Des néo-nazis chez les utopistes

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Petite séance de saluts nazis saisie devant la librairie libertaire de Besançon. (Photo DR)

BESANÇON

Récemment encore, seuls les cris des anarchistes résonnaient à Besançon, ville des « Lip » où sont nés Victor Hugo, Proudhon, Fourier. Est-ce cette prédominance des utopistes qui fait que, depuis quelques années, s’est développé un extrémisme beaucoup moins raisonnable, voire franchement antipathique au cœur de la capitale comtoise ?

Il y a d’abord eu le Front comtois, groupe identitaire aux prétentions électorales qui soutient aujourd’hui Esteban, auteur présumé des coups mortels contre Clément Méric. Depuis la condamnation en 2011 de son leader pour incitation à la haine raciale, d’autres mouvances ont jeté l’ancre dans le secteur : les Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub, les Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac ou, plus localement, Werwolf sequania, groupuscule sans attache dont les auteurs ont posté sur YouTube une vidéo dans laquelle ils agressent un militant « anti-fa » un soir d’avril 2012 au centre-ville de Besançon.

Le collectif antifasciste de la ville suit avec attention les évolutions de cette mouvance néonazie. Et ne cesse d’en dénoncer la montée en puissance sur ses divers sites internet parmi lesquels un « fafwatch » qui fait beaucoup parler.

On peut également citer les enquêtes fouillées, réalisées par un jeune blogueur indépendant, « Toufik » de Planoise. En particulier l’étude du site franc-comtois de vente en ligne Sédition Séquane sur lequel on peut toujours se procurer, malgré un prudent coup de balai depuis, l’insigne de la division SS Charlemagne ou un Tottenkopf, emblème de la panzer division SS éponyme qui s’est rendue coupable de nombreux crimes de guerre.

Sur la ville, six agressions sont attribuées à des groupuscules néonazis depuis le début de l’année. Attribuées seulement car, la plupart du temps, leurs auteurs n’ont pu être poursuivis, faute de témoignages précis.

Les jeunes anarchistes visés répugnent en effet à s’adresser à la police par idéologie bien qu’ils désignent inutilement en privé leurs agresseurs et leurs amis. Dont certains paradent en ville venant impunément faire des saluts nazis devant la librairie libertaire sous les yeux ébahis des badauds.