Extrait de
” Les scènes musicales identitaires en France. Un état des lieux (2010-2022) ”
[…] Le cas du black metal est un petit peu différent. Il existe des similitudes avec le RAC/RIF (concerts rares et clandestins, poignée de labels confidentiels, tirages faibles) et avec le rap nationaliste (nombreux projets menés en solitaire) mais des différences notables, en partie liées à l’histoire de ce sous-genre, méritent d’être soulignées.
Historiquement, la deuxième vague du black metal issue de Norvège est un mouvement musical radical et volontairement underground affichant une volonté explicite de choquer. Dans la société norvégienne de l’époque, choquer suppose un antichristianisme virulent (incendies d’églises) et le radicalisme des acteurs a entraîné une série de faits divers sanglants (Phillipov, 2011). Thématiquement, le black metal est un courant volontiers conservateur mêlant culte de la virilité, des traditions (toujours ancestrales et si possible païennes), misanthropie et haine des religions monothéistes[9]. Dès la fin des années 1990 apparaît une surenchère dans la volonté de choquer avec l’apparition des premiers groupes NSBM (Olson, 2011). Peu de groupes revendiquent explicitement cette étiquette et ceux qui le font ne laissent aucune place à l’ambiguïté (visuels, textes, logos).
Là où ça se complique, c’est que chaque festival de metal ou presque (quelle que soit la taille du festival en question d’ailleurs) s’accompagne d’une polémique liée à la présence de tel ou tel groupe considéré NSBM par certains, […] Dernier exemple en date : la présence du groupe polonais Mgla au dernier Hellfest[10]. Les griefs énoncés dans l’article sont les suivants : « En 2000, l’un de ses membres sortait un projet musical intitulé Leichenhalle, comportant, entre autres, une chanson nommée Judenfrei […] Par le passé, une photo montrait l’un des musiciens de Mgła sur scène arborant ce qui ressemblait fortement au logo du groupe français Peste noire […] Mgła a par ailleurs sorti tous ses albums (quatre depuis 2008) sur le label Northern Heritage Records fondé par Mikko Aspa, musicien finlandais ouvertement néonazi et figure du mouvement NSBM dans son pays, qui se produit également sous le nom de Clandestine Blaze ».
Mikko Aspa est une figure néonazi activiste et producteur de disques qui accompagne régulièrement Mglà en concert : Pour son stand de marchandises NSBM a commercialiser, comme à Paris et il monte sur scène en tenue de scène Mglà, cagoule et uniforme noir, pour y interpréter Clandestine Blaze, Mglà est l'orchestre qui interprète Clandestine Blaze sur scéne avec Mikko Aspa au micro, comme vu a Magasin 4 et à Helsinky.
Il existe très peu de labels exclusivement NSBM, les gros labels metal ayant une branche black ne distribuent pas de NSBM, il existe par contre de nombreux petits labels distribuant du BM et du NSBM[11] – ce qui est le cas de Northern Heritage. Il y a peu de musiciens jouant exclusivement dans la scène NSBM, il y a un nombre non négligeable de musiciens participant à des projets NS et à des projets apolitiques (ce qui est le cas de Mikko Aspa). L’un des exemples récents les plus emblématiques est la présence d’Hreidmarr au chant depuis 2018 dans Baise ma hache (BMH, groupe originaire de Haute-Savoie, actif depuis 2013). BMH mobilise une imagerie ouvertement fasciste et joue dans les principaux festivals NSBM d’Europe (Hot Shower en Italie, Asgardsrei en Ukraine) ; Hreidmarr, une des grandes voix du black français […] Cette porosité entre black politique et non politique est une des originalités par rapport aux styles évoqués précédemment. L’autre originalité concerne l’audience réelle, en France et à l’international, de certains groupes NSBM ou fascistes […]
[…] Les quelques essais pour monter des festivals réguliers en France n’ont pas duré plus de trois ans que ce soit le Night of Honour dans le nord (2016-2018) ou le Call of Terror en région lyonnaise (2017-2019). […]