White Wolf Klan

Le White Wolf Klan était un groupuscule néo-nazi ayant opéré en Picardie, principalement autour de la ville de Ham, au début des années 2010. Son leader, Jérémy Mourain, bras droit de Serge Ayoub en Picardie, crée un groupe autonome, en juillet 2013 à la suite de la dissolution du groupe Troisième Voie, après la mort de Clément Méric. Le groupe multiplie les agressions racistes et les actes de délinquance avant d’être arrêté. Mourain sera condamné à 9 ans de prison en mars 2017.

Origine

Originaire de Ham, Jeremy Mourain, né en 1990, rencontre Serge Ayoub à la fin des années 2000.
Mourain monte les échelons et devient le bras droit d’Ayoub en Picardie.
Dès ses 18 ans et déjà le crâne rasé, il se distingue dans une « ratonnade » du côté de Crouy-en-Thelle (Oise) : il frappe au visage avec une batte de base-ball un automobiliste « trop bronzé », puis brise le pare-brise. Il est condamné à 8 mois de prison1.

En décembre 2012, Thomas et Clément G., qui ont milités avec les Nationalistes Autonomes (N.A) sont lynchés par Mourain et sa bande lors d’un guet-apens organisé dans un garage à Estrées-Mons, dans la Somme2. Serge Ayoub aurait commandité cette agression après que la bande rivale l’aurait qualifié dans une vidéo de « sale juif »3,4.

La bande de Mourain s’attaque peu après au Picard Crew, autre groupe nationaliste local concurrent.

Mourain soupçonne le leader du groupe Picard Crew , Werner Riegert, de l’avoir dénoncé à la police, et brûle le local de son groupe en guise de représailles. Cette attaque s’inscrit dans la tentative de Mourain de s’assurer la première place dans le mouvement identitaire de Picardie et du Nord, en pleine croissance5.

Dans la nuit du 1er au 2 janvier 2013, une douzaine de membres du groupe s’attaquent à coup de barres de fer au bar La Chicha, à Chauny1.

En mai 2013, le groupe passe à tabac un automobiliste en train de discuter avec des forains. Jérémie Crauser et Christopher Letrou, co-accusés lors du procès de mars 2017, déclareront : «On était venu pour chercher la merde, c’était de la violence bête et méchante», «Quand on s’emmerdait, ça finissait souvent comme ça.»6

Serge Ayoub attribue un parrain à Mourain : Yohan Mutte, skinhead connu dans la région lilloise pour avoir attaqué un bar gay le 17 avril 2013, le Vice et Versa, après la dispersion de la Manif pour tous2.

Actions du WWK

En juillet 2013, quelques jours après la dissolution de Troisième Voie, à la suite de la mort de Clément Méric le 5 juin 2013, Mourain crée le WWK et s’affranchit de la tutelle de Serge Ayoub. Sous couvert d’une association de motards inspirée de la série Sons of anarchy et du mouvement biker (bien qu’un seul des 19 membres du groupe ait un permis moto, et qu’aucun n’en possède une), le WWK est une organisation paramilitaire hiérarchisée et soumise au pouvoir de Mourain6.

Dès lors les « Loups blancs » multiplient les actions violentes et mêlent activisme raciste et délinquance de droit commun : agressions racistes dans un supermarché, expédition punitive à une fête foraine, jets de cocktails molotov dans un camp de roms. Le groupe s’attaque à un dealer qu’ils frappent et séquestrent à son domicile. Il n’hésite pas non plus à commettre des cambriolages pour remplir les caisses en s’attaquant à des membres du milieu nationaliste, et se lance dans le trafic de drogue. Pour financer son amour de la cocaïne et du speed, Mourain commandite des braquages de supérettes, de bars-tabac, de boucheries, tout comme des siphonnages de réservoirs d’essence3.

En novembre 2013, Mourain envoie des membres du WWK, cagoulés, passer à tabac à leur domicile d’anciens membres du clan, Laurent L. et Sarah M. pour régler une dette de stupéfiants6.

Le 3 janvier 2014, Mourain organise le lynchage d’un membre du WWK accusé d’être proche d’un ancien membre ayant déserté le groupe : coups de batte de baseball dans les testicules, coups de pied dans la tête, étranglement6.

En octobre 2014, Mourain écope de 18 mois de prison pour avoir un mois plus tôt, avec deux membres du WWK, brisé à coups de batte de base-ball le genou d’un homme, coupable d’avoir bu une bière devant son immeuble en compagnie de deux autres hommes dont un ancien du clan1.

Chute, procès et condamnations

Ce sont les frères lynchés, qui décident de porter plainte au commissariat de Peronne, un peu après le guet-apens d’Estrées-Mons, le 8 janvier 2013. L’enquête d’une ampleur inédite durera 4 ans, une trentaine de perquisitions et des centaines d’heures d’auditions seront menées par les gendarmeries de Ham, Péronne et de la brigade de recherche d’Amiens. Le 9 mars 2015, 15 personnes sont arrêtées à leur domicile à Chauny, Compiègne et Ham7.

18 membres du WWK âgés de 22 à 53 ans ont répondu lors de leur procès du 27 au 30 mars 2017 de 35 infractions commises entre 2012 et 2014 : violences avec arme, séquestration, dégradation de biens par incendie, vol aggravé, participation à un groupe de combat, association de malfaiteurs et tentative de meurtre.

Le plus âgé, Serge Ayoub, comparaissait sous contrôle judiciaire, tandis que Jeremy Mourain était placé en détention provisoire depuis mars 2015 : il avait déjà écopé de 11 condamnations pour de multiples détentions ou port d’armes, actes de violence, recel.

Au cours de sa détention dans l’attente de son procès, Mourain confie à une connaissance par téléphone (placé sur écoute) « avoir tué un homme » et s’inquiète : « pourvu que le juge n’aille pas chercher trop loin dans ma période lilloise ». Les enquêteurs remontent alors aux affaires des « noyés de la Deûle » : Hervé Rybarczyk aurait été assassiné, 3 personnes sont mises en cause, dont Yohann Mutte, mais aucune preuve n’est apportée contre Mourain8,9.

Le 30 mars 2017, Jérémy Mourain est condamné à 9 ans de prison ferme pour violences aggravées, vol et organisation d’un groupe de combat. Jérôme B., 42 ans, chaudronnier intérimaire et ancien militaire, et considéré comme l’éminence grise du groupe est condamné à trois ans ferme. Les autres membres du clan écopent de peines de six mois à cinq ans de prison, toutes assorties de sursis et aménageables. La plupart ont reconnu les faits et exprimé leurs regrets durant les débats. Selon l’un des avocats de la défense, « C’est un jugement plutôt clément ». Serge Ayoub bénéficie d’une relaxe10,11.

Le procès a permis de mettre en lumière les ressorts psychologiques et sociétaux qui ont conduit les prévenus à rejoindre le WWK et à y rester : famille absente, addiction aux drogues, milieu social modeste, racisme ambiant, effet de groupe, logique grégaire, emprise d’un leader décrit comme « manipulateur », « narcissique », « ultraviolent », « sadique », « polytoxicomane »11.

« Pour moi, la prison, c’était le clan » déclare Christopher Letrou, l’un des plus jeunes prévenus. « La vraie prison, elle m’a libéré du groupe, en me remettant dans le droit chemin. Mais les faits que j’avais commis étaient là, ils sont graves, avec cette peine, ils sont reconnus, et moi je me sens définitivement libéré »11.

https://fr.wikipedia.org/wiki/White_Wolf_Klan

Serge Ayoub encore dans une histoire de bourrage de crâne de militants nationalistes en Picardie

En mars 2015, des nationalistes proches de 3ème Voie (organisation dissoute suite au meurtre de Clément) sont interpellés dans le centre de la Picardie. Ils faisaient tous partie d’une bande, les WWK – White Wolfs Klan, dont les membres vivaient de cambriolages, de braquages, et imposaient leur conception du nationalisme en réglant leurs comptes à ses concurrents d’extrême droite. Dans cette affaire, Serge Ayoub, ancien leader du groupuscule 3ème Voie, a été mis en examen et devra passer devant les tribunaux. En parallèle, il continue ses activités dans son club de bikers, toujours en Picardie.

Les activités du WWK

Ayoub dans la Somme en octobre 2011 aux cotés du secrétaire général du Parti de la France

Finalement vingt membres du WWK devraient être jugés en mars, dont Serge Ayoub, pour complicité de violences aggravées. Cette bande était organisée autour d’un président, Jérémy Mourain, qui aurait fréquenté régulièrement l’ancien Local d’Ayoub à Paris et aurait joué les gros bras pour son organisation. Pour se financer, les WWK n’hésitaient pas à commettre des cambriolages, des vols de véhicule, d’alcool ou de tabac. Ils ont aussi attaqué un bar à chicha de Ham, la ville de Mourain, en se déclarant « contents, car on avait attaqué les Arabes ».

Le Chef des WWK, Jérémy Mourain, s’était déjà distingué en 2008 , alors qu’il n’avait que 18 ans, en frappant avec une batte de base-ball sur le fourgon d’un conducteur qui était sur sa route, fier d’avoir « bien tapé dans le pare-brise d’un gris ». Il écope de 8 mois de prison ferme à cette occasion. Plus tard, en octobre 2014, il se retrouve encore devant les tribunaux pour avoir organisé une expédition punitive contre trois habitants de sa cité – dont un ancien de son clan, qui faisaient trop de bruit d’après lui. Il se présente alors comme le fondateur du WWK et ancien membre de Troisième Voie. Pour cette affaire il se retrouve avec 18 mois fermes.

Une autre personne habitant Compiègne s’était fait interpellée en mars 2015 et aurait été membre des WWK, il s’agirait d’un militant plus âgé : Jérôme Bailly, dit Jarod, 42 ans, vigile qui bossait pour Sphinx Security Privée, et aussi un ancien militant de 3ème Voie.

Le local du Picard Crew après le passage du WWK en Juin 2013

Dans le secteur de Ham – Chauny – Noyon, les groupes d’extrême droite étaient assez actifs au début des années 2010, avec le Picard Crew plutôt implanté dans la Somme, et quelques militants des Nationalistes Autonomes dans l’Aisne près de Laon. Mais cette concurrence n’aurait pas plu à tout le monde, et Ayoub aurait donc demandé au WWK de remettre un peu d’ordre. Tout d’abord, en décembre 2012 lors d’une soirée organisée par le WWK, des Nationalistes Autonomes se font nettoyer. Plus tard, en juin 2013, leurs concurrents directs du Picard Crew qui venaient d’ouvrir un local, le voient partir en fumée, les WWK se seraient amusés à l’incendier. Ces mêmes Picard Crew défilaient encore un mois plus tôt, en mai à Paris, aux côtés d’Ayoub et de 3ème Voie. Ajoutons qu’un des militants du WWK qui voulait quitter le groupe s’est fait remettre à sa place à coup de gourdins, et a fini à l’hôpital. Toutes ces dernières histoires ont conduit à des arrestations parmi les membres du WWK, car les victimes ont balancé les commanditaires.

Ayoub dans tout ça

Ayoub avec sa nouvelle tenue de Black 7 France

Ayoub comme toujours se désolidarise de ses camarades. Après le meurtre de Clément, il disait ne pas connaître Esteban Morillo. Dans l’affaire du WWK, il dit connaître Mourain, mais nie avoir commandité ou orienté leurs actions. Pourtant neuf membres de 3ème Voie l’auraient balancé en affirmant le contraire… La solidarité fonctionne bien dans ce milieu !

En 2012, Ayoub s’était aussi fâché avec les Nationalistes Autonomes, les traitant de punks à chien lors du C9M de 2012 ; ceux-ci avaient répliqué en le qualifiant de « sale juif », une insulte courante dans les milieux d’extrême droite. Ce qui n’a pas plu à Ayoub, qui aurait alors demandé au chef du WWK, Mourain, de « boucler ça ». C’est ce qu’ils feront lors d’une soirée à Estrée Mons, en décembre 2012, tout près de Péronne dans la Somme, où cinq membres des Nationalistes Autonomes ont été lynchés par les membres du WWK, l’un d’eux ayant reçu des coups de couteau.

Ayoub toujours actif en Picardie

Le 5 juin 2013, Clément Méric était assassiné par un militant de 3ème Voie, Esteban Morillo, originaire du village de Neuilly Saint Front, tout près du nouveau local de la bande d’Ayoub. Comme nous vous en avions informés dans différents articles, Serge Ayoub continue son petit business avec son club de bikers les Black 7 France, qui a remplacé les Praetorians, toujours avec la même équipe. Il a su influencer Morillo puis les WWK, et encore à présent on peut le voir tout près de Soissons dans l’Aisne. Ces bikers continuent leurs activités en louant leur salle de Berzy le Sec pour des animations nationalistes : en janvier ce sera le tour de Kroc Blanc, un groupe de rap d’extrême droite, de se produire au local des Black 7 France.

Les Black 7 France, les mêmes visages que les Praetorians

Les informations sur le WWK sont issues de la presse régionale ici,ici et .
La Horde

ATTAQUE DE LA LIBRAIRIE L’AUTODIDACTE : le 2eme Régiment National-Socialiste de Parachutistes en 1ere ligne

ATTAQUE DE LA LIBRAIRIE L’AUTODIDACTE : le 2eme Régiment National-Socialiste de Parachutistes en 1ere ligne

AutodidacteQu’est-ce qui a pu motiver nos braves fachos bisontins à aller s’en prendre aux volets de la librairie anarchiste l’Autodidacte (5 place marulaz)?

Est-ce la défaite de l’équipe française de rugby face aux All Blacks?
Est-ce la bière ingurgitée durant la soirée? Une dizaine de boneheads ayant été aperçus un peu plus tôt dans un bar du centre-ville bisontin ce soir-là.

Peut-être un peu des deux…  mais surtout beaucoup de bière et peu de neurones.

Parmi les protagonistes de cette virée deux noms selon les témoins sur place circulent déjà : Le Sanglier et Teddy Mairet…

On imagine le début de la journée chez les rasés du coin:
« Teddy Mairet, légionnaire en perm’ à Besac, ce n’est pas si souvent que ça arrive… et le Sanglier qui est également dans le coin… ça mérite bien une petite virée en ville entre copains aux bras tendus. On cire les Docs ou les rangeos, on retrousse les jean’s, on enfile les bombers et hop c’est parti pour une nuit de folie. »

Bref, vers les 2h du mat ce dimanche 18, les valeureux défenseurs de la race supérieure s’attaquent à la librairie l’Autodidacte. Cela devait faire longtemps qu’ils en rêvaient de se la faire, de détruire ce nid d’anarchistes, d’antifrançais, de pro-migrants.
Ils avaient déjà fait des actions spectaculaires: saluts nazis devant la librairie fermée, arrachage des horaires d’ouverture, et même se prendre en photo le bras tendu devant les volets clos…

Sanglier et John Coursault

après avoir fait coucou, ils ont arraché les horaires

L’attaque a tourné court grâce à l’intervention des militants Alternatiba et des clients d’un bar. Quelques coups ont été échangés, des bouteilles ont volé et au bout de quelques minutes, les boneheads (une dizaine selon les témoins) se sont éparpillés dans diverses directions: centre-ville, quai Bugnet, certains ont été vus remontant la rue de la Madeleine direction le fort Griffon.

Les témoins de l’attaque ont reconnu deux personnages bien connus à Besac : Teddy Mairet et Sébastien Favier dit le Sanglier. Et d’après les « on dit », ce sont eux que les flics ont serrés et mis en garde-à-vue, en indiquant de plus qu’ils étaient tous les deux dans un « état d’ébriété très avancé », mais d’après les personnes témoins place Marulaz, ceux-ci étaient parfaitement maîtres de leurs gestes et ne semblaient pas saouls. (se reporter à l’article du Collectif Antifascite de besançon : Besançon : la librairie l’Autodidacte attaquée par des néonazis)

Ils ont cassé quelques planches, donné quelques coups de poing, se sont fait arrêter comme des idiots; leurs potes courant plus vite (en frappant des passants), les ont tout simplement abandonnés.

Il y a toutes les raisons de croire que les flics les ont laissé sortir rapidement après qu’ils aient décuité, rejetant l’aspect politique de l’acte et ne gardant que son aspect alcoolisé.

Mais, on va tout de même retracer rapidement le pédigrée de ces deux personnages et se poser quelques questions sur le rôle de l’armée chez nos néonazis locaux…

 

Sanglier et Mairet, nazi stories :

1/ Le Sanglier : Sébastien Favier.
A Besançon, nombreux sont ceux qui ont déjà entendu parler du Sanglier, il est en quelque sorte le « loup blanc » parmi les néonazis locaux. La renommée de leader des fafs locaux provient essentiellement de l’image de violence qui colle au personnage (il y a aussi celle avec les poussins jaunes sur le papier peint).

Sanglier

Sanglier2

C’est vrai qu’il est baraqué, même s’il n’est pas bien haut. Il a une gueule et un look JNR qui ne passe pas inaperçus. Il traine des histoires de bastons plus ou moins vraies. On sait qu’il est dans la bande à Batskin, qu’il est pote avec les frangins Bettoni. Mais politiquement, localement, très peu savent qu’il était à 3ème Voie et au JNR. Il n’a jamais distribué un tract (il avait plus une volonté de distribuer des beignes), jamais tenu un banderole politique : solidarisme??? révolution nationale??? kézako ??? ou alors il aurait fallu boire plusieurs bières avec lui pour en savoir plus. On l’a aperçu certains soirs avec des t-shirts plus que douteux vantant le 3ème Reich ou le régime vichyste. Et s’il pouvait être dangereux de le croiser lui et ses potes à des heures tardives de la nuit, en journée ils se contentaient de pousser des cris de singes quand un noir passait dans la rue.

Bettoni 1

Sanglier au centre avec Marc bettoni (sur Bettoni voir l’article précédent)

Il a joué son rôle de chef en contre-manif guidant les boneheads du coin lors du rassemblement organisé par la CNT et le SCALP Besak le 20 novembre 2010 contre la prière de rue de SOS-Tout-Petits  (ici).

FC SOSTP

Le sanglier est au 1er rang avec le patch tricolore sur la manche du bombers

C’est surtout un cogneur, plus qu’un leader politique. C’est un chef de meute, uniquement parce qu’il sait se battre.

En fait, il reste dans ses habits de sous-off qu’il a acquis à la légion étrangère.

Car Sébastien Favier a effectivement été sergent au 2ème Régiment Etranger de Parachutistes, les commandos bérets verts de la légion étrangère. Il était déjà Bonehead avant son engagement et déjà connu par les RG (comme quoi, être fiché par les RG cela ne ferme pas la porte pour certaines carrières).

En sortant de la légion, il retourne naturellement dans le milieu nazi, et intègre les JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires) que Serge Ayoub réactive en 2010. Il y sera l’un des plus jeunes. Il y retrouve un supérieur hiérarchique (Ayoub) qui pense à sa place, et profite des manifestations du C9M pour continuer à marcher au pas.

JNR1

manifestation du C9M à paris

JNR2

Sanglier au 1er plan, Serge Ayoub est au centre

Localement, il traîne avec les membres du Front-Comtois, les Werwolf Sequania. Il est le lien entre ces groupuscules et les formations nationales JNR, 3ème Voie et de là tous les groupuscules nazis français et étrangers.

A la dissolution des JNR et de 3ème Voie en juin 2013, il y a un petit flottement. Ayoub en profite alors pour créer son club de bikers : les Praetorians MC. On savait que les JNR étaient considérés comme la garde prétorienne de Serge Ayoub, on en a désormais confirmation. Les Praetorians ne sont que la nouvelle mouture des JNR mais montée sur roulettes (et au prix d’une Harley, ça fait cher la roulette).

Praetorians MC

les Praetorians devant leur local

Praetorians MC Est

le chapitre Est des Praetorians à Chalèze

Le Sanglier se trouve alors promu responsable de la fédération Est des Praetorians. A lui de recruter et de former les futurs nazis-bikers. Il enfile son nouvel uniforme de Praetorians, même si de temps en temps il aime parader avec son vieil uniforme de JNR.

Sans trop démêler le vrai du faux, il y a déjà des rumeurs qui circulent à Dijon sur sa participation à des expéditions punitives envers certains bikers proches ou membres des Bandidos (club de bikers concurrents des Hells Angels) alors que le chapitre Bandidos Dijon bat un peu de l’aile depuis 2013 (voir ici).

2/ Teddy Mairet.
Cela fait bien 7 ou 8 ans que Teddy est connu sur Besac en tant que néonazi, comme le montre la photo du groupe de nazi-skins ci-dessous, où l’on retrouve des têtes qui ont un peu vieilli mais toujours présentes dans la fachosphère bisontine.

Annif fafs besac 1

On le retrouve ensuite au sein des Nationalistes Autonomes franc-comtois qui n’apparaissent que lors de la contre-manif rassemblant le Front Comtois et les boneheads du coin lors du rassemblement organisé par la CNT et le SCALP le 20 novembre 2010 contre la prière de rue de SOS-Tout-Petits.

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Teddy Mairet en cagoule au milieu des autres NA

On le croise ensuite chez les Werwolf-Sequania. (voir également ici)

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les Werwolfs Sequania, Sanglier à gauche, Mairet à droite à coté de sa copine. Tous les deux ont les t-shirts aux couleurs des Werwolfs Sequania

Il devient même porte-manteau pour la marque de t-shirt néonazis franc-comtoise Séquania KG (on reconnait ces tattouages).

Sequania KG

Berlin 45, n’oublie jamais ! ; T-shirt à la mémoire de la division SS Charlemagne qui a défendu le bunker d’Hitler en 45

Il participe aux deux agressions qui ont eu lieu à Besançon au pub de l’Etoile en 2012 (voir ici ),

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Teddy Mairet de dos avant l’agression. Vétu du logo des Werwolfs Sequania

puis devant Ze Musik All (voir ici), les personnes sur place ont reconnu la carrure et la démarche de Teddy Mairet qui était cagoulé ce soir là.

Suite à l’agression face au bar Ze Music All, une manifestation a été organisée par le CAB (collectif Antifasciste Bisontin). En marge de cette manifestation, un groupe de néonazis a été vu en ville ce samedi après-midi. Ils se sont retrouvés dans un bar non loin de la place de la Révolution. Ils étaient 11 néonazis, les mêmes qui ont commis les différentes agressions des 3 années précédentes dont Teddy Mairet. Au moins 2 d’entre eux se sont fait interpeller par les flics au centre-ville en possession d’armes. Les interpellations ont empêché une éventuelle attaque néonazie sur la manif ou plus probablement sur des manifestants à la fin de la manif quand ceux-ci se dispersent (voir le compte-rendu de la journée sur le site du CAB).

Peu de temps avant l’agression devant Ze Music All, Teddy Mairet participait avec ses copains des Jeunesses Nationalistes Franc-Comtoise (dont Roman Vieille-Girardet) à la « manif pour tous » le 2 février 2013, quelques mètres derrière certains élus UMP du Doubs.

MPT1

Mairet avec les JN au milieu des réactionnaires comtois

Suite à cette manifestation, il y a eu une accalmie dans les actions fascistes. Accalmie qui s’est prolongée après la mort de notre camarade Clément Méric.

Mairet s’engage dans la légion étrangère, dans le même régiment que le Sanglier : le 2ème REP (et je me répète : « comme quoi, être fiché par les RG cela ne ferme pas la porte pour certaines carrières »)

Mairet

Teddy Mairet en Opex (photo de son facebook)

Comme le montre la photo ci-dessous, il en profite pour compléter ses tatouages.

Teddy Mairet

Le légionnaire Mairet

« Meine Ehre heißt Treue »
En décembre un patch sur l’uniforme d’un soldat français en opération extérieure (Opex) fait polémique dans les médias. Il fait référence à la devise des waffen SS : «Meine Ehre heißt Treue» =«Mon honneur s’appelle fidélité» (voir l’article du huffingtonpost).

patch SS

Et ce sont « ***Ehre heißt *** » que l’on aperçoit sur le haut de la poitrine de Mairet…

Ehre heißt
L’armée que l’on appelle couramment la grande muette, devrait également s’appeler la grande aveugle, ou la grande hypocrite…

Extrait du huffingtonpost:

Joint par Le HuffPost, le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’Etat-major des armées, confirme l’existence de cette photographie. « La photo a été postée l 19 décembre sur Facebook. Il est apparu ensuite que le soldat arborait un insigne d’épaule qui n’appartient pas à l’uniforme de l’armée française et véhiculant une idéologie que nous condamnons sans équivoque.

Une enquête de commandement a été ordonnée par le Chef d’Etat major et elle sera diligentée en Centrafrique par le général de commandement de la force Sangaris. « Dès que ce soldat aura été identifié, il sera immédiatement suspendu », nous a précisé le colonel Jaron sans vouloir évoquer les éventuelles sanctions qu’encourt le militaire pris en faute.

Il ne manque plus qu’à faire passer le mot mon colonel. Ou alors il n’y a sanction que lorsque le soldat est pris sur le fait par les journalistes, et qu’en règle générale, l’armée se contrefout de savoir si ses soldats arborent des insignes ou des devises nazis?

Ce qui pourrait expliquer le second tatouage…

Soleil noir

Le soleil noir sur l’épaule droite est beaucoup plus visible que la devise SS et il fait également référence à la waffen-SS.

Teddy Mairet-soleil noir

Ce symbole est largement utilisé par les néonazis

Ce symbole est largement utilisé par les néonazis

Le soleil noir est un symbole du mysticisme nazi créé par Karl Maria Wiligut, il est composé de trois croix gammées. On a recensé seulement deux représentations du Soleil noir par les nazis. Mais une est de taille : il s’agit d’un symbole dessiné par la SS dans le château de Wewelsburg dans le sol en marbre de l’ancienne Obergruppenführersaal (littéralement : salle des Obergruppenführer – salle des généraux) de la tour Nord .
Le soleil noir est un symbole dessiné par les SS pour les SS.

Comme on peut le voir, ce signe nazi est largement visible lorsque le légionnaire est à l’entrainement. Il est parfaitement assumé par Mairet vis-à-vis des autres légionnaires et surtout de sa hiérarchie, sous-officiers comme officiers.
Il serait très étonnant que ces derniers ne sachent pas ce qu’il signifie.

Mais on peut se poser la question de savoir si l’armée et plus précisément certains régiments qui vont régulièrement sur les terrains d’opérations extérieures n’ont pas avantage à utiliser ce type de personnages (que ce soit Mairet ou Sanglier).
Tant il est vrai que quand il s’agit de buter du « bougnoule », du « barbu » en Afghanistan ou du « nègre » en Afrique subsaharienne, les néonazis doivent se poser moins de questions morales, et ont certainement plus d’enthousiasme à la tâche.

Alors pourquoi ne pas fermer les yeux, tant qu’il n’y a pas de journaliste pour cafter?

… Et puis c’est tellement beau un légionnaire tatoué qui défile lors de la commémoration du 8 mai 45.

Actuellement, le gouvernement français surveille les personnes partant en Syrie pour rejoindre Daech, ou ceux s’y trouvant déjà. La peur de potentiels terroristes fait les choux gras des médias, les partis politiques, et justifie les politiques sécuritaires.
Mais quid de ce qui concerne les militants des groupuscules d’extrême droite? De la formation que certains militants nazis acquièrent en s’engageant 3 ans ou 5 ans, et pas forcément dans la légion? Qui surveille qui? Qui tolère quoi?

Il est raisonnable de penser qu’une personne comme Teddy Mairet qui lorsqu’il faisait partie des Werwolf-Sequania, des nationalistes autonomes ou des Jeunesses Nationalistes, n’a pas cessé de cracher sur les valeurs démocratiques, n’a pas cessé de faire l’éloge du national-socialisme, d’être ultra-violent, il est raisonnable (je disais) de penser que son engagement dans la légion n’est pas que motivé par un quelconque sentiment « patriotique », mais serait surtout guidé par un sentiment de haine raciste, doublé par une volonté de renforcer, en devenant un soldat d’élite, son sentiment d’appartenir à une race supérieure … Sans parler de cette fascination qu’il a pour la violence, alors, si en plus on lui colle un flingue dans les mains, …

… de quoi me conforter dans mes convictions anti-militaristes.

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Les skins de Chauny et la scène musicale gabber : entretien avec Stéphane François

Il y a un peu moins d’un an, nous avions consacré un post à  la réapparition d’une extrême droite adolescente- lycéens et tout jeunes actifs ou inactifs- férue de look, de vêtements typés, et souvent nourrie de références White Power plus radicales (suprémacistes blancs et néo-nazis), à Chauny, dans l’Aisne, et dans la vallée de l’Oise. Le phénomène ne s’est pas éteint, au contraire et a vu l’apparition d’un nouveau groupe – les Nationalistes autonomes picards– qui s’est singularisé il y a quelques jours par la distribution de tracts anti-halal dans les boites aux lettres de la région.

Stéphane François, politologue et chercheur à l’université de Strasbourg, est un spécialiste des “sous-cultures” d’extrême droite (musique, esotérisme, etc…). Il vient de consacrer une longue étude aux jeunes gabberskins de Chauny, ville dont il est lui-même originaire, publiée dans les Cahiers de psychologie politique (voir ici). Il revient en détail sur le profil de ces jeunes, le contexte social,  le rôle joué par la scène musicale “gabber skin” et la concurence à laquelle se livrent différentes formations d’extrême droite pour les récupérer.

Vous vous êtes intéressés aux jeunes “gabberskins” de la région de Chauny, dans l’Aisne, qui affichent ostensiblement des symboles d’extrême droite. Certains d’entre eux se sont livrés à des actes de dégradation ou de violence raciste. Pouvez-vous nous dire qui sont ces jeunes et ce qu’est le mouvement gabberskin?

Je vais commencer par répondre à la deuxième question : les “gabberskins”. Le terme “gabber”, présent dans le langage courant néerlandais, signifie “ami” ou “pote”, et vient lui-même d’un mot yiddish.

Ce registre musical est né au Benelux, vers le milieu des années quatre-vingt-dix. Il s’agit d’un sous-registre de la musique “techno”, apparenté à  [la techno] “hardcore“, donc une variante agressive de la techno, qui se distingue par un rythme plus agressif, voire martial, mais festive. Ce dernier aspect attire donc un public plus radical et génère une ambiance plus tendue… Les “gabberskins” sont une dérive d’extrême droite de ce registre, comme il existe une tendance gauchisante. Il ne faut donc pas stigmatiser toute la scène gabber.

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Le mouvement “gabberskin” est d’origine néerlandaise et apparaît vers le début des années 2000. Dans ce pays, les “gabberskins” sont un problème de sécurité publique. C’est le cas aussi en Belgique. Pour la période 2001- 2005, un rapport de la Fondation Anne Frank a estimé à 125 le nombre de groupes de jeunes racistes se réclamant du “gabber” aux Pays-Bas. Ceux-ci ont été, selon ce rapport, à l’origine de 200 incidents, dont 140 violents et commis 41 agressions et 50 affrontements opposant jeunes Hollandais et jeunes immigrés. Toutefois, selon l’AIVD (l’équivalent des Renseignements Généraux aux Pays-Bas), seuls 5% des jeunes “gabber” peuvent être considérés comme des racistes.

Sociologiquement, les “gabberskins” de l’Aisne sont souvent issus de milieux modestes. Ils proviennent de famille monoparentale, précarisée, alcoolique ou violente… Par contre, il est important de noter que ces adolescents, provenant de milieux difficiles, ne sont pas “connus des forces de police”, selon l’expression consacrée. En effet, s’ils viennent de familles défavorisées, ils n’ont pas pour autant sombrés dans la délinquance.

Au niveau scolaire, ils sont soit déscolarisés, soit en lycée d’enseignement professionnel (LEP). Cette population est au trois quart composée de mineurs (dont un nombre important sont encore au collège), les majeurs ayant un rôle de meneurs (“intellectuels”). Ceux-ci ont environ 25 ans et un passé de militant d’extrême droite affirmé. Certains de ces leaders sont les enfants d’un responsable du Front national, connus pour leur militantisme, parfois violents. Ils sont en effet des habitués du tribunal (soient comme victimes d’agression, soient comme agresseurs).

https://cdn.tv-programme.com/pic/replays/3/30195.jpgEnquête exclusive : Police belge et gabberskins français
18/03/2012 à 23h00 •
Chaque week-end, des groupes de jeunes skinheads français appelés "gabberskins" débarquent dans l´ouest de la Belgique pour faire la fête. Cependant, ces gangs sèment le trouble dans la zone frontalière. Pour limiter leur affluence, les autorités belges testent une méthode venue des États-Unis : le "harcèlement policier".

Comment se fait le passage entre la scène musicale gabber, l’appartenance à un groupe et l’engagement politique?

Ce passage se fait assez naturellement. Premièrement, nous pouvons affirmer que cette scène musicale a amené certains adolescents vers l’engagement politique, et non l’inverse.

D’un point de vue sociologique, la musique exprime des contenus émotionnels suggestifs, suscite des sentiments et des humeurs. En l’occurrence, la musique des “gabberskins” exprime de la colère et de la haine. Les rythmiques violentes et agressives font de cette scène une scène exutoire, une scène cathartique, pour des adolescents ayant une vie difficile, à l’instar du football pour les hooligans. Et comme pour le football, il s’agit aussi d’un lieu d’embrigadement.

À partir de ce moment, et c’est mon deuxième point, le mécanisme d’embrigadement devient relativement simple : comme nous venons de le dire, ces jeunes recherchent dans cette musique un exutoire à un mal de vivre et à une déshérence sociale. Or, il n’y a pas dans en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais de lieu jouant les différents registres de techno extrême (“gabber”, “Hardcore”, etc.).

En conséquence, les amateurs picards et nordistes de ce genre de musique se déplacent en Belgique (pays qui se trouve à 1h30, et parfois moins, de route de nos zones axonaises) pour trouver ce type de lieu. En effet, la Belgique est un pays connu depuis la fin des années quatre-vingt pour ses établissements, réputés, de musique “techno”. Au sein de ces établissements, nos jeunes fréquentent des salles réservées aux registres extrêmes comme la “gabber “. Là, ils y rencontrent des “gabberskins” locaux, connus, comme je l’ai dit précédemment, pour leur radicalité et pour l’ancienneté de leur militantisme extrémiste.

La fréquentation de ces établissements permet la mise en en place de certaines pratiques sociales affinitaires dans lesquelles dominent le relationnel et l’affectif. En effet, l’une des conséquences sociales importantes, outre l’attitude militante, est la constitution de clan, voire, pour certains de ces adolescents, d’une famille de substitution.

Paradoxalement cette même musique donne le sentiment d’appartenir à une communauté, à une tribu : la haine parfois rapproche. En effet, nous sommes face à des “hommes de violence”, pour reprendre la typologie de Birgitta Orfali. Dans sa typologie, l’homme de violence est celui dont la psychologie est tournée vers la notion de lutte ou de combat. Il se caractérise par une opposition violente à tout adversaire (individu ou groupe). Bref, il recherche l’antagonisme et le conflit. À partir de ce moment, l’embrigadement devient facile.

Y-a-t-il d’autres facteurs en jeu ?

Oui évidemment. Le contexte social et économique local est catastrophique. La région subit les effets de financiarisation de l’économie mondiale. Des entreprises florissantes ferment pour des raisons financières aggravant une situation locale déjà très difficile : cette région, de vieille tradition industrielle (sidérurgie, textile, chimie), a connu une vague de désindustrialisation importante au début des années 1980 et n’en s’est jamais remise.

Actuellement, ce sont les derniers ilots de prospérité qui sont touchés… Ainsi, à Chauny, au 31 décembre 2008, 27,4% des jeunes de 15 à 24 ans étaient sans emploi (dont 14,9% en chômage de longue durée) et 29,4% étaient sortis du système scolaire sans diplôme. Le nombre de familles monoparentales est aussi en augmentation depuis 1999 (20,6% en 2006 contre 13,5% en 1999). C’est catastrophique…

En outre, ces adolescents s’inscrivent souvent dans une tradition politique familiale de vote pour le Front national. Celui-ci obtient de très bons scores dans cette région, entre 17 et 19 % selon les élections.

L’abandon des références ouvrières des partis de gauche, au profit des classes moyennes, a permis au Front national d’investir le rôle de “porte-parole” des “Français d’en bas”, substituant le marqueur identitaire de classe à celui de race…

Localement, cette évolution nationale va se combiner à la fois avec une pauvreté endémique, dont je viens de parler, et avec un vote protestataire bénéficiant à ce parti. En effet, en 2007, lors des dernières élections présidentielles, ce parti a récolté 17,43% des suffrages. Aux dernières élections régionales de mars 2010, le Front national a amélioré son score de 3 points, passant à 20,24% des suffrages exprimés ! Enfin, il existe une banalisation des propos racistes/xénophobes dans certaines familles…

Quelles sont les relations entre les formations d’extrême droite (classiques ou pas type nationalistes autonomes) et ces jeunes? Constituent-ils un vivier pour le FN? De quoi sont ils le révélateur?

Effectivement, ces jeunes peuvent constituer un vivier pour le Front national, mais pas uniquement pour ce parti. Depuis quelques temps, je me suis rendu compte que ces jeunes gens attirent plusieurs partis/groupuscules d’extrême droite : le FN donc, mais aussi le Bloc Identitaire, via des tentatives d’approches de membres du Projet Apache (l’un d’entre eux a passé sa scolarité à Chauny), le Renouveau Français dans le Sud de l’Aisne et depuis peu la Troisième Voie de Serge Ayoub [dont se sentent proches les Nationalistes autonomes de Picardie]

Ceci dit, je pense que c’est le FN qui les attirera le plus facilement car des responsables du FNJ local les travaillent au corps depuis plusieurs années. Ce sont d’ailleurs ces responsables qui cherchent à imposer le terme “nationaliste” pour les qualifier, au lieu de celui de “skinheads”.

Ces tentatives sont compréhensibles d’un point de vue électoraliste. En premier lieu,  le contexte local est très favorable au Front national : l’électorat frontiste se maintient aux environs de 17/19% suivant les élections. Ainsi, en 2007, lors des dernières élections présidentielles, ce parti a récolté dans ce département 17,43% des suffrages. Aux dernières élections régionales de mars 2010, le Front national a amélioré son score précédent de 3 points, passant à 20,24% des suffrages exprimés.

Ensuite, nos “gabberskins” proviennent majoritairement de communes rurales proches de Chauny ayant très largement voté pour le Front national aux élections régionales de mars 2010 (dont 42% pour le Front national à Abbécourt, village des responsables locaux du FNJ).

On peut en déduire les points suivants : une majorité de ces jeunes ont des parents qui ont voté pour ce parti; ensuite, ils évoluent dans des milieux sociaux non seulement défavorisés mais aussi très imprégnés par les thèses xénophobes et populistes.

Des éléments vont dans ce sens : primo, leur attitude contestataire et leur rejet du politique, le “tous pourris” des démagogues d’extrême droite ; secundo, la très grande occurrence sur leurs blogs de certaines idées anti-immigrés, dont celle de la préférence nationale (les immigrés sont tous des délinquants et des dealers, ils prennent le travail des français, ils nous envahissent, etc.).

De fait, ces jeunes sont révélateurs d’une évolution identitaire de l’extrême droite. Leur attitude est en effet clairement un repli identitaire, celui-ci étant corrélé avec la notion de “race blanche”.

Nous sommes face à ce que Pierre-André Taguieff a appelé “la quatrième vague du nationalisme”, c’est-à-dire celle du repli identitaire contre la mondialisation, une mondialisation vue comme une machine à détruire les peuples et les identités. Il s’agit donc d’une volonté de repli “entre soi”, entre personnes de même “race”.Cela est parfaitement explicite dans les discours peu élaborés de nos “gabberskins”, en particulier ceux exprimés sur leurs blogs.

Propos recueillis par Abel Mestre et Caroline Monnot