[Figure RAC Skinhead] Philippe Vardon au Rassemblement Bleu Marine, retour sur un naufrage annoncé

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Le Rassemblement Bleu Marine (RBM), nous avait promis Marine Le Pen, devait attirer des personnalités de tout bord, et donner un nouvel élan dans la dédiabolisation de l’image du Front National. Résultat, après plusieurs mois d’existence, on se retrouve avec le chansonnier Jean Roucas, Philippe Vardon qui a adhéré en douce, ainsi que quelques passagers clandestins comme on le verra plus tard. Autant dire que le butin est maigre.

On ne saura sans doute jamais ce qui est passé par la tête de Philippe Vardon dans cette histoire. Coup de bluff ou coup de folie, toujours est-il que le responsable des Identitaires n’aura pas profité longtemps de son coup médiatique. Et ce n’est pas son tweets du 5 novembre concernant la réception du chèque de remboursement de sa vraie-fausse adhésion au RBM qui va changer la donne.

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Cette histoire nous donne néanmoins quelques informations intéressantes sur la santé des Identitaires et de leurs chefs. Vardon semble avoir tiré un trait concernant le potentiel des Identitaires. Après plus de 10 ans passés à la tête de la formation, il en a fait le bilan, comme il l’avait annoncé au début de l’histoire des Identitaires. Si le mouvement ne réussissait pas à dépasser sa condition groupusculaire, il en tirerait toutes les conséquences et il irait voir ailleurs. Ce qu’il a tenté de faire bien maladroitement. Depuis la tentative ratée de présenter un candidat aux présidentielles de 2012, plus rien ne marche chez les zids. Ils se font piquer leurs idées et leur rhétorique sur la laïcité par Marine Le Pen. Leurs groupes locaux se cassent la gueule (on pense en particulier à Paris avec la perte de leur local) et les derniers coups d’éclat médiatiques (Poitiers et l’occupation du siège du PS) leur rapportent surtout des emmerdes. Si on rajoute à ça la campagne Génération Identitaire qui ne parvient pas à décoller, surtout si on la compare à la précédente « Une Autre Jeunesse« , et que d’autre part des cadres soient partis avec le clan Roudier pour fonder le Réseau-Identité, il ne reste plus grand chose.

 

Vardon à l'université d'été du Front National à Marseille en 2013

Vardon à l’université d’été du Front National à Marseille en 2013

Il est quand même naïf de la part de Vardon de penser que les cadres frontistes le laisseraient adhérer à l’une de leur structure, surtout si il n’avait négocié aucun contact avec les dirigeants du FN (au contraire de ce qu’avait fait Unité Radicale avec le MNR de Mégret en multipliant au moins par 10 ses effectifs d’après Eddy Marsan[1]. Il est beaucoup trop marqué pour le FN version Marine, et bien plus utile à l’extérieur du FN, en incarnant une extrême droite en apparence plus radicale que le Front National pour les médias.

La carrière de Philipe Vardon, dans les rangs de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, commence dans la seconde partie des années 90. Membre un temps du FNJ, il rejoint le GUD et UR. Il devient le chanteur de Fraction (anciennement Fraction Hexagone) en 1999 sur l’album « Le son d’histoire ». Fraction, après s’être débarrassé du mot Hexagone, suite à l’affaire « une balle », jouera sous de nombreux noms comme Moloko Velocet, ou bien encore sous le nom Action, pour la compilation hommage à Légion 88, avec le morceau Légion Blanche (mais en version ska !). Il faut dire qu’entre le groupe, les paroles de la chanson, les autres groupes, rendre hommage au groupe phare de la scène RAC françaises des années 80 qui œuvrait alors dans la scène RIF, ça faisait un peu tache.

VARDON ET LA SCENE BLOOD & HONOR

Ce passé, certains dans le milieu nationaliste, ne l’ont pas oublié et se sont fait un plaisir de ressortir de vieux dossiers, qui comme c’est souvent le cas (souvenez-vous de l’affaire Gabriac) se sont retrouvés très rapidement dans les rédactions françaises. On a ainsi vu resurgir une vieille vidéo, tirée d’un documentaire diffusé sur ARTE il y a quelques années où l’on peut voir et entendre le jeune Vardon reprendre en chœur une chanson du groupe Evil Skin, la Zyklon Army, devant une forêt de bras tendus. Une vidéo qui avait déjà été postée par l’Œuvre Française, l’ennemi juré des identitaires, il y a 2 ans sur un site très proche du mouvement. Vardon s’est bien évidemment empressé de porter plainte contre le journal arguant pour sa défense qu’à l’époque il n’avait que 15 ans.

Si effectivement Vardon a débuté très jeune dans la mouvance skinhead nazie, il l’a fréquentée, comme son camarade Robert, très longtemps et ceci jusqu’à un passé très récent. Les deux hommes avaient alors choisi leur camp, celui de Blood & Honour (dirigé par Greg Reemers), alors ennemis avec les Charlemagne Hammerskins d’Hervé Guttuso, qui n’aimaient pas grand monde il faut bien le dire.[2]

Dans les années 2000, plusieurs groupes vont successivement revendiquer l’étiquette Blood & Honour (que ce soit au niveau national ou régional) sans forcément avoir l’aval des Anglais. L’une de ces sections les plus dynamiques, était la section B&H Midgard, dont les liens avec Vardon et Robert sont très sérieux. Le groupe de Montpellier DSH (Division Skinhead ou Division Sang & Honneur, c’est selon), dont les membres appartiennent à Midgard, ont joué en 2002 ensemble, et le B&H Midgard a participé au SO du concert de Fraction à Nice pour le 1er mai 2004.

Le fanzine de B&H Midgard, Signal 28, de son côté parlait très positivement des Identitaires, comme dans son numéro 1 : « … il faut refaire les liens entre les partis dit nationalistes et nous. Il faut rassembler les gens de mêmes idées et éviter de trop vite juger sur l’apparence … nous devons donc diffuser la propagande des partis officiels comme entre autres le BI et les JI qui sont surement aujourd’hui les plus sérieuses et les plus militantes organisations au niveau national, composées de cadres politiques de valeur ».

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Lors de la date aixoise de la tournée européenne de Fraction en juillet 2007, on retrouve des membres de B&H Midgard dans le SO du concert comme on peut le lire dans le compte rendu de celui-ci dans le numéro 3 de Signal 28.

En octobre 2007, ils organisent leur 2ème festival dans la région de Montpellier après celui de 2005. Dans la salle on peut y croiser des « figures connues de la scène », en l’occurrence Philippe Vardon, qui ce soir là avait fait faux bond à la section des JI de Marseille. Ces derniers avaient décidé d’organiser une distribution de soupe au cochon pour leur première apparition publique. Mais lâché par leur chef, et devant la mobilisation des antifas ce soir là, leur action sera annulée et se terminera pour certains le lendemain à l’hôpital, suite à un tractage avorté.

Les mauvaises langues expliqueront que, au-delà de l’amour de Vardon pour la grande musique du type RAC, sa présence s’expliquait également commercialement. Il venait en effet d’ouvrir sa boutique de fringue à Nice, The Firm « casual shop », spécialisée dans les « marques anglaises ». Autant dire que le public du festival RAC était l’occasion de se faire connaître et de faire marcher les affaires.

Juin 2009 B&H Midgard annonce un nouveau concert dans le sud. Curieusement sur le flyers un petit pictogramme indique qu’il sera interdit de prendre des photos alors que généralement ce n’est pas le cas. A l’affiche : les lyonnais de Frakass, les locaux de Haïs & Fiers (groupe de la région aixoise) et un groupe inconnu, originaire de Nice, répondant au doux nom de NRHC. Dans l’unique interview donnée par ce groupe on apprend que le nom à l’origine « … signifiait Nationaliste Révolutionnaire Hard Core, puis c’est devenu Nice et sa Région Hard Core pour enfin Nissa Rebelle Hard Core ». Derrière ces explications un peu alambiquées, tout le monde aura reconnu Philippe Vardon et le groupe Fraction.

Le concert aura lieu dans un petit village du nom de Peyrolles, tout à côté d’Aix en Provence. Malgré les consignes de sécurité, on pouvait déjà en lire le compte rendu sur un site aujourd’hui disparu « les compagnons du Pain D’épice », animé par 2 figures de la scène skin des années 80, Olivier Moulin, devenu tatoueur à Saint Peray (Tatoo et traditions) et Philoi que l’on peut aussi admirer dans le film produit par Batskin « Sur les pavés ».

Le public à ce concert est un curieux mélange de militants identitaires (principalement d’Aix en Provence et Nice) et de skins fafs. On notera également plusieurs stands dans la salle d’association de la galaxie identitaire comme le CEPE, tenu par Richard Roudier en personne ce jour-là. Le 1er groupe à jouer sera Hais et fiers, suivit de Frakass qui se voit rejoindre sur scène par Pascal, alias « Le Squale » le 1er chanteur de Fraction Hexagone. Il enflammera la sale avec une reprise de Légion 88, qui provoquera une épidémie de crampes du bras droit dans le public.

Entre-temps une voiture de gendarmerie arrive devant la salle, visiblement alertée par les voisins à cause du bruit, provoquant une certaine panique dans les rangs des JI. Certains d’entre eux iront jusqu’à se cacher dans les fourrés environnant jusqu’au départ de la maréchaussée.

Pendant ce temps le père Roudier est monté sur scène et en appellera à la solidarité avec les prisonniers politiques avant que Fraction ne clôt le concert avec une nouvelle apparition du Squale sur scène pour reprendre les « tubes » de la grande époque. Le quotidien La Provence dans un article, publiera alors un très long article sur la mouvance néo-nazie en Provence ainsi qu’à cette mémorable soirée. On y apprendra que la salle était en autre décorée d’un drapeau à croix gammée et que sur les stands on trouvait de nombreuses revues négationnistes et antisémites.

On comprend mieux alors pourquoi les appareils photos étaient bannis car 4 mois plus tard en octobre 2009 Fabrice Robert et Philippe Vardon nous jouaient un air totalement différent. Ils annonçaient la transformation du Bloc Identitaire en parti politique, amorçant là un grand virage idéologique et stratégique en déclarant « Nous ne sommes pas des nationalistes… le nationalisme a été un drame pour l’Europe. Nous, nous sommes populistes. Ce que nous reproche l’extrême-droite c’est d’avoir rompu avec l’antisémitisme et l’antisionisme ».

Richard Roudier de son côté, pourtant lui aussi présent au concert de Peyrolles, affirmait au même meeting que « le FN a déshonoré la notion « d’identité « par les déclarations de JM LE PEN sur les chambres à gaz. Il en profitait pour condamner, au nom du BI, la célèbre phrase du « détail » de Le Pen.

A partir de cette date, Vardon va devenir de plus en plus prudent prenant soin de ne plus trop s’exposer officiellement avec les milieux skins nazis. Pourtant ses liens continuent d’exister, comme avec Alex Garcia, dernier guitariste de Fraction à l’origine de la création des Jeunesses Identitaire dont il était le trésorier. Les JI étant domiciliées à une époque à son adresse perso. Fin octobre 2010, Alex était encore présent sur scène, cette fois avec Frakass pour le concert organisé par B&H Midgard près de Montpellier.

Dans la série bonnes relations entre Vardon, les Identitaires et la scène skin néo-nazie n’oublions pas Mickaël Moustier, un ancien des JI (quelle zone ?), chanteur de Hais et Fiers et et de Time Bomb dont le guitariste n’est autre que …. Alex Garcia. Que le monde est petit !

Pour mémoire, le label Alternative-s, descendant direct du label Bleu Blanc Rock de l’époque d’Unité Radicale, fondé par Fabrice Robert avait produit l’un des albums de Hais et Fiers.

Pierre-Louis Mériguet tape l’incruste au RBM

Dans la famille ancien skin-néonazi tentant de se faire oublier et de la jouer petit notable de province, n’oublions pas Pierre-Louis Mériguet. Profitant de la couverture médiatique concernant la courte adhésion de Vardon au Rassemblement Bleu Marine, Pierre-Louis Mériguet, chef de Vox Populi sur Tours, a officialisé la sienne en toute tranquillité.

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Moins médiatisé que l’ancien chef d’Unité Radicale, ce monsieur gagne à être connu. Chef du groupuscule local d’extrême droite sur Tours, Vox Populi. Pierre-Louis a un sacré pédigrée.

Il commence à militer sur Châteauroux dans la Ligue National-Catholique et les Loups du Berry. Il quitte la ville en 2003 pour des raisons judiciaires et s’installe sur Tours. Pour plus de détails sur cette période, nous renvoyons sur le dossier réalisé par des militants antifascistes de Tours.

Ancien de la mouvance skinhead NS (comme Philippe Vardon et Fabrice Robert), il a également été l’un des activistes de la scène RIF (Rock Identitaire Français) avec le groupe Insurrection. Groupe qui il faut le dire faisait un peu tache dans la scène RIF qui voulait se la jouer présentable. Le groupe tient plus du groupe RAC que du groupe pop. Sous le nom de scène de « Lapin » il officie au chant et à la guitare. Insurrection a été fondé en 1998, à Châteauroux, par des membres du FNJ, sous la houlette de Paul Thore (le bûcheron sur les albums d’Insurrection, chargé des paroles et du management).

Malgré le nom du manager, le groupe est sur une ligne national-catholique. La première démo a pour titre Honneur et Fidélité (petite référence à la devise SS), et rend hommage au néo-nazi Michel Layoye et au négationniste Vincent Reynouard. Parmi les titres présents sur cette démo on trouve la reprise de « Maréchal nous voilà » ou un morceau sur le « GUD », puis l’album Honneur et Fidélité, Radicalcore, sorti chez Patriote Production, le label du Renouveau Français et Ne plus subir. Le groupe jouera à de nombreuses reprises avec des groupes RAC (voir lien sur rock haine roll). Insurrection était également présent sur la compilation hommage à Légion 88 (tribute do légion 88, sorti chez streetfighting production, le dernier disque puisqu’il arrêtera avec ce disque. Le nom du label n’apparaît pas, on aperçoit juste le logo). Un disque sorti avec l’autorisation du groupe. Insurrection, sans grande surprise y reprend l’un des tubes de Légion 88 Terroristes (aux paroles explicites Terroristes à mort, Immigrés Dehors) un titre qui n’est pas sans rappeler un morceau du groupe de Pierre-Louis, « Invasion », avec ce refrain « Immigrés dehors ».

Pierre-Louis à la convention identitaire d’Orange en 2011

Pierre-Louis à la convention identitaire d’Orange en 2011

On pourrait parler d’erreur de jeunesse, sauf que Pierre-Louis continue de tourner avec Insurrection. Il a joué en particulier au Local, le bar associatif de Serge Batskin Ayoub, comme on peut le voir sur la photo prise par « un fan », en compagnie de Paul Thor.

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Pierre-Louis "Lapin" à gauche et Paul Thore à droite

Pierre-Louis « Lapin » à gauche et Paul Thore à droite

D’un côté il y a donc le Pierre-Louis de Vox Populi, tentant de nous la jouer cadre identitaire respectable, lorgnant vers un peu plus d’embourgeoisement, en rejoignant le RBM, et de l’autre « Lapin », qui hante les lieux de l’extrême droite radicale avec son groupe de RIC ou de RAC, selon ses préférences. Lapin joue à l’occasion avec Philippe Vardon en concert acoustique ou dans des RAC. Quel dommage que Vardon ait été viré du RBM. Avec Pierre-Louis, ils auraient pu animer les fins de soirées des conventions FN, ça aurait été plus rock ‘n’roll que les Forbans …

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Pierre-Louis et Vardon en concert

Pierre-Louis et Vardon en concert

 

  1. Ancien Secrétaire Départemental du FNJ du Lot et Garonne, puis responsable du FN et tête de liste pour les régionales en 1992. En 1998, il quitte le FN pour le MNR en fondant son mouvement l’Alternative Nationale, dans le but de regrouper militants FN et MNR sur une ligne « identitaire européenne sans ambiguïté » prônant un « discours radical ». Il publie alors son bulletin La Lettre de L’Alternative Nationale. Devant son refus de rentrer dans le rang, il est exclu du MNR et rejoint Unité Radicale. A la dissolution d’UR, il se rapproche de l’équipe de Militant et profite de son bulletin, transformé en Lettre d’Eddy Marsan, diffusé et financé grâce aux crédits qui lui sont alloués en tant que Conseiller Régional, pour régler ses comptes avec les différentes tendances et personnalités de la scène nationaliste. Ce qui lui vaudra quelques « cassages de gueules » lors de réunions unitaires, comme lors de la journée de l’Identité à Paris en 2003 ! Il semble qu’Eddy Marsan ait disparu des rangs nationalistes, certaines mauvaises langues affirmant que son goût immodéré pour la fête et la vie nocturne[]
  2. Pour ceux et celles qui voudraient se rappeler cette folle époque, nous vous invitons à consulter les articles publiés à l’époque dans la version papier de REFLEXes12, 3, 4[]

Cet article est libre de droit, mais nous vous demandons de bien vouloir en préciser la source si vous en reprenez les infos : REFLEXes http://reflexes.samizdat.net , contact : reflexes(a)samizdat.net

 


video reportage documentaire 2013

2013 – avant le meurtre de Clément Méric

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  • Rencontre-discussion en face à face avec Philippe Vardon, qui démontre
    – la difficulté certaine du dialogue entre universalistes et identitaires,
    – et la problématique d’offrir des opportunités de tribunes aux idées identitaires=victimaireshttps://www.lexpress.fr/resizer/UZ2kB5lxBfXkNzHBYyP9BQ6TPG4=/970x548/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/lexpress/LCMOCEWFHVB5RANGFKCEEIHDWA.jpg

 


2024 : vardon est passé à reconquete depuis la photo de vardon derriere bardela affichés sur écran géant tpmp hanouna à la tv.
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[Figure RAC Skinhead] Philippe Vardon en conférence à Bordeaux : le sanglier identitaire vient trouver les glands du FN33

Pas de surprise à Bordeaux du côté de l’extrême droite : après avoir été au cœur de la création et de la gestion du bar clandestin « le Menhir », qui jusqu’à récemment rassemblait tout ce que l’extrême droite locale a de plus abruti (militant.e.s royalistes, frontistes, identitaires et néo-nazi.e.s), le front national impose à Bordeaux la présence d’un invité de marque. En effet, Philippe Vardon, vice-président du groupe FN au conseil régional de PACA, animera le 16 novembre prochain en compagnie d’Edwige Diaz (conseillère régionale FN de nouvelle aquitaine) une conférence intitulée : « Comment préparer les prochaines victoires locales ; agir sur le terrain et communiquer. »

Outre l’amateurisme du montage et un sens original de la perspective, ce flyer nous montre un Philippe Vardon à l’image du Front National d’aujourd’hui : propre sur lui, d’allure sérieuse, mais cachant difficilement une réalité nettement plus brutale, nettement moins assumable. Petit retour sur la carrière du personnage.

Philippe Vardon fait ses débuts en politique au sein d’Unité Radicale, organisation nationaliste révolutionnaire dissoute suite à l’attentat de juillet 2002 visant Jacques Chirac, alors président de la république. A partir de 2000, il est également chanteur au sein du groupe de rif (rock identitaire français) « Fraction Hexagone », qui avait défrayé la chronique en 1998 avec le morceau « Une balle », promettant d’assassiner tout.e opposant.e, des sionistes aux marxistes, en passant par les « cosmopolites », morceau qui vaut au groupe d’être convoqué par la justice avant que l’affaire ne tombe à l’eau suite à un vice de procédure.

Philippe Vardon et Fraction Hexagone jouent lors d’un concert Hammerskins au début des années 2000. Paroles inaudibles et saluts nazis sur scène, ambiance garantie. Les Hammerskins, une organisation internationale de skinheads néo-nazi.e.s, ont notamment fait parler d’eux.elles en 2008 lorsque leur branche de Chicago avait tenté à plusieurs reprises d’assassiner Barack Obama, craignant de le voir accéder à la maison blanche.

Après la dissolution d’Unité Radicale, Vardon, désormais lâché dans la nature, fonde les Jeunesses Identitaires et cofonde en 2003 le Bloc Identitaire (en compagnie d’autres ancien.ne.s militant.e.s d’Unité Radicale, dont Fabrice Robert, lui-même ancien chanteur de Fraction Hexagone). Le Bloc se retrouve alors souvent sous les projecteurs pour son implication dans différentes rixes, agressions et actions coup de poing telles que l’occupation, en 2012, du toit de la mosquée de Poitiers à grand renfort de bannières siglées des symboles du groupe (le sanglier et le lambda grec) et invocation de Charles Martel à la clef.

L’occupation de la mosquée de Poitiers avait été organisée par Génération Identitaire, branche jeune du Bloc.

Le Bloc Identitaire s’est également fait remarquer pour son usage immodéré mais non moins stratégique de la communication sur les réseaux sociaux. Présent.e.s partout, tout le temps, intervenant officiellement ou sous couvert d’anonymat, les militant.e.s du Bloc Identitaire ont également été accusé.e.s par un ancien proche de leurs réseaux [voir ici] de créer de faux comptes sur différentes plateformes (notamment les forums d’organes de presse) afin à la fois de répandre anonymement leur propagande, mais également de donner un effet de masse en postant leurs messages sous de multiples fausses identités.

Loin d’être une pratique exceptionnelle, cette méthode serait même recommandée dans les fascicules de formation internes du Bloc. On peut dès lors imaginer ce que le Front National souhaite enseigner à ses adhérent.e.s/militant.e.s en invitant Philippe Vardon pour disserter sur l’action de terrain et la communication.

En 2013, nouveau coup de théâtre : Philippe Vardon annonce dans un communiqué rejoindre le Rassemblement Bleu Marine, fédération des organisations satellitaires du FN. « Mon adhésion (au Rassemblement Bleu Marine) s’inscrit dans la continuité de mes prises de position depuis deux ans : soutenant Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle, prônant le rassemblement à la tribune lors de la Convention identitaire de l’automne dernier, et participant à réorienter la stratégie du mouvement vers une optique de complémentarité et non de concurrence vis-à-vis du FN »  dit-il à l’époque [voir ici], annonçant également avoir quitté la direction du Bloc Identitaire. Manque de bol, dès la parution de ce communiqué, Gilbert Collard, secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine, plaide l’erreur administrative et annonce l’annulation de l’adhésion. Le FN n’est pas encore prêt à assumer publiquement la présence d’identitaires parmi ses soutiens et Vardon est laissé seul, comme un enfant à qui on retire sa sucette… avant que Marine le Pen ne revienne discrètement sur la décision et l’accepte finalement au sein du rassemblement.

Deux ans plus tard, il fait son entrée au sein-même du Front National grâce à la très radicale Marion Maréchal Le Pen, attendant tout de même d’être élu conseiller régional sur la liste de cette dernière (en région PACA) pour adhérer au parti.

Vardon trinque-t-il avec Marion à la santé de son passé néo-nazi ?

En procès pour une rixe deux ans plus tôt, il est condamné en 2016 à six mois de prison ferme. Mais un costard cravate semble suffisant pour cacher un skinhead faf, et cette condamnation ne l’empêche pas de gravir les échelons du parti. Conseiller en communication de Nicolas Bay au parlement européen, il est finalement pris en sympathie par la direction du Front National et notamment Marine le Pen, qui l’intègre à son équipe de campagne (cellule « idées et image ») afin de préparer les élections présidentielles de 2017.

Vardon, rhabillé en notable politicien, pavane en compagnie de Marine Le Pen

Le dernier micro scandale portant Vardon à l’attention du public s’est déroulé en mars dernier, lorsque la chaîne de télévision C8 diffuse un reportage en caméra cachée au cœur du FN, et notamment à Nice. Vardon, ignorant la présence de la caméra, laisse parler le sanglier (identitaire) qui est en lui : « Ça va devenir inquiétant, tous les mecs qui me serrent la main, ils sont noirs. » [voir ici]

Racisme, violence, engagement passé à l’extrême droite radicale, repentance factice et spécialisation dans le travail de communication. Philippe Vardon est le rejeton caricatural du Front National, le symbole de la transformation médiatique de ce parti construit par les nostalgiques de l’Algérie française et parvenu aux portes de l’Elysée – de la dague des jeunesses hitlériennes de Jean-Marie le Pen à l’affirmation de sa fille selon laquelle les néo-nazi.e.s ne seraient pas les bienvenu.e.s au sein du FN. Il est également notable qu’aujourd’hui il ne semble utile à aucun média de préciser que Philippe Vardon a ce lourd passé, et que son adhésion tardive au Front National ne représente qu’une courte partie de sa carrière politique.

Edwige Diaz, elle, ne vivra pas une expérience inédite en partageant la tribune avec un skinhead fasciste (si tant est qu’il y ait partage, son nom n’étant même pas précisé sur l’affiche). Après avoir largement fréquenté les membres du bar néo-nazi le Menhir, animé par nombre de militant.e.s du FN, il semblerait qu’elle affirme la tradition locale de lier son parti à tous les crânes rasés qui gênent la progression de celui-ci, sans que personne ne s’en émeuve. Pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Le Pavé Brûlant

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2013 – avant le meurtre de Clément Méric

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2024 : vardon est passé à reconquete depuis la photo de vardon derriere bardela affichés sur écran géant tpmp hanouna à la tv.
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(18 septembre 2013) NI OUBLI NI PARDON PAS D’AGRESSION SANS RIPOSTE

NI OUBLI NI PARDON PAS D’AGRESSION SANS RIPOSTE

meurtre de Pavlos Fyssas …

Le 18 septembre 2013, Yorgós Roupakiás ((Γιώργος Ρουπακιάς)) un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, le rappeur Pávlos Fýssas, à la sortie d’un bar dans la banlieue d’Athènes. Il est arrêté et reconnaît les faits.

De rapport témoin oculaire:. “Autour de 24:00 un groupe de 15-20 fascistes, portant des T-shirts noirs et des pantalons militaires et des bottes, a été déployé dans la rue P. Tsaldari Pendant ce temps, Pavlos se promenait avec sa petite amie et un autre couple quand il a été repéré par les fascistes en criant “ce que vous cherchez ici, vous savez qu’il n’y a pas de place pour vous ici”. les fascistes ont pourchassé les deux couples dans la rue P. Tsaldari vers l’avenue Gr. Lampraki, d’où d’une autre rue, un nouveau groupe d’environ 10 fascistes est sorti et a entouré les gars. a ce moment, une voiture a conduit vers lui par une rue à sens unique ; à l’arrêt, le conducteur est sorti et a poignardé Pavlos au cœur et dans l’abdomen

L’émotion populaire est forte et plusieurs milliers de manifestants se rassemblent pour protester contre cet assassinat politique. Le parti a nié toute implication dans les faits expliquant une « exploitation politique ».

pavlos

 

Le 28 septembre 2013, Nikólaos Michaloliákos et quatre autres députés sont arrêtés par la police dans le cadre de cette enquête59,60.

Roupakias est arrêté le soir même et ses liens étroits avec Aube dorée sont rapidement mis à jour. Le militant néonazi est en effet employé, tout comme sa femme et sa fille, par la section locale du parti.

L’enquête policière s’oriente rapidement vers le parti néonazi Aube dorée, dont les locaux sont perquisitionnés dès le lendemain de l’assassinat. Le même jour, 5000 personnes, manifestent dans les rues de Keratsini.

Les obsèques de Fýssas, célébrées le 19 septembre 2013, rassemblent près de 2000 personnes.

Au cours de la semaine suivante, les manifestations antifascistes se multiplient tandis que l’enquête policière se poursuit. Le 27 septembre, les députés d’Aube dorée menacent de démissionner pour protester contre la mise en cause de leur parti dans la mort de Fýssas. Le samedi 28 septembre, le chef historique d’Aube dorée, Nikólaos Michaloliákos (Νικόλαος Μιχαλολιάκος), quatre autres députés et douze membres du parti sont arrêtés.

… puis éliminations de Giogios Foudoulis et d’Emmanuel Kapelonis en représailles

Le 1er novembre 2013, deux membres du parti (Emmanuel Kapelonis, 22 ans, et Giorgos Foudoulis, 27 ans) sont assassinés par un groupe « les Pouvoirs révolutionnaires combattants du peuple », en représailles de cet assassinat61.

1er novembre 2013, deux membres d’Aube dorée sont assassinés devant un local du parti à Athènes. Le double meurtre est revendiqué le 16 novembre par un groupe d’extrême gauche jusqu’alors inconnu, en représailles de l’assassinat de Pávlos Fýssas7.

Le procès de 69 membres d’Aube dorée, dont le chef Nikólaos Michaloliákos et Christos Pappas, qui devait se tenir à la prison de Korydallos, est suspendu dès le premier jour, le 20 avril 2015, et reporté pour des raisons de procédure au 7 mai. Les accusés sont soupçonnés d’être aux commandes d’une organisation criminelle. Parmi les accusés figurent les auteurs présumés du meurtre de Fýssas et de deux autres agressions : la tentative de meurtre de quatre pêcheurs égyptiens en juin 2012 et l’attaque de syndicalistes communistes en septembre 2013.

Un mois après le meurtre du rappeur Pavlos Fyssas, les autorités n’en finissent plus de démanteler le réseau criminel du parti d’extrême droite. Pourquoi le musicien, qui était grec, a-t-il été visé par les néonazis ? «Libération» a reconstitué les derniers jours de la victime.

  • Grèce : comment Aube dorée a tué un rappeur

Sur le buffet du salon, les photos forment un petit autel à la mémoire du fils perdu : Pavlos au mariage de sa sœur, Pavlos en concert ou encore Pavlos adolescent. C’était un beau garçon, avec d’immenses yeux noirs, un joli sourire. «Un grand cœur surtout. Tout le monde s’attachait immédiatement à lui», murmure Magda, sa mère, hypnotisée par les images des jours heureux. «Je ne l’ai pas vu ce soir-là. Mais je voudrais tellement pouvoir remonter le temps, lui déconseiller de sortir, le retenir», chuchote-t-elle, la voix brisée. Derrière elle, Panagiotis, le père de Pavlos, ne réagit pas, muré dans sa douleur. Depuis le meurtre de leur fils, Magda et Panagiotis errent sans fin dans la pénombre de leur appartement de Keratsini, une banlieue populaire de l’ouest d’Athènes, juste à côté du Pirée. Incapables de se résoudre à ce drame, qui a «détruit notre famille», finit par lâcher Panagiotis, le regard éteint. Lui souhaiterait surtout qu’on «ne juge pas seulement l’assassin, mais qu’on remonte toute la chaîne, qu’on arrête et condamne tous ceux qui ont rendu ce meurtre possible».

Deux coups de couteau reçus en plein cœur ont fait de leur fils un symbole : celui de la dérive criminelle du parti d’extrême droite Aube dorée, entré pour la première fois au Parlement grec en 2012. Pavlos Fyssas, rappeur de 34 ans, aurait certainement préféré devoir sa célébrité à ses chansons. Il a fait la une des journaux grecs en martyr, poignardé dans la nuit du 17 au 18 septembre par des militants d’Aube dorée, une formation désormais ouvertement qualifiée de néonazie. La mort du jeune homme, un soir de match de foot dans une banlieue populaire, va déclencher en quelques jours un séisme politique et se transformer en affaire d’Etat. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie, en 1974, l’état-major d’un parti représenté au Parlement se retrouve passible des plus graves poursuites pénales.

Un mystérieux arsenal de 4 000 armes

Depuis le 16 octobre, six députés d’Aube dorée ont perdu leur immunité parlementaire. Une semaine plus tard, les néonazis se sont vus privés du financement d’Etat accordé à toutes les formations représentées au Parlement. Le leader du parti, Nikos Michaloliakos, dort en prison depuis le 30 septembre avec deux de ses lieutenants, accusés de «participation à une organisation criminelle», le délit le plus lourd pour lequel peuvent être poursuivis des parlementaires, dans un pays où la Constitution ne permet pas d’interdire une formation politique. Le coup de filet des autorités s’est également étendu aux forces de l’ordre : plusieurs policiers ont été arrêtés, certains de leurs chefs poussés à la démission, parmi lesquels rien de moins que le directeur adjoint des services secrets. Ils sont soupçonnés d’avoir, au mieux, fermé les yeux sur les activités des néonazis grecs, qui ne se contentaient pas de collectionner les posters de Hitler et les casques des Waffen-SS dans l’intimité de leur domicile. Ceux-ci sont en effet soupçonnés d’être mêlés à divers rackets et réseaux de prostitution, et d’avoir organisé des camps de vacances paramilitaires où l’on promettait aux jeunes recrues d’«entrer un jour au Parlement avec les tanks», comme l’aurait confié un repenti aux juges chargés de l’enquête sur le meurtre de Pavlos Fyssas. La police recherche d’ailleurs toujours un mystérieux arsenal de 4 000 armes qu’Aube dorée aurait caché quelque part dans le pays, selon les confidences d’un ancien militaire britannique.

Il aura donc fallu la mort d’un jeune rappeur pour faire tomber les masques ? Après le crime, nombreux sont ceux qui ont souligné l’importance de ce «mort de trop» qui aurait réussi à réveiller l’opinion et les autorités. Car Pavlos Fyssas était grec, contrairement aux précédentes victimes d’Aube dorée, quasi exclusivement des immigrés. Mais cela ne répond pas à la question essentielle : comment Aube dorée, ce parti qui se prétend farouchement nationaliste, réservé «aux seuls Grecs de souche», a-t-il pu franchir ce pas de trop et assassiner un jeune Grec en pleine rue ? Qui a réellement guidé la main du meurtrier, un camionneur de 45 ans, père de deux enfants, à l’allure plus que banale, et qui avait en principe tout à perdre en s’impliquant dans un crime ?

En réalité, il s’en est fallu de peu pour que personne ne s’intéresse au meurtre de Pavlos et que son assassinat reste une affaire locale, vite classée sans suite. C’est le soir du crime que le scénario a dérapé. Grâce au réflexe inattendu d’une policière. Ce 17 septembre, Pavlos retrouve sa petite amie, Chryssa, et quelques copains pour aller voir la rencontre entre l’Olympiakos et le Paris-Saint-Germain. Comme tous les jeunes de la région du Pirée, Pavlos est un supporteur d’Olympiakos, prêt à hurler au moindre penalty raté. «Ils sont arrivés juste avant le début du match. Je m’en rappelle très bien car je connaissais Pavlos de vue, même si je ne savais pas qu’il était rappeur. Pour moi, c’était juste un jeune du quartier, confie le patron du Coralie Café, un bar de Keratsini dont la terrasse couverte dispose d’un grand écran plat. Pendant la rencontre, rien à signaler : Pavlos et sa bande buvaient des bières, l’ambiance était assez animée, comme à chaque fois que l’Olympiakos joue. Mais sans aucun débordement.» Lui affirme ne pas avoir remarqué les deux ou trois types (les versions divergent) qui, selon certains témoins, auraient envoyé des SMS en observant Pavlos pendant le match. «Ce n’est qu’à la fin de la soirée, quand tout le monde sortait du café, que j’ai aperçu moi aussi cette bande, surgie de nulle part, sur le trottoir d’en face», poursuit le patron.

«Il s’est retrouvé seul face à eux»

Une vingtaine d’hommes déjà échaudés commencent alors à interpeller le rappeur et ses amis, qui traînent encore dans la rue. Que se passe-t-il ensuite ? Le groupe de Pavlos décide de quitter les lieux en remontant vers la rue Tsaldari, une grande avenue commerciale située un peu plus haut. Vraisemblablement un peu inquiet, Pavlos aurait alors conseillé à ses camarades de partir en courant. «Il s’est retrouvé seul face à eux. C’est tout à fait son style : sans être bagarreur, il n’aimait pas montrer qu’il avait peur. Il répétait qu’on peut toujours raisonner les gens», soupire son père, Panagiotis.

Très vite, le ton monte. Trois hommes se détachent du groupe et se rapprochent de Pavlos, le bousculent. Restée en retrait, Chryssa, sa petite amie, voit tout et s’alarme. Elle tente d’alerter un groupe de policiers qui, curieusement, observent passivement la scène à distance. En vain. Elle les supplie encore, lorsqu’une voiture arrive soudain en trombe et s’arrête pile devant l’attroupement. Un homme en sort, saisit Pavlos comme s’il voulait l’embrasser et lui plante deux coups de couteau en plein cœur. Avant de s’effondrer, le jeune homme a juste le temps de montrer son meurtrier aux policiers qui ont fini par se rapprocher.agonie

Un stage pour apprendre «à trancher une carotide»

C’est à ce moment-là que, rompant avec l’inertie de ses collègues, une policière sort soudain son arme, la braquant sur l’assassin. Lequel semblait tellement certain de son impunité qu’il s’attardait encore dans sa voiture après avoir jeté le poignard dans le caniveau. «Sans le courage de cette policière qui a arrêté le meurtrier, on en serait encore à spéculer sur les causes d’un meurtre jamais revendiqué. Et certains affirmeraient toujours qu’il s’agit juste d’une bagarre d’après-match qui a mal tourné», souligne le célèbre journaliste Pavlos Tsimas de Mega TV, la principale chaîne privée.

Dans un premier temps, c’est d’ailleurs la version qui s’impose : une embrouille entre jeunes de banlieue liée au foot. Mais la justice découvre très vite que Georges Roupakias, le meurtrier arrêté, est membre d’Aube dorée. Et l’examen de son portable révèle qu’il a appelé plusieurs responsables du parti, juste avant et juste après le crime. «Georges était à la maison, on l’a appelé et il est sorti tout de suite», confessera sa femme.

Georges Roupakias a-t-il également fait partie de ces recrues envoyées en stage pour apprendre «à trancher une carotide», comme l’ont révélé aux juges plusieurs transfuges d’Aube dorée, qui évoquent aussi «un véritable catéchisme de la haine» ? Encarté depuis seulement un an, il était payé par le parti et apparaît sur plusieurs photos prises lors des rassemblements organisés par les néonazis, malgré les dénégations initiales des chefs d’Aube dorée, qui ont d’abord affirmé ne pas le connaître. Ces derniers vont être, eux aussi, rapidement interpellés. Grâce aux dossiers détenus par les services secrets grecs, qui les avaient placés sur écoute depuis longtemps.

Coïncidence du meurtre et d’une manifestation

On peut s’en féliciter. Mais certains commentateurs ont fait part de leur trouble : ainsi la police avait sous le coude de quoi les coffrer depuis longtemps… Pourquoi, alors, n’a-t-elle pas agi plus tôt ? «Aube dorée a longtemps joué un rôle bien commode. Ce parti est devenu populaire en se déclarant “antisystème”, opposé à la classe politique traditionnelle que tout le pays déteste. Mais ce n’est qu’une apparence. Au Parlement, Aube dorée a toujours voté comme le gouvernement : pour les licenciements, les privatisations, les baisses de salaire. Même topo pour ses agressions contre les étrangers : elles permettaient aussi de justifier ou minimiser l’impact des politiques contre l’immigration. La nuit, Aube dorée orchestrait des pogroms ; le jour, le gouvernement encourageait les rafles et les emprisonnements des migrants dans des camps où les conditions de vie sont inhumaines, explique dans son bureau du centre d’Athènes Dimitri Zotas, avocat de plusieurs immigrés victimes du parti néonazi. Le problème, c’est qu’Aube dorée a fini par échapper à ses démiurges. Forts de leur popularité en hausse, à près de 15% à la veille du meurtre de Pavlos, jamais inquiétés pour leurs agressions contre les immigrés, les néonazis se sont sentis invulnérables. Ils ont cru qu’ils pouvaient aller encore plus loin, peut-être trop loin.»

Mais pour ce militant des droits de l’homme, le sursaut des autorités et le gigantesque coup de filet qui a suivi le meurtre tiennent à une coïncidence : «L’assassinat de ce jeune homme a eu lieu en plein mouvement social. Le 18 septembre, le jour où le drame est connu, une immense manifestation était prévue dans le centre d’Athènes. Elle va se déplacer à Keratsini, où il n’y a jamais eu autant de monde dans la rue. Le gouvernement a compris tout de suite qu’il y avait un risque de convergence entre la contestation sociale et l’émotion suscitée par ce crime. Et c’est pour éviter des émeutes, comme celles qui ont enflammé Athènes en 2008 après la mort d’un manifestant de 15 ans, qu’ils se sont décidés à casser cette alliance implicite avec les néonazis», croit savoir l’avocat.

Le jeune manifestant tué par un policier en 2008 s’appelait Alexis Grigoropoulos. Pavlos Fyssas lui avait dédié une chanson, sans savoir qu’il le rejoindrait au panthéon des jeunes martyrs victimes de la violence. Mais, d’ailleurs, pour quelle raison précisément le rappeur est-il devenu un martyr ? En écoutant les paroles de ses chansons, on peut être intrigué. Il y est certes question d’intolérance et de forces obscurantistes. Mais rien qui évoque directement Aube dorée. Les paroles sont bien plus virulentes lorsqu’il dénonce les effets dévastateurs de la crise pour une jeunesse privée d’avenir, ou lorsqu’il se propose de «baiser» Angela Merkel dans son dernier titre. Alors, pourquoi Aube dorée aurait-il fait de ce jeune homme, qui n’appartenait à aucun parti et n’était pas non plus une star du hip-hop, une cible à abattre ? «Entre deux chansons évoquant vaguement les dangers du fascisme, Pavlos en composait quatre sur les gonzesses ou la crise», confirme son ami d’enfance Petros Poundivis.

Ce géant, qui ressemble à un Mister T. grec, est lui aussi rappeur, membre du groupe PsyClinic TactiX. Mais c’est d’abord un ouvrier. Comme le fut Pavlos. Avant d’envisager une carrière artistique, les deux garçons se sont cassé le dos comme leurs pères aux chantiers navals de Perama, la grande zone portuaire industrielle d’Athènes, qu’on appelle précisément «la Zone». Un vaste périmètre fermé où des entrepôts aux murs tagués longent les quais face à quelques cargos rouillés. «Pavlos a décroché au bout de cinq ans. C’est un boulot très dur, les accidents sont fréquents. Mais il s’est toujours considéré comme un enfant de la classe ouvrière. Il refusait d’appartenir à un parti, mais son nom figure toujours sur la liste des membres du Syndicat des métallos. Ici, il était très populaire, c’était une grande gueule, toujours prêt à l’ouvrir pour défendre les victimes de la crise dans le quartier, et c’est pour ça qu’on l’a tué», assène Petros.

Lourdement frappée par la crise, la Zone reste le dernier bastion rouge dans une région où les néonazis gagnent chaque jour du terrain. Perama, Nikaia, Keratsini : les quartiers de la région du Pirée ont été dévastés par six ans de cure d’austérité. «Le démantèlement des services publics, les licenciements massifs ont poussé les gens au stade de la survie. Un quart des foyers de Perama n’ont plus l’électricité, car ils n’ont plus les moyens de la payer. Alors, forcément, certains se montrent sensibles aux sirènes d’un parti qui crie “tous pourris”, désigne les immigrés comme responsables et distribue des conserves et des pâtes…» soupire Petros. Reste donc la Zone, tenue depuis toujours par PAME, le syndicat proche du parti communiste KKE, qui continue à résister aux pressions patronales. «Ils font le forcing au nom de la crise et veulent abolir les conventions collectives, nous réduire à des salaires du niveau de l’Inde. Entre eux et nous, c’est la guerre», souligne encore Petros.

Trois jours avant le meurtre du rappeur, un incident a frappé les esprits : le soir du 14 septembre, des militants communistes de la Zone se trouvent sur la bien nommée avenue de la Démocratie. Ils collent des affiches pour annoncer un festival, lorsqu’ils sont soudain attaqués par une cinquantaine de membres d’Aube dorée. «C’était très impressionnant. Ils ont débarqué en colonnes, de toutes les rues adjacentes, armés de gourdins et de pieux. Deux flics à moto étaient là aussi, un peu à l’écart. Ils n’ont pas bougé lorsque les pierres et les coups de bâton se sont abattus sur nous», explique Sotiris Poulikogiannis, un quadragénaire énergique qui dirige le Syndicat des métallos de la Zone. Résultat : neuf syndicalistes blessés, dont certains grièvement.

«Bras armé des armateurs»

«C’était la première fois qu’ils osaient nous attaquer aussi ouvertement. Pourtant, on savait que quelque chose était dans l’air. En août, en pleine période creuse, l’un de leurs responsables locaux s’est risqué à venir ici, dans la Zone. Il a tenu une réunion au cours de laquelle il a promis de nous détruire, de nous chasser d’ici», renchérit Thanassis Panagiotopoulos, lui aussi syndicaliste. L’homme qui proférait ces menaces en août, Yannis Lagos, député d’Aube dorée, est aujourd’hui en prison. Il fait partie de ceux qui ont communiqué plusieurs fois par téléphone avec l’assassin de Pavlos Fyssas, juste avant et après le crime. «Tout ça fait partie d’une stratégie : pour briser la résistance aux mesures d’austérité, il faut éliminer ceux qui se révoltent, il faut insuffler la peur. Tout le monde ici connaît les liens d’Aube dorée avec les armateurs et les grands industriels. Leurs réunions plus ou moins secrètes ont été révélées par la presse. Au Parlement, les députés fascistes votent toujours pour les armateurs, et sur le terrain, ils en sont le bras armé», affirme encore Thanassis.

Propos excessifs ? A la mi-octobre, une perquisition chez un armateur en fuite, soupçonné d’avoir favorisé la constitution du fameux arsenal que tout le pays recherche, a permis de découvrir un véritable petit musée à la gloire du nazisme dans une pièce secrète. Les enquêtes sur le financement d’Aube dorée, ouvertes après la mort de Pavlos Fyssas, auraient également confirmé l’implication d’au moins deux autres armateurs, sponsors réguliers des néonazis.

«Le monstre a fini par resurgir de sa tanière», soupire Dimitri Kousouris. Cet historien de 35 ans, spécialiste de la Grèce contemporaine, est bien placé pour analyser les racines du mal. Sa thèse, bientôt publiée en France, est consacrée aux collaborateurs grecs pendant la Seconde Guerre mondiale. Une période de l’histoire encore mal digérée en Grèce où, juste après l’occupation allemande, les horreurs du nazisme seront effacées par la violente guerre civile entre communistes et conservateurs. Bien des démons sont restés tapis dans l’ombre grâce à cette mémoire ambiguë. «Chaque camp a cultivé ses victimes. Ainsi la droite nationaliste commémore encore chaque année à Méligala, dans le Péloponnèse, les collaborateurs tombés sous les balles de la résistance communiste, laquelle a dû attendre 1981 et l’arrivée de la gauche au pouvoir pour être enfin reconnue officiellement comme le principal mouvement national de résistance à l’occupation», souligne Dimitri Kousouris, qui pointe le même processus d’amnésie pour la période plus récente de la junte des Colonels, au pouvoir de 1967 à 1974 : «On s’est contenté de juger quelques militaires accusés pour le coup d’Etat, pas pour la dictature. Et juste une épuration superficielle dans la fonction publique», rappelle-t-il.

«Les gens oublient le passé»

Mais pour le jeune historien, la mort de Pavlos Fyssas a réveillé des souvenirs plus personnels : il y a quinze ans, un soir de juin, lui aussi a failli mourir sous les coups des sbires d’Aube dorée. Lui aussi se trouvait dans un café, lui aussi était un symbole, jeune syndicaliste du mouvement étudiant, alors très mobilisé contre une réforme de l’éducation. Massacré à coups de bâtons et de pieux ce 18 juin 1998, il restera plusieurs jours entre la vie et la mort. Comme pour Pavlos Fyssas, la police prétendra d’abord qu’il s’agissait d’une bagarre entre jeunes liée au foot. Seul le chef de ses agresseurs, un jeune leader qui faisait alors figure d’étoile montante au sein d’Aube dorée, sera jugé : après sept ans de fuite, celui qui se faisait appeler «Périandros» en référence au tyran de Corinthe sous l’Antiquité se rendra de lui-même à la police. Le procès se déroulera sous tension, marqué par les menaces et les provocations des militants d’Aube dorée. Condamné à vingt-et-un ans de prison, Périandros n’en fera que quatre et sera libéré en 2009.

«Reste qu’en 1998, Aube dorée n’était encore qu’un petit groupe marginal. Aujourd’hui, c’est devenu un mouvement en pleine ascension, souligne l’historien. Il ne faut pas s’en étonner : dans cette période de crise extrême, la xénophobie, l’intolérance, la violence, qui sont diluées au sein de la société, se retrouvent exacerbées. Les gens oublient le passé et ne peuvent même plus imaginer l’avenir. Seule compte la survie au présent.»

Pavlos Fyssas avait un nom de scène : Killah P., pour kill the past («tue le passé»). Mais personne ne peut tuer le passé, il resurgit toujours au pire moment. «Le temps est venu d’avoir peur», avait prédit Nikos Michaloliakos, au soir des élections de juin 2012. Ce soir-là, un nostalgique des Colonels, admirateur de Hitler, venait d’entrer au Parlement.

http://www.liberation.fr/planete/2013/10/25/grece-aube-doree-contre-enquete-sur-un-assassinat_942403

 

Au procès du néonazi norvégien Varg Vikernes : « Ferme ta merde ! »

https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20131017.RUE9570/au-proces-du-neonazi-norvegien-varg-vikernes-ferme-ta-merde.html

Ce jeudi devait se tenir le procès du Norvégien Kristian dit « Varg » Vikernes, musicien de black metal norvégien à l’origine du projet solo Burzum, créé en 1991. En juillet, il avait été interpellé à Salon-la-Tour, en Corrèze…

Par Lucile Sourdès

Ce jeudi devait se tenir le procès du Norvégien Kristian dit « Varg » Vikernes, musicien de black metal norvégien à l’origine du projet solo Burzum, créé en 1991. En juillet, il avait été interpellé à Salon-la-Tour, en Corrèze (où il vit avec sa femme française et ses enfants) en raison de textes publiés sur son blog. Selon le ministère de l’Intérieur, Vikernes «  était susceptible de préparer un acte terroriste d’envergure  ».

Il comparaissait ce jeudi pour « provocation publique à la haine raciale » et « apologie de crime de guerre ». Sa femme, Marie Cachet, avait posté une vidéo sur YouTube pour appeler à un rassemblement devant le palais de justice de Paris.

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A 13 heures, une quarantaine de personnes étaient au rendez-vous, bottes en cuir et tenues noires. Certaines venaient de Belgique et de Slovaquie. Une grande bannière indiquait : « Procès Vikernes : mensonge d’Etat. »

Serrages de mains, accolades : les fans qui ont réussi à rentrer dans la 17e chambre correctionnelle se sont succédés pour lui montrer leur soutien.

« You’re fantastic, I’m with you »
(« Tu es fantastique, je suis avec toi. »)

Sa sortie d’audience a été accompagnée d’applaudissements des personnes venues le soutenir, et derrière le palais de justice, il a joué le jeu des photos et des autographes avec ses fans metalleux avant de sauter dans un taxi.

N’ayant reçu les 912 pièces du dossier de son client que ce lundi, son avocat, maître Julien Freyssinet, a demandé et obtenu le renvoi du procès au 3 juin 2014.

Pour rappel, en 1993, Varg Vikernes a été condamné à 21 ans de prison pour le meurtre de son ami Øystein Aarseth, surnommé Euronymous, leader du groupe de black metal Mayhem, et l’incendie volontaire de trois églises. Il a été libéré en 2009, après avoir purgé seize ans de sa peine.


Mis à jour le 18/10/2013. Ce jeudi, Dieudonné comparaissait également en appel pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson (« Shoah ananas ») dans deux vidéos postées sur Internet.

Le soir même, une vidéo était mise en ligne montrant Vikernes faisant la « quenelle » – geste consistant à placer sa main ouverte sur son bras opposé, référence au salut hitlérien – popularisée par Dieudonné. Dans la vidéo, le Norvégien dit :

« Je fais la quenelle de Dieudonné pour la liberté d’expression. »
Varg Vikernes fait la « quenelle »

 

Lucile Sourdès

A lire aussi : Le néonazi norvégien arrêté en Corrèze, une légende du black metal

 

Le nouveau bar d’extrême droite qui inquiète Anne Hidalgo

L’extrême droite radicale parisienne tente de renaître  de ses cendres. Avec les dissolutions de l’été, et la mise sur la touche de l’œuvre française et de Troisième voie,  le petit milieu parisien est orphelin d’organisation et de lieux. Ses militants essayent donc de se recomposer. En rouvrant un bar associatif dans le 15e arrondissement. D’ailleurs, Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris et élue du 15e, s’en est déjà inquiétée auprès de ses proches.

La dissolution de Troisième voie, notamment, a privé la mouvance d’un point d’ancrage. Le mouvement de Serge Ayoub possédait en effet, Le Local, bar associatif dans le 15e qui était un point de rencontre très couru par les militants de tout le spectre.

C’est un ancien hooligan, Logan Djian qui a décidé de reprendre tout ça en main et d’ouvrir un nouveau bar associatif, “Le Crabe-Tambour”, rue Chabrières. Ancien militant de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes, il se plaît à utiliser le doux pseudonyme de “Logan Duce”. Logan D présente encore la particularité s’être fait tatouer une  jeune femme pendue sous laquelle  est écrit “J’ai trahi ma race”..

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En tout cas, en cette rentrée 2013, il s’agite dans tous les sens. Jeudi 17 octobre, il était présent au palais de justice de Paris pour soutenir le norvégien Varg Vikernes, figure de la scène black-métal, interpellé mi-juillet par la DCRI, et qui comparaissait, au final,  pour “apologie de crimes de guerre” et “incitation à la haine raciale”(l’audience a été reportée).  Logan D vient aussi de refonder le GUD et, donc,  d’ouvrir son bar.

Problème: ce rendez-vous, qui connaît déjà un certain succès, est situé à deux pas du lycée autogéré de Paris, place forte de l’extrême gauche, et du centre Vaugirard, qui réunit une partie des étudiants de l’université d’Assas. Un lieu à hauts risques, donc.

Abel Mestre et Caroline Monnot

Le Monde

Metalhead (2013)

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Metalhead (en islandais : Málmhaus) est un film dramatique islandais écrit et réalisé par Ragnar Bragason, sorti en octobre 2013.

Le film a été présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto dans la catégorie Contemporary World Cinema en 2013. Il fait partie de la sélection du festival FanTasia à Montréal en 20141.

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Synopsis

En 1970 dans un petit village islandais, à l’époque où Black Sabbath marquait la naissance du heavy metal en enregistrant son premier album, naissait Hera Karlsdottir (Diljá Valsdóttir puis Þorbjörg Helga Dyrfjörð), second enfant d’une jeune famille de fermiers. Elle connait, avec son frère ainé Baldur, une enfance heureuse et sans soucis jusqu’à ce qu’un jour, le 13 aout 19832, à l’été de ses onze ans2, elle soit témoin d’un accident tragique sur la ferme dans lequel son frère perd la vie.

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Comme ses parents, Hera est perdue, envahi par le chagrin. Ne pouvant surmonter sa douleur, elle trouve du réconfort dans la musique sombre du Heavy Metal que son frère aimait tant. Elle se refait à son image, apprenant la guitare, répétant les pièces favorites de ce dernier et portant même ses vêtements. La musique devient le centre de sa vie, seule bouée qui garde vivant ce frère absent. Cette passion lui maintient la tête hors de l’eau, car malgré près d’une décennie depuis la tragédie, la mort de Baldur continue de planer sur elle et sa famille qui sombre dans un silence insoutenable.

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Dans la jeune vingtaine (1992)2, alors que ses parents tentent de se fondre dans le reste de la communauté rurale en cachant leurs problèmes en public comme ils le font en privé, Héra s’éloigne de tous à travers des petits actes rebelles. Devenue une musicienne Heavy Metal accomplie, elle aurait assez de talent pour réussir si elle tentait sa chance, mais paralysée par ses craintes et sa douleur elle se rebelle plutôt au point de devenir délinquante. Incomprise des gens de son village, elle se sent prise au piège et adopte une attitude de plus en plus destructrice qui ne lui attire que des ennuis.

L’arrivée d’un jeune prêtre aux idées nouvelles, Janus (Sveinn Ólafur Gunnarsson), vient bouleverser sa vie. Pour une première fois, elle peut échanger avec quelqu’un qui comprend ce qu’elle est, ce qu’elle aime et qui l’encourage à surmonter ses craintes pour aller de l’avant avec ses propres compositions. Prenant les interventions de ce dernier pour de l’amour, elle fera face à une grande déception qui la mènera à poser un geste regrettable. Elle tentera par la suite de changer complètement sa vie à l’aide d’un ami d’enfance, Æskuvinur hennar Knútur (Hannes Óli Ágústsson). Amoureux d’elle depuis toujours, il lui proposera une vie rangée, paisible à cent lieues de ses aspirations musicales, de son style de vie et des problèmes qui en résultaient. L’arrivée de trois musiciens prêts à endisquer une démo postée par Hera sur un coup de tête sur les encouragements du jeune prêtre, placera cependant cette dernière devant un choix difficile : celui de trouver sa propre voix, de réaliser qu’elle ne peut fuir sa douleur toute sa vie, de se choisir et de grandir. Dans l’obscurité on trouve parfois la lumière.

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