Le tribunal correctionnel de Paris vient de condamner le musicien norvégien Kristian Vikernes à 6 mois de prison avec sursis et 8.000 euros d’amende pour des écrits virulents envers les juifs et les musulmans publiés sur son blog. D’abord suspecté de terrorisme, il avait finalement été poursuivi pour provocation à la haine et apologie de crime de guerre.
Ni Kristian Vikernes, ni son avocat n’étaient présents au délibéré.
Les soutiens de Varg Vikernes étaient particulièrement mobilisés à l'occasion de la première audience en octobre 2023 : fans pour autographes et photos avec leur idole, le vocaliste de Anorexia Nervosa, un groupuscule avec une banderole déployée et siglée "Procès Vikernes mensonge d'état "Logan "Duce" Djian" gérant du bar d’extrême-droite le Crabe-Tambour, hooligan, issu des Jeunesses Nationaliste, pour devenir chef du GUD célèbre pour sa violence. Varg Vikernes affiche la quenelle en soutien à Dieudonné q6ui comparaissait aussi au Palais de Justice de Paris le même jour.
Lors de son réquisitoire, le 3 juin dernier, la procureure Annabelle Philippe avait dénoncé des «clichés atroces», rejoignant des «théories très proches» de celles du IIIe Reich et véhiculés dans des billets de blog écrits entre mars et juin 2013. Kristian Vikernes avait contesté être l’auteur de ces posts : «Je ne reconnais pas ce qui figure dans la convocation comme des choses que j’ai écrites». A la barre, il avait invoqué une mauvaise retranscription de ses propos à la police, car l’interprète était danois et non norvégien.
L’extrémiste avait été interpellé dans le cadre d’une enquête de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), le 16 juillet 2013 en compagnie de son épouse, dans sa maison de Salon-la-Tour, en Corrèze. Il avait finalement été libéré après 48 heures de garde à vue, faute de preuve.
Vikernes s’était fait connaître dans son pays comme musicien de black metal, mais aussi pour ses opinions d’extrême droite et pour le meurtre d’un rival artistique [ * et incendies d’églises, au moins quatre église détruites ]. Il avait alors été condamné à 21 ans de prison, soit la peine maximale en Norvège. Libéré au bout de 16 ans de détention, il s’était installé en France depuis 2010. Il avait fait l’objet d’une surveillance pendant plusieurs années. La section antiterroriste du parquet de Paris avait ouvert une enquête à la suite de l’acquisition d’armes, légale, par sa femme.
Burzum, fondé en 1991, est un one-man-band du Norvégien Kristian Vikernes , surnommé « Varg » (du nom des loups de Sauron dans Bilbo le Hobbit de Tolkien), condamné en 1994 à une peine de 21 ans de prison pour des destructions d’église par incendie et pour l’assassinat d’Oysten Aarseth alias « Euronymous », membre du célèbre groupe de black metal Mayhem (dont Vikernes a fait brièvement partie). Vikernes a poursuivi sa carrière en produisant les disques de Burzum depuis sa cellule, en écrivant des livres sur le paganisme et en créant le mouvement odaliste, tout en adoptant un look naziskin.
En 2010, après avoir purgé sa peine, Vikernes s’installe en France, en Corrèze, et se reconvertit dans le survivalisme : en 2013, il est arrêté par la police, soupçonné de vouloir commettre un attentat à l’instar d’Anders Breivik [1], et une perquisition à son domicile a découvert qu’il était en possession d’une demi-douzaine d’armes à feu. Mais c’est finalement pour des propos antisémites et racistes publiés sur son blog qu’il se retrouve la même année devant un tribunal.
Le jour de son procès, en plus des fans de Burzum venus demander un autographe et faire des selfies avec lui, une petite douzaine de militants d’extrême droite (dont Logan Djian, dont nous avons récemment parlé ici) l’accompagnaient. Il faut dire que le même jour, au même endroit, Dieudonné passait en procès pour sa chanson antisémite « Shoahnanas » : Vikernes postera le soir même une vidéo de soutien, quenelle à l’appui. Autre lien avec le milieu d’extrême droite français, Vikernes va sortir un livre intitulé M agie et Religion en Scandinavie antique aux éditions du Rubicon, une maison d’édition proche de l’émission de radio Méridien Zéro, elle-même liée au Mouvement d’Action Sociale (MAS), un groupuscule nationaliste-révolutionnaire qui s’est récemment autodissous