REVUE DE PRESSE : 666≠88 Rassemblements Rac'NSbm clandestins. Figures NSBM völkisch. Stratégie métapolitique fasciste à posture apolitique de façade. Musée des horreurs White Power
Antisémitisme et antiwokisme : le cocktail haineux d’un concert néonazi près de Lyon
Cinq groupes néonazis sont au programme du festival clandestin « Rock antiwokisme » censé se tenir samedi 18 novembre en Rhône-Alpes. L’organisateur a été un chef de file du groupuscule dissous Blood and Honour. La tête d’affiche, Bunker 84, est connue pour ses morceaux à la gloire du Troisième Reich.
La région lyonnaise, devenue au cours des dernières années une place forte de l’extrême droite violente en France, s’apprête à accueillir un nouveau concert néonazi, samedi 18 novembre. Selon les informations de Mediapart et de Rue89 Lyon, la soirée clandestine, baptisée « Rock antiwokisme », réunira cinq groupes français et devrait attirer 100 à 200 spectateurs et spectatrices venu·es de toute la France et de pays frontaliers.
Pour éviter toute interdiction préalable, la localisation précise de l’événement, qui se déroulera sur un terrain privé loué pour l’occasion, sera communiquée à ses participant·es quelques heures avant l’ouverture des portes. Le droit d’entrée est fixé à 20 euros, réservable par mail et payable par virement bancaire sur le compte personnel de l’organisateur, Renaud Mannheim.
Ce dernier est une figure bien connue de l’extrême droite radicale dans le Rhône, ex-responsable de la section lyonnaise de Troisième Voie, le mouvement dissous en 2013 au lendemain du meurtre de Clément Méric, et ancien chef de file local de Blood and Honour, un réseau international de promotion de musique néonazie dont la division française a été dissoute par décret en conseil des ministres en juillet 2019. Trois mois plus tôt, le skinhead avait été auditionné à l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France.
Sollicité, Renaud Mannheim s’étonne que Mediapart s’intéresse à son « petit événement privé et confidentiel » et réfute toute visée « politique ». « Je ne cherche pas à faire de la propagande pure et dure. Je veux juste propager une musique patriote et faire une bonne fiesta », dit celui qui se définit comme « zemmourien », glissant avoir adhéré au parti Reconquête au moment de l’élection présidentielle de 2022.
Le blason bleu-blanc-rouge de son propre groupe de musique, Match Retour, laisse entrevoir ses orientations idéologiques : outre un ballon de football (il est habitué des travées du Groupama Stadium) et une chope de bière, il se compose d’un Totenkopf (tête de mort), insigne des unités SS chargées de la gestion des camps de concentration de l’Allemagne nazie, d’un poing américain, suggérant son appétence pour la violence, et de la devise « Lyon le melhor », cri guerrier de la ville au Moyen Âge repris par les supporteurs droitiers de l’Olympique lyonnais ou par Génération identitaire, mouvement politique dissous en 2021 et cofondé par Damien Rieu, désormais salarié de Reconquête.
« Le Totenkopf, c’est symbolique. Il y a un côté provoc’, rassembleur, car mon public, il est nationaliste, ultranationaliste, voire au-delà. Moi, je ne suis pas nazi pour un sou, même si je me fais inviter dans des concerts ouvertement nazis où ça fait des “Sieg Heil” même pendant ma chanson Le Beaujolais nouveau », expose le chanteur de Match Retour, qui s’était notamment produit, en mai 2022, lors d’un rassemblement à Sainte-Croix-aux-Mines (Haut-Rhin) en hommage à des SS français tués par l’armée française en 1945.
Le flyer de l’événement du 18 novembre, qui ne circule que dans un cercle restreint d’initié·es, montre un personnage masqué et vêtu de noir, posant les bras croisés devant un mur de briques où l’inscription suprémaciste « White Lives Matter » (« Les vies des blancs comptent ») supplante le slogan antiraciste « Black Lives Matter » (« Les vies des noirs comptent »). L’en-tête « Rock antiwokisme » souligne l’obsession de cette frange d’activistes envers les luttes progressistes, perçues comme un péril civilisationnel.
« Le wokisme, ça me prend aux tripes. On a l’impression qu’on essaye d’inventer une nouvelle société en l’espace de dix-quinze ans, qu’on veut tout mélanger, tout mixer, et moi, ça ne me convient pas », fait savoir Renaud Mannheim.
La tête d’affiche, Bunker 84, est un groupe incontournable de la scène rock anticommuniste (RAC) française dont 2024 marquera les quarante années d’existence. Jadis signée sur le label brestois Rebelles européens, la formation picarde était étroitement liée au Parti nationaliste français et européen (PNFE), un groupuscule néonazi, antisémite et xénophobe fondé par Claude Cornilleau, ancien de l’Organisation armée secrète (OAS) et du Front national (FN). Certains de ses militants ont été impliqués dans les attentats racistes commis contre des foyers de travailleurs migrants à Cannes et Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) en 1988 et dans la profanation de sépultures juives à Carpentras (Vaucluse) en 1990.
Apologie du nazisme et révisionnisme historique
Plusieurs morceaux de Bunker 84, tels Mein Kampf (livre d’Adolf Hitler), Nacht und Nebel (décret du Troisième Reich visant à faire disparaître par la déportation les opposants politiques) ou Victime des démocraties (un hommage à Rudolf Hess, dauphin du Führer), encensent les crimes nazis et prônent un révisionnisme historique. « Gloire à toi nationaliste, gloire à toi le skin NS, gloire à toi ô fasciste, gloire à toi Waffen-SS », dit le texte du titre Gloire à toi, singeant le Salut à toi des Béruriers noirs, groupe phare de la scène punk des années 1980.
Renaud Mannheim assure que « cette époque est révolue » : « Laurent [Carmagnac, leader de Bunker 84 – ndlr] ne chante plus ces chansons débiles en live, même si le public les lui réclame. »
Autres artistes programmés à la soirée musicale de samedi, les Niçois de Fraction, groupe de punk hardcore à l’idéologie nationaliste-révolutionnaire revendiquée. Son leader et bassiste, Fabrice Robert, dispose d’un long CV dans la mouvance identitaire : ancien conseiller municipal FN de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), puis militant du Mouvement national républicain de Bruno Mégret et d’Unité radicale (organisation dissoute en 2002 à la suite de l’attentat raté contre le président Jacques Chirac), il a fondé en 2003 le Bloc identitaire, renommé ensuite Les Identitaires, et fut notamment à l’initiative de l’« Apéro saucisson et pinard » de juin 2010.
L’ancien chanteur (1998-2007) de la formation est Philippe Vardon, ex-élu du Rassemblement national (RN) passé chez Reconquête, conseiller municipal de Nice et conseiller régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, intégré à l’équipe de campagne de Marion Maréchal pour les élections européennes. Il a été suppléé au micro par Pascal de los Rios, alias « Squale », un skinhead reconverti en coiffeur sur la Côte d’Azur.
Les membres du groupe – connu pour ses textes suprémacistes, antisémites et islamophobes – avaient été mis en examen en 1998 pour « complicité de provocations non suivies d’effets à des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne » pour leur chanson Une balle (pour les sionistes) – décision judiciaire finalement annulée à la suite d’un vice de procédure.
L’emblème de Fraction est dérivé du logo du Front noir, qui représente l’union d’un marteau (l’ouvrier) et d’un glaive (le soldat), scission révolutionnaire et anticapitaliste du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).
Le dernier album du groupe en date, Réveille-toi !, sorti en décembre 2021, soit quinze ans après le précédent, Europa, qui remontait à 2006, dénonce notamment la « dictature sanitaire » et le « grand remplacement ». Le single Terroristes, paru en octobre 2023, a été enregistré en collaboration avec Alain Perez, chanteur de feu Légion 88 (code qui correspond à l’abréviation HH – le H étant la huitième lettre de l’alphabet – pour « Heil Hitler »), un groupe historique du RAC français lié comme Bunker 84 au PNFE.
Fraction s’était produit, le 6 mai, dans la salle municipale Simone-Veil de Saint-Cyr-l’École (Yvelines) à l’occasion de la soirée clandestine organisée dans la foulée du défilé parisien en hommage au militant d’extrême droite Sébastien Deyzieu, auquel avaient participé deux prestataires réguliers du parti de Marine Le Pen.
Les trois autres groupes prévus à la soirée organisée samedi sont Skin Prost, des skinheads basés à Belfort ; Choc frontal, qui a enregistré, sous le nom de « Béhourd final », l’hymne de la Fédération française de béhourd, un sport de combat médiéval en armure prisé des adeptes de l’extrême droite ; et Boots and Creepers, originaire de Chambéry (Savoie).
Le chanteur de cette dernière formation, François Delagrande, alias « Frankreich », a plusieurs fois eu affaire à la justice. En 2017, l’ex-militant du groupuscule Edelweiss, émanation savoyarde du désormais dissous Bastion social, a écopé d’un rappel à loi pour sa participation à l’attaque d’un concert de la fédération anarchiste locale et, en 2020, il a été condamné à six mois de prison ferme après avoir roué de coups un jeune antifasciste.
Engagé au 13e bataillon de chasseurs alpins, il faisait partie des militaires de carrière épinglés dans l’enquête de Mediapart sur les néonazis dans l’armée française. Sollicité, le ministère des armées confirme aujourd’hui que « l’intéressé a été radié des cadres par mesure disciplinaire en 2020 ».
Le 28 octobre, François Delagrande a participé à un combat de boxe organisé par le club de motards Badass Motorcycle Club à La Bridoire (Savoie).
Son groupe Boots and Creepers se produit habituellement sur scène sous la bannière des États confédérés d’Amérique, symbole du suprémacisme blanc.
Les festivals de rock et les tournois d’arts martiaux mixtes servent d’espaces de radicalisation, de recrutement et de collecte de fonds.
Nicholas Potter, chercheur à la Fondation Amadeu-Antonio
Interrogé par Mediapart, l’historien Stéphane François, spécialiste des sous-cultures radicales, considère qu’un événement comme celui du 18 novembre est caractéristique d’« une sociabilité très skinhead, à base de concerts, d’alcool et de bières ». « Faire appel à des “anciens” comme Bunker 84 et Fraction permet un brassage de générations, de témoins, d’idées, c’est au cœur de leur mode de fonctionnement », complète le chercheur.
Ces manifestations sont jugées cruciales pour la sphère néonazie : dans un rapport sur l’état de la menace terroriste publié en octobre, Europol, l’agence européenne de police criminelle, note que ses activistes « accordent une grande valeur aux réunions physiques et aux activités de groupe ».
À l’occasion de son audition, en janvier, devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg, Nicholas Potter, chercheur à la Fondation Amadeu-Antonio, une ONG allemande qui lutte contre le racisme et l’extrémisme de droite, a mis en évidence le fait que « les festivals de rock et les tournois d’arts martiaux mixtes servent d’espaces de radicalisation, de recrutement et de collecte de fonds ».
De son côté, Renaud Mannheim minimise la portée de sa soirée : « La musique n’est plus vectrice de rassemblement comme avant. Il y a dix ou quinze ans, on aurait été 800 à participer. Ce ne serait plus le cas maintenant car les jeunes d’aujourd’hui sont plus portés sur la politique pure et dure, la rue, le sport. » L’organisateur déclare que les bénéfices récoltés sont principalement destinés à son groupe, « afin de faire des répétitions ou payer les instruments ». « On donne aussi aux prisonniers politiques », ajoute-t-il.
Au moins trois concerts interdits par l’État en 2023
Contactée pour savoir si, dans un contexte de multiplication des attaques de l’ultradroite et de recrudescence des actes antisémites liée à la guerre au Proche-Orient, elle prévoyait ou non d’interdire la tenue de l’événement du 18 novembre, la préfecture du Rhône indique brièvement à Mediapart : « Nous reviendrons vers vous si nous avons plus d’informations. »
Il n’est pas rare que des soirées néonazies clandestines aient lieu en France sur des terrains privés ou bien dans des salles communales louées sous des prétextes fallacieux. Au cours du premier semestre 2023, si certaines ont bien pu se tenir en Savoie ou dans l’Ain, l’organisation d’au moins trois d’entre elles a été compromise à la suite d’arrêtés préfectoraux.
En février, après les révélations de Mediapart, six préfectures de la région Grand Est ont interdit, sur instruction du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, le festival de black metal national socialiste « Night for the Blood ». L’organisateur et le lieu du concert, la salle polyvalente de Remomeix (Vosges), avaient été identifiés par les autorités, et le concert finalement annulé à la dernière minute.
En juin, la préfecture du Nord a proscrit le concert du groupe de rock identitaire Francs-Tireurs patriotes afin de « prévenir une atteinte à l’ordre public ». Les bénéfices de la soirée devaient être reversés à l’Association de soutien aux mouvements identitaires et patriotes (Asmip), une structure domiciliée à l’adresse du bar identitaire lillois La Citadelle.
Toujours en juin, selon les informations de Mediapart, la préfecture du Finistère a interdit l’événement néonazi annuel « La Crémaillère », dont la sixième édition était prévue dans un hangar agricole situé sur une propriété privée au lieu-dit Kerjaouen, à Rosporden. Les services de l’État ont identifié Ugo Heche, bassiste du groupe breton Mauvais Troquet, comme l’organisateur de ce concert où était notamment programmé Bunker 84. Dans son arrêté, le préfet relève que ce dernier groupe « fait l’apologie du national-socialisme et glorifie les skinheads en qualifiant ces derniers de “dignes successeurs des SA [Sturmabteilung, formation paramilitaire du parti nazi – ndlr]” ».
L’annonce de l’événement circulait dans un cercle très fermé. Le concert “Rock antiwokisme” devait réunir cinq groupes pour une soirée clandestine, samedi 18 novembre, dans un lieu tenu secret en région Rhône-Alpes. Un événement organisé par des militants affiliés à la mouvance néonazie, selon une enquête de Mediapart et Rue89 Lyon.
Deux arrêtés ont été pris par les préfets du Rhône et de l’Isère pour interdire la tenue de ce concert. Or, un rassemblement s’est bien déroulé dans un restaurant de Saint-Quentin-Fallavier, dans le Nord-Isère, organisé par les mêmes figures de l’extrême droite radicale.
L’Histoire a parfois de cruels retours de bâton. Au fil des ans, Jean-Marie Le Pen avait fait de la profanation du cimetière juif de Carpentras le sujet d’une inlassable croisade. Mais, avec l’arrestation et les aveux de quatre anciens skinheads, dont deux ont été membres du Parti nationaliste français et européen (PNFE), l’implication de milieux d’extrême droite ne fait plus guère de doute. Le parti de Jean-Marie Le Pen l’a d’ailleurs bien compris, s’empressant d’assurer dans un communiqué que «le groupuscule évoqué n’est en rien proche du Front national».
La réalité est plus complexe: si les deux organisations diffèrent aujourd’hui sur nombre de points – radicalisme, effectifs, stratégie électorale – le PNFE n’en est pas moins un enfant du FN. A la fin des années 70, en effet, alors que le parti de Jean-Marie Le Pen n’est lui-même encore qu’un groupuscule, certains de ses membres constituent une petite tendance autour de la revue Militant, qui fut un temps l’organe officiel du FN. On y retrouve d’anciens soldats SS, dont Pierre Bousquet (premier trésorier du parti de Jean-Marie Le Pen). Mais aussi Claude Cornilleau, un traducteur d’une quarantaine d’années, nostalgique de l’Occupation. Souvent proche des thèses néonazies, ce petit noyau d’irréductibles finit par quitter le Front national à la fin de 1981, estimant que Le Pen était «devenu un jouet entre les mains des sionistes».
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Après quelques tergiversations, Claude Cornilleau – qui, entre-temps, a réussi à être élu conseiller municipal RPR à Chelles ! – fonde, en 1987, le PNFE, un groupuscule ouvertement néonazi. Défilés paramilitaires au château du Corvier, uniforme brun frappé d’un brassard rouge rappelant celui des SA, publications, comme Le Flambeau, ouvertement antisémites : le PNFE regroupe entre 50 et 200 militants, souvent très jeunes. «C’est le seul parti à avoir été capable d’intégrer durablement des skinheads», explique Jean-Yves Camus (1). Le parti de Cornilleau vient par ailleurs de recevoir le renfort des troupes de Mark Fredriksen, ancien candidat du Front national aux législatives de 1978 et fondateur de la Fane, un groupuscule néonazi dissous au début des années 80.
Les ponts ont été coupés avec le Front national depuis longtemps, même si, cette année encore, de jeunes militants du PNFE distribuaient des autocollants en queue du cortège de la fête Jeanne-d’Arc. C’est plutôt à la rubrique faits divers que ce groupuscule néonazi fait parler de lui: le PNFE a en effet été mêlé aux attentats perpétrés contre des foyers Sonacotra de la Côte d’Azur, dans les années 80, même si ses dirigeants ont finalement été blanchis. La culpabilité de deux anciens membres de ce parti dans la profanation de Carpentras ne manquera sans doute pas de reposer une nouvelle fois la question de son éventuelle dissolution.
(1) Auteur des Extrémismes de l’Atlantique à l’Oural (éd. de l’Aube/Cera).
«France d’abord, blanche toujours»: depuis sa création en 1985, le Parti nationaliste français et européen(PNFE) n’a pas changé de programme. Le principal groupuscule néonazi français, que des rumeurs donnent pour dissous, s’arc-boute sur les thèses du racisme biologique, abhorre la démocratie et le capitalisme cosmopolite. Il a fait du «lobby juif mondial» son ennemi obsessionnel, comme en témoigne la lecture de sa revue le Flambeau. Ancien du Front national et de l’OAS, le fondateur et «idéologue» du mouvement, Claude Cornilleau, a laissé la présidence à Eric Sausset du groupe Thor de Saint-Lo (Manche), pour des activités commerçantes ou commerciales?
Au milieu des années 80, Cornilleau a su attirer les militants nationalistes frustrés par «l’embourgeoisement et le parlementarisme» du FN. Le manque de dynamisme d’autres groupuscules de l’extrême droite révolutionnaire néonazie lui a ouvert l’espace qu’occupait, à la fin des années 70, l’ex-Fane (Fédération d’action nationale et européenne) de Marc Frédériksen c’est les bons accents? qui a rejoint le PNFE avec une dizaine de militants. Adepte du marketing et de la communication, il a su donner à ses troupes le style et le ton qui manquaient aux concurrents : tenues de parade copiées sur celle des SA (sections d’assaut nazies), chants hitlériens, congrès événement, comme en 1989 au château de Corvier. Surtout, quand le phénomène s’est développé, Cornilleau a fait la cour aux skins rétifs aux longues séances d’endoctrinement mais amateurs de musique oï (rock des skinheads, ndlr), de bière et de bastons avec les «bronzés». De toutes origines. Résultat: à son apogée, vers 1990, le PNFE compte plusieurs centaines de sympathisants dans toute la France. Il adopte une structure extrêmement décentralisée. Les sections locales sont très autonomes, ont leur fanzine. Le PNFE s’implante dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Est. Avec ses milliers de rapatriés, ses nouvelles populations ultrasécuritaires, les problèmes de chômage et de racisme, la Côte d’Azur est un vivier de militants. Et un joli terrain d’actions. Cornilleau et ses amis seront lourdement soupçonnés d’avoir, au minimum, inspiré les attentats commis en 1988 contre des foyers Sonacotra de Cagnes-sur-Mer, par une bande de Pieds Nickelés sympathisants ou militants du mouvement. Malgré l’avis du parquet de Grasse, la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Aix-en-Provence ne retiendra pas leur responsabilité.
On avait pu, alors, vérifier les tentatives réussies d’infiltration du monde policier, notamment à travers l’ultradroitière Fédération professionnelle et indépendante de la police (Fpip).
Depuis peu, le PNFE semblait en panne, déchiré par les traditionnelles querelles groupusculaires. Il est à son tour dépassé sur sa droite par une kyrielle de sous-groupuscules se voulant encore plus hétérodoxes, plus skins, plus blancs. C’est le cas des Charlemagne Hammer Skins, dont on parle beaucoup à propos des auteurs de la profanation de Carpentras. Branche française autoproclamée de la Nation Hammer Skin, le groupe est dirigé par un skin marseillais, Hervé Guttuso, tombé amoureux des suprématistes blancs américains lors d’un séjour aux Etats-Unis. Il possède un site Internet et la boîte postale de son fanzine, 14 Mots, Bulletin de liaison des authentiques Aryens révolutionnaires, est domiciliée à Saint-Maries dans l’Idaho, fief des milices américaines d’extrême droite les plus radicales. On peut y lire, entre autres perles: «La Torah interdit aux juifs la pratique de la sodomie. Etonnant de la part d’un peuple qui encule le peuple blanc depuis des millénaires.» Comme le PNFE et la plupart des organisations néonazies, Guttuso est très surveillé par les services de police. Il avait été entendu pour des menaces proférées contre la famille de Patrick Gaubert, l’ancien conseiller de Charles Pasqua .
Le Parti nationaliste français et européen (PNFE), dont les cinq personnes interpellées hier seraient proches appartient à la frange la plus radicale, ouvertement néo-nazie, de l’extrême droite française. Le PNFE existe officiellement depuis 1987, à la suite d’une scission du Parti des forces nouvelles (PFN), un autre groupuscule de la même mouvance. Son fondateur, Claude Cornilleau, est un vieux militant d’extrême droite, passé par l’OAS durant la guerre d’Algérie. Agé de 60 ans, il avait été écroué à la fin des années 1980 dans le cadre d’une enquête sur un attentat meurtrier contre un foyer Sonacotra de Cagnes-sur-mer. Il avait ensuite bénéficié d’un non-lieu. Un fichier du PNFE saisi durant l’enquête avait fait apparaître les noms d’une centaine de militants. Claude Cornilleau n’hésitait pas alors à se faire photographier en chemise brune, en train de faire le salut nazi, entouré de jeunes gens aux cheveux courts arborant des brassards et des boucliers ornés de croix celtiques.
Article publié en octobre 1993 dans le n° 40 de la revue REFLEXes)
Depuis l’attentat du foyer Sonacotra de Cagnes-sur-Mer, dans lequel étaient impliqués certains de ses membres, et les arrestations et la détention de ses principaux dirigeants fin 1989 (voir Réflexes n° 23-24 et n° 25-26), le PNFE n’avait plus beaucoup fait parler de lui, entamant une traversée du désert ponctuée par les départs de cadres et de militants, par l’interdiction de ses manifestations publiques et de son journal Tribune nationaliste. Il semble aujourd’hui que cette période soit terminée, le parti de Cornilleau ayant été réorganisé au niveau interne et connaissant une nouvelle vague d’adhésions dont notamment celle d’une vieille figure de la scène néo-nazie française, Michel Faci (voir portrait). Un renouveau confirmé par le développement de liens privilégiés avec plusieurs groupes néo-nazis internationaux et la tenue de son 5ème congrès le 3 avril 1993 où a été annoncée la fusion des FNE (Faisceaux nationalistes européens) de Mark Frederiksen avec le parti de Cornilleau. Un congrès significatif à plus d’un titre puisque y a été exposée la future stratégie du PNFE.
Résumé des chapitres précédents : créé en 1987 par Claude Cornilleau (un ex-membre du FN), le PNFE PNF (bis) —ne pas confondre avec PNF (marque déposée antérieurement chez Militant and Co)— se fait très vite remarquer par son discours violemment raciste et antisémite, l’intérêt qu’il porte au mouvement skinhead et le port d’un uniforme (chemise brune de préférence). Très vite, il attire les déçus du FN, les rasés, et les nazis pur sucre. Mais son ascension est brutalement stoppée au milieu de l’année 1989, quand des militants niçois de son organisation, Michel Gouge et Gilbert Hervochon, sont arrêtés à la suite de plusieurs attentats sur la Côte d’Azur, attentats qui feront un mort. À cette occasion, on a découvert que le PNFE avait créé un réseau néo-nazi dans la police par l’intermédiaire de policiers membres de la FPIP, syndicat d’extrême droite.
Du coup, les principaux dirigeants du PNFE, son président Cornilleau, son secrétaire général Allouchery et l’inspecteur Lecanu sont interpellés et incarcérés ainsi que plusieurs militants.
Après 5 mois d’incarcération, c’est d’un PNFE moribond que Cornilleau reprend la direction. Une situation aggravée par la démission fin mai 1989 de Allouchery (sorti de prison avant son chef). Il explique son départ par un changement radical de ses conceptions politiques puisqu’il proclame être devenu, au contact de la prison, «un militant révolutionnaire anti-impérialiste, anti-capitaliste» bien évidemment opposé au néo-nazisme de son ancienne organisation.
En fait, plus prosaïquement, il semble que, profitant de l’incarcération de son chef, il a tout simplement, avec la complicité de sa petite amie Christelle Duguet, la responsable du cercle féminin du PNFE, empoché le fric des cotisations et du soutien financier des militants et sympathisants. Fric dont il se serait servi pour s’acheter une voiture et partir en vacances. Il faut ajouter des soupçons portant sur les relations d’Allouchery avec la police. En clair, il aurait balancé. Depuis, il serait parti outre-mer.
Autre départ forcé, celui de l’inspecteur Lecanu, viré de la police, reconverti depuis dans le gardiennage pour une société privée de sécurité dirigée par d’anciens militants d’extrême droite (on ne se refait pas).
Au niveau des militants, c’est la fuite de ceux qui s’auto-proclamaient les plus durs et les plus purs, à force de croix gammées dans leurs zines, et de la tendance skin «mytho-bière».
Réorganisation du mouvement
Dans un premier temps, Cornilleau réorganise la direction en nommant Michelle Dall’ara secrétaire nationale et son mari Alain trésorier (deux transfuges du RPR), et en s’entourant d’une équipe de jeunes comme Olivier Revet, Marc Nicoud de Lyon, Philippe Debonnet de Metz et Erik Sausset de Caen.
Michel Faci, Claude Cornilleau et Eric Sausset
Pour pallier à l’interruption du journal, Ultime Ralliement, la revue du groupe Horst Wessel devient la « lettre de combat » du parti. Au niveau des activités, le PNFE s’investit dans le soutien aux prisonniers nationalistes en réactivant le COBRA (Comité Objectif Boycott de la Répression antinationaliste) créé par Olivier Devalez dans les années 1980 et dont le nouveau responsable est Rolf Guillou, un skin du Havre et ancien responsable du service d’ordre des FNE, et en créant un comité de soutien à Aruni et Lajoye, deux activistes d’extrême droite responsables de plusieurs attentats dans la région de Caen, dont l’assassinat d’un épicier maghrébin. Lajoye, ayant adhéré depuis au PNFE en prison, est devenu le « héros » de toute une partie de l’extrême droite néo-nazie pour ses actions et ses écrits abondamment publiés, notamment dans l’Empire invisible, le bulletin de la branche française du KKK.
Autre activité du PNFE, le soutien au courant révisionniste par l’intermédiaire de l’ANEC (Association normande pour l’Éveil du Citoyen) basée à Caen et dirigée par un élève-ingénieur, Vincent Reynouard, qui se fait très vite remarquer en diffusant des tracts révisionnistes sur le campus de la fac. Dès lors, il grimpe dans la hiérarchie du parti jusqu’à en devenir le secrétaire général à la place de Michelle Dall’ara (qui a quitté le Parti avec son mari, là encore pour «divergences politiques»), lors du 4ème congrès du PNFE en mars 1991. Cette nouvelle année commence par ressembler aux précédentes. Interdit de défilé Jeanne d’Arc en 1990 par le préfet de police, le PNFE a beaucoup de mal à organiser des réunions publiques. La création d’une association des Amis de Tribune Nationaliste vise alors à contourner ces interdictions. La seule réunion qui est organisée le 21 avril dans un restaurant de l’Aisne et qui réunit une cinquantaine de militants, est troublée par la gendarmerie. Les mauvaises nouvelles s’accumulent, c’est l’interdiction de publicité et de vente aux mineurs de TN, puis la suppression de sa commission paritaire, ce qui signifie l’interdiction de fait de la parution du journal ; enfin, en septembre, le procès intenté contre son tout nouveau secrétaire Vincent Reynouard (qui quitte le PNFE mais continue ses activités révisionnistes). Ces nouveaux ennuis entraînent une nouvelle réorganisation du parti. Erik Sausset remplace Reynouard, tandis que Yannick Jordan est nommé responsable pour l’Ile-de-France. Mais une fois de plus, ce sont les médias qui provoquent le retour du PNFE au premier plan, en décembre 1991, grâce à une émission de télé consacrée à l’extrême droite en France, animée par Daniel Bilalian. Plusieurs groupes peuvent s’y exprimer sans retenue et notamment le PNFE, par l’intermédiaire de Cornilleau, Sausset et Jordan. Résultat, les adhésions ne tardent pas à suivre, tandis que le journal du parti reparaît avec le début du récit des « exploits » de Michel Faci en Croatie, déjà auteur dans le n°49 de TN de l’histoire des volontaires français en Irak lors de la guerre du Golfe. Un Faci que l’on retrouvera le 11 janvier 1992, présent aux côtés de Cornilleau lors d’une réunion du PNFE dans la région de Caen : cela augure déjà de son adhésion au parti.
Après un attentat contre un foyer de la Sonacotra
Entre temps, fin 1991 naît le parti «frère» de celui de Cornilleau, le PNSE (Parti nationaliste suisse européen), créé à la Chaud-de-fond à l’initiative de Pierre Barbezat, qui en laisse vite la direction à un skin, Cedrik Pythoud. Regonflé par toutes ces arrivées, le PNFE envisage même de présenter des candidats aux cantonales de 1992 : Jacky Charpentier et Claude Cornilleau en Seine-et-Marne et Xavier Bourdin en Seine-Saint-Denis, mais le projet n’aboutit pas. Le parti en profite pour développer ses relations avec d’autres mouvement néo-nazis en Europe ; une politique engagée dès 1987 avec sa participation à l’Euro Ring, une initiative créé à l’initiative du VMO belge qui a cessé toute apparition publique depuis 1989. C’est lors de ces congrès que sont noués des liens avec pour l’Allemagne, le FAP de Michael Kühnen (aujourd’hui décédé). En juin 1989, une délégation du Cercle nationaliste féminin du PNFE est invitée à Hambourg pour rencontrer ses consorts du FAP qui lui rendra la politesse en venant les voir en France. De plus, des liens très étroits sont noués entre la section du PNFE de l’Est de la France (Strasbourg, Metz) et ses voisins allemands. Durant 1992, le PNFE est invité par la Nationaliste List et l’AVÖ à participer au défilé commémoratif de la mort de Rudolf Hess. Une délégation composée d’une vingtaine de militants fait le déplacement.
En Angleterre, c’est avec le BNP (British National Party) que le mouvement de Cornilleau entretient les meilleures relations, comme le prouve la présence du PNFE aux trois derniers congrès du BNP en 1990, 1991 et septembre 1992.
Aux États-Unis, il faut noter des contacts avec l’Église du Créateur, une secte catholique national-socialiste dont le leader le révérend Ben Klaessen a été interviewé dans le n°50 de TN (il s’est suicidé au mois d’août).
Au niveau national, c’est le rapprochement de plus en plus prononcé avec les FNE de Fredericksen, entamé dès 1989 lorsque les FNE mirent la boîte postale de leur journal Notre Europe combattante au service du Comité de soutien du PNFE. Rapprochement confirmé par un meeting en avril dans une brasserie de la Place de la République bien connue des vitriers. Il est vrai que les FNE, descendants directs de la FANE (Faisceaux Actions Nationales Européens) n’ont jamais réussi à redevenir ce qu’ils ont été ; leur activité principale se bornant à la diffusion de leur journal et aux divers dîners-anniversaires en l’honneur d’Adolf Hitler. Le dernier en date, prévu en 1991 dans un restaurant de Bagnolet a été annulé, le nombre de participants se montant à une trentaine.
C’est ce renouveau qu’est venu confirmer le 5ème congrès du PNFE le 3 avril 1993. De nombreuses délégations étrangères étaient présentes. Les Anglais du BNP avec à leur tête leur président John Tyndall, une délégation allemande, l’AVÖ et son leader Ewald Althans, les Suisses du PNSE venus avec Cedryk Pythoud ainsi qu’une importante délégation belge.
Hervé Van Laethem, du groupe belge l’Assaut, et l’Américain Gerhard Lauck du NSDAP-AO n’ayant pu être présents avaient envoyé un message de soutien.
Ce sont environ 200 personnes qui ont tour à tour écouté Erik Sausset, le vice-président du PNFE, Michel Faci, membre du Bureau politique, John Tyndall, le président du BNP, Mark Fredricksen des FNE et enfin Claude Cornilleau qui a fait un récapitulatif de toutes les difficultés auxquelles s’est heurté le parti avant de faire un point sur la situation sociale et les dernières élections.
Le «Flan national», dixit Cornilleau, ne trouve pas même grâce à ses yeux, car il est lui aussi «démocrate» et se compose de juifs (référence au Cercle d’amitié française juive et chrétienne créé par Bernard Anthony). Au niveau stratégique, le PNFE va chercher à « adopter une voie étroite consistant à développer une opposition extra-parlementaire totalement en dehors du système » et se fixe comme but de « le renverser pour instaurer un ordre nouveau sans pour cela s’interdire de descendre dans l’arène électorale ». Bien que, pour Cornilleau, les élections ne changent rien : « Toutes les élections [de mai 1992] sont symbolisées à mes yeux par celles de Sarcelles où un Juif de gauche, Strauss-Kahn, a été battu par un Juif de droite, un certain Lellouche : nous n’avons fait que changer de Juif, un point c’est tout. »
L’action du PNFE se centre donc sur la propagande ; ainsi Cornilleau a-t-il annoncé la reparution de son journal en dépit de l’interdiction qui l’a frappé, mais à partir de l’étranger.
La police n’étant plus capable d’assurer la sécurité des biens et des personnes, le PNFE assurera lui-même sa propre sécurité, et Cornilleau d’ajouter : « Je ne saurais trop vous conseiller de vous procurer toutes les armes que vous pouvez encore acquérir légalement, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit » (Ah, les dits et les non-dits !) et enfin « Dans le régime actuel, nous sommes tous en état de légitime défense et il n’est pas impossible que l’avenir voit la création de communautés nationalistes dans la France profonde, qui serviraient de base à la reconquête de notre pays envahi et avachi aux mains d’une équipe mafieuse vendue à la juiverie internationale. »
On peut voir dans cette dernière proposition l’influence de groupes américains tels que The Order ou Aryan Nation. Alors, à quand des communautés de skins agricoles ?
Enfin, le PNFE prône le resserrement des liens entre tous les nationalistes européens car « nous tous, nationalistes européens, nationalistes blancs de tous les continents, nous n’avons qu’un seul et même ennemi c’est la juiverie internationale. »
En conclusion, suite à ce congrès, on peut penser que le PNFE est amené à jouer dans les mois qui viennent un rôle important au sein de l’Internationale néo-nazie. Le message envoyé par Gerhard Lauck du NSDAP-AO (qui devait participer à ce congrès) est significatif à cet égard.
Le PNFE va-t-il être amené à jouer le même rôle que l’ANS ou le FAP en Allemagne, celui de la branche politique du NSDAP-AO ? L’arrivée de Faci, très proche de cette organisation, au sein du bureau politique et la fusion avec les FNE prononcée après le congrès sont déjà des éléments de réponse (Fredricksen est devenu vice-président suite à la fusion).
La présence au congrès de Ewald Althans, considéré comme un des successeurs de Michael Kühnen, la participation pour la deuxième année consécutive d’une délégation d’une quarantaine de militants du PNFE et la prise de parole de Cornilleau au cours de la manifestation en sont comme une confirmation.
La suite au prochain numéro…
intervention de Jean-Yve Camus à 23"57
1997 : Aveux des skinheads PNFE coupables à 26"47
L’affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras fait suite à la profanation de sépultures juives à Carpentras (Vaucluse) en 1990. L’affaire a été résolue six ans plus tard et elle a mené à la condamnation de quatre néonazis.
Dans la nuit du 8 au 9 mai 1990, à Carpentras, où vit une communauté juive qui date de l’époque des « juifs du Pape », 34 sépultures juives sont profanées : stèles renversées et brisées, sans inscriptions antisémites. Dans la journée du mercredi 9 mai, personne n’entre dans le cimetière, ce qui explique que la profanation ne soit découverte que le lendemain
Le 10 mai 1990, deux femmes venues entretenir une tombe découvrent le saccage de 34 sépultures et préviennent les autorités2. Le cercueil de Félix Germon, décédé 15 jours plus tôt, non recouvert de terre, est sorti de sa tombe. Le corps, extrait du cercueil, est posé nu face contre terre sur une tombe voisine. Un mat de parasol (accessoire qui sert à marquer les futures tombes) est retrouvé sous le corps, comme glissé entre ses jambes : on parle d’un « simulacre d’empalement », mais l’examen anal effectué par les deux médecins légistes révèle qu’il ne porte aucune trace du manche de parasol3.
L’affaire s’enflamme, d’autant plus que le président de l’Assemblée nationale Laurent Fabius, au journal télévisé de 20 h sur TF1, la voix tremblante, raconte que le corps de Félix Germon a été sauvagement empalé « un manche de pelle enfoncé dans l’anus », suggérant ainsi un empalement réel3. Le 11 mai la profanation de Carpentras fait la une de tous les quotidiens. L’arrivée rapide sur les lieux du ministre de l’Intérieur, Pierre Joxe, qui stigmatise les « abominations racistes » est en effet vite relayée par les journaux télévisés et radiodiffusés qui reprennent ses propos, mais sans informations précises sur la réalité des faits4.
Une affaire politique et religieuse
Contexte
Michel Rocard est le Premier ministre de François Mitterrand. Pierre Joxe est son ministre de l’Intérieur, patron de la police et des renseignements généraux. Le Front national est alors en pleine ascension électorale. Le soir du 9 mai, Jean-Marie Le Pen est à la télévision dans l’émission L’Heure de vérité.
Conséquences politiques
Cette découverte provoque un vif émoi en France. Le ministre de l’Intérieur, Pierre Joxe, se trouvant en visite officielle à Nîmes, se rend le jour même à Carpentras en hélicoptère, accompagné de journalistes5, et dénonce à la sortie de la synagogue « le racisme, l’antisémitisme et l’intolérance », tout en pointant du doigt Jean-Marie Le Pen qui, « comme tous ceux qui expriment leur antisémitisme de façon explicite depuis des dizaines d’années […], est un des responsables, non pas des actes de Carpentras, mais de tout ce qui a été inspiré par la haine raciste »6. De nombreuses personnalités politiques (entre autres Jack Lang, Jean-Claude Gaudin, Harlem Désir, Raymond Barre, Lionel Jospin, Pierre Mauroy et Georges Marchais) se rendent sur les lieux.
Des manifestations imposantes contre le racisme et l’antisémitisme sont organisées durant la semaine qui suit, souvent couvertes de banderoles et de slogans « Le Pen, les mots, Carpentras, les larmes »7. Le président François Mitterrand participe à l’une d’entre elles à Paris. C’est la première fois qu’un président de la République dans l’exercice de ses fonctions participe à une manifestation en France8.
Yves Bertrand, directeur des RG de 1992 à 2003 affirme dans son livre Je ne sais rien… mais je dirai (presque) tout, paru en octobre 2007, que la manifestation à Paris devait au départ se dérouler autour de la Grande synagogue de Paris. C’était selon lui le souhait des autorités religieuses juives de Paris qui ne voulaient pas que l’événement soit récupéré politiquement par l’extrême gauche9. François Mitterrand aurait alors « forcé la main » aux autorités juives pour que la manifestation ait lieu entre la place de la République et la place de la Bastille, lieux traditionnels de rassemblement de la gauche française10,11.
Alors que l’époque est marquée par de multiples saillies antisémites de Jean-Marie Le Pen, qui suggère encore le 9 mai 1990 dans l’émission L’Heure de vérité que les Juifs ont trop de pouvoir dans la presse, « comme les Bretons dans la Marine ou les Corses dans les douanes »12,13, le Front national et son président sont montrés du doigt. L’avocat Serge Klarsfeld déclare le 10 mai « Le Pen a dit hier soir qu’il y avait trop de Juifs dans la presse. Certains à sa droite ont traduit qu’il y a trop de Juifs dans les cimetières14 ». Le FN organise une conférence de presse en forme de contre-attaque le 11 mai13. Faisant le rapprochement entre son passage à L’Heure de vérité et la date des événements, il réplique que son parti est la cible d’un « complot qui vise à bâillonner le FN »6. Il invite à plutôt « chercher soit du côté des communistes qui semblent être les maîtres d’œuvre de toute cette opération. (…) Mais, ce pourrait être aussi des mouvements subversifs islamiques dont on sait qu’ils ne portent pas spécialement dans leur cœur les Juifs »13. Dans les jours qui suivent, National-Hebdo, le journal du FN, accuse le KGB puis une organisation terroriste palestinienne13. Jean-Marie Le Pen évoque quant à lui la possibilité d’une mise en scène du service d’action civique (SAC), pourtant dissous huit ans plus tôt, et celle d’une manipulation de Pierre Joxe qui se serait « arrangé pour que tous les indices qui existaient soient détruits le premier jour »13. Il organise des manifestations à Carpentras, le 11 novembre 199115 et le 11 novembre 19956, pour demander des « excuses d’État »16.
Pour Yves Bertrand, l’exploitation politique anti-FN de la profanation du cimetière de Carpentras fut orchestrée par François Mitterrand17 : celui-ci aurait alors voulu empêcher ainsi toute possibilité d’alliance entre la droite parlementaire et le Front national18.
Hubert Védrine, conseiller de François Mitterrand et porte-parole de la présidence de la République (1988-1991), a déclaré, sur France Culture le 9 janvier 2015, à propos de ces événements : « Carpentras, c’était une manipulation, largement »19,20.
L’enquête
Selon Yves Bertrand, François Mitterrand aurait demandé à la police de privilégier la recherche du coupable au sein du Front national18. Mais l’enquête piétine. La police suit dans un premier temps la piste des groupuscules d’extrême droite et néonazis. Dans les jours qui suivent la profanation, deux membres du Parti nationaliste français et européen sont arrêtés, mais rapidement relâchés en l’absence de preuve les incriminant.
Cela est rendu public plus tard, mais la profanation ne date pas du 10 mai comme annoncé initialement mais du 8 mai, soit la veille du passage de Jean-Marie Le Pen à la télévision11.
Des rumeurs locales évoquent des messes noires qui auraient dégénéré ou la délinquance morbide de la jeunesse dorée de Carpentras21. Une de ces rumeurs met notamment en cause des fils de notables locaux, dont Olivier Andrieu le fils de Jean-Claude Andrieu, maire UDF. En 1995, Jessie Foulon, une personne de Carpentras renforce cette rumeur en évoquant des orgies organisées dans le cimetière et que la profanation aurait eu lieu dans le cadre d’un jeu de rôles22. Leurs participants auraient selon elle commis la profanation, ainsi que le meurtre d’une autre jeune femme, Alexandra Berrus, retrouvée morte en 1992.
L’instruction établira plus tard que Foulon est une mythomane, mais ses propos alimentent alors la tension autour de l’affaire. Le procureur Jean-Michel Tissot autorise les animateurs d’une émission de TF1, Témoin n°1, à annoncer de prochaines mises en examen. Gilbert Collard, avocat de la famille de Félix Germon et de celle d’Alexandra Berrus, parle de « mensonge d’État », garantit qu’il s’agit strictement d’une affaire de droit commun. Dans une mise en scène douteuse23, Collard se fait remettre en public par le cousin Germon une enveloppe censée contenir les noms des six « profanateurs assassins ». Lors de cette conférence de presse, l’avocat déclare « J’ai bien l’intention de jouer le petit Zola de Carpentras »24. Soumise à une intense pression, la juge d’instruction Sylvie Mottes est dessaisie de l’affaire, qui est transférée au tribunal de Marseille8.
Le dénouement
Le 30 juillet 1996, un certain Yannick Garnier, 26 ans, se présente de lui-même au siège des Renseignements généraux d’Avignon25,26, et avoue être l’un des profanateurs, donnant des détails que seuls les enquêteurs connaissent. Cet agent de sécurité à Nîmes dit ressentir le besoin de se libérer de ce secret pour changer de vie alors qu’il est au bout du rouleau, au chômage et sur le point d’être expulsé, croyant sans doute avec ses aveux obtenir l’aide des RG, service disposant de précieuses relations, dans sa recherche d’emploi7. Ses aveux confirment qu’il s’agissait bien d’un acte antisémite scrupuleusement préparé par des néonazis. Il dénonce ses quatre complices et ceux-ci sont arrêtés aussitôt, sauf l’un d’entre eux, le meneur, Jean-Claude Gos — qui avait été interpellé dès le 11 mai 199027 et relâché après 24 heures —, skinhead originaire de Denain (1966-1993) et membre du PNFE.
Jean-Claude Gos a été tué le 23 décembre 1993 à moto sur une route de la grande banlieue d’Avignon, par une voiture dont le conducteur (Rachid Belkir, 36 ans) sera retrouvé mort en 1995, tué de deux balles dans le torse et plongé dans le Rhône (probablement victime d’un règlement de comptes, l’homme étant connu des services de police pour ses liens supposés avec des trafiquants de drogue)28, deux lourdes pierres attachées aux pieds29,30.
Aucun lien n’a été établi entre les coupables et le Front national. Les dirigeants locaux du FN, Guy Macary et Fernand Teboul, étaient eux-mêmes juifs28, ce qui ne pouvait que déplaire aux néonazis.
Le procès débute huit mois plus tard à Marseille, dure une semaine, et le verdict est rendu le 24 avril 1997.
Patrick Laonegro, le « cerveau » du commando de profanateurs,
et Olivier Fimbry, un ancien militaire,
sont condamnés à deux ans de prison ferme,
tandis que les deux autres profanateurs, qui ont « admis et intégré le caractère odieux de leurs actes », sont condamnés à vingt mois de prison ferme31.
Suites
La loi Gayssot du 13 juillet 1990 est élaborée dans le contexte politique marqué par cette profanation32.
Une des conséquences de cette affaire est la stigmatisation du jeu de rôle, durablement étiqueté comme rassemblement de profanateurs, de casseurs, de satanistes et autres profils à tendance morbide. Dans les mois suivant ces allégations (lancées par Mireille Dumas dans son émission Bas les masques sur France 2), nombre de clubs et de boutiques spécialisées ont été fermés ou mis sous surveillance par divers organismes (l’émission ne fait toutefois aucun lien direct avec l’affaire de Carpentras).
En 1998, le documentaire Jeux de rôle à Carpentras de Jean-Louis Comolli, diffusé sur Arte dans la série Les Mercredis de l’Histoire notamment le 2 mai 2001, rappelle — en se basant sur les documents publiés par Nicole Leibowitz dans L’Affaire Carpentras (Plon) — les fausses informations diffusées par les médias de l’époque, et confirme, soutenant la thèse de la journaliste, l’existence de manipulations délibérées de l’information autour de l’affaire, afin de faire inculper le fils innocent du maire de Carpentras qui se trouvait être un amateur de jeux de rôle (outre le titre du film, aucune référence directe n’est faite à la pratique du jeu de rôle dans le documentaire). Le documentaire produit notamment les comptes rendus dressés par les Renseignements généraux des conversations téléphoniques entre Jacques Pradel et le procureur de la République de l’époque, conversations au cours desquelles ils s’entendaient pour faire pression sur la juge d’instruction.
Chargé d’instruire le dossier des attentats racistes de la Côted’Azur, M. Jean-Pierre Murciano, juge d’instruction à Grasse (Alpes-Maritimes), a inculpé, lundi 9 octobre, d’association de malfaiteurs, dans le cadre des dispositions antiterroristes, Francis Allouchery, vingt-trois ans, secrétaire général du Parti nationaliste français et européen (PNFE), et Serge Lecanu, trente-six ans, secrétaire général de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP). Libération publie, mardi 10 octobre, des extraits d’un document saisi au domicile de l’inspecteur Lecanu et exposant les missions d’une ” section spéciale ” regroupant tous les policiers adhérents du PNFE, groupuscule néo-nazi.
Un mort et douze blessés. Tel fut le bilan du plus récent des attentats _ celui perpétré le 19 décembre 1988 contre un foyer Sonacotra de Cagnes-sur-Mer, sur lesquels enquête le juge Murciano. Depuis, trente-quatre personnes ont été interpellées, dix-neuf ont été inculpées et seize écrouées, dont les dernières sont Francis Allouchery et Serge Lecanu qui ont rejoint deux maisons d’arrêt distinctes. Toutes les investigations du juge remontent au PNFE dont des militants sont soupçonnés d’avoir organisé les attentats afin de créer une ” stratégie de la tension “, semblable à la démarche de l’extrême droite italienne dans les années 70.
Aujourd’hui, ce groupuscule néo-nazi, recrutant essentiellement parmi les bandes de skinheads (le Monde du 26 septembre) semble décapité : son président, Claude Cornilleau, lui aussi inculpé et écroué depuis le 17 septembre, est donc rejoint en détention par son adjoint, Allouchery, et par le responsable de la sécurité intérieure du parti, Lecanu. C’est sans doute à ce titre que ce dernier fut chargé de créer une section spéciale regroupant les adhérents policiers du PFNE afin d’utiliser ” toutes les compétences relatives à leur profession pour faire triompher nos idées “.
Quatre groupes
Libération publie, dans son édition du 10 octobre, l’intégralité des notes prises à cette occasion et saisies au domicile de Serge Lecanu. Les policiers présents se sont répartis le travail en quatre groupes.
Le ” groupe enquête, chef : Philippe Caplain ” a pour mission d'” infiltrer les milieux nationalistes ” afin de faire adhérer les ” éléments policiers les plus purs “.
Le ” groupe documentation “, chef : Daniel Sirizzotti doit ” diriger un groupe d’archivistes “, s’intéressant à la presse aussi bien qu’à ” tous documents officiels “.
Le ” groupe sécurité-protection “, chef : Daniel Lenoir a pour tâche de veiller à la ” sécurité de nos réunions, meetings, manifestations “, en s’informant auprès d’un ” réseau de correspondants parmi les compagnies de maintien de l’ordre “.
Enfin le ” groupe sportif “, chef : Patrick Reynes s’efforce de former les militants aux arts martiaux et au tir, mais surtout, ” sous cette couverture, pourra réaliser des opérations ponctuelles à la demande du président “. Sur ce document, les initiales de section spéciale (SS) sont écrites selon la calligraphie en éclair des nazis.
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Progrès de l’enquête concernant les attentats racistes contre les foyers de la Sonacotra à Cannes et Cagnes sur Mer. Bateau appartenant à Michel GOUGE dans lequel les policiers de Cannes ont découvert un arsenal. Images d’archives : attentat du foyer Sonacotra de Cagnes sur Mer. Arrestation de Claude CORNILLEAU, président du Parti national Français et Européen (PNFE ). Images d’archive INA
M. Claude Cornilleau, cinquante-trois ans, traducteur, président du Parti nationaliste français et européen (PNFE), qui avait été interpellé mercredi 13 septembre (le Monde du 15 septembre) à son domicile de Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne), dans le cours de l’enquête sur les attentats commis en mai et décembre 1988 contre les foyers Sonacotra de Cannes et Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), a été transféré, dimanche 17 septembre, à Grasse, où M. Jean-Pierre Murciano, juge d’instruction, l’a inculpé d’association de malfaiteurs.
M. Cornilleau, qui a refusé de s’expliquer devant le magistrat instructeur hors de la présence de son avocat, a été incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse. Treize personnes ont déjà été inculpées, dans ce dossier, dont huit sont en détention à Nice et à Grasse.
L’arrestation de M. Cornilleau semble indiquer que le PNFE, en tant que tel et non plus seulement quelques-uns de ses adhérents locaux, pourrait avoir joué un rôle dans les attentats contre les foyers de la Sonacotra sur la Côte-d’Azur. Les enquêteurs du SRPJ de Nice auraient, en effet, établi que ce parti d’extrême droite, créé en 1985 par M. Cornilleau, ancien militant du Front national comme plusieurs de ses coinculpés, avait réuni juste avant, à Paris, un congès national au cours duquel des projets d’actions ” musclées ” contre les immigrés auraient été évoqués. Ce congrès avait été suivi d’autres réunions sur les mêmes thèmes.
Un examen plus approfondi des documents saisis au domicile et au bureau de M. Cornilleau permettra de mieux cerner l’éventuelle responsabilité de celui-ci et celle d’autres dirigeants du PNFE qui doivent être entendus. Le juge d’instruction ne disposait pas, à ce stade de l’enquête, des éléments suffisants pour conclure à une initiative parisienne concernant les attentats sur la Côte d’Azur. Les policiers niçois ont, en outre, fait une perquisition au siège de la Fédération professionnelle indépendante de la police à Paris qui n’a, semble-t-il, donné aucun résultat.
Deux personnes avaient été blessées dans l’attentat contre le foyer Sonacotra de Cannes, le 9 mai 1988, et à Cagnes-sur-Mer, le 19 décembre suivant, une personne avait été tuée et onze autres blessées, dont deux sérieusement atteintes.
Le Parti nationaliste français et européen (PNFE) était un groupuscule d’extrême droite néonazi, raciste, antisémite et xénophobe, fondé en avril 19872,3 par Claude Cornilleau, ancien membre de l’OAS4. Il est inactif depuis 1999.
Historique
Adepte des thèses du racisme biologique, opposée à la démocratie et au « capitalisme cosmopolite », il dénonce le « lobby juif mondial »5. Il est issu d’une scission du Parti nationaliste français en 1985 et est inactif depuis 19996. Comme beaucoup d’autres groupes d’extrême droite français, le PNFE utilise la croix celtique comme emblème. Sa devise était « France d’abord ! Blanche toujours ! ». Parmi ses membres, figurent le négationnisteVincent Reynouard ou le militant Michel Faci. Erik Sausset, rédacteur de la revue Le Flambeau, en fut le président de 1996 à 1999.
Il fête l’anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler lors d’un banquet le 22 avril 1990 et s’est rendu en juin 1995 au congrès du parti allemand d’extrême droite NPD4.
Le PNFE rallia des policiers français issus de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP)5. Le président du PNFE était Claude Cornilleau. Militaire de carrière, il est condamné par contumace à vingt ans de prison pour sa participation au putsch d’avril 1961, mais bénéficie de l’amnistie de 1968. De 1979 à 1981, il est membre du FN7. Conseiller municipal RPR de Chelles (Seine-et-Marne) en 19832, il est contraint à la démission en 1987 en raison de propos très virulents et racistes8.
Le 1er mars 1990, le journaliste Hervé Gattegno révèle un document attestant qu’un secrétariat provisoire a été mis en place pour entamer la réorganisation du mouvement et appeler les militants à l’action9.
En mai-juin 1990, le secrétaire national, Francis Allouchéry, est exclu et est remplacé en 1991 par Michèle d’All’Ara.
Les membres du PNFE commettent des crimes et des délits sanctionnés par la justice, comme des profanations de sépultures, des agressions et des incendies contre des foyers d’immigrés et des locaux du PCF entre 1986 et 1989, dans le sud de la France. En décembre 1988, l’explosion d’une bombe artisanale dans un foyer Sonacotra à Cagnes-sur-Mer4 fait un mort et 12 blessés, mais l’enquête se termina par deux non-lieu. Le 24 avril 1997, le principal inculpé pour la profanation du cimetière juif de Carpentras dans la nuit du 8 au 9 mai 1990 était un ancien membre du PNFE6.
Le journal du parti, Tribune nationaliste, créé en octobre 1985, est interdit en décembre 1990.