Un néo-nazi norvégien arrêté en France

 

Kristian Vikernes, dit "Varg", était venu s'installer en France après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège.

Kristian Vikernes, dit “Varg”,
le réfugié a trouvé asile à Salon-la-Tour en Corrèze en France
après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège.
© Capture Facebook de Kristian Vikernes

 

Sympathisant de Breivik, il était soupçonné de préparer un “acte terroriste d’envergure”.

Un néo-nazi norvégien et figure du black metal, sympathisant de l’auteur de la tuerie d’Utoya en juillet 2011 Anders Breivik, et son épouse française ont été arrêtés mardi à l’aube en Corrèze. Kristian Vikernes, dit “Varg”, 40 ans, et Marie Cachet, 25 ans, ont été interpellés par les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à leur domicile à Salon-La-Tour, où ils vivaient avec leurs trois enfants, a indiqué cette source, confirmant une information de RTL. Ce néo-nazi était susceptible de préparer un “acte terroriste d’envergure”, a fait savoir  mardi midi le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, tout en reconnaissant qu’il n’y a pour le moment “ni cible, ni projet identifié”.

Adepte des tenues militaires, Kristian Vikernes avait camouflé ses trois voitures :

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© Europe1/Benjamin Peter

Quatre fusils achetés par sa femme. Kristian Vikernes, dit Varg, était venu s’installer en France en 2010 après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège, la peine la plus lourde dans ce pays, finalement ramenée à 16 ans. Sa femme, une Française inscrite dans un club de tir, venait d’acheter quatre fusils en toute légalité. Si le Norvégien était depuis plusieurs années l’objet d’une surveillance c’est au début du mois que l’affaire a été judiciarisée, avec l’ouverture d’une enquête préliminaire par la section antiterroriste du parquet de Paris. Une décision consécutive à cet achat d’armement. En perquisition, les policiers ont notamment saisi mardi matin cinq armes longues, dont quatre carabines 22 long rifle.

Raciste et néo-nazi notoire. Raciste et néo-nazi notoire, Kristian Vikernes est par ailleurs un des 500 destinataires du manifeste écrit par Anders Behring Breivik, l’auteur de la tuerie d’Utoya qui a fait 77 morts en juillet 2011. Ce dernier a été jugé pénalement responsable d'”actes terroristes” et condamné à 21 ans de prison en août 2012  [Kristian Vikernes est condamné le 16 mai 1994] par la justice norvégienne. En avril 2011, Kristian Vikernes avait signé une tribune en français sur son site internet personnel. Intitulé “Chère France”, ce texte appelait les Français à voter pour le Front National.

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© Capture -site Burzum.org

L’homme  était  considéré par les enquêteurs comme “susceptible de préparer des actions violentes” et à ce titre “jugé dangereux”, a indiqué une source policière. Une source judiciaire a de son côté évoqué une “dangerosité potentielle”. Les enquêteurs s’inquiétaient notamment de messages ouvertement antisémites et xénophobes du Norvégien sur internet à quelques jours de la date du 22 juillet, le triste anniversaire de la tuerie d’Utoya.

Une figure du black métal déjà condamnée. “Varg”, qui signifie le loup, est une figure de la musique black metal, connue au-delà des frontières norvégiennes jusqu’en France. Sa condamnation dans les années 90 avait été prononcée pour plusieurs incendies d’églises et pour l’assassinat de plus de 20 coups de couteau de son ami Oyestein Aarseth, alias Euronymous, ancien leader du groupe Mayhem, groupe culte de ce genre musical.

Varg venait de sortir un disque, le 28 juin dernier, avec son groupe actuel, “Burzum”, ce qui signifie “ténèbres” en langue de Tolkien.

https://www.europe1.fr/international/Un-neo-nazi-norvegien-arrete-en-France-550324

“Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs”

https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/07/16/vikernes-defend-une-europe-blanche-debarrassee-de-tous-les-peuples-metisses-et-des-juifs_5992839_823448.html

Stéphane François est historien des idées et spécialiste des sous-cultures d’extrême droite. Il revient sur Varg Vikernes, néonazi norvégien interpellé mardi matin en Corrèze et sur les relations entre la scène Black metal et l’extrême droite.

Qui est Varg Vikernes ?

C’est un musicien norvégien de la scène Black Metal, une figure importante, même mondiale de ce courant musical. Varg Vikernes, Kristian de son prénom, est surtout connu pour avoir défrayé la chronique dans les années 1990 pour des propos racistes, satanistes et des incendies d’églises plus que millénaires en Norvège.

https://youtu.be/CYJ6H2kKbFE

Il est aussi connu pour avoir tué un membre de son groupe, Øystein Aarseth, alias Euronymous. Il fera de la prison pour cela, 21 ans, la peine la plus lourde en Norvège.

Il a aussi fait quelque chose qui a beaucoup choqué en Norvège, il a pris comme second prénom, Quisling, du nom chef de gouvernement pronazi norvégien pendant la seconde guerre mondiale.

Vikernes fut aussi un ancien skinhead dans sa jeunesse. Il est à la fois un musicien et quelqu’un qui s’est radicalisé avant d’aller en prison mais est devenu « officiellement » néonazi en prison. Varg Vikernes a aussi soutenu un groupuscule néonazi, le « Einsatzgruppe », qui prévoyait de faire des attentats en Norvège. Cette frange radicale n’hésite pas à avoir de propos racistes dans leurs entretiens.

Appartient-il à des groupes politiques ?

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH300/vikernes-proaee8-26fa2.jpg?1697470728

Oui, il appartient à plusieurs structures néo-païennes völkisch, des groupuscules, comme le Front païen norvégien et le Front païen germanique. Il se réclame du paganisme nordique. Il est aussi un des membres fondateurs du mouvement extrémiste norvégien Résistance Aryenne.

 Quel est son courant musical ? 

Au départ, c’est le Black metal. Avec son premier groupe, Mayhem, c’est une des figures phares du Black metal. Une fois qu’il a fondé Burzum, son nouveau groupe, il est devenu une figure de proue dans le monde du National socialist black metal (NSBM). D’ailleurs, Burzum, c’est une grande référence, quelque chose d’important, on peut trouver leur disque à la Fnac ou chez Gibert ! Ce n’est pas cantonné au « petit milieu ». Les CD peuvent tirer à 20 000 ou 30 000 exemplaires.

Le Black metal est apparu au milieu des années 1980. C’est une évolution musicalement, esthétiquement et textuellement violente du Metal. C’est une sorte de vision lourde musicalement, pessimiste du hard-rock, qui prise les sons gutturaux et les atmosphères oppressantes. Sa genèse musicale renvoie à plusieurs groupes et registres : Black Sabbath, pour les textes désespérés, Kiss et Alice Cooper, pour les maquillages et Led Zeppelin pour les textes occultistes. Parmi les codes du Black metal, il y a la misanthropie, la haine du monde mais surtout un discours élitiste.

Une partie des références est ouvertement païenne, l’autre étant un satanisme bricolé à partir des représentations romantiques du satanisme médiéval. Ces groupes font référence à un monde mythique d’avant l’histoire où de super guerriers harnachés de cuir et de métal combattent les dragons, les entités maléfiques, les dieux…

Au niveau (pseudo) religieux, cette scène a fait un syncrétisme entre le paganisme nordique, celte parfois, et le satanisme, à un tel point que parfois nous pouvons même parler de « pagano-satanisme ». Ce syncrétisme se renforce chez les plus radicaux d’un racisme biologique.

Ces « pagano-satanistes » professent un antichristianisme primaire mâtiné de darwinisme social. « Le christianisme est pratiqué par des gens trop faibles pour contrôler leur propre vie. La religion représente la morale de pitié illogique qui va à l’encontre des lois de la nature », explique par exemple l’une des figures du milieu. Ces groupes insistent ouvertement sur la bestialité, la brutalité et la force, les faibles subissant la violence des forts, c’est-à-dire des Vikings. Ce darwinisme primaire est revendiqué et assumé par la frange la plus radicale de cette scène.

Certains des groupes radicaux influencés par les délires racialistes païens de Varg Vikernes accompagnent leurs disques de représentation de la Totenkopf (la tête de mort des divisions SS gardiennes des camps de concentration) et de runes. Il a même existé même un groupe appelé Zyklon B, du nom du gaz utilisé dans les camps d’extermination.

Cette mouvance est implantée partout ?

On en a principalement du NSBM en Europe et aux Etats-Unis mais aussi en Australie ou en Nouvelle-Zélande. En France, leur heure de gloire a eu lieu lors de la décennie 1990-2000. Il y a encore pas mal de fanzines et de labels qui en font la promotion, comme* Deo Occidi, fondé par Rudy Potyralla, lié aux Charlemagne Hammerskins. [* à la fin des années 90]

Il y a eu une tentative de récupération politique de la scène Black metal  par l’extrême droite radicale  ?

Le genre de propos et de provocations du milieu Black metal radicalisé ont incité une partie de l’extrême droite païenne à tenter de récupérer ces groupes. Nouvelle résistance  [formation nationaliste-révolutionnaire créée en 1990 et disparue aujourd’hui] l’a tenté par exemple.  Ils  avaient  essayé   de mettre en place un label pour sortir des disques de musique industrielle et de Black metal. Le fanzine Napalm Rock était  d’ailleurs lié à ce groupuscule animé par Christian Bouchet [ancien dirigeant nationaliste révolutionnaire, il est aujourd’hui tête de liste FN aux élections municipales à Nantes].  Le but affiché de Napalm Rock  était de « montrer que la culture musicale nationaliste/païenne est aussi liée au Black metal, au Death metal, à la musique industrielle et au hardcore ».

Cette politique est aussi celle   aujourd’hui  de  la revue  Réfléchir & Agir qui chronique dans ses pages des productions musicales Black metal. Actuellement encore, les forums de certains sites Internet consacrés au Black metal voient des tentatives d’entrisme de la part de militants d’extrême droite, notamment néo-nazis et nationalistes-révolutionnaires, quand ils ne sont pas complètement noyautés par ceux-ci. Cet entrisme est facilité par la naïveté et l’apolitisme revendiqué des animateurs de ces sites. Il se peut aussi que des sites soient créés par des militants d’extrême droite, adaptant au Web la politique de la décennie précédente vis-à-vis des fanzines.

Autre exemple, les profanateurs de Carpentras, des skinheads, venaient de la scène Black metal. La tendance NSBM est une des composantes de la mouvance néonazie actuelle.

Ne soyons pas trop dur avec les imprécisions journalistiques :
L'auteur confond 2 affaires de profanations de cimetières :

- Carpentras 1990 : skinhead PNFE crane rasé ne provenant pas de la scène black metal
la profanation d’un cadavre dans le cimetière juif de Carpentras (Vaucluse), en mars 1990. Imputé à l’influence culturelle du FN, cet acte, qui devint un événement de mobilisation fondamental dans la stratégie de mobilisation politique et associative contre le Front national, fut élucidé seulement en 1996, alors que l’un des auteurs, Jean-Claude Gos, skinhead de Denain (Nord) et membre du PNFE, était déjà décédé. 

- Toulon 1996 : les profanateurs membres du groupe Funeral sont chevelus et pas skinheads mais ont opérés la convergence NS+BM

Quels rapports Varg Vikernes entretient-il avec Andreas Breivik ? Il était récipiendaire du Manifeste de Breivik mais au lendemain de la tuerie d’Utoya, il avait estimé que ce dernier « faisait le jeu des juifs »…

Pour Varg Vikernes, Breivik est un petit joueur. Vikernes est beaucoup plus radical et extrême.. Breivik défend l’Occident chrétien, pour Vikernes il est hors de question de défendre l’Occident chrétien, ni l’Occident tout court, qu’il considère comme dégénéré.

Vikernes reprend les thèmes nazis sur la décadence de la civilisation américaine. D’ailleurs les personnes avec qui il est en contact aux États-Unis comme Michael Moynihan,  vivent au fin fond des Etats-Unis, sans aucun contact avec le monde extérieur, en autarcie, ils ont leur communauté païenne germanique et surtout aucun mélange ni aucun contact avec les populations métissées.

Un exemple pour illustrer tout ça : Vikernes a laissé tomber le heavy métal car pour lui le rock, qui vient du blues, est une « musique de nègres ». Il a abandonné l’aspect rock pour se tourner vers le folk, musique « blanche » dépourvu de toutes influences, et musique électronique de type industriel, entièrement « blanche » aussi.

Pour résumer sa pensée, Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs. C’est le nouvel ordre européen des nazis avec une Europe forcément païenne.

Propos recueillis par Abel Mestre et Caroline Monnot

Député Giorgos Germenis, Kaiadas, Aube Dorée, Naer Mataron, … etc.etc.

Un black metaleux au parlement hellénique ?

15 mai 2012 : Le bassiste du groupe de black metal NAER MATARON – Giorgos Germenis aka Kaiadas (en photo ci-contre) – vient d’être élu député au parlement de la Grèce.
Giorgos Germenis a été élu en tant que membre du parti néo-fasciste/néo-nazi Avgi Chrysi (également appelé Golden Dawn – Aube dorée). Le parti est arrivé à sept pour cent et a acquis 21 sièges, soit 21 députés dans le nouveau parlement dont Giorgos Germenis.


NAER MATARON est un groupe de black metal formé en 1994 et dont le dernier album intitulé Praetorians a été publié par le label français Season Of Mist via sa subdivision Underground Activist. (VsGreg)

 


8 mai 2012 : Giorgos Germenis hurle l’ordre “levez-vous” aux journalistes lors d’une conférence de presse Aube Dorée

 


9 septembre 2012 : Giorgos Germenis députe Aube Dorée et figure NSBM justifie le saccage d’un marché attaqué par ses activistes


Le 14 octobre 2020, il est reconnu coupable d’avoir dirigé une « organisation criminelle » et condamné à 13 ans de prison ferme par la cour pénale d’Athènes

Yussuf Jerusalem, KPN et Absurd

https://www.photosconcerts.com/YUSSUF%20JERUSALEM/2010-06-02%20-%20PARIS%20-%20Trabendo/2010-06-02-0016.jpg
Yussuf Jerusalem affiche le port des couleurs KPN sur la scène du Trabendo lors du festival Villette Sonique le 2 juin 2010

https://www.photosconcerts.com/YUSSUF%20JERUSALEM/2010-06-02%20-%20PARIS%20-%20Trabendo/2010-06-02-0003.jpg

Le 17 juin 2011, Yussuf Jerusalem – groupe parisien singulier de musique garage aux accents psyché-médiéval – propose son second album : pochette de feu et de flammes incendiaires, intro à l’orgue, puis premier titre orchestré raw war black metal old school, avec chant hurlé et saturé. Le second titre est country music limite bluegrass.
3 – Path of paladin : tube dark, garage surf folk sur un rythme de valse avec un riff chorus saturé, tres “Black Metal” pour du grunge bluesy … etc.

Au rayon produits dérivés se distinguent les modèles de maillots de Yussuf Jerusalem proposent le logo en typographie néo-black metal et des designs très proches de ce que proposent la scène black, ce n’est pas banal pour un groupe rock garage.

Le porteur du projet, Benj, guitare et chant, est connu comme mélomane passionné d’underground, de rock, de culture et fan de black metal comme le montrent ses photos affichées sur ses réseaux sociaux en maillot aux couleurs de figures nsbm :   Forteresse, Inquisition, Peste Noire, … , ou sur scène en cote de maille façon Vikernes
https://media.gettyimages.com/id/131878650/fr/photo/benjamin-daures-of-yussuf-jerusalem-performs-live-at-la-machine-du-moulin-rouge-on-april-24.jpg?s=612x612&w=gi&k=20&c=g4fTvuyoPMvy8BPKkjl28av7kA9tHlhVdXKp2CZ1WD8=

https://www.discogs.com/fr/master/362031-Yussuf-Jerusalem-Blast-From-The-Past

Le titre Gates of Heaven se distingue en tant que reprise du groupe allemand Absurd.

Idole ou pas, Absurd est connu depuis 1993
comme responsable du meurtre de Sandro Beyer,
puis par la carrière métapolitique de Hendrik Möbus figure nsbm et néonazi volkisch, depuis ses disques produits depuis derrière les barreaux de sa prison comme Burzum, sa promotion nsbm en co-production Hammerskins dés 1997, sa cavale réfugié chez le promoteur white power, sa capture, et ses séjours en prison, puis la promotion nsbm encore et toujours

Blessed In Sin / Orthanc / Finis Gloria Dei / Sigillum Diabolicum 08/12/2007 Lyon’s Hall, Lyon

http://www.lahordenoire-metal.com/media/flyers-concerts/blessed-in-sin-08-12-07.jpg

http://www.lahordenoire-metal.com/live-report/concert-metal-2007/blessed-in-sin-orthanc-finis-gloria-dei-sigillum-diabolicum.html

Cette ” fête des lumière païennes ” se voulait un écho à la célèbre ” fête des lumières ” de Lyon ce même jour, ce qui rappelle le sens oublié de cette fête attirant avant tout finalement le jeune français moyen moderne donc athée (toujours dans l’air du temps…), puisque cette fête est à la base une commémoration de la préservation de la Peste d’une partie de Lyon par la Vierge. Mais cette soirée organisée par Orthanc se présentait surtout comme un événement black metal avec la présence de membres du ” Concilium ” de la célèbre scène black metal toulonnaise à savoir de Seigneur Voland, Kristallnacht et Blessed In Sin dont les membres ont beaucoup fait parler d’eux entre 1996 et 1997. Les médias se plaisent d’ailleurs toujours aujourd’hui à ressortir ces histoires et de fait cette soirée revêtait peut-être malgré elle une coloration ” nsbm ” qui attira un public consistant, notamment venu du Nord de la France (Tours, etc), faisant figure d’événements puisque les concerts du Concilium se déroulent plutôt dans un cadre privé évitant ainsi tout problème d’annulation ou de parasitage. Le Lyon’s Hall se révélait être le lieu idéal une fois encore pour une telle affiche underground. On peut dire que cette soirée n’a d’ailleurs pas pris de tours « ns » et ce par un règlement explicite sur les billets, signalant que toute provocation serait punie. Ça aurait été en effet bien bête de compromettre toute organisation de concert sulfureux à l’avenir. D’ailleurs comme j’aurai l’occasion d’y revenir, c’est bien plus la réputation sulfureuse de ses membres qui donnait cette coloration ” ns ” puisque dans le contenu on ne peut pas dire qu’il y ait eu quoi que ce soit dans les groupes tant attendus de ” ns “. N’oublions pas d’ailleurs que LF a mis un terme à Kristallnacht pour prendre ses distances avec le nsbm.

Laurent Franchet (dit “Hades”, “LF” ou “Lenrauth”)[1][2]
16/02/2004 Condamnations à de la prison ferme pour menaces de mort, dans la revue Wotan, à l’encontre notamment d’Anne Sinclair et de Patrick Gaubert:

HEMMOROIDZ OV GOD, initialement programmé et comportant en ses rangs le Marechal Glaurung d’Orthanc ne jouera finalement pas. La raison en étant selon les échos que j’ai pu entendre, que la strip-teaseuse n’était pas présente ! Il s’agit en effet initialement d’un black metal à l’esprit assez rock n’roll.

C’est donc Sigillum Diabolicum de Clermont-Ferrand, que j’avais raté lors de son ouverture de la soirée avec Peste Noire en juin, qui assurera donc le premier concert de ce soir. Malgré un style visuel assez décousu, avec un bassiste uniquement vêtu d’un kilt et pieds nus, un guitariste chanteur typique black metal en noir avec t-shirt Nargaroth et un autre guitariste avec un style peut-être plus d’assaut. L’unité musicale est cependant bien là : un black metal très classique mais efficace. C’est avec une grande surprise que se termina leur prestation par la montée sur scène d’un invité au chant et à la guitare pour une reprise de Chevrotine, l’une des références du rac metal. Dans le pur style typique du groupe et donc très différent de Sigillum Diabolicum, le chant criard se transforme donc en chant viril et guerrier avec le morceau L’épée à la main qui enthousiasma énormément le public qui connaissait les paroles. Je ne saurais dire s’il s’agissait d’un membre de Chevrotine, ou d’un simple ami dans la scène Rac puisque les membres de Sigillum Diabolicum joueraient occasionnellement au sein de formations Rac.

En effet, Ardraos, guitariste et vocaliste de Sigillum Diabolicum est une figure RAC qui pulse les hymnes néonazis des groupes Wolfangel et Lemovice, activistes des mouvances skinhead proches des gangs Blood and Honour, Combat 18, Hammerskins, JNR, 3e Voie, Front des Patriotes, ...etc.
De nos jours,  Ardraos et les musiciens de Lemovice et Wolfangel sont affichés comme l'orchestre "historique" de Peste Noire.

Sigillum Diabolicum - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Sigillum Diabolicum - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Sigillum Diabolicum - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Puis les membres du Concilium envahissent la scène pour la représentation de Finis Gloria Dei. Les cinq membres sont loin d’être des inconnus, comportant le trio originaire de Funeral, le groupe pre-Kristallnacht (devenu projet solo ensuite) et la plupart des membres de Seigneur Voland, avec ce soir LF (Funeral, Kristallnacht, Seigneur Voland, Desolation Triumphalis) à la guitare, Xaphan au chant (Funeral, Seigneur Voland),

Anthony Mignoni (dit “Xaphan”)[1][2]
Condamnations à de la prison ferme pour menaces de mort, dans la revue Wotan, à l’encontre notamment d’Anne Sinclair et de Patrick Gaubert

Condamnation, par la cour d’assises de Colmar, à vingt ans de réclusion criminelle de David Oberdorf pour avoir assassiné de trente-trois coups de couteau un prêtre catholique, le 19 décembre 1996, à Kingersheim (Haut-Rhin). David Oberdorf voulait “s’élever au rang d’Anthony Mignoni”, qui l’avait initié au satanisme.

Condamnations à de la prison ferme pour des membres qui se sont livrés à une profanation sataniste, à Toulon, dans la nuit du 8 au 9 juin 1996: Anthony Mignoni[1], Christophe Magnoni[1], Émilie Dervillers et Laurence Scharples.

Black Christ à la guitare (Funeral, Blessed in Sin)

Christophe Magnoni (dit “Black Christ”)[1][2]

Condamnations à de la prison ferme pour menaces de mort, dans la revue Wotan, à l’encontre notamment d’Anne Sinclair et de Patrick Gaubert

Condamnations à de la prison ferme pour des membres qui se sont livrés à une profanation sataniste, à Toulon, dans la nuit du 8 au 9 juin 1996: Anthony Mignoni[1], Christophe Magnoni[1], Émilie Dervillers et Laurence Scharples.

et Hayras à la basse (Seigneur Voland, Blessed in Sin et son excellent projet solo Hayras).

Bref le meilleur de la scène black française underground. Cela va sans dire qu’on est bien loin des concerts black metal stars qui passent au Transbordeur avec leur coté aseptisé, et loin également peut-être des mises en scène certes charismatiques d’un Gorgoroth tellement programmées et soignées. Ici, place à l’authenticité, un véritable début de show après balances, réglages et décors effectifs, un changement de guitare pour LF lors d’un morceau qui revient non équipé de la sangle, ou les petits problèmes avec la projection du film n’entament en rien la qualité de cette authentique prestation de black metal, avec maquillages et look loin du cirque des gros groupes. C’est d’ailleurs ici un style de black bien différent du son typique Kristallnacht / Seigneur Voland. Leur premier album, sorti chez Aura Mystique, Goat : father of a new flesh, propose un black metal cru, primitif, teinté de thrash au concept purement satanique et instinctif cette fois-ci, s’influençant de vieux groupes comme Beherit, Blasphemy (dont LF portait un t-shirt à son honneur) ou Bestial Summoning. Très franchement, je préfère leurs autres projets mais je dois avouer que j’ai bien apprécié la prestation, mieux que sur le CD. Je soulignerai notamment l’exécution du très bon Behind the rooting sun of human desolation. Le côté cru crée une atmosphère plus parlante sur scène, à mon avis, et c’est d’ailleurs une très bonne idée qui y contribue que de projeter un film en fond, pratique que l’on voit plutôt dans les prestations d’indus. Il s’agit en fait des travaux cinématographiques réalisés par Xaphan, sous le nom de Baron Saturne (qui tire son nom d’un personnage d’une nouvelle de l’excellent Villiers de l’Isle-Adam) où l’on peut voir des images blasphématoire, par exemple avec une sœur (ou plutôt une luciférienne s’habillant en sœur) en train de se faire pénétrer. Des images de cérémonies blasphématoires mêlant sexe violence et satanisme mais également des montages comme certaines images prises entre autres de l’excellent film expérimental de 1991 Begotten. Ou encore des images de l’enfer de Bosch sur le morceau du même nom. Une bonne prestation authentique et crûe, bien loin de parfois pitoyable groupes old school.

Finis Gloria Dei - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Finis Gloria Dei - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Finis Gloria Dei - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Finis Gloria Dei - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Finis Gloria Dei - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Finis Gloria Dei et Blessed In Sin ayant des membres en commun, la prestation d’Orthanc s’impose entre les deux. Et c’est avec surprise qu’on découvre, après une intro de musique classique intronisant les musiciens, pendant laquelle le Maréchal reste fièrement debout devant sa batterie, que le groupe jouera sous forme de duo, à savoir donc le Maréchal à la batterie et parfois au chant et Hrafnagud, habituellement bassiste, qui ce soir se chargera de la guitare et du chant et jouera le rôle de deux musiciens passant d’un micro à l’autre. Je ne sais pas si c’est le show de Nuit Noire en juin qui leur a montré la possibilité de jouer en duo et sans basse. Mais il faut l’avouer, comme l’ensemble du public présent ce soir l’a aussi remarqué, qu’ils ont vraiment bien assuré et je pense qu’on peut les féliciter. Leur ” pure french black metal ” se révèle d’ailleurs de qualité. Et on retrouve bien un peu le son de la scène toulonnaise dans les guitares. En somme du bon black avec une touche rac notamment dans le chant, toujours plus présente dan leur musique, et très bien mariée, une très bonne évolution. On saluera, tout comme le public, l’excellente reprise de Stahl Blitzt Kalt du Absurd deuxième époque (la meilleure) extraite de Totenlieder (2003), chantée en allemand comme il se doit. Orthanc a en fait joué avec Absurd lors d’un festival en Roumanie cet été. D’ailleurs, avec leur mélange de rac et de black, Orthanc pourrait devenir les Absurd français. L’avenir le dira puisqu’en plus de 10 ans avec une pause et pas mal de changements de line-up, le groupe mené par le Maréchal n’a pas trop de compositions à son actif, malgré une prestation consistante avec notamment Nos paradis perdus. Mais on ne saurait que l’encourager dans sa voix actuelle.

Orthanc - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Orthanc - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Orthanc - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Orthanc - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Orthanc - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

La tête d’affiche est sans conteste Blessed In Sin, qui existe depuis 1993, comme le rappellera à la fin le chanteur, ayant toujours tourné autour de la fratrie de Over Lord Nasty Metatheos au chant

David Magnoni (dit “Overlord Nasty Metatheos”)[1][2]
Condamnations à de la prison ferme pour menaces de mort, dans la revue Wotan, à l’encontre notamment d’Anne Sinclair et de Patrick Gaubert

et de Black Christ à la guitare, et qui a fait coulé beaucoup d’encre.

Christophe Magnoni (dit “Black Christ”)[1][2]  

Condamnations à de la prison ferme pour menaces de mort, dans la revue Wotan, à l’encontre notamment d’Anne Sinclair et de Patrick Gaubert 

Condamnations à de la prison ferme pour des membres qui se sont livrés à une profanation sataniste, à Toulon, dans la nuit du 8 au 9 juin 1996: Anthony Mignoni[1], Christophe Magnoni[1], Émilie Dervillers et Laurence Scharples.

On en verra notamment des extraits de la presse métallique avec une certaine mise à dos, puisque Blessed In Sin a aussi eu la bonne idée d’agrémenter sa prestation de films en fond ainsi que d’une étrange statue grecque sur la scène. Là aussi ceux qui s’attendaient à trouver du NS seront déçus. Blessed In Sin, à l’image de la pochette de Honor the anus of Mary (morceau non joué ce soir), c’est avant tout un univers fait de lubricité et de blasphèmes et d’une fustigation du judeo-christiannisme dans cette optique. Ainsi, après des images de guerriers grecs semble-t-il, on a eu droit à des scènes pornographiques antiques faites notamment de cunnilingus ou encore à la scène théâtrale libertine du film Eyes Wide Shut. Les images prennent plus tard un côté plus mystique ou ésotérique, un clip évoquant également une emprise franc-maçonnique. Sur la fin, il s’agira d’un hommage aux premières années troubles du black metal, un hommage notamment à Euronymous dont Metatheos portait un t-shirt à son effigie et à la polémique anti-Burzum qui a suivi. Musicalement là aussi, il ne faut pas s’attendre à du black rentre-dedans ou raw. Blessed In Sin, comme il l’a montré entre autres par ses deux albums Melancholia et Par le sang du Christ, c’est avant tout du black avec des influences heavy, thrash et un côté atmosphérique (d’ailleurs peut-être un peu trop simple). De la scène du Concilium, c’est le groupe le plus ancien et le plus metal si je puis dire. On peut en fait y ressentir une influence très nette du style de black metal pratiqué par Rotting Christ. Je pense qu’une partie du public non connaisseur, c’est un peu vidée sur la fin, du fait que Blessed In Sin ne fait pas dans le black violent ou malsain. La prestation en elle-même a d’ailleurs un côté plus festif, là où Finis Gloria Dei ne fait pas dans la communication. Blessed In Sin en est bien plus friand. Metatheos communique énormément avec le public, peut-être trop, soulignant à de nombreuses reprises qu’on était le meilleur public, et c’est certain que le public de ce soir était un public black metal et pas le métalleux de base en sortie. Mais peut-être qu’il en fait un peu trop avec des ” allez Lyon, allez Lyon ! ” qui donnent un coté un peu festif. Cela vient peut-être d’une certaine sociabilité du Sud, pour décupler l’ensemble du public après une soirée bien remplie, et une prestation très consistante d’une durée de 1h30, avec rappel offert d’un titre déjà joué en notre honneur. Les membres du Concilium étant présents ce soir, j’ai cependant pensé que ça aurait pu être une occasion formidable de jouer quelques hymnes de Seigneur Voland ou Kristallnacht pour clôturer en beauté cette très bonne soirée.

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Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

 

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

 

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Blessed in Sin - Lyon's Hall, 8 décembre 2007

Destruction de l’église en Bretagne et black metal. Les incendiaires criminels sont des amis du profanateur de Toulon et figure NSBM Anthony Mignoni

Ronan Cariou et Amandine Tatin sont, notamment, soupçonnés d'avoir provoqué, dans la nuit du 29 au 30 janvier, l'incendie criminel qui a entièrement détruit la chapelle de Saint-Guen, à Saint-Tugdual Ronan Cariou et Amandine Tatin sont, notamment, soupçonnés d’avoir provoqué, dans la nuit du 29 au 30 janvier, l’incendie criminel qui a entièrement détruit la chapelle de Saint-Guen, à Saint-Tugdual (56), après en avoir sorti des statues et les avoir déposées, la tête en bas, dans le cimetière attenant à l’édifice. (Photo archives François Destoc)

Que se cache-t-il derrière Ronan Cariou et Amandine Tatin, ce jeune couple soupçonné d’avoir profané et dégradé chapelles et cimetières, en janvier et février derniers, en Bretagne ? Les indices laissés par Amandine mènent à d’inquiétantes fréquentations, au carrefour du satanisme, de l’idéologie néonazie et de la musique black metal. D’un côté, l’image de ce jeune couple très amoureux qui se lance dans la vie active. De l’autre, le squelette d’une chapelle du XVI e siècle aux murs noircis se dressant au sommet d’une colline. Ou encore l’image de ce crâne, arraché à la dépouille d’un homme mort il y a plus de 50 ans, dans un caveau, près de Nantes. Saisissant contraste. Qu’est ce qui a poussé Amandine Tatin, 21 ans, et Ronan Cariou, 28 ans, sur la route des cimetières et églises de la région de Quimperlé et de Nantes ? Le couple a reconnu plus de six profanations. Toutes portent la marque du diable : les chiffres « 666 », des croix et pentagrammes inversés. Difficile de ne pas penser à un cycle initiatique. D’autant que, comme les rituels sataniques l’exigent, des actes sexuels ont bien eu lieu sur certains des sites profanés. Amandine et Ronan ont, en tout cas, filmé tous les « exploits » de leur triste périple. La vidéo, avec des livres, photos et des objets de culte dérobés sur les différents sites, est l’une des nombreuses pièces à conviction saisies par les enquêteurs.

Un étrange message

Troublantes, aussi, ces étranges inscriptions dans la chapelle de Guiscriff, dans le Morbihan. Des « runes » : des caractères aux vertus prétendument magiques, empruntés au plus ancien système d’écriture nordique. Un message qui, une fois décodé, évoque « le passage vers une autre dimension », « la lumière » et « le réveil après un long sommeil ». Encore plus déconcertant, les dates auxquelles les faits bretons ont été commis correspondent exactement à des dates clés du calendrier satanique : nuits précédant la nouvelle lune et fin d’un des quatre sabbats annuels; celui du « porteur de lumière », symbole du feu : Lucifer. Satanisme ? Amandine nie farouchement. Ces inscriptions ne seraient qu’un habillage folklorique, sans signification réelle. Pourquoi s’en prendre, alors, exclusivement à des symboles religieux ? Ces questions agacent Amandine. Son avocat les balaie d’une phrase : « S’ils avaient été dans le 93, ils auraient brûlé des voitures ». La jeune femme, qui craignait ces « mauvaises interprétations », a réponse à tout. Elle possède un drapeau nazi ? « Ce n’est pas cet emblème qu’il faut voir », répond-elle, renvoyant ces interlocuteurs vers les symboles de bon augure, d’équilibre ou solaire que désignait, « bien avant la croix gammée nazie », ce signe païen.

Coup de foudre à l’Afpa de Rennes

L’ethnologie passionne Amandine. Tout spécialement l’odinisme, cette « religion » dominante au nord de l’Europe avant la conversion des tribus au christianisme. La jeune femme a arrêté ses études en fin de classe de 3 e . C’est à cette même époque qu’elle a quitté le très chaotique foyer parental, à Toulon. Ensuite ? Foyers d’accueil, petits boulots, dont un passage dans une boutique de jeux de rôle. L’an dernier, selon son oncle, elle suit une formation en menuiserie dans le Var. Moins d’un an plus tard, elle arrive à Rennes pour suivre une nouvelle formation à l’Afpa. C’est là qu’elle rencontre Ronan. Le jeune homme, titulaire d’un BTS agricole, prépare sa reconversion à la plomberie. Avec succès. Quelques mois plus tard, il décroche un CDI dans une petite entreprise, à Concarneau. Le couple ne se quitte plus. Il emménage à 30 km de la « cité des thoniers » et ses loyers « trop chers ». A Saint-Thurien, bourg de 867 âmes perdu au-dessus de Quimperlé.

« J’ai pété les plombs »

Pour Amandine, c’est la clé de l’affaire. Loin de tout, en plein hiver, attendant chaque jour le retour de son compagnon, elle aurait « pété les plombs ». Et quand on lui fait comprendre que la réponse est un peu courte, la jeune femme s’énerve. D’ailleurs, elle ne comprend pas pourquoi l’instruction dure « si longtemps ». Les faits sont si simples… Son avocat, M e Daniel, les résume ainsi : « Ce ne sont pas des adorateurs de satan. Ce sont des gamins qui ont, enfin, pris conscience de la gravité de leurs bêtises. Aujourd’hui, ils en ont honte et ils regrettent ». Amandine se dit prête à payer la note : prison et indemnisation salée. « Que voulez-vous de plus ? », s’étonnait-elle encore récemment.

Profanations à Toulon meurtre en Alsace

Dans sa cellule de la maison d’arrêt de Rennes, la jeune femme est tourmentée. Elle ne tient surtout pas à ce qu’on fouille dans sa vie. A Toulon notamment, d’où elle est originaire. Que pourrait-on y trouver ? Ses liens avec un dénommé Mignoni. Anthony Mignoni, aujourd’hui âgé de 31 ans, condamné à trois ans de prison ferme en 1996. Il avait participé à la profanation d’une tombe au cours de laquelle le cadavre d’une septuagénaire avait été exhumé et transpercé à l’aide d’un crucifix inversé. C’est le même Anthony Mignoni que l’on retrouve en Alsace, la même année, mêlé à l’assassinat d’un prêtre tué de 33 coups de couteau. Le meurtrier a tout juste 18 ans. Il s’appelle David Oberdorf. Au cours de son procès, en 2001, celui-ci déclare avoir voulu « s’élever au rang d’Anthony Mignoni », son maître. Celui qui l’a initié au satanisme. La mère de David Oberdorf témoigne aussi : « Anthony Mignoni était nocif. Il disait qu’il fallait tuer les juifs, les chrétiens. J’interceptais des cassettes et les lettres qu’il envoyait à David. Il voulait qu’il brûle une église ». Il lui avait également demandé de voler un crâne dans un cimetière… Blanchi par l’accusé, Anthony Mignoni sera juste entendu comme témoin. David Oberdorf, lui, sera condamné à 25 ans de réclusion criminelle.

La piste néonazie

Le Toulonnais fait encore parler de lui en 2004. Il est condamné à de la prison avec sursis pour « diffusion d’une revue exhortant à la haine raciale et l’antisémitisme, apologie de crimes contre l’humanité » et de nouvelles profanations de sépultures commises en 1997.

Autre contact : celui de Varg Vikernes, pionnier du courant musical black metal, unique membre du groupe Burzum. Ce Norvégien âgé de 33 ans purge actuellement une peine de 21 années de réclusion pour avoir poignardé de 23 coups de couteau, en août 1993, le leader d’un autre groupe de black metal (Mayhem). Les deux hommes appartenaient à « l’Inner Black Circle ». Une organisation sataniste terroriste à l’origine de l’incendie volontaire de huit églises en Norvège, et qui en aurait inspiré plusieurs dizaines d’autres, ainsi que des meurtres et des suicides, dans les pays voisins. Aujourd’hui, Varg Vikernes s’est tourné vers l’odinisme et l’idéologie néonazie. Confrontée à ces nouveaux éléments, Amandine aurait nié toute influence néonazie. Ses relations avec Mignoni et les autres ne seraient « qu’ exclusivement musicales » (*). Elle-même musicienne (guitare basse), elle aurait proposé ses services au groupe de black metal toulonnais, Blessed in Sin (Bénis dans le péché). Encore un hasard malheureux : deux de ses membres, les frères Magnoni, ont été condamnés pour les profanations de Toulon et diffusion de fanzines néonazis. Amandine aurait été ébranlée par ce tournant de l’instruction. La jeune femme, jugée très intelligente, « a perdu de sa superbe », selon une source proche de l’enquête. Elle ne s’exprime plus avec un fort accent allemand, comme lors de sa première audition. Son compagnon a également paru déstabilisé. Visiblement, il semblait découvrir ces liens. Peut-être sera-t-il amené à réfléchir aux circonstances de sa rencontre avec Amandine. Pourquoi est-elle venue en Bretagne ? Venait-elle en mission, pour implanter un réseau dans la région ? Des investigations sont en cours.

Procès en sorcellerie ?

L’avocat de la jeune femme conteste ce scénario. « Ce n’est pas parce qu’Amandine aime certains groupes de black metal qu’elle partage la philosophie de leurs membres. Tous ceux qui apprécient Baudelaire n’approuvent pas l’usage des drogues, raille M e Daniel. Que cherche-t-on ? Les procès en sorcellerie n’existent plus ! Et pénalement, cela n’apporte rien aux charges retenues contre elle. » Étrange Amandine. Quand il quitte précipitamment Saint-Thurien, début février, alors que la série de profanations fait la une des médias, le couple organise, malgré tout, son départ dans les règles. L’agence est prévenue, l’employeur de Ronan aussi. Officiellement, le couple rencontre de gros soucis financiers. Il rejoint le domicile des parents de Ronan, près de Nantes. En moins d’une semaine, Amandine s’inscrit en intérim. Elle trouve même un travail. Et quand elle est interpellée, son premier coup de fil est pour… son employeur. Pour le prévenir qu’elle ne pourra pas venir ! Troublant pour une jeune femme censée être manipulatrice et adepte du diable.

Macabre « lune de miel »

Pour l’heure, en prison, Amandine et Ronan s’écrivent tous les jours. Plusieurs fois par jour. Tous les deux portent le même pendentif : un marteau de Thor. Dans la mythologie nordique, c’est un symbole de protection. Un signe que l’on traçait au-dessus des couples qui venaient de s’unir par les liens du mariage. Pour Amandine, c’est aussi la marque de sa « haine des religions ». Subjugué par sa compagne, mal dans sa peau, Ronan n’aurait fait que la suivre. C’est du moins ce qu’estiment certains membres de la famille du jeune homme. Certains soirs, le couple parcourait jusqu’à 300 km pour repérer les cimetières et les chapelles où ils allaient ensuite frapper. « Ou je mettais fin à mes jours ou j’extériorisais cette violence que j’avais en moi », a expliqué Ronan aux enquêteurs. Pour lui, cette affaire est une histoire d’amour. Ce périple macabre dans les cimetières et les églises, c’était un peu leur « voyage de noces ». La « lune de miel » de deux paumés.

(*) Le black metal a sa branche « politique » : le National socialist black metal. Un courant ultra-minoritaire qui, lui, n’hésite pas à passer à l’action. Comme Vikernes, Mignoni et consorts.

Profanations et incendie d’une chapelle en Bretagne

https://www.lexpress.fr/societe/au-nom-du-diable_482398.html

Janvier 2006. En l’espace de deux semaines, Amandine Tatin, 20 ans, et Ronan Cariou, 21 ans,
– profanent deux cimetières,
– incendient une chapelle,
– brisent un calvaire,
– taguent deux églises
– et finissent par exhumer un cadavre, dont ils arrachent le crâne.
Le tout dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, entre les départements du Morbihan et du Finistère.
Une équipée sauvage signée «Fuck your life for Satan» et «666», le signe de la Bête – le diable – dans le livre de l’Apocalypse. Amandine, sans emploi, vient de Toulon. Elle a lâché l’école après la classe de troisième. Son comparse est un plombier du cru. Ensemble, ils collectionnent les crânes. Aux gendarmes les deux jeunes gens déclarent avoir agi «par haine de toutes les religions». Leurs provocations macabres risquent de leur coûter dix ans de prison.

Amandine et Ronan appartiennent à cette mouvance de jeunes – et de moins jeunes – qui se disent adeptes du diable. Une mouvance en expansion, qui touche à la fois des ados en panne de rêve, des adultes assoiffés d’ésotérisme sulfureux, et des ultracontestataires qui ont besoin d’habiller de sacré leurs idéologies haineuses. Les plus fervents se nourrissent, entre autres précis, de la littérature occulte du baron Aleister Crowley, de La Bible satanique du mage américain Anton LaVey, fondateur de l’Eglise de Satan, et de manuels de sorcellerie piochés sur Internet. Férocement antichrétiens, ils se considèrent comme une élite et prétendent, par leurs rituels magiques, éradiquer les religions, saper les fondements moraux de la société afin d’instaurer un nouvel ordre dont ils seraient les maîtres. Au-delà de ces bandes aux dérives sectaires, de plus en plus de films, de livres, de groupes musicaux ou de BD jouent la corde démoniaque et touchent un public très large, amateur de folklore transgressif. Le nihilisme distillé par cette nouvelle mode est accusé par les experts d’alimenter la dépression adolescente.

Selon les Renseignements généraux (RG), 30 lieux de culte ont subi des profanations signées par des satanistes en 2005, pour 18 en 2004. Des chiffres qui restent en deçà de la réalité, car une partie des agissements de ces groupes occultes échappe aux enquêteurs. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) vient de doter gendarmes et policiers d’un livret reprenant les principes de la doctrine sataniste. Elle va surtout nommer un expert ad hoc, l’historien des religions Jacky Cordonnier, qui sera chargé de suivre le dossier. Ce spécialiste des sectes, qui traque les manifestations sataniques dans l’Hexagone depuis une bonne douzaine d’années, l’assure: le culte de Satan «est en partie responsable d’un nombre croissant de suicides d’adolescents».

Nicolas Claux, un Parisien de 33 ans, s’est forgé une solide réputation en peignant des cadavres de femmes tripes à l’air et des portraits de tueurs en série. Condamné à douze ans de prison en 1996 pour meurtre et libéré en 2002, accusé de profanations de sépultures suivies de mutilations et d’actes de cannibalisme, ce «sataniste pratiquant», comme il se définit lui-même, se dépeint en «guerrier du chaos» adepte du vampirisme. Amateur de soirées fétichistes, il compte de fidèles admirateurs parmi les employés des morgues et des crématoriums.

https://www.babelio.com/auteur/Nicolas-Castelaux/197089
https://www.webzinelescribedurock.com/2021/04/nicolas-claux-interview-put-fun-in.html

Selon les RG, les vrais suppôts du démon comme Nicolas Claux officient dans «une vingtaine de bandes déstructurées, de trois ou quatre membres chacune». Dont l’Eglise de Satan, «institution» américaine qui a pignon sur rue aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne et qui compte une dizaine d’adeptes français. Dans les pays anglo-saxons, ainsi qu’en Russie, en Turquie ou en Italie, ces soldats de Lucifer font régulièrement parler d’eux à l’occasion de procès retentissants.

Emblème de la sorcellerie au Moyen Age, Satan devient, à partir du XVIIIe siècle, l’incarnation d’une conscience supérieure, libérée du joug de la morale et de la religion. Aujourd’hui, deux grandes tendances cohabitent: les lucifériens et les disciples d’Anton LaVey, le père du satanisme moderne. Les premiers, qui voient en Lucifer l’ange déchu de la Bible, prônent l’avilissement de l’espèce humaine, prélude au retour de l’Antéchrist. Pour les seconds, dont l’Eglise fut fondée le 30 avril 1966, jour anniversaire de la mort de Hitler, le Malin ne représente qu’une force de la nature reflétant les instincts naturels de l’homme auxquels chacun doit s’abandonner, s’il souhaite s’élever au-dessus du commun des mortels. «Seule la chair existe», clame Anton LaVey dans sa bible. Et il ajoute: «Rendez coup pour coup.» Une sorte de «ni Dieu ni maître» nietzschéen auquel le mage américain ajoute sa touche de cruauté en invitant ses lecteurs à lancer des malédictions susceptibles d’ «entraîner une destruction physique, mentale ou émotionnelle du sacrifié».

Publiée à la fin de janvier dans l’Hexagone, La Bible satanique s’est déjà écoulée à 2 000 exemplaires. A force d’évacuer la transcendance, de tout montrer et de prétendre tout expliquer, la société moderne a ravivé la soif de mystère et de ténèbres. Témoins les récents succès qui mettent Satan en vedette: L’Exorcisme d’Emily Rose ou Sheitan au cinéma; Buffy et les vampires à la télé; Les Chroniques de la Lune noire, de Froideval, Ledroit et Pontet (Dargaud), en BD; Le Cercle de sang, de Jérôme Delafosse (Robert Laffont), en littérature. «Il s’agit ici de donner figure à quelque chose qui manque, explique le sociologue Raymond Lemieux, professeur à l’université de Laval (Québec). Une figure qui aidera à combattre l’angoisse de l’existence.» Dans un sondage Ifop de 2003, 27% des Français affirmaient croire au diable.

Souvenez-vous: 1996, cimetière de Toulon. Un cadavre de femme exhumé, un crucifix inversé fiché dans sa chair embaumée. «C’est à partir de là que le “luciférisme” folklorique, avec des messes noires à 10 000 francs et des orgies sexuelles à 30 000, a basculé dans la violence», explique un enquêteur. Des couches de lauriers, des candélabres, du sang noirci: sur le sol de certaines cryptes et chapelles, les promeneurs trouvent parfois d’étranges reliques, témoins d’une messe noire célébrée dans les formes, avec jeux sexuels, automutilations et sacrifices d’animaux. Lors de leurs sabbats nocturnes, les adorateurs du Malin se retrouvent dans les bois, les carrières abandonnées, les catacombes, les hauts lieux de l’histoire de la sorcellerie, ou dans des sites qui furent jadis le théâtre d’événements sanglants. Près de Besançon, des satanistes avaient ainsi coutume de se rencontrer dans une clairière où un tueur en série s’était entraîné au tir. Selon le calendrier sorcier, ils se rassemblent à Halloween, ou lors des solstices et des équinoxes. Les rituels sexuels revêtent souvent une tendance sadomaso. Tel celui-ci, livré par un initié qu’un enquêteur est parvenu à piéger sur Internet: dans une fumée d’encens, une femme et un «prêtre» se placent à l’intérieur d’un cercle. La dame pratique une fellation à son partenaire puis, après quelques «extras» scatologiques, se fait sodomiser sous les yeux d’un troisième larron. Le couple achève ses libations en s’entaillant les veines et en buvant le sang écoulé.

De simples petits jeux entre amis? Pas toujours, comme a pu le constater, à ses dépens, Jacky Cordonnier. En juin 2005, l’historien monte dans sa voiture et s’aperçoit que ses plaquettes de freins ont été sectionnées. Ce que confirment les gendarmes. Un mois auparavant, le spécialiste avait été menacé de mort sur des forums Internet satanistes. Dans leur nihilisme dévastateur, les admirateurs du démon passent parfois à l’action, comme en 2004, lorsqu’un garçon a gravement blessé à coups de poignard un servant de messe en Bretagne. Les crimes demeurent, heureusement, très rares. Le dernier remonte à 1996. Victime d’un «flash sataniste», David Oberdorf, ouvrier chez Peugeot, larde de 33 coups de couteau un curé alsacien. Le jeune homme était tombé sous l’emprise d’Anthony Mignoni, l’un des auteurs de la virée barbare au cimetière de Toulon. Mignoni, condamné à quatre ans de prison en 1997 pour ses faits d’armes toulonnais, appartenait à un réseau néonazi de profanateurs de tombes qui s’adonnaient à des messes noires, avec Mein Kampf pour missel.

Outre leur élitisme affiché, le satanisme et le néonazisme ont un point commun: ils invoquent tous deux un ordre nouveau. Mais les nazillons se méfient de ces satanistes, pour lesquels Hitler n’est qu’une figure, parmi d’autres, du Mal absolu.

Anthony Mignoni a toutefois largement contribué à faire le lien en France entre ces deux courants.

Amandine Tatin, la jeune fille arrêtée en Bretagne en janvier dernier, qui le connaissait, pourrait avoir agi sous son influence.

«Il y a aujourd’hui, sur le marché de la souffrance adolescente, une frange d’individus qui veut propager une idéologie antisociale, assure Jacky Cordonnier. Ils pensent que, s’ils arrivent à faire déraper la jeunesse, ils remettront en question les fondements mêmes de la société.»

Virginie était une proie facile: mal dans sa peau, solitaire, elle n’ouvrait jamais les volets de sa chambre, s’éclairait avec des bougies et dévorait des livres de magie. Dans une librairie ésotérique, la collégienne marseillaise fait la connaissance de jeunes satanistes. Très vite, elle se retrouve dans des soirées. «Je m’ouvrais les bras avec un compas, je me gravais le 666, a-t-elle raconté dans une émission de Radio Notre-Dame. J’aimais me faire souffrir.» L’adolescente dissimule ses blessures sous de grands pulls sombres. Ses parents, souvent absents, ne s’aperçoivent de rien. Virginie est heureuse. Elle a enfin trouvé sa tribu. «Je menaçais les autres filles, on faisait très peur et on aimait ça.» Jacky Cordonnier, de passage dans son collège, la sort de son mauvais rêve en mettant en garde les élèves contre les dangers d’une fascination trop grande pour le diable : isolement, déconnexion du réel, suicide. C’est le déclic. Virginie avoue tout à ses parents. La jeune fille recevra longtemps des lettres de menaces: «Si tu ne reviens pas, Satan va venir te chercher.»

«Aucun jeune ne devient sataniste du jour au lendemain, précise le père Benoît Domergue [figure de l’extrême droite catholique intégriste], autre grand spécialiste du sujet en France. Il faut un conditionnement: les concerts assourdissants qui saturent les sens, l'ecstasy à 10 euros la pastille et la culture de mort dans laquelle baignent les jeunes.» Une culture de mort qui banalise l'horreur et le sadisme. Les ados eux-mêmes se disent partagés entre la répulsion et la fascination face à des jeux vidéo ultraviolents tels que Manhunt et Resident Evil ou des sites comme Rotten (pourri, en français), qui exhibent des cadavres et des corps mutilés et que les élèves connaissent dès la sixième.

Les trois quarts des futurs satanistes commencent par s'immerger dans le mouvement gothique, nullement démoniaque en soi, mais qui cultive l'esthétique diabolique. «Goth»: espèce juvénile au teint blafard et aux yeux fardés de noir qui effraie le quidam en exhibant ses piercings et ses airs sinistres, version Lautréamont, sur les trottoirs des grandes villes. Dans leurs boutiques, les capes de vampire à 250 euros pièce et les calices à 450 euros côtoient les bagues et les pendentifs maléfiques ou des affiches de groupes de black metal, dont le père Domergue est devenu, au fil des années, un spécialiste. Le 2 mars, au collège Sainte-Croix, à Orléans, dans l'ancienne salle du chapitre remplie de parents d'élèves, le curé bordelais diffuse un clip de Marilyn Manson, affublé d'une casquette nazie, en concert. Le prêtre veut montrer comment l'ex-révérend de l'Eglise de Satan, encensé par le public et les critiques, «met les jeunes en condition». Ce théologien, qui n'hésite pas à se glisser dans les raves, garde dans son PC une autre vidéo, celle de la chanson The Saint, où l'on voit Manson se scarifier en gros plan, enchaîner les lignes de coke, le nez en sang, et faire un cunnilingus à une fille nue attachée. Le clip s'achève sur l'image de deux colosses plantant une énorme aiguille dans l'avant-bras de Manson.

Les «purs» préfèrent toutefois le black metal. Témoin Ulrich Dagoth, le chanteur du groupe bordelais Otargos. Dans ses concerts, ce Frankenstein de foire hurle à la mort devant une grande toile noire figurant une carcasse de bouc, le logo de la bande. Un tatouage de Christ décapité sur le bras, il explique qu’il croit «au chaos et à l’effondrement unidimensionnel». Un conte pour enfants, comparé à certains groupes scandinaves, tel Burzum, qui incendiaient les églises et se trucidaient entre rivaux à la fin des années 1990* [dés 1992-1993].

«Que le massacre commence/ Décapitez les chrétiens/ Violez leurs femmes et leurs enfants/ Leurs tombes doivent être profanées», vociférait le groupe norvégien Dimmu Borgir (du nom d’une étendue de lave islandaise). Aujourd’hui, «la plupart se sont calmés dans les paroles, mais pas forcément dans l’esprit, observe Sven Letourneur, rédacteur en chef de la revue Hard Rock Magazine. Le metal satanique ramène encore beaucoup de monde». Cradle of Filth (Berceau de fange), dont les musiciens boivent du sang sur scène, fait ainsi salle comble à l’Elysée-Montmartre (1 500 places). Son dernier album s’est écoulé à 16 000 exemplaires. Sans compter la multitude de petits groupes qui ont surgi ces dernières années.

Assis au fond de la Locomotive, une discothèque de Pigalle, Léo, 16 ans, sirote une bière en attendant le concert de Dark Funeral. «L’homme a été créé pour rompre l’harmonie de la nature, affirme le gamin, en tripotant son blouson couvert de noms de groupes de metal. Il faut aboutir à l’extinction de la race humaine.» Un exemple? «Si je vois un clodo dans la rue, je ne lui donne pas un rond.» Le satanisme reste pour beaucoup une provocation adolescente. Mais certains vont plus loin, harponnés par les extrémistes sur Internet – où fourmillent les blogs et les forums consacrés au satanisme – dans les boutiques de tatouage et de piercing, ou à la fin des concerts de black metal.

Un soir d’été, Alexandre, jeune goth de 14 ans, a aperçu «par hasard», dit-il, une troupe de jeunes sur la plage. Les gamins s’affairaient autour d’un chat noir fraîchement occis, dont ils venaient de retirer le cœur et les viscères. «Ils ont dessiné un pentacle sur le sol avec les entrailles de la bête, puis disposé des bougies autour et récité des prières sataniques, avant de recoudre le chat en glissant des pierres à l’intérieur du cadavre», raconte le garçon. Les mêmes prolongent le jeu à la maison, en se bricolant des autels avec des crânes et des tibias récupérés dans les cimetières. Résultat: «Ces jeunes deviennent asociaux et incapables d’aimer, observe le père Domergue [figure de l’extrême droite catholique intégriste]. Ils ne parlent plus que de liens qui ligotent.»

En septembre 2005, Marion, 14 ans, se jetait du haut d’une tour d’Ivry-sur-Seine, dans la banlieue parisienne, avec une amie. «Le satanisme avait envahi sa vie», confie une source judiciaire. Ses parents, de modestes immigrés chiliens, croyaient à une lubie passagère. Ses copains admiraient l’adolescente aux cheveux rouges pour ses talents de médium. Marion s’inventait des aventures libertines. Des shoots à la drogue dure. Elle était une fan du groupe de metal Anorexia nervosa, dont certaines paroles font l’apologie du suicide et de l’automutilation. «On peut penser que 5% des suicides recensés annuellement chez les jeunes de moins de 25 ans, soit une centaine, sont liés au satanisme», estime Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes. La police est moins alarmiste.

Le satanisme peut pousser à l’autodestruction des jeunes qui souffrent d’une fêlure ancienne. «La désinhibition qu’il entraîne parfois peut faire perdre conscience au jeune de la portée de ses actes, analyse la pédopsychiatre Marie-Michèle Bourrat. Dans un premier temps, l’adolescent pense tout contrôler. Puis il se sent comme possédé. Il recherche à la fois la maîtrise et la perte de soi. Là est le risque.» Que faire? Cadenasser l’ordinateur? Parler, martèlent les psys. Donner son avis de parent. Et aller voir de près à quoi ressemble cet univers. Sans diaboliser.

Charlemagne HammerSkins (CHS) 1993-1998

https://www.france-politique.fr/wiki/Charlemagne_Hammer_Skins_(CHS)
Période 1993-1998
Nom Charlemagne Hammer Skins (CHS)
Positionnement Extrême droite
Idéologie Néo-nazisme
Coalition électorale
Affiliation internationale
Affiliation européenne
Parlement européen
Site Internet

Chronologie

 
Date Évènement
2004
16/02
Condamnations à de la prison ferme pour menaces de mort, dans la revue Wotan, à l’encontre notamment d’Anne Sinclair et de Patrick Gaubert:

  • Hervé Guttuso (en fuite)
  • Éric Monnier
  • Cyril Dieupart
  • Ronald Robin
  • Anthony Mignoni (dit “Xaphan”)[1][2]
  • Christophe Magnoni (dit “Black Christ”)[1][2]
  • David Magnoni (dit “Overlord Nasty Metatheos”)[1][2]
  • Laurent Franchet (dit “Hades”, “LF” ou “Lenrauth”)[1][2]
2001
06/04
Condamnation, par la cour d’assises de Colmar, à vingt ans de réclusion criminelle de David Oberdorf pour avoir assassiné de trente-trois coups de couteau un prêtre catholique, le 19 décembre 1996, à Kingersheim (Haut-Rhin). David Oberdorf voulait “s’élever au rang d’Anthony Mignoni”, qui l’avait initié au satanisme.
1998
11/02
Interpellation à Londres, par Scotland Yard, d’Hervé Guttuso.
1998
14/01
Interpellations à Rouen de Ronald Robin et Cyril Dieupart (dit “Malkira Eskhanth” ou “Mal’Eskhanth”)[3], fondateurs de la secte sataniste “Ad Majorem Satanae Gloriam”.
1997
18/12
Interpellation d’Éric Monnier (responsable en France depuis le départ d’Hervé Guttuso à Londres en 1995[4]).
1997
20/10
Condamnations à de la prison ferme pour des membres qui se sont livrés à une profanation sataniste, à Toulon, dans la nuit du 8 au 9 juin 1996: Anthony Mignoni[1], Christophe Magnoni[1], Émilie Dervillers et Laurence Scharples.
1993
00/06
Premier numéro de Terreur d’Élite[5], “voix indépendante et radicale des nationaux-socialistes francophones”. Création des Charlemagne Hammer Skins (CHS) par Hervé Guttuso (ex-PNFE), à son retour des États-Unis d’Amérique.
1988
??/??
Création à Dallas (États-Unis d’Amérique) des Hammerskins.
 
Tous droits réservés Laurent de Boissieu pour France-politique.fr
  1. Membres (composition variable) de groupes de black metal: “Blessed in Sin” (depuis 1993), “Finis Gloria Dei” (depuis 2003), “Seigneur Voland” (2000-2004), “Funeral” (1994-1996) puis “Kristallnacht” (1996-2002), “Bloody Ritual” (1991-1994: Christophe Magnoni et David Magnoni).
  2. Membres de la secte sataniste “Ordre sacré de l’émeraude”.
  3. Membres de groupes de black metal: “Osculum Infame” (depuis 1991) et “Chemin de Haine” (depuis 1994); également actif avec les Toulonnais au sein de “Desolation Triumphalis” (avec Laurent Franchet et “Epsilon Xul”) et “Kristallnacht”.
  4. Hervé Guttuso est hébergé à Londres par Charlie et Steve Sargent, de “Combat 18”.
  5. Terreur d’Élite deviendra en 1995 Wotan (Will of the Aryan Nation), publié depuis Londres.