REVUE DE PRESSE : 666≠88 Rassemblements Rac'NSbm clandestins. Figures NSBM völkisch. Stratégie métapolitique fasciste à posture apolitique de façade. Musée des horreurs White Power
C’est devenu une habitude. Pour la troisième année consécutive (lire ici et là), un concert de black metal néonazi est organisé ce samedi 9 février dans la région lyonnaise.
Toujours la même musique. En février, les néonazis locaux organisent leur festival de musique, en l’occurrence du National Socialist Black Metal (NSBM).
Ce « Call of terror fest III », aura lieu ce samedi 9 février. Comme chaque année, on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France.
Où vont-ils se donner rendez-vous ? Sur la page Facebook de l’événement, les organisateurs restent toujours aussi flous et parlent d’un concert dans la « région lyonnaise ». Comme d’habitude, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.
À qui le tour de se faire « gruger » par les organisateurs néonazis ?
Les forces de l’ordre disent ne connaître, elles aussi, qu’au dernier moment le lieu précis de ce type de rassemblement. Ce qui s’était déjà produit pour les tournois de free-fight ou les précédents concerts organisés par la mouvance Blood and Honour, qui est toujours à la manœuvre.
Pour la première édition de « Call of terror », les organisateurs avaient jeté leur dévolu sur la salle des fêtes de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, à 80 km de Lyon, à limite de l’Isère et de la Savoie. Le maire de la commune reconnaissait dans les colonnes du Dauphiné s’être fait « gruger » puisque la soirée avait été réservée « pour une réunion de motards ».
La deuxième édition s’était déroulée à Bregnier-Cordon, dans l’Ain, à 8 km du lieu du premier concert.
« On aurait tort de les considérer comme de simples admirateurs d’Hitler »
À la suite à la première édition de « Call of terror », nous avions publié le récit d’un participant, un amateur non pas de « NSBM » mais de metal.
Comme d’autres témoins, il décrivait les participants à la première édition de « Call of terror » comme un public de « métalleux » lambda mais qui passait leur temps à faire des saluts nazis. De son expérience de 20 ans de concerts, il tirait cette conclusion :
« Le mouvement NSBM en plein essor est à la mode [dans le milieu black metal, ndlr], radicalement décomplexé et sans retenu. Et ça va pas en s’arrangeant. Avec l’apologie du nazisme, de la violence et de l’intolérance la plus primaire pour certains et beaucoup d’effet de groupe. »
Un autre fan de black metal et auteur d’une lettre d’info confidentielle « Observatoire NSBM » alerte sur le sujet, également sous couvert d’anonymat :
« On aurait tort de les considérer comme de simples admirateurs d’Hitler. Ce sont des néonazis à tendance Folkish. Leur musique est une façon de faire de la métapolitique, de la politique par la pratique culturelle. Et dans le black metal, ils prennent de plus en plus de place. »
La tendance « Folkish » mêle musique metal et mouvement völkisch, courant intellectuel issu de l’Allemagne de la fin du XIXème siècle qui mêlait spiritualité païenne, mythologie germanique et antisémitisme. Les thèmes développés dans leurs textes ne sont pas directement politiques mais portent sur l’histoire, la nature ou les mythes.
Références au nazisme et proximité avec le Bastion social
Au vu de la programmation, le « Call of terror fest III » va se dérouler de la même manière que les deux premières éditions.
Cinq groupes vont se succéder. Parmi ces groupes, on retrouve deux habitués de ce festival néonazi : les Finlandais de Goatmoon, présents déjà en 2017, tout comme les Français de Baise ma hache.
Voici quelques éléments sur trois de ces groupes qui se produiront samedi :
Le groupe allemand « Stalhfront » a participé à Night of honour chez Serge Ayoub, le « parrain des skins français », à Berzy-le-Sec. Il était également présent à Asgardrei en décembre dernier à Kiev, un rassemblement NSBM international produit par les paramilitaires du Secteur Droit et du Régiment Azov, du mouvement ultra-nationaliste à la fois organisation paramilitaire et parti politique.
« Baise Ma Hache » fait explicitement référence au nazisme ainsi qu’à l’extrême droite française.
A l’occasion d’un concert à Saint-Etienne en 2015, des antifascistes stéphanois avait diffusé un dossier sur ce groupe. Le concert avait été annulé par les organisateurs. Outre un logo qui utilise les symboles des jeunesses hitlériennes (la hache et l’os), « Baise Ma Hache » reprend intégralement un poème de Robert Brasillach dans une de ses chansons, et rend hommage à Dominique Venner, une autre figure de l’extrême droite radicale. Le lendemain du concert de 2017, une rencontre avait eu lieu dans le local du groupuscule d’extrême droite GUD (devenu Bastion social) à Lyon. Baise Ma Hache a récemment intégré Rose Hreidmarr, une figure du black metal français.
Question logo, « Vermine » n’est pas mal non plus, avec une croix celtique dans le nom. « Vermine » aime poser armé sur les réseaux sociaux. Il sera sur scène avec un dénommé Famine. Son groupe, Peste noire, a été associée à une démo intitulée « Aryan Supremacy ». Proche du GUD/Bastion social, il a participé à l’inauguration de l’antenne du Bastion social à Clermont-Ferrand avec « Vermine », justement. Il faisait également partie de la rencontre qui avait lieu le lendemain de la première édition du « Call of terror » dans le local du GUD à Lyon, en 2017.
Quel dispositif d’ordre public ?
Cette proximité entre le Bastion social et les néonazis du black metal fait craindre la venue de membres de l’extrême droite radicale lors de l’Acte XIII des « gilets jaunes » à Lyon qui aura lieu, comme chaque semaine, le samedi après-midi, à quelques heures du concert. Et comme chaque week-end, les militants lyonnais du Bastion social appellent à manifester.
Dans une lettre envoyée par mail ce vendredi matin à plusieurs centaines de maires de la région de Lyon et au préfet de région, l’association Agir pour l’égalité « alerte » sur la tenue de ce concert :
« Nous encourageons les maires à prendre, autant que possible, les précautions nécessaires afin d’éviter la tenue de cet évènement sur leur commune, en vérifiant les réservations prévues pour ce week-end dans les salles communales. Nous encourageons également vivement Monsieur le préfet de Région à alerter les maires des environs à être tout particulièrement vigilants sur les rassemblements organisés sur leurs villages durant ce week-end ».
Contactée par Rue89Lyon, la préfecture de Région assure, par la voix de son porte-parole, « suivre cela de près » mais sans savoir où le concert se déroulera :
« Ils jouent sur les limites des départements. Si cela se déroule sur la voie publique, nous prendrons toutes les mesures qui s’imposent. Et si on constate des éléments d’ordre xénophobe ou antisémite, le préfet fera également preuve d’une grande fermeté ».
Dans un communiqué délivré ce vendredi à 17h30, la préfecture annonce « un dispositif de sécurité adapté » au vu de « groupuscules radicaux qui pourraient participer à la manifestation lyonnaise » : davantage de forces mobiles et de contrôles d’identité ainsi qu’un arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique et l’utilisation de feux d’artifice et pétards. « Des mesures d’enlèvement et de déplacement du mobilier urbain seront prises », indique également le communiqué.
Le collectif antifasciste AFA74 a publié un dossier d’informations sur ce concert qui est organisé par Autour du Lac, et qui a lieu le même jour que la manifestation du GUD à Lyon. En voici de larges extraits, qui présentent les organisateurs et les groupes de musique programmés, et un lien pour télécharger le dossier intégral.
Les organisateurs
Autour Du Lac (ADL) est regroupement affinitaire de militants nationalistes basés en Haute-Savoie. Si leur ligne est souple et souhaite brasser l’ensemble des tendances d’extrême droite, le noyau dur qui anime le cercle est avant tout porté vers l’idéologie néonazie et nationaliste-révolutionnaire. L’antisémitisme et le racisme, y compris avec la revendication de supériorité blanche, y sont des positions assumées. Le cercle est en lien avec d’autres groupuscules de cette tendance, notamment avec le GUD Lyon, Génération Identitaire, Alexandre Gabriac (candidat Civitas aux législatives 2017 dans la deuxième circonscription de l’Isère), ainsi que leurs homologues savoyards Edelweiss Pays de Savoie. Sans surprise, le groupe se singularise par sa violence.
ADL organise des rencontres sportives (football et boxe) mais également des conférences politiques : en mars 2016 à Allonzier-la-Caille, avec des représentants du GUD, de la Casapound et de La Maison des Elfes (maison communautaire et identiaire en Bourgogne) ; en septembre 2016 autour du thème de la « réinformation » dans la salle Yvette Martinet à Annecy ; le 9 octobre 2016, avec la projection d’un documentaire sur la Légion des Volontaires Français (LVF) [1]… En mars 2017, ADL offre un interview au groupe de graffeurs nationalistes La Cagoule [2] qui réalise ainsi des “œuvres” glorifiant les pires organisations d’extrême droite.
ADL tourne autour de personnes issues de la scène néonazie, des stades de football et des sports de combat. Tomasz “Gamin” Skatulski, organisateur du tournoi de MMA et du concert néonazi le 10 juin à Saint-Hélène-sur-Isère, propriétaire de la marque suprémaciste blanche Pride France est un des « membres » du cercle ADL. Ce personnage a déjà été incarcéré à de multiples reprises pour des faits d’armes peu glorieux : agression d’un SDF handicapé en 2008 ou exhibition d’insignes nazis en 2010… Nicolas Paz est un de ces autres proches du cercle ADL qui s’est fait connaître par l’incendie de deux mosquées à Annecy, le 5 mars 2004, avec Anthony Savino et Michel Guégan. Ils ont tous été à l’époque condamnés à cinq ans de prison, avec des années de sursis pour certains (un an pour Nicolas Paz par exemple). Paz revendique également dans un journal en 2014 que « le Front nous demande de temps en temps d’assurer le service d’ordre ».
Les groupes
In Memoriam est un groupe de rock identitaire historique dans la scène néonazie française et européenne. Pour l’histoire ancienne du groupe, on renverra le lecteur au site REFLEXes qui en a retracé le parcours. Le groupe s’est refondé en 2012 à la suite d’une invitation à jouer dans le festival fasciste italien Tana Della Tigri organisé par la Casapound, devant 1 600 personnes, dont 300 français. Ce mouvement italien qui se veut être « le fascisme du nouveau millénaire » est d’ailleurs une source d’inspiration et le catalyseur de la scène fasciste française.
En 2013 et 2014, le groupe se produit à Milan puis à Prague. Ce n’est qu’en juin 2014 que le groupe revient en France, au Back Up, à Paris, devant 1000 personnes. En juillet 2015, c’est à Fréjus qu’ In Memoriam est invité par le maire FN David Rachline dans un festival de musique punk, en présence du groupe La Sourie Déglinguée. Le 10 juin 2017, In Memoriam était invité pour un concert dans la région de Bordeaux par l’association d’extrême droite Le Menhir : face aux risques de « troubles à l’ordre public », le maire de Saint-Quentin-en-Baron avait décidé de faire interdire le concert.
Les trois autres groupes de musiques invités, ZetaZeroAlpha, DDT (Dodicesima Disposizione Transitoria) et Drittarcore, sont tous d’origine italienne, évoluant dans le sillage de la mouvance néofasciste Casapound. Le chanteur de Zetazeroalpha, Gianlunca Iannone, n’est autre que le fondateur de la Casapound.
Casapound
La Casapound est un mouvement d’extrême droite italien fondé par Gianlunca Iannone en décembre 2003, lors de l’occupation d’un bâtiment en plein cœur de Rome. Cette occupation avait pour but de protester contre la crise du logement ; une vingtaine de familles y sont logées. Avec un soutien comme Gabriele Andinolfi, figure intellectuel du fascisme italien durant les « années de plomb », Casapound a d’importants relais idéologiques et politiques lui permettant même de présenter des candidats à certaines élections (mais obtenant de maigres résultats). Le mouvement compte plus de 4 000 membres, 40 sections et occupe 10 bâtiments dans le pays. A cela s’ajoute des initiatives diverses et variées comme des rassemblements, des manifestations, des concerts. La force du mouvement est justement d’être sur tous les fronts sociaux et culturels : aide aux étudiants, aide sociale pour les personnes sans emploi, divers clubs sportifs, radio…
Le régime fasciste de Benito Mussolini est clairement assumé puisque le nom du mouvement signifie littéralement « la Maison de Pound » en référence à l’intellectuel et artiste fasciste Ezra Pound. « Nous sommes fascistes et assumons tout l’héritage de la période fasciste, y compris les erreurs. (…) Contrairement au communisme, le fascisme n’a pas échoué, il a été vaincu sur le champ de bataille » déclare Adriano Scianca, l’un des idéologues du mouvement. Récemment, le 1er juillet 2017, 20 militants de Casapound ont violemment agressé une délégation de personnes participant à un rassemblement en faveur de l’accueil des refugiéEs et des migrantEs.
AFA 74
2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extreme-droite”
Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec lesRusses de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.
Edelweiss-Pays de Savoie, groupement identitaire basé à Chambéry, utilise la cause sociale pour recruter de nouveaux membres. Enquête.
Ce n’est un mystère pour personne. En France et en Europe, les groupuscules d’extrême droite prolifèrent. Si on connaît leur existence, on en sait peu sur leur mode de fonctionnement. Comment recrutent-ils leurs membres ? Quelles sont les actions menées ? Quel processus de filtrage à l’entrée ? Quels liens entre les différentes organisations ? Le Point.fr a enquêté sur un groupuscule identitaire local : Edelweiss-Pays de Savoie.
Le mouvement naît de l’interdiction du mouvement d’Alexandre Gabriac en 2013, après la mort de Clément Méric. Après un bref passage par le Front national en 2011, Gabriac avait fondé Les Jeunesses nationalistes, avec le soutien du mouvement radical l’Œuvre française, lui aussi dissous au même moment. Partout en France, des militants se mobilisent pour prendre le relais. En Savoie, une poignée de nostalgiques des Jeunesses nationalistes fonde une nouvelle organisation, Edelweiss-Pays de Savoie, suivie deux ans plus tard par la création d’une section en Alsace. Son slogan ? « Social, national, radical ».
Ses fondateurs l’appellent « association », mais, d’après la préfecture de Savoie, aucune association loi 1901 n’est enregistrée sous ce nom. Les statuts d’Edelweiss-Pays de Savoie ne sont pas déposés. Mais ses objectifs, eux, sont bien expliqués sur la page Facebook, seul moyen d’accès à Edelweiss. « Notre combat n’est pas religieux, mais racial », écrivent les fondateurs sur la page. Leur but : défendre leur « culture » et leurs « valeurs qui ont fait la grandeur » de leur « civilisation ». Comprendre que cette civilisation est menacée de « destruction » par « un ennemi » : « l’islamisation et le métissage ». Le groupuscule prône la suprématie de la race blanche européenne et fait l’apologie de l’idéologie néonazie.
La fleur préférée d’Adolf Hitler
Mais Edelweiss préfère communiquer d’abord sur son aspect social. À la manière du Mouvement d’action sociale (MAS), dissous en juin 2016, les militants ont choisi de miser sur la détresse de certaines catégories de la population pour mieux diffuser leurs idées identitaires. Edelweiss propose son aide à des personnes en difficulté (d’origine française) pour réaliser à leur place différents travaux (isoler leurs maisons, rebâtir des charpentes, restaurer leurs logements). Des campagnes de tractage sont organisées sur Chambéry et ses alentours pour proposer une « entraide locale » : « En échange d’une adhésion symbolique à notre association, nous mettons à votre disposition une force de travail bénévole, sérieuse et engagée. » De l’aide, oui, mais, en échange, il faut adhérer et partager les idées de l’« association ». Une façade de Robin des bois des temps modernes, qui cache une réalité bien moins reluisante.
La première fois qu’Edelweiss a fait parler d’elle, c’était en septembre 2014. L’université de Chambéry a été prise pour cible, et ses murs ont été tagués de croix celtiques, de slogans « Social, national, radical », « Anti-antifa », « Chiens du système » et d’edelweiss. En effet, le symbole du groupe n’a pas été choisi par hasard. De nombreux écrits propagandistes datant de la Seconde Guerre mondiale soutiennent que l’edelweiss était la fleur préférée d’Adolf Hitler. En 1935, une unité de la Wehrmacht utilise d’ailleurs la fleur pour décorer ses uniformes…
Laurent Ripart, coordinateur du site de l’université à l’époque, se souvient. « C’est principalement les locaux de l’Unef qui avaient été visés, car il y avait déjà eu des incidents avec des groupes radicalisés par le passé. Je me rappelle que ces personnes étaient toutes très jeunes », nous raconte-t-il par téléphone. À Edelweiss, la plupart des membres ont entre 20 et 30 ans.
Qui sont les fondateurs d’Edelweiss ? De l’extérieur, il est difficile de savoir qui se cache derrière l’organisation. La page Facebook est très opaque, les membres communiquent avec des pseudos, les visages sont floutés. En fait, Edelweiss compte trois fondateurs. Parmi eux, Ladislas S. et Mathias J. Question propagande, les profils des membres les plus actifs du groupe, quant à eux, sont inquiétants. Négationnisme, hommage à Adolf Hitler et au IIIe Reich, plaisanteries racistes, xénophobes, islamophobes et antisémites…, on trouve de tout, mais surtout des personnes ultra-radicalisées. Quelques exemples :
Le groupuscule appartient à la nébuleuse identitaire et entretient des liens avec d’autres mouvements locaux et nationaux, le GUD, Autour du lac (encore un groupe d’ultras savoyards, basé à Annecy), Génération identitaire… Sur les réseaux sociaux, les militants se suivent et se « likent ». Ils participent surtout à des actions communes, comme des manifestations, réunions, événements sportifs. Récemment, c’est à Lyon que le groupe épaulé par le GUD a investi un immeuble propriété de la ville de Lyon. Rebaptisé « Bastion social », le lieu devait accueillir des sans-abri « français uniquement, ou des Européens de langue et de culture françaises », expliquait alors Steven Bissuel, responsable du GUD Lyon. L’immeuble a finalement été évacué par la police mardi 13 juin.
Edelweiss met aussi en avant la nécessité de pratiquer une activité physique régulière, d’entretenir son corps, dans un esprit de tradition et de camaraderies, rappelant la thématique du culte du corps présente dans l’idéologie nazie. Régulièrement, des activités sportives sont organisées : randonnées, entraînements de boxe, compétitions de MMA (illégales en France). Utile en cas de rencontre avec les « antifas », et indispensable pour « combattre et se défendre ». En effet, le combat idéologique d’Edelweiss a vocation à devenir un combat au sens propre.
Propagande et recrutement
Le mouvement insiste aussi sur la nécessité de « se cultiver ». Pour cette raison sont mis à disposition dans la bibliothèque de l’organisation et dans « toutes les bonnes librairies » (comprendre les librairies plébiscitées par l’extrême droite) des ouvrages d’auteurs controversés comme l’ancien journaliste Jean Mabire, qui a beaucoup écrit sur les SS, « ces hoplites du Führer » qui ont vécu « une prodigieuse épopée guerrière », ou encore Dominique Venner. Voici comment ce dernier apparaît sur le site Fdesouche :
Tout à leur effort d’éducation, les fondateurs encouragent leurs membres à ne s’informer que par des médias alternatifs (Méridien zéro, TV liberté) et à participer à l’effort militant en « investissant 100 euros par an pour (leurs) convictions ». Effort militant qui inclut aussi des actions de terrain, comme des manifestations anti-migrants, des campagnes de tractage et de collage pour recruter des adeptes. Des conférences sont régulièrement organisées, souvent en partenariat avec Autour du lac. Quelques exemples de thèmes ? « Réinformation contre les médias subventionnés : une bataille à gagner », ou « L’expérience communautaire ». Edelweiss-Alsace publie de la propagande nationaliste relayant de fausses informations, notamment concernant les migrants, ou des propos islamophobes.
Sur la page Facebook, des anonymes, mais pas que. Des clients fidèles de l’extrême droite apparaissent, comme Vincent Vauclin, créateur de la Dissidence française, un groupuscule fasciste, ou Alexandre Gabriac (qui suit le compte Twitter d’Edelweiss-Alsace). Mais aussi des personnalités politiques plus officielles, membres du Front national. Ainsi David Berton, originaire de la région, ancien adjoint à la direction nationale du FNJ. Il a dirigé la campagne de Sophie Robert (FN), battue lors des législatives dans la Loire, et est responsable communication de Marie Dauchy, candidate FN, elle aussi éliminée, en Savoie. Berton « like » la plupart des posts de la page identitaire. Julien Copineau, secrétaire adjoint à la 4e circonscription FN de l’Essonne, aime également la page. Autant de coups de canif au régime dédiabolisant que s’est prescrit le parti.
N’est pas membre qui veut. Les fondateurs se montrent très méfiants sur le processus de recrutement. Mathias J. se charge de la communication et rencontre les personnes souhaitant adhérer à ce « club » très fermé. Pour adhérer à l’organisation ou participer à un de ses événements, il faut d’abord prendre contact sur la page Facebook. Ce que nous avons fait, « Une journée militante », sans plus de précision, étant justement prévue samedi 10 juin. Le lieu est tenu secret jusqu’au dernier moment, et l’entrée conditionnée par un entretien préalable avec les fondateurs d’Edelweiss. La prise de contact donne lieu à une discussion en privé, très cordiale. « Je préfère vous rencontrer avant, si cela ne vous ennuie pas, étant donné que vous viendrez par rapport à notre prise de contact », écrit Mathias J.. Une rencontre est ensuite arrangée. Sur Chambéry, Aix-les-Bains ou ses alentours, dans un endroit public. Un numéro de téléphone est demandé au postulant.
Des événements néonazis organisés impunément
D’après les informations du Point.fr, l’événement, baptisé « Pride France » s’est bien tenu à Sainte-Hélène-sur-Isère (petite commune proche d’Albertville), organisé principalement par Pride France, une marque de vêtements « fabriqués par et pour les Blancs », créée par Tomasz Szkatulski, un identitaire originaire de Lille condamné à plusieurs reprises pour des faits de violence. Au programme de cette « journée militante » : des combats de MMA (illégaux), une conférence portant sur « le nationalisme, le militantisme russe et sa répression » donnée par White Rex et PPDM. Encore deux bons clients de l’extrême droite radicale, russes tous les deux. White Rex est un groupe de MMA nationaliste, qui vend, lui aussi, des vêtements célébrant la violence et la virilité dans le sport. Et PPDM est une organisation qui promeut le bodybuilding et l’haltérophilie, et dont la proximité avec la scène néonazie est connue.
La journée de réjouissances s’est terminée par un concert de deux groupes espagnols et un groupe italien sur le thème « Rock against communism ».
« La salle polyvalente a été louée sous prétexte d’un anniversaire en famille, nous explique Daniel Tavel, maire de Saint-Hélène-sur-Isère. Tout s’est bien déroulé, il n’y a eu aucun problème administratif. » Ce n’est que le jour de l’événement, aux alentours de 13 heures, que le maire est alerté par la gendarmerie et le sous-préfet : l’événement serait en fait une réunion néonazie, impliquant des combats illégaux. Daniel Tavel se rend sur place, constate qu’un ring a été mis en place. « Les règles avaient été brisées, j’ai pris un arrêté d’expulsion immédiate, que j’ai remis à l’organisateur. Il s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucun dégât et à ce que la salle soit rendue dans les temps. C’est ce qui s’est passé. Le lendemain matin, quand je suis passé à 7 heures, ils étaient partis et la salle était propre. »
Le mode opératoire est toujours le même. Une salle des fêtes est louée sous un quelconque prétexte par un membre d’un groupuscule et sert de lieu de réunion pour ces rassemblements néonazis. Le 28 janvier dernier, il s’est produit la même chose à Saint-Genix-sur-Guiers et, là encore, le maire est tombé des nues, expliquant s’être « fait piéger ». Ces rassemblements sont réguliers et peuvent, la plupart du temps, se dérouler en toute impunité.
2018 : Tomasz figure dans le jeu de carte des “sept familles de l’extreme-droite”
Le fils cadet : surnommé « Gamin », Szkatulski est un skin néonazi qui a fréquenté la LOSC Army (hools faf lillois) et édité des fanzines d’extrême droite. Après un passage en prison pour avoir agressé un SDF en 2008, il lance début 2010 la marque de vêtements Pride France et s’associe avec lesRusses de White Rex dans l’organisation de concerts RAC et de tournois de MMA clandestins.
Pour la troisième fois, des néonazis vont organiser, en France le week-end prochain un tournoi clandestin de combat libre et un concert de Rock Against Communism (RAC), probablement en Haute-Savoie, en collaboration avec deux structures russes d’extrême droite. Ce sont des dizaines de crânes rasés admirateurs d’Hitler qui vont ainsi se retrouver, ivres de sang et de violence, pour faire la fête dans un petit village qui n’aura rien demandé…
Si la pratique du Free fight (combat libre) ou du Mixed Martial Arts (MMA) est autorisé en France, les compétitions restent interdites en raison d’une législation qui proscrit les coups portés au sol dans les sports de combat. Tout tournoi de MMA organisé en France est donc par définition clandestin : cette interdiction permet aux néonazis, alors que la majorité des pratiquants et amateurs de MMA n’ont rien à voir avec l’extrême droite, d’utiliser leur savoir-faire en matière d’événements clandestins pour tenter de faire passer un rassemblement de combattants européens néonazis pour une compétition internationale de la discipline sur le territoire français…
On prend (presque) les mêmes et on recommence
C’est en réalité la troisième fois que risque de se produire ce type d’événement. Le 7 juin 2014, à Pollionnay, une petite ville à proximité de Lyon, comme nous l’avions raconté ici, Loïc Delboy, principal animateur du groupe néonazi Blood & Honour Hexagone (B&H), organise la première édition de cette compétition de MMA rassemblant environ 150 personnes. En juin 2015, sous le nom “Day of Glory”, il remet ça cette fois à Talencieux, près d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche (alors que l’événement était annoncé publiquement à Lyon), en s’associant à Tomasz “Gamin” Szkatulski, un naziskin de la région lilloise qui s’occupe d’une marque de vêtement en ligne, Pride France, dont le slogan est ” fabriqués par et pour les Blancs “.
Il est lui-même combattant de MMA, et a participé à plusieurs compétitions à l’étranger organisées par différentes organisations d’extrême droite. C’est aussi un individu dangereux, impliqué dans différentes agressions racistes et homophobes, et proche de Yoann Mutte, impliqué dans l’affaire dite “des disparus de la Deûle“.
En mars 2016, la police fait une descente chez les militants de B&H et tombe sur un véritable arsenal (des dizaines d’armes à feu et armes blanches) et des babioles nazies, et les mises en examen tombent pour « association de malfaiteurs, acquisition, détention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat ». Bien que, alors qu’on est en pleine état d’urgence, tous ressortent libres (sous contrôle judiciaire), le parquet jugeant qu’il n’y avait pas de risque de trouble à l’ordre public (!), il va de soi que l’organisation d’un événement aussi lourd à gérer qu’un tournoi sportif n’est pas à l’ordre du jour cette année-là.
En revanche, tout va bien pour “Gamin”, qui a entre temps déménagé en Haute-Savoie, et qui reprend seul l’organisation du tournoi pour son édition 2017, qui est annoncé “dans la région de Genève”. Enfin, seul, pas tout à fait, puisque l’événement est co-organisé avec “HardCore Wave” qui diffuse sur internet de la musique et des t-shirts.
HardCore Wave a déjà organisé deux concerts en Rhône-Alpes : le premier le 19 novembre 2016 avec les groupes français DC (ex-Décadence culturelle) et Bordel Boys (groupe breton prétendument apolitique) et les italiens SPQR et Mai Morti, puis le second le 13 mai, vers Bourgoin-Jallieu, avec cette fois une affiche 100% italienne : Hate for Breakfast, Bayonet Assault mais surtout Bronson, groupe directement lié à Casapound. HardCore Wave a également soutenu le “Call of Terror”, un festival de National-Socialist Black Metal (NSBM) qui s’est tenu à Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie) le 28 janvier dernier, avec entre autres Peste Noire, dont nous avons déjà parlé ici.
Les Russes à la rescousse
Surtout, il peut toujours compter sur son partenaire russe, White Rex, déjà impliqué dans l’édition 2015. Fondé le 14 août 2008, soit le 14.08.08 [1] par le russe Denis Nikitin, White Rex a organisé son premier tournoi de MMA professionnel à Moscou en 2013 sous le nom ” Birth of a Nation “, et vend en ligne des vêtements pour la pratique du free fight, mais aussi des t-shirts mettant en avant le folklore russe (guerriers slaves, ours), les “grands ancêtres” européens (Vikings, soldats romains, croisés…) et la virilité dans le sport.
La marque s’est rapidement implanté en Europe de l’Est et en Italie, via les groupes de musique et les tournois de MMA organisés et sponsorisés par la marque, dont le logo représente un guerrier devant un soleil noir, un symbole païen qu’on retrouve surtout dans le mysticisme nazi (il orne ainsi le sol du château de Wewelsburg, le quartier général de la SS).
Un esprit malsain dans un corps sain ?
White Rex, afin de tordre le cou à l’image d’alcoolique qui colle aux Russes, refuse que ses événements soient sponsorisés par des marques d’alcool ou de tabac, et l’événement du 10 juin en France est lui-aussi annoncé sans drogue et sans alcool.
Pour convertir les crânes rasés (généralement plutôt amateurs de bières et de cocaïne) les bienfaits du mode de vie “Straight Edge (SxE)” [2], les organisateurs du tournoi ont invité pour une “conférence” la troupe russe “PPDM Straight Edge Father Frost More” qui utilise l’image SxE tout en faisant clairement référence à des mouvements minoritaires comme les Hardliners ou le Hate Edge, des dérives violentes et sectaires du mouvement SxE, où la violence est véhiculée comme une valeur positive pour imposer ses idées, généralement réactionnaires, par la force.
Les PPDM organisent régulièrement en Russie des exhibitions visant à la promotion du body-building et de l’haltérophilie (un sport assez populaire en Russie). Bon, à voir les monstres, on se doute qu’ils ne se nourrissent pas que de Chocapic, mais c’est l’intention qui compte… Quoiqu’il en soit, l’objectif est surtout de faire la promo de la violence physique et d’une virilité exacerbée, et la proximité des PPDM avec la scène néonazie n’est pas un mystère.
En avant la musique !
HardCore Wave a donc remplacé Blood & Honour pour la partie musicale de la journée, et c’est donc logiquement qu’on retrouve sur l’affiche (un peu bas de gamme quand même, relativement aux années précédentes et aux événement HCWE) deux groupes de RAC italiens : Green Arrows et une nouvelle formation composé d’anciens du groupe Ultima Frontiera (qui a arrêté en 2013). Le premier avait déjà joué à un concert organisé par Blood & Honour Hexagone, et quant au second, on ne peut pas encore en dire grand-chose, si ce n’est qu’Ultima Frontiera était ouvertement fasciste. Les Espagnols de Jolly Rogers viennent compléter l’affiche : là encore, aucun doute sur les convictions du groupe, qui a participé à la compilation “European Brotherhood”, ornée d’une belle croix celtique !
Une journée qui s’annonce bien chargée donc, et qui risque d’attirer, dans un des petits villages de Haute-Savoie, une faune venue non seulement de toute la France, mais également d’Allemagne, d’Italie, de Suisse ou d’Autriche… Si la municipalité concernée aura probablement été dupée comme les années passées, le mode opératoire de Pride France est désormais suffisamment bien connu (une réservation pour une “fête privée”, un mariage ou un anniversaire) pour qu’un minimum de méfiance s’impose de la part des autorités locales. Les antifascistes sont d’ors et déjà à pied d’œuvre pour mettre des bâtons dans les roues des organisateurs ; mais il est nécessaire qu’il y ait une prise de conscience plus large du danger que représente la tenue d’un tel événement, car les naziskins ont déjà prouvé, à Lille en 2011 et à Paris en 2013, qu’ils étaient capables du pire. Faudra-t-il un nouveau mort pour qu’enfin les parades néonazies, en Haute-Savoie ou ailleurs, ne soient plus tolérées ? La Horde
Des motos, de la bière, des saucisses, des crânes souvent rasés, des décibels. Jusque-là rien d’illégal. Alors pourquoi le concert “Call of Terror” s’est-il déroulé dans une telle discrétion, le samedi 28 janvier, dans la salle communale de Saint-Genix-sur-Guiers, village de l’Avant-pays savoyard frontalier de l’Isère.
Même le maire, Joël Primard, semblait tomber des nues samedi, quand Le Dauphiné Libéré lui a annoncé ce qui s’était passé à l’intérieur.
Notre journal n’y était pas. Et pour cause, il n’a pas été sollicité pour couvrir ce concert de musique black metal. Pour y assister, c’était un vrai jeu de piste, organisé sur Facebook. Avec inscription par mail avant d’apprendre au dernier moment le lieu exact de l’événement.
Un système efficace pour éviter d’éveiller l’attention des services de l’État, des élus locaux et des opposants. Près de 500 personnes venues de toute la région y auraient assisté après avoir payé 21 €.
Un rassemblement pas simplement musical
Mais les réseaux sociaux en disent long sur un rassemblement qui n’était pas simplement musical. Pour donner le ton, Baise Ma Hache, venu de Haute-Savoie. Un groupe qui sera invité le lendemain dans le local lyonnais du Gud (Groupe union défense), un syndicat étudiant d’extrême droite.
Le chanteur ne fait pas dans la dentelle, comme en témoignent les paroles de cette chanson culte du groupe : “Les barbares arrivent, ils viennent pour en finir/Que la nation des perdants se prépare au pire/Vos femmes, vos filles danseront au bout d’un fil…”
Dernier groupe programmé, Peste Noire, qui sera également invité le lendemain par le Gud. Un amateur de musique métal qui s’est glissé à l’intérieur en curieux assure avoir vu des dizaines de spectateurs faire le salut nazi pendant son passage, sans que les musiciens n’interviennent.
« On s’est fait piéger »
Entre les deux groupes français, Dark Fury et Goatmoon. Ce dernier, venu de Finlande, est également connu pour ses chansons violentes, notamment dans sa “Xenophobic EJaculation”. Le look est aussi raffiné que les paroles.
Pour l’association lyonnaise Agir pour l’égalité, cette forme de musique black metal est avant tout un prétexte pour “organiser des événements politiques sous couvert de culture au nez et à la barbe de la préfecture”.
Le maire (socialiste) de la petite commune de l’Avant-pays Savoyard constate qu’il « s’est fait gruger.
J’en suis désolé.
J’avais donné mon accord pour une réunion de motards.
Je me suis d’autant moins inquiété qu’il n’y a pas eu de bruit et que personne n’est venu se plaindre.
Je suis passé le lendemain matin où j’ai constaté que tout était en ordre.
On s’est fait piéger. »
“Call of terror fest 28/01/17: Baise Ma Hache, Dark Fury, Goatmoon, Peste Noire/ ou une immersion dans la haine ordinaire“
” Dimanche Matin, le réveil est amer. Je suis allé au concert de Peste Noire et j’ai une sensation de malaise. Comme si les choses révoltantes que j’y avais vues étaient désormais passées et communément acceptables. J’en parle le jour même avec un pote qui y était aussi et je crois qu’on a eu tous les deux eu besoin de témoigner de notre expérience au sein du microcosme socio-facho-politique auquel nous avons été confrontés le temps d’une soirée. Sous cette sorte de chronique -Cahier de bord- je vais simplement décrire une ambiance “conviviale” dont les acteurs sont réunis par des idéaux d’un autre age.
Alors Peste Noire et consorts: simple farce régionaliste qui sent le Rustique, la Suze, le PMU et la baguette de chez Ginette telle l’image que je m’en étais faite? Ou le porte étendard des formes d’extrémismes les plus obscurs?
J’arrive avec trois potes et le parking est déjà plein. Les moteurs vrombissent comme avant les courses souterraines dans Tokyo Drift, à la différence que les enceintes crachent du Rac et j’entends du Ad Hominem.
Des agents de la maréchaussée font une ronde alentour avec un rythme et une boucle aussi précis que l’IA dans Metal Gear Solid, ce qui rend la consommation de substances illicites autour de moi facile à anticiper. A première vue, le public est plutôt jeune et pas spécialement looké identitaire. Je croise pas mal de connaissances lyonnaises, ce qui me déculpabilise un peu de remplir les rangs de cette soirée sulfureuse. Les 8,6 bon marché et les bouteilles de vin circulent allègrement dans la file d’attente, j’apprends qu’il y a des autrichiens, des allemands. Un gars rigole avec son pote derrière moi, la “blague” en question parle du fait que l’excitation du public devait être comme celle des files d’attentes lors de la distribution des cartes de rationnement dans la France Occupée…je n’ai pas compris la blague, mais le ton est donné. Une fois à l’intérieur, petite florilège des “gueules cassées” croisées: pas mal de crânes rasés bodybuildés et bien saouls, nourris d’un sein maternel duquel explose des geyser de Monster Energy, déjà pas mal bourrés. Il ne leur manque plus que le marcel JCVD. Ils ont l’air de passer huit heures par jour dans une salle de musculation, ce qui donne moyennement envie d’aller prêcher la bonne parole et proposer un débat pacifique sur les inégalités, le mariage pour tous, et plus largement la répartition des richesses en Ouzbekistan. Un mec avec un t shirt “remember Kristal Nacht” (putain sérieux!!).
Quelques attention whores dans leurs dans leurs plus beaux corsets gothopouf mais d’un level de badassitude un peu plus véner que les gentilles gothiques poseuses que tu croises a Nightwish ou Sonata artica qui ont une page de modèle photo avec presque 22 j’aime et que tu tentes de draguer à chaque fois que t’as bu un verre de trop. Ici les filles assument patchs identitaires, blagues racistes, et leur posterieur semble être la principale source d’animation dans ce hall bondé qui ferait exploser le Testomètre de ton Pip-Boy. J’ai l’impression qu’une communauté est réunie et qu’ils ont leurs codes, la plupart arbore ses idéaux avec des patchs ou des tatouages. Le type au bar qui me sert une bière a une croix gammée sur le cou et d’autres signes sur le visage que je ne comprends pas. Apparemment il draine la sympathie de l’équipe du bar, c’est le “papa” de l’équipe de bénévoles et il a un trait d’humour pour chacun. Je me demande comment il vit au quotidien, quand ton appartenance à un groupe est si radicalement affichée et que tu fais tes courses au Leclerc, tes démarches à la mairie ou que tu cherches ton gamin à l’école, bref des trucs chiants et normaux dont seuls les plus obscurs films d’auteurs français arrivent a mettre en image l’ennuyeux quotidien. Mais passons aux groupes
BAISE MA HACHE
Voilà un groupe intrigant: le chanteur semble sortir d’une séance photo de mannequinat avec la coupe impeccablement brossée sur le côté. Le public est présent et nombreux sont les spectateurs avec des t shirt BMH sur eux, pour le moment on est dans du bling bling black metal. Musicalement c’est un black metal assez primaire et redondant, pas trop ma tasse de thé. Cela serait écoutable sans l’effroyable son de crécelle trouvée sur Le Bon Coin qui émane du gosier enroué du chanteur qui avait pourtant bon look… les paroles sont incompréhensibles, apparemment ça parle de temps révolus et de valeurs ancestrales blabla, le tout dans un vieux français approximatif. Tout est mis en place pour satisfaire l’ego du chanteur car on entend que lui, franchement lorsqu’on est un minimum musicien on essaye de faire autre chose que d’aboyer des textes, sans aucun travail de scream ou de placement en rythme par rapport aux instrus… ne serait-ce que par respect pour les musiciens. Le premier gros malaise de la soirée tombe lorsque les gars dans la fosse félicitent les fins de morceau à coups de zieg hail. C’est franchement glaçant. A ma gauche, un gamin qui a l’air d’avoir 18 ans, sac à dos sur le dos et look baggy tshirt a la cool comme la belle époque du néo métal s’y met aussi en gueulant hail hail!… Quel modèle d’éducation t’ont donné tes parents,les adultes autour de toi pour banaliser un geste aussi grave? Influence du groupe, endoctrinement, Cyril Hanouna, Troubles de l’identité? Ou réelle haine? Le public en liesse qui se joint à ce type de salut est très varié: cinquantenaires, jeunes femmes, shemales, adolescents (trouvez l’intrus)…
DARK FURY
Aucun intérêt. Trois playmobil tout en gonflette enchainent un set mollasson et pas très carré. Le chanteur regarde froidement devant lui et c’est très statique. Il y a un côté très martial et je trouve que le bassiste est à côté de la plaque, bref pas grand-chose derrière le look GI. Comme pour baise ma hache, c’est applaudissements et zieg hail a tout va. Je rappelle au passage qu’ils jouent dans la “salle des fêtes” qui devait accueillir la veille un mariage ou un évènement familial…allo la municipalité? Enfin, le son est tellement dégueulasse que j’ai l’impression d’écouter une vieille cassette audio abimée de Sadistik Exekution. J’en ai marre, mettez nous au moins de la bonne musique si déjà on est trempé jusqu’au cou.
Du coup besoin de prendre l’air. J’arrive à l’extérieur et d’instinct je cherche mon tel dans ma poche pour appeler ma copine et lui raconter les trucs de ouf que j’entends et que j’ai quand même hâte de rentrer pour un debrief. J’ai envie de retrouver les choses saines et normales qui m’attendent à Lyon car ici la normalité se définit par l’idéologie dominante, et elle est effraie. C’est vrai les tel sont interdits, ils ont été confisqués à l’entrée ou laissés dans les voitures pour éviter que le public prenne des self…des photos de l’événement. Deux gamins discutent avec un énergumène qui arbore un t shirt “Call Of terror”, lorsque j’arrive il demande aux gamins ce qu’ils foutent la avec leur look de “gauchiste”. Pour l’instant le ton est cordial et ça sent la vanne gratuite, “gauchistes” et “antifa” étant les deux mots qui déclenchent des émeutes ici. Un des gamins a l’air d’avoir seize ans au max et se justifie en disant qu’il adore les groupes et qu’il est venu pour la musique. Je sens l’ambiance se raidir radicalement lorsque ce jeune sort un bonnet aux couleurs de la Jamaïque de sa poche et le met sur la tête. L’énergumène en question lui rappelle qu’ici il « n’est pas en Afrique » (un rapide coup d’œil sur la géoloc de Google Map me confirme cette information) et qu’il a intérêt à dégager vite. L’attitude du mec a changé, il devient nerveux, observe le gamin et commence à persifler en hachant ses mots «t’es un antifa petite merde hein,t’es un antifa putain”…le gamin est surpris par ce changement radical et pose une main sur l’épaule de l’excité en lui disant mais non t’inquiète. Au même moment, notre excité lui hurle de dégager, non sans appuyer sa demande d’un middle kick médiocrement placé (comme dans les films), alcool oblige, sur la hanche du gamin qui n’a rien vu venir. Le jeune pacifiste tente alors une négociation et son ultime tentative de retour au dialogue (Calme toi mec c’est cool) est récompensée par une formidable claque (comme dans la vraie vie). Tout va très vite: d’autres mecs qui ont entendu le mot antifa arrivent prêts à cogner. La sécu arrive et calme les véritables pitbulls que sont devenus les chalands quand leur pote a hurlé. Le mec de la sécu dit aux gamins de dégager: “vous voyez on est tolérants: on vous laisse repartir en vie petites merdes!”. Je suis au milieu de cette action et un mec me prend a parti, fier de lui, t’as vu comme on les encule les antifa hein, t’as vu? Je lui réponds plutôt posément que faut quand même faire un peu gaffe parce que c’est quand même des mineurs et que ça craint quand même. Le mec qui se mouille pas. Heureusement mon pull xxxxx xx xxxxx fait diversion car son attention se détourne sur mon magnifique logo xxx
GOATMOON
S’il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord (mais surtout moi avec moi-même), c’est que le black métal est le medium musical le plus expéditif pour exprimer des sentiments négatifs, cathartiques (placement de mot de merde appris en bac L, sortez le a une Tinder date avec un gothique ça marche a chaque fois) et de misanthropie extrêmes. GoatMoon donne directement le ton. C’est avec un plaisir coupable que j’assiste à une heure de show glaçant, d’une grande qualité musicale avec un chant qui n’est pas sans rappeler les débuts de Hecate Enthroned ; ou encore le génial Hat sur l’album Pentagram de Gorgoroth, qui est au passage un album majeur du black metal des années 90. Le public est un peu moins agité et les gens du premier rang semblent encaisser toute cette énergie négative comme une parole prophétique. Par moments dans la fosse, chacun est dans ses pensées et je me surprends moi-même à me laisser emporter par ce Blizzard musical. C’est pour moi le meilleur groupe de la soirée musicalement parlant.
PESTE NOIRE
Je crois que le concert commence vers 3 heures du matin, pas mal de fans du début de soirée ; alors rendus gaillards par l’hydromel ; sont à présent endormis comme des bébés aux abords de la salle, leur petit sachet de merchandising servant d’oreiller de fortune. Mon premier intérêt est d’observer le batteur qui est de l’excellent one man band SÜHNOPFER, un black metal aux élans épiques de Sacramentum et je crois non politisé, dont l’album « offertoire » fut une des grandes sorties de 2015 (Apres « waiting for love » de Avicii bien sûr). Famine sait tenir son public et ce dernier passe le set entier à réclamer le morceau “dans ma nuit” qui n’arrivera jamais. Les mecs, la récréation commence, profitez déjà de ce qu’il y a! Famine véhicule une image plutôt orientée Frontiste harassé, une France des racines et du terroir, avec une qualité évidente dans l’écriture (pas dans le sens évidemment). L’audace de un ou deux passages en débit rap, ainsi qu’un Dab placé vers la fin du set et qui rend COTOREP d’admiration mon pote coreux font de Famine un personnage assez atypique. Sans vraiment se mouiller, il accepte pourtant que sa musique draine le festival d’aboiements nationalistes dans la fosse. Je suis mal à l’aise, échange de regards avec les potes qui sont eux aussi navrés d’être la. La bonne humeur et les ballons rose de l’Obscene Extreme nous manquent… Vers le milieu du concert, Famine entonne un « antifa enculés » qui trouve écho dans tout le public.
Au final, cette date a réuni des metalleux relativement neutres, sous le discours de “je viens pour la musique”, et des individus bien plus engagés qui voyaient là une rare occasion de se réunir. Est-ce qu’en observateur j’ai contribué à la banalisation de ce type regroupement? Comment interpréter ces types d’extrémisme, en rupture totale avec une notion de bon sens?Manges tu quand même des Kebab quand tu es facho? quels outils pour stopper les idéaux NSBM dans un style musical pourtant riche et fédérateur? Peut on tenir le discours que la musique et les idées sont dissociables? Je voulais faire ce papier, peut-être pour me racheter une conscience (parce que je sais que mon Karma est foutu pour dix ans !) et parce que je pense que c’est tout le monde du metal qui doit s’interroger sur ses branches les plus extrêmes. La musique quelle qu’elle soit est basée sur le partage, la communication, et l’acception de l’autre (oh purée je me calme je m’altermondialise la).”
publié sur facebook par une personne désirant rester anonyme par sécurité (a reçu des menaces)
Chronique live Call Of Terror
http://www.facebook.com/VxDxM/posts/1858754341076424
“Ce week end, je suis allé a la soirée Call of Terror. Pas que je sois adepte du NSBM, au contraire, l’idéologie me fait gerber… mais plutôt que je reste un grand curieux notamment pour tout ce qui touche la musique et plus particulièrement le métal; qu’on m’avait vanté la qualité de certains groupes sur le plan musical uniquement et aussi, l’engouement pour ce milieu en ces périodes anxiogène m’intrigue beaucoup sur le fond… Les groupes se sont ils améliorés ou le public s’est il radicalisé?
Armé de tout mon second degré en stock et de ma critique musicale la plus impartiale, c’est partie pour se une soirée NSBM très attendue dans ce milieu que je connais surtout de réputation mais très peu en vrai; avec l’idée que je peux, l’espace d’une soirée, prendre suffisamment de recul et repousser ma tolérance, jusqu’à tolérer l’intolérance. Ca peut paraître super con et maso je l’accorde, mais être une expérience sociologique inintéressante et enrichissante.
Avant d’aller plus loin, j’insiste sur 2 points.
Toi le FAF, merci de pas me soûler pour y être allé sans coller a ton idéologie et de pondre ce texte ensuite; mais de le prendre pour ce qu’il est: un constat sur cette scène et une critique musicale.
Toi l’ANTIFA, merci de pas me soûler pour y être allé sans coller a ton idéologie et de pondre ce texte ensuite; mais de le prendre pour ce qu’il est: un constat sur cette scène et une critique musicale.
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Concert privé, avec info gardées secrètes jusqu’a l’après midi même de l’event. Une petite excitation, l’impression d’attendre l’infoline 3672## pour aller en teuf dans les années 2000 et d’éviter les flics, sauf que la, ce sont les antifa qu’on tente d’esquiver j’imagine. Nous avons le lieu, l’heure et les infos quelques heures avant l’ouverture des portes. « 18h30 à la salle des fête communale Jean Bouchard à St Genix sur Guiers, vers la tour du pin dans le 73.
Pas d’appareil photo, pas de portable également pour éviter les photos / vidéos bien sur, et…. pas de couteau ».. wtf, ça sent la soirée zen… On arrive a 20h30, les portes ouvrirons quelques minutes plus tard. Il y a une énorme file d’attente devant la salle des fêtes du bled, tous sirotant des bières par -5 °. Le publique encaisse calmement les 2 heures de retards.On rejoint des potes plutôt branchés DSBM déjà dans la file … On carotte une bonne 150aine de personnes et bonne demi heure d’attente, désolé les gars.L’ambiance a l’air plutôt tranquille bien que l’on croise pas mal de regard un peu parano et qu’une certaine tension plane vue l’affiche plus que controversée.. Je fais pas trop gaffe aux patch et logo de hoody mais tout le monde est sur son 31.
Entrée dans la salle. Assez bien organisée au premier abord, il y tout un staff avec des brassards et service de sécu avec détecteurs de métaux… mais ils font uniquement des palpations à l’arrache… et un scan électronique de ticket.. mais il ne marche pas et le mec vérifie a l’œil si c’est bien une vrai impression de ticket et si il y a bien un nom dessus car ils demandent aucune pièce d’identité pour valider ça. Tout ça parait un peu en carton du coup. Ils vendent des tickets boisson à l’entrée, je demande s’ils en vendent uniquement ici, on le répond « oui, mais tu n’es pas obligé de les prendre maintenant, t’as le droit de revenir pour en racheter» réponse bizarre, ça me parait évident que ce ne sont pas des tickets de rationnement….. ils vendent de la bouffe aussi (hot dog à saucisse de francfort uniquement).
Soif, faim… on va prendre ce qu’il y a pour tenir, j’ai rien prévu de ce coté comme un gros con. Je commande 1 bière, un coca et un hot dog. Le mec me demande la sauce, puis me redemande ce que j’ai dis pour les boissons…Il me ramène le hot dog en me redemandant ce que je prend avec la bière car il a oublié, encore. Il a une croix gamme tatouée dans le coup et une insigne SS de l’autre coté il me semble. A l’évidence il a un petit souci de mémoire vive et aime bien la muscu. Ce gros cliché m’amuse légèrement. Les concerts vont attaqué, il est plus de 22h30.
BAISE MA HACHE … ou la grosse blague qui BAISE TON CASH
Le premier concert va commencer. Les savoisiens séparatistes (a en croire leur visu arborant la croix de savoie, étant savoyard a moitié, je connais les savoisien et leurs discours pour en avoir eu dans la famille) d’Annemasse de Baise Ma Hache (BMH) ouvrent le bal.
On voit leur logo de partout, [NDLR : un logo qui utilise les symboles des jeunesses hitlériennes (la hache et l’os)] 1 mec sur 3 a un T shirt, un sweat ou un patch dans le dos a l’effigie du groupe, on se dit que ça doit valoir le coup vu la variété de merch et la quantité achetée par les fans, leur graphismes est assez bien foutus faut dire et les slogans très explicite d’appel a la violence de type « une lame pour les infâmes » ou des illustration old school de guerrier type “croisé” plantant un couteau dans l’oeil d’un mec enturbanné, ça me rappel la propagande de DAESH a l’envers.. ça attise ma curiosité niveau musical. Un show catastrophique. Les gratts sous mixées sont pas carré du tout, surtout coté jardin et la batterie plus qu’approximative. Pas de basse. L’ingé son oubli de compresser la caisse claire et on sent bien que de toute façon, la source est déjà très très moyennement exploitable, les toms sont ultra surmixés et la voix a la bourre de 1/4 de temps à 2 temps au long des riffs. j’essaye de pas prêter trop attention aux discourt qu’il tiens, difficile vu qu’il répète ses quelques phrases en boucles. ça martèle le crane avec des rimes en français digne d’un enfant de 12 ans. La musique est vraiment ultra simple et pas vraiment intéressante… du sous noir désir immature en mode mineur mal joué avec la voix d’un mec bourré en fin de soirée, blindée de delay. Un quatuor qui a du mal a se synchroniser, a l’évidence, se sont des zicos en carton ou ils n’ont jamais répété. Mais apparemment ya des fan de ça. Fin de leur concert avec très peu d’applaudissements entre les morceaux, mais beaucoup de main droites tendues pendant. Ils veulent rejouer une musique, j’entend quand même dans le fond des mec gueuler et casser un silence malaise de concert raté « NON » « ARRETE CA MAINTENANT!!! » ça me fait marrer, je suis complètement d’accord. Il méritent bien une interdiction de scène… pour leur musique totalement nulle a chier . Mais ils rejouent … une de leur zic déjà interprétée 15 min auparavant, ils passent une minute à se mettre d’accord sur le titre, ce qui montre l’étendu de leur répertoire et le professionnalisme du groupe. Je les rebaptise naturellement « Baise Mon Cash » (BMC, le BHV du NSBM), tant ce groupe a passé à beaucoup plus de temps a imprimer des T shirt et patch, bonnet hoodies, drapeau etc.. qu’a faire de la musique. Quelle arnaque ce groupe, si on peut appeler ça un groupe. Totalement a nulle chier. C’est clairement la propagande haineuse et l’appel à la violence qui font leur 6000 like sur facebook et leur visibilité, artistiquement, c’est le désert du Sahara. Ça promets pour la soirée ou je pensais m’intéresser principalement à la musique ..
DARK FURY… soporifique et perdu 4% de mon audition.
La suite, Dark Fury. Ca a l’air de sonner un peu plus carré (pas dur), bien que lent et ultra simple… soporifique… et le mix pitoyable en façade les aide vraiment pas. Le micro tom medium est HS et défonce les enceintes (et les oreilles des spectateurs) à chaque roulement, yen a souvent donc assez inaudible. Les ingés sons n’ont pas l’air de tiquer et d’essayer de relever la barre, je les regarde, ils se faisaient des selfies :/. Très peu de kick et de grat encore.. Concert de basse / cymbale / tom qui grésille et voix en somme, je manque de m’endormir même si c’est un peu mieux que Baise Mon Cash et ces coups de tom me font sursauter toute les 40 sc en me détruisant un peu plus l’oreille interne. Le publique décomplexé continu a zieguer en cœur de plus en plus sans etre dérangé par une qualité de son à chier. ça y est , j’ai épuisé 300% de mon second degré et 3000 % de ma critique musicale. Je commence à me demander ce que je fous la, restons pro… même si ça va être chaud pour la suite, on prend sur soit et on essaye d’apprécier ce qui peut l’être… s’il y a, et c’est carrément mal barré. Pour l’instant on est pas dans l’art mais dans le rassemblement fasciste.
j’en profite pour m’intéresser un peu à ces personnes qui passent des minutes entière la main droite en l’air en mode « je saigne du nez ». Mais qui peuvent ils bien être tout ces gens… est ce qu’ils savent que le mec qui a inventé ce geste a décimé l’Europe ya quelques décennies en massacrant des peuples et qu’encore aujourd’hui on paye tous très chère les pots cassés et que les répercutions on une échelle mondiale même 70 ans apres..? Je constate que ce sont des gens plutôt lambda, allant de la gamine de 16 ans au métaleux moyen. Bien sur, ya des passionné du levage de fonte et des coupe de cheveux très dégagée ça et la qui se la donne en gonflant leur gros biceps bien serrés dans des T shirt ultra moulant.. mais c’est pas du tout la majorité loin de la, yen a une 20aine a tout péter qui impose leur style devant les quelques gothomeuf qui jubilent… le reste du public, du beauf bourré avec des patch Motorhead et du fébrile avec un T shirt cradle…. public métal lambda en somme.
GOATMOON, un bon groupe très pro qui assume ses convictions politiques…. sur youtube.
3eme groupes, les finlandais de Goatmoon J’avais un peu vu leur vidéo sur le net avant de venir… c’est clairement affiché adorateur du 3eme reich et je m’attend à pire sur scène. Pourtant, a ma grande surprise peu voir pas de référence à quelconque mouvement du genre. Après, je ne comprend pas le finnois… la voix du chanteur est ultra ridicule au début du show.. et puis au bout d’un moment, ça passe, je sais pas si ça vient de l’ingé son, de ses cordes vocales plus chaude ou d’une adaptation de mon oreille. La musique et le show sont très pro. Ils sont grimés, il y a un flûtiste, un guitariste acoustique, 2 guitares, basse, batterie et chant, enfin un vrai groupe qui ne fait pas soit de la musique de merde, soit des salut nazi toutes les 8 minutes pour rassembler un peu de public. Du coup j’apprécie plutôt le coter dansant et cette première prestation qui en vaut la peine musicalement. Plaisir de voir 6 personnes jouer raccord après des trio / quatuor qui n’arrivent pas a plaquer 2 croches à l’unisson. Une sorte de Gorgoroth des début, très efficace, ça commence a bouger dans le pit. Le public ziegue en cœur tout du long et de plus en plus nombreux, le chanteur n’a pas l’air de relever ça, je l’ai d’ailleurs pas vu faire ce geste, levant le poing plutôt que la main tendue, sauf a un moment ou sa main s’est ouverte et il a fait une mimique « oups » comme si c’était pas assumé ou alors qu’il se sentait surveillé, contrairement au autres groupes français déjà passés. Je me laisse imaginer que vue leur professionnalisme, ils savent que faire ça en public, dans un pays qui n’est pas le leur, c’est jouer avec l’épée de Damokles de l’interdiction de scène… Ce groupe m’a un peu remis sur pieds, heureusement, ils sont arrivés à point nommé j’en étais presque à me mettre au DSBM tellement la soirée est déprimante de mon point de vue… l’impression que personne n’a relevé que les 2 groupes d’avant avaient très mal jouées, étaient très mal sonorisée et très pauvre musicalement… c’est assez pathétique.
Mon pote me raconte qu’il vient d’être témoin d’une agression dehors, très vite maîtrisée. Un mec se serait pris des droites parce qu’il avait un bonnet style rasta. Ce qui est un peu logique pour le bonnet vu la température glaciale, pour le reste, peut etre du second degrés qui passe apparemment pas du tout. La sécu calme les énervés et éloigne le pauvre mec en sang en lui disant un truc du genre « la, on t’a aidé mais la prochaine fois on sera pas la pour te sauver la vie. Tu peux pas venir ici avec un symbole de l’Afrique!! » (le Jamaïque est donc en Afrique). En passant, je précise que le publique était exclusivement blanc.. Évidement.
PESTE NOIRE envoûtant les foules affamées de bonne musique…. et d’incitation à la haine.
Dernier groupe, les controversés Peste Noire, ou Kommando Peste Noire alias KPN, dont la musique m’a été vanté nombre de fois malgré l’idéologie et le passé néo nazi des membres, il me semble, aux vues de certaines photos qu’on trouve en 3 clic sur le net. [NDLR : ce n’est pas du passé, KPN incarne la mouvance néonazie actuelle] Le chanteur fondateur du projet alias Famine arrive en survêt’ sur scène. Décalage complet. Je connais très peu ce mec, juste vu une interview ou il se disait Racialiste et non Raciste (le concept de dire par exemple, « j’ai rien contre les noirs, mais qu’ils restent chez eux, qu’ils partent de chez nous »). Ca attaque, c’est propre et carré, ça blast, la voix est mega haineuse, sont timbre est bien particulier et très cohérent avec la musique. Ce mec a une voix, un niveau musical et un Charisme bien trempé, apparemment il compose tout. C’est indéniablement un bon zicos et un bon frontman, et ça fonctionne très bien sur le public qui l’idolâtre. Entre chaque musique, il à un mot identitaire ou haineux. Un show très bien préparé. A part quelques soucis techniques plutôt causé par les ingés son, rien a redire la dessus. Il invite le chanteur de Baise Mon Cash a gâcher un de ses morceau… pourquoi pas, bizness is bizness après tout.. On assiste a un élan générale lancé par Famine « ANTIFA !! FILS DE PUTE !! » un de ses slogan imprimé sur leur T Shirt je crois… repris en cœur par le public conquis. Famine doit même les arrêter pour pas qu’ils hurlent ça en boucle à l’infini, il a l’air de perdre un peu le contrôle des mecs qu’il engraine.
[vidéo des NSBM sympathisants néonazis qui reprennent en chœur “antifa = fils de pute” ]
Le public est vraiment a donf , festival de zieg heil lancé soit par famine, soit par le public naturellement t. Ils sont bien au moins 200 / 300 à le faire en même temps. … Fin du concert, 4h30 du mat.
On se barre rapidement, ya de la route et surtout, on est complément assommé par la soirée qu’on vient de vivre.
FIN
2 points positifs pour ma part sur cette soirée : Le premier est que j’ai trouvé certains groupes très au point niveau musical et que j’ai apprécié ceci ce qui m’a permis de pas trop me focaliser sur le discourt, mais c’était pas évident ;.
Le deuxième est que ça m’a grandement ouvert les yeux sur l’état de la scène Black métal ; je dit bien black métal sans faire de sous genre justement car le NSBM est grandissant, très grandissant, et qu’aucun adepte de black métal ne peut ignorer ou ne pas connaitre quelqu’un dans le NSBM tant ça devient répandue, et que donc, cette idéologie est tolérée, accepté et fait pleinement parti du décors et en passe de devenir une scène phare du genre…. a moins d’avoir passé les 10 dernières années dans une cave…. Et surtout sans internet. Des chiffres, un constat 500 personnes environs, venue des 4 coins de France et pays voisins, c’était la fréquentation de ce concert, et le nombre de prévente. 10 ans, c’est a peut prés ce qu’il a fallu pour que les thèmes autour de satan et de la haine du christianisme passent le relais aux thèmes de l’invasion arabe et de la haine de l’islam, des étranger en général, mais surtout des différence ethniques. 2017, c’est notre années, et apparemment faire un salut nazi à 500 est acceptable et autorisé dans une salle des fêtes en France, même si c’était indiqué « soirée privée ».
Énormes inquiétudes :
Les nazi envahissent le black métal purement et simplement et tout le monde suis ou minimisé. Le mouvement NSBM en plein essor et à la mode est radicalement décomplexé et sans retenue, et ça va pas en s’arrangeant. Avec l’apologie du nazisme, de la violence et de l’intolérance la plus primaire pour certains et beaucoup d’effet de groupe. C’est pas la première fois que j’assiste a des manifestation de la promotion du nazisme malgré moi, mais la c’était impressionnant par la densité et sa décomplexions. Ca me renvoi aux polémiques sur les débats d’interdiction du Festival Ragnarock qui à lieux depuis 2 ans dans l’ain ( ou on peut constater aussi bon nombre de salut hitlérien, de logo faf et neo nazi sur le public ou bien caché dans les shop) . Même si ce fest est «plus ouvert » et se dit apolitique pour pouvoir exister, il rassemble finalement aussi ce publique et participe à la banalisation et l’émancipation de cette idéologie. Cela stigmatise aussi ceux qui aiment simplement le reste de la scène BM / PAGAN, et ils sont nombreux, ou plus largement le métal dans l’inconscient collectif ; et qui sont exposés en première ligne à la propagation des idées racistes. Quoi qu’il en soit mon second degrés a été lapidé x 8000, ma critique musicale en a pris quand même sacrément pour son grade, même si 2 groupes sur 4 on fait leur boulot de ce coter ; et mes craintes et sur l’avenir de cette scène sont décuplées.“
les fautes d’orthographe ont été conservées
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Ce week-end, la région lyonnaise va accueillir un concert de black metal néonazi.
Ce samedi 28 janvier, à proximité de Lyon, on attend plus de 400 personnes en provenance des quatre coins de la France pour un concert de la scène National Socialist Black Metal (NSBM).
Sur la page Facebook de l’événement intitulé « Call of terror », les organisateurs restent évasifs et parlent de la « région lyonnaise ». Comme souvent en la matière, ils indiqueront au dernier moment aux participants l’endroit exact où il leur faudra se rendre.
Et les forces de l’ordre disent ne connaître, elles aussi, qu’au dernier moment le lieu précis du rassemblement. C’est ce qui c’était produit pour les tournois de free-fight ou les autres concerts organisés par la mouvance Blood and Honour, qui est encore à la manœuvre pour cette date du 28 janvier.
Blood and Honour : des organisateurs néonazis accueillis par le GUD
A Lyon, nous connaissons bien Blood and Honour, qui tire son nom de la devise des Jeunesses hitlériennes.
Ils organisent essentiellement des concerts de groupes de RAC (Rock Against Communisme). Et aujourd’hui ils s’ouvrent donc à un autre type de musique : le National Socialist Black Metal (NSBM).
Mais très marqué et très suivi par la police, Blood and Honour a, une fois de plus, pris un autre nom, pour cet événement, qui est officiellement organisé par « Call of Terror ».
Les membres lyonnais de Blood and Honour avaient créé un local à Gerland, le « Bunker Korps Lyon » fermé en mai 2011 sur décision de la Ville de Lyon. Sa philosophie pourrait se résumer à « bière, foot et baston », sans rechigner aux bras tendus.
C’est d’ailleurs dans le local du GUD dans le centre de Lyon que deux des quatre groupes ont prévu, ce dimanche, de « rencontrer » leurs fans.
Ouvert fin septembre, « le Pavillon noir » est un lieu dont l’adresse est, elle-aussi, tenue secrète.
Des références explicites au nazisme
Quatre groupes vont se succéder pour ce concert : les Français de Baise Ma Hâche et Peste noire (qu’on pourra retrouver chez le GUD le lendemain), les Finlandais de Goatmoon et les Polonais de Dark Fury.
Concernant les deux groupes hexagonaux, un post de La Horde apporte des éléments pour Peste Noire. On apprend notamment que sa création en 2001 a été associée à une démo intitulée « Aryan Supremacy ».
Son nom ferait référence à la peste bubonique qui décima la population européenne entre 1347 et 1352, et qui donna lieu à de nombreux pogroms anti-juifs. Sur des photos, on voit le leader du groupe, « Famine » faire un salut nazi avec les ultra-nationalistes ukrainiens de Secteur Droit et du régiment Asov, accompagnés des Suisses de la Misanthropic Division.
Baise Ma Hache fait explicitement référence au nazisme ainsi qu’à l’extrême droite française.
Dans un dossier diffusé en juin 2015, à l’occasion d’un concert à Saint-Etienne, des antifascistes stéphanois avait diffusé un dossier sur ce groupe. Le concert avait été annulé par les organisateurs.
Outre un logo qui utilise les symboles des jeunesses hitlériennes (la hache et l’os), Baise Ma Hache reprend intégralement un poème de Robert Brasillach dans une de ses chansons, et c’est sans compter l’hommage fait à Dominique Venner, une autre figure de l’extrême droite radicale.
Demande d’interdiction et appel à la vigilance
Dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi, l’association « Agir pour l’égalité », demande l’interdiction de ce type de rassemblement néonazi :
« Après le Ragnard Rock Fest – organisé dans l’Ain l’année dernière avec l’autorisation de la Préfecture alors même que plusieurs groupes appelant ouvertement à la haine raciale étaient programmés – la région Rhône-Alpes serait-elle devenue la nouvelle terre d’accueil des néonazis ? »
L’association a également envoyé un mail à toutes les mairies de la Métropole de Lyon, du Rhône et du Nord Isère pour leur demander d’être vigilantes :
« Agir pour l’égalité appelle les maires des communes à la plus grande vigilance face à la possibilité d’un rassemblement politique néonazi sur leur commune. Nous les invitons à vérifier l’authenticité des réservations faites dans les salles communales et à prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs administrés de potentiels dégradations, insultes et actes de violences physiques ».
Généralement, les salles municipales sont en effet réservées pour un simple anniversaire. Ce fut encore le cas pour le dernier concert connu Blood and Honour, il y a un an dans la petite commune iséroise de Torchefelon.
> Mise à jour du 4 février : Le concert s’est finalement déroulé dans la salle des fêtes de la commune de Saint-Genix-sur-Guiers, à 80 km de Lyon, à limite de l’Isère et de la Savoie. Selon divers témoignages, plus de 400 personnes y ont assisté. Le maire de la commune reconnaissait dans les colonnes du Dauphiné s’être fait « grugé » puisque la soirée a été réservée « pour une réunion de motards ».