Varg Vikernes, “génie et part d’ombre du black metal” selon slate

Nettoyage de l'article et précisions :
l'article est intéressant, semble écrit par un fan de burzum, mais j'y apporte mes commentaires et j'ai rayé des passages, plutôt que de couper les passages problématiques.

l'erreur la plus important consiste à dire que burzum n'est pas affilié à la "politique"
- c'est confondre "politique" et "métapolitique"
- dés les années 1990 la gestion des droits de burzum sont jumelés à la promotion volkisch de vikernes, ainsi qu'à hendrik mobus, élargie a w. pierce en amérique du nord pour le compte du réseau de distribution resistance records, la branche musicale métapolitique white power.
La terminologie utilisée par l'auteur ne convient pas du tout : 

- "Génie" : il est plutôt question d'un type connu comme gourou terroriste et promoteur völkisch occulte et producteur a succès depuis 1992.

- "disques essentiels" : pas du tout ! disques de merde, et néfastes, musicalement et historiquement.

- "son message politique ne transparaît pas", il est question de stratégie métapolitique fasciste à posture apolitique de façade, la weltanschauung proposée par vikernes est l'essence de sa musique apolitéïque

- "poétique et contemplatif" casserolade viking faf bourgeoise de taulard chéperr et nazi A LA MODE depuis 30 ans, et chouchou des bobos hipsters geeks depuis internet.

- "Et sans réel message politique, sinon de l'antichristianisme et des textes païens ou abstraits " : c'est un disque enregistré en prison ! par un meurtrier néonazi d'une figure essentielle du black metal, vikernes finance la promotion völkisch et les droits de burzum à l'échelle de sa diffusion mondiale et la fnac ... depuis 30 ans, cymophane est dans le giron resistance records depuis l'été 1999 pour l'amérique du nord
quel message politique occulte et invisible !
...etc.
 
- sont supprimés de l'article : des photos promotionnelles de vikernes, des audio officiels de burzum, ainsi que les liens vers tout les contenus vikernes, cymophane, thulean perspective, ... et autres ainsi que les liens morts bannis depuis 2013

Arrêté en Corrèze mercredi et soupçonné de préparer une action terroriste à la Breivik après avoir déjà passé seize ans en prison pour meurtre, le leader du groupe Burzum est aussi l’auteur de plusieurs disques essentiels où son message politique ne transparaît pas.

Mini-Breivik», «néonazi»... Les qualificatifs ont fusé pour décrire Varg Vikernes lors de son arrestation avec son épouse française, mardi 16 juillet, en Corrèze. L’image du criminel suspecté de «préparer un acte terroriste de grande envergure», selon le ministère de l’Intérieur, a pris le pas sur celle du musicien de génie derrière le groupe Burzum.

Peut-on en vouloir aux médias ? Pas vraiment, tant l’histoire du black metal s’est aussi écrite dans la violence. Néanmoins, Varg Vikernes a toujours tracé une frontière claire entre l’artiste et l’homme dans l’ensemble de son œuvre. Petite séance de rattrapage…

L’histoire du petit Kristian Vikernes débute en Norvège dans les années 70. Comme pas mal de gamins de Bergen, Varg s’ennuie comme un rat mort dans cette ville aux allures de Disneyland scandinave. Pour tromper l’ennui, il joue aux jeux de rôles et développe une fascination pour la mythologie nordique et les écrits de Tolkien.

Du pain bénit pour les journalistes qui écriront plus tard à son sujet. Seulement voilà, Kristian a une grille de lecture plutôt originale de la géopolitique de la Terre du Milieu. Pour lui, hobbits, elfes et nains incarnent le rouleau compresseur de la chrétienté à l’origine de la destruction des pratiques ancestrales païennes, alors que les armées de Sauron sont en fait les good guys, de valeureux Vikings qui ne cherchent qu’à défendre et étendre leur territoire.

En toute logique, Kristian renomme son premier groupe, Kalashnikov, en Uruk-Hai (une race d’orcs guerriers dans le Seigneur des Anneaux), avec des paroles aussi inteligentes que «Uruk-Hai / You will die!». Rebaptisé Varg («loup» en norvégien) pour l’occasion, il rejoint Old Funeral, formé par les futurs membre de Immortal.

Mais voilà, le death metal bas du front et plein de clichés, Varg Vikernes, 18 ans à peine, l’exècre. Les clubs technos de Bergen l’intéressent bien plus que les vestes à patchs. Sobre, il se met à rôder silencieusement dans ces lieux pour s’imprégner des vibrations et de la puissance froide et répétitive de la musique électronique.

Il quitte Old Funeral, vire les membres d’Uruk-Hai et fonde en 1991 Burzum, signifiant «Ténèbres» dans la langue du Mordor. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il s’agira d’un one-man band, façon Hasil Adkins à clous.

Du métal faisons table rase

À quelques kilomètres de là, Øystein «Euronymous» Aarseth se met en tête de faire la musique la plus offensive du monde, avec pour influences principales Venom et Bathory. Il fonde Mayhem et écrit les riffs qui deviendront la syntaxe originelle du black metal.

Aarseth et Vikernes n’ont a priori pas grand chose en commun et des idéologies diamétralement opposées : Euronymous est communiste* [communiste ! vraiment ? cette affirmation pose question] alors que Varg Vikernes semble déjà impliqué dans des groupuscules d’extrême-droite — dans son Encyclopedia of White Power, le chercheur Jeffrey Kaplan le décrit à l’époque comme impliqué dans un mouvement «skinhead national-socialiste».

Mais la volonté de faire table rase d’un metal vérolé par les clichés et les excès des années 80, le tout saupoudré d’une haine féroce de la religion, va sceller leur courte mais intense union pour les années à venir. Leurs approches diffèrent: là où Deathcrush de Mayhem imagine un black metal ultraviolent et frontal, les premiers enregistrements de Varg Vikernes développent un son atmosphérique basé sur des progressions beaucoup plus lentes. Une approche radicale, novatrice et sensible dans un milieu gonflé à la testostérone.

Les deux groupes s’inspirent et se nourrissent mutuellement, Euronymous sortira le premier album de Burzum et un EP, Aske, sur son label Deathlike Silence Productions, et Vikernes assurera la basse sur le premier LP de Mayhem, De Mysteriis Dom Sathanas (1993).

Joyeux drilles excités du briquet

Dans les caves d’Helvete (la boutique de disques d’Øystein Aarseth, qui servait aussi de repaire aux membres de la scène black norvégienne), ils fondent, un peu comme une blague, le Black Metal Inner Circle, une bande de joyeux drilles excités du briquet. Varg Vikernes se met à incendier des églises centenaires en bois debout avec ses complices (la Stavkirke de Fantoft, pour ne citer qu’elle), acte qu’il considère comme une juste rétribution pour les exactions de la chrétienté à l’encontre de la culture païenne nordique.

Plusieurs membres du cercle sont suspectés, mais seul Vikernes endossera la responsabilité de ces incendies criminels dans une interview supposée rester anonyme. Le 20 janvier 1993, la Norvège découvre l’existence de la scène black metal sous les traits d’un Vikernes belliqueux dans les colonnes du quotidien Bergens Tidende.

L’affaire des églises brûlées attire l’attention sur la scène et le black metal devient un genre populaire comme un autre en Norvège. On soupe des vestes à clous et du corpse paint à tous les rateliers, tout le monde se réclame sataniste pour grappiller péniblement un peu de street cred’. Les tensions commencent à se faire sentir entre les deux pères fondateurs et la méfiance s’installe.

Le 10 août 1993, Vikernes se rend chez Euronymous, sous le prétexte d’un différend commercial à régler, armé d’une dizaine d’armes blanches. Il poignarde le guitariste de Mayhem à plusieurs reprises, et —en toute intelligence— aurait, selon la légende, laissé des contrats discographiques maculés de ses empreintes ensanglantées sur la scène de crime. Plus intelligent encore, il parade le lendemain dans les locaux de sa maison de disque, costume de guerrier et gourdin à la main, pour une session photo qui restera dans les annales du metal.

Disques poétiques et contemplatifs

Retour à la case prison, où il a déjà fait un court séjour dans l’affaire des églises: cette fois, c’est pour 21 ans ferme, un verdict accueilli avec le plus beau des sourire. La légende prend le pas sur la musique, laissant en rade les poseurs. Le black metal n’est pas que de l’apparat pour effrayer les grand-mères, c’est un mode de vie pour les «vrais» —les «Trve». La Norvège vient de l’apprendre à la dure.

Hvis Lyset Tar Oss (1994) puis Filosofem (1996) sortent au début de son incarcération. Alors que le black metal commence à s’engluer dans le symphonique et la grandiloquence, Varg Vikernes prend le genre à revers avec des morceaux comme Dunkelheit, lents, poisseux et mal produits (la légende veut que la voix fut enregistrée avec un micro d’ordinateur et la guitare branchée sur un mini-amp à piles).

Poétique et contemplatif, mû par une recherche constante de radicalité, ce dernier disque reste encore aujourd’hui l’un des mètres-étalons du genre. Et sans réel message politique, sinon de l’antichristianisme et des textes païens ou abstraits:

«When night falls
She cloaks the world
In impenetrable darkness
A chill rises
From the soil
And contaminates the air
Suddenly… Life has new meaning»

Mais Vikernes est déjà loin. Son pote Fenriz du groupe Darkthrone continue à lui envoyer de la musique en prison, mais il n’y a que la politique qui semble l’intéresser. Durant ce qu’il considère comme une «retraite», il alimente un site néonazi de ses théories racialistes et pose tranquille en chemise brune dans sa cellule, un bras tendu vers l’avenir et la coupe bien dégagée autour des oreilles.

Varg Vikernes en prison en 1995

En parallèle, les groupes de NSBM (pour national socialist black metal) commencent à fleurir un peu partout en Europe, mais Vikernes garde ses distances avec cette communauté qui l’aurait probablement porté en leader. Ces mêmes nazillons qui auraient aimé trouver un message «éclairé» dans la musique de Burzum se retrouvent sur le carreau: les deux albums suivants, Dauði Baldrs et Hliðskjálf, enregistrés en prison, sont entièrement instrumentaux.

pendant que Vikernes est incarcéré les droits de Burzum sont gérés par Hendrik Möbus, libéré en 1996-97 qui les négocie à l'été 2000 avec W. Pierce pour Resistance Records.

Juste des longues plages d’ambient enregistrées au synthéthiseur (les autres instruments lui étant interdits), inspirés de légendes nordiques. Ou quand Charles Manson rencontre Brian Eno quelque part au Moyen-Âge, sans aucune branche de svastika à laquelle se raccrocher pour les fachos.

il est plutot question de nsbm volkisch dés les années 90 qui trouve parfaitement son essors commercial mondial, plutot que de nsdap metal, de naziskin RAC, ou de nazi hitlérien du 3e reich il ya 100 ans ...

Vikernes déclare d’ailleurs vouloir mettre fin à Burzum, déçu par un public qui ne le comprend pas. Toujours plus loin dans le thug parfum white power, il tente en 2003 de s’évader de la prison haute-sécurité de Tønsberg, dernier coup d’éclat avant de disparaître des radars, comme une bonne partie du True Norwegian Black Metal, d’ailleurs.

Quand le black metal devient branché

Il faudra attendre un an après sa libération anticipée, en 2009, pour entendre un nouvel album de Burzum, Belus. Mais les choses ont bien changé depuis 1993: le black metal est sorti de sa grotte, on voit des kids branchés arborer des hoodies de Mayhem et Burzum de la même façon qu’ils portent un tee-shirt Supreme. «Parce que c’est cool, tu vois.»

Pire encore —infâme sacrilège—, les chroniques du genre bourgeonnent sur Pitchfork, Stereogum et consorts. Finis les fanzines photocopiés, le BM est devenu en surface «fréquentable». L’outsider fait maintenant partie intégrante du paysage indie-plouc.

Varg Vikernes en restera pourtant le vilain petit canard. À la sortie de Belus, beaucoup de chroniques posent la sempiternelle question du «Peut-on dissocier l’artiste de la personne?» La même rengaine dont on usa jadis avec Céline, Dostoïevski, voire Aragon et Sartre.

Parce que, voilà, chroniquer un musicien ouvertement facho dans un paysage black metal poli et pacifié, ça demande un peu de pincettes et que personne ne veut trop se mouiller. Quand l’ambiance générale tend à l’apaisement des climats, à la dédiabolisation du metal et au rachat de façade (comme on a pu voir avec les polémiques autour des déprogrammations du Hellfest), il est plutôt embarrassant d’avoir un vrai méchant comme porte-étendard.

Mais si Varg Vikernes se répand grassement en discours nauséabonds et théories révisionnistes sur le web, sa musique reste encore purgée de toute politique. Du black metal à de bonne facture, irréprochable (les critiques s’accordent là-dessus), puisant une fois de plus son inspiration dans les légendes scandinaves. Pas si simple donc, de tracer une ligne claire et nette dans la fange.

Rêves de grandeur passée

Ces dernières années, la musique de Burzum pouvait finir par se confondre, aux yeux de ses fans, avec la vision très amère que Vikernes a de l’Europe actuelle: une entité moribonde rêvant à sa grandeur passée. La politique a fini par ressurgir, mais pas de la manière attendue.

Varg Vikernes lors de la promo de l’album Umskiptar en 2012 (M.C.)

Fallen (2011) se calque sur son prédécesseur en pilotage automatique et Umskiptar (2012) donne l’impression que Vikernes a complètement déserté l’appareil, à quelques saillies près.

Retranché en France, il enchaîne les provocations et s’amuse à réécrire l’histoire de l’Humanité avec sa femme dans une ambiance «Les Vikings aux grottes de Lascaux». Dans un ultime geste de provocation, il fera ses adieux aux guitares pour tenter de remettre au goût du jour le bontempi sur Sôl Austan, Mâni Vestan (2013), qui marque la fin d’un Burzum avant-gardiste, sinon un pénible retour en arrière.

Et puis, l’arrestation de mardi a remis le Vikernes des faits divers sur le devant de la scène, aux dépens du musicien. En même temps, peut-on décemment attendre de quelqu’un qui a un jour décidé de redéfinir la musique en un crachat à la face du monde qu’il soit un enfant de chœur? Comme le soulignait avec humour sur Facebook Adrien Havet, co-fondateur de Førtifem et spécialiste du genre:

«Alors que de partout explosent d’inquiétude les metalleux, soucieux de voir ternie l’image du metal. Soyez cohérents un peu, merde. Quitte à avoir l’air de gros cons, autant que les gens nous perçoivent comme les pires.»

L‘ADN du black metal réside aussi dans la mythologie extrême qui entoure ses acteurs principaux et cette volonté de rester en marge de la société. Une part d’ombre qui est aussi à assumer.

François Vesin

https://www.slate.fr/story/75476/burzum-varg-vikernes

Quelque semaines plus tard burzum propose un nouveau disque avec un très grand nombre de swastikas affichées en couverture sur la pochette de l’album, battant le record des pochettes RAC aussi.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/aa/Burzum_-_The_Ways_of_Yore.jpg

mais les chroniques des spécialistes n’y voient uniquement “La couverture de l’album est tirée de Merlin et Viviane, une gravure du célèbre artiste français Gustave Doré, réalisée pour le poème de Alfred Tennyson Les Idylles du roi.”

https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Ways_of_Yore

Un néo-nazi norvégien arrêté en France

 

Kristian Vikernes, dit "Varg", était venu s'installer en France après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège.

Kristian Vikernes, dit “Varg”,
le réfugié a trouvé asile à Salon-la-Tour en Corrèze en France
après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège.
© Capture Facebook de Kristian Vikernes

 

Sympathisant de Breivik, il était soupçonné de préparer un “acte terroriste d’envergure”.

Un néo-nazi norvégien et figure du black metal, sympathisant de l’auteur de la tuerie d’Utoya en juillet 2011 Anders Breivik, et son épouse française ont été arrêtés mardi à l’aube en Corrèze. Kristian Vikernes, dit “Varg”, 40 ans, et Marie Cachet, 25 ans, ont été interpellés par les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à leur domicile à Salon-La-Tour, où ils vivaient avec leurs trois enfants, a indiqué cette source, confirmant une information de RTL. Ce néo-nazi était susceptible de préparer un “acte terroriste d’envergure”, a fait savoir  mardi midi le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, tout en reconnaissant qu’il n’y a pour le moment “ni cible, ni projet identifié”.

Adepte des tenues militaires, Kristian Vikernes avait camouflé ses trois voitures :

16.07 maison néo-nazi corrèze 930x620

© Europe1/Benjamin Peter

Quatre fusils achetés par sa femme. Kristian Vikernes, dit Varg, était venu s’installer en France en 2010 après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège, la peine la plus lourde dans ce pays, finalement ramenée à 16 ans. Sa femme, une Française inscrite dans un club de tir, venait d’acheter quatre fusils en toute légalité. Si le Norvégien était depuis plusieurs années l’objet d’une surveillance c’est au début du mois que l’affaire a été judiciarisée, avec l’ouverture d’une enquête préliminaire par la section antiterroriste du parquet de Paris. Une décision consécutive à cet achat d’armement. En perquisition, les policiers ont notamment saisi mardi matin cinq armes longues, dont quatre carabines 22 long rifle.

Raciste et néo-nazi notoire. Raciste et néo-nazi notoire, Kristian Vikernes est par ailleurs un des 500 destinataires du manifeste écrit par Anders Behring Breivik, l’auteur de la tuerie d’Utoya qui a fait 77 morts en juillet 2011. Ce dernier a été jugé pénalement responsable d'”actes terroristes” et condamné à 21 ans de prison en août 2012  [Kristian Vikernes est condamné le 16 mai 1994] par la justice norvégienne. En avril 2011, Kristian Vikernes avait signé une tribune en français sur son site internet personnel. Intitulé “Chère France”, ce texte appelait les Français à voter pour le Front National.

16.07-communiqué-varg

© Capture -site Burzum.org

L’homme  était  considéré par les enquêteurs comme “susceptible de préparer des actions violentes” et à ce titre “jugé dangereux”, a indiqué une source policière. Une source judiciaire a de son côté évoqué une “dangerosité potentielle”. Les enquêteurs s’inquiétaient notamment de messages ouvertement antisémites et xénophobes du Norvégien sur internet à quelques jours de la date du 22 juillet, le triste anniversaire de la tuerie d’Utoya.

Une figure du black métal déjà condamnée. “Varg”, qui signifie le loup, est une figure de la musique black metal, connue au-delà des frontières norvégiennes jusqu’en France. Sa condamnation dans les années 90 avait été prononcée pour plusieurs incendies d’églises et pour l’assassinat de plus de 20 coups de couteau de son ami Oyestein Aarseth, alias Euronymous, ancien leader du groupe Mayhem, groupe culte de ce genre musical.

Varg venait de sortir un disque, le 28 juin dernier, avec son groupe actuel, “Burzum”, ce qui signifie “ténèbres” en langue de Tolkien.

https://www.europe1.fr/international/Un-neo-nazi-norvegien-arrete-en-France-550324

“Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs”

https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/07/16/vikernes-defend-une-europe-blanche-debarrassee-de-tous-les-peuples-metisses-et-des-juifs_5992839_823448.html

Stéphane François est historien des idées et spécialiste des sous-cultures d’extrême droite. Il revient sur Varg Vikernes, néonazi norvégien interpellé mardi matin en Corrèze et sur les relations entre la scène Black metal et l’extrême droite.

Qui est Varg Vikernes ?

C’est un musicien norvégien de la scène Black Metal, une figure importante, même mondiale de ce courant musical. Varg Vikernes, Kristian de son prénom, est surtout connu pour avoir défrayé la chronique dans les années 1990 pour des propos racistes, satanistes et des incendies d’églises plus que millénaires en Norvège.

https://youtu.be/CYJ6H2kKbFE

Il est aussi connu pour avoir tué un membre de son groupe, Øystein Aarseth, alias Euronymous. Il fera de la prison pour cela, 21 ans, la peine la plus lourde en Norvège.

Il a aussi fait quelque chose qui a beaucoup choqué en Norvège, il a pris comme second prénom, Quisling, du nom chef de gouvernement pronazi norvégien pendant la seconde guerre mondiale.

Vikernes fut aussi un ancien skinhead dans sa jeunesse. Il est à la fois un musicien et quelqu’un qui s’est radicalisé avant d’aller en prison mais est devenu « officiellement » néonazi en prison. Varg Vikernes a aussi soutenu un groupuscule néonazi, le « Einsatzgruppe », qui prévoyait de faire des attentats en Norvège. Cette frange radicale n’hésite pas à avoir de propos racistes dans leurs entretiens.

Appartient-il à des groupes politiques ?

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH300/vikernes-proaee8-26fa2.jpg?1697470728

Oui, il appartient à plusieurs structures néo-païennes völkisch, des groupuscules, comme le Front païen norvégien et le Front païen germanique. Il se réclame du paganisme nordique. Il est aussi un des membres fondateurs du mouvement extrémiste norvégien Résistance Aryenne.

 Quel est son courant musical ? 

Au départ, c’est le Black metal. Avec son premier groupe, Mayhem, c’est une des figures phares du Black metal. Une fois qu’il a fondé Burzum, son nouveau groupe, il est devenu une figure de proue dans le monde du National socialist black metal (NSBM). D’ailleurs, Burzum, c’est une grande référence, quelque chose d’important, on peut trouver leur disque à la Fnac ou chez Gibert ! Ce n’est pas cantonné au « petit milieu ». Les CD peuvent tirer à 20 000 ou 30 000 exemplaires.

Le Black metal est apparu au milieu des années 1980. C’est une évolution musicalement, esthétiquement et textuellement violente du Metal. C’est une sorte de vision lourde musicalement, pessimiste du hard-rock, qui prise les sons gutturaux et les atmosphères oppressantes. Sa genèse musicale renvoie à plusieurs groupes et registres : Black Sabbath, pour les textes désespérés, Kiss et Alice Cooper, pour les maquillages et Led Zeppelin pour les textes occultistes. Parmi les codes du Black metal, il y a la misanthropie, la haine du monde mais surtout un discours élitiste.

Une partie des références est ouvertement païenne, l’autre étant un satanisme bricolé à partir des représentations romantiques du satanisme médiéval. Ces groupes font référence à un monde mythique d’avant l’histoire où de super guerriers harnachés de cuir et de métal combattent les dragons, les entités maléfiques, les dieux…

Au niveau (pseudo) religieux, cette scène a fait un syncrétisme entre le paganisme nordique, celte parfois, et le satanisme, à un tel point que parfois nous pouvons même parler de « pagano-satanisme ». Ce syncrétisme se renforce chez les plus radicaux d’un racisme biologique.

Ces « pagano-satanistes » professent un antichristianisme primaire mâtiné de darwinisme social. « Le christianisme est pratiqué par des gens trop faibles pour contrôler leur propre vie. La religion représente la morale de pitié illogique qui va à l’encontre des lois de la nature », explique par exemple l’une des figures du milieu. Ces groupes insistent ouvertement sur la bestialité, la brutalité et la force, les faibles subissant la violence des forts, c’est-à-dire des Vikings. Ce darwinisme primaire est revendiqué et assumé par la frange la plus radicale de cette scène.

Certains des groupes radicaux influencés par les délires racialistes païens de Varg Vikernes accompagnent leurs disques de représentation de la Totenkopf (la tête de mort des divisions SS gardiennes des camps de concentration) et de runes. Il a même existé même un groupe appelé Zyklon B, du nom du gaz utilisé dans les camps d’extermination.

Cette mouvance est implantée partout ?

On en a principalement du NSBM en Europe et aux Etats-Unis mais aussi en Australie ou en Nouvelle-Zélande. En France, leur heure de gloire a eu lieu lors de la décennie 1990-2000. Il y a encore pas mal de fanzines et de labels qui en font la promotion, comme* Deo Occidi, fondé par Rudy Potyralla, lié aux Charlemagne Hammerskins. [* à la fin des années 90]

Il y a eu une tentative de récupération politique de la scène Black metal  par l’extrême droite radicale  ?

Le genre de propos et de provocations du milieu Black metal radicalisé ont incité une partie de l’extrême droite païenne à tenter de récupérer ces groupes. Nouvelle résistance  [formation nationaliste-révolutionnaire créée en 1990 et disparue aujourd’hui] l’a tenté par exemple.  Ils  avaient  essayé   de mettre en place un label pour sortir des disques de musique industrielle et de Black metal. Le fanzine Napalm Rock était  d’ailleurs lié à ce groupuscule animé par Christian Bouchet [ancien dirigeant nationaliste révolutionnaire, il est aujourd’hui tête de liste FN aux élections municipales à Nantes].  Le but affiché de Napalm Rock  était de « montrer que la culture musicale nationaliste/païenne est aussi liée au Black metal, au Death metal, à la musique industrielle et au hardcore ».

Cette politique est aussi celle   aujourd’hui  de  la revue  Réfléchir & Agir qui chronique dans ses pages des productions musicales Black metal. Actuellement encore, les forums de certains sites Internet consacrés au Black metal voient des tentatives d’entrisme de la part de militants d’extrême droite, notamment néo-nazis et nationalistes-révolutionnaires, quand ils ne sont pas complètement noyautés par ceux-ci. Cet entrisme est facilité par la naïveté et l’apolitisme revendiqué des animateurs de ces sites. Il se peut aussi que des sites soient créés par des militants d’extrême droite, adaptant au Web la politique de la décennie précédente vis-à-vis des fanzines.

Autre exemple, les profanateurs de Carpentras, des skinheads, venaient de la scène Black metal. La tendance NSBM est une des composantes de la mouvance néonazie actuelle.

Ne soyons pas trop dur avec les imprécisions journalistiques :
L'auteur confond 2 affaires de profanations de cimetières :

- Carpentras 1990 : skinhead PNFE crane rasé ne provenant pas de la scène black metal
la profanation d’un cadavre dans le cimetière juif de Carpentras (Vaucluse), en mars 1990. Imputé à l’influence culturelle du FN, cet acte, qui devint un événement de mobilisation fondamental dans la stratégie de mobilisation politique et associative contre le Front national, fut élucidé seulement en 1996, alors que l’un des auteurs, Jean-Claude Gos, skinhead de Denain (Nord) et membre du PNFE, était déjà décédé. 

- Toulon 1996 : les profanateurs membres du groupe Funeral sont chevelus et pas skinheads mais ont opérés la convergence NS+BM

Quels rapports Varg Vikernes entretient-il avec Andreas Breivik ? Il était récipiendaire du Manifeste de Breivik mais au lendemain de la tuerie d’Utoya, il avait estimé que ce dernier « faisait le jeu des juifs »…

Pour Varg Vikernes, Breivik est un petit joueur. Vikernes est beaucoup plus radical et extrême.. Breivik défend l’Occident chrétien, pour Vikernes il est hors de question de défendre l’Occident chrétien, ni l’Occident tout court, qu’il considère comme dégénéré.

Vikernes reprend les thèmes nazis sur la décadence de la civilisation américaine. D’ailleurs les personnes avec qui il est en contact aux États-Unis comme Michael Moynihan,  vivent au fin fond des Etats-Unis, sans aucun contact avec le monde extérieur, en autarcie, ils ont leur communauté païenne germanique et surtout aucun mélange ni aucun contact avec les populations métissées.

Un exemple pour illustrer tout ça : Vikernes a laissé tomber le heavy métal car pour lui le rock, qui vient du blues, est une « musique de nègres ». Il a abandonné l’aspect rock pour se tourner vers le folk, musique « blanche » dépourvu de toutes influences, et musique électronique de type industriel, entièrement « blanche » aussi.

Pour résumer sa pensée, Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs. C’est le nouvel ordre européen des nazis avec une Europe forcément païenne.

Propos recueillis par Abel Mestre et Caroline Monnot

Destruction de l’église en Bretagne et black metal. Les incendiaires criminels sont des amis du profanateur de Toulon et figure NSBM Anthony Mignoni

Ronan Cariou et Amandine Tatin sont, notamment, soupçonnés d'avoir provoqué, dans la nuit du 29 au 30 janvier, l'incendie criminel qui a entièrement détruit la chapelle de Saint-Guen, à Saint-Tugdual Ronan Cariou et Amandine Tatin sont, notamment, soupçonnés d’avoir provoqué, dans la nuit du 29 au 30 janvier, l’incendie criminel qui a entièrement détruit la chapelle de Saint-Guen, à Saint-Tugdual (56), après en avoir sorti des statues et les avoir déposées, la tête en bas, dans le cimetière attenant à l’édifice. (Photo archives François Destoc)

Que se cache-t-il derrière Ronan Cariou et Amandine Tatin, ce jeune couple soupçonné d’avoir profané et dégradé chapelles et cimetières, en janvier et février derniers, en Bretagne ? Les indices laissés par Amandine mènent à d’inquiétantes fréquentations, au carrefour du satanisme, de l’idéologie néonazie et de la musique black metal. D’un côté, l’image de ce jeune couple très amoureux qui se lance dans la vie active. De l’autre, le squelette d’une chapelle du XVI e siècle aux murs noircis se dressant au sommet d’une colline. Ou encore l’image de ce crâne, arraché à la dépouille d’un homme mort il y a plus de 50 ans, dans un caveau, près de Nantes. Saisissant contraste. Qu’est ce qui a poussé Amandine Tatin, 21 ans, et Ronan Cariou, 28 ans, sur la route des cimetières et églises de la région de Quimperlé et de Nantes ? Le couple a reconnu plus de six profanations. Toutes portent la marque du diable : les chiffres « 666 », des croix et pentagrammes inversés. Difficile de ne pas penser à un cycle initiatique. D’autant que, comme les rituels sataniques l’exigent, des actes sexuels ont bien eu lieu sur certains des sites profanés. Amandine et Ronan ont, en tout cas, filmé tous les « exploits » de leur triste périple. La vidéo, avec des livres, photos et des objets de culte dérobés sur les différents sites, est l’une des nombreuses pièces à conviction saisies par les enquêteurs.

Un étrange message

Troublantes, aussi, ces étranges inscriptions dans la chapelle de Guiscriff, dans le Morbihan. Des « runes » : des caractères aux vertus prétendument magiques, empruntés au plus ancien système d’écriture nordique. Un message qui, une fois décodé, évoque « le passage vers une autre dimension », « la lumière » et « le réveil après un long sommeil ». Encore plus déconcertant, les dates auxquelles les faits bretons ont été commis correspondent exactement à des dates clés du calendrier satanique : nuits précédant la nouvelle lune et fin d’un des quatre sabbats annuels; celui du « porteur de lumière », symbole du feu : Lucifer. Satanisme ? Amandine nie farouchement. Ces inscriptions ne seraient qu’un habillage folklorique, sans signification réelle. Pourquoi s’en prendre, alors, exclusivement à des symboles religieux ? Ces questions agacent Amandine. Son avocat les balaie d’une phrase : « S’ils avaient été dans le 93, ils auraient brûlé des voitures ». La jeune femme, qui craignait ces « mauvaises interprétations », a réponse à tout. Elle possède un drapeau nazi ? « Ce n’est pas cet emblème qu’il faut voir », répond-elle, renvoyant ces interlocuteurs vers les symboles de bon augure, d’équilibre ou solaire que désignait, « bien avant la croix gammée nazie », ce signe païen.

Coup de foudre à l’Afpa de Rennes

L’ethnologie passionne Amandine. Tout spécialement l’odinisme, cette « religion » dominante au nord de l’Europe avant la conversion des tribus au christianisme. La jeune femme a arrêté ses études en fin de classe de 3 e . C’est à cette même époque qu’elle a quitté le très chaotique foyer parental, à Toulon. Ensuite ? Foyers d’accueil, petits boulots, dont un passage dans une boutique de jeux de rôle. L’an dernier, selon son oncle, elle suit une formation en menuiserie dans le Var. Moins d’un an plus tard, elle arrive à Rennes pour suivre une nouvelle formation à l’Afpa. C’est là qu’elle rencontre Ronan. Le jeune homme, titulaire d’un BTS agricole, prépare sa reconversion à la plomberie. Avec succès. Quelques mois plus tard, il décroche un CDI dans une petite entreprise, à Concarneau. Le couple ne se quitte plus. Il emménage à 30 km de la « cité des thoniers » et ses loyers « trop chers ». A Saint-Thurien, bourg de 867 âmes perdu au-dessus de Quimperlé.

« J’ai pété les plombs »

Pour Amandine, c’est la clé de l’affaire. Loin de tout, en plein hiver, attendant chaque jour le retour de son compagnon, elle aurait « pété les plombs ». Et quand on lui fait comprendre que la réponse est un peu courte, la jeune femme s’énerve. D’ailleurs, elle ne comprend pas pourquoi l’instruction dure « si longtemps ». Les faits sont si simples… Son avocat, M e Daniel, les résume ainsi : « Ce ne sont pas des adorateurs de satan. Ce sont des gamins qui ont, enfin, pris conscience de la gravité de leurs bêtises. Aujourd’hui, ils en ont honte et ils regrettent ». Amandine se dit prête à payer la note : prison et indemnisation salée. « Que voulez-vous de plus ? », s’étonnait-elle encore récemment.

Profanations à Toulon meurtre en Alsace

Dans sa cellule de la maison d’arrêt de Rennes, la jeune femme est tourmentée. Elle ne tient surtout pas à ce qu’on fouille dans sa vie. A Toulon notamment, d’où elle est originaire. Que pourrait-on y trouver ? Ses liens avec un dénommé Mignoni. Anthony Mignoni, aujourd’hui âgé de 31 ans, condamné à trois ans de prison ferme en 1996. Il avait participé à la profanation d’une tombe au cours de laquelle le cadavre d’une septuagénaire avait été exhumé et transpercé à l’aide d’un crucifix inversé. C’est le même Anthony Mignoni que l’on retrouve en Alsace, la même année, mêlé à l’assassinat d’un prêtre tué de 33 coups de couteau. Le meurtrier a tout juste 18 ans. Il s’appelle David Oberdorf. Au cours de son procès, en 2001, celui-ci déclare avoir voulu « s’élever au rang d’Anthony Mignoni », son maître. Celui qui l’a initié au satanisme. La mère de David Oberdorf témoigne aussi : « Anthony Mignoni était nocif. Il disait qu’il fallait tuer les juifs, les chrétiens. J’interceptais des cassettes et les lettres qu’il envoyait à David. Il voulait qu’il brûle une église ». Il lui avait également demandé de voler un crâne dans un cimetière… Blanchi par l’accusé, Anthony Mignoni sera juste entendu comme témoin. David Oberdorf, lui, sera condamné à 25 ans de réclusion criminelle.

La piste néonazie

Le Toulonnais fait encore parler de lui en 2004. Il est condamné à de la prison avec sursis pour « diffusion d’une revue exhortant à la haine raciale et l’antisémitisme, apologie de crimes contre l’humanité » et de nouvelles profanations de sépultures commises en 1997.

Autre contact : celui de Varg Vikernes, pionnier du courant musical black metal, unique membre du groupe Burzum. Ce Norvégien âgé de 33 ans purge actuellement une peine de 21 années de réclusion pour avoir poignardé de 23 coups de couteau, en août 1993, le leader d’un autre groupe de black metal (Mayhem). Les deux hommes appartenaient à « l’Inner Black Circle ». Une organisation sataniste terroriste à l’origine de l’incendie volontaire de huit églises en Norvège, et qui en aurait inspiré plusieurs dizaines d’autres, ainsi que des meurtres et des suicides, dans les pays voisins. Aujourd’hui, Varg Vikernes s’est tourné vers l’odinisme et l’idéologie néonazie. Confrontée à ces nouveaux éléments, Amandine aurait nié toute influence néonazie. Ses relations avec Mignoni et les autres ne seraient « qu’ exclusivement musicales » (*). Elle-même musicienne (guitare basse), elle aurait proposé ses services au groupe de black metal toulonnais, Blessed in Sin (Bénis dans le péché). Encore un hasard malheureux : deux de ses membres, les frères Magnoni, ont été condamnés pour les profanations de Toulon et diffusion de fanzines néonazis. Amandine aurait été ébranlée par ce tournant de l’instruction. La jeune femme, jugée très intelligente, « a perdu de sa superbe », selon une source proche de l’enquête. Elle ne s’exprime plus avec un fort accent allemand, comme lors de sa première audition. Son compagnon a également paru déstabilisé. Visiblement, il semblait découvrir ces liens. Peut-être sera-t-il amené à réfléchir aux circonstances de sa rencontre avec Amandine. Pourquoi est-elle venue en Bretagne ? Venait-elle en mission, pour implanter un réseau dans la région ? Des investigations sont en cours.

Procès en sorcellerie ?

L’avocat de la jeune femme conteste ce scénario. « Ce n’est pas parce qu’Amandine aime certains groupes de black metal qu’elle partage la philosophie de leurs membres. Tous ceux qui apprécient Baudelaire n’approuvent pas l’usage des drogues, raille M e Daniel. Que cherche-t-on ? Les procès en sorcellerie n’existent plus ! Et pénalement, cela n’apporte rien aux charges retenues contre elle. » Étrange Amandine. Quand il quitte précipitamment Saint-Thurien, début février, alors que la série de profanations fait la une des médias, le couple organise, malgré tout, son départ dans les règles. L’agence est prévenue, l’employeur de Ronan aussi. Officiellement, le couple rencontre de gros soucis financiers. Il rejoint le domicile des parents de Ronan, près de Nantes. En moins d’une semaine, Amandine s’inscrit en intérim. Elle trouve même un travail. Et quand elle est interpellée, son premier coup de fil est pour… son employeur. Pour le prévenir qu’elle ne pourra pas venir ! Troublant pour une jeune femme censée être manipulatrice et adepte du diable.

Macabre « lune de miel »

Pour l’heure, en prison, Amandine et Ronan s’écrivent tous les jours. Plusieurs fois par jour. Tous les deux portent le même pendentif : un marteau de Thor. Dans la mythologie nordique, c’est un symbole de protection. Un signe que l’on traçait au-dessus des couples qui venaient de s’unir par les liens du mariage. Pour Amandine, c’est aussi la marque de sa « haine des religions ». Subjugué par sa compagne, mal dans sa peau, Ronan n’aurait fait que la suivre. C’est du moins ce qu’estiment certains membres de la famille du jeune homme. Certains soirs, le couple parcourait jusqu’à 300 km pour repérer les cimetières et les chapelles où ils allaient ensuite frapper. « Ou je mettais fin à mes jours ou j’extériorisais cette violence que j’avais en moi », a expliqué Ronan aux enquêteurs. Pour lui, cette affaire est une histoire d’amour. Ce périple macabre dans les cimetières et les églises, c’était un peu leur « voyage de noces ». La « lune de miel » de deux paumés.

(*) Le black metal a sa branche « politique » : le National socialist black metal. Un courant ultra-minoritaire qui, lui, n’hésite pas à passer à l’action. Comme Vikernes, Mignoni et consorts.

Profanations et incendie d’une chapelle en Bretagne

https://www.lexpress.fr/societe/au-nom-du-diable_482398.html

Janvier 2006. En l’espace de deux semaines, Amandine Tatin, 20 ans, et Ronan Cariou, 21 ans,
– profanent deux cimetières,
– incendient une chapelle,
– brisent un calvaire,
– taguent deux églises
– et finissent par exhumer un cadavre, dont ils arrachent le crâne.
Le tout dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, entre les départements du Morbihan et du Finistère.
Une équipée sauvage signée «Fuck your life for Satan» et «666», le signe de la Bête – le diable – dans le livre de l’Apocalypse. Amandine, sans emploi, vient de Toulon. Elle a lâché l’école après la classe de troisième. Son comparse est un plombier du cru. Ensemble, ils collectionnent les crânes. Aux gendarmes les deux jeunes gens déclarent avoir agi «par haine de toutes les religions». Leurs provocations macabres risquent de leur coûter dix ans de prison.

Amandine et Ronan appartiennent à cette mouvance de jeunes – et de moins jeunes – qui se disent adeptes du diable. Une mouvance en expansion, qui touche à la fois des ados en panne de rêve, des adultes assoiffés d’ésotérisme sulfureux, et des ultracontestataires qui ont besoin d’habiller de sacré leurs idéologies haineuses. Les plus fervents se nourrissent, entre autres précis, de la littérature occulte du baron Aleister Crowley, de La Bible satanique du mage américain Anton LaVey, fondateur de l’Eglise de Satan, et de manuels de sorcellerie piochés sur Internet. Férocement antichrétiens, ils se considèrent comme une élite et prétendent, par leurs rituels magiques, éradiquer les religions, saper les fondements moraux de la société afin d’instaurer un nouvel ordre dont ils seraient les maîtres. Au-delà de ces bandes aux dérives sectaires, de plus en plus de films, de livres, de groupes musicaux ou de BD jouent la corde démoniaque et touchent un public très large, amateur de folklore transgressif. Le nihilisme distillé par cette nouvelle mode est accusé par les experts d’alimenter la dépression adolescente.

Selon les Renseignements généraux (RG), 30 lieux de culte ont subi des profanations signées par des satanistes en 2005, pour 18 en 2004. Des chiffres qui restent en deçà de la réalité, car une partie des agissements de ces groupes occultes échappe aux enquêteurs. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) vient de doter gendarmes et policiers d’un livret reprenant les principes de la doctrine sataniste. Elle va surtout nommer un expert ad hoc, l’historien des religions Jacky Cordonnier, qui sera chargé de suivre le dossier. Ce spécialiste des sectes, qui traque les manifestations sataniques dans l’Hexagone depuis une bonne douzaine d’années, l’assure: le culte de Satan «est en partie responsable d’un nombre croissant de suicides d’adolescents».

Nicolas Claux, un Parisien de 33 ans, s’est forgé une solide réputation en peignant des cadavres de femmes tripes à l’air et des portraits de tueurs en série. Condamné à douze ans de prison en 1996 pour meurtre et libéré en 2002, accusé de profanations de sépultures suivies de mutilations et d’actes de cannibalisme, ce «sataniste pratiquant», comme il se définit lui-même, se dépeint en «guerrier du chaos» adepte du vampirisme. Amateur de soirées fétichistes, il compte de fidèles admirateurs parmi les employés des morgues et des crématoriums.

https://www.babelio.com/auteur/Nicolas-Castelaux/197089
https://www.webzinelescribedurock.com/2021/04/nicolas-claux-interview-put-fun-in.html

Selon les RG, les vrais suppôts du démon comme Nicolas Claux officient dans «une vingtaine de bandes déstructurées, de trois ou quatre membres chacune». Dont l’Eglise de Satan, «institution» américaine qui a pignon sur rue aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne et qui compte une dizaine d’adeptes français. Dans les pays anglo-saxons, ainsi qu’en Russie, en Turquie ou en Italie, ces soldats de Lucifer font régulièrement parler d’eux à l’occasion de procès retentissants.

Emblème de la sorcellerie au Moyen Age, Satan devient, à partir du XVIIIe siècle, l’incarnation d’une conscience supérieure, libérée du joug de la morale et de la religion. Aujourd’hui, deux grandes tendances cohabitent: les lucifériens et les disciples d’Anton LaVey, le père du satanisme moderne. Les premiers, qui voient en Lucifer l’ange déchu de la Bible, prônent l’avilissement de l’espèce humaine, prélude au retour de l’Antéchrist. Pour les seconds, dont l’Eglise fut fondée le 30 avril 1966, jour anniversaire de la mort de Hitler, le Malin ne représente qu’une force de la nature reflétant les instincts naturels de l’homme auxquels chacun doit s’abandonner, s’il souhaite s’élever au-dessus du commun des mortels. «Seule la chair existe», clame Anton LaVey dans sa bible. Et il ajoute: «Rendez coup pour coup.» Une sorte de «ni Dieu ni maître» nietzschéen auquel le mage américain ajoute sa touche de cruauté en invitant ses lecteurs à lancer des malédictions susceptibles d’ «entraîner une destruction physique, mentale ou émotionnelle du sacrifié».

Publiée à la fin de janvier dans l’Hexagone, La Bible satanique s’est déjà écoulée à 2 000 exemplaires. A force d’évacuer la transcendance, de tout montrer et de prétendre tout expliquer, la société moderne a ravivé la soif de mystère et de ténèbres. Témoins les récents succès qui mettent Satan en vedette: L’Exorcisme d’Emily Rose ou Sheitan au cinéma; Buffy et les vampires à la télé; Les Chroniques de la Lune noire, de Froideval, Ledroit et Pontet (Dargaud), en BD; Le Cercle de sang, de Jérôme Delafosse (Robert Laffont), en littérature. «Il s’agit ici de donner figure à quelque chose qui manque, explique le sociologue Raymond Lemieux, professeur à l’université de Laval (Québec). Une figure qui aidera à combattre l’angoisse de l’existence.» Dans un sondage Ifop de 2003, 27% des Français affirmaient croire au diable.

Souvenez-vous: 1996, cimetière de Toulon. Un cadavre de femme exhumé, un crucifix inversé fiché dans sa chair embaumée. «C’est à partir de là que le “luciférisme” folklorique, avec des messes noires à 10 000 francs et des orgies sexuelles à 30 000, a basculé dans la violence», explique un enquêteur. Des couches de lauriers, des candélabres, du sang noirci: sur le sol de certaines cryptes et chapelles, les promeneurs trouvent parfois d’étranges reliques, témoins d’une messe noire célébrée dans les formes, avec jeux sexuels, automutilations et sacrifices d’animaux. Lors de leurs sabbats nocturnes, les adorateurs du Malin se retrouvent dans les bois, les carrières abandonnées, les catacombes, les hauts lieux de l’histoire de la sorcellerie, ou dans des sites qui furent jadis le théâtre d’événements sanglants. Près de Besançon, des satanistes avaient ainsi coutume de se rencontrer dans une clairière où un tueur en série s’était entraîné au tir. Selon le calendrier sorcier, ils se rassemblent à Halloween, ou lors des solstices et des équinoxes. Les rituels sexuels revêtent souvent une tendance sadomaso. Tel celui-ci, livré par un initié qu’un enquêteur est parvenu à piéger sur Internet: dans une fumée d’encens, une femme et un «prêtre» se placent à l’intérieur d’un cercle. La dame pratique une fellation à son partenaire puis, après quelques «extras» scatologiques, se fait sodomiser sous les yeux d’un troisième larron. Le couple achève ses libations en s’entaillant les veines et en buvant le sang écoulé.

De simples petits jeux entre amis? Pas toujours, comme a pu le constater, à ses dépens, Jacky Cordonnier. En juin 2005, l’historien monte dans sa voiture et s’aperçoit que ses plaquettes de freins ont été sectionnées. Ce que confirment les gendarmes. Un mois auparavant, le spécialiste avait été menacé de mort sur des forums Internet satanistes. Dans leur nihilisme dévastateur, les admirateurs du démon passent parfois à l’action, comme en 2004, lorsqu’un garçon a gravement blessé à coups de poignard un servant de messe en Bretagne. Les crimes demeurent, heureusement, très rares. Le dernier remonte à 1996. Victime d’un «flash sataniste», David Oberdorf, ouvrier chez Peugeot, larde de 33 coups de couteau un curé alsacien. Le jeune homme était tombé sous l’emprise d’Anthony Mignoni, l’un des auteurs de la virée barbare au cimetière de Toulon. Mignoni, condamné à quatre ans de prison en 1997 pour ses faits d’armes toulonnais, appartenait à un réseau néonazi de profanateurs de tombes qui s’adonnaient à des messes noires, avec Mein Kampf pour missel.

Outre leur élitisme affiché, le satanisme et le néonazisme ont un point commun: ils invoquent tous deux un ordre nouveau. Mais les nazillons se méfient de ces satanistes, pour lesquels Hitler n’est qu’une figure, parmi d’autres, du Mal absolu.

Anthony Mignoni a toutefois largement contribué à faire le lien en France entre ces deux courants.

Amandine Tatin, la jeune fille arrêtée en Bretagne en janvier dernier, qui le connaissait, pourrait avoir agi sous son influence.

«Il y a aujourd’hui, sur le marché de la souffrance adolescente, une frange d’individus qui veut propager une idéologie antisociale, assure Jacky Cordonnier. Ils pensent que, s’ils arrivent à faire déraper la jeunesse, ils remettront en question les fondements mêmes de la société.»

Virginie était une proie facile: mal dans sa peau, solitaire, elle n’ouvrait jamais les volets de sa chambre, s’éclairait avec des bougies et dévorait des livres de magie. Dans une librairie ésotérique, la collégienne marseillaise fait la connaissance de jeunes satanistes. Très vite, elle se retrouve dans des soirées. «Je m’ouvrais les bras avec un compas, je me gravais le 666, a-t-elle raconté dans une émission de Radio Notre-Dame. J’aimais me faire souffrir.» L’adolescente dissimule ses blessures sous de grands pulls sombres. Ses parents, souvent absents, ne s’aperçoivent de rien. Virginie est heureuse. Elle a enfin trouvé sa tribu. «Je menaçais les autres filles, on faisait très peur et on aimait ça.» Jacky Cordonnier, de passage dans son collège, la sort de son mauvais rêve en mettant en garde les élèves contre les dangers d’une fascination trop grande pour le diable : isolement, déconnexion du réel, suicide. C’est le déclic. Virginie avoue tout à ses parents. La jeune fille recevra longtemps des lettres de menaces: «Si tu ne reviens pas, Satan va venir te chercher.»

«Aucun jeune ne devient sataniste du jour au lendemain, précise le père Benoît Domergue [figure de l’extrême droite catholique intégriste], autre grand spécialiste du sujet en France. Il faut un conditionnement: les concerts assourdissants qui saturent les sens, l'ecstasy à 10 euros la pastille et la culture de mort dans laquelle baignent les jeunes.» Une culture de mort qui banalise l'horreur et le sadisme. Les ados eux-mêmes se disent partagés entre la répulsion et la fascination face à des jeux vidéo ultraviolents tels que Manhunt et Resident Evil ou des sites comme Rotten (pourri, en français), qui exhibent des cadavres et des corps mutilés et que les élèves connaissent dès la sixième.

Les trois quarts des futurs satanistes commencent par s'immerger dans le mouvement gothique, nullement démoniaque en soi, mais qui cultive l'esthétique diabolique. «Goth»: espèce juvénile au teint blafard et aux yeux fardés de noir qui effraie le quidam en exhibant ses piercings et ses airs sinistres, version Lautréamont, sur les trottoirs des grandes villes. Dans leurs boutiques, les capes de vampire à 250 euros pièce et les calices à 450 euros côtoient les bagues et les pendentifs maléfiques ou des affiches de groupes de black metal, dont le père Domergue est devenu, au fil des années, un spécialiste. Le 2 mars, au collège Sainte-Croix, à Orléans, dans l'ancienne salle du chapitre remplie de parents d'élèves, le curé bordelais diffuse un clip de Marilyn Manson, affublé d'une casquette nazie, en concert. Le prêtre veut montrer comment l'ex-révérend de l'Eglise de Satan, encensé par le public et les critiques, «met les jeunes en condition». Ce théologien, qui n'hésite pas à se glisser dans les raves, garde dans son PC une autre vidéo, celle de la chanson The Saint, où l'on voit Manson se scarifier en gros plan, enchaîner les lignes de coke, le nez en sang, et faire un cunnilingus à une fille nue attachée. Le clip s'achève sur l'image de deux colosses plantant une énorme aiguille dans l'avant-bras de Manson.

Les «purs» préfèrent toutefois le black metal. Témoin Ulrich Dagoth, le chanteur du groupe bordelais Otargos. Dans ses concerts, ce Frankenstein de foire hurle à la mort devant une grande toile noire figurant une carcasse de bouc, le logo de la bande. Un tatouage de Christ décapité sur le bras, il explique qu’il croit «au chaos et à l’effondrement unidimensionnel». Un conte pour enfants, comparé à certains groupes scandinaves, tel Burzum, qui incendiaient les églises et se trucidaient entre rivaux à la fin des années 1990* [dés 1992-1993].

«Que le massacre commence/ Décapitez les chrétiens/ Violez leurs femmes et leurs enfants/ Leurs tombes doivent être profanées», vociférait le groupe norvégien Dimmu Borgir (du nom d’une étendue de lave islandaise). Aujourd’hui, «la plupart se sont calmés dans les paroles, mais pas forcément dans l’esprit, observe Sven Letourneur, rédacteur en chef de la revue Hard Rock Magazine. Le metal satanique ramène encore beaucoup de monde». Cradle of Filth (Berceau de fange), dont les musiciens boivent du sang sur scène, fait ainsi salle comble à l’Elysée-Montmartre (1 500 places). Son dernier album s’est écoulé à 16 000 exemplaires. Sans compter la multitude de petits groupes qui ont surgi ces dernières années.

Assis au fond de la Locomotive, une discothèque de Pigalle, Léo, 16 ans, sirote une bière en attendant le concert de Dark Funeral. «L’homme a été créé pour rompre l’harmonie de la nature, affirme le gamin, en tripotant son blouson couvert de noms de groupes de metal. Il faut aboutir à l’extinction de la race humaine.» Un exemple? «Si je vois un clodo dans la rue, je ne lui donne pas un rond.» Le satanisme reste pour beaucoup une provocation adolescente. Mais certains vont plus loin, harponnés par les extrémistes sur Internet – où fourmillent les blogs et les forums consacrés au satanisme – dans les boutiques de tatouage et de piercing, ou à la fin des concerts de black metal.

Un soir d’été, Alexandre, jeune goth de 14 ans, a aperçu «par hasard», dit-il, une troupe de jeunes sur la plage. Les gamins s’affairaient autour d’un chat noir fraîchement occis, dont ils venaient de retirer le cœur et les viscères. «Ils ont dessiné un pentacle sur le sol avec les entrailles de la bête, puis disposé des bougies autour et récité des prières sataniques, avant de recoudre le chat en glissant des pierres à l’intérieur du cadavre», raconte le garçon. Les mêmes prolongent le jeu à la maison, en se bricolant des autels avec des crânes et des tibias récupérés dans les cimetières. Résultat: «Ces jeunes deviennent asociaux et incapables d’aimer, observe le père Domergue [figure de l’extrême droite catholique intégriste]. Ils ne parlent plus que de liens qui ligotent.»

En septembre 2005, Marion, 14 ans, se jetait du haut d’une tour d’Ivry-sur-Seine, dans la banlieue parisienne, avec une amie. «Le satanisme avait envahi sa vie», confie une source judiciaire. Ses parents, de modestes immigrés chiliens, croyaient à une lubie passagère. Ses copains admiraient l’adolescente aux cheveux rouges pour ses talents de médium. Marion s’inventait des aventures libertines. Des shoots à la drogue dure. Elle était une fan du groupe de metal Anorexia nervosa, dont certaines paroles font l’apologie du suicide et de l’automutilation. «On peut penser que 5% des suicides recensés annuellement chez les jeunes de moins de 25 ans, soit une centaine, sont liés au satanisme», estime Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes. La police est moins alarmiste.

Le satanisme peut pousser à l’autodestruction des jeunes qui souffrent d’une fêlure ancienne. «La désinhibition qu’il entraîne parfois peut faire perdre conscience au jeune de la portée de ses actes, analyse la pédopsychiatre Marie-Michèle Bourrat. Dans un premier temps, l’adolescent pense tout contrôler. Puis il se sent comme possédé. Il recherche à la fois la maîtrise et la perte de soi. Là est le risque.» Que faire? Cadenasser l’ordinateur? Parler, martèlent les psys. Donner son avis de parent. Et aller voir de près à quoi ressemble cet univers. Sans diaboliser.

Meurtre de Keillers park

Le meurtre de Keillers park (suédois : mordet i Keillers park) est une célèbre affaire criminelle suédoise. Elle commence le 23 juillet 1997, avec la découverte du corps d’un homme tué de deux balles de pistolet dans un parc de Göteborg. La victime est identifiée deux jours plus tard comme étant Josefnt 1 ben Meddour (36 ans), un homosexuel algérien résidant en Suède depuis plusieurs années.

Après de longs mois d’enquête, les policiers parviennent à identifier les deux coupables : il s’agit de Jon Nödtveidt (22 ans), leader du groupe black metal Dissection, et de son ami Vlad (20 ans), un Iranien installé en Suède. Les deux hommes, qui reconnaissent les faits, sont condamnés en appel à dix ans de réclusion criminelle.

Membres d’un culte sataniste, Jon et Vlad avaient avant la mort de Josef affirmé à plusieurs reprises vouloir commettre des sacrifices humains. Le caractère sataniste du crime n’a toutefois pas été clairement établi : il s’agirait plus vraisemblablement d’un acte homophobe.

Découverte du corps

Le 23 juillet 1997 vers 16 h 30, un jeune promeneur de 16 ans découvre le corps d’un homme allongé face contre terre au pied de l’ancien château d’eau à Keillers park, au centre de Göteborg. Alertée, la police constate que l’homme a été abattu de deux balles de pistolet : la première tirée dans son dos lui a traversé le cœur, tandis que la deuxième l’a atteint en pleine tête alors qu’il gisait au sol. À ses côtés, on retrouve un sac et une casquettesr 1,lo 1.

L’homme n’a pas sur lui de papiers d’identité, mais une policière le reconnaît comme étant une personne qui se promenait souvent aux alentours de la place Svingeln et qui, avec ses cheveux bouclés et ses lunettes de soleil, ressemblait au chanteur Magnus Uggla. Un commerçant du quartier leur affirme que « Magnus Uggla » se prénommait en fait Josef, et était souvent en compagnie d’un homme d’apparence finlandaisesr 2. Les enquêteurs parviennent ainsi à identifier Josef ben Maddour, 36 ans, originaire d’Algérielo 2. Résident en Suède depuis une dizaine d’annéessr 3, Josef était homosexuel, et l’homme d’apparence finlandaise n’est autre que son petit-amisr 4.

Premières pistes

La première piste poursuivie par les policiers est celle du petit-ami de la victime. La casquette retrouvée aux côtés du cadavre lui appartient, il n’a pas d’alibi, et les deux hommes sont connus pour leurs fréquentes disputes. L’homme est toutefois relâché après douze jours de détention avant d’être définitivement mis hors de causelo 3.

Les enquêteurs apprennent ensuite que le soir du 22 juillet, Josef avait reçu à son domicile la visite de sympathisants du GIA, un mouvement islamiste algériensr 5. Josef étant lui-même connu pour son opposition au GIAlo 3, les policiers pensent à un possible assassinat politique. Plusieurs autres personnes sont entendues, mais sans apporter d’éclairage significatif, et les enquêteurs comprennent qu’ils font fausse routelo 4.

Arrestations

Le 15 décembre 1997, une jeune femme de 23 ans se présente dans un commissariat de Stockholm pour déposer une plainte contre son petit ami Vlad, qu’elle accuse de l’avoir frappée et menacée de mort. Dans sa déposition, la jeune femme affirme également que Vlad lui a un jour avoué être, avec son ami Jon, l’auteur du meurtre de Keillers parklo 4.

Le récit que Vlad aurait fait à la jeune femme est le suivant : lui et Jon ont fait dans une rue de Göteborg la rencontre fortuite de Josef, à qui ils ont proposé de les suivre jusqu’à Keillers park. Là, ils ont tout d’abord tenté de le paralyser sans succès à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique (« Taser »). Josef a alors voulu prendre la fuite, mais Vlad lui a tiré dans le dos une balle de pistolet. Alors qu’il gisait au sol, Vlad a donné l’arme à Jon, qui l’a achevé d’une balle en pleine têtelo 4.

La jeune femme affirme également savoir ce qu’il est advenu de l’arme du crimelo 5. Mis au courant, les policiers de Göteborg constatent que le récit de la jeune femme correspond aux constations faites sur les lieux du crime. Le jour même, Vlad est interpelé à son domicile de Stockholm. On retrouve sur lui un pistolet de calibre 9 mm chargé. Jon est quant à lui arrêté à Göteborg le matin du 18 décembrelo 6.

Aveux

Les deux suspects commencent par nier toute implication dans la mort de Josef, mais après s’être vu signifier sa mise en examen, Jon décide finalement de passer aux aveux. Son récit commence dans la nuit du 21 au 22 juillet 1997, qu’il passe à boire dans différents bars et clubs de Göteborg en compagnie de Vlad et de deux autres amis. Au petit matin, les deux autres amis rentrent chez eux, tandis que Jon et Vlad commencent à déambuler dans les rues du centre-ville. En bordure d’un parc connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, ils sont abordés par un inconnu, qui au vu de leur accoutrement, leur demande s’ils sont satanistes, et déclare vouloir en savoir plus sur ce culte. Dans un premier temps, Jon et Vlad tentent de repousser l’inconnu, mais celui-ci insiste. C’est ainsi qu’ils font la connaissance de Joseflo 7.

Les deux amis invitent finalement Josef à les suivre jusqu’au domicile de Jon. Chemin faisant, Josef affiche clairement son homosexualité par son comportement et ses propos, ce qui provoque chez Jon et Vlad une réaction de colère et de dégoût. Une fois arrivé au domicile de Jon, Josef semble prendre peur et refuse d’entrer. Jon et Vlad proposent alors de poursuivre leur discussion sur le satanisme à Keillers park. Les trois hommes se remettent en route mais, avant de partir, Jon pénètre dans son appartement, et s’empare du pistolet et du Taser. Arrivé à Keillers park, Vlad emprunte le Taser et essaye sans succès d’immobiliser Josef. Il se saisit alors du pistolet. Josef tente de s’échapper, mais sa fuite est interrompue lorsque Vlad lui tire une première balle dans le dos, avant de l’achever d’une balle dans la têtelo 8.

Confronté à ses contradictions, Vlad finit lui aussi par avouer. Il offre une version très proche de celle de Jon, avec toutefois une différence significative : selon lui, c’est Jon qui est l’auteur des deux coups de feulo 9.

scène inspirée des faits dans le film Keilers Park : 
https://youtu.be/NV_Lago8LrY

Contexte

L’enquête plonge les policiers de Göteborg dans le milieu du black metal et du satanisme.

Black metal

Jon est le leader d’un groupe de musique, Dissection, qui connaît un certain succès sur la scène black metal1, un sous-genre du metal caractérisé surtout par l’occultisme et la violence crue de ses textessr 6.

Au milieu des années 1990, l’histoire du black metal est déjà parsemée de morts violentessr 7.

En 1991, le chanteur suédois du groupe norvégien Mayhem, Pelle Ohlin, se donne la mortsr 8 d’un coup de fusil dans la têtelo 10. Son corps est retrouvé par le leader du groupe, Øystein Aarseth, qui plutôt que d’appeler immédiatement les secours, commence par prendre des photos du cadavresr 9. Aarseth ramasse aussi des morceaux de crâne pour en faire un collierlo 10.

L’année suivante, Bård Guldvik “Faust” Eithun, batteur du groupe Emperor et collaborateur d’Aarseth poignarde un homosexuel dans une rue de Lillehammer. Il affirme avoir agi par homophobiesr 10. En 1993, Aarseth est lui-même tué à l’arme blanche par le musicien norvégien Varg Vikernes, connu pour son projet solo Burzum. Pour ce meurtre, dont le mobile serait un conflit d’égo et des différends financiers, et pour l’incendie de trois églises, Vikernes est condamné en 1994 à une peine de 21 ans d’emprisonnementsr 11.

Satanisme

Un pentagramme, symbole sataniste.

Lors des arrestations des 15 et 18 décembre 1997, les policiers découvrent aux domiciles des deux suspects des autels satanisteslo 11. Chez Vlad, ils mettent aussi au jour un crâne humain, ce qui lui vaudra une inculpation pour recel de cadavrelo 12. Jon et Vlad appartiennent à une organisation sataniste appelée Misanthropic Luciferian Order (« Ordre Misanthrope de Lucifer», MLO), dont Vlad est l’un des fondateurs et qui, selon la police, n’a jamais compté plus d’une poignée d’adepteslo 13.

Dans le cadre de l’enquête, les policiers entendent d’anciens membres du MLO, qui décrivent les pratiques de l’organisation et les cérémonies occultes auxquelles ils ont assisté. Les rituels incluaient méditations, invocations aux démons et sacrifices d’animaux – des chats, acquis par le biais de petites annonces. Dans les semaines qui précèdent le meurtre de Josef ben Meddour, Vlad se serait montré de plus en plus extrémiste dans ses propos, et l’idée de commettre des sacrifices humains, suivi d’un suicide collectif, est longuement discutée. Au cours d’une réunion au domicile de Jon, une liste des possibles victimes des sacrifices est établie. Y figurent notamment un ancien adepte ayant fait défection, les musiciens du groupe Dissection, et même la petite amie de Jonlo 14.

Ces projets funestes ont pour effet de faire fuir quelques-uns des adeptes du MLO, qui ne souhaitent pas être mêlés à des assassinats, ou qui craignent pour leur propre vie. De ce fait, l’organisation ne compte plus au moment des arrestations que trois membres actifs : Jon, Vlad et sa petite amielo 15.

Procès

Le procès ne permet pas d’établir clairement le mobile du meurtre. S’agit-il d’un crime sataniste, d’un des sacrifices humains que les membres du MLO avaient appelés de leurs vœux lors de leurs cérémonies occultes ? Ou bien est-il question d’un crime homophobe, motivé par la répulsion des deux meurtriers devant la personnalité de Josef ? Selon le directeur d’enquête Lars Ohlin, s’il ne fait aucun doute qu’il existe un contexte sataniste derrière les agissements de Jon et Vlad, l’homophobie est elle aussi caractérisée, et le meurtre de Keillers park a été classifié comme crime haineux par la police suédoisesr 12.

Le 6 juillet 1998, Jon est condamné par le tribunal de Göteborg à huit ans de prison pour complicité d’assassinat et effraction à la législation sur les armes. Vlad est condamné à dix ans d’emprisonnement pour assassinat, violence envers sa petite amie, effraction à la législation sur les armes et recel de cadavre. Les deux condamnés et le ministère public décident de faire appello 13.

La cour d’appel de Suède-Occidentale rend son verdict le 25 septembre 1998. Jon est cette fois condamné à dix ans de prison, tout comme Vlad dont la peine est confirméelo 13.

https://www.spirit-of-metal.com/galeries_photo/photo/Dissection%20-%20Fury%20Fest%202005/Dissection_1.jpg
2005- Jon a pratiqué un rituel cardinal sur scène avec sa gemme minérale sculptée avant de commencer le concert de Dissection sur la main stage géante du Fury Fest (Hellfest) du circuit du Mans … Ce qui a heurté les croyances religieuses de Dave Mustaine de Megadeth qui l’a fait savoir et compliqué la fluidité du programme des concerts car Megadeth devait aussi se produire sur la scène désormais maudite.

Épilogue

Après sept années d’emprisonnement, Jon et Vlad retrouvent la liberté en 2004sr 13. Jon se donne la mort en 2006. Son corps est retrouvé dans son appartement, au milieu d’un cercle de bougies, un grimoire à ses côtés.

Le corps de Josef ben Meddour a été rapatrié en Algérie. Il repose dans un cimetière d’Algersr 14.

Notes et références

Josef (prononcé « Youssef ») est la graphie suédoise du prénom Youssef.

P3 dokumentär om mordet i Keillers Park
Le 24 mars 2013, la station de radio suédoise P3 a diffusé un documentaire réalisé par Ida Lundqvist sur le meurtre de Keillers park.

Satanistmordet i Keillers Park
Article écrit par le directeur d'enquête Lars Ohlin, publié à l'origine dans le recueil Nordisk kriminalkrönika 1999, et reproduit dans le magazine Veckans brott n°31/2012.

Deux œuvres ayant pour sujet le meurtre de Keillers park :

https://1.bp.blogspot.com/-H7R13bpDG0g/U34SSvr8FjI/AAAAAAAAdzU/hWAIe8QzL-Y/s1600/01+KEILLERS+PARK.jpg

 

https://m.media-amazon.com/images/M/MV5BMTg2ODg2NTY2MF5BMl5BanBnXkFtZTcwNDAzMjY0MQ@@._V1_.jpg

6 juin 1992 : Varg Vikernes incendie de l’église en bois de Fantoft

https://youtu.be/CYJ6H2kKbFE

La stavkirke de Fantoft (norvégien : Fantoft stavkirke) est une église en bois debout située à Fantoft, Bergen, Norvège. Le mot stavkirke vient du norvégien « stav » pour pieu et « kirke » pour église. Les stavkirker sont entièrement construites en bois, elles ont d’ailleurs pour traduction française « églises en bois debout ».

La stavkirke de Fantoft fut tout d’abord construite vers 1150 à Fortun, près du Sognefjord (L’église en bois debout de Fortun), mais a été transférée à Fantoft en 18831 et reconstituée à la manière de l’église en bois debout de Borgund. Elle a été incendiée et entièrement détruite le 6 juin 1992 par des membres de l’Inner Circle lié au black metal. L’un des incendiaires présumés, Varg Vikernes2, soutient que cette date a en fait été choisie pour commémorer le pillage de Lindisfarne par les Vikings du Hordaland le 6 juin 793, qui est souvent considéré comme le véritable début de l’ère viking.[réf. nécessaire]

L’église a été reconstruite à l’identique en 1997 (La nouvelle stavkirke de Fantoft, Fantoft nye stavkirke), et est depuis protégée par des grillages et des alarmes. Le coût de la reconstruction n’a pas été dévoilé par les propriétaires de l’édifice, seule stavkirke privée parmi celles incendiées en Norvège.

L’église se trouve à quelques centaines de mètres de la Résidence universitaire de Fantoft.

https://i.discogs.com/d6MIE5pi-_T6R3pkSyUn95hHhPYTUXxCHvc6TYq2KW8/rs:fit/g:sm/q:90/h:600/w:600/czM6Ly9kaXNjb2dz/LWRhdGFiYXNlLWlt/YWdlcy9SLTM4NDYw/NDMtMTM0NjY4Mzkz/Mi00NjIzLmpwZWc.jpeg

Une photographie de  charpente calcinée de l’église de Fantoft est choisie pour illustrer la couverture de la pochette d’éditions de l’enregistrement Aske  et devenu “culte” de Burzum feat. Samoth de Emperor à la basse, diffusé en disques, vinyls, cd, cassettes, … à l’échelle mondiale depuis 1992, puis en mp3 et en streaming. Existe aussi en T-shirt et autres produits dérivés : briquets dés 1993, …etc.

https://i.pinimg.com/originals/5b/ff/03/5bff03511d0512935609dd2488ab0303.jpg

 

 

 

“tourisme culturel” 2010

 

hommage musical 2021