Festival « viking » ou pro-nazi ?

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Du 21 au 24 juillet 2016, le petit village de Simandre sur Suran dans l’Ain accueille pour la 2ème année consécutive le « festival viking » Ragnard Fest.

Au-delà des animations folkloriques (combats, présentation d’armes ou de troupes slaves), la presse locale s’interroge timidement sur la présence du groupe ukrainien Nokturnal Mortum qui affichait il y a quelques années ses sympathies pour le IIIème Reich. Quels sont actuellement les liens entre musique viking, fascisme, et nazisme ?

Il y a une vingtaine d’années, Nokturnal Mortum assumait son appartenance à la scène NSBM (National Socialist Black Metal), et plus largement à l’idéologie « nazie » du Pagan Front tout en se distançant du “nazisme vaincu” d’Hitler.

Le groupe a bâti sa renommée à l’aide de croix gammées et de chansons ouvertement antisémites :

  • “Everything I Own Is Given To The damned jewish tribe
    My Blood Is Calling Me,
    And I Won’t Calm Down Until I Taste The Smell Of their blood
    The Moon Whispers About The Darkness The Stars Are Leading Me Through The Clouds
    Silver People With White Skin Are Gathering To Perform A Rite
    The Wisemen Are Cursing On The jewish scum
    And I See The WHITE MAN’S POWER!
    Spit In jewish faces, Cut them Into Pieces
    Let them Choke With their Lie
    Let The Woods Grow Up On their corpses
    ONLY WHITE MAN’S POWER!
    We Are The Only Ones To Have The Right For This Land!”« The Call of Aryan Spirit » de l’album NeChrist (Нехристь), 1999, disque réédité 14 fois depuis.

Depuis quelques années, le groupe a supprimé ses références au nazisme, mais a conservé ses déguisements macabres et son public.

Ce n’est pas le seul groupe sulfureux. Le leader Rob Darken alias Robert Fudali alias Lord Wind du groupe polonais Graveland est connu pour ses déclarations en faveur de la suprématie de la « race aryenne », contre la « judéo-chrétienté », et pour de nombreux propos antisémites sur la prétendue existence d’un « complot juif ».

Cela n’empêche pas les organisateurs de faire figurer Graveland en tête d’affiche, aux cotés de Nokturnal Mortum, Kroda, ou de Naer Mataron. Ce dernier est connu en Grèce comme le groupe de métal du député Giorgos Germenis, à la fois bassiste du groupe, coupable d’agression à tendance raciste, et numéro trois… du Parti criminel et néonazi Aube Dorée.

Germenis n’hésite pas à poser en cartouchières, armé de couteaux, … Avec sa bande, Il a agressé des vendeurs a la sauvette en septembre 2012, puis attaqué le maire d’Athènes en mais 2013 . Le 28 septembre 2013, un militant d’Aube Dorée assassine Pavlos Fyssas, encerclé de 10 complices. 4000 armes ont été découvertes suite aux perquisitions.

Les liens entre certains groupes de métal présents et l’idéologie antisémite nazie sont multiples. Cependant, on aurait tord de considérer que ces musiciens sont de « simples admirateurs » d’Hitler. Ils s’inscrivent dans la mouvance « Folkish », et plus largement dans l’idéologie Odaliste.

« Folkish » est la contraction des termes « Folk » et « Volkish ». Cette mouvance entend mêler musique Folklorique pré-chretienne, Métal et mouvement Volkisch, courant intellectuel issu de l’Allemagne de la fin du XIXème siècle qui mêlait spiritualité païenne, mythologie germanique, anti-monothéisme et antisémitisme. Les courants néo-Volkisch se revendiquent de cet héritage, en affirmant une identité blanche, païenne et mystique en opposition thématiques contemporaines comme la modernité, le libéralisme ou encore l’immigration.

Les paroles ont souvent pour thèmes la nature, la guerre, le passé médiéval et mythologique, dans une rhétorique romantique. La radicalité n’est pas omniprésente, voir absente dans les paroles de certains groupes. Elles mettent toutefois toujours en valeur la Weltanschauung, qui désigne la conception du monde selon sa sensibilité, c’est-à-dire selon une grille de lecture identitaire et xénophobe. Les disques sont parfois présents au coté de grands groupes de métal, dans les grandes surfaces culturelles, les disquaires spécialisés, les disquaires VPC complaisants, depuis 20 ans, mais maintenant la musique Folkish est très majoritairement distribuée par le biais d’internet et les plateformes de téléchargement légal de musiques populaires actuelles : itunes, … tout cela jouant un rôle « validant ».

Les pères conceptuels de la musique Folkish sont les meurtiers Kristian Vikernes (également terroriste (destructions d’églises) et créateur de jeu de rôle odaliste) et Hendrik Möbus, dans les années 1990. Ils sont également considérés comme les pères du NSBM. Idéologues païens, identitaires, ultranationalistes « patriotes », « dissidents » « anti-système », ils ont développé leur influence même derrière les barreaux de leur prison en Norvège et en Allemagne.

La mouvance Folkish s’inscrit dans l’idéologie Odaliste, née dans les années 1990 également. Issue de la rune « othalan » de la mythologie germanique, elle signifie « propriété, domaine », et désigne l’idée que les traditions ancestrales d’une communauté sont supérieures aux cultures extérieures, en se basant sur les croyances de la mythologie germanique, et par extension, scandinave, grecque, slave ou romaine. L’Odalisme a pour objectif de faire renaître les cultures européennes polythéistes, qui seraient toutes issues d’une même religion datant de la Préhistoire, et qui aurait évolué avec les peuples (vikings, aryens slaves, ariens germaniques, aryens latins, celtes…) et les déplacements.

L’Odalisme s’inspire du nationalisme « Blut und Boden » (le sang et le sol) de la fin du XIXème siècle en Allemagne, qui considère l’ascendance (le sang) et la paysannerie (le sol) comme origine raciale essentielle du peuple. Le « Blut und Boden », tout comme l’idéologie Volkish, ont fortement imprégné l’idéologie nazie, en justifiant la « pureté de la race » allemande, la destruction d’autres peuples et l’appropriation d’autres territoires.

L’Odalisme est ainsi violement antisémite et xénophobe. Les juifs sont perçus comme un peuple à part, comme un « autre Volk » libéral et insoluble dans les « peuples blancs européens », reprenant ainsi les théories Volkish du XIXème siècle. Pour préserver la pureté de la « race » et les traditions ancestrales propres, l’immigration et le métissage sont également rejetés.

Pendant la 2nde guerre mondiale, la rune Odal fut utilisée comme emblème de la 7ème division SS de volontaires de montagne Prinz Euge, ou encore dans les images de propagandes des Jeunesses Hitlériennes. De 1952 jusqu’à leur interdiction en 1994, elle était l’emblème des Wiking Jugend, une organisation néo-nazie basée sur les Jeunesses Hitlériennes.  Odal était également le nom d’un magazine néo-nazi de l’idéologue Richard Walther Darré. Mais Vikernes se défend et assume la paternité de la définition actuelle de l’Odalisme : « il n’est pas un terme entaché par l’Histoire »…

Cette idéologie Odaliste est actuellement présente dans de nombreux pays européens, via le « Pagan Front », directement inspiré du « Heathen Front ». Le « Heathen Front » est resté en lien avec le « Pagan Front » via différents concerts conjoints et soutiens publics.

La branche norvégienne est la plus ancienne (Norvegian Heathen Front, ou NHF) : elle a été fondée en 1993, dans la proximité de Vikernes qui a gardé contact avec le NHF même durant son emprisonnement en lui transmettant plusieurs articles. C’est Mobus qui fonde la branche allemande, la plus active, en 1998 (Allgermanische Heidnische Front, ou AHF). Des sections en Suède, Danemark, Hollande, Canada, Russie et Etats-Unis apparaissent dans la fin des années 1990 et le début des années 2000.

Le « Pagan Front » fédère historiquement les groupes slaves tels que Graveland, Nokturnal Mortum ou Kroda, et la scène grecque radicale, via Der Sturmer, groupe de NSBM de Georgios Germinis. Son album culte, « The Blood Calls for W.A.R. » comporte l’acronyme assumé de « White Aryan Race ». Le « Pagan Front » permet de rassembler Volkish metal et NSBM, et d’en assurer la publicité et la diffusion.

Flyer du pagan front militant pour la libération de Hendrik Mobus :

  • « nous comprenons notre musique comme un moyen adapté de transmettre un message qui peut aller au-delà du simple plaisir esthétique. L’auditeur devrait être encouragé à penser. Nous voudrions qu’il se réfère au paganisme, entendu et compris comme nous l’entendons et le comprenons. Et c’est pour cela que nous cherchons à motiver nos compagnons et nos fans sur l’activisme politique »

(Pagan front, Ablaze n°4, mai/juin 2008) 

Le Pagan Front a publié une série d’anthologies-manifeste qui, avec ses trois volumes (1999, 2003, 2007) définit ouvertement les bases du mouvement :

  • Le premier de ces disques a en partie officialisé le terme de « National Socialist Black Metal »
  • Le deuxième a précisé les intentions et les origines à travers l’article reproduit à l’intérieur (intitulé : the Pagan Front – Return of the Iron Reich of Black Metal)
  • Le troisième est accompagné d’une liste de « commandements » : « Fiers Nationaux-Socialistes, Contre toute influence judéo-chrétienne, Tolérance zéro pour les ennemis de notre race, Unissons-nous sous le vaisseau du svastika, et ainsi de suite, pour poser les fondements idéologico-politiques qui sont à la base de l’organisation et que les groupes affiliés supportent ».

La stratégie du mouvement païen Odaliste via le Pagan Front pour s’élargir est métapolitique. Il s’agit d’investir les domaines idéologiques et culturels (notamment la musique), en partant du « peuple », avant de pouvoir à terme influencer naturellement les sphères du pouvoir à présenter une élite blanche ultra-nationaliste. L’objectif n’est pas à priori politique, mais cherche à influencer le peuple pour un retour des valeurs polythéistes pré-chrétiennes.

Dans cette perspective, où les idées influencent les valeurs sur lesquelles se réfèrent la société, la diffusion de musique Folkish par Internet, la diffusion de supports enregistrés vynils, cassettes, dvd, compact disc, la création de jeu de rôle (Vikernes), le blogging (Vikernes), tout comme la tenue d’un Festival dans l’Ain, peut être un moyen d’approche et de diffusion d’idéaux néo-nazis auxquels beaucoup de ces groupes se réfèrent directement. Ce festival Folkish, surnommé naïvement « Festival Viking », représente un danger pour un public qui n’est pas informé, participe à propager des idéaux néo-nazis au grand public, et se traduit comme une démonstration de force des idéologues Odalistes.

Carla Parisi

Écrits extrémistes : 6 mois de prison avec sursis pour le Norvégien Vikernes

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Le tribunal correctionnel de Paris vient de condamner le musicien norvégien Kristian Vikernes à 6 mois de prison avec sursis et 8.000 euros d’amende pour des écrits virulents envers les juifs et les musulmans publiés sur son blog. D’abord suspecté de terrorisme, il avait finalement été poursuivi pour provocation à la haine et apologie de crime de guerre.

Ni Kristian Vikernes, ni son avocat n’étaient présents au délibéré.

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Les soutiens de Varg Vikernes étaient particulièrement mobilisés à l'occasion de la première audience en octobre 2023 : fans pour autographes et photos avec leur idole, le vocaliste de Anorexia Nervosa, un groupuscule avec une banderole déployée et siglée "Procès Vikernes mensonge d'état "Logan "Duce" Djian" gérant du bar d’extrême-droite le Crabe-Tambour, hooligan, issu des Jeunesses Nationaliste, pour devenir chef du GUD célèbre pour sa violence.
Varg Vikernes affiche la quenelle en soutien à Dieudonné q6ui comparaissait aussi au Palais de Justice de Paris le même jour.

Lors de son réquisitoire, le 3 juin dernier, la procureure Annabelle Philippe avait dénoncé des «clichés atroces», rejoignant  des «théories très proches» de celles du IIIe Reich et véhiculés dans des billets de blog écrits entre mars et juin 2013. Kristian Vikernes avait contesté être l’auteur de ces posts : «Je ne reconnais pas ce qui figure dans la convocation comme des choses que j’ai écrites». A la barre, il avait invoqué une mauvaise retranscription de ses propos à la police, car l’interprète était danois et non norvégien.

L’extrémiste avait été interpellé dans le cadre d’une enquête de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), le 16 juillet 2013 en compagnie de son épouse, dans sa maison de Salon-la-Tour, en Corrèze. Il avait finalement été libéré après 48 heures de garde à vue, faute de preuve.

Vikernes s’était fait connaître dans son pays comme musicien de black metal, mais aussi pour ses opinions d’extrême droite et pour le meurtre d’un rival artistique [ * et incendies d’églises, au moins quatre église détruites ]. Il avait alors été condamné à 21 ans de prison, soit la peine maximale en Norvège. Libéré au bout de 16 ans de détention, il s’était installé en France depuis 2010. Il avait fait l’objet d’une surveillance pendant plusieurs années. La section antiterroriste du parquet de Paris avait ouvert une enquête à la suite de l’acquisition d’armes, légale, par sa femme.


Burzum, fondé en 1991, est un one-man-band du Norvégien Kristian Vikernes , surnommé « Varg » (du nom des loups de Sauron dans Bilbo le Hobbit de Tolkien), condamné en 1994 à une peine de 21 ans de prison pour des destructions d’église par incendie et pour l’assassinat d’Oysten Aarseth alias « Euronymous », membre du célèbre groupe de black metal Mayhem (dont Vikernes a fait brièvement partie). Vikernes a poursuivi sa carrière en produisant les disques de Burzum depuis sa cellule, en écrivant des livres sur le paganisme et en créant le mouvement odaliste, tout en adoptant un look naziskin.

En 2010, après avoir purgé sa peine, Vikernes s’installe en France, en Corrèze, et se reconvertit dans le survivalisme : en 2013, il est arrêté par la police, soupçonné de vouloir commettre un attentat à l’instar d’Anders Breivik [1], et une perquisition à son domicile a découvert qu’il était en possession d’une demi-douzaine d’armes à feu. Mais c’est finalement pour des propos antisémites et racistes publiés sur son blog qu’il se retrouve la même année devant un tribunal.

Le jour de son procès, en plus des fans de Burzum venus demander un autographe et faire des selfies avec lui, une petite douzaine de militants d’extrême droite (dont Logan Djian, dont nous avons récemment parlé ici) l’accompagnaient. Il faut dire que le même jour, au même endroit, Dieudonné passait en procès pour sa chanson antisémite « Shoahnanas » : Vikernes postera le soir même une vidéo de soutien, quenelle à l’appui. Autre lien avec le milieu d’extrême droite français, Vikernes va sortir un livre intitulé M agie et Religion en Scandinavie antique aux éditions du Rubicon, une maison d’édition proche de l’émission de radio Méridien Zéro, elle-même liée au Mouvement d’Action Sociale (MAS), un groupuscule nationaliste-révolutionnaire qui s’est récemment autodissous

La Horde


 

Burzum au JT de 13H00 ! Kristian Vikernes reçoit BFM chez lui dans sa maison pour dire “je ne suis pas un néonazi”

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https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20131017.RUE9570/au-proces-du-neonazi-norvegien-varg-vikernes-ferme-ta-merde.html

https://youtu.be/yG5nqSXcSCc

Au procès du néonazi norvégien Varg Vikernes : « Ferme ta merde ! »

https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20131017.RUE9570/au-proces-du-neonazi-norvegien-varg-vikernes-ferme-ta-merde.html

Ce jeudi devait se tenir le procès du Norvégien Kristian dit « Varg » Vikernes, musicien de black metal norvégien à l’origine du projet solo Burzum, créé en 1991. En juillet, il avait été interpellé à Salon-la-Tour, en Corrèze…

Par Lucile Sourdès

Ce jeudi devait se tenir le procès du Norvégien Kristian dit « Varg » Vikernes, musicien de black metal norvégien à l’origine du projet solo Burzum, créé en 1991. En juillet, il avait été interpellé à Salon-la-Tour, en Corrèze (où il vit avec sa femme française et ses enfants) en raison de textes publiés sur son blog. Selon le ministère de l’Intérieur, Vikernes «  était susceptible de préparer un acte terroriste d’envergure  ».

Il comparaissait ce jeudi pour « provocation publique à la haine raciale » et « apologie de crime de guerre ». Sa femme, Marie Cachet, avait posté une vidéo sur YouTube pour appeler à un rassemblement devant le palais de justice de Paris.

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A 13 heures, une quarantaine de personnes étaient au rendez-vous, bottes en cuir et tenues noires. Certaines venaient de Belgique et de Slovaquie. Une grande bannière indiquait : « Procès Vikernes : mensonge d’Etat. »

Serrages de mains, accolades : les fans qui ont réussi à rentrer dans la 17e chambre correctionnelle se sont succédés pour lui montrer leur soutien.

« You’re fantastic, I’m with you »
(« Tu es fantastique, je suis avec toi. »)

Sa sortie d’audience a été accompagnée d’applaudissements des personnes venues le soutenir, et derrière le palais de justice, il a joué le jeu des photos et des autographes avec ses fans metalleux avant de sauter dans un taxi.

N’ayant reçu les 912 pièces du dossier de son client que ce lundi, son avocat, maître Julien Freyssinet, a demandé et obtenu le renvoi du procès au 3 juin 2014.

Pour rappel, en 1993, Varg Vikernes a été condamné à 21 ans de prison pour le meurtre de son ami Øystein Aarseth, surnommé Euronymous, leader du groupe de black metal Mayhem, et l’incendie volontaire de trois églises. Il a été libéré en 2009, après avoir purgé seize ans de sa peine.


Mis à jour le 18/10/2013. Ce jeudi, Dieudonné comparaissait également en appel pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson (« Shoah ananas ») dans deux vidéos postées sur Internet.

Le soir même, une vidéo était mise en ligne montrant Vikernes faisant la « quenelle » – geste consistant à placer sa main ouverte sur son bras opposé, référence au salut hitlérien – popularisée par Dieudonné. Dans la vidéo, le Norvégien dit :

« Je fais la quenelle de Dieudonné pour la liberté d’expression. »
Varg Vikernes fait la « quenelle »

 

Lucile Sourdès

A lire aussi : Le néonazi norvégien arrêté en Corrèze, une légende du black metal

 

Metalhead (2013)

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Metalhead (en islandais : Málmhaus) est un film dramatique islandais écrit et réalisé par Ragnar Bragason, sorti en octobre 2013.

Le film a été présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto dans la catégorie Contemporary World Cinema en 2013. Il fait partie de la sélection du festival FanTasia à Montréal en 20141.

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Synopsis

En 1970 dans un petit village islandais, à l’époque où Black Sabbath marquait la naissance du heavy metal en enregistrant son premier album, naissait Hera Karlsdottir (Diljá Valsdóttir puis Þorbjörg Helga Dyrfjörð), second enfant d’une jeune famille de fermiers. Elle connait, avec son frère ainé Baldur, une enfance heureuse et sans soucis jusqu’à ce qu’un jour, le 13 aout 19832, à l’été de ses onze ans2, elle soit témoin d’un accident tragique sur la ferme dans lequel son frère perd la vie.

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Comme ses parents, Hera est perdue, envahi par le chagrin. Ne pouvant surmonter sa douleur, elle trouve du réconfort dans la musique sombre du Heavy Metal que son frère aimait tant. Elle se refait à son image, apprenant la guitare, répétant les pièces favorites de ce dernier et portant même ses vêtements. La musique devient le centre de sa vie, seule bouée qui garde vivant ce frère absent. Cette passion lui maintient la tête hors de l’eau, car malgré près d’une décennie depuis la tragédie, la mort de Baldur continue de planer sur elle et sa famille qui sombre dans un silence insoutenable.

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Dans la jeune vingtaine (1992)2, alors que ses parents tentent de se fondre dans le reste de la communauté rurale en cachant leurs problèmes en public comme ils le font en privé, Héra s’éloigne de tous à travers des petits actes rebelles. Devenue une musicienne Heavy Metal accomplie, elle aurait assez de talent pour réussir si elle tentait sa chance, mais paralysée par ses craintes et sa douleur elle se rebelle plutôt au point de devenir délinquante. Incomprise des gens de son village, elle se sent prise au piège et adopte une attitude de plus en plus destructrice qui ne lui attire que des ennuis.

L’arrivée d’un jeune prêtre aux idées nouvelles, Janus (Sveinn Ólafur Gunnarsson), vient bouleverser sa vie. Pour une première fois, elle peut échanger avec quelqu’un qui comprend ce qu’elle est, ce qu’elle aime et qui l’encourage à surmonter ses craintes pour aller de l’avant avec ses propres compositions. Prenant les interventions de ce dernier pour de l’amour, elle fera face à une grande déception qui la mènera à poser un geste regrettable. Elle tentera par la suite de changer complètement sa vie à l’aide d’un ami d’enfance, Æskuvinur hennar Knútur (Hannes Óli Ágústsson). Amoureux d’elle depuis toujours, il lui proposera une vie rangée, paisible à cent lieues de ses aspirations musicales, de son style de vie et des problèmes qui en résultaient. L’arrivée de trois musiciens prêts à endisquer une démo postée par Hera sur un coup de tête sur les encouragements du jeune prêtre, placera cependant cette dernière devant un choix difficile : celui de trouver sa propre voix, de réaliser qu’elle ne peut fuir sa douleur toute sa vie, de se choisir et de grandir. Dans l’obscurité on trouve parfois la lumière.

FULL MOVIE :

Varg Vikernes, “génie et part d’ombre du black metal” selon slate

Nettoyage de l'article et précisions :
l'article est intéressant, semble écrit par un fan de burzum, mais j'y apporte mes commentaires et j'ai rayé des passages, plutôt que de couper les passages problématiques.

l'erreur la plus important consiste à dire que burzum n'est pas affilié à la "politique"
- c'est confondre "politique" et "métapolitique"
- dés les années 1990 la gestion des droits de burzum sont jumelés à la promotion volkisch de vikernes, ainsi qu'à hendrik mobus, élargie a w. pierce en amérique du nord pour le compte du réseau de distribution resistance records, la branche musicale métapolitique white power.
La terminologie utilisée par l'auteur ne convient pas du tout : 

- "Génie" : il est plutôt question d'un type connu comme gourou terroriste et promoteur völkisch occulte et producteur a succès depuis 1992.

- "disques essentiels" : pas du tout ! disques de merde, et néfastes, musicalement et historiquement.

- "son message politique ne transparaît pas", il est question de stratégie métapolitique fasciste à posture apolitique de façade, la weltanschauung proposée par vikernes est l'essence de sa musique apolitéïque

- "poétique et contemplatif" casserolade viking faf bourgeoise de taulard chéperr et nazi A LA MODE depuis 30 ans, et chouchou des bobos hipsters geeks depuis internet.

- "Et sans réel message politique, sinon de l'antichristianisme et des textes païens ou abstraits " : c'est un disque enregistré en prison ! par un meurtrier néonazi d'une figure essentielle du black metal, vikernes finance la promotion völkisch et les droits de burzum à l'échelle de sa diffusion mondiale et la fnac ... depuis 30 ans, cymophane est dans le giron resistance records depuis l'été 1999 pour l'amérique du nord
quel message politique occulte et invisible !
...etc.
 
- sont supprimés de l'article : des photos promotionnelles de vikernes, des audio officiels de burzum, ainsi que les liens vers tout les contenus vikernes, cymophane, thulean perspective, ... et autres ainsi que les liens morts bannis depuis 2013

Arrêté en Corrèze mercredi et soupçonné de préparer une action terroriste à la Breivik après avoir déjà passé seize ans en prison pour meurtre, le leader du groupe Burzum est aussi l’auteur de plusieurs disques essentiels où son message politique ne transparaît pas.

Mini-Breivik», «néonazi»... Les qualificatifs ont fusé pour décrire Varg Vikernes lors de son arrestation avec son épouse française, mardi 16 juillet, en Corrèze. L’image du criminel suspecté de «préparer un acte terroriste de grande envergure», selon le ministère de l’Intérieur, a pris le pas sur celle du musicien de génie derrière le groupe Burzum.

Peut-on en vouloir aux médias ? Pas vraiment, tant l’histoire du black metal s’est aussi écrite dans la violence. Néanmoins, Varg Vikernes a toujours tracé une frontière claire entre l’artiste et l’homme dans l’ensemble de son œuvre. Petite séance de rattrapage…

L’histoire du petit Kristian Vikernes débute en Norvège dans les années 70. Comme pas mal de gamins de Bergen, Varg s’ennuie comme un rat mort dans cette ville aux allures de Disneyland scandinave. Pour tromper l’ennui, il joue aux jeux de rôles et développe une fascination pour la mythologie nordique et les écrits de Tolkien.

Du pain bénit pour les journalistes qui écriront plus tard à son sujet. Seulement voilà, Kristian a une grille de lecture plutôt originale de la géopolitique de la Terre du Milieu. Pour lui, hobbits, elfes et nains incarnent le rouleau compresseur de la chrétienté à l’origine de la destruction des pratiques ancestrales païennes, alors que les armées de Sauron sont en fait les good guys, de valeureux Vikings qui ne cherchent qu’à défendre et étendre leur territoire.

En toute logique, Kristian renomme son premier groupe, Kalashnikov, en Uruk-Hai (une race d’orcs guerriers dans le Seigneur des Anneaux), avec des paroles aussi inteligentes que «Uruk-Hai / You will die!». Rebaptisé Varg («loup» en norvégien) pour l’occasion, il rejoint Old Funeral, formé par les futurs membre de Immortal.

Mais voilà, le death metal bas du front et plein de clichés, Varg Vikernes, 18 ans à peine, l’exècre. Les clubs technos de Bergen l’intéressent bien plus que les vestes à patchs. Sobre, il se met à rôder silencieusement dans ces lieux pour s’imprégner des vibrations et de la puissance froide et répétitive de la musique électronique.

Il quitte Old Funeral, vire les membres d’Uruk-Hai et fonde en 1991 Burzum, signifiant «Ténèbres» dans la langue du Mordor. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il s’agira d’un one-man band, façon Hasil Adkins à clous.

Du métal faisons table rase

À quelques kilomètres de là, Øystein «Euronymous» Aarseth se met en tête de faire la musique la plus offensive du monde, avec pour influences principales Venom et Bathory. Il fonde Mayhem et écrit les riffs qui deviendront la syntaxe originelle du black metal.

Aarseth et Vikernes n’ont a priori pas grand chose en commun et des idéologies diamétralement opposées : Euronymous est communiste* [communiste ! vraiment ? cette affirmation pose question] alors que Varg Vikernes semble déjà impliqué dans des groupuscules d’extrême-droite — dans son Encyclopedia of White Power, le chercheur Jeffrey Kaplan le décrit à l’époque comme impliqué dans un mouvement «skinhead national-socialiste».

Mais la volonté de faire table rase d’un metal vérolé par les clichés et les excès des années 80, le tout saupoudré d’une haine féroce de la religion, va sceller leur courte mais intense union pour les années à venir. Leurs approches diffèrent: là où Deathcrush de Mayhem imagine un black metal ultraviolent et frontal, les premiers enregistrements de Varg Vikernes développent un son atmosphérique basé sur des progressions beaucoup plus lentes. Une approche radicale, novatrice et sensible dans un milieu gonflé à la testostérone.

Les deux groupes s’inspirent et se nourrissent mutuellement, Euronymous sortira le premier album de Burzum et un EP, Aske, sur son label Deathlike Silence Productions, et Vikernes assurera la basse sur le premier LP de Mayhem, De Mysteriis Dom Sathanas (1993).

Joyeux drilles excités du briquet

Dans les caves d’Helvete (la boutique de disques d’Øystein Aarseth, qui servait aussi de repaire aux membres de la scène black norvégienne), ils fondent, un peu comme une blague, le Black Metal Inner Circle, une bande de joyeux drilles excités du briquet. Varg Vikernes se met à incendier des églises centenaires en bois debout avec ses complices (la Stavkirke de Fantoft, pour ne citer qu’elle), acte qu’il considère comme une juste rétribution pour les exactions de la chrétienté à l’encontre de la culture païenne nordique.

Plusieurs membres du cercle sont suspectés, mais seul Vikernes endossera la responsabilité de ces incendies criminels dans une interview supposée rester anonyme. Le 20 janvier 1993, la Norvège découvre l’existence de la scène black metal sous les traits d’un Vikernes belliqueux dans les colonnes du quotidien Bergens Tidende.

L’affaire des églises brûlées attire l’attention sur la scène et le black metal devient un genre populaire comme un autre en Norvège. On soupe des vestes à clous et du corpse paint à tous les rateliers, tout le monde se réclame sataniste pour grappiller péniblement un peu de street cred’. Les tensions commencent à se faire sentir entre les deux pères fondateurs et la méfiance s’installe.

Le 10 août 1993, Vikernes se rend chez Euronymous, sous le prétexte d’un différend commercial à régler, armé d’une dizaine d’armes blanches. Il poignarde le guitariste de Mayhem à plusieurs reprises, et —en toute intelligence— aurait, selon la légende, laissé des contrats discographiques maculés de ses empreintes ensanglantées sur la scène de crime. Plus intelligent encore, il parade le lendemain dans les locaux de sa maison de disque, costume de guerrier et gourdin à la main, pour une session photo qui restera dans les annales du metal.

Disques poétiques et contemplatifs

Retour à la case prison, où il a déjà fait un court séjour dans l’affaire des églises: cette fois, c’est pour 21 ans ferme, un verdict accueilli avec le plus beau des sourire. La légende prend le pas sur la musique, laissant en rade les poseurs. Le black metal n’est pas que de l’apparat pour effrayer les grand-mères, c’est un mode de vie pour les «vrais» —les «Trve». La Norvège vient de l’apprendre à la dure.

Hvis Lyset Tar Oss (1994) puis Filosofem (1996) sortent au début de son incarcération. Alors que le black metal commence à s’engluer dans le symphonique et la grandiloquence, Varg Vikernes prend le genre à revers avec des morceaux comme Dunkelheit, lents, poisseux et mal produits (la légende veut que la voix fut enregistrée avec un micro d’ordinateur et la guitare branchée sur un mini-amp à piles).

Poétique et contemplatif, mû par une recherche constante de radicalité, ce dernier disque reste encore aujourd’hui l’un des mètres-étalons du genre. Et sans réel message politique, sinon de l’antichristianisme et des textes païens ou abstraits:

«When night falls
She cloaks the world
In impenetrable darkness
A chill rises
From the soil
And contaminates the air
Suddenly… Life has new meaning»

Mais Vikernes est déjà loin. Son pote Fenriz du groupe Darkthrone continue à lui envoyer de la musique en prison, mais il n’y a que la politique qui semble l’intéresser. Durant ce qu’il considère comme une «retraite», il alimente un site néonazi de ses théories racialistes et pose tranquille en chemise brune dans sa cellule, un bras tendu vers l’avenir et la coupe bien dégagée autour des oreilles.

Varg Vikernes en prison en 1995

En parallèle, les groupes de NSBM (pour national socialist black metal) commencent à fleurir un peu partout en Europe, mais Vikernes garde ses distances avec cette communauté qui l’aurait probablement porté en leader. Ces mêmes nazillons qui auraient aimé trouver un message «éclairé» dans la musique de Burzum se retrouvent sur le carreau: les deux albums suivants, Dauði Baldrs et Hliðskjálf, enregistrés en prison, sont entièrement instrumentaux.

pendant que Vikernes est incarcéré les droits de Burzum sont gérés par Hendrik Möbus, libéré en 1996-97 qui les négocie à l'été 2000 avec W. Pierce pour Resistance Records.

Juste des longues plages d’ambient enregistrées au synthéthiseur (les autres instruments lui étant interdits), inspirés de légendes nordiques. Ou quand Charles Manson rencontre Brian Eno quelque part au Moyen-Âge, sans aucune branche de svastika à laquelle se raccrocher pour les fachos.

il est plutot question de nsbm volkisch dés les années 90 qui trouve parfaitement son essors commercial mondial, plutot que de nsdap metal, de naziskin RAC, ou de nazi hitlérien du 3e reich il ya 100 ans ...

Vikernes déclare d’ailleurs vouloir mettre fin à Burzum, déçu par un public qui ne le comprend pas. Toujours plus loin dans le thug parfum white power, il tente en 2003 de s’évader de la prison haute-sécurité de Tønsberg, dernier coup d’éclat avant de disparaître des radars, comme une bonne partie du True Norwegian Black Metal, d’ailleurs.

Quand le black metal devient branché

Il faudra attendre un an après sa libération anticipée, en 2009, pour entendre un nouvel album de Burzum, Belus. Mais les choses ont bien changé depuis 1993: le black metal est sorti de sa grotte, on voit des kids branchés arborer des hoodies de Mayhem et Burzum de la même façon qu’ils portent un tee-shirt Supreme. «Parce que c’est cool, tu vois.»

Pire encore —infâme sacrilège—, les chroniques du genre bourgeonnent sur Pitchfork, Stereogum et consorts. Finis les fanzines photocopiés, le BM est devenu en surface «fréquentable». L’outsider fait maintenant partie intégrante du paysage indie-plouc.

Varg Vikernes en restera pourtant le vilain petit canard. À la sortie de Belus, beaucoup de chroniques posent la sempiternelle question du «Peut-on dissocier l’artiste de la personne?» La même rengaine dont on usa jadis avec Céline, Dostoïevski, voire Aragon et Sartre.

Parce que, voilà, chroniquer un musicien ouvertement facho dans un paysage black metal poli et pacifié, ça demande un peu de pincettes et que personne ne veut trop se mouiller. Quand l’ambiance générale tend à l’apaisement des climats, à la dédiabolisation du metal et au rachat de façade (comme on a pu voir avec les polémiques autour des déprogrammations du Hellfest), il est plutôt embarrassant d’avoir un vrai méchant comme porte-étendard.

Mais si Varg Vikernes se répand grassement en discours nauséabonds et théories révisionnistes sur le web, sa musique reste encore purgée de toute politique. Du black metal à de bonne facture, irréprochable (les critiques s’accordent là-dessus), puisant une fois de plus son inspiration dans les légendes scandinaves. Pas si simple donc, de tracer une ligne claire et nette dans la fange.

Rêves de grandeur passée

Ces dernières années, la musique de Burzum pouvait finir par se confondre, aux yeux de ses fans, avec la vision très amère que Vikernes a de l’Europe actuelle: une entité moribonde rêvant à sa grandeur passée. La politique a fini par ressurgir, mais pas de la manière attendue.

Varg Vikernes lors de la promo de l’album Umskiptar en 2012 (M.C.)

Fallen (2011) se calque sur son prédécesseur en pilotage automatique et Umskiptar (2012) donne l’impression que Vikernes a complètement déserté l’appareil, à quelques saillies près.

Retranché en France, il enchaîne les provocations et s’amuse à réécrire l’histoire de l’Humanité avec sa femme dans une ambiance «Les Vikings aux grottes de Lascaux». Dans un ultime geste de provocation, il fera ses adieux aux guitares pour tenter de remettre au goût du jour le bontempi sur Sôl Austan, Mâni Vestan (2013), qui marque la fin d’un Burzum avant-gardiste, sinon un pénible retour en arrière.

Et puis, l’arrestation de mardi a remis le Vikernes des faits divers sur le devant de la scène, aux dépens du musicien. En même temps, peut-on décemment attendre de quelqu’un qui a un jour décidé de redéfinir la musique en un crachat à la face du monde qu’il soit un enfant de chœur? Comme le soulignait avec humour sur Facebook Adrien Havet, co-fondateur de Førtifem et spécialiste du genre:

«Alors que de partout explosent d’inquiétude les metalleux, soucieux de voir ternie l’image du metal. Soyez cohérents un peu, merde. Quitte à avoir l’air de gros cons, autant que les gens nous perçoivent comme les pires.»

L‘ADN du black metal réside aussi dans la mythologie extrême qui entoure ses acteurs principaux et cette volonté de rester en marge de la société. Une part d’ombre qui est aussi à assumer.

François Vesin

https://www.slate.fr/story/75476/burzum-varg-vikernes

Quelque semaines plus tard burzum propose un nouveau disque avec un très grand nombre de swastikas affichées en couverture sur la pochette de l’album, battant le record des pochettes RAC aussi.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/aa/Burzum_-_The_Ways_of_Yore.jpg

mais les chroniques des spécialistes n’y voient uniquement “La couverture de l’album est tirée de Merlin et Viviane, une gravure du célèbre artiste français Gustave Doré, réalisée pour le poème de Alfred Tennyson Les Idylles du roi.”

https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Ways_of_Yore

Un néo-nazi norvégien arrêté en France

 

Kristian Vikernes, dit "Varg", était venu s'installer en France après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège.

Kristian Vikernes, dit “Varg”,
le réfugié a trouvé asile à Salon-la-Tour en Corrèze en France
après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège.
© Capture Facebook de Kristian Vikernes

 

Sympathisant de Breivik, il était soupçonné de préparer un “acte terroriste d’envergure”.

Un néo-nazi norvégien et figure du black metal, sympathisant de l’auteur de la tuerie d’Utoya en juillet 2011 Anders Breivik, et son épouse française ont été arrêtés mardi à l’aube en Corrèze. Kristian Vikernes, dit “Varg”, 40 ans, et Marie Cachet, 25 ans, ont été interpellés par les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à leur domicile à Salon-La-Tour, où ils vivaient avec leurs trois enfants, a indiqué cette source, confirmant une information de RTL. Ce néo-nazi était susceptible de préparer un “acte terroriste d’envergure”, a fait savoir  mardi midi le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, tout en reconnaissant qu’il n’y a pour le moment “ni cible, ni projet identifié”.

Adepte des tenues militaires, Kristian Vikernes avait camouflé ses trois voitures :

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© Europe1/Benjamin Peter

Quatre fusils achetés par sa femme. Kristian Vikernes, dit Varg, était venu s’installer en France en 2010 après avoir purgé une peine de 21 ans de prison en Norvège, la peine la plus lourde dans ce pays, finalement ramenée à 16 ans. Sa femme, une Française inscrite dans un club de tir, venait d’acheter quatre fusils en toute légalité. Si le Norvégien était depuis plusieurs années l’objet d’une surveillance c’est au début du mois que l’affaire a été judiciarisée, avec l’ouverture d’une enquête préliminaire par la section antiterroriste du parquet de Paris. Une décision consécutive à cet achat d’armement. En perquisition, les policiers ont notamment saisi mardi matin cinq armes longues, dont quatre carabines 22 long rifle.

Raciste et néo-nazi notoire. Raciste et néo-nazi notoire, Kristian Vikernes est par ailleurs un des 500 destinataires du manifeste écrit par Anders Behring Breivik, l’auteur de la tuerie d’Utoya qui a fait 77 morts en juillet 2011. Ce dernier a été jugé pénalement responsable d'”actes terroristes” et condamné à 21 ans de prison en août 2012  [Kristian Vikernes est condamné le 16 mai 1994] par la justice norvégienne. En avril 2011, Kristian Vikernes avait signé une tribune en français sur son site internet personnel. Intitulé “Chère France”, ce texte appelait les Français à voter pour le Front National.

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© Capture -site Burzum.org

L’homme  était  considéré par les enquêteurs comme “susceptible de préparer des actions violentes” et à ce titre “jugé dangereux”, a indiqué une source policière. Une source judiciaire a de son côté évoqué une “dangerosité potentielle”. Les enquêteurs s’inquiétaient notamment de messages ouvertement antisémites et xénophobes du Norvégien sur internet à quelques jours de la date du 22 juillet, le triste anniversaire de la tuerie d’Utoya.

Une figure du black métal déjà condamnée. “Varg”, qui signifie le loup, est une figure de la musique black metal, connue au-delà des frontières norvégiennes jusqu’en France. Sa condamnation dans les années 90 avait été prononcée pour plusieurs incendies d’églises et pour l’assassinat de plus de 20 coups de couteau de son ami Oyestein Aarseth, alias Euronymous, ancien leader du groupe Mayhem, groupe culte de ce genre musical.

Varg venait de sortir un disque, le 28 juin dernier, avec son groupe actuel, “Burzum”, ce qui signifie “ténèbres” en langue de Tolkien.

https://www.europe1.fr/international/Un-neo-nazi-norvegien-arrete-en-France-550324

“Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs”

https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/07/16/vikernes-defend-une-europe-blanche-debarrassee-de-tous-les-peuples-metisses-et-des-juifs_5992839_823448.html

Stéphane François est historien des idées et spécialiste des sous-cultures d’extrême droite. Il revient sur Varg Vikernes, néonazi norvégien interpellé mardi matin en Corrèze et sur les relations entre la scène Black metal et l’extrême droite.

Qui est Varg Vikernes ?

C’est un musicien norvégien de la scène Black Metal, une figure importante, même mondiale de ce courant musical. Varg Vikernes, Kristian de son prénom, est surtout connu pour avoir défrayé la chronique dans les années 1990 pour des propos racistes, satanistes et des incendies d’églises plus que millénaires en Norvège.

https://youtu.be/CYJ6H2kKbFE

Il est aussi connu pour avoir tué un membre de son groupe, Øystein Aarseth, alias Euronymous. Il fera de la prison pour cela, 21 ans, la peine la plus lourde en Norvège.

Il a aussi fait quelque chose qui a beaucoup choqué en Norvège, il a pris comme second prénom, Quisling, du nom chef de gouvernement pronazi norvégien pendant la seconde guerre mondiale.

Vikernes fut aussi un ancien skinhead dans sa jeunesse. Il est à la fois un musicien et quelqu’un qui s’est radicalisé avant d’aller en prison mais est devenu « officiellement » néonazi en prison. Varg Vikernes a aussi soutenu un groupuscule néonazi, le « Einsatzgruppe », qui prévoyait de faire des attentats en Norvège. Cette frange radicale n’hésite pas à avoir de propos racistes dans leurs entretiens.

Appartient-il à des groupes politiques ?

https://lahorde.samizdat.net/local/cache-vignettes/L730xH300/vikernes-proaee8-26fa2.jpg?1697470728

Oui, il appartient à plusieurs structures néo-païennes völkisch, des groupuscules, comme le Front païen norvégien et le Front païen germanique. Il se réclame du paganisme nordique. Il est aussi un des membres fondateurs du mouvement extrémiste norvégien Résistance Aryenne.

 Quel est son courant musical ? 

Au départ, c’est le Black metal. Avec son premier groupe, Mayhem, c’est une des figures phares du Black metal. Une fois qu’il a fondé Burzum, son nouveau groupe, il est devenu une figure de proue dans le monde du National socialist black metal (NSBM). D’ailleurs, Burzum, c’est une grande référence, quelque chose d’important, on peut trouver leur disque à la Fnac ou chez Gibert ! Ce n’est pas cantonné au « petit milieu ». Les CD peuvent tirer à 20 000 ou 30 000 exemplaires.

Le Black metal est apparu au milieu des années 1980. C’est une évolution musicalement, esthétiquement et textuellement violente du Metal. C’est une sorte de vision lourde musicalement, pessimiste du hard-rock, qui prise les sons gutturaux et les atmosphères oppressantes. Sa genèse musicale renvoie à plusieurs groupes et registres : Black Sabbath, pour les textes désespérés, Kiss et Alice Cooper, pour les maquillages et Led Zeppelin pour les textes occultistes. Parmi les codes du Black metal, il y a la misanthropie, la haine du monde mais surtout un discours élitiste.

Une partie des références est ouvertement païenne, l’autre étant un satanisme bricolé à partir des représentations romantiques du satanisme médiéval. Ces groupes font référence à un monde mythique d’avant l’histoire où de super guerriers harnachés de cuir et de métal combattent les dragons, les entités maléfiques, les dieux…

Au niveau (pseudo) religieux, cette scène a fait un syncrétisme entre le paganisme nordique, celte parfois, et le satanisme, à un tel point que parfois nous pouvons même parler de « pagano-satanisme ». Ce syncrétisme se renforce chez les plus radicaux d’un racisme biologique.

Ces « pagano-satanistes » professent un antichristianisme primaire mâtiné de darwinisme social. « Le christianisme est pratiqué par des gens trop faibles pour contrôler leur propre vie. La religion représente la morale de pitié illogique qui va à l’encontre des lois de la nature », explique par exemple l’une des figures du milieu. Ces groupes insistent ouvertement sur la bestialité, la brutalité et la force, les faibles subissant la violence des forts, c’est-à-dire des Vikings. Ce darwinisme primaire est revendiqué et assumé par la frange la plus radicale de cette scène.

Certains des groupes radicaux influencés par les délires racialistes païens de Varg Vikernes accompagnent leurs disques de représentation de la Totenkopf (la tête de mort des divisions SS gardiennes des camps de concentration) et de runes. Il a même existé même un groupe appelé Zyklon B, du nom du gaz utilisé dans les camps d’extermination.

Cette mouvance est implantée partout ?

On en a principalement du NSBM en Europe et aux Etats-Unis mais aussi en Australie ou en Nouvelle-Zélande. En France, leur heure de gloire a eu lieu lors de la décennie 1990-2000. Il y a encore pas mal de fanzines et de labels qui en font la promotion, comme* Deo Occidi, fondé par Rudy Potyralla, lié aux Charlemagne Hammerskins. [* à la fin des années 90]

Il y a eu une tentative de récupération politique de la scène Black metal  par l’extrême droite radicale  ?

Le genre de propos et de provocations du milieu Black metal radicalisé ont incité une partie de l’extrême droite païenne à tenter de récupérer ces groupes. Nouvelle résistance  [formation nationaliste-révolutionnaire créée en 1990 et disparue aujourd’hui] l’a tenté par exemple.  Ils  avaient  essayé   de mettre en place un label pour sortir des disques de musique industrielle et de Black metal. Le fanzine Napalm Rock était  d’ailleurs lié à ce groupuscule animé par Christian Bouchet [ancien dirigeant nationaliste révolutionnaire, il est aujourd’hui tête de liste FN aux élections municipales à Nantes].  Le but affiché de Napalm Rock  était de « montrer que la culture musicale nationaliste/païenne est aussi liée au Black metal, au Death metal, à la musique industrielle et au hardcore ».

Cette politique est aussi celle   aujourd’hui  de  la revue  Réfléchir & Agir qui chronique dans ses pages des productions musicales Black metal. Actuellement encore, les forums de certains sites Internet consacrés au Black metal voient des tentatives d’entrisme de la part de militants d’extrême droite, notamment néo-nazis et nationalistes-révolutionnaires, quand ils ne sont pas complètement noyautés par ceux-ci. Cet entrisme est facilité par la naïveté et l’apolitisme revendiqué des animateurs de ces sites. Il se peut aussi que des sites soient créés par des militants d’extrême droite, adaptant au Web la politique de la décennie précédente vis-à-vis des fanzines.

Autre exemple, les profanateurs de Carpentras, des skinheads, venaient de la scène Black metal. La tendance NSBM est une des composantes de la mouvance néonazie actuelle.

Ne soyons pas trop dur avec les imprécisions journalistiques :
L'auteur confond 2 affaires de profanations de cimetières :

- Carpentras 1990 : skinhead PNFE crane rasé ne provenant pas de la scène black metal
la profanation d’un cadavre dans le cimetière juif de Carpentras (Vaucluse), en mars 1990. Imputé à l’influence culturelle du FN, cet acte, qui devint un événement de mobilisation fondamental dans la stratégie de mobilisation politique et associative contre le Front national, fut élucidé seulement en 1996, alors que l’un des auteurs, Jean-Claude Gos, skinhead de Denain (Nord) et membre du PNFE, était déjà décédé. 

- Toulon 1996 : les profanateurs membres du groupe Funeral sont chevelus et pas skinheads mais ont opérés la convergence NS+BM

Quels rapports Varg Vikernes entretient-il avec Andreas Breivik ? Il était récipiendaire du Manifeste de Breivik mais au lendemain de la tuerie d’Utoya, il avait estimé que ce dernier « faisait le jeu des juifs »…

Pour Varg Vikernes, Breivik est un petit joueur. Vikernes est beaucoup plus radical et extrême.. Breivik défend l’Occident chrétien, pour Vikernes il est hors de question de défendre l’Occident chrétien, ni l’Occident tout court, qu’il considère comme dégénéré.

Vikernes reprend les thèmes nazis sur la décadence de la civilisation américaine. D’ailleurs les personnes avec qui il est en contact aux États-Unis comme Michael Moynihan,  vivent au fin fond des Etats-Unis, sans aucun contact avec le monde extérieur, en autarcie, ils ont leur communauté païenne germanique et surtout aucun mélange ni aucun contact avec les populations métissées.

Un exemple pour illustrer tout ça : Vikernes a laissé tomber le heavy métal car pour lui le rock, qui vient du blues, est une « musique de nègres ». Il a abandonné l’aspect rock pour se tourner vers le folk, musique « blanche » dépourvu de toutes influences, et musique électronique de type industriel, entièrement « blanche » aussi.

Pour résumer sa pensée, Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs. C’est le nouvel ordre européen des nazis avec une Europe forcément païenne.

Propos recueillis par Abel Mestre et Caroline Monnot

Destruction de l’église en Bretagne et black metal. Les incendiaires criminels sont des amis du profanateur de Toulon et figure NSBM Anthony Mignoni

Ronan Cariou et Amandine Tatin sont, notamment, soupçonnés d'avoir provoqué, dans la nuit du 29 au 30 janvier, l'incendie criminel qui a entièrement détruit la chapelle de Saint-Guen, à Saint-Tugdual Ronan Cariou et Amandine Tatin sont, notamment, soupçonnés d’avoir provoqué, dans la nuit du 29 au 30 janvier, l’incendie criminel qui a entièrement détruit la chapelle de Saint-Guen, à Saint-Tugdual (56), après en avoir sorti des statues et les avoir déposées, la tête en bas, dans le cimetière attenant à l’édifice. (Photo archives François Destoc)

Que se cache-t-il derrière Ronan Cariou et Amandine Tatin, ce jeune couple soupçonné d’avoir profané et dégradé chapelles et cimetières, en janvier et février derniers, en Bretagne ? Les indices laissés par Amandine mènent à d’inquiétantes fréquentations, au carrefour du satanisme, de l’idéologie néonazie et de la musique black metal. D’un côté, l’image de ce jeune couple très amoureux qui se lance dans la vie active. De l’autre, le squelette d’une chapelle du XVI e siècle aux murs noircis se dressant au sommet d’une colline. Ou encore l’image de ce crâne, arraché à la dépouille d’un homme mort il y a plus de 50 ans, dans un caveau, près de Nantes. Saisissant contraste. Qu’est ce qui a poussé Amandine Tatin, 21 ans, et Ronan Cariou, 28 ans, sur la route des cimetières et églises de la région de Quimperlé et de Nantes ? Le couple a reconnu plus de six profanations. Toutes portent la marque du diable : les chiffres « 666 », des croix et pentagrammes inversés. Difficile de ne pas penser à un cycle initiatique. D’autant que, comme les rituels sataniques l’exigent, des actes sexuels ont bien eu lieu sur certains des sites profanés. Amandine et Ronan ont, en tout cas, filmé tous les « exploits » de leur triste périple. La vidéo, avec des livres, photos et des objets de culte dérobés sur les différents sites, est l’une des nombreuses pièces à conviction saisies par les enquêteurs.

Un étrange message

Troublantes, aussi, ces étranges inscriptions dans la chapelle de Guiscriff, dans le Morbihan. Des « runes » : des caractères aux vertus prétendument magiques, empruntés au plus ancien système d’écriture nordique. Un message qui, une fois décodé, évoque « le passage vers une autre dimension », « la lumière » et « le réveil après un long sommeil ». Encore plus déconcertant, les dates auxquelles les faits bretons ont été commis correspondent exactement à des dates clés du calendrier satanique : nuits précédant la nouvelle lune et fin d’un des quatre sabbats annuels; celui du « porteur de lumière », symbole du feu : Lucifer. Satanisme ? Amandine nie farouchement. Ces inscriptions ne seraient qu’un habillage folklorique, sans signification réelle. Pourquoi s’en prendre, alors, exclusivement à des symboles religieux ? Ces questions agacent Amandine. Son avocat les balaie d’une phrase : « S’ils avaient été dans le 93, ils auraient brûlé des voitures ». La jeune femme, qui craignait ces « mauvaises interprétations », a réponse à tout. Elle possède un drapeau nazi ? « Ce n’est pas cet emblème qu’il faut voir », répond-elle, renvoyant ces interlocuteurs vers les symboles de bon augure, d’équilibre ou solaire que désignait, « bien avant la croix gammée nazie », ce signe païen.

Coup de foudre à l’Afpa de Rennes

L’ethnologie passionne Amandine. Tout spécialement l’odinisme, cette « religion » dominante au nord de l’Europe avant la conversion des tribus au christianisme. La jeune femme a arrêté ses études en fin de classe de 3 e . C’est à cette même époque qu’elle a quitté le très chaotique foyer parental, à Toulon. Ensuite ? Foyers d’accueil, petits boulots, dont un passage dans une boutique de jeux de rôle. L’an dernier, selon son oncle, elle suit une formation en menuiserie dans le Var. Moins d’un an plus tard, elle arrive à Rennes pour suivre une nouvelle formation à l’Afpa. C’est là qu’elle rencontre Ronan. Le jeune homme, titulaire d’un BTS agricole, prépare sa reconversion à la plomberie. Avec succès. Quelques mois plus tard, il décroche un CDI dans une petite entreprise, à Concarneau. Le couple ne se quitte plus. Il emménage à 30 km de la « cité des thoniers » et ses loyers « trop chers ». A Saint-Thurien, bourg de 867 âmes perdu au-dessus de Quimperlé.

« J’ai pété les plombs »

Pour Amandine, c’est la clé de l’affaire. Loin de tout, en plein hiver, attendant chaque jour le retour de son compagnon, elle aurait « pété les plombs ». Et quand on lui fait comprendre que la réponse est un peu courte, la jeune femme s’énerve. D’ailleurs, elle ne comprend pas pourquoi l’instruction dure « si longtemps ». Les faits sont si simples… Son avocat, M e Daniel, les résume ainsi : « Ce ne sont pas des adorateurs de satan. Ce sont des gamins qui ont, enfin, pris conscience de la gravité de leurs bêtises. Aujourd’hui, ils en ont honte et ils regrettent ». Amandine se dit prête à payer la note : prison et indemnisation salée. « Que voulez-vous de plus ? », s’étonnait-elle encore récemment.

Profanations à Toulon meurtre en Alsace

Dans sa cellule de la maison d’arrêt de Rennes, la jeune femme est tourmentée. Elle ne tient surtout pas à ce qu’on fouille dans sa vie. A Toulon notamment, d’où elle est originaire. Que pourrait-on y trouver ? Ses liens avec un dénommé Mignoni. Anthony Mignoni, aujourd’hui âgé de 31 ans, condamné à trois ans de prison ferme en 1996. Il avait participé à la profanation d’une tombe au cours de laquelle le cadavre d’une septuagénaire avait été exhumé et transpercé à l’aide d’un crucifix inversé. C’est le même Anthony Mignoni que l’on retrouve en Alsace, la même année, mêlé à l’assassinat d’un prêtre tué de 33 coups de couteau. Le meurtrier a tout juste 18 ans. Il s’appelle David Oberdorf. Au cours de son procès, en 2001, celui-ci déclare avoir voulu « s’élever au rang d’Anthony Mignoni », son maître. Celui qui l’a initié au satanisme. La mère de David Oberdorf témoigne aussi : « Anthony Mignoni était nocif. Il disait qu’il fallait tuer les juifs, les chrétiens. J’interceptais des cassettes et les lettres qu’il envoyait à David. Il voulait qu’il brûle une église ». Il lui avait également demandé de voler un crâne dans un cimetière… Blanchi par l’accusé, Anthony Mignoni sera juste entendu comme témoin. David Oberdorf, lui, sera condamné à 25 ans de réclusion criminelle.

La piste néonazie

Le Toulonnais fait encore parler de lui en 2004. Il est condamné à de la prison avec sursis pour « diffusion d’une revue exhortant à la haine raciale et l’antisémitisme, apologie de crimes contre l’humanité » et de nouvelles profanations de sépultures commises en 1997.

Autre contact : celui de Varg Vikernes, pionnier du courant musical black metal, unique membre du groupe Burzum. Ce Norvégien âgé de 33 ans purge actuellement une peine de 21 années de réclusion pour avoir poignardé de 23 coups de couteau, en août 1993, le leader d’un autre groupe de black metal (Mayhem). Les deux hommes appartenaient à « l’Inner Black Circle ». Une organisation sataniste terroriste à l’origine de l’incendie volontaire de huit églises en Norvège, et qui en aurait inspiré plusieurs dizaines d’autres, ainsi que des meurtres et des suicides, dans les pays voisins. Aujourd’hui, Varg Vikernes s’est tourné vers l’odinisme et l’idéologie néonazie. Confrontée à ces nouveaux éléments, Amandine aurait nié toute influence néonazie. Ses relations avec Mignoni et les autres ne seraient « qu’ exclusivement musicales » (*). Elle-même musicienne (guitare basse), elle aurait proposé ses services au groupe de black metal toulonnais, Blessed in Sin (Bénis dans le péché). Encore un hasard malheureux : deux de ses membres, les frères Magnoni, ont été condamnés pour les profanations de Toulon et diffusion de fanzines néonazis. Amandine aurait été ébranlée par ce tournant de l’instruction. La jeune femme, jugée très intelligente, « a perdu de sa superbe », selon une source proche de l’enquête. Elle ne s’exprime plus avec un fort accent allemand, comme lors de sa première audition. Son compagnon a également paru déstabilisé. Visiblement, il semblait découvrir ces liens. Peut-être sera-t-il amené à réfléchir aux circonstances de sa rencontre avec Amandine. Pourquoi est-elle venue en Bretagne ? Venait-elle en mission, pour implanter un réseau dans la région ? Des investigations sont en cours.

Procès en sorcellerie ?

L’avocat de la jeune femme conteste ce scénario. « Ce n’est pas parce qu’Amandine aime certains groupes de black metal qu’elle partage la philosophie de leurs membres. Tous ceux qui apprécient Baudelaire n’approuvent pas l’usage des drogues, raille M e Daniel. Que cherche-t-on ? Les procès en sorcellerie n’existent plus ! Et pénalement, cela n’apporte rien aux charges retenues contre elle. » Étrange Amandine. Quand il quitte précipitamment Saint-Thurien, début février, alors que la série de profanations fait la une des médias, le couple organise, malgré tout, son départ dans les règles. L’agence est prévenue, l’employeur de Ronan aussi. Officiellement, le couple rencontre de gros soucis financiers. Il rejoint le domicile des parents de Ronan, près de Nantes. En moins d’une semaine, Amandine s’inscrit en intérim. Elle trouve même un travail. Et quand elle est interpellée, son premier coup de fil est pour… son employeur. Pour le prévenir qu’elle ne pourra pas venir ! Troublant pour une jeune femme censée être manipulatrice et adepte du diable.

Macabre « lune de miel »

Pour l’heure, en prison, Amandine et Ronan s’écrivent tous les jours. Plusieurs fois par jour. Tous les deux portent le même pendentif : un marteau de Thor. Dans la mythologie nordique, c’est un symbole de protection. Un signe que l’on traçait au-dessus des couples qui venaient de s’unir par les liens du mariage. Pour Amandine, c’est aussi la marque de sa « haine des religions ». Subjugué par sa compagne, mal dans sa peau, Ronan n’aurait fait que la suivre. C’est du moins ce qu’estiment certains membres de la famille du jeune homme. Certains soirs, le couple parcourait jusqu’à 300 km pour repérer les cimetières et les chapelles où ils allaient ensuite frapper. « Ou je mettais fin à mes jours ou j’extériorisais cette violence que j’avais en moi », a expliqué Ronan aux enquêteurs. Pour lui, cette affaire est une histoire d’amour. Ce périple macabre dans les cimetières et les églises, c’était un peu leur « voyage de noces ». La « lune de miel » de deux paumés.

(*) Le black metal a sa branche « politique » : le National socialist black metal. Un courant ultra-minoritaire qui, lui, n’hésite pas à passer à l’action. Comme Vikernes, Mignoni et consorts.