Les attentats contre les foyers de la Sonacotra Le président du PNFE est inculpé d’association de malfaiteur

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M. Claude Cornilleau, cinquante-trois ans, traducteur, président du Parti nationaliste français et européen (PNFE), qui avait été interpellé mercredi 13 septembre (le Monde du 15 septembre) à son domicile de Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne), dans le cours de l’enquête sur les attentats commis en mai et décembre 1988 contre les foyers Sonacotra de Cannes et Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), a été transféré, dimanche 17 septembre, à Grasse, où M. Jean-Pierre Murciano, juge d’instruction, l’a inculpé d’association de malfaiteurs.

M. Cornilleau, qui a refusé de s’expliquer devant le magistrat instructeur hors de la présence de son avocat, a été incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse. Treize personnes ont déjà été inculpées, dans ce dossier, dont huit sont en détention à Nice et à Grasse.

L’arrestation de M. Cornilleau semble indiquer que le PNFE, en tant que tel et non plus seulement quelques-uns de ses adhérents locaux, pourrait avoir joué un rôle dans les attentats contre les foyers de la Sonacotra sur la Côte-d’Azur. Les enquêteurs du SRPJ de Nice auraient, en effet, établi que ce parti d’extrême droite, créé en 1985 par M. Cornilleau, ancien militant du Front national comme plusieurs de ses coinculpés, avait réuni juste avant, à Paris, un congès national au cours duquel des projets d’actions ” musclées ” contre les immigrés auraient été évoqués. Ce congrès avait été suivi d’autres réunions sur les mêmes thèmes.

Un examen plus approfondi des documents saisis au domicile et au bureau de M. Cornilleau permettra de mieux cerner l’éventuelle responsabilité de celui-ci et celle d’autres dirigeants du PNFE qui doivent être entendus. Le juge d’instruction ne disposait pas, à ce stade de l’enquête, des éléments suffisants pour conclure à une initiative parisienne concernant les attentats sur la Côte d’Azur. Les policiers niçois ont, en outre, fait une perquisition au siège de la Fédération professionnelle indépendante de la police à Paris qui n’a, semble-t-il, donné aucun résultat.

Deux personnes avaient été blessées dans l’attentat contre le foyer Sonacotra de Cannes, le 9 mai 1988, et à Cagnes-sur-Mer, le 19 décembre suivant, une personne avait été tuée et onze autres blessées, dont deux sérieusement atteintes.