https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/affaire-clement-meric-quel-role-a-pu-avoir-serge-ayoub-figure-de-l-extreme-droite-parisienne-7900275387#20230617080500
Juillet 2013. Un mois après la mort de Clément Méric, mortellement frappé au visage par le militant néonazi Esteban Morillo, le groupuscule Troisième Voie auquel ce dernier appartenait est dissout. “C’est une étape qui est nécessaire, mais c’est évident qu’elle n’est pas suffisante”, analyse aujourd’hui Claire, une amie de Clément Méric avec qui elle militait.
Et pour cause. À l’époque, le gouvernement est doublé par le leader de Troisième Voie lui-même : Serge Ayoub. “De façon un peu bravache peut-être, (il) avait lui même auto-dissout Troisième voie”, se rappelle-t-elle dans Les Voix du crime. “Et le problème de la dissolution, c’est qu’en fait elle n’empêche pas la reformation”.
Et ce, même sous d’autres formes : en 2018, après avoir été à la tête de Troisième Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), Serge Ayoub arrive à la tête de la branche française d’un groupe de motards criminalisé.
C’est incompréhensible qu’il n’ait pas eu davantage de comptes à rendre
Claire, amie de Clément Méric
Serge Ayoub est une figure incontournable de l’extrême-droite parisienne. Dès lors, compte tenu de ses responsabilités au sein de Troisième Voie et des JNR, Claire estime difficile d’imaginer qu’il n’a pas été impliqué directement ou indirectement dans l’affaire Clément Méric.
“Je crois que Serge Ayoub appelle Esteban Morillo 36 fois. Et juste avant l’agression, il y a un appel qui dure environ une minute, insiste-t-elle. Pour moi, c’est incompréhensible qu’il n’ait pas eu davantage de comptes à rendre sur la teneur de cet appel, surtout quand on sait à quel point toute la culture de cette extrême-droite-là est organisée autour du culte du chef et c’est une culture extrêmement hiérarchique. C’est difficile d’imaginer que la teneur de cet appel n’engage pas très directement la responsabilité de Serge Ayoub dans la violence qui s’est déchaînée après et pendant la mort de Clément.”
Malgré tout, Serge Ayoub est laissé hors de portée de l’enquête. Seules trois personnes sont renvoyées devant la Cour d’assises : Esteban Morillo, Samuel Dufour et Alexandre Eyraud.
Il n’y a aucun être humain dans toute ma vie qui m’a fait la même impression que Serge Ayoub
Claire, amie de Clément
Au procès des agresseurs de Clément Méric, Serge Ayoub est appelé à témoigner à la barre. Claire en garde un souvenir “amer”. “Un moment qui à la fois fait la démonstration de qui est cette personne, qui est glaçant, parce que on a vraiment l’impression de se retrouver avec un mini-Führer sous les yeux. Et il n’y a aucun être humain dans toute ma vie qui m’a fait la même impression que Serge Ayoub.”
Alors ex-leader des JNR, il va faire “son show” décrit-elle. “Il va consacrer toute son intervention à une provocation de la cour et du public (…) et le fait qu’il soit laissé. hors d’atteinte de l’enquête à ce moment, je trouve ça particulièrement cruel.” Pour autant, elle est persuadée que personne dans la salle d’audience n’est dupe. “Parce que c’est vrai que la façon dont il s’exprime à ce moment-là laisse, je pense, à personne le moindre doute sur la nature de cet homme-là et de ses convictions politiques.”
Au procès, Esteban Morillo, accusé d’avoir porté le coup mortel, clame devant les parents de Clément Méric qu’il a changé et qu’il veut retourner vivre une vie paisible. Malgré tout, il sera, comme Samuel Dufour condamné à la prison ferme par deux fois. Alexandre Eyraud est lui acquitté.
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