[Figure RAC Skinhead] Philippe Vardon au Rassemblement Bleu Marine, retour sur un naufrage annoncé

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Le Rassemblement Bleu Marine (RBM), nous avait promis Marine Le Pen, devait attirer des personnalités de tout bord, et donner un nouvel élan dans la dédiabolisation de l’image du Front National. Résultat, après plusieurs mois d’existence, on se retrouve avec le chansonnier Jean Roucas, Philippe Vardon qui a adhéré en douce, ainsi que quelques passagers clandestins comme on le verra plus tard. Autant dire que le butin est maigre.

On ne saura sans doute jamais ce qui est passé par la tête de Philippe Vardon dans cette histoire. Coup de bluff ou coup de folie, toujours est-il que le responsable des Identitaires n’aura pas profité longtemps de son coup médiatique. Et ce n’est pas son tweets du 5 novembre concernant la réception du chèque de remboursement de sa vraie-fausse adhésion au RBM qui va changer la donne.

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Cette histoire nous donne néanmoins quelques informations intéressantes sur la santé des Identitaires et de leurs chefs. Vardon semble avoir tiré un trait concernant le potentiel des Identitaires. Après plus de 10 ans passés à la tête de la formation, il en a fait le bilan, comme il l’avait annoncé au début de l’histoire des Identitaires. Si le mouvement ne réussissait pas à dépasser sa condition groupusculaire, il en tirerait toutes les conséquences et il irait voir ailleurs. Ce qu’il a tenté de faire bien maladroitement. Depuis la tentative ratée de présenter un candidat aux présidentielles de 2012, plus rien ne marche chez les zids. Ils se font piquer leurs idées et leur rhétorique sur la laïcité par Marine Le Pen. Leurs groupes locaux se cassent la gueule (on pense en particulier à Paris avec la perte de leur local) et les derniers coups d’éclat médiatiques (Poitiers et l’occupation du siège du PS) leur rapportent surtout des emmerdes. Si on rajoute à ça la campagne Génération Identitaire qui ne parvient pas à décoller, surtout si on la compare à la précédente « Une Autre Jeunesse« , et que d’autre part des cadres soient partis avec le clan Roudier pour fonder le Réseau-Identité, il ne reste plus grand chose.

 

Vardon à l'université d'été du Front National à Marseille en 2013

Vardon à l’université d’été du Front National à Marseille en 2013

Il est quand même naïf de la part de Vardon de penser que les cadres frontistes le laisseraient adhérer à l’une de leur structure, surtout si il n’avait négocié aucun contact avec les dirigeants du FN (au contraire de ce qu’avait fait Unité Radicale avec le MNR de Mégret en multipliant au moins par 10 ses effectifs d’après Eddy Marsan[1]. Il est beaucoup trop marqué pour le FN version Marine, et bien plus utile à l’extérieur du FN, en incarnant une extrême droite en apparence plus radicale que le Front National pour les médias.

La carrière de Philipe Vardon, dans les rangs de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, commence dans la seconde partie des années 90. Membre un temps du FNJ, il rejoint le GUD et UR. Il devient le chanteur de Fraction (anciennement Fraction Hexagone) en 1999 sur l’album « Le son d’histoire ». Fraction, après s’être débarrassé du mot Hexagone, suite à l’affaire « une balle », jouera sous de nombreux noms comme Moloko Velocet, ou bien encore sous le nom Action, pour la compilation hommage à Légion 88, avec le morceau Légion Blanche (mais en version ska !). Il faut dire qu’entre le groupe, les paroles de la chanson, les autres groupes, rendre hommage au groupe phare de la scène RAC françaises des années 80 qui œuvrait alors dans la scène RIF, ça faisait un peu tache.

VARDON ET LA SCENE BLOOD & HONOR

Ce passé, certains dans le milieu nationaliste, ne l’ont pas oublié et se sont fait un plaisir de ressortir de vieux dossiers, qui comme c’est souvent le cas (souvenez-vous de l’affaire Gabriac) se sont retrouvés très rapidement dans les rédactions françaises. On a ainsi vu resurgir une vieille vidéo, tirée d’un documentaire diffusé sur ARTE il y a quelques années où l’on peut voir et entendre le jeune Vardon reprendre en chœur une chanson du groupe Evil Skin, la Zyklon Army, devant une forêt de bras tendus. Une vidéo qui avait déjà été postée par l’Œuvre Française, l’ennemi juré des identitaires, il y a 2 ans sur un site très proche du mouvement. Vardon s’est bien évidemment empressé de porter plainte contre le journal arguant pour sa défense qu’à l’époque il n’avait que 15 ans.

Si effectivement Vardon a débuté très jeune dans la mouvance skinhead nazie, il l’a fréquentée, comme son camarade Robert, très longtemps et ceci jusqu’à un passé très récent. Les deux hommes avaient alors choisi leur camp, celui de Blood & Honour (dirigé par Greg Reemers), alors ennemis avec les Charlemagne Hammerskins d’Hervé Guttuso, qui n’aimaient pas grand monde il faut bien le dire.[2]

Dans les années 2000, plusieurs groupes vont successivement revendiquer l’étiquette Blood & Honour (que ce soit au niveau national ou régional) sans forcément avoir l’aval des Anglais. L’une de ces sections les plus dynamiques, était la section B&H Midgard, dont les liens avec Vardon et Robert sont très sérieux. Le groupe de Montpellier DSH (Division Skinhead ou Division Sang & Honneur, c’est selon), dont les membres appartiennent à Midgard, ont joué en 2002 ensemble, et le B&H Midgard a participé au SO du concert de Fraction à Nice pour le 1er mai 2004.

Le fanzine de B&H Midgard, Signal 28, de son côté parlait très positivement des Identitaires, comme dans son numéro 1 : « … il faut refaire les liens entre les partis dit nationalistes et nous. Il faut rassembler les gens de mêmes idées et éviter de trop vite juger sur l’apparence … nous devons donc diffuser la propagande des partis officiels comme entre autres le BI et les JI qui sont surement aujourd’hui les plus sérieuses et les plus militantes organisations au niveau national, composées de cadres politiques de valeur ».

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Lors de la date aixoise de la tournée européenne de Fraction en juillet 2007, on retrouve des membres de B&H Midgard dans le SO du concert comme on peut le lire dans le compte rendu de celui-ci dans le numéro 3 de Signal 28.

En octobre 2007, ils organisent leur 2ème festival dans la région de Montpellier après celui de 2005. Dans la salle on peut y croiser des « figures connues de la scène », en l’occurrence Philippe Vardon, qui ce soir là avait fait faux bond à la section des JI de Marseille. Ces derniers avaient décidé d’organiser une distribution de soupe au cochon pour leur première apparition publique. Mais lâché par leur chef, et devant la mobilisation des antifas ce soir là, leur action sera annulée et se terminera pour certains le lendemain à l’hôpital, suite à un tractage avorté.

Les mauvaises langues expliqueront que, au-delà de l’amour de Vardon pour la grande musique du type RAC, sa présence s’expliquait également commercialement. Il venait en effet d’ouvrir sa boutique de fringue à Nice, The Firm « casual shop », spécialisée dans les « marques anglaises ». Autant dire que le public du festival RAC était l’occasion de se faire connaître et de faire marcher les affaires.

Juin 2009 B&H Midgard annonce un nouveau concert dans le sud. Curieusement sur le flyers un petit pictogramme indique qu’il sera interdit de prendre des photos alors que généralement ce n’est pas le cas. A l’affiche : les lyonnais de Frakass, les locaux de Haïs & Fiers (groupe de la région aixoise) et un groupe inconnu, originaire de Nice, répondant au doux nom de NRHC. Dans l’unique interview donnée par ce groupe on apprend que le nom à l’origine « … signifiait Nationaliste Révolutionnaire Hard Core, puis c’est devenu Nice et sa Région Hard Core pour enfin Nissa Rebelle Hard Core ». Derrière ces explications un peu alambiquées, tout le monde aura reconnu Philippe Vardon et le groupe Fraction.

Le concert aura lieu dans un petit village du nom de Peyrolles, tout à côté d’Aix en Provence. Malgré les consignes de sécurité, on pouvait déjà en lire le compte rendu sur un site aujourd’hui disparu « les compagnons du Pain D’épice », animé par 2 figures de la scène skin des années 80, Olivier Moulin, devenu tatoueur à Saint Peray (Tatoo et traditions) et Philoi que l’on peut aussi admirer dans le film produit par Batskin « Sur les pavés ».

Le public à ce concert est un curieux mélange de militants identitaires (principalement d’Aix en Provence et Nice) et de skins fafs. On notera également plusieurs stands dans la salle d’association de la galaxie identitaire comme le CEPE, tenu par Richard Roudier en personne ce jour-là. Le 1er groupe à jouer sera Hais et fiers, suivit de Frakass qui se voit rejoindre sur scène par Pascal, alias « Le Squale » le 1er chanteur de Fraction Hexagone. Il enflammera la sale avec une reprise de Légion 88, qui provoquera une épidémie de crampes du bras droit dans le public.

Entre-temps une voiture de gendarmerie arrive devant la salle, visiblement alertée par les voisins à cause du bruit, provoquant une certaine panique dans les rangs des JI. Certains d’entre eux iront jusqu’à se cacher dans les fourrés environnant jusqu’au départ de la maréchaussée.

Pendant ce temps le père Roudier est monté sur scène et en appellera à la solidarité avec les prisonniers politiques avant que Fraction ne clôt le concert avec une nouvelle apparition du Squale sur scène pour reprendre les « tubes » de la grande époque. Le quotidien La Provence dans un article, publiera alors un très long article sur la mouvance néo-nazie en Provence ainsi qu’à cette mémorable soirée. On y apprendra que la salle était en autre décorée d’un drapeau à croix gammée et que sur les stands on trouvait de nombreuses revues négationnistes et antisémites.

On comprend mieux alors pourquoi les appareils photos étaient bannis car 4 mois plus tard en octobre 2009 Fabrice Robert et Philippe Vardon nous jouaient un air totalement différent. Ils annonçaient la transformation du Bloc Identitaire en parti politique, amorçant là un grand virage idéologique et stratégique en déclarant « Nous ne sommes pas des nationalistes… le nationalisme a été un drame pour l’Europe. Nous, nous sommes populistes. Ce que nous reproche l’extrême-droite c’est d’avoir rompu avec l’antisémitisme et l’antisionisme ».

Richard Roudier de son côté, pourtant lui aussi présent au concert de Peyrolles, affirmait au même meeting que « le FN a déshonoré la notion « d’identité « par les déclarations de JM LE PEN sur les chambres à gaz. Il en profitait pour condamner, au nom du BI, la célèbre phrase du « détail » de Le Pen.

A partir de cette date, Vardon va devenir de plus en plus prudent prenant soin de ne plus trop s’exposer officiellement avec les milieux skins nazis. Pourtant ses liens continuent d’exister, comme avec Alex Garcia, dernier guitariste de Fraction à l’origine de la création des Jeunesses Identitaire dont il était le trésorier. Les JI étant domiciliées à une époque à son adresse perso. Fin octobre 2010, Alex était encore présent sur scène, cette fois avec Frakass pour le concert organisé par B&H Midgard près de Montpellier.

Dans la série bonnes relations entre Vardon, les Identitaires et la scène skin néo-nazie n’oublions pas Mickaël Moustier, un ancien des JI (quelle zone ?), chanteur de Hais et Fiers et et de Time Bomb dont le guitariste n’est autre que …. Alex Garcia. Que le monde est petit !

Pour mémoire, le label Alternative-s, descendant direct du label Bleu Blanc Rock de l’époque d’Unité Radicale, fondé par Fabrice Robert avait produit l’un des albums de Hais et Fiers.

Pierre-Louis Mériguet tape l’incruste au RBM

Dans la famille ancien skin-néonazi tentant de se faire oublier et de la jouer petit notable de province, n’oublions pas Pierre-Louis Mériguet. Profitant de la couverture médiatique concernant la courte adhésion de Vardon au Rassemblement Bleu Marine, Pierre-Louis Mériguet, chef de Vox Populi sur Tours, a officialisé la sienne en toute tranquillité.

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Moins médiatisé que l’ancien chef d’Unité Radicale, ce monsieur gagne à être connu. Chef du groupuscule local d’extrême droite sur Tours, Vox Populi. Pierre-Louis a un sacré pédigrée.

Il commence à militer sur Châteauroux dans la Ligue National-Catholique et les Loups du Berry. Il quitte la ville en 2003 pour des raisons judiciaires et s’installe sur Tours. Pour plus de détails sur cette période, nous renvoyons sur le dossier réalisé par des militants antifascistes de Tours.

Ancien de la mouvance skinhead NS (comme Philippe Vardon et Fabrice Robert), il a également été l’un des activistes de la scène RIF (Rock Identitaire Français) avec le groupe Insurrection. Groupe qui il faut le dire faisait un peu tache dans la scène RIF qui voulait se la jouer présentable. Le groupe tient plus du groupe RAC que du groupe pop. Sous le nom de scène de « Lapin » il officie au chant et à la guitare. Insurrection a été fondé en 1998, à Châteauroux, par des membres du FNJ, sous la houlette de Paul Thore (le bûcheron sur les albums d’Insurrection, chargé des paroles et du management).

Malgré le nom du manager, le groupe est sur une ligne national-catholique. La première démo a pour titre Honneur et Fidélité (petite référence à la devise SS), et rend hommage au néo-nazi Michel Layoye et au négationniste Vincent Reynouard. Parmi les titres présents sur cette démo on trouve la reprise de « Maréchal nous voilà » ou un morceau sur le « GUD », puis l’album Honneur et Fidélité, Radicalcore, sorti chez Patriote Production, le label du Renouveau Français et Ne plus subir. Le groupe jouera à de nombreuses reprises avec des groupes RAC (voir lien sur rock haine roll). Insurrection était également présent sur la compilation hommage à Légion 88 (tribute do légion 88, sorti chez streetfighting production, le dernier disque puisqu’il arrêtera avec ce disque. Le nom du label n’apparaît pas, on aperçoit juste le logo). Un disque sorti avec l’autorisation du groupe. Insurrection, sans grande surprise y reprend l’un des tubes de Légion 88 Terroristes (aux paroles explicites Terroristes à mort, Immigrés Dehors) un titre qui n’est pas sans rappeler un morceau du groupe de Pierre-Louis, « Invasion », avec ce refrain « Immigrés dehors ».

Pierre-Louis à la convention identitaire d’Orange en 2011

Pierre-Louis à la convention identitaire d’Orange en 2011

On pourrait parler d’erreur de jeunesse, sauf que Pierre-Louis continue de tourner avec Insurrection. Il a joué en particulier au Local, le bar associatif de Serge Batskin Ayoub, comme on peut le voir sur la photo prise par « un fan », en compagnie de Paul Thor.

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Pierre-Louis "Lapin" à gauche et Paul Thore à droite

Pierre-Louis « Lapin » à gauche et Paul Thore à droite

D’un côté il y a donc le Pierre-Louis de Vox Populi, tentant de nous la jouer cadre identitaire respectable, lorgnant vers un peu plus d’embourgeoisement, en rejoignant le RBM, et de l’autre « Lapin », qui hante les lieux de l’extrême droite radicale avec son groupe de RIC ou de RAC, selon ses préférences. Lapin joue à l’occasion avec Philippe Vardon en concert acoustique ou dans des RAC. Quel dommage que Vardon ait été viré du RBM. Avec Pierre-Louis, ils auraient pu animer les fins de soirées des conventions FN, ça aurait été plus rock ‘n’roll que les Forbans …

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Pierre-Louis et Vardon en concert

Pierre-Louis et Vardon en concert

 

  1. Ancien Secrétaire Départemental du FNJ du Lot et Garonne, puis responsable du FN et tête de liste pour les régionales en 1992. En 1998, il quitte le FN pour le MNR en fondant son mouvement l’Alternative Nationale, dans le but de regrouper militants FN et MNR sur une ligne « identitaire européenne sans ambiguïté » prônant un « discours radical ». Il publie alors son bulletin La Lettre de L’Alternative Nationale. Devant son refus de rentrer dans le rang, il est exclu du MNR et rejoint Unité Radicale. A la dissolution d’UR, il se rapproche de l’équipe de Militant et profite de son bulletin, transformé en Lettre d’Eddy Marsan, diffusé et financé grâce aux crédits qui lui sont alloués en tant que Conseiller Régional, pour régler ses comptes avec les différentes tendances et personnalités de la scène nationaliste. Ce qui lui vaudra quelques « cassages de gueules » lors de réunions unitaires, comme lors de la journée de l’Identité à Paris en 2003 ! Il semble qu’Eddy Marsan ait disparu des rangs nationalistes, certaines mauvaises langues affirmant que son goût immodéré pour la fête et la vie nocturne[]
  2. Pour ceux et celles qui voudraient se rappeler cette folle époque, nous vous invitons à consulter les articles publiés à l’époque dans la version papier de REFLEXes12, 3, 4[]

Cet article est libre de droit, mais nous vous demandons de bien vouloir en préciser la source si vous en reprenez les infos : REFLEXes http://reflexes.samizdat.net , contact : reflexes(a)samizdat.net

 


video reportage documentaire 2013

2013 – avant le meurtre de Clément Méric

  • NR Nationalistes Révolutionnaires
  • Skinheads
  • les Identitaires
  • Rencontre-discussion en face à face avec Philippe Vardon, qui démontre
    – la difficulté certaine du dialogue entre universalistes et identitaires,
    – et la problématique d’offrir des opportunités de tribunes aux idées identitaires=victimaireshttps://www.lexpress.fr/resizer/UZ2kB5lxBfXkNzHBYyP9BQ6TPG4=/970x548/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/lexpress/LCMOCEWFHVB5RANGFKCEEIHDWA.jpg

 


2024 : vardon est passé à reconquete depuis la photo de vardon derriere bardela affichés sur écran géant tpmp hanouna à la tv.
https://pbs.twimg.com/media/GEOy071XcAIEoXQ?format=jpg&name=small

Au procès du néonazi norvégien Varg Vikernes : « Ferme ta merde ! »

https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20131017.RUE9570/au-proces-du-neonazi-norvegien-varg-vikernes-ferme-ta-merde.html

Ce jeudi devait se tenir le procès du Norvégien Kristian dit « Varg » Vikernes, musicien de black metal norvégien à l’origine du projet solo Burzum, créé en 1991. En juillet, il avait été interpellé à Salon-la-Tour, en Corrèze…

Par Lucile Sourdès

Ce jeudi devait se tenir le procès du Norvégien Kristian dit « Varg » Vikernes, musicien de black metal norvégien à l’origine du projet solo Burzum, créé en 1991. En juillet, il avait été interpellé à Salon-la-Tour, en Corrèze (où il vit avec sa femme française et ses enfants) en raison de textes publiés sur son blog. Selon le ministère de l’Intérieur, Vikernes «  était susceptible de préparer un acte terroriste d’envergure  ».

Il comparaissait ce jeudi pour « provocation publique à la haine raciale » et « apologie de crime de guerre ». Sa femme, Marie Cachet, avait posté une vidéo sur YouTube pour appeler à un rassemblement devant le palais de justice de Paris.

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH300/vikernes-proaee8-26fa2.jpg?1697470728

A 13 heures, une quarantaine de personnes étaient au rendez-vous, bottes en cuir et tenues noires. Certaines venaient de Belgique et de Slovaquie. Une grande bannière indiquait : « Procès Vikernes : mensonge d’Etat. »

Serrages de mains, accolades : les fans qui ont réussi à rentrer dans la 17e chambre correctionnelle se sont succédés pour lui montrer leur soutien.

« You’re fantastic, I’m with you »
(« Tu es fantastique, je suis avec toi. »)

Sa sortie d’audience a été accompagnée d’applaudissements des personnes venues le soutenir, et derrière le palais de justice, il a joué le jeu des photos et des autographes avec ses fans metalleux avant de sauter dans un taxi.

N’ayant reçu les 912 pièces du dossier de son client que ce lundi, son avocat, maître Julien Freyssinet, a demandé et obtenu le renvoi du procès au 3 juin 2014.

Pour rappel, en 1993, Varg Vikernes a été condamné à 21 ans de prison pour le meurtre de son ami Øystein Aarseth, surnommé Euronymous, leader du groupe de black metal Mayhem, et l’incendie volontaire de trois églises. Il a été libéré en 2009, après avoir purgé seize ans de sa peine.


Mis à jour le 18/10/2013. Ce jeudi, Dieudonné comparaissait également en appel pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson (« Shoah ananas ») dans deux vidéos postées sur Internet.

Le soir même, une vidéo était mise en ligne montrant Vikernes faisant la « quenelle » – geste consistant à placer sa main ouverte sur son bras opposé, référence au salut hitlérien – popularisée par Dieudonné. Dans la vidéo, le Norvégien dit :

« Je fais la quenelle de Dieudonné pour la liberté d’expression. »
Varg Vikernes fait la « quenelle »

 

Lucile Sourdès

A lire aussi : Le néonazi norvégien arrêté en Corrèze, une légende du black metal

 

Le nouveau bar d’extrême droite qui inquiète Anne Hidalgo

L’extrême droite radicale parisienne tente de renaître  de ses cendres. Avec les dissolutions de l’été, et la mise sur la touche de l’œuvre française et de Troisième voie,  le petit milieu parisien est orphelin d’organisation et de lieux. Ses militants essayent donc de se recomposer. En rouvrant un bar associatif dans le 15e arrondissement. D’ailleurs, Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris et élue du 15e, s’en est déjà inquiétée auprès de ses proches.

La dissolution de Troisième voie, notamment, a privé la mouvance d’un point d’ancrage. Le mouvement de Serge Ayoub possédait en effet, Le Local, bar associatif dans le 15e qui était un point de rencontre très couru par les militants de tout le spectre.

C’est un ancien hooligan, Logan Djian qui a décidé de reprendre tout ça en main et d’ouvrir un nouveau bar associatif, “Le Crabe-Tambour”, rue Chabrières. Ancien militant de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes, il se plaît à utiliser le doux pseudonyme de “Logan Duce”. Logan D présente encore la particularité s’être fait tatouer une  jeune femme pendue sous laquelle  est écrit “J’ai trahi ma race”..

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH300/vikernes-proaee8-26fa2.jpg?1697470728

En tout cas, en cette rentrée 2013, il s’agite dans tous les sens. Jeudi 17 octobre, il était présent au palais de justice de Paris pour soutenir le norvégien Varg Vikernes, figure de la scène black-métal, interpellé mi-juillet par la DCRI, et qui comparaissait, au final,  pour “apologie de crimes de guerre” et “incitation à la haine raciale”(l’audience a été reportée).  Logan D vient aussi de refonder le GUD et, donc,  d’ouvrir son bar.

Problème: ce rendez-vous, qui connaît déjà un certain succès, est situé à deux pas du lycée autogéré de Paris, place forte de l’extrême gauche, et du centre Vaugirard, qui réunit une partie des étudiants de l’université d’Assas. Un lieu à hauts risques, donc.

Abel Mestre et Caroline Monnot

Le Monde

Dominique Venner a sonné les cloches une dernière fois !

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2013 – Une féministe de Femen performe seins nus et avec une arme factice à la bouche mercredi devant l’autel de Notre-Dame de Paris pour dénoncer «le fascisme» au lendemain du suicide, exactement au même endroit, d’un essayiste d’extrême droite.


[…] En France, la principale structure qui fit la jonction entre les militants de la Seconde guerre mondiale et les jeunes générations de l’après-guerre fut Europe-Action. Son fondateur, Dominique Venner, est un militant d’extrême droite de longue date1. En 1956, il devint membre de Jeune Nation, un groupuscule néofasciste fondé par les frères Sidos. Engagé volontaire à dix-huit ans dans les chasseurs parachutistes, il combattit en Algérie entre 1954 et 1956. Il fut incarcéré à la prison de la Santé de 1961 à 1962. A sa sortie de prison, il entreprit la prise de contrôle de la Fédération des Étudiants Nationalistes qui servait de cache-sexe à Jeune Nation après que le mouvement ait été deux fois dissout. Il est vrai que Venner a recruté dans le milieu estudiantin dès 1957 un groupe d’une quinzaine de militants et d’une soixantaine de sympathisants actifs. […]

Dominique Venner et le renouvellement du racisme

http://www.memorial98.org/article-un-suicide-pour-appeler-a-la-violence-117988431.html

Dominique Venner s’est suicidé le 21 mai 2013 avec une arme à feu dans le cœur de Notre-Dame de Paris, ce qui peut apparaître de prime abord comme un choix curieux pour ce païen convaincu. Si Venner n’a pas raté sa sortie, il ne devait sans doute pas s’attendre à être rabaissé par les médias au rang d’un simple essayiste nationaliste, soutien des anti-mariages homo, lui qui fut l’auteur de textes parmi les plus importants de l’extrême droite française comme le Manifeste de la classe 60 et Pour une Critique positive. Qualifié pudiquement d’historien « passionné d’armes à feu », Dominique Venner était à sa manière un militant politique, voire un activiste. Il était également l’un des principaux promoteurs des thèses nationales-européennes et racialistes de l’après-guerre, et ce, bien au-delà de son prétendu retrait du milieu militant : ce qui est sûr, c’est que son « testament politique » montre que l’animal n’avait rien renié de ses engagements passés, tout comme d’ailleurs ses ouvrages, même les plus récents, entre deux publications sur la chasse ou les armes à feu, ses autres grands amours.

Fils d’un ancien Croix de feu, passé par le PPF de Doriot[1], Dominique Venner est né le 16 avril 1935 à Paris. Fasciné par l’antiquité grecque et romaine, et plus particulièrement par Sparte, il s’engage comme officier volontaire dans l’armée Française pour aller combattre en Algérie. Rapidement repéré par les frères Sidos, il est présent au premier congrès nationaliste de Jeune Nation (JN), le 11 novembre 1955, où on lui confie l’organisation du premier camp école de Jeune Nation ainsi que la publication du bulletin interne. Si à l’époque Jeune Nation compte très peu de militants, ils sont encadrés par de jeunes soldats comme Venner, qui permettent au mouvement de tenter des coups d’éclat comme l’attaque du siège du PCF et l’incendie des locaux du journal l’Humanité. Venner sert également de sergent recruteur pour JN en ciblant des jeunes officiers de l’armée française qui souhaitent continuer la lutte pour l’Algérie Française en Métropole.

Ce travail permet à Jeune Nation de s’implanter également en Algérie, faisant de Venner l’un des véritables chefs du mouvement aux yeux des militants, nettement plus fougueux que Pierre Sidos. Le 25 novembre 1957 Venner et Jeune Nation décident de s’attaquer à l’ambassade des USA, suite à la prise de position de Kennedy en faveur de l’indépendance de l’Algérie. De nombreuses bagarres éclatent autour de l’ambassade, permettant à Jeune Nation de se faire connaître et de recruter de nouvelles têtes comme François Duprat.
Lors de la dissolution du mouvement[2], Venner, à la tête de la Société de presse et d’édition de la Croix Celtique, maintient le contact entre les militants et l’organisation via l’édition d’un journal, intitulé Jeune Nation. Il est partisan de la création d’un parti pour constituer les cadres d’un futur mouvement insurrectionnel.

Dominique Venner est à gauche sur la photo (document tiré du livre Génération Occident)

Dominique Venner est à gauche sur la photo (document tiré du livre Génération Occident)

Le 24 janvier 1960, Dominique Venner, comme Pierre Sidos, basculent dans la clandestinité. Cela n’empêche pas Venner de contacter d’anciens jeunes militants de Jeune Nation pour leur proposer de monter une structure étudiante nationaliste, la FEN (Fédération des Etudiants Nationalistes). Ce mouvement a même un texte fondateur, le Manifeste de la classe 60, écrit par Dominique Venner. Ce texte aura une influence non négligeable sur tous les mouvements et les jeunes militants nationalistes que les années 60 vont voir fleurir. Dans ce texte, Venner rejette le concept de démocratie et met en avant la notion de race.

Pour une critique positive

Le 19 avril 1961 il est arrêté. Il ne ressort de prison qu’en octobre 1962. En détention il en profite pour écrire clandestinement un texte : Pour préparer l’action, guide insurrectionnel pour les jeunes générations de militants de la FEN. Dans ce guide on trouve des conseils pour s’organiser et construire une structure clandestine, mais également une liste de cibles à frapper lors du coup de force comme les syndicats, les partis de gauche ou les journalistes. Mais en prison Venner s’interroge également sur l’engagement politique, après l’exécution de son ami Michel Leroy. Ce dernier, chef des commandos Z du Front Nationaliste, a été abattu sur ordre des chefs de l’OAS, dont Jean-Jacques Susini, un ancien de Jeune Nation, pour mettre au pas les gens qui auraient été tentés de ne pas suivre à la lettre les directives du mouvement. Venner s’éloigne de l’OAS et critique vivement son fonctionnement.

Février 97, couverture de Jeune Nation montrant plus de 30 ans après que l'OF a la rancune tenace !

Février 97, couverture de Jeune Nation montrant plus de 30 ans après que l’OF a la rancune tenace !

Il publie alors ce qui reste l’un des textes fondateurs de la mouvance nationaliste révolutionnaire Pour une critique positive. Dans ce texte, il rejette alors l’activisme effréné de ses années militantes à Jeune Nation au profit d’une prise du pouvoir sur le long terme, à l’aide de jeunes générations de nationalistes, encadrés et formés pour infiltrer l’Etat et ses institutions comme la police, l’armée. Avec la publication de ce texte, il rompt avec Sidos. Les années passant la haine entre les deux hommes ne cessera jamais de croître.

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Venner tire également une leçon de son expérience militante : il n’y aura pas de révolution sans parti révolutionnaire, et pas de parti sans doctrine. Sous-titré sobrement « Magazine de l’homme occidental », Europe-Action paraît en janvier 1963 à 10000 exemplaires. Dans cette aventure on retrouve aux côtés de Dominique Venner, Jean Mabire[3] ou encore Alain De Benoist, le chantre de la « Nouvelle droite ». Le journal est lancé grâce au fichier clandestin de Jeune Nation que Venner a réussi à récupérer.

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L’objectif de la revue ? Proposer un nationalisme européen capable de défendre la race blanche, dont la supériorité supposée sur le reste du monde ne fait pour eux aucun doute. Cette position sera en particulier défendue dans une brochure éditée par Europe-Action « Qu’est-ce que le nationalisme ». Obsédés par la peur du métissage, les fondateurs de la revue prônent évidemment le renvoi de tous les immigrés non-européens hors d’Europe (avec une crispation certaine sur l’immigration algérienne), et dans le même temps dénoncent le judéo-christianisme qui serait responsable de la faiblesse de l’Europe et invitent à un retour aux mythes païens et à la mythologie grecque. On croise dans la revue des références au fasciste belge Léon Degrelle, au sculpteur nazi Arno Breker ou encore à l’éditeur nazi autrichien Erich Kern… Le national-socialisme n’est jamais loin, tout comme le négationnisme, d’ailleurs. Mais Europe-Action sort aussi des sentiers battus à l’extrême droite, et en appelle aussi à Proudhon et Sorel, à l’officier communard Louis Rossel, ce qui déplaît dans certains milieux de la droite nationale jugée conservatrice, et ce d’autant plus que la revue considère les « mous » de l’extrême droite comme responsables de l’échec du combat pour l’Algérie française.

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Dans le n°5 d’Europe-Action, on peut lire : « Pourquoi l’OAS a-t-elle échoué ? Cette question est le point de départ de Venner. Il voit une cause principale à la défaite : les nationaux (les notables) y ont pris le pas sur les militants (les nationalistes). À ces derniers de reprendre le flambeau, avec un but, la révolution, un outil, un mouvement structuré, et une doctrine claire, le nationalisme ». Venner, à ce moment-là, n’est plus un novice. Il a bientôt la trentaine, de l’expérience en politique. Il sait qu’il lui faut des troupes pour porter son discours : la revue fait donc l’apologie de la jeunesse, une jeunesse « virile» à qui Venner demande de devenir d’authentiques « soldats politiques ».
Dans ce numéro on retrouve également un Dictionnaire du militant, un exercice de style qui sera repris quelques décennies plus tard au Front National, à Unité Radicale ou chez les Identitaires. Il s’agit d’un travail sémantique, où l’on doit donner de nouvelles définitions à certains mots comme racisme, antiracisme ou culture pour mieux les retourner contre les adversaires politiques et espérer un jour les imposer dans les médias : par exemple, dans le Dictionnaire du militant de Venner, l’antiracisme désigne « les racistes anti-blancs ».

L’accueil d’Europe-Action est parfois mitigé, à la fois pour sa critique de l’activisme, ses règlements de compte avec l’OAS mais également pour ses prises de position violemment hostiles au christianisme, accusé d’être en partie à l’origine de la décadence de l’Occident et ses écrits évoquant un nationaliste européen. Cela crée des tensions au sein même de la FEN, des étudiants hostiles à la ligne d’Europe-Action quitteront la FEN pour se rapprocher de Pierre Sidos et de son nationalisme plus traditionnel, pour fonder Occident.

Après l’échec de la campagne présidentielle de Tixier-Vignancourt[4] et l’expérience du parti politique, le Rassemblement Européen de la Liberté, Venner et l’équipe d’Europe-Action tirent une nouvelle fois un bilan mitigé de l’engagement politique et militant. Ce constat les amène à créer des Groupes de Recherches et d’études pour la Communauté Européenne (GRECE). Dominique Venner va se faire alors de plus en plus discret, n’apparaissant principalement qu’au sein des activités du GRECE et de sa publication Nouvelle Ecole.
Il sera contacté, parmi d’autres, en 1972 par l’équipe d’Ordre Nouveau pour prendre la tête du Front National[5] mais devant ses hésitations, la bande d’Alain Robert se tournera vers Jean-Marie Le Pen.

Dans les années 80, il publie quelques ouvrages sur des thématiques très fortes à l’extrême droite, comme Baltikum, consacré aux corps francs allemands des années 1920[6], Les Blancs et les Rouges, un ouvrage revenant sur l’arrivée au pouvoir de Lénine, ainsi qu’une Histoire critique de la Résistance

Au début des années 90 Dominique Venner publie Enquête sur l’histoire, revue d’histoire très à droite, où les guerres mondiales seront qualifiées de guerres civiles européennes, selon la terminologie en vogue chez les néo-nazis ou les nationalistes européens. La revue, qui avait un stand à certaines fêtes BBR du FN deviendra en 2002 la Nouvelle Revue d’Histoire[7]. Ces dernières années il intervenait parfois sur les ondes de Radio Courtoisie

Dans l’un de ses derniers ouvrages, Le Siècle de 1914, paru en 2006, Venner, sous un discours plus policé et des références plus académiques, montre qu’il n’a rien renié de ses idées. Il écrit :
« Depuis la fin du XXe siècle, nous sommes entrés dans une logique multipolaire soumise au choc des civilisations et des puissances (…) Dans ce monde, les occasions et les acteurs ne manquent pas qui vont s’entendre à tout bouleverser, donc, paradoxalement à rendre leurs chances aux Européens ».

Il explique plus loin pourquoi les Européens doivent se reprendre :
« D’acteurs décisifs de l’histoire, les Européens sont devenus spectateurs. (…) D’autres que nous [NDR : quelle belle litote!], autour de nous et parfois même chez nous, se montrent des acteurs entreprenants et téméraires. Nous les voyons s’agiter. Ils font l’histoire ou pensent la faire en obéissant à des ambitions et à un volontarisme que nous connaissons bien ».

Cet art de l’implicite, Venner le développe quand il s’agit de trouver une solution :
« les Européens ont d’abord besoin de refaire leurs forces en se lavant de ce qui les a miné. (…) Aujourd’hui que les Européens sont confrontés à des défis mortels et inédits, le retour à leurs sources primordiales se pose comme jamais, au moins pour ceux qui ont la vocation d’agir en vue d’une renaissance. »

Qui peuvent bien être ces héros des temps modernes, sauveurs de l’Occident ? Venner ne le dit pas, mais il précise :
« Les renaissances ont toujours été préparées par de très petits nombres capables de s’imposer les règles ascétiques des anciens ordres militaires »…

Bref, si on lit entre les lignes,
pour éviter d’être submergé par les étrangers qui cherchent à nous faire disparaître, il faut se débarrasser du sentiment de culpabilité judéo-chrétien pour renouer avec nos racines les plus anciennes (helléniques, pour Venner), et attendre qu’un groupe de soldats déterminés agissent :
exactement le discours qu’il tenait lorsqu’il a fondé Europe-Action…

Voilà c’est fini

Un vieillard se suicide, et c’est toute l’extrême droite qui s’enflamme. Du MAS aux Identitaires, en passant par Troisième voie de Serge Ayoub, Christian Bouchet ou Marine Le Pen[8], tous ont rendu hommage à l’homme. Et dans ce cas, comme souvent, le seul à s’être distingué c’est Jean-Marie Le Pen, qui tenta de relativiser la place de Venner dans l’histoire de l’extrême droite française, le qualifiant d’« intellectuel », un terme peu gratifiant dans la bouche du père. En vieillissant, Jean-Marie Le Pen ne s’arrange pas et garde toujours la dent dure pour ceux qu’il a pu côtoyer tout au long de sa carrière politique.

Bouchet profite de l'hommage rendu à Venner pour régler ses comptes avec l'Œuvre Française

Bouchet profite de l’hommage rendu à Venner pour régler ses comptes avec l’Œuvre Française

Hommage à Venner en Italie par les militants de Casapound

Hommage à Venner en Italie par les militants de Casapound

Celui qui va sans doute rejoindre Saint-Loup et Jean Mabire au Panthéon des nationalistes socialisant les plus radicaux, avant l’arrivée prochaine de Pierre Vial, était paradoxalement assez méconnu de la base militante du FN de ces dernières années et encore plus du grand public. Se tenant à bonne distance du milieu militant, les derniers à avoir essayé de le récupérer ou de recevoir son adoubement furent évidemment les Identitaires. Les dirigeants (Fabrice Robert en particulier) ou ex-dirigeants (Philippe Millau) l’ont rencontré plusieurs fois et appréciaient entre autre son point de vue sur Marine Le Pen qu’il jugeait comme étant une personne qui « ne se caractérisait pas particulièrement par la profondeur de sa pensée politique » mais dont le principal intérêt était de travailler pour les identitaires au sens large. Cette collaboration a pu prendre la forme de séminaires – que ce soit avec les dirigeants du Bloc ou avec les jeunes – sur lesquels Venner a toujours tenu à conserver la plus grande discrétion, mesurant sans doute l’exploitation qu’en feraient les Identitaires et refusant toute inféodation à un groupe.

Venner n’était donc pas isolé du milieu militant, preuve les nombreux cadres de la mouvance nationaliste comme
Julien Rochedy le directeur du FNJ,
Frédéric Châtillon (Riwal s’occupant à une époque de la mise en page de la Nouvelle Revue d’Histoire),
Axel Loustau,
Antoine Roucheray,
Romain Vincent l’ancien responsable du Rassemblement des Etudiants de Droite (RED)
ou Jacques Bompard,
étaient présents le soir même devant Notre-Dame pour rendre hommage à Venner et chanter le « Chant des Lanquennets », le chant traditionnel des jeunes radicaux nationalistes.

Hommage parisien du samedi 25 mai 2013Quelques jours plus tard l’ambiance est bien retombée. L’hommage public qui devait être rendu par toute l’extrême droite française devant Notre-Dame a fait un bide : à peine une trentaine de personnes avec en tête d’affiche Roland Hélie, c’est un peu léger.

Hommage parisien du samedi 25 mai 2013

Les premières attaques ont également commencé à pointer leur nez, en particulier en ce qui concerne l’OF via son site officieux, qui s’est lâché sur Venner, le qualifiant de « militant de salon ».

Le plus étrange dans tout ça aura été, suite au suicide de Venner, l’annonce de l’autodissolution des anarcho-royalistes du Lys Noir, annonçant son passage dans la clandestinité, sous la forme du « Mouvement du 6 Mai », en appelant « résolument au coup d’Etat militaire salvateur ». Peu étonnant quand on connaît le parcours de Rodolphe Crevelle[9], il avait déjà fait parler de lui dans les années 90 avec son Groupe Francité, qui rêvait d’envahir et de reconquérir le Val d’Aoste, l’Andorre ou encore le Pas de la Case. Après quelques années d’agitation et de mini coup d’éclats, Rodolphe Crevelle et son groupe retomberont vite dans l’oubli et l’anonymat, euh.. dans la clandestinité

Heureusement pour nos « clandestins putschistes », aujourd’hui la technologie nous permet de rester en contact, notamment grâce au téléphone portable dont ils laissent le n° avec la précision suivante « Sur écoute, appelez-nous d’une cabine » !

Peu de doutes, l’Etat doit trembler, et Dominique Venner se retourner, maintenant qu’il est dans sa tombe !

  1. Génération Occident, Frédéric Charpier p 26[]
  2. Après l’attentat contre l’assemblée nationale 1958[]
  3. qui en devient le rédacteur en chef en 1965[]
  4. L’équipe d’EA tentera de prendre le contrôle des comités TV, dirigé par Jean-Marie Le Pen. après le départ des hommes de Sidos[]
  5. la droite nationale en France de 1971 à 1975 François Duprat, éd. l’homme libre, p25[]
  6. groupes de soldats de la première guerre mondiale démobilisés, sur lesquels vont s’appuyer en parti les nazis pour conquérir la rue[]
  7. Venner quelques jours avant sa mort avait nommé un ancien du GRECE, Philippe Conrad directeur de la rédaction[]
  8. pas certain que la présidente du FN était l’idéal nationaliste de Dominique Venner[]
  9. l’unique animateur de ce groupuscule[]

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  • Dominique Venner idole de BMH et KPN  – 2015

Peste Noire et BMH rendent hommage à Dominique Venner dans leurs disques.

  • LMH 08 : CD 2015 ré-édité en 2022

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Famine / Ardraos / Audrey / Björn Misanthropic Division / Snorr Le Porc

 

  • LMH 12 : version vinyl collector produite depuis l’exil azovien en 2019

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Le GUD Lyon : Le rat des villes porteur de peste brune

https://reflexes.samizdat.net/le-gud-lyon-le-rat-des-villes-porteur-de-peste-brune/

Le GUD Lyon créé durant l’été 2011, entendait reprendre le flambeau du syndicalisme étudiant, version nationaliste, dans les universités lyonnaises. Le créneau était laissé à l’abandon depuis la disparition en 2003 de l’UDEL[1], émanation locale du GUD à l’époque. Cette nouvelle version a la particularité d’avoir été fondée à l’origine non pas par un étudiant mais par un lycéen, Steven Bissuel, nouveau venu dans le milieu nationaliste lyonnais. Le « come-back » des rats noirs ne fut pas du goût de tout le monde et en premier lieu de l’Université Lyon III qui refusa de reconnaître l’organisation comme une association étudiante. La première année d’existence se fera sous l’influence d’Alexandre Gabriac, chefaillon des Jeunesses Nationalistes, lui-même parrainé par Yvan Benedetti nouveau gourou de la secte Œuvre Française depuis la retraite de son fondateur Pierre Sidos. Le GUD ressemble alors à une sous-division des Jeunesses Nationalistes et généralement là où l’on trouve les JN on trouve souvent le GUD.

Septembre 2011. Retour de Bruno Gollnisch à Lyon III : Alexandre Gabriac avec une minerve, Steven Bissuel avec un casque à la main et Yvan Benedetti à l'avant de profil

Septembre 2011. Retour de Bruno Gollnisch à Lyon III : Alexandre Gabriac avec une minerve, Steven Bissuel avec un casque à la main et Yvan Benedetti à l’avant de profil

Affirmant au départ s’impliquer dans les problématiques concernant les universités et laisser de côté l’agitation de rue, les petits rats ne se sont pas très longtemps tenus à leurs belles promesses électorales, passant plus de temps à foutre le bordel dans les rues lyonnaises qu’à arpenter les couloirs des facs. De par son action, le GUD est rapidement apparu comme un énième groupuscule nationaliste, leurs « campagnes » et actions versant dans la démagogie et le populisme larvé :

– Une « action » de nettoyage des marches de la Cathédrale Saint-Jean. Bon prétexte pour se prendre en photos en train d’effacer des tags antifascistes.
– Une campagne contre la hausse des contraventions de stationnement…. On a les combats qu’on mérite.
– Un peu de tapage autour de l’organisation d’une milice pour partir à la recherche du « violeur du 8ème » et se positionner en tant que protecteur de ces dames… Comble du comble quand on sait qu’un des leaders, « Malko » sur lequel on reviendra plus loin, fût poursuivi en justice, alors qu’il était mineur, pour agression sexuelle. Bref, l’occasion idéale pour se balader armé et agresser ceux dont la tête ne leur revient pas.

Un militantisme de bas étage qu’ils tentent de compenser par l’organisation de conférences. On retiendra celle du 9 février 2013 sur le thème « Offensive Mondialiste et Résistances identitaires »[2] avec des animateurs de Casapound et celle sur « les indo-européens » menée par le gréciste Jean Haudry dans les locaux de Terre & Peuple en octobre 2012.

Si l’on doit juger le GUD sur ce que ses têtes arrivent à produire, on ne peut faire l’impasse sur la sortie en février 2013 de leur « journal » mensuel nommé Le Rat Libéré. Un journal qui ressemble en partie plus à une suite de tracts d’auto-promotion qu’à des articles traitant de sujets de fond. Après un édito original les présentant comme les sauveurs de la France, voire de la civilisation européenne, s’enchaînent des « articles » présentant tour à tour le GUD, l’UDJ (vitrine légale du GUD à l’université) et l’ULN (section lycéenne). Viennent deux brèves sur la mobilisation contre le « mariage pour tous » et l’intervention militaire française au Mali, un article de conseils sur la garde à vue et une page promo des activités et du merchandising gudard. Le plus intéressant se trouve dans les sites internet dont ils conseillent la consultation, avec entre autre celui du MAS, de Terre & Peuple et du Blood & Honour Hexagone. Enfin, la Kulture est abordée par la présentation du vieux groupe de RAC lyonnais Frakass et une interview pas anodine de Renaud Mannheim[3] chanteur du groupe de RAC lyonnais Match Retour, fondateur de Lyon Dissident, de 3ème Voie Lyon et ancien du Blood & Honour Lugdunum. La feuille de chou se termine par une BD au dessin enfantin et à l’humour antisémite.
On tient alors entre ses mains un outil de propagande caricatural d’une frange nationaliste jouant la surenchère de la radicalité, sans réelle stratégie politique et ni assise idéologique. La finalité étant pour eux de s’affirmer comme les seuls vrais rebelles à la « matrice ».

Proches de différents groupuscules le GUD est par ailleurs en lien avec l’Artam-Brotherhood, groupuscule néo-nazi, que Fafwatch Rhône-Alpes présente ainsi :
Artam-Brotherhood est une jeune organisation néo-nazie implantée dans la Loire, la Franche-Compté, la Haute-Savoie et la Suisse-Romande. Elle est le fruit de relations entretenues depuis un certain nombre d’années entre l’UNIF acronyme d’Union Nationaliste et Identitaire Française, (groupuscule présent dans la Loire, le Var et la Haute-Savoie et dont l’activité principale est l’organisation de camps de cohésion et d’entraînement à caractère militaire) et de jeunes néo-nazis de Neuchatel, Genève et leurs environs.

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Faux syndicat étudiant, faux hooligans, mais vrais chiens fous

Certains quartiers de Lyon sont depuis le mois de décembre 2012 le théâtre d’agressions et de violences quasi hebdomadaires. Il est prématuré d’affirmer que toutes sont le fait des gudards mais la plupart semblent en porter la marque. La presse locale, elle, se focalise sur le milieu hooligan depuis plusieurs mois. Il est vrai que lors de certaines agressions leurs auteurs se sont revendiqués de ce milieu à grand renfort de slogan « Lyon ! Lyon ! Hooligan!! ». Pour autant le slogan ne fait pas le hooligan. Et si l’on regarde de plus près les modus operandi, on s’aperçoit très vite qu’on est bien loin d’un certain code d’honneur soi-disant existant dans le milieu hools. D’aucun irait tirer une fierté à agresser les clients d’un bar, à une heure tardive, au seul prétexte que celui-ci, ou sa clientèle, soit étiquetée de « gauche ». Il n’y a pas beaucoup d’honneur à s’en prendre à des lieux et des personnes à des heures où ces courageux petits guerriers ne risquent pas de tomber sur une grande opposition. Jusqu’à preuve du contraire, les hooligans favoriseraient les affrontements entre eux et dans l’idéal à l’abri des regards indiscrets. Il semble que certains apprentis fascistes et postulants hooligans aient décidé de prouver leur bravoure et leur valeur à moindre frais, pour eux.

Après les identitaires et les néo-nazis de Lyon Dissident-Bunker Korps Lyon, la tendance de ces derniers mois laisse entendre que ce soit au tour du GUD de fricoter avec le milieu indépendant de Gerland. Le 20 septembre 2012, le GUD fait parler de lui avec une session de collage d’autocollants dans le virage sud pendant le match d’Europa League contre le Sarta Prague. Peu au goût des leaders de Lyon 1950, le groupe d’ultras de la curva sud publie dans la foulée un communiqué pour le moins clair et explicite :

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En février dernier, lors des affrontements entre hools lyonnais et supporters des spurs, l’un des trois interpellés était membre du GUD Lyon[4] et de la Mezza Lyon, firm fasciste active depuis 5 ans environ[5] .

Bien loin du « gentleman fasciste » des débuts, l’image que veut se donner le GUD ne souffre plus de doutes. Ils se veulent gros bras et violents. Les tractages se font casques à la main et comme on a pu l’apprendre dans le cadre de l’Opération Lyon Propre ils aspirent clairement à insuffler un climat de peur contre tout ce qui peut être plus ou moins « de gauche » au sein de l’Université Lyon III, et dans la rue d’une manière générale. Une stratégie poussée à son paroxysme ces derniers mois.

Un GUD Lyon à deux neurones

Jusqu’à l’autonome 2012, Steven Bissuel était le leader charismatique[6] du groupuscule nationaliste. Les choses semblent avoir changé et l’arrivée dans les troupes d’une vieille connaissance du milieu fasciste lyonnais n’est peut-être pas étrangère au regain d’actions violentes que connaît la capitale des Gaules. Depuis, le GUD Lyon compte parmi les siens « Malko« , de son vrai nom Jonathan Chatain, habitant actuellement Tarare (ouest lyonnais), 24 ans et dans tous les mauvais coups depuis ses 17 ans au moins. Un personnage au passé lourd, fait de plusieurs passages au tribunal, pour des faits de violences, dont certains liés à sa passion…. du hooliganisme.

La Young Army Lyon avant une rencontre forestière, Malko en second plan

La Young Army Lyon avant une rencontre forestière, Malko en second plan

Proche de la Mezza Lyon, membre de la Young Army Lyon, firm spécialisée dans les fights dans les bois, il a été un leader des jeunes hooligans nationalistes lyonnais pendant de nombreuses années. Il était également membre d’une bande nommée Section Saint-Jean (2008-2011 environ), prétendant déjà à l’époque faire régner leur loi dans le quartier du même nom. En 2010, il s’était lancé dans la production d’autocollants footballo-politiques pour le moins explicites comme on peut le voir dans cet article du collectif Article 31 sur Rebellyon. Son goût pour la propagande ne l’a pas quitté puisqu’il est le diffuseur de différents autocollants récemment apparus dans les rues :

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Porteur pendant 6 mois du bracelet électronique[7] , il fût en détention préventive pendant un an dans le cadre de l’instruction sur la violente agression de sympathisants libertaires le 15 janvier 2011 à la sortie d’un concert à Villeurbanne. Il fait partie des quatre accusés principaux de cette agression. Cette épée de Damoclès ne l’a pas empêché le 27 septembre 2012 de participer (mener ?) à une action d’intimidation au siège du Parti Communiste dans le 3ème arrondissement de Lyon lors de laquelle il fût interpellé. Une véritable tête brûlée, habitué du Bunker Korps Lyon et petit protégé de Renaud Mannheim qui lui promettait sur facebook quelques jours avant son incarcération en février 2011, de l’emmener en Allemagne dès sa sortie de prison pour assister à un concert du groupe RAC Katégorie C[8].

C9M 2010 à Paris. « Malko » tout a gauche avec casquette blanche en compagnie des néo-nazis du Bunker Korps (Lyon) et du Radikal Korps (Franche-Comté).

C9M 2010 à Paris. « Malko » tout a gauche avec casquette blanche en compagnie des néo-nazis du Bunker Korps (Lyon) et du Radikal Korps (Franche-Comté).

Auréolé d’un passé sulfureux et d’une solide réputation, « Malko » semble être devenu le leader, si ce n’est officiel, naturel du GUD Lyon. Ses contacts et liens avec le milieu hooligan, même si a priori il ne s’y implique plus, en font le relais idéal avec le GUD. On peut imaginer les yeux émerveillés de ses petits camarades lorsqu’il leur raconte ses frasques dans les bois et l’envie d’en être qu’il doit ainsi susciter chez eux. Il n’est pas étonnant que certains, parfois très jeunes, militants et sympathisants entendent donc faire partie du milieu hools et en revendiquent l’appartenance lors de leurs agressions.

Entre « Malko » et Bissuel on peut se demander qui mène vraiment la troupe, et les orientations très musclées du GUD ont déjà eu pour conséquence de créer une légère distance avec Alexandre Gabriac. L’action sans concession oui, mais le monsieur n’a certainement pas envie de passer pour plus bourrin encore qu’il ne peut l’être déjà en s’accoquinant avec une bande partie pour faire tout et n’importe quoi, et avec un leader dont le futur à de fortes chances de s’écrire derrière les barreaux d’une cellule. D’ailleurs pour eux qui aiment tant les héros et les martyrs, voilà un postulant de premier choix.

Des rats dans les pas des grenouilles de bénitiers

Le GUD Lyon est le groupuscule qui a le vent en poupe depuis plusieurs mois, comptabilisant presque une cinquantaine de membres encartés. Ce qui n’est pas rien il faut le reconnaître et plutôt inquiétant au regard de l’âge de ses membres. La mobilisation contre le « mariage pour tous » a offert un tremplin médiatique que les gudards ont largement utilisé, comme d’autres mouvances nationalistes, mais avec plus de succès, leur nom étant régulièrement cité dans les médias. Une exposition liée aux violences auxquelles ils ont participé leur donnant l’espoir que quelque chose est en train se jouer. Un fantasme du 6 février 1934 partagé avec d’autres courants nationalistes, qui leur confère un sentiment d’impunité et les pousse à mener des actions quasi quotidiennes dans le sillage ou non des manifestations du label « manif pour tous ». Ils participent à la radicalisation du mouvement et en profitent pour attirer à eux les plus radicaux des militants nationalistes et notamment des plus jeunes en manque de reconnaissance et d’adrénaline.

Cette escalade dans la violence se finira mal et certains militants du GUD sont déjà dans le collimateur des autorités suite à certaines violentes agressions, notamment dans le quartier Saint-Jean, les semaines passées.

Chronologie non-exhaustive des actions plus ou moins violentes impliquant le GUD Lyon ces derniers mois :

– 26 Septembre 2012 : Intimidations au siège départemental du Parti Communiste par trois gudards.
-16 Février 2013 : En marge de la manifestation à l’initiative du Collectif de Vigilance 69 pour faire fermer le local identitaire «la Traboule», quatre apprentis fascistes viennent provoquer le cortège, suivant un appel lancé par le GUD dans les jours précédant l’événement au travers d’une affiche folklorique :

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– 20 Février 2013 : Affrontements avec des supporters de Tottenham, trois personnes arrêtées dont un militant du GUD et membre de la Mezza Lyon.
– 8 mars 2013 : Provocations de quelques jeunes fascistes en marge de la marche non-mixte au moment de son passage dans le quartier Saint-Jean.
– 15 mars 2013 : Agression dans le Vieux-Lyon à proximité de la place Saint-Jean, cinq personnes attaquées par une dizaine de fascistes dont au moins un membre du GUD Lyon.
– 24 mars 2013 : Manifestation des anti-mariage à Paris, affrontements avec les pandores, le GUD Lyon revendique d’y avoir activement participé.
– 25 Mars 2013 : Rassemblement de 200 militants contre l’égalité lors du passage de Christiane Taubira à Lyon, une trentaine de nationalistes présents, dont certains attaqueront un petit regroupement de contre-manifestants présents à quelques mètres, le GUD et les JN en tête.
– 28 mars 2013 : Manifestation d’ « anti-mariage pour tous » place Bellecour, GUD, JN et Rebeyne ! main dans la main.
– 30 mars 2013 : Agression dans le Vieux-Lyon, trois personnes blessées, quatre personnes arrêtées, trois poursuivies et actuellement en détention provisoire en attente de leur procès. Au moins un militant nationaliste sympathisant du GUD.
– 4 avril 2013 : Environ 500 anti-mariage manifestent aux côtés du GUD, des JN et des identitaires. Un gudard frappe une passante montrant son hostilité au rassemblement, pas d’arrestation. Le GUD revendiquera sur son facebook être parti en chasse « aux gauches » à la suite du rassemblement.
– 14 avril 2013 : Environ 5000 anti-mariage dans la rue, une centaine de militants et sympathisants nationalistes, menés par Alexandre Gabriac et le GUD, partent en manif sauvage prenant de surprise la marée-chaussée.
– 25 avril 2013 : Adoption de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. 200 opposants partent en manif sauvage, menés par les identitaires, les JN et le GUD. Un petit groupe d’entre eux agressent et frappent une photo-journaliste indépendante. Un membre de Rebeyne ! et un des Jeunesses Nationalistes sont arrêtés. Plus tôt dans la soirée vers 19h, quelques dizaines de natios tentaient le blocage de l’autoroute A7, une quinzaine d’interpellations eurent lieu.

  1. Union de Défense des Étudiants Lyonnais dont le dernier tractage sur le campus de Bron en septembre 2002 s’était soldé par des affrontements avec des étudiants et avait provoqué la création du Collectif Anti Fasciste Anti Raciste (CAFAR).[]
  2. Une manière à peine voilée de marcher sur les plates-bandes de Rebeyne ! alors que le GUD ne cesse de se revendiquer nationaliste-révolutionnaire plus que de la mouvance dite « identitaire ». La proximité des gudards avec Terre & Peuple n’y est certainement pas étrangère.[]
  3. Après avoir été un des leaders néo-nazis sur Lyon notamment au travers du local Bunker Korps Lyon, le monsieur s’est fait beaucoup plus discret depuis plus d’un an. La section 3ème Voie Lyon dont il a été l’instigateur est une coquille vide, si elle n’est pas morte, qui n’exista réellement qu’au travers de quelques taguages et un ou deux tractages. Occupé par la naissance de sa fille durant l’hiver 2011, certainement un peu échaudé d’avoir mouillé son frère dans ses histoires, il se contente de quelques concerts RAC avec son groupe Match Retour comme le 27 avril 2013 par exemple. Son métier de convoyeur de fond, et son passage de Loomis (pour l’anecdote : où il a travaillé avec Toni Musulin) à Prosegur lui ont, on peut l’imaginer, conduit aussi à plus de discrétion.[]
  4. Le GUD étant suffisamment intelligent pour le revendiquer sur son facebook…. Mais comme on dit les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît.[]
  5. Voir ici et  []
  6. blague ![]
  7. Suite à des condamnations pour des faits de violences liés au hooliganisme.[]
  8. Puisqu’il allait manquer le concert que Renaud organisait avec Lyon Dissident  []

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Mercantilisme néonazi : Sédition Séquane, Sequania KG

Mercantilisme néonazi : Sédition Séquane, Sequania KG

On se souvient tous de ce concert néonazi annulé en mars 2011 :

Le titre de la soirée annonçait le but de l’organisation de ce concert : « soutien financier et moral aux néonazis incarcérés récemment pour faits de violences en Franche-Comté et à Lyon ».
Bien que non signée, l’affiche ne laissait aucun doute sur l’identité des organisateurs. Parmi l’extrême-droite alors présente en Franche-Comté, il existait une organisation qui réunissait les plus extrémistes des fascistes, militants de la cause nazie et de la suprématie blanche, connue sous le nom de Radikal Korps.

Le dossier monté par le CVA FC (Comité de Vigilance Antifasciste Franche-Comtois) démontrait que si le Radikal Korps était à l’origine de cette soirée ce fut le groupuscule Sédition Séquane qui en était le réel maître d’œuvre.

Le CVA FC avait réussit à faire le lien entre Radikal Korps et le Front Comtois. En effet, l’organisation du concert avait été reprise par Sédition Séquane dont le nom de domaine appartenait à Gaëtan PERRET, alors président du Front Comtois. Sur ce site on pouvait déjà commander tee-shirts, accessoires ou posters qui exhibent les symboles des mouvements nazis.

A l’annonce de ces découvertes (le lien entre Sédition Séquane et le Front Comtois, et le site de vente) le site de vente a été mis hors ligne par son administrateur.

Depuis le début de l’année 2012, il est à nouveau accessible et possède également une page Facebook dédiée.

 

LE RETOUR DE SÉDITION SEQUANE (S.S.)

Entre l’ancien et le nouveau site, il n’y a pas beaucoup de différence :

AVANT

 

MAINTENANT

 

On remarquera que la présentation de Sédition Séquane a été remanié mais que le S majuscule reste le même (calligraphie copiée de celle de Skrewdriver, groupe de rock nazi dont le chanteur fut le leader du groupuscule Combat 18 – 1 pour A, 8 pour H soit Adolf Hitler).

Comme on l’aura compris d’après le nom du site, Séquane fait référence à la tribu gauloise qui peuplait la zone actuelle de la Franche-Comté ; d’où un lion comtois comme emblème.

Chose curieuse le lion comtois repose sur un fond gris représentant un soleil noir.

Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un soleil noir : il s’agit un symbole soit-disant ésotérique de tradition scandinave ou germanique mais dont on trouve un symbole de taille dessiné par la SS dans le château de Wewelsburg dans le sol en marbre de l’ancienne Obergruppenführersaal (littéralement : salle des Obergruppenführer – salle des généraux : salle d’état major de la SS).

L’ancien site n’avait comme logo qu’un demi volatile avec 3 fleurs de lys, emblème de l’ancienne division Charlemagne. Cette division de volontaires français  intégra le corps des SS afin d’aller se battre contre les bolcheviques et défendit durant la bataille de Berlin le Bunker où se trouvait Hitler.

On comprend bien que l’on reste dans la symbolique SS… Ce qui permet de mieux comprendre les articles que l’on peut trouver sur ce site.

 

LA MARCHANDISS

On y retrouve la plupart des logos et signes utilisés par l’extrême droite européenne et blanche sur divers support : des casquettes, des tee-shirts, des badges ou des boucles de ceinturons. Mais outre les croix celtiques on y trouve une quantité impressionnante d’articles en rapport avec le nazisme et surtout avec les tristement célèbres Waffen-SS.

Croix gammées ou celtiques, insigne SS, runes aryennes : toute la décoration du parfait néonazi est là

Entre autre, on peut y trouver des patchs (tissus imprimés pouvant être cousus sur des vêtements) ou épaulettes aux insignes des divisions SS suivantes :

  •     33ème division de grenadiers SS Charlemagne
  •     3ème Panzerdivision SS Totenkopf
  •     7ème division SS de volontaires de montagne Prinz Eugene dit Ōthalan
  •     6ème division SS de montagne Nord dit Hagalaz
  •     5ème Panzerdivision SS Wiking (une svastika ronde)
  •     28ème division SS Wallonie
  •     32ème division SS de grenadiers volontaires
  •     1ere division SS Leibstandarte Adolf Hitler

Ou encore des drapeaux, assurément explicites :

Que Gaëtan PERRET (cet innocent personnage) semble apprécier..

Sur la page facebook de Sédition Séquane on retrouve les mêmes produits, plus quelques bonus, ainsi que des croix gammées qui n’apparaissaient pas sur le site.


Suite à l’article sur le blog de Toufik-de-Planoise « Enquête sur un réseau commercial de produits néo-nazis en Franche-Comté », la plupart des objets dont la connotation SS était un peu trop évidente a été retirée.

FRONT COMTOIS ET SÉDITION SEQUANE SONT SUR UN BATEAU…

Dans un premier temps, le Front Comtois a été très nettement aux commandes de Sédition Séquane : le président du Front Comtois et le gérant du site Sédition Séquane était la même personne, Gaëtan PERRET.

Entre temps, les décisions de justice (voir le procès d’un guignol) ont fait que Gaëtan Perret a (soit-disant) quitté le Front Comtois. Celui qui s’était transformé en un stupide et innocent agneau lors de son procès semble bienheureux d’annoncer le lancement du site de propagande néonazie :

Par la suite, les informations contenues dans le Whois (késako?) du site internet de Sédition Séquane ont été masquées, via une société mandataire d’enregistrement de nom de domaine.

Sédition Séquane : la boutique du Front Comtois

Le Front Comtois se présente comme une organisation militante. Il va de soit qu’une telle organisation possède du matériel militant. Qu’en est il ? Sur le site internet du Front Comtois, dans l’onglet « Militantisme » outre les autocollants et affiches qui sont toujours en vente (malgré la condamnation de leur président), on y trouve … rien d’autre.

En fait il faut mieux chercher, dans les articles de l’année passée : un tee-shirt « nationaliste franc-comtois », tee-shirt bleu et lion or :

C’est bizarrement le même qui est vendu sur le site de Sédition Séquane :

Les logos Front Comtois et de Sédition Séquane sont presques identiques : un lion sur deux bâtons qui se croisent (Croix de Bourgogne). Au passage, on notera qu’ils ne sont tous 2 pas très éloignés de celui des Werwolf Sequania :

Logo du Front Comtois

Logo de Sédition Séquane

Le logo tel qu’il apparaît sur les vêtements

Logo de Werwolf Sequania

Le Front Comtois ferait-il de la publicité pour Sédition Séquane ou vice-versa ? Est-ce que tous les acteurs concernés ne sont-ils pas qu’une seule et même grosse poignée d’illuminés de la race blanche ?

 

Plusieurs éléments mettent en évidence les liens directs entre ces 2 structures :

  • Sur cette photo porcine, extraite du site du Front Comtois, attestant de leur présence à la journée de Synthèse nationale de 2010, on constate que le Front Comtois n’a pas que des autocollants et affiches à proposer comme outils de propagande ; sur leur stand on retrouve des tee-shirts et des polos avec le logo de Sédition Séquane, des casquettes, et des badges présentés sur une petite tablette noire.

  • Les militants porcins du Front Comtois arborent eux-aussi des vêtements estampillés Sédition Séquane. Il n’y a pas de vêtements au logo du Front Comtois et la plupart du temps, on les voit vêtus aux couleurs de Sédition Séquane, comme ici lors d’un de leur repas « cochon à la broche » :

Un membre du Front Comtois, une fois encore avec un tee-shirt Sédition Séquane

  • Ou ici dans le cortège du Front Comtois au C9M (manifestation nationaliste radicale) à Paris :

2 boneheads à l’extrême-droite de la photo portent polo et sweat de Sédition Séquane

  • A chaque événement nationaliste ou néonazi, Sédition Séquane vient faire son « merchandising ».
  • Comme ici, lors de la conférence de Hervé Ryssen (fou-furieux raciste et négationniste notoire) organisé par le Front Comtois en mars 2012, Sédition Séquane en a profité pour exposer ses derniers tee-shirts…(ainsi que des drapeaux)

  • Les patchs sont aussi très prisés des militants et militantes :

Sédition Séquane est en quelque sorte l’habilleur des néonazis comtois et du Front Comtois : si tu es nazi, que tu habites en Franche-Comté et que tu cherches des habits « NS »explicites, c’est vers Sédition Séquane que tu te tourneras.

RATONNADES, RAC, PROMENADES EN FORÊT ET COQUETTERIES

Un mystérieux RAC en Franche-Comté

En se rendant sur la page facebook de Sédition Séquane on pouvez voir le flyer pour un concert qui a déjà eu lieu dans l’est de la france et organisé par une mystérieuse « werhwolf produktion » :

Pour nous, il s’agit d’un projet du groupuscule bisontin Werwolf Séquania qui multiplie les appellations et vitrines pour brouiller les pistes.

 

Pour ce concert, les groupes annoncés étaient déjà présents sur le flyer du concert annulé en mars 2011. Ce qui donne à ce concert un petit air de revanche évidente.

 

Le flyer est apparu une dizaine de jours avant la date, ce qui est court pour ameuter du monde. L’information a été publiée sur le site de Sédition Séquane ainsi que sur de nombreux sites néonazis nationaux et internationaux.
Mais apparemment certains étaient au courant bien avant, comme l’atteste le commentaire d’un des membres éminents du Front Comtois, prénommé Celte ou Celte90, Pascal BRACONNIER, sur leur site.


Tout ceci sous-entend que le Front Comtois était au courant bien à l’avance pour ce concert, et que ces membres en ont potentiellement été les organisateurs au côté de Sédition Séquane et de l’équipe Werwolf Séquania.
Même si Laura Jacquot prétend le contraire (sur France 3, sur cette vidéo), ces éléments démontrent une fois encore que le Front Comtois et Werwolf Sequania sont constitués de membres communs, animés par une fascination pour le nazisme.

 

Sequania KG, sponsor vestimentaire des abrutis de Werwolf Sequania
Werwolf Sequania, ce « groupe » violent qui commet des agressions en toute impunité au centre ville de Besançon, possède une ligne de vêtements :

Sequania Kampfgruppen, marque dont le slogan est le suivant : « extreme wears for extreme people » (vêtements extrêmes pour personnes extrêmes).
En version raccourcie on dit Sequania KG.

Sequania Kampfgruppen signifie groupe de combat de séquanie ; kampfgruppen faisant référence encore une fois à des termes usités dans l’armée allemande durant le second conflit mondial.
Ce site de vente de tee-shirts nazis existe toujours mais plus aucun article n’y est vendu (suite à la publication de l’article sur le site Toufik-de-planoise). Il nous reste quelques captures d’écran…

Mais la ligne de vêtements est réapparue sur le site de Sédition Séquane.

En terme de production et de visuels, les tee-shirts Sequania KG sont à l’effigie de Léon Degrelle, de Peiper, du « club de chasse anticommuniste », portent les insignes SS, les runes aryennes, etc..

Mis sous le feu (brûlant) des projecteurs dans notre permier article, Kévin SPANO a été l’un des créateurs de cette marque de vêtements et du site internet qui permet leur diffusion dans le petit milieu néonazi.

Ce jeune homme fait partie de Werwolf Sequania et a participé a de nombreuses actions du Front Comtois (20 Novembre 2010 à Besançon, C9M à Paris, etc…). C’est avec ses compères de Werwolf Sequania qu’ils ont lancé cette marque de vêtements.

Clémentine DAMAIS, compagne de Nicolas BIDOLI, a contribué à produire les visuels et l’agencement des tee-shirts.

L’Artam Brotherhood, bien évidemment à la croisée des genres

Ces photos ont été prises au cours d’une promenade en forêt du Chapitre 12 de l’Artam Brotherhood.

Chapitre 12 = section séquane = branche franc-comtoise du jeune et nouveau mouvement néonazi Artam Brotherhood qui regroupe des membres des organisations suivantes : UNIF (Union Nationaliste Identitaire Française, énième groupuscule néonazi) Loire, Haute-Loire, Savoie, Var, Front Comtois, Werwolf Sequania, néonazis alsaciens, néonazis lyonnais, Blood&Honour Hexagone, salon de tatouage nazi à Annecy, Genève Non Conforme, Jeunesses Nationalistes, OeuvreFrançaise, Gud,etc…

Impliquée dans une agression au couteau, l’Artam Brotherhood se fait une spécialité de former les jeunes et moins jeunes nazis à la violence : entraînement au tir, sports de combat, survivalisme,…

Nous ne nous étalerons pas ici sur la présentation de ce réseau néonazi, cela mériterait un article à part entière.

On notera toutefois que là aussi les participants à cette action sont vêtus avec les torchons Sequania KG.

CONCLUSION

Front comtois, Artam Brotherhood, Sédition Séquane et Werwolf Séquania, même combat en tendant le bras !

Ces nostalgiques du Reich, adeptes de la violence, ont un but précis en développant ces activités commerciales : collecter suffisamment de fonds pour ouvrir un local néonazi en Franche-Comté.

Tous les membres et les animateurs de ces structures et initiatives se connaissent, se rencontrent et vont dans le même sens, il n’y a pas de frontières nettes entre ces différents groupuscules, il s’agit d’une mouvance où chacun a sa spécialité, et où tous sont complémentaires :

Certains ratonnent dans la rue, d’autres produisent des tee-shirts et vendent des badges. Certains invitent les écrivains négationnistes, d’autres essaient de faire de la politique en collant des affiches xénophobes, pendant qu’un poignée de « guerriers aryens » s’entraînent dans les bois, se roulent dans la boue et prennent leur pied à simuler des attaques et agressions contre « les rouges, les racailles et les antifas »…

François Duprat, une Histoire de l’Extrême-Droite

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b0/Meeting_d%27Ordre_nouveau_le_13_mai_1970_-_KAG_05024N_A03.jpg
Premier meeting d’Ordre nouveau à la Mutualité le 13 mai 1970. François Duprat est assis en deuxième position à gauche.
Né en 1940, assassiné par un attentat à la voiture piégée en 1978, François Duprat est un personnage central de la reconstruction des extrêmes droites européennes après la débâcle des fascismes. Il a joué un rôle essentiel au sein de l’extrême droite française.

Un webdocumentaire à voir sur LeMonde.fr à partir du 8 avril 2011.

François Duprat, n°1 bis du Front National, se qualifiait lui-même de fasciste et soutenait tout ce qui pouvait lutter contre le communisme ou diffuser des sentiments antisémites. Depuis la fin des années 50, il avait voué sa vie à créer, organiser et diriger formations et mouvements des extrêmes droites françaises, d’Occident au Front National, d’Ordre Nouveau aux milieux néo-nazis jusqu’à en devenir une figure centrale et détestée. Déchiqueté dans l’explosion de sa voiture, le samedi 18 mars 1978, il devient un martyr pour l’extrême droite française.

Une enquête de Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Duprat_(homme_politique)

Une musique groupusculaire : le rock identitaire français (Lilian Mathieu 2006)

https://books.openedition.org/pur/12464?lang=fr

Le « rock identitaire français » (RIF) peut être considéré comme une musique groupusculaire. Non seulement parce qu’il s’agit d’un courant musical écouté, pratiqué et promu au sein des différents groupuscules de la droite radicale, mais également parce que ses modes de pratique et de diffusion relèvent eux aussi d’une logique groupusculaire. Ainsi s’agit-il d’une musique confidentielle, voire semi-clandestine, dont les manifestations publiques comme les réseaux de diffusion ne touchent qu’une communauté relativement fermée d’adeptes aux effectifs restreints. Cette logique groupusculaire est dans une large mesure contrainte : disqualifiés par leur positionnement politique, les groupes de RIF sont ignorés des grandes maisons de disques et exclus des circuits traditionnels de diffusion commerciale ; ils ne peuvent en conséquence compter que sur des labels et des circuits de distribution propres à leur mouvance. En ce sens, il s’agit également d’une musique stigmatisée (Goffman 1975), qui comme telle impose à ses adeptes de soigneusement contrôler l’information les concernant et de consolider leur cohésion par l’entretien d’un sentiment de fierté identitaire. L’exclusion du RIF du reste du monde musical est ainsi retournée, sur le mode du « faire de nécessité vertu », en refus de compromission avec une industrie du disque honnie parce qu’asservie au « capitalisme mondialiste », dans le même temps que sa relative clandestinité permet à ses adeptes l’adoption d’une posture « révolutionnaire » symboliquement valorisée dans cet univers militant. L’intérêt du RIF ne se limite cependant pas à sa participation à la sociabilité militante des jeunes activistes d’extrême droite. Son étude permet également d’avancer dans la compréhension des usages militants de l’art en proposant à l’analyse un cas extrême d’asservissement d’une pratique artistique à des enjeux proprement politiques. Ce sont donc les modalités, mais aussi les difficultés et impasses, de cette instrumentalisation de l’art à des fins de politisation que l’on étudiera dans ce chapitre.

Genèse et enjeux politiques du RIF

Une lutte sur le terrain culturel

  • 1 Principalement, car le RIF est aussi diffusé ou valorisé – mais dans une moindre mesure – dans d’a (…)
  • 2 Pour un panorama historique de la mouvance, voir Mathieu (2003a) et Lebourg (2004).

2Les musiciens et auditeurs de RIF appartiennent principalement1 à ce secteur particulier du champ politique d’extrême droite qu’est la mouvance nationaliste révolutionnaire (NR). Celle-ci s’est au fil des ans incarnée dans plusieurs groupuscules, fruits de scissions ou de recompositions entre différents courants ou tendances : Groupe union défense (GUD), Groupes action jeunesse (GAJ), Groupes nationalistes révolutionnaires (GNR), Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) dans les années soixante-dix, puis Troisième voie (fondée en 1985), Nouvelle résistance (fondée en 1991), Unité radicale (UR, issue en 1996 de la fusion de Nouvelle résistance avec le GUD) et enfin, suite à une dernière scission puis à la dissolution d’UR en juillet 2002 consécutive à la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie, Bloc identitaire et Réseau radical2. Si c’est au sein de cette mouvance qu’a émergé et s’est développé le RIF, il faut également prendre en compte que nombre de ses adeptes ont également fréquenté le Front national de la jeunesse (FNJ, branche jeunes du Front national) et le Renouveau étudiant (RE, syndicat étudiant FN), au sein desquels les nationalistes-révolutionnaires ont toujours été relativement nombreux et actifs.

3La nébuleuse NR est au sein de l’extrême droite française la principale héritière des courants fascistes des années trente, dont elle poursuit la dénonciation de la société capitaliste bourgeoise, à laquelle elle oppose une idéologie qui se revendique du socialisme tout en étant anti-marxiste, anti-matérialiste et antidémocratique. Le projet de société défendu par les nationalistes-révolutionnaires est celui d’une « troisième voie » entre capitalisme et communisme, et cela au moyen d’une conception corporatiste de la société unie autour d’un État fort. Cette idéologie a été renouvelée dans les années soixante-dix par les travaux du GRECE (Groupe de recherche et d’études sur la civilisation européenne), qui défend une conception biologisante des identités culturelles et rejette le nationalisme d’autres courants de l’extrême droite (royalistes ou nostalgiques de l’Algérie française, par exemple) au profit de la défense d’une identité européenne ethnicisée. Volontiers antisémites (et a fortiori antisionistes), les nationalistes révolutionnaires s’opposent également aux courants catholiques traditionalistes ou intégristes par la revendication d’un héritage païen pré-chrétien.

4Ce détour par l’idéologie NR n’avait pas pour seul enjeu de situer ce courant au sein de l’extrême droite française, mais également de pointer une de ses caractéristiques majeures qui est son investissement prioritaire sur le terrain de l’élaboration idéologique plutôt que sur la construction d’une véritable force politique.

  • 3 Les citations sont tirées du document de présentation Unité radicale. Questions et réponses.

5À ce titre, si certains militants NR ont par le passé joué un rôle important dans la construction du FN, la plupart entretiennent aujourd’hui un rapport ambivalent au parti lepéniste, à la fois reconnu comme pilier central de l’extrême droite française mais aussi rejeté parce que soumis à l’influence de courants adverses (catholiques, spécialement), disqualifié par sa participation au jeu électoral et subordonné au clan Le Pen. De ce point de vue, UR entendait placer son action non sur le terrain électoral (rôle dévolu au FN puis, après la scission, au Mouvement national républicain de Bruno Mégret), mais sur celui de la propagande idéologique et culturelle, à même selon ses leaders d’influer sur « les décisions et prises de positions du mouvement national dans son entier ». Ainsi, par des « campagnes militantes et par un combat culturel adapté », UR entendait « contribuer à une “renationalisation” de la jeunesse par imprégnation idéologique, de la même manière que la propagande des divers groupes d’extrême gauche […] contribue à une imprégnation idéologique favorable au métissage et à la société multiculturelle3 ».

  • 4 Un milieu associatif à dimension intellectuelle se consacre ainsi à l’étude et à la promotion de l (…)

6Le soutien apporté par les organisations de la droite radicale à la scène RIF doit être compris comme une des principales expressions de cet investissement sur le terrain idéologique et culturel, dont les jeunes sont la cible principale. De ce point de vue, la stratégie des leaders NR s’inscrit dans une optique explicitement inspirée des théories de Gramsci – celui-ci, auteur de prédilection de la Nouvelle droite, constituant de longue date une référence centrale des héritiers du fascisme – qui font de la lutte contre l’hégémonie idéologique bourgeoise et de la prise de pouvoir culturel des préconditions à la prise du pouvoir politique. Sans en être la seule expression4, le RIF est conçu comme un des principaux vecteurs de ce combat culturel, contribuant à « l’élaboration d’une véritable contre-culture populaire nationaliste » (P. Vardon, in Bouchet 2001, p. 174). Les propos qui suivent sont exemplaires de cette mobilisation de la culture dans une entreprise de contestation de l’ordre politique et social dominant :

« Aujourd’hui, le système mondialiste nous a déclaré la guerre culturelle. Il cherche à subvertir les valeurs propres de la jeunesse européenne dans le but de lui imposer des modes américanomorphes dans le domaine musical (rap), artistique (tags) et même culinaire (Coca, fast-food). Nous devons nous battre sur tous ces fronts, afin de substituer une “hégémonie culturelle nationaliste et enracinée” à l’actuelle “hégémonie mondialiste et cosmopolite”. » (B. Merlin, in Bouchet 2001, p. 129.)

7Mais la stratégie culturelle des nationalistes-révolutionnaires possède aussi sa face plus étroitement tactique lorsque le RIF devient un instrument de sensibilisation ou de recrutement de jeunes aux intérêts d’ordre davantage musical que strictement politique. C’est cette dimension instrumentale du rapport des militants NR au RIF que nous allons à présent évoquer, tout en situant ce courant dans l’histoire du monde musical d’extrême droite.

L’activisme musical

8Pour les stratèges de la mouvance NR, le RIF n’est en effet pas que l’expression d’un combat culturel, mais aussi un outil militant, dont il est attendu qu’il permette d’entrer en contact avec des jeunes peu sensibles aux thèses politiques développées par les groupuscules mais intéressés par la découverte de nouveaux groupes ou styles musicaux. Il constitue donc un instrument dans une tactique – qu’on propose d’appeler l’activisme musical – de recrutement de nouveaux sympathisants ou militants, de longue date décrite par la sociologie des mobilisations. Cette pratique correspond en effet à ce que David Snow et al. (1986) désignent comme l’« extension de cadre », lequel est un mode d’enrôlement privilégié par les organisations de mouvement social qui visent des individus ne partageant pas leurs valeurs ou objectifs. Il s’agit alors d’élargir le discours de l’organisation en y intégrant des éléments qui a priori n’en font pas partie mais qui sont pertinents pour sa cible de recrutement potentielle. Ces éléments peuvent prendre la forme d’incitations sélectives telles que, pour un amateur de rock, l’accès à de nouveaux styles ou groupes. Les propos qui suivent sont significatifs de cette appréhension du RIF sous l’angle de sa « rentabilité militante » :

« Le RIF, moyen d’expression privilégié de la révolte de notre jeunesse européenne, doit être un vecteur efficace de recrutement et de sensibilisation de jeunes encore extérieurs à la famille d’idées ou pas encore encadrés. Chacun de nos groupes de base un peu conséquent doit participer à la création d’un groupe de RIF local. […] Un concert de RIF avec dix jeunes Européens encore isolés deux heures auparavant, cela vaut cinq mille tracts boîtés. » (E. Marsan, in Bouchet 2001, p. 97.)

  • 5 Voir l’exemple de l’engagement des avant-gardes poétiques dans la Résistance étudié par Gisèle Sap (…)

9Se signale ainsi une des dimensions fondamentales du rapport du RIF au champ politique, qui est sa complète hétéronomie : à des années-lumières de ces formes esthétiques dont la légitimité est à la mesure de leur autonomie au sein du champ de production culturelle, et auxquelles ce sont précisément ces autonomies et légitimité qui confèrent un poids éventuellement mobilisable à des fins politiques5, le RIF est avant tout un outil, dépendant des stratégies politiques de militants guidés par des considérations d’efficacité plutôt que d’esthétique.

  • 6 Fabrice Robert, « La diffusion de l’idéal identitaire européen à travers la musique contemporaine  (…)

10Cette instrumentalisation est le fruit d’une réflexion soigneusement élaborée, comme en témoigne le fait que l’un des principaux acteurs du RIF, Fabrice Robert, ait consacré un mémoire de maîtrise en science politique à la diffusion de la propagande nationaliste par la musique6. Ancien élu FN et dirigeant d’UR puis du Bloc identitaire, F. Robert est aussi le batteur d’un des principaux groupes de RIF, Fraction, et l’un des fondateurs du label Bleu-blanc-rock (BBR). C’est à l’appui de ce même label que les principes d’enrôlement de jeunes par une première sensibilisation via la musique ont commencé à être appliqués : à la fin des années 1990, une cassette compilant des chansons de différents groupes a fait l’objet d’une large diffusion (5 000 au total auraient ainsi été vendues au prix de dix francs) par des militants à la sortie des lycées et lors de la fête de la musique ; cette opération a par la suite été rééditée avec l’édition d’une autre compilation, intitulée « Antimondial », cette fois sur support CD et vendue au prix de deux euros.

11Les « théoriciens » du RIF ont en fait systématisé une démarche d’instrumentalisation de loisirs juvéniles masculins à des fins de conversion idéologique ou d’enrôlement militant déjà existante au sein de l’extrême droite extra-partisane. La sensibilisation politique et l’organisation militante des groupes de supporters d’équipes de football, visant à en faire des hooligans prêts à défendre des valeurs identitaires et racistes dans des affrontements violents, a en effet constitué une première tentative d’instrumentalisation de loisirs de jeunes hommes. Cette démarche de « politisation des stades » était solidaire, lorsqu’elle a été engagée au début des années 1980, de l’entreprise de radicalisation de la mouvance skinhead – c’est-à-dire, bien avant la naissance du RIF, l’investissement d’une forme de sociabilité juvénile masculine organisée autour d’un style musical.

12Le mouvement skin, apparu à la fin des années 1960 dans la jeunesse populaire anglaise, était à l’origine un mouvement musical et vestimentaire non politisé, et notablement influencé par des styles musicaux joués ou écoutés par les jeunes immigrés jamaïcains. Son développement ultérieur a vu s’opérer une scission entre un courant d’extrême gauche et libertaire (redskins) et un autre d’extrême droite, violent et raciste (Orfali 2003). Les skins d’extrême droite sont apparus en France à la fin des années 1970 et leur mouvement s’est diffusé dans les années 1980 autour de différents groupes et de fanzines dont les musiciens ou rédacteurs étaient fréquemment membres de groupuscules comme l’Œuvre française ou le Parti nationaliste français et européen (PNFE). La mouvance skinhead se singularise surtout par des formes de sociabilité majoritairement masculines, centrées sur une musique spécifique (la « oï »), la consommation d’alcool et la « baston » entre soi ou à l’encontre de personnes appartenant à des groupes honnis (militants d’extrême gauche, Arabes, Juifs). De ce fait, les diverses tentatives d’organiser les skins français n’ont eu que des résultats mitigés : les fanzines, labels ou groupes militants se sont toujours signalés par une existence brève et fréquemment conflictuelle, et leur idéologie antisémite et raciste n’a eu qu’un écho limité.

13Une tentative ultérieure, et elle aussi importée d’Angleterre, de politisation via la musique rock est le RAC, c’est-à-dire le « rock against communism ». Cette appellation a été adoptée dans les années 1980 en opposition aux concerts « rock against fascism » organisés à l’époque par les militants d’extrême gauche. Le terme RAC a en France surtout servi à désigner les groupes les plus politisés et les plus proches des milieux militants organisés ; parmi ceux-ci, signalons Légion 88, Evil Skins, 9e Panzer Symphonie et Fraction Hexagone. Pour autant, et précisément parce qu’elle bénéficiait de meilleures organisations et politisations, la mouvance RAC a constitué la première base sur laquelle le RIF s’est ultérieurement développé : Fraction Hexagone, devenu simplement Fraction au milieu des années 1990, est au sein du RIF le principal héritier de cette mouvance.

14Les noms (faisant référence à la seconde guerre mondiale ou au fascisme), les textes (se réclamant fréquemment du nazisme ou du Ku Klux Klan) et la musique (proches des formes « métal » ou « hardcore » ultra-violentes) interdisaient de diffuser le RAC au-delà de cercles extrêmement restreints d’adeptes « initiés » et partageant déjà ses options idéologiques et politiques. Or, on l’a vu, c’est précisément à éviter cet enfermement dans un entre-soi de convertis, et à plutôt favoriser la diffusion des idées NR à de nouvelles recrues, que vise le RIF. L’« invention » de celui-ci à la fin des années 1990 correspond donc, non à une évolution esthétique interne à un courant musical autonome, mais à une réorientation tactique, misant sur l’ouverture et l’acceptabilité d’un discours politique particulier, imaginée et impulsée par des responsables militants. Une nouvelle fois se signale l’hétéronomie du RIF à l’égard des considérations politiques : alors que des formes musicales antérieures (oï ou RAC) correspondaient à un investissement musical de jeunes militants de la droite radicale, dans lequel ceux-ci exprimaient explicitement (dans leur style musical comme dans leurs textes), et à destination d’un public exclusivement composé de pairs, leurs préoccupations ou idéologies propres, la dimension instrumentale du RIF témoigne d’une démarche plus tacticienne. Parce qu’elle est destinée certes à des pairs (dont il faut satisfaire les options politiques et musicales), mais également à des « profanes » qu’il s’agit de convertir, le RIF se doit de respecter certaines contraintes de discrétion ou de camouflage (quant au contenu des idées diffusées et à l’orientation politique), lesquelles ont une influence directe sur les productions des groupes, et permet notamment de comprendre l’hétérogénéité de styles de la scène RIF.

La scène RIF

15L’organisation de la scène RIF témoigne de sa dimension groupusculaire, à la fois transposition du mode d’organisation propre à la mouvance politique dont elle est issue et dont elle dépend, mais aussi expression de sa stigmatisation (interdisant une large diffusion de ses productions) et de la limitation de ses ressources (en musiciens ou en supports organisationnels).

La diversité des styles

  • 7 Cet effet d’homogénéisation de l’étiquette rock n’est en rien spécifique au RIF, comme le montre M (…)
  • 8 Un musicien de Kaiserbund explique de même sur le site BBR la fondation de son groupe par le fait (…)

16Que le RIF se réclame du rock ne doit pas induire en erreur. L’appellation, en réalité, ne désigne pas un genre musical précis mais regroupe un ensemble de styles différents7 : les styles « hard », « métal » ou « hardcore » (prisés par Fraction, Insurrection ou Ile-de France), la musique électronique (Aion, Kaiserbund), le pop-rock (Brixia, Elendil, La Firme), ou encore des formes influencées par le ska (In Memoriam), la musique régionale (Vae Victis, Aquilonia, Traboule Gone) ou le rap (Basic Celtos). Cette diversité témoigne, une nouvelle fois, de l’hétéronomie du RIF, dont l’unité tient davantage à des considérations politiques et idéologiques (l’appellation regroupe les diverses formes de musique « jeune » promues au sein de la droite radicale) qu’à une cohérence de style. Plus encore, cette diversité est l’expression de l’instrumentalisation de la musique à des fins de sensibilisation et d’enrôlement de nouveaux militants : pour recruter le plus largement possible au sein de la jeunesse, les groupuscules NR pensent devoir s’ajuster à la diversité de ses goûts, et proposer une expression « identitaire française » de chaque style prisé par les jeunes. Les discours des leaders de la droite radicale expriment une nouvelle fois explicitement cette volonté de s’ajuster à ce qui est supposé être les attentes du public dont l’enrôlement est recherché ; ainsi l’ancien secrétaire général d’UR Christian Bouchet estime-t-il qu’il « serait judicieux qu’ils [ses “amis du RIF”] accroissent encore plus l’éventail de leur offre et que certains de leurs groupes s’ouvrent à la variété ou aux chants et musiques régionales » (Bouchet 2001, p. 438).

17Le groupe qui a sans doute poussé le plus loin cette logique d’ajustement aux attentes supposées du public est Basic Celtos, puisqu’il s’est investi dans ce style musical honni au sein de l’extrême droite qu’est le rap (ou plus précisément une forme de rap intégrant, défense de l’identité régionale oblige, des sonorités celtes). Ainsi ses musiciens défendaient-ils leur musique en avançant des considérations d’ordre avant tout tactique dans une interview à la revue Jeune résistance (n° 15) : « Aujourd’hui le rap représente 20 % du marché jeunes, est-ce que les fafs vont être les seuls à ne pas être de la partie ? » Cet investissement dans un style aussi disqualifié – parce que propre aux « adversaires ethniques » que sont pour les militants NR les « jeunes issus de l’immigration » – au sein de l’extrême droite ne va toutefois pas de soi, et se heurte à l’hostilité de certains militants. Les propos de ce codirecteur du MNJ (mégretiste) interviewé par Magali Boumaza sont de ce point de vue explicites :

« D’abord j’aime pas musicalement parlant, franchement, j’aime pas tellement. Et ensuite je pense que d’un point de vue non pas musical mais plus politique, c’est une erreur. Parce que c’est, en fait, c’est entrer dans le jeu de l’adversaire, le rap c’est en fait une espèce de, une espèce de sous-culture qui vient des ghettos noirs américains. C’est quand même ça l’origine du rap, ça ne ressemble à rien et surtout pas à de la musique. » (Cité in Boumaza 2003, p. 12.)

  • 9 Les grossesses des musiciennes ou chanteuses sont à plusieurs reprises évoquées comme des causes d (…)

18Une autre caractéristique de la scène RIF est le nombre restreint des formations (une dizaine) et leur relative fragilité. Si Fraction existe depuis 1994, et Ile-de-France ou In Memoriam depuis 1996, d’autres se sont dissous après quelques années (comme Vae Victis, né en 1993 et premier groupe à se revendiquer du RIF, ou Elendil). Surtout, tous les groupes connaissent de permanents changements de musiciens, les bouleversements de la vie professionnelle (imposant des déménagements) ou familiale9, inhérents au statut de jeunes entrant dans la vie adulte, interdisant la poursuite des répétitions. Les changements de composition des groupes témoignent également de la dimension groupusculaire – au sens ici d’univers aux effectifs restreints – du RIF, en ce que les transferts d’une formation à une autre sont fréquents : trois des musiciens d’Ile-de-France et un de Kaiserbund faisaient antérieurement partie de Vae Victis, la chanteuse de Brixia était parallèlement membre d’Elendil, etc. Enfin, la plupart des praticiens ne sont pas des musiciens professionnels ou ayant suivi une formation musicale prolongée ; ce statut de musicien autodidacte, qui n’est certes pas une rareté au sein du monde du rock, prend dans le cas de certains groupes une forme extrême (il est dit de Traboule Gone que deux de ses membres n’avaient aucune connaissance musicale avant la formation du groupe).

19Si les styles musicaux ne peuvent, à la différence de la oï ou du RAC, être immédiatement rapportés à la droite radicale, les textes des chansons (ou les échantillons samplés dans le cas des groupes de musique électronique) et les interviews diffusées dans des fanzines, revues ou sites internet sont davantage explicites quant aux options politiques des groupes. Outre leur inspiration littéraire ou historique (que l’on évoquera plus loin), les thèmes développés reprennent en effet la plupart des thématiques de prédilection de la mouvance NR, telles que la dénonciation de l’immigration, le rejet de la mondialisation, la condamnation de l’avortement, l’antisémitisme et le révisionnisme. Quelques extraits donnent une idée de la tonalité de ces textes :

« Aujourd’hui la Serbie, demain la Seine-Saint-Denis/Un drapeau frappé d’un croissant flottera sur Paris » (In Memoriam, « Paris-Belgrade »).
« Aux ordres des banquiers rapaces/Le mondialisme se met en place » (Insurrection, « Invasion »).
« L’avortement c’est épatant/Pourquoi s’faire chier pour des enfants » (In Memoriam, « Das Capital »).
« Je viens de la rue du Sentier, je vendais du dégriffé/Aujourd’hui j’ai tout lâché/Juste avant le krash boursier qui m’a bien rapporté » (Elendil, « Bourgeois, nouveaux riches et décadents »).
« Des universitaires sont traqués/Ils défendent une vision de l’histoire/Certains lobbies tiennent à leur pouvoir » (Fraction, « Hérétique »).

  • 10 Fraction, sur le site du Vlaamse Jongeren Mechelen (mouvement de jeunes nationalistes flamands).

20Mais témoignage également de l’entretien par le RIF d’un « entre-soi » de militants unis par un sentiment d’appartenance à une même communauté militante, certains textes ne peuvent être compris que des initiés, telle cette chanson en hommage à Sébastien Deyzieu, militant de l’Œuvre française mort accidentellement en essayant d’échapper à la police, et martyr de la mouvance NR : « Tu t’appelais Sébastien/Ton prénom n’évoque rien/Pour le gratin médiatique/Tu dois t’appeler Malik » (Vae Victis, « Sébastien »). De même les interviews des musiciens signalent-elles un univers politique et intellectuel précis ; dans leur interview sur le site Coq gaulois les musiciens de Kaiserbund citent parmi leurs sources d’inspiration Maurice Bardèche, Lucien Rebatet, Céline, Vacher de Lapouge, Leni Riefenstahl, ou Oswald Mosley ; ceux de Fraction, quant à eux, évoquent « Drieu la Rochelle, Brasillach, Blanqui, Sorel, les frères Strasser, Che Guevara et bien sûr Nietzsche pour son hymne à la volonté de puissance10 ».

Labels et circuits de diffusion

21Un indice supplémentaire du caractère groupusculaire du RIF est que certains musiciens sont également les responsables de sites de vente par correspondance ou de labels. Ainsi, on l’a dit, Fabrice Robert cumule-t-il les positions au sein de cet univers politico-musical : outre un leader d’UR puis du Bloc identitaire, un animateur de revues NR (Jeune résistance et L’Épervier), un « théoricien » de l’activisme musical et un musicien au sein de Fraction, il est aussi un des dirigeants de l’association Bleu-blanc-rock, spécialisée dans la vente de RIF par correspondance. De même la maison de disques Memorial Record a-t-elle été créée en 1996 par deux musiciens du groupe In Memoriam, auxquels est venu se joindre le chanteur de Vae Victis qui en a pris la direction.

22L’évolution de l’organisation de la scène RIF témoigne aussi et surtout de sa dépendance à l’égard du champ politique : c’est en effet la SERP, maison de disque propriété de Jean-Marie Le Pen et dirigée par sa fille Marie-Caroline, qui a produit le premier disque de RIF français, celui de Vae Victis. On peut faire l’hypothèse que l’autonomisation de ce groupe (ensuite imité par l’ensemble de la scène RIF) de la sphère d’influence de la famille Le Pen témoigne de la réticence de la mouvance NR à l’égard du FN – réticence qui a conduit la plupart des militants NR membres du parti lepéniste à suivre B. Mégret lors de la scission de 1998. Depuis, Memorial Records est devenu le principal label de RIF. C’est d’abord sous la forme d’une association loi 1901 que le label a commencé par diffuser une cassette de compilation, puis par produire le premier CD du groupe de ses fondateurs, suivi de celui d’Elendil. En 1998 Memorial Records a pris la forme d’une SARL et sorti de nouveaux disques de Vae Victis, In Memoriam, Elendil, ainsi qu’une compilation, « Sur les terres du RIF ».

23La production et la diffusion des productions RIF par des supports propres est, on l’a dit, une manière de « faire de nécessité vertu » : l’amateurisme des musiciens, le contenu de leurs textes et les effectifs restreints de leur public leur interdisent l’accès aux grandes maisons de disque et aux canaux de diffusion traditionnels (radios commerciales ou grandes surfaces du disque). C’est donc de manière contrainte que les groupes diffusent leurs productions essentielle- ment sur des radios émettant sur internet (Canal RIF) et en vente par correspondance (ainsi que dans les librairies d’extrême droite ou plus ponctuellement lors de rassemblements militants, comme ceux en l’honneur de Jeanne d’Arc). Outre celui de Memorial Records, Le Coq gaulois et BBR sont les principaux sites de vente de CD par correspondance. Pour autant, ceux-ci ne se limitent pas à cette activité : y sont également en vente des disques de chanteurs d’extrême droite autres que de rock (Dr Merlin, Jean-Pax Méfret ou musique folklorique, avec une dominante celte), des gadgets (autocollants, T-shirts, ainsi que bijoux « croix celtique » ou « marteau de Thor » prisés par les néo-païens), des bandes dessinées (de style science-fiction ou mythologique ou à vocation plus humoristique), des revues idéologiquement proches (Terre et peuple, Réfléchir et agir, L’Épervier…) et des livres d’auteurs d’extrême droite ou n’appartenant pas à cette mouvance mais dont les ouvrages sont enrôlés dans la réflexion NR. On trouve par exemple sur le site du Coq gaulois des ouvrages relevant de la première catégorie, comme Une terre, un peuple de Pierre Vial (éditions Terre et peuple), Le mondialisme, mythe et réalité (Éditions nationales) ou José Antonio, La phalange espagnole et le national-syndicalisme d’Arnaud Imatz (Éditions Godefroy de Bouillon), aux côtés du Livre noir du communisme dirigé par Stéphane Courtois (Robert Lafont) et du Mitterrand et les 40 voleurs de Jean Montaldo (Robert Lafont).

24Outre leur vocation commerciale, ces sites comportent une dimension plus militante. Dans une rubrique significativement appelée « combat militant », celui de BBR invite ses visiteurs à s’organiser en « cellules Bleu-blanc-rock » pour « agir en organisant concerts, tractages, collages et ventes de K7 », tandis que celui du Coq Gaulois propose une rubrique « pourquoi ? » déclinant une série de questions telles que : « Pourquoi le gouvernement s’acharne-t-il à tuer 220 000 enfants chaque année par l’intermédiaire de l’IVG ? », « Pourquoi lors des innombrables émeutes de banlieue on n’entend parler que de “jeunes” et non pas d’immigrés ? » ou encore « Pourquoi n’organise-t-on pas un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, alors qu’une majorité de français est pour ? ». On y trouve également des « arguments » contre les principaux adversaires – tels que le casier judiciaire du rappeur Joey Starr ou des propos, estimés « significatifs », de personnalités honnies (Robert Hue, Jack Lang, Ariel Sharon, le groupe de rap Sniper…). L’intrication des dimensions musicales, commerciales et militantes de ces canaux de diffusion peut toutefois se retourner contre eux : Maxime Brunerie était le correspondant pour la région parisienne de BBR et le responsable de ce même site a été incarcéré au printemps 2004 après que la police ait saisi chez lui un stock d’armes et de propagande négationniste.

Une musique semi-clandestine

25Les groupes RIF n’éprouvent pas seulement de la difficulté à se faire diffuser, mais également à apparaître publiquement. Ce rapport problématique des musiciens de RIF à la publicité, inhérent à leur statut stigmatisé, s’exprime par exemple par le fait que leurs photos sur les sites de vente par correspondance sont parfois floutées. Mais il s’exprime surtout dans la rareté de leurs concerts, laquelle tient à plusieurs facteurs parmi lesquels l’amateurisme des musiciens joue un rôle important. Résidant souvent dans des villes différentes, pris par leur vie familiale, professionnelle et militante, ils peinent à se réunir pour répéter, tandis que d’autres sont encore trop inexpérimentés pour jouer en public. Mais le principal obstacle aux prestations publiques des formations RIF tient à leur stigmate qui leur interdit d’accéder à la plupart des scènes, festivals ou tremplins réservés aux jeunes groupes de rock. Ainsi Ile-de-France s’était-il en 1999 porté candidat dans un tremplin rock et, bénéficiant d’un bon classement, pouvait prétendre poursuivre la compétition quand l’association antifasciste Ras l’Front est intervenue auprès des organisateurs pour l’en faire exclure au motif de son ancrage politique. En conséquence, certains groupes préfèrent-ils se présenter sous un faux nom pour pouvoir jouer dans des lieux hostiles à l’extrême droite.

  • 11 La brochure de Ras l’Front consacrée au RIF contient des conseils pratiques pour faire interdire u (…)

26Dans ce contexte, les opportunités de jouer en public sont rares : les groupes peuvent profiter des facilités offertes par les fêtes de la musique, mais celles-ci ne sont qu’annuelles et ne les mettent pas à l’abri de leurs adversaires. Ces prestations publiques apparaissent en conséquence comme des « contacts mixtes » au sens de Goffman (1975, p. 23), c’est-à-dire des interactions entre des stigmatisés et des « normaux », au cours desquelles la révélation du stigmate des groupes RIF est tout à la fois recherchée (afin de populariser leur musique et leurs idées tout en recrutant de nouveaux militants) mais aussi redoutée pour les sanctions auxquelles elle expose (interdiction de jouer et disqualification définitive auprès des lieux de concerts, voire « bastons »). En conséquence, comme l’a décrit Goffman, les stigmatisés exposés à la vindicte publique n’ont souvent d’autre recours que de se replier sur des « lieux retirés » (1975, p. 100), composés uniquement de pairs et où le stigmate étant uniformément partagé il n’est plus nécessaire de le dissimuler. Ces lieux de concert (qui clôturent souvent des réunions ou rassemblements militants) sont relativement clandestins, n’étant révélés aux spectateurs qu’au dernier moment ou à l’issue d’un véritable jeu de piste. Ces précautions, si elles valorisent les adeptes du RIF en entretenant leurs sentiments de risque et de clandestinité, ne sont pas sans fondement : il arrive fréquemment que les concerts soient annulés après que des militants antifascistes aient informé le propriétaire d’une salle de concert de la « véritable nature » des groupes qui doivent s’y produire, ou qu’ils aient incité les forces de l’ordre à les interdire en prévention de tout « trouble à l’ordre public11 ».

27Un autre type de lieux retirés, mais soumis à une plus large visibilité, qui permet aux groupes de RIF de se produire sur scène, sont les spectacles organisés par des partis ou groupes d’extrême droite. La fête « Bleu blanc rouge » organisée tous les ans par le FN a vu se produire (avant la scission avec le MNR) des groupes de RIF comme In Memoriam et a accueilli leurs stands et ceux des labels spécialisés ; le même groupe a joué lors de la « Fête de l’identité et des libertés » organisée par Terre et peuple à la salle Wagram le 9 novembre 2002. Les mairies dirigées par l’extrême droite ont elles aussi apporté leur contribution à l’expression du RIF : la mairie FN d’Orange a ainsi organisé en 1996 un tremplin rock faisant la part belle aux groupes RIF, et la mairie mégretiste de Vitrolles a en 1998 organisé en partenariat avec Memorial Records un festival au cours duquel se sont produits In Memoriam, Ile-de-France et Vae Victis (dans un premier temps compromis par la destruction de la sono par une bombe artisanale, ce festival a finalement rassemblé moins de 400 spectateurs).

Une posture distinguée

28Le RIF apparaît donc pris dans un paradoxe : destiné à sensibiliser et recruter de nouveaux militants, son stigmate de musique d’extrême droite le contraint à la clandestinité et, ce faisant, conforte la tendance de ses adeptes à en faire un instrument d’entretien de leur entre-soi groupusculaire. Ce paradoxe contraint d’autant plus largement les modes d’affichage public du RIF que la posture contestataire qu’il valorise est davantage, ou mieux, incarnée par ses adversaires.

S’identifier tout en se distinguant

29Le site des Jeunesses identitaires (section jeunes du Bloc identitaire) contient une rubrique musicale, donnant accès à des chansons de groupes de RIF en MP3, qui s’ouvre par ces mots : « Il existe des artistes vrais loin de Star Academy et Popstars, il existe des groupes révoltés autres que NTM ou Sniper, il existe des groupes réellement engagés contre la mondialisation aux antipodes de l’hypocrisie de Noir Désir, il existe d’autres labels que Sony et Universal… » Si la confidentialité de la scène RIF lui est imposée par son exclusion de l’industrie du disque et de ses circuits de diffusion, cette dernière, on le voit, est transmuée en « vertu » par l’adoption d’une posture de rejet de son mercantilisme : la dénonciation d’une industrie du disque asservie aux intérêts du « capitalisme mondialiste et cosmopolite » permet de retourner l’exclusion du RIF en signe d’élection témoignant de sa pureté idéologique. Pour autant, le rapport des musiciens de RIF aux groupes ou styles dominants (par leurs ventes comme par leur légitimité) dans le champ de production culturelle, a fortiori lorsqu’ils se posent eux aussi comme « engagés », signale l’intériorisation d’une forte domination symbolique.

  • 12 Ainsi la célèbre photo du Che par Korda a-t-elle été détournée par les militants NR, l’étoile sur (…)
  • 13 Ainsi les musiciens d’Ile-de-France regrettent-ils sur le site BBR que « les relais de l’anti-mond (…)

30Ce rapport aux groupes engagés est lui-même la transposition du rapport dominé que les jeunes militants de la droite radicale entretiennent au militantisme gauchiste. Se posant en révolutionnaires luttant contre le « système capitaliste mondialisé », les militants NR souffrent qu’en l’état actuel du champ politique « l’excellence révolutionnaire » trouve davantage à s’incarner à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite, et que le mouvement altermondialiste paraît bien plus à même de contester le néolibéralisme qu’une mouvance NR groupusculaire et marginale. Ce rapport dominé contribue à expliquer certaines stratégies de présentation de soi (détournement de l’imagerie gauchiste, par exemple12) ou d’appropriation et redéfinition de thématiques issues de la gauche contestataire – comme l’écologie (UR comportait une branche écologiste, au sein de laquelle figuraient des militants exclus des Verts suite à des discours antisémites), la « malbouffe » (la même UR avait organisé un « Comité national anti-McDo ») ou l’altermondialisation13 – destinées à en détourner les sympathisants.

  • 14 « En réclamant la libre circulation des individus, des gens comme José Bové se transforment en res (…)

31De même qu’ils reprochent aux altermondialistes de se faire les complices du « système » qu’ils prétendent pourtant combattre14, les groupes de RIF tentent de contester, tout en essayant d’en capter une parcelle du capital symbolique, le prestige des musiciens connus et reconnus pour leur talent et/ou leur engagement politique. Conformément au principe selon lequel s’attaquer aux grands est une manière de se grandir (Boltanski 1990), il s’agit pour eux non de disqualifier ces concurrents (leur prestige doit être préservé pour pouvoir être approprié), mais au contraire de pointer leurs carences, contradictions ou reniements pour mieux se poser en modèles d’intégrité. Ainsi les groupes citent-ils volontiers comme des références ou des sources d’inspiration des groupes largement étrangers à leur mouvance. Ile-de-France se targue d’avoir « une bassiste comme Téléphone, une boîte à rythme comme Rita Mitsouko et les Bérus » tandis que Vae Victis se réclame des Têtes raides, Pigalle, Louise Attaque, voire même Brassens et Brel, et se pose en héritier du « rock alternatif » tout en dénonçant les « trahisons » mercantiles des groupes phares (et engagés à gauche) de ce courant :

« Nous avons une certaine fascination pour les groupes de rock alternatif des années quatre-vingt et leur mode de fonctionnement. Même si le message qu’ils divulguaient n’était pas le nôtre, nous considérons que leur démarche était sincère. Aujourd’hui ils ont tous été récupérés et sont largement diffusés par le système quoi qu’ils en disent. La FNAC et VIRGIN leur offrent leurs bacs et les mettent en écoute. Les seuls alternatifs sont aujourd’hui les groupes de RIF. » (Interview sur le site Coq Gaulois.)

  • 15 Kaiserbund, sur le site BBR.
  • 16 « Les pros sont des collabos », éditorial du site BBR, septembre 2001.

32Mais l’identification à l’excellence contestataire exige aussi de s’en distinguer en dénonçant son impureté et ses compromissions. Le fait que la plupart des groupes engagés à gauche soient produits par de grandes maisons de disques constitue la dénonciation la plus fréquente. On rappelle ainsi que Zebda est « produit par le monstre économique Vivendi-Universal15 » et on avance que « les rockers de métier, bien payés, mais surtout bien contrôlés par les multinationales qui les emploient, ont beaucoup moins de mérite que les petits groupes autonomes et déterminés16 ». Les engagements de ces groupes ne sont pas non plus ignorés mais régulièrement dénoncés – même si, une nouvelle fois, sont reconnues (et enviées) leurs qualités :

  • 17 « Gentillesse bon ton = piège à cons ! », éditorial du site BBR, novembre 2001.

« Songez aux dégâts qu’ont pu faire dans la jeunesse blanche des groupes comme […] Noir Désir ou Matmatah, qui derrière une musique de bon niveau voire même des textes intéressants – ne soyons pas mauvais joueurs – délivrent un message clairement anti-national. » (P. Vardon, in Bouchet 2001, p. 174.)
« Le 10 décembre prochain, des groupes comme Noir Désir, Zebda et Les Têtes raides vont participer à un concert de soutien aux immigrés […] Qu’ils ont de bons sentiments nos collabos du libéralisme mondial ! Pourtant, sous prétexte de solidarité avec les exclus, il s’agit bien de soutenir le système, et non ses victimes. Sous prétexte de solidarité, les rockers de Vivendi et consorts viennent tout naturellement donner un petit coup de pouce au capitalisme international17

  • 18 Présentation Basic Celtos sur le site Memorial Records.

33Mais la plus grande frustration des musiciens RIF aura sans doute été de voir un groupe parvenir au succès en reproduisant les formes les plus caractéristiques de leur courant – à savoir l’intégration de sonorités musicales « traditionnelles » à des formes modernes – mais sans appartenir à leur mouvance. Ainsi le succès du groupe Manau « La tribu de Dana » (qui intègre cette référence majeure du RIF qu’est la musique celte) a-t-il été particulièrement mal accueilli par les musiciens RIF : « Le groupe Manau sort “La tribu de Dana” qui donne envie à BC de répondre par “L’histoire de Ronan Kerguénu”, où le petit Dana mondialiste se prend une rouste par un bon breton de chez breton qui en a ras-le-bol de voir sa culture récupérée par les commerciaux déracinés de tout poil18 ! » Nouveau signe de leur domination, les musiciens RIF ne peuvent conserver la maîtrise, ni revendiquer la propriété, de leurs formes musicales les plus originales.

Des références culturelles spécifiques

  • 19 Cette dimension identitaire ne peut d’ailleurs être considérée comme spécifique à la seule musique (…)

34La fréquence de ces références des groupes RIF à la culture celte mérite d’être soulignée, non seulement en ce qu’elle signale le double processus de mobilisation et de reformulation des traditions culturelles que Eyerman et Jamison (1998, p. 7) placent au cœur des rapports entre musique et mouvements sociaux, mais surtout parce qu’elle témoigne du marquage idéologique spécifique de la mouvance NR. Ces références ne participent pas seulement, en effet, de la défense des héritages régionaux et de l’enracinement culturel contre le « mondialisme nivellateur des cultures ». Non que celle-ci ne soit pas présente : de même que tous les défilés du 1er mai du FN comptent leur lot de cortèges en costume folklorique (qui, dans la filiation pétainiste, ravivent le souvenir des provinces d’ancien régime), les groupes RIF invoquent fréquemment leur ancrage régional, présenté comme constitutif de l’identité qu’ils s’attachent à défendre. Ainsi, les musiciens d’Aquilonia expliquent-ils sur le site Coq Gaulois leurs références à la Bretagne par « un besoin d’enracinement, de personnalisation, une nécessité de se rattacher à une famille, un pays, “une identité” à une époque où les matricules remplacent de plus en plus les noms19… »

35Mais derrière ce régionalisme, et dans le vocabulaire du « sang » ou du « clan » qu’il mobilise volontiers, transparaît la principale influence idéologique du RIF qui est celle du GRECE. Les propos d’Aquilonia que l’on vient de citer sont précédés de ces phrases significatives : « Quant à la place de la Bretagne dans l’Europe, elle réunit peut-être avec d’autres les derniers européens à ne pas avoir oublié qu’ils étaient des Celtes. Nous ne mettons surtout pas en cause le bon vouloir de chacun mais seulement les destructeurs de notre civilisation tels que la christianisation, les bolcheviques et tant d’autres. » L’inspiration gréciste est sensible dans les noms des groupes (Brixia, Vae Victis et Aquilonia sont des références à la Gaule, Aion à la Grèce antique), les titres ou les textes de leurs chansons qui n’hésitent pas à recourir au latin et qui développent une thématique ethnique européenne, ou les liens assumés avec les représentants de la nouvelle droite (Terre et peuple vendu sur les sites RIF ou présence des groupes lors des fêtes de l’identité organisées par l’association de Pierre Vial). Les références historiques récurrentes à ce passé pré-chrétien trouvent leur principale source d’inspiration dans la mythologie (celte ou scandinave) qui partage son imaginaire guerrier avec des références littéraires elles aussi fréquemment citées : Elendil est à l’origine le nom d’un personnage du Seigneur des anneaux, roman très prisé des jeunes militants NR.

  • 20 Aion déclare sur le site Coq gaulois que « le parallèle entre la Rome antique et le monde moderne (…)

36Ces allusions mythologiques ou littéraires ne font pas qu’afficher publiquement une idéologie ou entretenir la cohésion du groupe par l’exaltation d’un ensemble de références partagées. Elles permettent également, par leur relative légitimité culturelle, l’adoption d’une posture intellectuelle valorisante : signaler que l’on maîtrise suffisamment le latin pour écrire des textes de chansons dans cette langue, mettre en avant (comme le fait un musicien d’Aion) que l’on a soutenu une thèse sur « le rôle de l’empereur romain au combat » ou démontrer que l’on connaît suffisamment l’histoire antique pour tracer des parallèles avec la société contemporaine20 sont autant de manière de se réévaluer en même temps que les positions que l’on défend lorsqu’on est marginal non seulement à l’intérieur du champ politique, mais aussi au sein d’une extrême droite largement dominée par le FN. Ajoutons que la posture intellectuelle adoptée par certains groupes (d’autres jouent sur ce plan une carte beaucoup plus « populiste ») trouve à s’exprimer sur d’autres terrains que les seules références grécistes. Elle se signale dans les allusions récurrentes à la culture légitime (Kaiserbund se réfère à Varèse et Stravinsky) ou dans des formulations recherchées (« nous nous sommes retrouvés dans la démarche du peintre qui à travers un simple tableau se risque à exprimer un concept complexe », avance le même groupe sur le site Coq gaulois). Cette hypercorrection culturelle semble témoigner d’un rapport dominé, empreint de révérence, à la culture légitime (ou plus précisément une culture classique en voie de déclassement). L’absence d’informations sur les origines, trajectoires et capitaux culturels des musiciens empêche toutefois d’aller plus loin dans la compréhension des ressorts sociaux de ces goûts esthétiques et options politiques particuliers.

  • 21 Jeune résistance, n° 25, hiver 2001.
  • 22 Site Coq Gaulois.

37Les interviews des groupes RIF martèlent les principes de l’activisme musical : pour Fraction, il s’agit de « diffuser un message politique clair sur un support musical susceptible de toucher le plus grand nombre21 », tandis que Traboules Gones rappelle que « la musique permet de faire passer pas mal d’idées “en douceur”22 ». Cette mobilisation de la musique à des fins militantes se heurte toutefois aux effets de la double contrainte qui pèse sur le RIF : musique visant à accéder à un extérieur (les jeunes non politisés susceptibles d’être recrutés) et devant à ce titre éviter ce qui tendrait à la disqualifier, elle sert également à l’entretien de la cohésion du cercle de ses adeptes, ce qui tend à la renvoyer à un entre-soi fermé et, en exprimant les références politiques et idéologiques qui la fondent, à en interdire l’accès à ceux qu’elles rebutent. Cette tension est caractéristique de tout univers groupusculaire, inévitablement pris dans une logique de renfermement contradictoire avec sa vocation à l’élargissement politique ou idéologique. Elle ne peut toutefois à elle seule expliquer l’échec du RIF, dont une autre des causes pourrait résider dans le manque de ressources strictement musicales de ses praticiens, c’est-à-dire dans leur amateurisme qui grève son potentiel de séduction auprès du public des jeunes non politisés qu’il voudrait atteindre.

Notes

1 Principalement, car le RIF est aussi diffusé ou valorisé – mais dans une moindre mesure – dans d’autres secteurs de l’extrême droite, tels que les royalistes et catholiques nationalistes. Signalons également que nous ne traiterons ici que du rock identitaire français, et laisserons de côté les groupes similaires d’autres pays (Italie, Espagne, Québec, Slovénie notamment), avec lesquels le RIF français entretient par ailleurs des liens étroits.

2 Pour un panorama historique de la mouvance, voir Mathieu (2003a) et Lebourg (2004).

3 Les citations sont tirées du document de présentation Unité radicale. Questions et réponses.

4 Un milieu associatif à dimension intellectuelle se consacre ainsi à l’étude et à la promotion de l’histoire de la « civilisation européenne », à l’exemple de Terre et Peuple du professeur d’histoire médiévale de Lyon 3 (et ancien responsable FN puis MNR) Pierre Vial.

5 Voir l’exemple de l’engagement des avant-gardes poétiques dans la Résistance étudié par Gisèle Sapiro (1999).

6 Fabrice Robert, « La diffusion de l’idéal identitaire européen à travers la musique contemporaine », mémoire de maîtrise de science politique soutenu en 1996 à l’Université de Nice, cité in Lebourg (2004, p. 399).

7 Cet effet d’homogénéisation de l’étiquette rock n’est en rien spécifique au RIF, comme le montre Mignon (1996).

8 Un musicien de Kaiserbund explique de même sur le site BBR la fondation de son groupe par le fait qu’« il manquait au sein du RIF un pôle “électronique” ».

9 Les grossesses des musiciennes ou chanteuses sont à plusieurs reprises évoquées comme des causes de modification de la composition des groupes. On remarquera à ce propos qu’une des caractéristiques du RIF est sa relative féminisation, a priori étonnante dans des mouvances musicale et politique majoritairement masculines.

10 Fraction, sur le site du Vlaamse Jongeren Mechelen (mouvement de jeunes nationalistes flamands).

11 La brochure de Ras l’Front consacrée au RIF contient des conseils pratiques pour faire interdire un concert de musiciens d’extrême droite.

12 Ainsi la célèbre photo du Che par Korda a-t-elle été détournée par les militants NR, l’étoile sur le béret étant remplacée par une croix celtique. De même est-on frappé par la récurrence, dans les théorisations stratégiques des intellectuels organiques de la mouvance NR, des références au léninisme ou au trotskisme : si les programmes et idéologies de l’extrême gauche sont violemment rejetés, les qualités politiques qui lui sont prêtées sont en revanche enviées et font l’objet de tentatives d’imitation.

13 Ainsi les musiciens d’Ile-de-France regrettent-ils sur le site BBR que « les relais de l’anti-mondialisme, en France du moins, sont souvent entre les mains de véritables internationalistes, qui ne critiquent la mondialisation que pour mieux promouvoir la disparition des États, des peuples et des cultures ». Sur les tentatives d’infiltration du mouvement altermondialiste et d’appropriation de ses thématiques par les militants de la droite radicale, cf. BOUMAZA (2003).

14 « En réclamant la libre circulation des individus, des gens comme José Bové se transforment en responsables des Ressources humaines au service des grandes multinationales », affirme Fraction dans le n° 25, hiver 2001, de Jeune résistance.

15 Kaiserbund, sur le site BBR.

16 « Les pros sont des collabos », éditorial du site BBR, septembre 2001.

17 « Gentillesse bon ton = piège à cons ! », éditorial du site BBR, novembre 2001.

18 Présentation Basic Celtos sur le site Memorial Records.

19 Cette dimension identitaire ne peut d’ailleurs être considérée comme spécifique à la seule musique d’extrême droite, ainsi que l’indique la diversité des styles étudiés dans l’ouvrage sur ce thème dirigé par Alain Darré (1996c).

20 Aion déclare sur le site Coq gaulois que « le parallèle entre la Rome antique et le monde moderne est tellement évident et a tellement été abordé qu’il serait vain d’y revenir. Mêmes causes, mêmes effets : cosmopolitisme et dévirilisation entraînent inéluctablement la chute des civilisations, même les plus brillantes et les plus stables. Seul un retour aux valeurs archaïques pourra redonner l’énergie vitale nécessaire au redressement intellectuel, démographique et esthétique de l’Europe ».

21 Jeune résistance, n° 25, hiver 2001.

22 Site Coq Gaulois.

Fraction. Fraction Hexagone. Fabrice Robert. Philippe Vardon. Unité Radicale. Bloc Identitaire (2004)

Fraction

RIF ou pas RIF ? Laissons le groupe se présenter lui-même[10] dans une interview publiée par Présent, « Au baroud dans le R.I.F. – Rencontre avec le groupe “ Fraction ” » mais qui n’est qu’une reprise abrégée d’un entretien publié dans Tribune musicale[11] :

« – Tribune musicale : Pourquoi avoir enlevé le mot “ hexagone ” à votre nom ?
– Fraction : Le groupe est né en 1994 d’une volonté de diffuser un “ nationalisme révolutionnaire ” au sein de la jeunesse.
À cette époque, en France, la scène musicale nationaliste était partagée entre des groupes skins au message souvent marginal et des productions un peu ringardes aux yeux de la jeunesse. Nous voulions développer un message radical et contestataire tout en restant en phase avec la réalité. Il s’agissait de dénoncer l’arrogance de l’impérialisme américain et du sionisme international, le capitalisme apatride, le métissage institutionnalisé et la corruption généralisée. Le mot Fraction symbolise toujours aussi bien l’esprit du groupe. Nous nous considérons comme faisant partie de cette “ minorité combattante ” qui a déclaré la guerre au Nouvel Ordre mondial et à tous ses avatars.

– TM : Pourquoi avoir supprimé le mot hexagone ?
– Fraction : Fraction a progressivement évolué vers un style beaucoup plus métal tout en subissant quelques changements dans le line-up. Le groupe est donc bien différent aujourd’hui même si l’engagement militant et les motivations politiques restent identiques à celles du début.

– TM : Le fait d’avoir eu un procès pour le texte d’une chanson du premier album vous a-t-il obligés à vous autocensurer ?
– Fraction : Nous n’avons finalement pas été poursuivis devant les tribunaux. Rappelons que nous avons été mis en examen pour “ complicité de provocations non suivies d’effets à des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne pour avoir participé à l’élaboration de la chanson « Une balle » ”. Nous avions alors été convoqués dans le bureau du juge Valat, le même qui a poursuivi Garaudy et Le Pen (pour le “ point de détail ”). Nous avons toujours perçu cette chanson comme une métaphore destinée à exprimer un cri de colère contre ce que nous combattons. Finalement, malgré une campagne de presse rondement menée, les poursuites ont été stoppées grâce à l’intervention de notre avocat, Me Delcroix[12], qui avait repéré un vice de procédure. Si les magistrats ont dû s’incliner, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles poursuites. En effet, tout nouveau pressage est susceptible de faire naître une nouvelle prescription. Nous sommes donc plus ou moins condamnés à abandonner la production de l’album Rejoins nos rangs. Il est clair que nous ne baissons pas les bras. Fraction cherchera toujours à répondre à l’attente de son public… D’ailleurs, il suffit d’écouter la production suivante, Le fléau, pour se rendre compte que Fraction a du mal à mettre de l’eau dans son vin. Outre la reprise de “ Une balle ” en version live, nous avions tenu à remercier les médias qui avaient indirectement assuré la promotion de notre groupe tout en saluant Philippe Douste-Blasy, alors ministre de la culture, pour son “ vibrant hommage ”. Un exemplaire du CD avait d’ailleurs été adressé au cabinet du maire de la ville de Lourdes. Une preuve que Fraction sait se montrer reconnaissant…[13]. Aujourd’hui, s’il n’y a aucune autocensure, Fraction écrit des textes moins provocateurs mais tout aussi radicaux. Peut-être le signe d’une certaine maturité.
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– TM : Politiquement, voyez-vous une solution pour l’avenir de notre pays ?
– Fraction : Nous sommes bien évidemment très pessimistes pour l’avenir et il faut bien se rendre compte que la scission du Front a déboussolé nombre de militants sincères. Mais il est interdit, encore plus aujourd’hui qu’hier, de baisser les bras. Pour notre part, nous agissons au sein d’Unité radicale, une structure née de l’alliance entre le GUD, Jeune Résistance et les Cercles Résistance. Le but de cette fédération est de structurer la tendance radicale et extra-parlementaire du mouvement national en France. En proposant des revues, en présentant des colloques de la radicalité, en organisant de grandes campagnes nationales, Unité radicale agit à la fois sur le terrain politique et culturel. Il est également parfois nécessaire de rappeler à la chienlit gauchiste que s’autoproclamer résistant comporte quelques risques…

– TM : Fraction est sur beaucoup de compilations. C’est une reconnaissance envers les personnes qui se bougent ou tout simplement pour vous le fait d’être présents partout où vous pouvez ?
– Fraction : Il est vrai que Fraction est récemment apparu sur plusieurs compilations. Nous sommes très sollicités et c’est plutôt encourageant pour nous. Certaines initiatives nous semblent très intéressantes comme celles consistant à aider les militants politiques incarcérés. En outre, si le fait d’être souvent présents sur les productions musicales est une bonne façon d’accentuer la visibilité d’un groupe, nous ne cherchons absolument pas à être partout. Les productions doivent répondre à certains critères d’éthique et de qualité et nous nous voyons parfois dans l’obligation de refuser.

– TM : Après la sortie de Le son d’histoire, vous allez sûrement remonter sur scène. Avez-vous des contacts pour jouer ?
– Fraction : Oui, nous avons déjà plusieurs propositions pour la France mais les plans les plus concrets viennent paradoxalement d’Europe (Italie, Espagne, Slovaquie, Allemagne). Il va donc falloir reprendre les répétitions sérieuses pour assurer la promotion de notre nouvel album.»
Comme on peut le constater l’interview est à la fois assez complète et assez édulcorée…

Le groupe est né en août 1994 de la fusion de deux groupes RAC, Septembre noir, dans lequel officie Fabrice Robert et dont le nom est un hommage au groupe palestinien responsable du meurtre des athlètes israéliens aux jeux de Munich, et FreiKorps[14]. Il s’appelle alors Fraction Hexagone, évolue entre oï et hard-core et fait partie de la scène RAC, même s’il revendique alors pour ce sigle un autre sens que Rock Against Communism : pour eux, RAC signifie Rock Against Capitalism[15]. Fabrice Robert met à cette époque sur pied un discours qui ne variera plus, en apparence plein de bon sens (l’immigration est un drame humain) mais en réalité toujours fixé sur les mêmes obsessions (l’invasion étrangère, la pureté ethnique) comme le montre ses déclarations à Réfléchir & Agir en 1996[16] : « Le véritable danger à l’heure actuelle vient du capitalisme apatride qui cherche à effacer les frontières pour mieux imposer la dictature de la loi du marché. Il faut savoir que s’il y a immigration et métissage en Europe, cela est dû essentiellement aux capitalistes qui ont déporté des populations entières pour avoir à leur disposition de la main d’œuvre corvéable à merci ». Ce n’est qu’à partir de 1998, et à l’occasion d’un changement de musiciens, que certains membres de Fraction Hexagone réfléchissent à un repositionnement du groupe et affirment leur appartenance à la scène RIF naissante.
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Les ennuis judiciaires que connaît alors le groupe n’y sont peut-être pas totalement étrangers. En 1998, NTM rencontre en effet quelques problèmes avec la chanson « Nique la police ». Une campagne de presse s’organise pour défendre le groupe et certains journalistes citent alors le groupe Fraction Hexagone et la chanson « Une balle » à titre de comparaison. Cette affaire donne une publicité inespérée au groupe. La chanson est interdite et Fraction Hexagone fait circuler une lettre qu’ils ont adressée à Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Culture. Jacques Bompard[17] et André-Yves Beck[18] publient alors un communiqué de soutien dans lequel le passage suivant est assez explicite : « Tout au plus peut-on parler de langage de banlieue et d’expression spontanée et un peu vive de la colère des jeunes Français face à leur exclusion ». Le FN avait pourtant refusé que le groupe joue ce morceau lors du concert des BBR 1996, trouvant sans doute les paroles plus que « un peu vives ». Mais si la publicité est réelle, le confinement dans un ghetto provocateur aussi.

Le groupe atténue alors son image RAC et met en avant l’appellation hard-core nationaliste-révolutionnaire. On s’attend en toute logique à l’apocalypse sonore vue la définition du style musical. À l’écoute, c’est surtout du metal soft : les paroles renvoient parfois aux belles années du RAC en France, avec des groupes comme Bunker 84 ou Kontingent 88. Les chansons dénoncent tour à tour l’islamisation de l’Europe, les « collabos du système » et l’américanisation de la société. Ce dernier point n’empêche pas cependant le groupe de s’habiller et de prendre la pose comme n’importe quel groupe de hard-core américain.
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Rebaptisé Fraction, le groupe s’est stabilisé avec l’arrivée de Philippe Vardon qui ne devient le chanteur de Fraction qu’à partir de l’album Le son d’histoire en 1999.
La musique n’est pas totalement étrangère à Vardon puisqu’auparavant, il officiait comme chanteur dans d’autres groupes de hard-core faf et niçois, Légitime Défense devenu Résistance début 1998. Ce dernier groupe était composé de militants d’Unité radicale et malgré sa brève durée d’existence, cette formation a eu le temps de jouer pour le solstice d’été 1998 près de Nice avec le groupe de Black Metal Gorgon. De fait, le style metal de Le son d’histoire est sans doute en partie dû à la présence de l’ex-guitariste de Gorgon, lui aussi passé à Fraction.

Côté activités, Fraction est sans doute avec In Memoriam le groupe qui affiche le plus beau tableau de chasse. Pour ce qui est des concerts, la plupart ont bien évidemment été organisés par des structures boneheads, en France ou à l’étranger, en particulier dans les premières années : citons par exemple le festival RAC de 1994 à Bordeaux avec Razor’s Edge (Royaume-Uni) et ADL 122 (Espagne) ou, la même année, le concert de Bourges avec Jeune Garde, groupe RAC emmené par une figure locale du mouvement skinhead, Sébastien Legentil, qui est devenu plus tard un responsable d’Unité radicale. Les deux exceptions principales sont des initiatives liées au Front national : les BBR 1996 qui constituent pour Fraction l’un des meilleurs souvenirs et le tremplin rock à Orange en juin 1996 où le groupe est arrivé deuxième. À cette occasion, Fraction a d’ailleurs été programmé sur une antenne locale de Skyrock sous le nom de Moloko Velocet[19].
Tremplin_rock_Orange-ae894L’utilisation de ce nom d’emprunt résultait d’un constat évident fait par le groupe et décrit par Fabrice Robert dans Jeune Résistance[20] : « Il est vrai que nous avons surtout joué dans des concerts organisés par et pour des skins. Or la flicaille est toujours à l’affût pour tenter d’annuler ce genre de manifestation. Désormais, nous pensons qu’il est stérile de se limiter à jouer devant un public composé en majorité de convaincus. Nous cherchons à apparaître dans des lieux publics pour nous faire entendre par des gens qui ne partagent pas totalement notre vision des choses, cela nous le faisons sous le nom de Moloko Velocet. » Cela étant, le groupe n’a plus jamais renouvelé l’expérience.

Fraction est également l’un des groupes qui a le plus de disques à son actif. C’est en effet un peu l’électron libre de la scène RIF car il profite à la fois de la scène RIF, mais aussi de la scène RAC. Ainsi, malgré son « recentrage », il peut jouer avec les groupes des deux scènes, mais aussi participer à des compilations sur des labels RAC, comme pour la compilation en soutien aux prisonniers sortie en 1998 et sur laquelle figuraient Skuld, groupe RAC du Sud-Ouest, Elsass Korps, groupe RAC alsacien et la 9ème Panzer Symphonie, déjà citée précédemment, ou celle prévue en hommage à Légion 88 sur le label Street Fighting Records[21]. D’ailleurs, les premiers pas musicaux du groupe ont été sortis par Pit Records, et le groupe revendique totalement ses anciennes productions : Yankees go home (cassette démo de janvier 1995), titres enregistrés pour la compilation France explosion n°1 de mai 1995 et enfin les deux dernières productions sous le nom de Fraction Hexagone, Rejoins nos rangs en octobre 1996 et Le fléau en septembre 1997. Le son d’histoire contient d’ailleurs un titre fantôme qui n’est rien d’autre que la reprise d’une chanson de Nouvelle Croisade, un groupe RAC des années 1980, intitulée « Gardien de l’ordre ».
Cette situation n’est évidemment pas du goût de tout le monde, la plupart des groupes RIF essayant de ne pas se mélanger à la scène RAC qui pourrait effrayer les nouveaux venus. Mais Fraction n’en a cure, et le dernier CD du groupe, Reconquista, continue sur la même lancée.

Une dimension importante du groupe est qu’il a toujours eu des activités politiques connexes. Dans la formation initiale, trois des membres étaient militants de Nouvelle Résistance et Fabrice Robert, qui était l’un des trois, en est le meilleur exemple.

Fabrice Robert

Né en 1971, il commence à militer à Nice à 16 ans pour le FN
puis assez rapidement pour Troisième Voie.
Il est arrêté en 1991 pour distribution de tracts négationnistes et bombages sur les murs du lycée Masséna ; lors d’une perquisition à son domicile, la police saisit à cette occasion des portraits de Hitler et de Mussolini, des croix gammées, des insignes de division SS, etc. Il est condamné pour cette affaire à 10 000 francs d’amende par le TGI de Nice, mais comme on peut s’en douter, cela ne refroidit pas son engagement nationaliste-révolutionnaire.
Il suit la scission de Troisième Voie qui donne Nouvelle Résistance, et il entre au bureau exécutif de cette organisation lors du deuxième congrès de l’organisation en août 1995, tout en étant conseiller municipal FN de La Courneuve (93).
Au sein de Nouvelle Résistance, il lance le bulletin Jeune Résistance en 1995 qui sert de point d’appui à la mise sur pied en 1998 d’Unité radicale, suite à la scission survenue au sein de Nouvelle Résistance entre les militants favorables à un rapprochement avec le FN et ceux qui y sont hostiles.
À partir de 2000, Unité radicale se rapproche du MNR de Bruno Mégret et Fabrice Robert fait partie des militants radicaux qui prennent des responsabilités au sein du parti mégrétiste : il devient ainsi responsable du MNR à Nice. C’est en particulier lui qui organise le congrès du parti à Nice fin février 2002.

La tentative d’assassinat de Maxime Brunerie, militant d’UR, contre Jacques Chirac amène la rupture avec le MNR et la dissolution d’Unité radicale, qui se transforme alors en Jeunesses identitaires puis en Bloc identitaire en 2003. Fabrice Robert en est évidemment le président et demeure bassiste de Fraction Hexagone puis Fraction.

Assez curieusement, le groupe a préféré taire ses accointances avec Nouvelle Résistance au début. C’est ainsi que dans le premier numéro de Jeune Résistance, Fabrice Robert déclarait que, tout en étant NR, les membres du groupe « [n’étaient] encartés nulle part », ce qui était évidemment un pieux mensonge. Les formations suivantes ont poursuivi dans cette démarche : actuellement, outre Fabrice Robert, Philippe Vardon est le dirigeant des Jeunesses identitaires après avoir connu depuis 1998 un itinéraire comparable à celui de son aîné. Malgré cette évolution de plus en plus racialiste, le logo du groupe reste une roue crantée au sein de laquelle se trouve un marteau et une épée, c’est-à-dire un logo inspiré de celui du Front noir des frères Strasser[22]. En outre, en bon groupe nationaliste-révolutionnaire, Fraction n’hésite pas à citer le sous-commandant Marcos et Che Guevara comme des figures politiques susceptibles de les influencer. Mais certaines déclarations du groupe peuvent être encore plus originales. Ainsi, à une question du fanzine naziskin allemand Neue Ordnung de l’hiver 2000[23] leur demandant ce que le groupe pensait de Jacques Chirac, la réponse fut : « Er ist ein Sklave von ZOG » ce que tout un chacun, même non germaniste, aura réussi à traduire par « C’est un esclave de ZOG », c’est-à-dire un esclave du « gouvernement d’occupation sioniste », c’est-à-dire, pour être encore plus clair, des Juifs. Opinion totalement empreinte de modération, cela va sans dire.


video reportage documentaire 2013

2013 – avant le meurtre de Clément Méric

  • NR Nationalistes Révolutionnaires
  • Skinheads
  • les Identitaires
  • Rencontre-discussion en face à face avec Philippe Vardon, qui démontre
    – la difficulté certaine du dialogue entre universalistes et identitaires,
    – et la problématique d’offrir des opportunités de tribunes aux idées identitaires=victimaireshttps://www.lexpress.fr/resizer/UZ2kB5lxBfXkNzHBYyP9BQ6TPG4=/970x548/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/lexpress/LCMOCEWFHVB5RANGFKCEEIHDWA.jpg

2024 : vardon est passé à reconquete depuis la photo de vardon derriere bardela affichés sur écran géant tpmp hanouna à la tv.
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