Enquête : Qui se cache derrière Clermont Non Conforme ?

https://mediacoop.fr/15/05/2023/enquete-qui-se-cache-derriere-clermont-non-conforme/
La manifestation néo-nazie du samedi 6 mai à Paris a mis en lumière la présence de « gros bras » de Clermont-Ferrand assurant le service d’ordre. Ils appartiennent au groupe néofasciste Clermont non conforme, créé en mars 2023, dont le noyau dur est constitué d’anciens du Bastion Social, de Clermont-Ferrand Nationaliste et de Bordeaux nationaliste. Le collectif de lutte contre les extrêmes-droites du Puy-de-Dôme et des médias ont déjà communiqué sur la création du groupuscule tandis que la députée du Puy-de-Dôme Marianne Maximi (NUPES) en a demandé la dissolution. Arno Chotard, journaliste indépendant, spécialisé sur l’ultra-droite, a enquêté sur sa genèse, ses membres et ses réseaux. Mediacoop a décidé de diffuser son travail. Des jeunes responsables locaux de premier plan du Rassemblement national (branche jeunesse), de La Cocarde et de l’Action Française sont impliqués et ne cachent pas leur sympathie pour le néofascisme, bien loin de l’image de respectabilité que ces groupes tentent d’afficher publiquement.

 

Clermont Non Conforme est la branche clermontoise du mouvement « nationaliste révolutionnaire » qui connaît actuellement un succès grandissant et dont la structure souple et locale permet de limiter les effets d’une éventuelle dissolution. Sa première apparition publique est une « déambulation » surprise dans les rues de Clermont-Ferrand le soir du samedi 25 mars.

On y distingue déjà Mathieu Duarte (dit « Captain NR »), le multi-condamné Tristan Arnaud ou encore le remuant « Marceluss ». Marceluss est aussi très proche des Zouaves parisiens. Il apparaît dans de nombreux rassemblements. On le voit faire des saluts nazis comme le montrent nos photos.

 

Samedi 22 avril, une « rencontre militante », perturbée par des antifascistes locaux, s’est tenue au bar le Rimbaud sans en avertir le propriétaire. On y retrouve des militants bien connus de Clermont-Ferrand Nationaliste, comme « Marceluss », Arthur Guibert, employé chez Michelin sur le site Cataroux, et Roman Schmidt, ayant passé sa jeunesse dans le bas-Rhin.

Créé en janvier 2021, Clermont-Ferrand Nationaliste affichait sans trop de complexe ses références au IIIe Reich.

Il s’est donné pour but principal d’harceler, d’intimider voire de violenter des minorités et des opposants politiques.

Clermont-Ferrand Nationaliste jouait également le rôle de « bras armé » de La Cocarde Étudiante qui souhaitait se faire une place aux côtés du syndicat Unef (classé à gauche, aujourd’hui devenu « Union étudiante ») et de l’Uni (classé à la droite extrême). « Marceluss », « Clément », Roman Schmidt ou encore Arthur Guibert accompagnaient en effet les militants de la Cocarde Étudiante (comme Chloé Luginbuhl/Chevalier, ) lors des manifestations anti-pass, lors de la venue de l’ex-responsable lyonnais de La Cocarde, Sinisha Uros/Milinov ou pour permettre à une quinzaine d’adhérents de La Cocarde de participer à une conférence organisée par l’Unef dans la fac de droit (février 2022), en entrant armés de matraque dans l’enceinte de l’université.

Chloé Luginbuhl/Chevalier, étudiante en M2 Biologie sur le site des Cezeaux de Clermont-Ferrand et Jean Chevalier ont par ailleurs été aperçus à la manifestation parisienne du 6 mai.

Malgré leur recours fréquent à la violence et leurs références explicites au régime nazi, aucun des membres affichés de CLFN n’ont été poursuivis par la justice pour ces faits.

Déjà présent lors de l’installation du Bastion social à Clermont-Ferrand à l’été 2018, Tristan Arnaud, après avoir écopé d’une peine de prison ferme, était parti à Bordeaux fonder le groupe Bordeaux nationaliste, aujourd’hui dissous. Condamné à une interdiction de territoire lors de son procès en octobre 2018, Tristan s’est ostensiblement montré à Clermont-Ferrand depuis janvier 2022, allant même jusqu’à faire interruption dans le local de campagne de la NUPES le 4 juin 2022.

Ce naziskin s’est réinstallé dans la région avec sa compagne, (elle aussi militante à ses côtés),  mais semble avoir emporté dans ses bagages plusieurs militants bien connus de Bordeaux Nationaliste, comme Alex Wulfaz (coach sportif, musicien du groupe néo-nazi Bunker84).

Il anime par ailleurs la Brigade Arverne, regroupement informel.

Une stratégie de recrutement axée sur les salles de sport et les stades

La présence remarquée de Mathieu Duarte à la manifestation du 6 mai ainsi que la photo de la rencontre militante du 22 avril montrent que ces militants néo-fascistes expérimentés ont réussi à recruter au-delà de leur petit milieu. La valorisation à outrance d’une fierté blanche, catholique et masculine, les promesses de bagarres et de sociabilité militante leur permettent ainsi de bénéficier de l’appui de plusieurs visages bien connus du monde des salles de sport et du hooliganisme.

Mathis Albessard, coach et préparateur physique sur Clermont-Ferrand et qui n’hésite pas à donner le coup de poing, utilise ainsi ses réseaux pour recruter. Proche de Mathieu Duarte, Mathis Albessard a également en charge la préparation physique de Luc Grandsaigne, « musculeux » comme les deux autres et actif au sein du groupe ultra « Sekta Pirata » du Clermont Foot 63.

S’il est trop tôt pour dire si la « Sekta Pirata » tolère ou non la présence de militants néofascistes dans ses rangs, des témoins nous confirment le travail d’influence de ces derniers au sein de ce groupe. Certains habitués du stade Gabriel Montpied comme Thomas Julhiard, hooligan passé par le Paris FC et ami de Adrien Méné, ou Luc Grandsaigne sont proches de Clermont non conforme .

Des liens étroits avec une grande partie de l’extrême-droite locale

Notre enquête révèle que Julien Chmielewski, responsable à ce jour du Rassemblement national de la Jeunesse du Puy-de-Dôme et de La Cocarde Clermont-Ferrand, est membre à part entière du groupuscule néofasciste Clermont non conforme. On peut ainsi observer la montre de cet étudiant en droit, issu des classes préparatoires littéraires du lycée privé Fénelon de Clermont-Ferrand, sur une opération de « stickage » de Clermont non conforme en avril 2023. Autre « fâcheuse » coïncidence, la présence de Julien Chmielewski au colloque de l’Institut Illiade le 15 avril à Paris et celle d’un membre de Clermont non conforme… qui n’est d’autre que lui (Voir la photo) . Sa radicalisation vers des positions de plus en plus « nationalistes révolutionnaires » est par ailleurs visible sur les réseaux sociaux (nous avons pris soin d’effectuer des copies d’écran de cette évolution idéologique). Les responsabilités de Julien Chmielewski au sein du RNJ63 et de La Cocarde étudiante Clermont Auvergne compromettent ces deux structures avec les militants les plus « néo-nazis » et violents de Clermont-Ferrand.

Ce n’est toutefois pas nouveau que ces structures locales qui ont pignon sur rue se lient d’amitié avec cette mouvance, comme nous l’avons montré entre CLFN et La Cocarde. Par le passé, le Rassemblement national 63 dirigé par Anne Biscos avait ouvertement affiché son soutien au Bastion social. Plus récemment, Kévin Blancard (dit « nounours »), ex du Bastion social et particulièrement « bavard » durant les auditions du procès de Quentin Gimel et Tristan Arnaud, s’était affiché à de nombreuses reprises dans des actions du RN63, avant d’être subitement effacé des archives suite à une dénonciation de l’Action antifasciste Auvergne.

Loin d’être gênée par de telles fréquentations, c’est toute une jeunesse « patriote » clermontoise qui s’encanaille depuis plusieurs années avec tout ce que Clermont-Ferrand compte de néo-nazis. Grand ami de Chloé Luginbuhl/Chevalier et de Jean Chevalier, Louis Boudon est le symbole de la force d’attractivité que peut posséder un groupe comme Clermont non conforme. Ayant grandi dans une commune de Haute-Loire, Louis Boudon s’est vite passionné pour des reconstitutions historiques et notamment portant sur la résistance française pendant l’occupation allemande.

Membre fondateur de La Cocarde sur Clermont-Ferrand, cet étudiant en histoire s’est rapidement tourné, sans succès, vers une formation militaire. Aujourd’hui militant à l’Action Française, il s’est affiché à plusieurs reprises avec des militants de CLFN pour « chasser du rouge ».

 

Titouan Lafforgue, étudiant en L2 d’Histoire à l’université de Clermont-Ferrand, membre de La Cocarde et fils d’une dynastie de militaires, est également connu pour ses liens étroits avec « Clément », ancien membre de La Cocarde et de Clermont Ferrand Nationaliste et aujourd’hui au parti pétainiste Les Nationalistes (« Bourbonnais nationaliste »). Titouan est animé de volontés toujours plus fortes d’en découdre avec les étudiants de gauche. Il persécute régulièrement les militants de l’UNEF et de leurs proches.

Maixent Broussou, frère de la militante de La Cocarde Sybille Broussou, est également un adepte de la provocation vis-à-vis de militants de gauche. Fabien Ennis, étudiant en M1 MEEF à l’Inspé de Clermont-Ferrand et qui envisage de devenir professeur de mathématiques, membre revendiqué de La Cocarde, est quant à lui un antisémite féroce. Peu attirés par la violence politique, d’autres militants connus côtoient cette nébuleuse fascisante comme Théo Bonnet, Antonin Artero, Antonin Tancogne qu’on retrouve dans des mêmes réunions, en compagnie du néo-nazi « Clément » ou bien de Sinisha Uros.

Comme dans d’autres villes, une division du travail militant s’est ainsi installé dans la mouvance néofasciste clermontoise : la conquête électorale pour le RN (et dans une moindre mesure Reconquête63, avec pour président l’islamophobe et le sympathisant royaliste Aurélien Chabrier), l’activisme étudiant et le recrutement des jeunes pour la Cocarde, la formation intellectuelle et le culte de la mémoire pour l’Action française et la milice violente (en théorie peu fréquentable) chargée d’intimider les opposants (Clermont Non Conforme aujourd’hui, Clermont-Ferrand Nationaliste hier). Toutes ces structures sont imbriquées et semblent avoir conscience de leur complémentarité, comme le prouve notre enquête, et mettent à mal le discours de « dédiabolisation » que souhaite afficher l’extrême-droite électoraliste.

Vers la fin de l’impunité de l’extrême-droite à Clermont-Ferrand ?

Après la dissolution du Bastion social en septembre 2018, Clermont-Ferrand avait connu une forme d’accalmie vis-à-vis de la menace néofasciste jusqu’en janvier 2021 au moment de la création de Clermont-Ferrand Nationaliste. Celle-ci avait engendré un regain des violences d’extrême droite à l’encontre des minorités, des organisations militantes de gauche et de leurs locaux, en particulier à l’université. L’impunité dont bénéficient jusqu’à présent les auteurs de ces violences a sans doute pu laisser croire que Clermont-Ferrand était une terre d’accueil ou de repli pour un ensemble de militants néofascistes.

La création de Clermont non conforme risque fortement d’engendrer à nouveau un cycle de violences d’extrême droite sur Clermont-Ferrand et sa région, si une réaction ne se fait pas rapidement. Cette dynamique n’est pas spécifique à l’Auvergne puisque que cette mouvance se développe nationalement et sur tout le territoire.

Tristan Arnaud, est, par exemple, poursuivi pour des faits de violences à Toulouse. D’autres membres de Clermont Non Conforme sont sous le joug de la justice après des violences au Puy, lors de la venue d’Hilda Lefort (anagramme de Adolf Hitler) dans une librairie qui propose des écrits interdits à la vente comme « l’ordre SS, éthique, et idéologie » d’Edwige Thibaut. Ce jour-là, les militants clermontois frappent des passants : Roman Schmidt, Arthur Guibert et « Marceluss » étaient présents. L’homme porte un t-shirt de l’équipe du FC Sankt Pauli, club sportif antifasciste. La victime a porté plainte. D’autres plaintes sont en cours sur Clermont-Ferrand, après différentes agressions, notamment au sein de l’université. Affaire à suivre donc…

François Duprat, une Histoire de l’Extrême-Droite

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Premier meeting d’Ordre nouveau à la Mutualité le 13 mai 1970. François Duprat est assis en deuxième position à gauche.
Né en 1940, assassiné par un attentat à la voiture piégée en 1978, François Duprat est un personnage central de la reconstruction des extrêmes droites européennes après la débâcle des fascismes. Il a joué un rôle essentiel au sein de l’extrême droite française.

Un webdocumentaire à voir sur LeMonde.fr à partir du 8 avril 2011.

François Duprat, n°1 bis du Front National, se qualifiait lui-même de fasciste et soutenait tout ce qui pouvait lutter contre le communisme ou diffuser des sentiments antisémites. Depuis la fin des années 50, il avait voué sa vie à créer, organiser et diriger formations et mouvements des extrêmes droites françaises, d’Occident au Front National, d’Ordre Nouveau aux milieux néo-nazis jusqu’à en devenir une figure centrale et détestée. Déchiqueté dans l’explosion de sa voiture, le samedi 18 mars 1978, il devient un martyr pour l’extrême droite française.

Une enquête de Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Duprat_(homme_politique)

Fraction. Fraction Hexagone. Fabrice Robert. Philippe Vardon. Unité Radicale. Bloc Identitaire (2004)

Fraction

RIF ou pas RIF ? Laissons le groupe se présenter lui-même[10] dans une interview publiée par Présent, « Au baroud dans le R.I.F. – Rencontre avec le groupe “ Fraction ” » mais qui n’est qu’une reprise abrégée d’un entretien publié dans Tribune musicale[11] :

« – Tribune musicale : Pourquoi avoir enlevé le mot “ hexagone ” à votre nom ?
– Fraction : Le groupe est né en 1994 d’une volonté de diffuser un “ nationalisme révolutionnaire ” au sein de la jeunesse.
À cette époque, en France, la scène musicale nationaliste était partagée entre des groupes skins au message souvent marginal et des productions un peu ringardes aux yeux de la jeunesse. Nous voulions développer un message radical et contestataire tout en restant en phase avec la réalité. Il s’agissait de dénoncer l’arrogance de l’impérialisme américain et du sionisme international, le capitalisme apatride, le métissage institutionnalisé et la corruption généralisée. Le mot Fraction symbolise toujours aussi bien l’esprit du groupe. Nous nous considérons comme faisant partie de cette “ minorité combattante ” qui a déclaré la guerre au Nouvel Ordre mondial et à tous ses avatars.

– TM : Pourquoi avoir supprimé le mot hexagone ?
– Fraction : Fraction a progressivement évolué vers un style beaucoup plus métal tout en subissant quelques changements dans le line-up. Le groupe est donc bien différent aujourd’hui même si l’engagement militant et les motivations politiques restent identiques à celles du début.

– TM : Le fait d’avoir eu un procès pour le texte d’une chanson du premier album vous a-t-il obligés à vous autocensurer ?
– Fraction : Nous n’avons finalement pas été poursuivis devant les tribunaux. Rappelons que nous avons été mis en examen pour “ complicité de provocations non suivies d’effets à des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne pour avoir participé à l’élaboration de la chanson « Une balle » ”. Nous avions alors été convoqués dans le bureau du juge Valat, le même qui a poursuivi Garaudy et Le Pen (pour le “ point de détail ”). Nous avons toujours perçu cette chanson comme une métaphore destinée à exprimer un cri de colère contre ce que nous combattons. Finalement, malgré une campagne de presse rondement menée, les poursuites ont été stoppées grâce à l’intervention de notre avocat, Me Delcroix[12], qui avait repéré un vice de procédure. Si les magistrats ont dû s’incliner, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles poursuites. En effet, tout nouveau pressage est susceptible de faire naître une nouvelle prescription. Nous sommes donc plus ou moins condamnés à abandonner la production de l’album Rejoins nos rangs. Il est clair que nous ne baissons pas les bras. Fraction cherchera toujours à répondre à l’attente de son public… D’ailleurs, il suffit d’écouter la production suivante, Le fléau, pour se rendre compte que Fraction a du mal à mettre de l’eau dans son vin. Outre la reprise de “ Une balle ” en version live, nous avions tenu à remercier les médias qui avaient indirectement assuré la promotion de notre groupe tout en saluant Philippe Douste-Blasy, alors ministre de la culture, pour son “ vibrant hommage ”. Un exemplaire du CD avait d’ailleurs été adressé au cabinet du maire de la ville de Lourdes. Une preuve que Fraction sait se montrer reconnaissant…[13]. Aujourd’hui, s’il n’y a aucune autocensure, Fraction écrit des textes moins provocateurs mais tout aussi radicaux. Peut-être le signe d’une certaine maturité.
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– TM : Politiquement, voyez-vous une solution pour l’avenir de notre pays ?
– Fraction : Nous sommes bien évidemment très pessimistes pour l’avenir et il faut bien se rendre compte que la scission du Front a déboussolé nombre de militants sincères. Mais il est interdit, encore plus aujourd’hui qu’hier, de baisser les bras. Pour notre part, nous agissons au sein d’Unité radicale, une structure née de l’alliance entre le GUD, Jeune Résistance et les Cercles Résistance. Le but de cette fédération est de structurer la tendance radicale et extra-parlementaire du mouvement national en France. En proposant des revues, en présentant des colloques de la radicalité, en organisant de grandes campagnes nationales, Unité radicale agit à la fois sur le terrain politique et culturel. Il est également parfois nécessaire de rappeler à la chienlit gauchiste que s’autoproclamer résistant comporte quelques risques…

– TM : Fraction est sur beaucoup de compilations. C’est une reconnaissance envers les personnes qui se bougent ou tout simplement pour vous le fait d’être présents partout où vous pouvez ?
– Fraction : Il est vrai que Fraction est récemment apparu sur plusieurs compilations. Nous sommes très sollicités et c’est plutôt encourageant pour nous. Certaines initiatives nous semblent très intéressantes comme celles consistant à aider les militants politiques incarcérés. En outre, si le fait d’être souvent présents sur les productions musicales est une bonne façon d’accentuer la visibilité d’un groupe, nous ne cherchons absolument pas à être partout. Les productions doivent répondre à certains critères d’éthique et de qualité et nous nous voyons parfois dans l’obligation de refuser.

– TM : Après la sortie de Le son d’histoire, vous allez sûrement remonter sur scène. Avez-vous des contacts pour jouer ?
– Fraction : Oui, nous avons déjà plusieurs propositions pour la France mais les plans les plus concrets viennent paradoxalement d’Europe (Italie, Espagne, Slovaquie, Allemagne). Il va donc falloir reprendre les répétitions sérieuses pour assurer la promotion de notre nouvel album.»
Comme on peut le constater l’interview est à la fois assez complète et assez édulcorée…

Le groupe est né en août 1994 de la fusion de deux groupes RAC, Septembre noir, dans lequel officie Fabrice Robert et dont le nom est un hommage au groupe palestinien responsable du meurtre des athlètes israéliens aux jeux de Munich, et FreiKorps[14]. Il s’appelle alors Fraction Hexagone, évolue entre oï et hard-core et fait partie de la scène RAC, même s’il revendique alors pour ce sigle un autre sens que Rock Against Communism : pour eux, RAC signifie Rock Against Capitalism[15]. Fabrice Robert met à cette époque sur pied un discours qui ne variera plus, en apparence plein de bon sens (l’immigration est un drame humain) mais en réalité toujours fixé sur les mêmes obsessions (l’invasion étrangère, la pureté ethnique) comme le montre ses déclarations à Réfléchir & Agir en 1996[16] : « Le véritable danger à l’heure actuelle vient du capitalisme apatride qui cherche à effacer les frontières pour mieux imposer la dictature de la loi du marché. Il faut savoir que s’il y a immigration et métissage en Europe, cela est dû essentiellement aux capitalistes qui ont déporté des populations entières pour avoir à leur disposition de la main d’œuvre corvéable à merci ». Ce n’est qu’à partir de 1998, et à l’occasion d’un changement de musiciens, que certains membres de Fraction Hexagone réfléchissent à un repositionnement du groupe et affirment leur appartenance à la scène RIF naissante.
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Les ennuis judiciaires que connaît alors le groupe n’y sont peut-être pas totalement étrangers. En 1998, NTM rencontre en effet quelques problèmes avec la chanson « Nique la police ». Une campagne de presse s’organise pour défendre le groupe et certains journalistes citent alors le groupe Fraction Hexagone et la chanson « Une balle » à titre de comparaison. Cette affaire donne une publicité inespérée au groupe. La chanson est interdite et Fraction Hexagone fait circuler une lettre qu’ils ont adressée à Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Culture. Jacques Bompard[17] et André-Yves Beck[18] publient alors un communiqué de soutien dans lequel le passage suivant est assez explicite : « Tout au plus peut-on parler de langage de banlieue et d’expression spontanée et un peu vive de la colère des jeunes Français face à leur exclusion ». Le FN avait pourtant refusé que le groupe joue ce morceau lors du concert des BBR 1996, trouvant sans doute les paroles plus que « un peu vives ». Mais si la publicité est réelle, le confinement dans un ghetto provocateur aussi.

Le groupe atténue alors son image RAC et met en avant l’appellation hard-core nationaliste-révolutionnaire. On s’attend en toute logique à l’apocalypse sonore vue la définition du style musical. À l’écoute, c’est surtout du metal soft : les paroles renvoient parfois aux belles années du RAC en France, avec des groupes comme Bunker 84 ou Kontingent 88. Les chansons dénoncent tour à tour l’islamisation de l’Europe, les « collabos du système » et l’américanisation de la société. Ce dernier point n’empêche pas cependant le groupe de s’habiller et de prendre la pose comme n’importe quel groupe de hard-core américain.
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Rebaptisé Fraction, le groupe s’est stabilisé avec l’arrivée de Philippe Vardon qui ne devient le chanteur de Fraction qu’à partir de l’album Le son d’histoire en 1999.
La musique n’est pas totalement étrangère à Vardon puisqu’auparavant, il officiait comme chanteur dans d’autres groupes de hard-core faf et niçois, Légitime Défense devenu Résistance début 1998. Ce dernier groupe était composé de militants d’Unité radicale et malgré sa brève durée d’existence, cette formation a eu le temps de jouer pour le solstice d’été 1998 près de Nice avec le groupe de Black Metal Gorgon. De fait, le style metal de Le son d’histoire est sans doute en partie dû à la présence de l’ex-guitariste de Gorgon, lui aussi passé à Fraction.

Côté activités, Fraction est sans doute avec In Memoriam le groupe qui affiche le plus beau tableau de chasse. Pour ce qui est des concerts, la plupart ont bien évidemment été organisés par des structures boneheads, en France ou à l’étranger, en particulier dans les premières années : citons par exemple le festival RAC de 1994 à Bordeaux avec Razor’s Edge (Royaume-Uni) et ADL 122 (Espagne) ou, la même année, le concert de Bourges avec Jeune Garde, groupe RAC emmené par une figure locale du mouvement skinhead, Sébastien Legentil, qui est devenu plus tard un responsable d’Unité radicale. Les deux exceptions principales sont des initiatives liées au Front national : les BBR 1996 qui constituent pour Fraction l’un des meilleurs souvenirs et le tremplin rock à Orange en juin 1996 où le groupe est arrivé deuxième. À cette occasion, Fraction a d’ailleurs été programmé sur une antenne locale de Skyrock sous le nom de Moloko Velocet[19].
Tremplin_rock_Orange-ae894L’utilisation de ce nom d’emprunt résultait d’un constat évident fait par le groupe et décrit par Fabrice Robert dans Jeune Résistance[20] : « Il est vrai que nous avons surtout joué dans des concerts organisés par et pour des skins. Or la flicaille est toujours à l’affût pour tenter d’annuler ce genre de manifestation. Désormais, nous pensons qu’il est stérile de se limiter à jouer devant un public composé en majorité de convaincus. Nous cherchons à apparaître dans des lieux publics pour nous faire entendre par des gens qui ne partagent pas totalement notre vision des choses, cela nous le faisons sous le nom de Moloko Velocet. » Cela étant, le groupe n’a plus jamais renouvelé l’expérience.

Fraction est également l’un des groupes qui a le plus de disques à son actif. C’est en effet un peu l’électron libre de la scène RIF car il profite à la fois de la scène RIF, mais aussi de la scène RAC. Ainsi, malgré son « recentrage », il peut jouer avec les groupes des deux scènes, mais aussi participer à des compilations sur des labels RAC, comme pour la compilation en soutien aux prisonniers sortie en 1998 et sur laquelle figuraient Skuld, groupe RAC du Sud-Ouest, Elsass Korps, groupe RAC alsacien et la 9ème Panzer Symphonie, déjà citée précédemment, ou celle prévue en hommage à Légion 88 sur le label Street Fighting Records[21]. D’ailleurs, les premiers pas musicaux du groupe ont été sortis par Pit Records, et le groupe revendique totalement ses anciennes productions : Yankees go home (cassette démo de janvier 1995), titres enregistrés pour la compilation France explosion n°1 de mai 1995 et enfin les deux dernières productions sous le nom de Fraction Hexagone, Rejoins nos rangs en octobre 1996 et Le fléau en septembre 1997. Le son d’histoire contient d’ailleurs un titre fantôme qui n’est rien d’autre que la reprise d’une chanson de Nouvelle Croisade, un groupe RAC des années 1980, intitulée « Gardien de l’ordre ».
Cette situation n’est évidemment pas du goût de tout le monde, la plupart des groupes RIF essayant de ne pas se mélanger à la scène RAC qui pourrait effrayer les nouveaux venus. Mais Fraction n’en a cure, et le dernier CD du groupe, Reconquista, continue sur la même lancée.

Une dimension importante du groupe est qu’il a toujours eu des activités politiques connexes. Dans la formation initiale, trois des membres étaient militants de Nouvelle Résistance et Fabrice Robert, qui était l’un des trois, en est le meilleur exemple.

Fabrice Robert

Né en 1971, il commence à militer à Nice à 16 ans pour le FN
puis assez rapidement pour Troisième Voie.
Il est arrêté en 1991 pour distribution de tracts négationnistes et bombages sur les murs du lycée Masséna ; lors d’une perquisition à son domicile, la police saisit à cette occasion des portraits de Hitler et de Mussolini, des croix gammées, des insignes de division SS, etc. Il est condamné pour cette affaire à 10 000 francs d’amende par le TGI de Nice, mais comme on peut s’en douter, cela ne refroidit pas son engagement nationaliste-révolutionnaire.
Il suit la scission de Troisième Voie qui donne Nouvelle Résistance, et il entre au bureau exécutif de cette organisation lors du deuxième congrès de l’organisation en août 1995, tout en étant conseiller municipal FN de La Courneuve (93).
Au sein de Nouvelle Résistance, il lance le bulletin Jeune Résistance en 1995 qui sert de point d’appui à la mise sur pied en 1998 d’Unité radicale, suite à la scission survenue au sein de Nouvelle Résistance entre les militants favorables à un rapprochement avec le FN et ceux qui y sont hostiles.
À partir de 2000, Unité radicale se rapproche du MNR de Bruno Mégret et Fabrice Robert fait partie des militants radicaux qui prennent des responsabilités au sein du parti mégrétiste : il devient ainsi responsable du MNR à Nice. C’est en particulier lui qui organise le congrès du parti à Nice fin février 2002.

La tentative d’assassinat de Maxime Brunerie, militant d’UR, contre Jacques Chirac amène la rupture avec le MNR et la dissolution d’Unité radicale, qui se transforme alors en Jeunesses identitaires puis en Bloc identitaire en 2003. Fabrice Robert en est évidemment le président et demeure bassiste de Fraction Hexagone puis Fraction.

Assez curieusement, le groupe a préféré taire ses accointances avec Nouvelle Résistance au début. C’est ainsi que dans le premier numéro de Jeune Résistance, Fabrice Robert déclarait que, tout en étant NR, les membres du groupe « [n’étaient] encartés nulle part », ce qui était évidemment un pieux mensonge. Les formations suivantes ont poursuivi dans cette démarche : actuellement, outre Fabrice Robert, Philippe Vardon est le dirigeant des Jeunesses identitaires après avoir connu depuis 1998 un itinéraire comparable à celui de son aîné. Malgré cette évolution de plus en plus racialiste, le logo du groupe reste une roue crantée au sein de laquelle se trouve un marteau et une épée, c’est-à-dire un logo inspiré de celui du Front noir des frères Strasser[22]. En outre, en bon groupe nationaliste-révolutionnaire, Fraction n’hésite pas à citer le sous-commandant Marcos et Che Guevara comme des figures politiques susceptibles de les influencer. Mais certaines déclarations du groupe peuvent être encore plus originales. Ainsi, à une question du fanzine naziskin allemand Neue Ordnung de l’hiver 2000[23] leur demandant ce que le groupe pensait de Jacques Chirac, la réponse fut : « Er ist ein Sklave von ZOG » ce que tout un chacun, même non germaniste, aura réussi à traduire par « C’est un esclave de ZOG », c’est-à-dire un esclave du « gouvernement d’occupation sioniste », c’est-à-dire, pour être encore plus clair, des Juifs. Opinion totalement empreinte de modération, cela va sans dire.


video reportage documentaire 2013

2013 – avant le meurtre de Clément Méric

  • NR Nationalistes Révolutionnaires
  • Skinheads
  • les Identitaires
  • Rencontre-discussion en face à face avec Philippe Vardon, qui démontre
    – la difficulté certaine du dialogue entre universalistes et identitaires,
    – et la problématique d’offrir des opportunités de tribunes aux idées identitaires=victimaireshttps://www.lexpress.fr/resizer/UZ2kB5lxBfXkNzHBYyP9BQ6TPG4=/970x548/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/lexpress/LCMOCEWFHVB5RANGFKCEEIHDWA.jpg

2024 : vardon est passé à reconquete depuis la photo de vardon derriere bardela affichés sur écran géant tpmp hanouna à la tv.
https://pbs.twimg.com/media/GEOy071XcAIEoXQ?format=jpg&name=small