais au fait, c’est quoi l’ultra-droite ?
► Que signifie ce mot ?
Le Larousse définit le préfixe “ultra” comme l’indication d’un “dépassement, un degré extrême ou excessif”, le mot désignant une “personne qui pousse à l’excès ses opinions”. L’ultra-droite, c’est en effet la frange la plus radicale de l’extrême-droite, des catholiques intégristes aux skinheads.
► Qui désigne-t-il ?
La nébuleuse de l’ultra-droite, qui s’était notamment mobilisée en marge de la contestation contre le mariage gay, est composée d’une ribambelle de groupuscules aux sensibilités diverses, qui gravitent à la droite du FN. “Cela va des skins, organisés autour de Blood and Honour ou de Hammerskin, en passant par les ‘maisons de l’identité’ comme en Bretagne et a Lyon, les Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac, et jusqu’au Picard Crew”, décrivait en 2013 dans les colonnes de Libération le spécialiste de l’extrême-droite Jean-Claude* Camus.
* Jean-Yves Camus est spécialiste des extrêmes-droites, merci de ne pas confondre avec Renaud Camus, qui a repris la théorie du grand remplacement pour la diffuser et la populariser. Jean-Claude Camus est un producteur show business, manager de Sardou&Johnny Hallyday, qui chantent le temps béni des colonies, musulmane, femme des années 80, requiem pour un fou,
Mon dernier rêve sera pour toi est la deux cent quatre-vingt-quatrième chanson de Michel Sardou sortie en 1997 qu'il interprète avec ses amis Johnny Hallyday et Eddy Mitchell. Le texte contre les impôts et les taxes est signé par Michel Sardou et Didier Barbelivien sur une musique de Jacques Revaux.
La même année, Le Figaro divulguait une note de la sous-direction de l’information générale, soulignant que pour pour les services de renseignements, cette mouvance s’articule autour de trois galaxies : les “identitaires”, qui se sont illustrés par des actions coup-de-poing contre “l’islamisation de la société”, et sont emmenés par le Bloc identitaire; les “ultranationalistes”, qui selon la note des renseignements, partagent une même “idéologie anticommuniste, antisémite, raciste et xénophobe”; puis les cercles autonomes de la branche “skinhead”, qui se veulent “défenseurs de la race blanche”.
En 2013, après la mort de Clément Méric, ce militant antifasciste tué à Paris lors d’une altercation avec des skinheads proches des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), plusieurs groupuscules avaient été dissous : les Jeunesses nationalistes révolutionnaires et la mouvance dont elle était le bras armé, Troisième Voie, mais aussi l’une des plus vieilles formations de la droite ultra, l’Œuvre française, “organisée comme une milice privée avec des camps de formation de type paramilitaire”, selon les mots de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur à l’époque.
► Combien de militants ?
Cette ultra-droite trouve de nombreuses ramifications en Europe, par exemple en Grèce avec les néo-nazis d’Aube dorée. Mais s’ils sont très présents sur Internet (au sein de la fameuse “fachosphère”), ces militants radicaux, parfois adeptes de méthodes musclées et du bras tendu, sont extrêmement minoritaires en France : leur nombre est estimé à 3.000 individus au maximum.
À LIRE AUSSI >> Enquête Exclusive, “à la droite du Front”, vu de Twitter
Affaire Clément Méric, tué par des skinheads
Que s’est-il passé mercredi en début de soirée dans le quartier de Saint-Lazare à Paris? Rencontre fortuite ou guet-apens? Selon nos informations, les deux groupes avaient décidé de faire du shopping au même endroit. Et la victime aurait été la première à interpeller ses agresseurs…
A la une de la presse française, l’onde de choc après la mort d’un jeune militant antifasciste lors d’une bagarre avec des skinheads, à la sortie d’une vente privée Fred Perry. Par Pierrick LEURENT Ce matin, tous les journaux consacrent de nombreuses pages à la mort de Clément Méric, cet étudiant de Sciences Po décédé hier après une bagarre avec des skinheads. Il y a d’abord les journaux qui font un lien direct avec le climat politique de ces dernières semaines. “Un climat nauséeux”, pour l’Humanité. Le journal Libération fait même un lien direct avec les manifestations contre le mariage gay. Mais toute la presse n’est pas de cet avis. Certains journaux, comme La Croix, appellent à éviter les amalgames. Clément Méric faisait donc partie d’un mouvement antifasciste. Libération explique les origines de ce mouvement. Et à l’extrême droite également, Slate.fr tente un état des lieux de ces groupuscules radicaux. Et puis ce qui a enfin retenu l’attention des médias, c’est que la bagarre de mercredi s’est déclenchée à la sortie d’une vente privée. Une vente de vêtements d’une marque en particulier dont l’image est clairement connotée : Fred Perry. C’est ce que rapporte le Huffington Post.
Il n’y aucun lien entre les militants d’extreme droite impliqués dans la rixes et les jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). C’est en tout cas ce qu’assure son fondateur Serge Ayoub, rencontré par BFMTV le 6 juin 2013 au lendemain de l’agression qui a coûté la vie à Clément Méric.
6 juin 2013 :Le doute reste entier concernant les circonstances de l’altercation qui a couté la vie au jeune militant d’extreme gauche, Clement Meric, à Paris. Alors que des témoins evoquent un coup de poing porté par un membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), le fondateur de ce groupuscule d’extrême droite, Serge Ayoub, revient sur les circonstances de l’agression. Selon lui, ce sont les jeunes militants antifascistes qui se seraient “jetés les premiers” sur les jeunes sous prétexte “qu’ils avaient le crane rasé”. Les deux groupes semblaient sortir de la vente privée d’une marque très prisée par les antifascistes ainsi que par les militants d’extrême droite. Pour Serge Ayoub, “en France, on a le droit de vous attaquer si on a des idées qui deplaisent”. Sept personnes, dont l’auteur présumé du coup porté, ont été interpellées.
AFP – Caserne porte Pouchet 75017 : Le leader du groupuscule d’extrême droite JNR, Serge Ayoub, a été entendu vendredi 7 juin par les policiers enquêtant sur la mort du militant d’extrême gauche Clément Méric.
Esteban Morillo, 20 ans, serait le principal suspect dans la mort du militant antifasciste Clément Méric ce jeudi après une bagarre passage Caumartin à Paris mercredi. L’agresseur serait proche des jeunesses nationaliste révolutionnaires, mouvement réputé pour sa violence. Les six autres personnes interpellées ont entre vingt et trente ans dont deux femmes.
Marine Le Pen, présidente du Front National était ce dimanche l’invitée de BFM Politique. Elle a répondu aux questions de Jean-François Achilli et a expliqué ses relations avec leader du groupuscule d’extrême droite des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), Serge Ayoub.
Un militant d’extrême gauche, Clément Méric, est mort suite à une agression brutale perpétrée par des skins, ce mercredi 5 juin, à Paris. Selon des sources policières, les agresseurs graviteraient autour du « noyau dur des Jeunesses nationalistes révolutionnaires » un groupuscule d’extrême droite radicale. Pour comprendre ce qui s’est passé, nous sommes allés à la rencontre de Serge Ayoub, fondateur des JNR dans son bar, dans le XVeme arrondissement de Paris. Face caméra, l’ancien leader des skins parisiens s’emporte et accuse Les Inrockuptibles de pratiquer un « odieux amalgame ». Pourtant après quelques minutes de discussions à bâtons rompus, Serge Ayoub reconnaît connaître l’identité des agresseurs…
8 juin 2013 : euronews : France will ban two right-wing extremist groups, the ‘JNR’ and ‘Third Way’ following the death of Clément Méric.
8 juin 2013 AFP : Le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) Serge Ayoub condamne la décision de Jean-Marc Ayrault d’engager une procédure de dissolution de ce groupuscule d’extrême droite affirmant qu’il “n’a pas d’existence légale” et qu’il “n’est pas impliqué” dans la mort de Clément Méric.
10 juin 2013 : Qui sont Esteban et Katia? L’auteur présumé du coup fatal porté à Clément Meric et sa compagne, également impliquée dans les faits, vivaient ensemble à Saint-Ouen. Un “couple normal” d’après leurs voisins, qui n’avaient pas remarqué que les deux jeunes gens fréquentaient des groupuscules d’extrême droite.
Jean-Marc Ayrault a lancé samedi une procédure de dissolution des Jeunesses nationalistes révolutionnaires, un groupuscule d’extrême droite qui ne semble pas directement lié à la mort de Clément Méric mais que le gouvernement soupçonne d’être en passe de constituer “un groupe de combat”. Les experts dont Jean-Yves Camus, sont réservés quant à l’utilité de cette mesure.
26 juin 2013 : Troisième Voie et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires, qui avaient confirmé mardi avoir reçu la notification de dissolution par le ministère de l’Intérieur, ont annoncé qu’elles se sont auto-dissoutes. Commentaire de Nicolas Lebourg sur le cycle de dissolution et renaissance des groupuscules.
Les groupuscules d’extrême droite Troisième voie et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires ont annoncé ce mardi leur auto-dissolution par la voix de Serge Ayoub. A cette occasion, Serge Ayoub a donné son point de vue sur le traitement du gouvernement de la mort de Clément Méric. “Monsieur Valls s’est permis de dire dès le début: avant le jugement, l’instruction et l’enquête que c’était un assassinat. (…) Le ministre d’Etat se doit de laisser sa place et son rôle à la justice, ce qu’il a oublié. Et pire, il s’est permis de donner des conseils à ses fonctionnaires”.
Extrait de l’émission de Spécial Investigation intitulée “Violences d’extrême droite : le retour” diffusée sur Canal+ en novembre 2014,
sur l’implication du néo-nazi Serge Ayoub dans la meurtre de Clément Méric, militant antifasciste et syndicaliste, le 5 juin 2013.
26 mai 2015 : Deux ans après, les protagonistes de la rixe entre skinheads et antifascistes qui avait causé la mort du jeune militant Clément Méric se sont retrouvés mardi dès l’aube le temps d’une reconstitution dans le centre de Paris, sur les lieux du drame. Les juges d’instruction ont ordonné cette reconstitution, en présence d’enquêteurs de la Brigade criminelle, pour mieux cerner le déroulement de cette bagarre mortelle, décrite comme violente et très brève.
Clément Méric : première journée de procès (4 septembre 2018, Paris)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Cl%C3%A9ment_M%C3%A9ric
François Duprat, une Histoire de l’Extrême-Droite
Un webdocumentaire à voir sur LeMonde.fr à partir du 8 avril 2011.
François Duprat, n°1 bis du Front National, se qualifiait lui-même de fasciste et soutenait tout ce qui pouvait lutter contre le communisme ou diffuser des sentiments antisémites. Depuis la fin des années 50, il avait voué sa vie à créer, organiser et diriger formations et mouvements des extrêmes droites françaises, d’Occident au Front National, d’Ordre Nouveau aux milieux néo-nazis jusqu’à en devenir une figure centrale et détestée. Déchiqueté dans l’explosion de sa voiture, le samedi 18 mars 1978, il devient un martyr pour l’extrême droite française.
Une enquête de Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Duprat_(homme_politique)
Christophe Lindeneher, 28 ans, jeune passionné de black metal de Rambouillet (Yvelines), meurt d’un coup de couteau lors du rituel völkisch du solstice 2009
un fait divers survenu dans la nuit de samedi à dimanche dernier dans la Sarthe. La bannière Terre & Peuple d’Ile-de-France y organisait en effet son solstice d’été sous la houlette de Laurent Leclercq, militant identitaire sur Dreux. Il semble qu’une altercation ait éclaté entre l’organisateur et de jeunes participants et que Laurent Leclercq, sans doute humilié par l’un d’entre eux, soit parti chercher un couteau de chasse et soit revenu poignarder le fautif qui est mort sur le coup. Cette altercation ne nous surprend guère tant ce type de « fête » supposée identitaire est généralement l’occasion de se défouler pour les participants, qui en profitent pour s’enivrer et communier dans la nostalgie nazie. Le coup de sang de Laurent Leclercq ne vient donc que mener ce type de manifestation à son aboutissement tant le rassemblement de sociopathes peut difficilement donner autre chose.
Laurent Leclercq, responsable de l’organisation, s’était montré agressif avec la victime à qui il reprochait d’écouter de la musique trop fort et de ne pas être un vrai “païen”.
Christophe Lindeneher, un habitant de Rambouillet, a été trouvé la mort, ce week-end, lors d’une fête identitaire dans la Sarthe. Son meurtrier présumé a été mis en examen hier. Agé de 28 ans et père d’un petit garçon de 2 ans, Christophe participait à la fête du solstice d’été à Saint-Denis-des-Coudrais, dans la Sarthe. Ce rassemblement était organisé par l’association de la droite identitaire Terre et Peuple, dont la majeure partie des adhérents sont originaires des Yvelines. Christophe Lindeneher en était d’ailleurs l’un des membres.
Les faits se sont déroulés entre 5 heures et 6 heures du matin, dans la nuit de samedi à dimanche. Christophe se trouve au milieu du campement où dorment les fêtards. Lui continue à faire du bruit et à passer de la musique. Ce qui irrite Laurent Leclercq, l’organisateur de la manifestation. Cet homme de 38 ans a été, jusqu’à l’an dernier, conseiller municipal à Dreux (Eure-et-Loir), d’abord sous l’étiquette Front national, puis MNR et, enfin, « élu identitaire ».
Le ton monte. L’ancien conseiller municipal plante un couteau de chasse dans le dos de Christophe. Blessé au thorax, le père de famille décédera des suites de ses blessures, bien que l’auteur du coup de couteau ait appelé les secours. Placé en garde à vue, Laurent Leclercq reconnaît les faits. Mais il dit avoir agi en légitime défense.
Laurent Leclercq, ex-conseiller municipal MNR de Dreux (Eure-et-Loir), est le « chef de bannière » de l’antenne régionale de cette association inscrite dans la mouvance « identitaire » mais qui se réclame essentiellement culturelle.
Tué parce qu’il faisait du bruit
Ultradroite : un mort lors d’un solstice qui tourne mal
« Christophe est tombé face contre terre »
Sarthe. Coup de couteau mortel au solstice d’été : 15 ans de prison requis
VIDEO FRANCE 3 : ” … une fête champêtre …“
Le 22 juin 2009, lors d'un solstice d'été organisé par la bannière d'Ile-de-France de Terre et peuple, dans une propriété lui appartenant à Saint-Denis-des-Coudrais (Sarthe), il assassina, d'un coup de couteau de chasse dans le dos, le militant nationaliste Christophe Lindeneher, 28 ans. Le 8 novembre 2012, il a été condamné à 12 ans de prisons pour son acte. https://fr.metapedia.org/wiki/Laurent_Leclercq
Christophe Lindeneher est un militant identitaire, assassiné le 21 juin 2009. Agé de 28 ans et père d'un enfant de 3 ans qu'il élevait seul, Christophe Lindeneher a été assassiné par Laurent Leclercq d'un coup de couteau de chasse dans le dos, dans la nuit du 20 au 21 juin 2009, vers 4 heures du matin, à Saint-Denis-des-Coudrais (Sarthe), lors d'un rassemblement identitaire, organisé par la bannière d'Ile-de-France du mouvement Terre et peuple. Sur sa page Myspace, Christophe Lindeneher se présentait ainsi : "Je suis un homme entier, fier, mais assez ouvert. J'ai une passion pour la musique, qui est un besoin vital pour moi (goth, ebm, indus, neo folk, darkwave, trance, techno, rock, usw...), les forêts et les montagnes, la fête, ma famille, mes amis. (...) J'aimerais rencontrer des personnes cultivées, rares, attachées à notre grande patrie européenne." Lors du procès de son assassin qui se déroula en novembre 2012, selon la presse, l'avocat de celui-ci décrivit Christophe Lindeneher ainsi : "lors de la fête de l’association Terre et Peuple organisée ce soir-là par Laurent Leclercq, Christophe Lindeneher auraient fait preuve « d’une violence inouïe. Ils étaient ivres d’alcool et de musique black metal, satanique. Christophe Lindeneher est une furie, un gothique. Et vous savez quoi ? Monsieur Lindeneher avait une tête de mort à sa ceinture cette nuit-là, et il est provocateur et bagarreur. »". https://fr.metapedia.org/wiki/Christophe_Lindeneher
Interdiction du groupe d’extrême droite Unité Radicale
Reportage. Paris. Point sur l’interdiction du groupe d’extrême droite Unité radicale. Le ministre de l’Intérieur a lancé la procédure d’interdiction du groupe d’extrême droite Unité Radicale (UR), que fréquentait l’auteur de la tentative d’assassinat contre le président Jacques Chirac le 14 juillet 2002.
Commentaire sur images du site internet du parti, en alternance avec des images d’archives et les interviews de Patrick GAUTIER, président de la Ligue Internationale contre le racisme (LICRA), de Fabrice ROBERT, porte-parole d’Unité radicale et de Jean-Yves CAMUS, spécialiste de l’Extrême Droite.
[Source : documentation France 3]
Le ministre de l’Intérieur a lancé la procédure d’interdiction du groupe d’extrême droite Unité Radicale (UR), que fréquentait l’auteur du coup de feu contre le président Jacques Chirac le 14 juillet. Plusieurs associations sont satisfaites de cette décision.
Sur le site internet de ce groupe on peut lire “merci Maxime”. Depuis l’acte isolé de Maxine Brunerie, Unité Radicale profite de l’engouement médiatique pour exprimer ses idées extrémistes.
Pour le groupe, cette dissolution va les obliger à se constituer en mouvement légal.
Environ 1500 militants font parti de ce mouvement.
Les noms de ces groupes ont changé au cours des dissolutions mais l’activisme est resté le même.
PATRCIK GAUTIER “on a ouvert une porte et maintenant il ne faut plus laisser la porte ouverte. Il faut véritablement annihiler cette propagande qui est une honte pour la démocratie qui est la notre”.
FABRICE ROBERT : “nous allons créer une structure qui sera légale, déclarée…dans quelques semaines un nouveau mouvement va réapparaître”
PNFE: néonazis à la française
L’Histoire a parfois de cruels retours de bâton. Au fil des ans, Jean-Marie Le Pen avait fait de la profanation du cimetière juif de Carpentras le sujet d’une inlassable croisade. Mais, avec l’arrestation et les aveux de quatre anciens skinheads, dont deux ont été membres du Parti nationaliste français et européen (PNFE), l’implication de milieux d’extrême droite ne fait plus guère de doute. Le parti de Jean-Marie Le Pen l’a d’ailleurs bien compris, s’empressant d’assurer dans un communiqué que «le groupuscule évoqué n’est en rien proche du Front national».
La réalité est plus complexe: si les deux organisations diffèrent aujourd’hui sur nombre de points – radicalisme, effectifs, stratégie électorale – le PNFE n’en est pas moins un enfant du FN. A la fin des années 70, en effet, alors que le parti de Jean-Marie Le Pen n’est lui-même encore qu’un groupuscule, certains de ses membres constituent une petite tendance autour de la revue Militant, qui fut un temps l’organe officiel du FN. On y retrouve d’anciens soldats SS, dont Pierre Bousquet (premier trésorier du parti de Jean-Marie Le Pen). Mais aussi Claude Cornilleau, un traducteur d’une quarantaine d’années, nostalgique de l’Occupation. Souvent proche des thèses néonazies, ce petit noyau d’irréductibles finit par quitter le Front national à la fin de 1981, estimant que Le Pen était «devenu un jouet entre les mains des sionistes».
Après quelques tergiversations, Claude Cornilleau – qui, entre-temps, a réussi à être élu conseiller municipal RPR à Chelles ! – fonde, en 1987, le PNFE, un groupuscule ouvertement néonazi. Défilés paramilitaires au château du Corvier, uniforme brun frappé d’un brassard rouge rappelant celui des SA, publications, comme Le Flambeau, ouvertement antisémites : le PNFE regroupe entre 50 et 200 militants, souvent très jeunes. «C’est le seul parti à avoir été capable d’intégrer durablement des skinheads», explique Jean-Yves Camus (1). Le parti de Cornilleau vient par ailleurs de recevoir le renfort des troupes de Mark Fredriksen, ancien candidat du Front national aux législatives de 1978 et fondateur de la Fane, un groupuscule néonazi dissous au début des années 80.
Les ponts ont été coupés avec le Front national depuis longtemps, même si, cette année encore, de jeunes militants du PNFE distribuaient des autocollants en queue du cortège de la fête Jeanne-d’Arc. C’est plutôt à la rubrique faits divers que ce groupuscule néonazi fait parler de lui: le PNFE a en effet été mêlé aux attentats perpétrés contre des foyers Sonacotra de la Côte d’Azur, dans les années 80, même si ses dirigeants ont finalement été blanchis. La culpabilité de deux anciens membres de ce parti dans la profanation de Carpentras ne manquera sans doute pas de reposer une nouvelle fois la question de son éventuelle dissolution.
(1) Auteur des Extrémismes de l’Atlantique à l’Oural (éd. de l’Aube/Cera).
LETTRE D’UN SKINHEAD SUR LA NOYADE D’UN BEUR AU HAVRE “ON L’A FRITE ET BALANCE A LA FLOTTE”
https://www.lesoir.be/art/%252Flettre-d-un-skinhead-sur-la-noyade-d-un-beur-au-havre-o_t-19960418-Z0AZ9X.html
On l’a frité (cogné) et balancé à la flotte… : des lettres clandestines envoyées de prison par David Beaune, 23 ans, à sa petite amie et à un groupe skinhead relancent l’instruction d’un crime raciste, commis il y a un an, au Havre. Le jeune homme, soupçonné jusque-là de «non-assistance à personne en danger», est désormais inculpé d’homicide volontaire sur Imad Bouhoud, un beur de 19 ans, frappé et poussé dans le bassin du port, avec la complicité d’un autre skinhead arrêté, lui, au Portugal.