Le petit monde skin de David Beaune. Vingt ans de réclusion requis contre le meurtrier présumé d’Imad Bouhoud.

par Brigitte VITAL-DURAND

publié le 13 décembre 1997 à 15h38

Rouen envoyée spéciale

Les skins du Havre étaient un petit monde. «Une vingtaine de garçons, trente avec leurs copines», dit le jeune lieutenant de police en charge de leurs dossiers. Le groupe a éclaté aujourd’hui. Il s’est dispersé après le meurtre d’un Tunisien de 20 ans, Imad Bouhoud, noyé le 18 avril 1995 dans un bassin de la ville et l’incarcération de l’un des leurs, David Beaune, qui comparaît depuis mercredi devant la cour d’assises de Rouen, accusé du crime. Son complice présumé, un portugais, Mickaël Gonçalves, a été condamné dans son pays à 18 ans d’emprisonnement.

«Idéal commun». Vingt garçons. Des inséparables. Réunis par les bières, les fêtes dans les bunkers des dunes, à écouter les Garçons Bouchers, à défoncer des carcasses de voitures. Ils allaient au Bar des Témoins, parce que là, jure David Beaune, «je n’ai jamais vu un seul Noir ni un seul Arabe». Ils avaient un «idéal commun: la race blanche». Ces fêtes, et les bagarres de rues, les «bastons», c’était «une époque qu’il n’oubliera jamais». Il avait 22 ans. Il s’était inventé un surnom «Toten». Mickaël Gonçalves, c’était Mickey. Les autres, Précoce, Cafard, Bourdon.

Quand l’un faisait quelque chose, les autres suivaient. «Jeter un Maghrébin à l’eau, est-ce que c’était une idée que l’on pouvait émettre dans le groupe ?», demande l’avocat de la famille Bouhoud à l’un des garçons appelé à témoigner: «C’était une idée qui circulait, moi, je n’étais pas d’accord, mais dans le groupe, on ne pouvait pas donner son opinion.» Il fallait suivre le chef, Leroy. «C’est lui qui disait ce qu’il fallait faire», poursuit l’ex-skin. «Et qu’est-ce qu’il disait qu’il fallait faire?», insiste l’avocat. «Rien. La plupart du temps, il buvait, alors on ne faisait rien.» Un jour, pourtant, il a collé des affiches pour le Front national. Il hausse les épaules: «C’était avec Willie et Ludovic. Il y en a un qui le faisait, les autres suivaient.» Quand, deux mois avant la noyade d’Imad Bouhoud, Mickey est monté dans un bus de la ville, a sorti son pistolet et a menacé un groupe d’enfants arabes, David Beaune était avec lui.

Les filles avaient 14 ans, comme Stéphanie, une lourde blonde. Elle est au lycée aujourd’hui. A la barre des témoins, elle éclate en gros sanglots quand on l’interroge: «Qu’est-ce que c’est que cette race normande dont vous vous revendiquiez?» «Un petit peu comme si on était les descendants des Vikings, blonds, de type français». A 14 ans, elle pensait qu’il y avait «des races inférieures, toutes celles de couleurs et les juifs». Elle pensait qu’il fallait «les éliminer». Cendrine est l’ancienne amie de l’accusée. Raide, dure. Elle a 21 ans aujourd’hui. Fille de commerçants du Havre, elle a quitté Beaune quand il a été arrêté pour se marier avec un autre skin du groupe. Après la mort d’Imad Bouhoud, c’est elle qui a répété aux policiers ce que Mickey lui avait dit: «Tu vas trouver ça rigolo, j’ai poussé un mec à l’eau.» A 19 ans, elle voulait «monter une petite section des Jeunesses hitlériennes» et «éclater les crouilles».

Dans sa cellule, David Beaune écrit beaucoup. Des lettres qu’il avait fait passer en douce, qu’il signait A.H., Adolf Hitler, et que la police a retrouvées: «C’est la première fois qu’un skin tue un Sarrazin, il s’est débattu dans l’eau, quel spectacle de choix!», lit le président de la cour d’assises. Il écrit sur des cahiers, de la marque Guillaume le Conquérant, de longs chapitres où il raconte sa vie. Le chapitre III est intitulé «Béatrice et moi». Il avait 16 ans, il a eu un enfant avec «Béa», un fils. «Vous écrivez que, quand votre fils avait 7 ou 8 mois, vous lui avez appris à faire le salut la main levée comme le faisait Hitler. C’est vrai, ça?», lui demande le président de la cour d’assises. «Oui», dit simplement David Beaune.

«Ah! voilà Hitler!» Il a été élevé au Havre par la sœur de son père, «Tata». Tata a 65 ans aujourd’hui, elle a fait le déplacement jusqu’au palais de justice de Rouen pour prendre sa défense. Quand David venait chez elle avec Mickey, elle leur faisait enlever leurs insignes. Pour les bombers, les jeans, les rangers, les cheveux rasés, elle ne disait rien, «il y a beaucoup de jeunes comme ça». Ce qu’elle ne voulait pas à la maison, c’étaient les croix gammées. Elle avait connu la guerre. Son mari, un ouvrier, employé municipal du Havre, alors ville communiste, avait «sa carte CGT comme tout le monde». Quand David Beaune venait chez elle, elle disait: «Ah! voilà Adolf Hitler!» «Pourquoi l’avez vous surnommé “Dodolf?», lui demande l’avocat des parties civiles. «Moi? J’ai dit ça?», hésite-t-elle, «c’était en rigolant peut-être».

Elle aime David «comme ses propres enfants». Elle l’a adopté quand il avait 2 ans, sa mère venait de l’abandonner. Un an plus tard, son père a été condamné à dix ans de prison pour un incendie volontaire, il a récidivé, et ne s’est plus montré en famille. Disparu. Elle ne sait pas s’il est encore vivant. A la cour, la vieille dame a expliqué que David «n’a jamais été malpoli, il n’a jamais rien dit jusqu’à l’âge de 16 ans. C’est après, quand le juge des enfants l’a mis dehors, qu’il a été livré à lui-même». Au moment où il a été arrêté pour le meurtre d’Imad Bouhoud, il avait un éducateur, un homme qui entretenait des relations particulières avec lui : il avait pris l’habitude de se faire battre par le jeune skin, ou par Mickey.

«Moins un». David Beaune porte une large cicatrice. Il s’est brûlé avec une fourchette pour effacer le tatouage d’un juif en flamme. Il a gardé une croix gammée sur l’épaule, un pitt-bull, et des inscriptions «White power», «I fuck you» sur une cuisse. Avant de comparaître devant la cour de Rouen, il avait été condamné cinq fois, pour des vols, des incendies volontaires. Lorsque le jeune Tunisien a coulé, il s’est tourné vers Mickey. Il lui a dit: «Moins un». L’avocat général a requis 20 ans réclusion criminelle.

1997 Malesanctus (Fr.)

Malesanctus, duo black metal du sud des yvelines est actif depuis 1997
et s’est rapproché des nationalistes radicaux, des skinheads, puis des identitaires

From the gallic shores comes Malesanctus, attacking the enemy with the blackest of Aryan hearts. The war vs. judeo-xtianity is fully engaged, and the pagan gods stand victorious over the ashes of the fallen trinity. Hailing from France as they do, Malesanctus carry only some small hints of the legacy of the Black Legions, preferring to forge their own swords and sound. 8 tracks plus a bonus of Burzum’s Black Spell of Destruction demonstrate this in full force. Clear production lets the war hymns echo across the battlefield , cyclic riffs shift and swirl to surround the enemy, cutting off their escape; blazing speed is used to overwhelm the defences with beserker fury, and slow breaks are used as trebuchets to clear the battlements of the besieged enemy fortifications of any wishing to stand and resist the pagan onslaught. A horde worthy of attention and full of promise.

Contact: malesanctus@aol.com

2001 marseille, machine a coudre: malesanctus + aura impius + wisdom by carnage

24/10/2002, Péniche Blues Café, Paris Horresco Referens + Aes Dana + Celtic Blood + Malesanctus
Malesanctus a opéré sa dérive identitaire, et les bandes de skinheads et de hooligans nationalistes rassemblées pour soutenir Malesanctus représentent un tiers de l’affluence. Les skinheads et les militants identitaires sont bien visibles a coté du public metal. Ces supporters militants ne s’appricheront du devant de la scène que pour parader pendant les set de Malesanctus et pour dénigrer les autres groupes. Une bagarre éclatera en fin de soirée entre Rachid su groupe de thrash Horresco Referens, blessé au front, et plusieurs membres de bandes nationalistes.
Des spectateurs recevront des crachats de la part de sympathisants identitaires en quittant le concert.

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https://books.google.fr/books?id=OcTBCQAAQBAJ&pg=PT346&lpg=PT346&dq=malesanctus&source=bl&ots=jiVn7ruoLc&sig=sKRqgdtB0SY3H1wcZ0j3pIk0f7k&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiNvraohPPPAhWGthoKHfeuBcM4FBDoAQhCMAY#v=onepage&q=malesanctus&f=false

… Amusant cette ambiance sur la péniche au ras de l’eau dans cette minuscule salle, on est pas plus de 50 au grand maximum… Malesanctus entre sur scène.

Malesanctus :
Une batteuse, un guitariste aux cheveux longs et un guitariste rasé. Non, je n’ai pas vu de basse… Musicalement des accords torturés typiquement Black par contre au niveau de la voix… Du Noir Désir sous excité, une voix claire criée en somme qu’on entendait mal et de toute façon le son était pourri. Insupportable. Bon ensuite les dédicaces foireuses entre les chansons à ses copains fachos, c’était pas indispensable non plus, et encore moins l’espèce d’hymne a cappella tout à la fin qui se clôturera pas un Je quitte le groupe aujourd’hui !” du gratteux chevelu aussi énervé que nous par tout ça. Oublions ce concert moisi, car ensuite c’est Celtic Blood !

Celtic Blood :
Clairement excellent, gros son, gros Death sympa, bonne ambiance !! Je les avais déjà vus à la fête de la musique et j’avais bien accroché. Là ça se confirme, j’aime vraiment bien ce groupe ! Nous discuterons plus tard dans la soirée avec la bassiste. Il y a déjà une démo sortie mais épuisée et un album en préparation. A suivre.

Aes Dana :
Six membres dans ce groupe de Black. Un batteur, un guitariste, un chanteur aux bras tailladés de multiples fois, une bassiste, une guitariste et… une flûtiste. Oui, je sais c’est surprenant. A priori je me dis que ça peut pas être pire que du synthé. Les voici donc parti à nous jouer leur Black celtique. J’ai trouvé ça très sympa pendant le premier tiers du concert (la découverte je suppose), moyen pendant le deuxième tiers, et très lassant sur la fin. Le gros problème pour moi c’est que la flûte n’arrête pas une seule seconde…

Horresco Referens :
Clairement le groupe le plus pro de la soirée. Ils vont bientôt sortir leur deuxième album. A vrai dire j’en avais un meilleur souvenir (du concert de Fismes) que ce que j’en ai entendu sur cette péniche. Bien sûr ça reste du très bon Thrash/Death mais le chanteur lorgne trop sur le côté clair de sa voix et c’est très regrettable. Encore plus regrettable, il ne reste qu’une dizaine de personnes dans le public, c’est incroyable… Tous les fachos et les potes des autres groupes sont partis et voilà le résultat : quasi autant de personnes sur scène que dans le public. Merci beaucoup à Horresco en tout cas d’avoir joué dans ces conditions et bravo pour leurs compos (mais par pitié forcez un peu plus la voix !).

Juste un dernier mot pour dire que j’en ras le cul des cons qui ne peuvent pas venir à un concert sans idées moisies derrière la tête et qui ne trouvent rien de mieux que de vouloir se battre pour un oui pour un non (visiblement le chanteur d’Horresco, métisse, a été emmerdé) …

http://azathoth.free.fr/concerts/2002/20021024.htm

2003 SPECTRUMS OF OBLIVION Néanmoins, il fût de mise de saluer le sang froid dont aura fait preuve la quintette face aux insultes et jets de mégots émanant de leurs fidèles antagonistes du groupe MALESANCTUS…
http://www.ablazine.com/livereportsfr-29.html

 

Burzum au Cinéma : Gummo – Film 1997

https://i.discogs.com/xLv_b8ABCss34InfjwyAixf2ywn3NHB5oCoL2OrtOFg/rs:fit/g:sm/q:90/h:600/w:600/czM6Ly9kaXNjb2dz/LWRhdGFiYXNlLWlt/YWdlcy9SLTkwODg4/ODItMTQ3NTkxNjk3/Ny00NDc0LmpwZWc.jpeg

Gummo est l’album de la bande originale du film du même nom et contient des chansons qui ont été enregistrées spécifiquement pour le film ou qui ont été présentées dans le film. [3]

L’album est principalement composé de diverses formes de métal , allant du black metal au powerviolence en passant par le grindcore et le sludge metal . [2] La bande originale comprend également quelques sélections excentriques de musique qui incluent du métal industriel , de powerelectronics , de drum and bass , du bluegrass , des sélections classiques et folkloriques . [2]

  1. Absu – “The Gold Torques of Ulaid”
  2. Eyehategod – “Serving Time in the Middle of Nowhere”
  3. The Electric Hellfire Club – “D.W.S.O.B (Devil Worshipping Son of a Bitch)”
  4. Spazz – “Gummo Love Theme”
  5. Bethlehem – “Schuld Uns’res Knoch’rigen Faltpferd”
  6. Burzum – “Rundtgåing av den transcendentale egenhetens støtte
  7. Bathory – “Equimanthorn
  8. Dark Noerd – “Smokin’ Husks”
  9. Sleep – “Dragonaut”
  10. Brujería – “Matando Güeros 97″
  11. Namanax – “The Medicined Man”
  12. Nifelheim – “Hellish Blasphemy
  13. Mortician – “Skin Peeler”
  14. Mystifier – “Give the Human Devil His Due”
  15. Destroy All Monsters – “Mom’s and Dad’s Pussy”
  16. Bethlehem – “Verschleierte Irreligiosität”
  17. Mischa Maisky – “Suite No. 2 for Solo Cello in D Minor (Prelude)”
  18. Sleep – “Some Grass”
  19. Rose Shepherd & Ellen M. Smith – “Jesus Loves Me”
  20. Corrosion of Conformity – “Albatross”

Autres chansons incluses dans le film

  • Burzum – “Rite of Cleansure” trad. “rite de purification
  • Almeda Riddle – “My Little Rooster”
  • Buddy Holly – “Everyday”
  • Madonna – “Like a Prayer
  • Brighter Death Now – “Little Baby”
  • Roy Orbison – “Crying”
  • Flesh-n-Bone – “Nothing But Da Bone in Me”

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Gummo est un film américain indépendant. Il s’agit du premier long-métrage écrit et réalisé par Harmony Korine en 1997. Harmony Korine est aussi connu pour avoir participé en 1995 à l’écriture du film Kids de Larry Clark et à celle de Ken Park en 2002, du même réalisateur.

La plus grande partie du film est tournée à Nashville (Tennessee) avec des acteurs débutants ou très peu expérimentés. Les moyens techniques utilisés sont rudimentaires et le réalisateur amplifie encore l’effet amateur en accentuant volontairement les bougés ou les surexpositions. Le titre du film semble faire référence à Gummo Marx, le moins connu des Marx Brothers qui quitta la scène avant la célébrité du groupe.

Synopsis

Le film raconte la vie des habitants de Xenia, dans l’Ohio, qui furent traumatisés par une tornade qui frappa leur ville, événement inspiré de l’éruption de tornades du Super Outbreak d’avril 1974. Un des premiers plans du film montre un chien mort accroché à une antenne de télévision, sur le toit d’une maison.

Le film s’attache plus particulièrement à la vie de deux adolescents livrés à eux-mêmes, Solomon et Tummler, qui passent leur temps à tuer des chats pour les vendre à un boucher ou à sniffer de la colle. Sans véritable intrigue, d’autres personnages tout aussi marginaux et déjantés émaillent le récit, comme deux sœurs aux cheveux décolorés ou encore la famille qui encourage ses enfants à faire des combats de boxe dans leur cuisine, le tout avec toujours de nombreuses canettes de bière. Un autre garçon, portant de grandes oreilles de lapin, Bunny Boy, traverse le film d’une manière énigmatique, jouant de l’accordéon ou urinant du haut d’un pont sur les voitures.

Entre images de violence gratuite et moments de la vie quotidienne étrangement décalés, le réalisateur met en scène des Américains en perte de repères. Le film semble rendre hommage aux oubliés de la société américaine et une certaine poésie se dégage, soutenue par une bande-son hétéroclite, mêlant à la fois des ballades traditionnelles américaines à la musique Metal. Clin d’œil au public, Harmony Korine se glisse même dans son propre film, en incarnant un jeune homme complètement saoul, réclamant désespérément de l’affection mais sans recevoir ce qu’il attend de l’autre personnage…

Meurtre de Keillers park

Le meurtre de Keillers park (suédois : mordet i Keillers park) est une célèbre affaire criminelle suédoise. Elle commence le 23 juillet 1997, avec la découverte du corps d’un homme tué de deux balles de pistolet dans un parc de Göteborg. La victime est identifiée deux jours plus tard comme étant Josefnt 1 ben Meddour (36 ans), un homosexuel algérien résidant en Suède depuis plusieurs années.

Après de longs mois d’enquête, les policiers parviennent à identifier les deux coupables : il s’agit de Jon Nödtveidt (22 ans), leader du groupe black metal Dissection, et de son ami Vlad (20 ans), un Iranien installé en Suède. Les deux hommes, qui reconnaissent les faits, sont condamnés en appel à dix ans de réclusion criminelle.

Membres d’un culte sataniste, Jon et Vlad avaient avant la mort de Josef affirmé à plusieurs reprises vouloir commettre des sacrifices humains. Le caractère sataniste du crime n’a toutefois pas été clairement établi : il s’agirait plus vraisemblablement d’un acte homophobe.

Découverte du corps

Le 23 juillet 1997 vers 16 h 30, un jeune promeneur de 16 ans découvre le corps d’un homme allongé face contre terre au pied de l’ancien château d’eau à Keillers park, au centre de Göteborg. Alertée, la police constate que l’homme a été abattu de deux balles de pistolet : la première tirée dans son dos lui a traversé le cœur, tandis que la deuxième l’a atteint en pleine tête alors qu’il gisait au sol. À ses côtés, on retrouve un sac et une casquettesr 1,lo 1.

L’homme n’a pas sur lui de papiers d’identité, mais une policière le reconnaît comme étant une personne qui se promenait souvent aux alentours de la place Svingeln et qui, avec ses cheveux bouclés et ses lunettes de soleil, ressemblait au chanteur Magnus Uggla. Un commerçant du quartier leur affirme que « Magnus Uggla » se prénommait en fait Josef, et était souvent en compagnie d’un homme d’apparence finlandaisesr 2. Les enquêteurs parviennent ainsi à identifier Josef ben Maddour, 36 ans, originaire d’Algérielo 2. Résident en Suède depuis une dizaine d’annéessr 3, Josef était homosexuel, et l’homme d’apparence finlandaise n’est autre que son petit-amisr 4.

Premières pistes

La première piste poursuivie par les policiers est celle du petit-ami de la victime. La casquette retrouvée aux côtés du cadavre lui appartient, il n’a pas d’alibi, et les deux hommes sont connus pour leurs fréquentes disputes. L’homme est toutefois relâché après douze jours de détention avant d’être définitivement mis hors de causelo 3.

Les enquêteurs apprennent ensuite que le soir du 22 juillet, Josef avait reçu à son domicile la visite de sympathisants du GIA, un mouvement islamiste algériensr 5. Josef étant lui-même connu pour son opposition au GIAlo 3, les policiers pensent à un possible assassinat politique. Plusieurs autres personnes sont entendues, mais sans apporter d’éclairage significatif, et les enquêteurs comprennent qu’ils font fausse routelo 4.

Arrestations

Le 15 décembre 1997, une jeune femme de 23 ans se présente dans un commissariat de Stockholm pour déposer une plainte contre son petit ami Vlad, qu’elle accuse de l’avoir frappée et menacée de mort. Dans sa déposition, la jeune femme affirme également que Vlad lui a un jour avoué être, avec son ami Jon, l’auteur du meurtre de Keillers parklo 4.

Le récit que Vlad aurait fait à la jeune femme est le suivant : lui et Jon ont fait dans une rue de Göteborg la rencontre fortuite de Josef, à qui ils ont proposé de les suivre jusqu’à Keillers park. Là, ils ont tout d’abord tenté de le paralyser sans succès à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique (« Taser »). Josef a alors voulu prendre la fuite, mais Vlad lui a tiré dans le dos une balle de pistolet. Alors qu’il gisait au sol, Vlad a donné l’arme à Jon, qui l’a achevé d’une balle en pleine têtelo 4.

La jeune femme affirme également savoir ce qu’il est advenu de l’arme du crimelo 5. Mis au courant, les policiers de Göteborg constatent que le récit de la jeune femme correspond aux constations faites sur les lieux du crime. Le jour même, Vlad est interpelé à son domicile de Stockholm. On retrouve sur lui un pistolet de calibre 9 mm chargé. Jon est quant à lui arrêté à Göteborg le matin du 18 décembrelo 6.

Aveux

Les deux suspects commencent par nier toute implication dans la mort de Josef, mais après s’être vu signifier sa mise en examen, Jon décide finalement de passer aux aveux. Son récit commence dans la nuit du 21 au 22 juillet 1997, qu’il passe à boire dans différents bars et clubs de Göteborg en compagnie de Vlad et de deux autres amis. Au petit matin, les deux autres amis rentrent chez eux, tandis que Jon et Vlad commencent à déambuler dans les rues du centre-ville. En bordure d’un parc connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, ils sont abordés par un inconnu, qui au vu de leur accoutrement, leur demande s’ils sont satanistes, et déclare vouloir en savoir plus sur ce culte. Dans un premier temps, Jon et Vlad tentent de repousser l’inconnu, mais celui-ci insiste. C’est ainsi qu’ils font la connaissance de Joseflo 7.

Les deux amis invitent finalement Josef à les suivre jusqu’au domicile de Jon. Chemin faisant, Josef affiche clairement son homosexualité par son comportement et ses propos, ce qui provoque chez Jon et Vlad une réaction de colère et de dégoût. Une fois arrivé au domicile de Jon, Josef semble prendre peur et refuse d’entrer. Jon et Vlad proposent alors de poursuivre leur discussion sur le satanisme à Keillers park. Les trois hommes se remettent en route mais, avant de partir, Jon pénètre dans son appartement, et s’empare du pistolet et du Taser. Arrivé à Keillers park, Vlad emprunte le Taser et essaye sans succès d’immobiliser Josef. Il se saisit alors du pistolet. Josef tente de s’échapper, mais sa fuite est interrompue lorsque Vlad lui tire une première balle dans le dos, avant de l’achever d’une balle dans la têtelo 8.

Confronté à ses contradictions, Vlad finit lui aussi par avouer. Il offre une version très proche de celle de Jon, avec toutefois une différence significative : selon lui, c’est Jon qui est l’auteur des deux coups de feulo 9.

scène inspirée des faits dans le film Keilers Park : 
https://youtu.be/NV_Lago8LrY

Contexte

L’enquête plonge les policiers de Göteborg dans le milieu du black metal et du satanisme.

Black metal

Jon est le leader d’un groupe de musique, Dissection, qui connaît un certain succès sur la scène black metal1, un sous-genre du metal caractérisé surtout par l’occultisme et la violence crue de ses textessr 6.

Au milieu des années 1990, l’histoire du black metal est déjà parsemée de morts violentessr 7.

En 1991, le chanteur suédois du groupe norvégien Mayhem, Pelle Ohlin, se donne la mortsr 8 d’un coup de fusil dans la têtelo 10. Son corps est retrouvé par le leader du groupe, Øystein Aarseth, qui plutôt que d’appeler immédiatement les secours, commence par prendre des photos du cadavresr 9. Aarseth ramasse aussi des morceaux de crâne pour en faire un collierlo 10.

L’année suivante, Bård Guldvik “Faust” Eithun, batteur du groupe Emperor et collaborateur d’Aarseth poignarde un homosexuel dans une rue de Lillehammer. Il affirme avoir agi par homophobiesr 10. En 1993, Aarseth est lui-même tué à l’arme blanche par le musicien norvégien Varg Vikernes, connu pour son projet solo Burzum. Pour ce meurtre, dont le mobile serait un conflit d’égo et des différends financiers, et pour l’incendie de trois églises, Vikernes est condamné en 1994 à une peine de 21 ans d’emprisonnementsr 11.

Satanisme

Un pentagramme, symbole sataniste.

Lors des arrestations des 15 et 18 décembre 1997, les policiers découvrent aux domiciles des deux suspects des autels satanisteslo 11. Chez Vlad, ils mettent aussi au jour un crâne humain, ce qui lui vaudra une inculpation pour recel de cadavrelo 12. Jon et Vlad appartiennent à une organisation sataniste appelée Misanthropic Luciferian Order (« Ordre Misanthrope de Lucifer», MLO), dont Vlad est l’un des fondateurs et qui, selon la police, n’a jamais compté plus d’une poignée d’adepteslo 13.

Dans le cadre de l’enquête, les policiers entendent d’anciens membres du MLO, qui décrivent les pratiques de l’organisation et les cérémonies occultes auxquelles ils ont assisté. Les rituels incluaient méditations, invocations aux démons et sacrifices d’animaux – des chats, acquis par le biais de petites annonces. Dans les semaines qui précèdent le meurtre de Josef ben Meddour, Vlad se serait montré de plus en plus extrémiste dans ses propos, et l’idée de commettre des sacrifices humains, suivi d’un suicide collectif, est longuement discutée. Au cours d’une réunion au domicile de Jon, une liste des possibles victimes des sacrifices est établie. Y figurent notamment un ancien adepte ayant fait défection, les musiciens du groupe Dissection, et même la petite amie de Jonlo 14.

Ces projets funestes ont pour effet de faire fuir quelques-uns des adeptes du MLO, qui ne souhaitent pas être mêlés à des assassinats, ou qui craignent pour leur propre vie. De ce fait, l’organisation ne compte plus au moment des arrestations que trois membres actifs : Jon, Vlad et sa petite amielo 15.

Procès

Le procès ne permet pas d’établir clairement le mobile du meurtre. S’agit-il d’un crime sataniste, d’un des sacrifices humains que les membres du MLO avaient appelés de leurs vœux lors de leurs cérémonies occultes ? Ou bien est-il question d’un crime homophobe, motivé par la répulsion des deux meurtriers devant la personnalité de Josef ? Selon le directeur d’enquête Lars Ohlin, s’il ne fait aucun doute qu’il existe un contexte sataniste derrière les agissements de Jon et Vlad, l’homophobie est elle aussi caractérisée, et le meurtre de Keillers park a été classifié comme crime haineux par la police suédoisesr 12.

Le 6 juillet 1998, Jon est condamné par le tribunal de Göteborg à huit ans de prison pour complicité d’assassinat et effraction à la législation sur les armes. Vlad est condamné à dix ans d’emprisonnement pour assassinat, violence envers sa petite amie, effraction à la législation sur les armes et recel de cadavre. Les deux condamnés et le ministère public décident de faire appello 13.

La cour d’appel de Suède-Occidentale rend son verdict le 25 septembre 1998. Jon est cette fois condamné à dix ans de prison, tout comme Vlad dont la peine est confirméelo 13.

https://www.spirit-of-metal.com/galeries_photo/photo/Dissection%20-%20Fury%20Fest%202005/Dissection_1.jpg
2005- Jon a pratiqué un rituel cardinal sur scène avec sa gemme minérale sculptée avant de commencer le concert de Dissection sur la main stage géante du Fury Fest (Hellfest) du circuit du Mans … Ce qui a heurté les croyances religieuses de Dave Mustaine de Megadeth qui l’a fait savoir et compliqué la fluidité du programme des concerts car Megadeth devait aussi se produire sur la scène désormais maudite.

Épilogue

Après sept années d’emprisonnement, Jon et Vlad retrouvent la liberté en 2004sr 13. Jon se donne la mort en 2006. Son corps est retrouvé dans son appartement, au milieu d’un cercle de bougies, un grimoire à ses côtés.

Le corps de Josef ben Meddour a été rapatrié en Algérie. Il repose dans un cimetière d’Algersr 14.

Notes et références

Josef (prononcé « Youssef ») est la graphie suédoise du prénom Youssef.

P3 dokumentär om mordet i Keillers Park
Le 24 mars 2013, la station de radio suédoise P3 a diffusé un documentaire réalisé par Ida Lundqvist sur le meurtre de Keillers park.

Satanistmordet i Keillers Park
Article écrit par le directeur d'enquête Lars Ohlin, publié à l'origine dans le recueil Nordisk kriminalkrönika 1999, et reproduit dans le magazine Veckans brott n°31/2012.

Deux œuvres ayant pour sujet le meurtre de Keillers park :

https://1.bp.blogspot.com/-H7R13bpDG0g/U34SSvr8FjI/AAAAAAAAdzU/hWAIe8QzL-Y/s1600/01+KEILLERS+PARK.jpg

 

https://m.media-amazon.com/images/M/MV5BMTg2ODg2NTY2MF5BMl5BanBnXkFtZTcwNDAzMjY0MQ@@._V1_.jpg

Profanateurs néonazis: nouvelles preuves Des documents, découverts par hasard près de Toulon, confirment les références idéologiques des jeunes «suppôts de Satan».

https://www.lexpress.fr/informations/profanateurs-neonazis-nouvelles-preuves_619210.html

C’est dans un trou recouvert de pierres que les débroussailleurs qui nettoient, le 17 septembre dernier, le terrain militaire situé sur la presqu’île de Saint-Mandrier (Var) trouvent un étrange sac. Ils en extirpent des photos de jeunes, l’air macabre et menaçant, vêtus de redingotes sombres et maquillés de gros traits noirs, des manuscrits d’une organisation mystérieuse, l’Ordre sacré de l’Emeraude, enfin des tracts et des bulletins néonazis. Le sac se révèle propriété de Christophe Magnoni, l’un des «petits Satan» de Toulon.

Cette découverte complète les révélations de L’Express (n° 2350) sur les influences politiques des profanateurs de la tombe d’Yvonne Foin, morte il y a vingt ans. Dans la nuit du 8 au 9 juin dernier, quatre adolescents exhument son cadavre et lui plantent une croix en plein cœur. Parmi eux, deux garçons, Antony Mignoni et Christophe Magnoni, 20 ans, adeptes du black metal, le plus dur de la musique hard rock. C’est sans doute David Magnoni, paniqué par l’arrestation de son frère Christophe et des autres profanateurs, qui a caché le sac. La plupart des documents sont des publications proches des Charlemagne Hammer Skinheads (CHS), branche française des Hammer skins américains, dont l’emblème est le marteau de Thor. Très hostile au Front national, cette mouvance est animée par Hervé Guttuso, jeune Marseillais formé aux Etats-Unis au contact des animateurs de la revue Resistance, du label Resistance records. Son originalité: légitimer la lutte armée contre le pouvoir en place. Dans les documents trouvés à Saint-Mandrier figure la publication Quatorze mots – ceux de la devise néonazie «Nous devons préserver l’existence de notre race et un futur pour les enfants blancs». A la rubrique «bricolage», on apprend à fabriquer bombes, cocktails Molotov, ampoules et balles de tennis explosives: «Viendra un temps où la propagande raciale devra laisser place à l’action pure et dure», est-il écrit noir sur blanc.

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Parmi les autres trouvailles des débroussailleurs varois, on compte un exemplaire de Rune, bulletin interne de liaison des groupes aixois, marseillais et toulonnais de Nouvelle Résistance, groupuscule extrémiste dont l’un des fondateurs est aujourd’hui directeur de la communication du maire FN d’Orange. Et aussi un tract et un numéro de la revue Militant, du Parti nationaliste français (PNF), fondé en 1983 par d’anciens Waffen SS, dont Pierre Bousquet, premier trésorier du FN. L’un des anciens dirigeants du PNF, Pierre Pauty, avait claqué provisoirement la porte du FN en 1980, accusant Jean-Marie Le Pen d’être «devenu un jouet entre les mains des sionistes». En juin 1995, il a obtenu 26,2% des voix aux élections municipales à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Magnoni et sa bande sont-ils seulement des illuminés, ou bien la ramification provençale d’une organisation néonazie déjà structurée ?

>L’aencre s’installe à Toulon Le 13 septembre dernier, une nouvelle librairie a discrètement vu le jour à Toulon. Derrière le nom commercial Alaïs, au n° 6 de la rue Fernand-Pelloutier, se cache en fait une filiale de la librairie néonazie parisienne L’AEncre, où l’on peut se procurer, notamment, des reproductions d’aquarelles d’Adolf Hitler et des cassettes du groupe de black metal Funeral.

PNFE: néonazis à la française

L’Histoire a parfois de cruels retours de bâton. Au fil des ans, Jean-Marie Le Pen avait fait de la profanation du cimetière juif de Carpentras le sujet d’une inlassable croisade. Mais, avec l’arrestation et les aveux de quatre anciens skinheads, dont deux ont été membres du Parti nationaliste français et européen (PNFE), l’implication de milieux d’extrême droite ne fait plus guère de doute. Le parti de Jean-Marie Le Pen l’a d’ailleurs bien compris, s’empressant d’assurer dans un communiqué que «le groupuscule évoqué n’est en rien proche du Front national».

La réalité est plus complexe: si les deux organisations diffèrent aujourd’hui sur nombre de points – radicalisme, effectifs, stratégie électorale – le PNFE n’en est pas moins un enfant du FN. A la fin des années 70, en effet, alors que le parti de Jean-Marie Le Pen n’est lui-même encore qu’un groupuscule, certains de ses membres constituent une petite tendance autour de la revue Militant, qui fut un temps l’organe officiel du FN. On y retrouve d’anciens soldats SS, dont Pierre Bousquet (premier trésorier du parti de Jean-Marie Le Pen). Mais aussi Claude Cornilleau, un traducteur d’une quarantaine d’années, nostalgique de l’Occupation. Souvent proche des thèses néonazies, ce petit noyau d’irréductibles finit par quitter le Front national à la fin de 1981, estimant que Le Pen était «devenu un jouet entre les mains des sionistes».

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Après quelques tergiversations, Claude Cornilleau – qui, entre-temps, a réussi à être élu conseiller municipal RPR à Chelles ! – fonde, en 1987, le PNFE, un groupuscule ouvertement néonazi. Défilés paramilitaires au château du Corvier, uniforme brun frappé d’un brassard rouge rappelant celui des SA, publications, comme Le Flambeau, ouvertement antisémites : le PNFE regroupe entre 50 et 200 militants, souvent très jeunes. «C’est le seul parti à avoir été capable d’intégrer durablement des skinheads», explique Jean-Yves Camus (1). Le parti de Cornilleau vient par ailleurs de recevoir le renfort des troupes de Mark Fredriksen, ancien candidat du Front national aux législatives de 1978 et fondateur de la Fane, un groupuscule néonazi dissous au début des années 80.

Les ponts ont été coupés avec le Front national depuis longtemps, même si, cette année encore, de jeunes militants du PNFE distribuaient des autocollants en queue du cortège de la fête Jeanne-d’Arc. C’est plutôt à la rubrique faits divers que ce groupuscule néonazi fait parler de lui: le PNFE a en effet été mêlé aux attentats perpétrés contre des foyers Sonacotra de la Côte d’Azur, dans les années 80, même si ses dirigeants ont finalement été blanchis. La culpabilité de deux anciens membres de ce parti dans la profanation de Carpentras ne manquera sans doute pas de reposer une nouvelle fois la question de son éventuelle dissolution.

(1) Auteur des Extrémismes de l’Atlantique à l’Oural (éd. de l’Aube/Cera).

Le PNFE, groupuscule néonazi français

https://www.liberation.fr/evenement/1996/08/02/le-pnfe-groupuscule-neonazi-francais_180498/

«France d’abord, blanche toujours»: depuis sa création en 1985, le Parti nationaliste français et européen(PNFE) n’a pas changé de programme. Le principal groupuscule néonazi français, que des rumeurs donnent pour dissous, s’arc-boute sur les thèses du racisme biologique, abhorre la démocratie et le capitalisme cosmopolite. Il a fait du «lobby juif mondial» son ennemi obsessionnel, comme en témoigne la lecture de sa revue le Flambeau. Ancien du Front national et de l’OAS, le fondateur et «idéologue» du mouvement, Claude Cornilleau, a laissé la présidence à Eric Sausset du groupe Thor de Saint-Lo (Manche), pour des activités commerçantes ou commerciales?

Au milieu des années 80, Cornilleau a su attirer les militants nationalistes frustrés par «l’embourgeoisement et le parlementarisme» du FN. Le manque de dynamisme d’autres groupuscules de l’extrême droite révolutionnaire néonazie lui a ouvert l’espace qu’occupait, à la fin des années 70, l’ex-Fane (Fédération d’action nationale et européenne) de Marc Frédériksen c’est les bons accents? ­ qui a rejoint le PNFE avec une dizaine de militants. Adepte du marketing et de la communication, il a su donner à ses troupes le style et le ton qui manquaient aux concurrents : tenues de parade copiées sur celle des SA (sections d’assaut nazies), chants hitlériens, congrès événement, comme en 1989 au château de Corvier. Surtout, quand le phénomène s’est développé, Cornilleau a fait la cour aux skins rétifs aux longues séances d’endoctrinement mais amateurs de musique oï (rock des skinheads, ndlr), de bière et de bastons avec les «bronzés». De toutes origines. Résultat: à son apogée, vers 1990, le PNFE compte plusieurs centaines de sympathisants dans toute la France. Il adopte une structure extrêmement décentralisée. Les sections locales sont très autonomes, ont leur fanzine. Le PNFE s’implante dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Est. Avec ses milliers de rapatriés, ses nouvelles populations ultrasécuritaires, les problèmes de chômage et de racisme, la Côte d’Azur est un vivier de militants. Et un joli terrain d’actions. Cornilleau et ses amis seront lourdement soupçonnés d’avoir, au minimum, inspiré les attentats commis en 1988 contre des foyers Sonacotra de Cagnes-sur-Mer, par une bande de Pieds Nickelés sympathisants ou militants du mouvement. Malgré l’avis du parquet de Grasse, la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Aix-en-Provence ne retiendra pas leur responsabilité.

On avait pu, alors, vérifier les tentatives réussies d’infiltration du monde policier, notamment à travers l’ultradroitière Fédération professionnelle et indépendante de la police (Fpip).

Depuis peu, le PNFE semblait en panne, déchiré par les traditionnelles querelles groupusculaires. Il est à son tour dépassé sur sa droite par une kyrielle de sous-groupuscules se voulant encore plus hétérodoxes, plus skins, plus blancs. C’est le cas des Charlemagne Hammer Skins, dont on parle beaucoup à propos des auteurs de la profanation de Carpentras. Branche française autoproclamée de la Nation Hammer Skin, le groupe est dirigé par un skin marseillais, Hervé Guttuso, tombé amoureux des suprématistes blancs américains lors d’un séjour aux Etats-Unis. Il possède un site Internet et la boîte postale de son fanzine, 14 Mots, Bulletin de liaison des authentiques Aryens révolutionnaires, est domiciliée à Saint-Maries dans l’Idaho, fief des milices américaines d’extrême droite les plus radicales. On peut y lire, entre autres perles: «La Torah interdit aux juifs la pratique de la sodomie. Etonnant de la part d’un peuple qui encule le peuple blanc depuis des millénaires.» Comme le PNFE et la plupart des organisations néonazies, Guttuso est très surveillé par les services de police. Il avait été entendu pour des menaces proférées contre la famille de Patrick Gaubert, l’ancien conseiller de Charles Pasqua .

Le PNFE, la frange néo-nazie de l’extrême droite française

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=19960801&article=984422&type=ar

Le Parti nationaliste français et européen (PNFE), dont les cinq personnes interpellées hier seraient proches appartient à la frange la plus radicale, ouvertement néo-nazie, de l’extrême droite française. Le PNFE existe officiellement depuis 1987, à la suite d’une scission du Parti des forces nouvelles (PFN), un autre groupuscule de la même mouvance. Son fondateur, Claude Cornilleau, est un vieux militant d’extrême droite, passé par l’OAS durant la guerre d’Algérie. Agé de 60 ans, il avait été écroué à la fin des années 1980 dans le cadre d’une enquête sur un attentat meurtrier contre un foyer Sonacotra de Cagnes-sur-mer. Il avait ensuite bénéficié d’un non-lieu. Un fichier du PNFE saisi durant l’enquête avait fait apparaître les noms d’une centaine de militants. Claude Cornilleau n’hésitait pas alors à se faire photographier en chemise brune, en train de faire le salut nazi, entouré de jeunes gens aux cheveux courts arborant des brassards et des boucliers ornés de croix celtiques.