Un Rennais de 27 ans avait été retrouvé mort, le samedi 2 août dernier au matin, dans ce passage situé près de l’avenue Sergent-Maginot
Digne de bout en bout, la famille de Frédéric Bourget était présente, hier, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Ce chauffeur-livreur de 27 ans avait été retrouvé mort à 6 h 49, le samedi 2 août dernier, avenue Sergent-Maginot. « S’il avait été secouru plus rapidement, il aurait eu des chances de survie », a conclu le médecin-légiste.
Pour une cigarette refusée…
Ce vendredi 1er août, le jeune homme faisait la fête en ville, avec des copains. Mais il a eu la malchance de croiser un groupe de skinheads venus de région parisienne, dans un bar proche de la rue de Paris. Enivrés au chouchenn, « ils ont fait le salut nazi à l’intérieur du bar », rappelle un magistrat.
Puis, ils ont demandé une cigarette à Frédéric Bourget. Celui-ci a refusé. Il s’est fait taxer de « sale gauchiste », de « red » (« rouge », en anglais). Trois des skinheads l’ont frappé à coups de poings. Puis à coups de pied, lorsqu’il était à terre. Des témoins le confirment.
Il était environ 3 h. Blessé, Frédéric Bourget a pourtant rejoint ses amis, dans un appartement du quartier Alphonse-Guérin. Pourquoi personne n’a-t-il appelé les pompiers ? Vers 5 h, le jeune homme a dit à ses copains qu’il ne se « sentait pas bien », qu’il avait « des maux de tête ». Il a quitté l’appartement. Et il est mort dans la rue.
Une enquête difficile
« Il est décédé d’un syndrome asphyxique, dû à de nombreuses lésions traumatiques au crâne », a révélé l’autopsie. Un hématome sous-dural, qui dégénère en hémorragie interne ? C’est l’explication plausible.
L’enquête de la PJ a abouti deux mois plus tard, début octobre, à l’interpellation de trois skinheads : Nivine Gaid, une femme de 21 ans ; Romain Renoux, 23 ans, et un mineur de 17 ans. Une juge les a mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner ». Autrement dit pour coups mortels, un crime passible de la cour d’assises.
Incarcérés, Romain Renoux et le skinhead mineur auraient, selon un magistrat, « reconnu avoir frappé la victime, mais pas dans la tête ». Nivine Gaid, elle, avoue avoir donné « le premier coup de poing, c’est tout. » Pour son avocat, Me Pierre-Ann Laugery, « il est difficile d’établir avec certitude le lien entre ces coups vers 3 h, et la mort quatre heures plus tard, sans qu’on sache précisément ce qu’il s’est passé entre-temps ». Le procès promet d’être disputé.
Décision ce matin
En attendant, Nivine Gaid demandait sa mise en liberté provisoire, hier devant la chambre de l’instruction. « J’étais en rupture avec ma famille, je m’en cherchais une, je me suis retrouvée chez les skinheads alors que je ne suis pas raciste », a-t-elle expliqué hier entre deux sanglots, la tête tournée vers la famille de la victime. « Elle est tombée chez les skinheads, comme elle aurait pu tomber chez les punks, a plaidé Me Laugery. Aujourd’hui, son père est prêt à la reprendre dans sa pizzeria, en région parisienne ».
Comme la juge d’instruction et le juge des libertés, l’avocate générale s’oppose à la remise en liberté de la jeune femme. Décision de la chambre, ce matin.
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Michel TANNEAU. Ouest-France