Une très discrète soirée d’extrême-droite
Des motos, de la bière, des saucisses, des crânes souvent rasés, des décibels. Jusque-là rien d’illégal. Alors pourquoi le concert “Call of Terror” s’est-il déroulé dans une telle discrétion, le samedi 28 janvier, dans la salle communale de Saint-Genix-sur-Guiers, village de l’Avant-pays savoyard frontalier de l’Isère.
Même le maire, Joël Primard, semblait tomber des nues samedi, quand Le Dauphiné Libéré lui a annoncé ce qui s’était passé à l’intérieur.
Notre journal n’y était pas. Et pour cause, il n’a pas été sollicité pour couvrir ce concert de musique black metal. Pour y assister, c’était un vrai jeu de piste, organisé sur Facebook. Avec inscription par mail avant d’apprendre au dernier moment le lieu exact de l’événement.
Un système efficace pour éviter d’éveiller l’attention des services de l’État, des élus locaux et des opposants. Près de 500 personnes venues de toute la région y auraient assisté après avoir payé 21 €.
Un rassemblement pas simplement musical
Mais les réseaux sociaux en disent long sur un rassemblement qui n’était pas simplement musical. Pour donner le ton, Baise Ma Hache, venu de Haute-Savoie. Un groupe qui sera invité le lendemain dans le local lyonnais du Gud (Groupe union défense), un syndicat étudiant d’extrême droite.
Le chanteur ne fait pas dans la dentelle, comme en témoignent les paroles de cette chanson culte du groupe : “Les barbares arrivent, ils viennent pour en finir/Que la nation des perdants se prépare au pire/Vos femmes, vos filles danseront au bout d’un fil…”
Dernier groupe programmé, Peste Noire, qui sera également invité le lendemain par le Gud. Un amateur de musique métal qui s’est glissé à l’intérieur en curieux assure avoir vu des dizaines de spectateurs faire le salut nazi pendant son passage, sans que les musiciens n’interviennent.
« On s’est fait piéger »
Entre les deux groupes français, Dark Fury et Goatmoon. Ce dernier, venu de Finlande, est également connu pour ses chansons violentes, notamment dans sa “Xenophobic EJaculation”. Le look est aussi raffiné que les paroles.
Pour l’association lyonnaise Agir pour l’égalité, cette forme de musique black metal est avant tout un prétexte pour “organiser des événements politiques sous couvert de culture au nez et à la barbe de la préfecture”.
Le maire (socialiste) de la petite commune de l’Avant-pays Savoyard constate qu’il
« s’est fait gruger.
J’en suis désolé.
J’avais donné mon accord pour une réunion de motards.
Je me suis d’autant moins inquiété qu’il n’y a pas eu de bruit et que personne n’est venu se plaindre.
Je suis passé le lendemain matin où j’ai constaté que tout était en ordre.
On s’est fait piéger. »
https://www.ledauphine.com/savoie/2017/02/06/une-tres-discrete-soiree-musicale-d-extreme-droite