L’enquête sur les attentats contre les foyers Sonacotra Les secrétaires généraux du PNFE et de la FPIP inculpés et écroués

https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/10/11/l-enquete-sur-les-attentats-contre-les-foyers-sonacotra-les-secretaires-generaux-du-pnfe-et-de-la-fpip-inculpes-et-ecroues_4127579_1819218.html

Chargé d’instruire le dossier des attentats racistes de la Côted’Azur, M. Jean-Pierre Murciano, juge d’instruction à Grasse (Alpes-Maritimes), a inculpé, lundi 9 octobre, d’association de malfaiteurs, dans le cadre des dispositions antiterroristes, Francis Allouchery, vingt-trois ans, secrétaire général du Parti nationaliste français et européen (PNFE), et Serge Lecanu, trente-six ans, secrétaire général de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP). Libération publie, mardi 10 octobre, des extraits d’un document saisi au domicile de l’inspecteur Lecanu et exposant les missions d’une ” section spéciale ” regroupant tous les policiers adhérents du PNFE, groupuscule néo-nazi.

Un mort et douze blessés. Tel fut le bilan du plus récent des attentats _ celui perpétré le 19 décembre 1988 contre un foyer Sonacotra de Cagnes-sur-Mer, sur lesquels enquête le juge Murciano. Depuis, trente-quatre personnes ont été interpellées, dix-neuf ont été inculpées et seize écrouées, dont les dernières sont Francis Allouchery et Serge Lecanu qui ont rejoint deux maisons d’arrêt distinctes. Toutes les investigations du juge remontent au PNFE dont des militants sont soupçonnés d’avoir organisé les attentats afin de créer une ” stratégie de la tension “, semblable à la démarche de l’extrême droite italienne dans les années 70.

Aujourd’hui, ce groupuscule néo-nazi, recrutant essentiellement parmi les bandes de skinheads (le Monde du 26 septembre) semble décapité : son président, Claude Cornilleau, lui aussi inculpé et écroué depuis le 17 septembre, est donc rejoint en détention par son adjoint, Allouchery, et par le responsable de la sécurité intérieure du parti, Lecanu. C’est sans doute à ce titre que ce dernier fut chargé de créer une section spéciale regroupant les adhérents policiers du PFNE afin d’utiliser ” toutes les compétences relatives à leur profession pour faire triompher nos idées “.

Quatre groupes

Libération publie, dans son édition du 10 octobre, l’intégralité des notes prises à cette occasion et saisies au domicile de Serge Lecanu. Les policiers présents se sont répartis le travail en quatre groupes.
Le ” groupe enquête, chef : Philippe Caplain ” a pour mission d'” infiltrer les milieux nationalistes ” afin de faire adhérer les ” éléments policiers les plus purs “.
Le ” groupe documentation “, chef : Daniel Sirizzotti doit ” diriger un groupe d’archivistes “, s’intéressant à la presse aussi bien qu’à ” tous documents officiels “.
Le ” groupe sécurité-protection “, chef : Daniel Lenoir a pour tâche de veiller à la ” sécurité de nos réunions, meetings, manifestations “, en s’informant auprès d’un ” réseau de correspondants parmi les compagnies de maintien de l’ordre “.
Enfin le ” groupe sportif “, chef : Patrick Reynes s’efforce de former les militants aux arts martiaux et au tir, mais surtout, ” sous cette couverture, pourra réaliser des opérations ponctuelles à la demande du président “. Sur ce document, les initiales de section spéciale (SS) sont écrites selon la calligraphie en éclair des nazis.

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Arrestation affaire Sonacotra

https://youtu.be/8e_Ku-wW5CU

29 septembre 1989

Progrès de l’enquête concernant les attentats racistes contre les foyers de la Sonacotra à Cannes et Cagnes sur Mer. Bateau appartenant à Michel GOUGE dans lequel les policiers de Cannes ont découvert un arsenal. Images d’archives : attentat du foyer Sonacotra de Cagnes sur Mer. Arrestation de Claude CORNILLEAU, président du Parti national Français et Européen (PNFE ). Images d’archive INA

Les attentats contre les foyers de la Sonacotra Le président du PNFE est inculpé d’association de malfaiteur

https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/09/19/les-attentats-contre-les-foyers-de-la-sonacotra-le-president-du-pnfe-est-inculpe-d-association-de-malfaiteurs_4131857_1819218.html

M. Claude Cornilleau, cinquante-trois ans, traducteur, président du Parti nationaliste français et européen (PNFE), qui avait été interpellé mercredi 13 septembre (le Monde du 15 septembre) à son domicile de Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne), dans le cours de l’enquête sur les attentats commis en mai et décembre 1988 contre les foyers Sonacotra de Cannes et Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), a été transféré, dimanche 17 septembre, à Grasse, où M. Jean-Pierre Murciano, juge d’instruction, l’a inculpé d’association de malfaiteurs.

M. Cornilleau, qui a refusé de s’expliquer devant le magistrat instructeur hors de la présence de son avocat, a été incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse. Treize personnes ont déjà été inculpées, dans ce dossier, dont huit sont en détention à Nice et à Grasse.

L’arrestation de M. Cornilleau semble indiquer que le PNFE, en tant que tel et non plus seulement quelques-uns de ses adhérents locaux, pourrait avoir joué un rôle dans les attentats contre les foyers de la Sonacotra sur la Côte-d’Azur. Les enquêteurs du SRPJ de Nice auraient, en effet, établi que ce parti d’extrême droite, créé en 1985 par M. Cornilleau, ancien militant du Front national comme plusieurs de ses coinculpés, avait réuni juste avant, à Paris, un congès national au cours duquel des projets d’actions ” musclées ” contre les immigrés auraient été évoqués. Ce congrès avait été suivi d’autres réunions sur les mêmes thèmes.

Un examen plus approfondi des documents saisis au domicile et au bureau de M. Cornilleau permettra de mieux cerner l’éventuelle responsabilité de celui-ci et celle d’autres dirigeants du PNFE qui doivent être entendus. Le juge d’instruction ne disposait pas, à ce stade de l’enquête, des éléments suffisants pour conclure à une initiative parisienne concernant les attentats sur la Côte d’Azur. Les policiers niçois ont, en outre, fait une perquisition au siège de la Fédération professionnelle indépendante de la police à Paris qui n’a, semble-t-il, donné aucun résultat.

Deux personnes avaient été blessées dans l’attentat contre le foyer Sonacotra de Cannes, le 9 mai 1988, et à Cagnes-sur-Mer, le 19 décembre suivant, une personne avait été tuée et onze autres blessées, dont deux sérieusement atteintes.

Parti nationaliste français et européen

Le Parti nationaliste français et européen (PNFE) était un groupuscule d’extrême droite néonazi, raciste, antisémite et xénophobe, fondé en avril 19872,3 par Claude Cornilleau, ancien membre de l’OAS4. Il est inactif depuis 1999.

Historique

Adepte des thèses du racisme biologique, opposée à la démocratie et au « capitalisme cosmopolite », il dénonce le « lobby juif mondial »5. Il est issu d’une scission du Parti nationaliste français en 1985 et est inactif depuis 19996. Comme beaucoup d’autres groupes d’extrême droite français, le PNFE utilise la croix celtique comme emblème. Sa devise était « France d’abord ! Blanche toujours ! ». Parmi ses membres, figurent le négationniste Vincent Reynouard ou le militant Michel Faci. Erik Sausset, rédacteur de la revue Le Flambeau, en fut le président de 1996 à 1999.

En janvier 1994, les Faisceaux nationalistes européens (FNE) de Mark Fredriksen se rallient au PNFE.

Il fête l’anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler lors d’un banquet le 22 avril 1990 et s’est rendu en juin 1995 au congrès du parti allemand d’extrême droite NPD4.

Le PNFE rallia des policiers français issus de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP)5. Le président du PNFE était Claude Cornilleau. Militaire de carrière, il est condamné par contumace à vingt ans de prison pour sa participation au putsch d’avril 1961, mais bénéficie de l’amnistie de 1968. De 1979 à 1981, il est membre du FN7. Conseiller municipal RPR de Chelles (Seine-et-Marne) en 19832, il est contraint à la démission en 1987 en raison de propos très virulents et racistes8.

Le 1er mars 1990, le journaliste Hervé Gattegno révèle un document attestant qu’un secrétariat provisoire a été mis en place pour entamer la réorganisation du mouvement et appeler les militants à l’action9.

En mai-juin 1990, le secrétaire national, Francis Allouchéry, est exclu et est remplacé en 1991 par Michèle d’All’Ara.

Les membres du PNFE commettent des crimes et des délits sanctionnés par la justice, comme des profanations de sépultures, des agressions et des incendies contre des foyers d’immigrés et des locaux du PCF entre 1986 et 1989, dans le sud de la France. En décembre 1988, l’explosion d’une bombe artisanale dans un foyer Sonacotra à Cagnes-sur-Mer4 fait un mort et 12 blessés, mais l’enquête se termina par deux non-lieu. Le 24 avril 1997, le principal inculpé pour la profanation du cimetière juif de Carpentras dans la nuit du 8 au 9 mai 1990 était un ancien membre du PNFE6.

Le journal du parti, Tribune nationaliste, créé en octobre 1985, est interdit en décembre 1990.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_nationaliste_fran%C3%A7ais_et_europ%C3%A9en

Ordre Nouveau – François Duprat (1971)

Ordre Nouveau est créé en novembre 1969 par une équipe d’anciens adhérents du mouvement Occident (dont William Abitbol, Marie-Françoise David, Gérard Écorcheville, Hugues Leclère, Jack Marchal, Alain Robert), épaulés par des étudiants du GUD et rejoints à partir de février 1970 par François Duprat. La première présidence fut confiée à l’avocat Jean-François Galvaire, qui démissionna de ce poste en mai 1970.

Le credo d’Ordre nouveau est « la renaissance du patriotisme, la promotion d’une hiérarchie des valeurs, ainsi que la restauration familiale et éducative ».

9 mars 1971 : meeting d’Ordre nouveau au Palais des sports, France-Soir titre sur une « Atmosphère néo-nazie »19 . Les militants de la LCR20 « attaquent le meeting avec des boulons » selon l’ORTF21 qui montre les « contre-manifestants gauchistes qui chargent » les CRS et causent par ailleurs la blessure de 80 personnes du service d’ordre, pourtant casqués et armés de longue lances « à la japonaise »21 . L’ORTF diffuse des images où le service d’ordre du meeting a amené aux CRS un de leurs opposants après l’avoir « sévèrement corrigé »21.

  • avril 1971 : le journal L’Élite européenne a désormais plus de trente groupes provinciaux22,11.
  • printemps 1971 : Ordre nouveau décide, selon les RG, de confier à François Duprat, Philippe Asselin et Christian de Bongain (dit Xavier Raufer) le lancement de son propre périodique11.
  • 3 mai 1971 : un grand défilé rassemblant tous les nostalgiques de l’Algérie française prévu par ON, qui demande à Georges Bidault de lancer l’appel, tandis qu’il prendrait en charge collages et service d’ordre. Cela permet l’accord de participation de nombreux groupements, mais le défilé est finalement interdit11.
  • 13 mai 1971 : les défilés anti-ON ne rassemblent que 400 personnes à Paris et 200 dans les cinq autres villes où ils ont lieu11.
  • 17 mai 1971: ON aligne 400 manifestants dans un défilé de soutien à Minute dont les locaux viennent d’être plastiqués11.
  • octobre 1971 : face à l’Union de la Gauche qui se dessine, François Duprat affirme que la prise du pouvoir par le Parti socialiste entraînerait un coup de force du PCF menant à l’instauration de la dictature11.

L’objectif proclamé est de constituer l’ossature d’un futur parti politique ayant vocation à rassembler l’opposition nationaliste de droite en jouant pleinement le jeu démocratique et en participant aux élections.

Au cours de son deuxième congrès, les 10 et 11 juin 1972, le mouvement Ordre Nouveau met en pratique cette stratégie en adoptant une résolution qui donna naissance au Front national dans la perspective des élections législatives de mars 1973.